N° 40 Place au staphylocoque
Les boutiques où l’on vous retire les sourcils pour vous en dessiner de faux à la place.
*
Stockhausen s’apprêtant à diriger une de ses œuvres dans une salle de la Cité Internationale, porte d’Orléans. Le silence se fait ; il reste mains en l’air, troublé par un bruit de fond, que les musiciens ne perçoivent pas. Avec beaucoup d’attention, on finit par identifier un murmure, venant de la circulation sur le boulevard périphérique. « Je veux bien payer, dit Stockhausen, mais il faut m’arrêter ça. »
*
Faire les mots croisés du « Parisien » comme entraînement quotidien à être pris pour un con.
*
Terminer un repas « sur une bouche de laquais » : finir par du salé.
*
*
(Suite)
*
La vieille clocharde du boulevard Magenta, infâme créature, affalée, formant tas commun avec ses sacs, ses couvertures, ses cartons, et s’épilant les sourcils avec le plus grand soin.
*
Le staphylocoque doré, dont 30% des gens sont porteurs sains : sensible à un antibiotique, la méticilline. Mais il est de plus en plus résistant. En Norvège, la proportion de staphylocoques dorés résistants est de 1%. En France, de 17,4%. En Roumanie, de 56%.
*
(Suite)
Les infections résistantes, qui ont coûté 20 milliards de dollars aux États-Unis en 2008.
*
« On trouve semblable tournure chez Bourget, chez Barrès, chez Hugo… » Absolument pas. On trouve cette tournure dans Bourget, dans Barrès, dans Hugo…
*
Le type qui avait tué sa femme parce qu’il en avait assez qu’elle sale trop la soupe.
*
Les obsolètes : la « crise de foie », la « grippe intestinale ».
*
La confusion entre écouvillon (pour nettoyer l’intérieur d’un canon, d’un instrument de musique, d’une bouteille) et goupillon (pour asperger d’eau bénite), désormais entérinée par les dictionnaires.
*
Encore Proust/Céline… Au soleil des filles en fleurs …
« Et, en elles-mêmes, qu’étaient Albertine et Andrée ? Pour le savoir, il faudrait vous immobiliser, ne plus vivre dans cette attente perpétuelle de vous où vous passez toujours autres ; il faudrait ne plus vous aimer, pour vous fixer, ne plus connaître votre interminable et toujours déconcertante arrivée, ô jeunes filles, ô rayon successif dans le tourbillon où nous palpitons de vous voir reparaître en ne vous reconnaissant qu’à peine, dans la vitesse vertigineuse de la lumière » (La prisonnière).
« Je me souviens tout comme hier de leurs malices… de leurs espiègles farandoles le long de ces rues de détresse en ces jours de peine et de faim. Grâce soit de leur souvenir ! Frimousses mignonnes ! Lutins au fragile soleil ! Misère ! Vous vous élancerez toujours pour moi, gentiment à tourbillons, anges riants au miroir de l’âge, telles en vos ruelles autrefois dès que je fermerai les yeux… au moment lâche où tout s’efface… Ainsi sera la Mort par vous dansante encore un petit peu… » (Guignol’s band).
*
Les oiseaux qui marchent, ceux qui sautent.
*
Wilhelm Furtwängler, qui prétendait que Bach n’aurait jamais pu faire vingt enfants s’il n’avait pas connu l’usage du vibrato. (Humour boche.)
j.drillon@orange.fr
(Tous les vendredis à 7h 30)
Si vous n’avez pas reçu le lien sur lequel cliquer pour accéder à ces Petits Papiers, c’est que vous n’êtes pas abonné. Vous pouvez le faire en écrivant à j.drillon@orange.fr, en mentionnant « m’abonner » dans le champ « sujet » ou « objet » du message.
Les deuxième et troisième séries (Papiers recollés, Papiers découpés) feront l’objet d’une publication en volume et ne sont plus en ligne. La première (Papiers décollés) a été publiée sous le titre Les fausses dents de Berlusconi (Grasset, 2014).
Comments are closed.