de Pierre Assouline

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La République des livres
Louons maintenant le grand homme

Louons maintenant le grand homme

L’explorateur, ethno-historien et géographe spécialiste des mondes polaires et des Inuits, nous a quittés il y a quelques jours à l’âge de 101 ans. Jean Malaurie était une personnalité très attachante. En dehors du monde des « spécialistes de sa spécialité », il était aussi un écrivain, auteur d’une oeuvre prolifique, et avant tout l’inventeur en 1954 et longtemps l’inépuisable animateur d’une des plus originales et des plus exigeantes collections de l’édition française : « Terre humaine » chez Plon. Il y a plusieurs années, je l’avais longuement rencontré chez lui pour écrire son portrait.

« Je vous épargne les détails… » Mon Dieu, mais qu’est-ce que ce serait dans le cas contraire ! Le fait est que l’âge n’a pas entamé en cet homme d’un charme fou le goût irrépressible de raconter en s’autorisant toutes les digressions. Et comme il sait jouer de sa voix chaleureuse, de sa prodigieuse mémoire et de sa puissance d’évocation, on se résout à rater le rendez-vous suivant, surtout lorsqu’il prévient : « Il faut toujours garder la part des ombres et il y en a encore chez moi… »

Explorons donc le passé de l’explorateur. Famille bourgeoise de la droite catholique normande tendance janséniste (« Pour tous la prière tous les soirs à genoux »), père professeur agrégé d’Histoire (« malgré l’hostilité d’Albert Mathiez ! »), hypokhagne au lycée Henri IV dans une classe dominée par le doux magistère d’Alain, le STO qui pousse au refus et à l’entrée dans la Résistance ponctuée par une prudente injonction de sa mère (« Ne reviens jamais, tu as des frères et sœurs »). De la guerre, il a tiré une morale après avoir vu les grandes institutions se coucher. Libre du jour où il s’est lui-même libéré, il ne tarde pas à obéir à sa passion, comprendre l’origine de l’univers, en choisissant la géographie dans un milieu où tant d’historiens l’appelaient « la géo » non sans mépris. Malaurie préfère se souvenir de l’éblouissement que provoqua en lui la rencontre, alors qu’il dirigeait un syndicat étudiant, de Lucien Febvre « un génie! ». Mais sa discipline, dès le début, c’est la géographie physique dont il s’éprend rapidement stimulé par le grand bond de la géomorphologie et de la géographie des processus. Ce qui ne l’empêche pas, aujourd’hui encore, d’être aussi présenté comme ethno-historien.

Jean Malaurie ne l’a pas oublié en créant « Terre humaine » chez Plon en 1955. Rarement une collection aura à ce point mérité ses lauriers. Et quelle collection ! « Une comédie humaine à l’échelle du monde ! » lance-t-il non sans fierté. Des anthropologues, des ethnologues et de grands voyageurs qui osent écrire à la première personne, contre l’esprit dominant de la vieille Sorbonne, emmenés par un agitateur animé du désir que l’Histoire soit « non une addition de ghettos, mais de rencontres », mais aussi des ouvriers et des paysans fiers de leur tradition orale, de toute façon une vision animée par un style. Chaque lecteur fidèle de la collection, aussi exigeant et intransigeant que peuvent l’être ceux de la Pléiade, a ses préférés : aux uns Tristes tropiques de Lévi-Strauss bien sûr qui l’inaugura en 1955 de même que Les Derniers Rois de Thulé. Avec les Esquimaux polaires face à leur destin de Jean Malaurie aux autres Louons maintenant les grands hommes de James Agee, avec l’inoubliable reportage photo du grand Walker Evans, une enquête effroyable sur la misère en Alabama à travers le destin de trois familles de métayers, parue aux USA en 1939, les Carnets d’enquête de Zola que tous les gens de cinéma devraient considérer comme un bréviaire du repérage ou les Veines ouvertes de l’Amérique latine qui se donnait comme une contre-histoire…. Tant de « déjà classiques » parmi eux ! Un titre manque à l’appel dans un catalogue dont Jean Malaurie peut s’enorgueillir car il est son oeuvre : Esprits des feuilles jaunes (1955) de Hugo Adolf Bernatzik, annoté par l’africaniste Georges Condominas. Le livre avait été définitivement exclu du catalogue quand Malaurie avait appris le passé nazi de l’ethnographe autrichien. L’éditeur s’est excusé auprès du public et longtemps après, le directeur de collection regrette encore amèrement de ne pas s’être mieux renseigné sur son auteur.

Il y a quelques années, l’emblématique couverture ornée d’une photo noir et blanc, s’est métamorphosée au moment du passage de relais à l’académicien Jean-Christophe Rufin (qui le passera ensuite à Philippe Charlier, archéologue et spécialiste d’anthropologie médico-légale). Le problème, c’est que la collection continue à être reléguée par les libraires au rayon des sciences sociales, lequel voit ses ventes s’affaisser dangereusement, sa visibilité disparaître. Bref, cette ghettoïsation lui est d’autant plus insupportable qu’elle lui est préjudiciable. Il veut que ceux qui furent « ses » auteurs cessent d’être considérés comme d’éminents spécialistes, ou de brillants essayistes. Des écrivains avant tout ! C’est pourquoi il y a quelques années, Jean Malaurie a adressé une manière de supplique à l’ensemble des libraires. Pour dissiper un malentendu sur son caractère exclusivement ethnologique, prétendument folklorique et exotique, rappeler que ses livres reposent d’abord sur une écriture et que ses auteurs ont aussi le souci de la langue. Et dire ceci aux libraires :

« Tous sont pour moi des écrivains. C’est pourquoi, je supplie Messieurs les libraires de nous recevoir dans la noble division de la littérature générale ».

« Terre humaine », on pourrait en parler pendant des heures et des jours. D’ailleurs, le voilà qui s’empare du catalogue, s’enfonce dans son fauteuil et détaille voluptueusement chacun des titres. Mais sentant que son interlocuteur n’a pas la même mesure du temps que lui, il a cette répartie : « J’avance car on va arriver à l’essentiel… ». Deux choses : d’abord avoir été investi par le CNRS en 1950 d’une mission « en solitaire, c’est le plus important » à Thulé (Groenland) , la première mission géographique et ethnographique française dans cette région ; il y établit sur quatre générations, la première généalogie d’un groupe de 302 Inughuits, peuple le plus septentrional de la Terre « dont la valeur du temps n’est pas la nôtre », et mit à jour une planification tendancielle afin d’éviter les risques de consanguinité ; la seconde « chose essentielle » est un cadeau de la nature : un don de prescience sauvage qui fait probablement de lui le seul directeur de recherches au CNRS à fonctionner avec des appels depuis qu’en l’accueillant à Thulé, le grand chaman lui a dit : « Je t’attendais ». Et d’ajouter aussitôt :

« Tout se passe comme si la prescience des peuples boréaux sonnait comme un tocsin pour l’humanité toute entière ».

9782259184670Cela peut aller loin puisqu’il a choisi son épouse à l’écoute du seul son de sa voix. Quand il y croit, il y croit et rien ne peut lui en faire dévier. L’éditeur qu’il fut en a tiré une certaine exigence doublée d’une puissante détermination. Ainsi, lorsqu’il imposa les souvenirs de paysans bigoudens de Pierre-Jakez Hélias dont il maintint le titre Le cheval d’orgueil contre la volonté du patron de la maison Sven Nielsen qui voulait les rebaptiser « Mémoires d’un plouc ».

Il est couvert de médailles, distinctions, décorations, titres universitaires ; innombrables sont les instituts et institutions qui portent son nom. Rien n’en transparait dans le décor de son appartement parisien : une maquette du « Pourquoi pas ? », le navire-explorateur du commandant Charcot, au-dessus d’une armoire ; plus bas, l’affiche de l’Appel du 18 juin ; sur un mur du salon des dessins et des masques. Les étagères de sa bibliothèque polaire étrangement chaleureuse dans une pièce de son appartement parisien ploient dangereusement du poids de ses propres livres, de ses très nombreuses contributions à des revues savantes. D’autres y trouveraient matière à se reposer. Pas lui qui bouillonne d’idées, de projets et d’indignations contre ses collègues qui « partent en proclamant faire leur terrain avec une morgue coloniale ! ».

Au seul mot de « mondialisation » le voilà qui bondit et s’enflamme, la mèche en bataille, lui que Fernand Braudel recruta comme directeur d’études lorsqu’il sentit que celui-ci rêvait de décentrer le point de vue franco-français. A la seule évocation du nom du géographe Emmanuel de Martonne, son maître, le fil de mille et uns souvenirs est tiré mais il peut très bien mener à l’éloge de Pietr-le-Letton, son Simenon préféré. Ou à celle de son ami Paul-Emile Victor « un homme habile dans le genre de Nicolas Hulot, quelqu’un qui savait où trouver de l’argent » contrairement à lui qui, question argent, aurait plutôt pour héroïne la philosophe Simone Weil à l’usine.

Au moment de me recevoir, il met la dernière à mains à ses mémoires qui paraitront en octobre 2022, chez Plon naturellement, sous le titre De la pierre à l’âme : la prescience sauvage. Infatigable, inarrêtable, intarissable, il ne lâche pas pour autant son combat de toujours : « Si on ne réforme pas l’enseignement supérieur, la France est foutue ! ». Plaignons les ministres qu’il croisera car il ne les lâchera pas avec ça. Tout en demeurant hors-politique ce qui ne l’a jamais empêché de murmurer à l’oreille des chefs d’Etat, il ne se cache pas d’être manœuvrier quand il faut l’être. Pas seulement pour les bonnes causes mais pour sonner le tocsin : la faillite de l’enseignement, le réchauffement climatique, la catastrophe écologique… Tant qu’Emmanuel Macron sera à l’Elysée, Jean Malaurie ne cessera de l’exhorter à s’appuyer là-bas dans le grand Nord, sur les peuples autochtones dont il a lui-même formé les élites : « Je vais lui conseiller de prendre leur tête ! ».

Et si le président insiste, conscient de ce que la France est une puissance polaire, il lui parlera de sa foi animiste, de sa manière de courtiser la nature, d’être fidèle à ses lois spirituelles sans oublier qu’elle n’est pas bonne et que Lucifer n’est jamais loin. En témoin et en naturaliste plutôt qu’en spécialiste, ce partisan d’un humanisme écologique lui transmettra la grande leçon qu’il a tirée de ses années passées avec les Inuits : à l’intérieur de l’igloo, c’est l’exubérance, mais dehors, c’est l’inverse. Là on pense et on s’imprègne jusqu’à en être absorbé. Et de cet état-là aussi, Jean Malaurie parle très bien : le silence. Celui qui règnera le jour où, après la cérémonie religieuse qui se tiendra ce Mardi 13 février à la cathédrale Saint-Louis des Invalides suivie d’une cérémonie d’hommage à sa mémoire dans la cour des Invalides, ses cendres seront dispersées au large de Thulé au Groenland.

(Photos Passou)

Cette entrée a été publiée dans sciences humaines.

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commentaires

856 Réponses pour Louons maintenant le grand homme

rose dit: à

***Consolons-nous avec Antoine @ Consuelo, en attendant des jours meilleurs. Bàv,

Vous avez toutes vos chances : Reinhold Messner à 75 ans a épousé une égérie qui a trente cinq de moins de lui et qui le drive fermement : elle y trouve grave son compte, regardez son avant-bras droit, il en dit long, et lui aussi, grave. Elle lui permet de rester je dieu des sommets. Le plaisir sexuel, elle a fait une croix dessus. Du moment qu’il meurt en pacha, il aura tout gagné, à n’importe quel prix.
Elle me dit « dans dix ans, il prendra une chinoise » (qui ne demandera que ça*). J’espère pour lui que non*.
** Réflexions personnelles.
Sinon, je suis ici incognito. Pas besoin de faire le lien entre les infos que je donne parcimonieusement. Ce qui est inventé de/sur l’autre est originalement assez loin de là stricte réalité, ita est des faits.

rose dit: à

Les paysans illettrés qui arrivaient en Amérique du nord au XIXe siècle devaient ressentir le même malaise. L’égalité a cessé d’exister avec la soi
BdB
Et les repris de justice qui arrivaient en Australie ?

rose dit: à

si un cataclysme ramène l’humanité à l’âge de pierre. Naître en France en 1945 n’est pas si mal après tout.

L’âge de pierre à la fin de la seconde guerre mondiale ! Le baby-boom alors ?

rose dit: à

Et alii lien
Oulipo : Calvino et la machine.
Passionnant. Trop long. Pas le nom de l’autrice de l’article :
 »
« Je dispose ainsi tout de suite d’une lecture complètement achevée, m’a-t-elle dit, c’est une économie de temps inestimable. Qu’est-ce en effet que la lecture d’un texte, sinon l’enregistrement de certaines récurrences thématiques, de certaines insistances dans les formes et les significations ? La lecture électronique me fournit une liste des fréquences qu’il me suffit de parcourir pour me faire une idée des problèmes que le livre pose à une étude critique (…) ». p. 207″

À destination de Passou et de son rapport aux livres, non ?

J J-J dit: à

@ Orangs-outans
(elle), ce sont les animaux qui nous ressemblent le plus
(lui), nous sommes les êtres qui ressemblons le plus aux orangs-outans
@ Parcimonies & trahisons… Très loin des réalités kafkaïennes aux pâquerettes – Faire a-croire, le matin, de boue de peur, une fois évaporées les brumes des cauchemars de la nuit
https://vimeo.com/727054076
Bàv (JE, 19.2.24_8.37)

J J-J dit: à

@ Où iront les Inuits lorsqu’il n’y aura plus de neige ?
Vers la banqueroute ?…

J J-J dit: à

@ masque d’oie, je n’en trouve pas d’analyse fine chez Descola. Très beau et très facile à décrypter son soubassement d’ontologie animiste.

@ Vu hier soir « May December » au cinéma du coin. Un film presque plus fort et aussi intense qu’ « Anatomie d’une chute »… Compris la métaphore US du différentiel d’âge entre les deux membres du couple. En vérité, nulle part ne sont encore facilement admises les cougars et autres cagoles. Je le remarque aussi dans ma contrée. Y a-t-il eu une recension de ce film sur la chaine du Lézard au soleil vert ? Bàv.

Janssen J-J dit: à

Je pense souvent à feue Gabrielle Russier, et à Georges Pompidou. Une affaire lamentable.
Bàv,

D. dit: à

Je pense que nous sommes tout proche de la fin du monde.

D. dit: à

Vous nous les broutez, avec Antoine et Consuela. Wouhalàlàlàlà…

et alii dit: à

L’ombre de Bolloré derrière l’arrêt des « Grandes voix » sur Europe 1
OBS

Jazzi dit: à

Il te manque Cloclo, D. ?
Où est-ce plutôt les claudettes !

Bloom dit: à

« l’Affiche rouge » et sa fabrication.


« l’Affiche rouge » et son détournement:

L’imprimerie clandestine installée à Paris chez le peintre Pontremoli imprima un papillon destiné à être collé sur « l’Affiche rouge », figurant le visage d’un Hitler en train d’aboyer, et en-dessous:

Adolf Hitler
Autrichien
11 millions de Morts
26 millions de Blessés

La photo de ce papillon de contre-propagande fait partie d’une série de 48 images signées Robert Doisneau (trop souvent réduit à un gentillet petit chroniqueur du Paris des amoureux) réalisée pour la revue Le Point en 1945 en guise d’hommage à tous les imprimeurs qui mirent leur compétence et savoir-faire au service de la Résistance, publiant journaux, tracts et livres, au péril de leur vie.

Dans le contexte de la Panthéonisation des 23 du « groupe Manouchian », l’exposition « Robert Doisneau et l’esprit de Résistance », présentée par le Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne jusqu’au 28 avril, est à voir absolument.
Pas de fioritures, pas de récupération, des faits, indiscutables.
https://www.musee-resistance.com/expositions/doisneau/

D. dit: à

10 % d’économie dans les Ministères qui n’en peuvent déjà plus, absurdité totale devant les problèmes à gérer (plans multiples, inflation, perte considérable du pouvoir d’achat des fonctionnaires…). N’importe quoi, quand on s’engahe en meme temps à larguer des dizaibes de milliards à l’Ukraine pour que la guerre, définitivement perdue, continue le plus longtemps possible !

Quelle honte ! La France ne s’en remettra pas de telles décisions iniques et contraires aux intérêts de son peuple.

D. dit: à

Et derrière ça, une fois encore, l’Europe et l’Allemagne. Et il faudrait fermer sa gueule en plus !

D. dit: à

L’Europe communautaire veut détruire la France et l’assujetir.

renato dit: à

Avez-vous vraiment cru qu’après les aides de la phase covid, l’État serait en mesure de passer entre les gouttes, D. ?

Enfin, vous êtes ingénu ou en mauvaise foi, et étant donné vos penchants politiques la deuxième possibilité semble la plus probable.

Bolibongo dit: à

Ne cherchons pas l’ inuit à quatorze heure!

Bolibongo invenit, rose…

Rosanette dit: à

Demain à 18 heures au Mahj présentation de l’ancien film de Bosco sur les MOI et assorti d’un documentaire complémentaire récent réalisé par Ruth Zylberman ,avec Annette wieworka auteur de :ils étaient juifs ,communistes et résistants

D. dit: à

Espèce de suppot de von der Leyden ! Vas-tu te taire !

D. dit: à

Et ben c’est pas une invenit bien terrible, Boligonbo.

D. dit: à

J’aimerais pas être à la place de Lemaire, Attal et Macron devant l’Histoire.

morales sed laisse dit: à

Raphaël Glucksmann
·
« Poutine a changé » répètent en chœur ceux qui se sont trompés sur lui en Europe de l’Ouest et aux États-Unis pendant 20 ans.
Soyons clairs: non, Poutine n’a pas « changé ».
Ce sont simplement nos dirigeants, nos commentateurs et nos diplomates qui refusaient de voir ce qui était évident aux yeux des dissidents russes, des Géorgiens, des Ukrainiens ou des Baltes (et aux miens comme à quelques autres ici) et qu’ils semblent découvrir, et encore de manière très partielle, aujourd’hui.
Poutine n’a pas « changé ». Il a commencé son règne par une guerre atroce – en Tchétchénie, 100 000 morts, une capitale de 400 000 âmes rasée, le viol et le meurtre de masse érigés en doctrine politico-militaire – et par l’assassinat de ses opposants comme des journalistes critiques.
Il n’a « changé » ni dans ses méthodes, ni dans ses objectifs. Depuis l’envol de sa carrière à Saint-Petersbourg dans les années 90, lorsqu’il assura la fusion du KGB et de la mafia, il est parfaitement cohérent au contraire.
Il n’a pas « changé » dans la volonté de soumettre le peuple russe et de le transformer en arme de guerre. Il n’a pas « changé » dans le désir d’envahir ses voisins dont il ne reconnaît ni les frontières, ni la souveraineté. Il n’a pas « changé » dans la haine qu’il voue à nos démocraties et à l’Union européenne.
Il n’a pas « changé » et il ne changera jamais. Jamais. C’est nous, par contre, qui devons « changer », sortir de notre irénisme et ouvrir une fois pour toutes les yeux sur le régime qui nous fait face. Sous peine de plonger dans l’abîme.
La guerre en cours n’est pas une guerre territoriale, mais une guerre idéologique. L’objectif russe n’est pas la conquête de la Crimée ou du Donbass, mais la destruction de l’architecture de la sécurité européenne.
Il est temps de le comprendre et de cesser de faire comme si nous n’étions pas directement concernés.
Ce n’est pas par solidarité humaniste simplement que nous devons aider les Ukrainiens à défaire l’armée russe. C’est parce qu’il en va de notre propre sécurité. On ne laisse jamais le fascisme triompher à ses portes sans en payer le prix. Voilà la seule leçon de l’Histoire quand: un fasciste ne « change » pas, il est cohérent et va toujours au bout de sa logique (la guerre totale), l’enjeu est donc de savoir si les démocrates peuvent – eux – être un peu plus cohérents face à lui qu’ils ne l’ont été jusque là. Plus on attend, plus le prix à payer sera élevé. Et nous avons déjà tellement attendus…
Pour la paix et la sécurité du continent européen, il faut plus d’aide pour l’Ukraine, maintenant! »

Bolibongo dit: à

D. dit: à

Et ben c’est pas une invenit bien terrible, Boligonbo.

Et dire que rose vous attribuait… 🙂

Bolibongo dit: à

vous l’attribuait 🙂

Pablo75 dit: à

La trahison.
https://www.instagram.com/reel/C3M8Sd_MpAG/?igsh=eXo0MHh0eWNwdnp3
rose dit:

Sur la jalousie des animaux: l’employé du zoo de Pessac (Gironde) qui s’occupait des hippopotames avait une relation très complice depuis des années avec le mâle dominant. Un jour, celui-ci l’a vu conduire un nouveau petit tracteur que le zoo avait acheté, et fou de rage il a chargé contre lui et l’a tué.

Pablo75 dit: à

Raphaël Glucksmann
morales sed laisse dit:

C’est exactement ça. Et tous les Gros Connards qui ne comprennent pas cela c’est des abrutis, des vendus, des frivoles ou des crétins inguérissables.

Et ce n’est pas Poutine uniquement: lui n’a fait que reprendre des idées de certains idéologues fous, nombreux en Russie, comme Sergueï Karaganov:

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sergue%C3%AF_Karaganov

Pablo75 dit: à

L’un de plus Gros Connards qu’il y a en France, et qui malgré le fait de s’être trompé dans toutes ses prophéties depuis au moins 20 ans (il le reconnaît lui-même en rigolant dans certaines de ses vidéos) est Emmanuel Todd, partout invité par tous les complotistes payés par Poutine:

Emmanuel Todd : une vision déformée
Par Alain Guillemoles
10 février 2024

Lecture de : La Défaite de l’Occident, par Emmanuel Todd, Gallimard, 2024, 378 p.

https://desk-russie.eu/2024/02/10/la-vision-russe-demmanuel-todd.html

Jazzi dit: à

« Quand Margaret Thatcher jugeait Poutine : « J’ai regardé ses photos à la recherche d’une trace d’humanité » »

Pour l’humanité, c’était l’hôpital qui se foutait de la charité !

rose dit: à

Pablo 75
La trahison.
Des rhino.on le sait à cause des cornes.
Des elephants on se méfie a cause des défenses, qui portent bien leurs noms.
Des girafes si élégantes, herbivores, on ne se méfie pas assez.
Des hippopo. je le sais depuis longtemps : ai fait connaissance avec Prune en 1986 au zoo de Vincennes, S’agissait pas de la regarder droit dans les yeux.
Quand même, tromper son hippopo.avec un mini tracteur ! Il a vu rouge.

rose dit: à

Prune était le bébé d’une grosse mère, prête à tout !

rose dit: à

Y a la dure-mère et la grosse mère.

renato dit: à

Le déclin de l’Occident n’est qu’un fantasme généré par l’incapacité de certains réactionnaires simplement brutaux ou banalement pervers de comprendre la nature des actions possibles dans le présent (Spengler et son extrémisme, son histoire morphologique, sa « prophétie de la hyène », par exemple) : des personnes cachées derrière des arguments de manipulation, qui ont vu leurs ambitions s’effondrer et pourraient fonder une académie de la vengeance ou un syndicat du ressentiment ; qui n’ont pas accepté le processus consistant à retirer quelque chose de l’espace du sacré, afin qu’il ne renvoie plus à un contenu transcendantal ou symbolique inutile.

Enfin, plutôt que de déclin, je parlerais de cristallisation de la perception d’une partie de la population, dont l’imaginaire trouve inspiration et refuge dans des images rassurantes (supériorité culturelle, économique, industrielle, scientifique, parfois raciale), et qui n’ose pas s’en défaire de peur qu’un nouveau paramètre ne vienne troubler son confort — ce qui arrive parfois déjà —. Il serait cependant vain de piquer une colère et de se rouler par terre parce qu’il se trouve qu’ils prétendent nous expliquer le monde sous le prétexte du déclin de l’Occident, comme il est coutume chez ceux qui nourrissent le désir de prendre le pouvoir en promettant de restaurer une illusoire grandeur passée, ou pire, de l’exercer en limitant les oppositions démocratiques ; ou de ceux qui l’ont perdu après l’avoir exercé arbitrairement ; bref, c’est la rengaine des autocrates de tout poil. Il est possible qu’ils ne vivent pas dans le monde tel qu’il est : « lémures, masques d’un carnaval tragique ».

Si je regarde la fin des années 50, je peux dire que même s’il y a encore des progrès à faire — et pas des moindres — le monde, et donc l’Occident, se porte mieux aujourd’hui qu’il y a soixante ans : les conditions de vie se sont beaucoup améliorées ; les acquis des sciences sont précieux, et parce que les artistes ont dû s’adapter au processus de démocratisation, les arts sont plus accessibles ; le défi écologique demeure, mais il peut être relevé d’ici la fin du siècle, peut-être avant, parce que nous avons maintenant une idée plausible de l’état des choses.

Il y a crise, certes, mais pas déclin (ou décadence, si vous préférez). Et en ce qui concerne l’Occident, il y aurait déclin s’il n’y avait pas de crise, il en est ainsi depuis l’époque des Grecs. En fait, l’Occident n’est pas en déclin, il est en crise permanente. Peu importe que nous régressions parfois ou que nous nous arrêtions un instant pour regarder passer les nuages, c’est par la conscience et l’interprétation de la crise que nous transformons notre monde et que finalement, contre les archaïsmes des nostalgiques, l’Occident se transforme.

rose dit: à

Cela m’a fait beaucoup de peine pour le chameau cette nuit.
Crétin d’algorithme.

D. dit: à

Pauvre renato. Complètement à côté de la plaque. Quand je pense que c’est des gens comme ça qui croient avoir une supériorité intellectuelle. Des fossoyeurs de l’Occident chrétien rayonnant et de la France souveraine fille ainée de l’Eglise.
On devrait tout simplement leur retirer le droit de vote.

Eriksen dit: à

MAY DECEMBER de Todd Haynes
il sera difficile d’être pour ou contre cette relation amoureuse comme la presse de l’époque a présenté le débat en mode passionné. Ici rien n’est passionné mais tout est intense et les personnages ont l’épaisseur opaque la vraie réelle.
Todd Haynes se place sur le fil du rasoir, d’un côté tous les abus de position dominante d’une femme de 36 ans (Grace) sur un garçon de 13 ans (Joe), et de l’autre le bilan d’une famille qui dure toujours 20 ans plus tard entre deux adultes. Dans la balance qu’est-ce qui compte le plus ? Sans pour autant être un modèle de bonheur, elle ne semble pas pire que celle de beaucoup de couple au même stade.
Entre elle, gamine de 36 ans et lui, responsable dès l’âge de 10 ans de ses sœurs, s’enclenche une complémentarité. Bien évidente et pragmatique pour elle, plus énigmatique pour lui. Que cherche-t-il ? une légitimité ? un partage de responsabilité ? un être à sauver ?
Le film trace, 25 après ce scandale, la préparation du rôle de Grace par Elisabeth Berry (Nathalie Portman), actrice avenante et sociable à l’inverse de Grace (Julian Moore), mais tout aussi « utilisatrices » l’une que l’autre.
JM joue à la perfection la femme fragile et autocentrée qui sait ce qu’elle veut, qui fait tout pour l’obtenir avec une voix de velours, profondément manipulatrice comme il se doit. Elisabeth semble pire encore dans le style, car le champ d’exercice de l’autoritarisme de Grace est très circonscrit à sa famille, tandis qu’Elisabeth s’introduit où cela lui chante et fouille sans vergogne les placards au point de déstabiliser le couple. Elle vient en quelque sorte parasiter leur histoire pour en faire en partie la sienne. Nous avons là deux monstres aux territoires différents, l’une ancré à sa propre verticale centrant son petit rayon d’action familial ; l’autre plus horizontal, plus gratuite, plus « à mon seul désir ». Certes Elisabeth est en mission exploratrice légitime, mais sa pratique est bien radicale… consistant à tout essayer de cette famille, fi des conséquences : s’introduire dans les fêtes familiales ; coucher avec le mari, flirter avec la femme, s’adonner à la masturbation sur les lieux du crime pour se mettre à la place de son modèle…
Entre ces deux monstres, émerge Joe, la figure du mâle…. Mais qu’est-ce qu’elle lui trouve ? si peu de capacité de s’exprimer, si mauvais amant… Ni par le lit, ni par l’esprit, ni probablement même par l’affect, c’est son courage, son sens de la responsabilité qui attire. Fiable, stable, protecteur et soumis, on peut le voir comme le dernier des mâles que des femmes de 36 ans cherche en urgences, ou bien comme le nouvel homme, celui que Grace va chercher au berceau tellement il était encore rare. Il est clair qu’Elisabeth est troublé par cette figure et que cela n’est pas étranger au choix de ce projet. La scène finale montrera pourtant qu’elle échoue à représenter la complexité de Grace, quoique le film se termine sur sa demande de rejouer « la scène ». A-t-elle compris quelque chose ? Ce petit malin de Todd Haynes nous enjoint à voir le film une 2e fois, et de fait il prend alors une envergure encore supérieure.

Bill Evola dit: à

leur retirer le droit de vote.

Renato s’en fout, il est italo-suisse!
Et comme tout suisse prévoyant, il possède, avec boissons et nourriture, son abri anti atomique.

Janssen J-J dit: à

@ Un cambrioleur de 35 ans viole une femme de 82 ans///. Une histoire qu’avait déjà chantée G. Brassens, avec un brin moins de patosse.

@ beaucoup de peine pour le chameau cette nuit. /// moij, c’était pour la chamelle, à en pleurer.

@ Pour Poutine, on le savait depuis l’affaire du Kourk, mais ils n’ont pas voulu nous écouter à cette époque… Et pi, la Thatcher et la Carrère d’Encausse n’étaient pas trop crédib’, on croyait qu’Elstine ne buvait pas. Les Glucksman, père et fils, n’avaient d’yeux que pour la tchéTchénie, ils ne parlaient pas du sort de l’Ukraine… Ils écoutaient les conseils de Manu Todd, et maintenant, les rodomontades de Macron-Lepen…

Les uchronistes ont toujours raison avant guerre et après coup. Pas vrai, Christiane ?

Bàv,

renato dit: à

Voilà qu’un représentant des lémures a parlé — retirer le droit de vote ? pfff ! —.

Bloom dit: à

Tadechair, où est ta victoire, le Sunn Feinn est au pouvoir.
Signé Bobby S

Bloom dit: à

Sinn Fein…

poussière dit: à

« Je me suis déjà fait la réflexion qu’il y avait beaucoup de gars dans les réunions qui parlaient de leur viol. Ou d’inceste. Ou de pédophilie. Je ne comprends pas qu’on ne les ait pas plus entendus, pendant MeToo. Ca m’étonnerait beaucoup que ce soit par décence, pour laisser la parole aux femmes. Je crois plutôt qu’ils ont compris que ça coûtait trop cher, de parler. Je ne m’explique pas la honte de la victime. J’y crois – mais je ne comprends pas. On dit que la honte va avec la colère. C’est faux. Je n’ai jamais eu honte. J’ai envie de tuer les gens. C’est différent.

Je n’avais pas honte à onze ans quand mon père m’a fait monter en jupe sur une table et a dit devant tous ses potes tu as de belles jambes, c’est ce qu’il y a de plus important chez une femme. Avec une voix et un regard que je ne lui connaissais pas. Je n’ai pas eu honte, même pas pour lui. J’ai compris que ce n’était pas normal. J’ai compris que c’était dangereux. Je ne suis plus jamais retournée le voir et il n’a pas insisté – vu la pente sur laquelle il s’engageait, il savait aussi bien que moi ça allait mal se terminer. Mais je n’avais pas honte. Je le trouvais complètement con, c’est tout. On ne fait pas monter sa fille sur une table pour montrer ses jambes à ses potes bourrés. Je n’ai pas besoin de faire une psychanalyse pour le savoir. Mon père était d’une beauté stupéfiante. Catégorie Alain Delon. Ma mère ne s’était pas trompée en le choisissant comme géniteur – d’un point de vue eugénique, quelle bonne pioche. Il était beau comme un dieu mais il avait oublié d’avoir un cerveau. Devant ses potes, il a soulevé ma jupe pour montrer mes jambes en disant « c’est ce qu’il y a de plus important pour une femme, d’être belle et toi t’as des jambes sublimes ». J’étais assez grande pour comprendre que c’était déplacé. Et dangereux. Mais je n’avais pas honte de moi. Je savais que la connerie était de son côté. J’avais juste envie qu’ils crèvent tous. »

Virginie Despentes
Cher Connard

D. dit: à

renato dit: à

Voilà qu’un représentant des lémures a parlé — retirer le droit de vote ? pfff ! —.

A vous seul, pour commencer bien. Ah oui !

D. dit: à

Tu sais ce qu’i te disent, les lémures ?

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