Le temps retrouvé de Philippe Lançon
Rares sont les chocs avec les nouveautés, ainsi que sont désignés les livres qui viennent de paraître à l’égal d’articles de mode. De ces livres qui ébranlent jusqu’à ce que le lecteur se promette d’y revenir bientôt, ne fût-ce que pour vérifier ses impressions premières cette fois émondées de la découverte et de l’effet de surprise. Ce pourrait bien être le cas du Lambeau (508 pages, 21 euros, Gallimard) de Philippe Lançon. Même prévenu par le bruit qu’il fait, le plébiscite de la critique et le succès public, on reçoit sa lecture comme une gifle qui laisse sonné. On dira que l’auteur étant l’un des rescapés du massacre de la rédaction de CharlieHebdo par des terroristes islamistes, c’était prévisible. Rien de moins sûr pourtant -et pas seulement parce qu’on ne sait jamais rien du sort d’un livre.
Il ne suffit pas d’avoir vécu l’horreur pour être capable de transcender l’expérience en littérature. Souvent elle laisse le survivant muet, et on ne se souvient pas qu’elle ait jamais conféré un quelconque talent d’écriture à celui qui ne l’avait pas déjà en lui. Pour un Primo Levi, qui était entré chimiste à Auschwitz et en était ressorti écrivain, combien de déportés ont survécu à ce même traumatisme sans pouvoir en faire le récit. D’ailleurs, Philippe Lançon anticipe et désamorce le reproche qui pourrait lui être adressé lorsqu’il écrit :
« En aucun cas je n’aurais voulu obtenir de l’attentat, de la survie et de mon expérience, un pouvoir que leur absence ne m’aurait pas donné ».
Bien que rien ne le signale sur la couverture, c’est d’un récit autobiographique qu’il s’agit ; mais il tient sa valeur de ce qu’il dépasse la circonstance et l’enjeu d’actualité pour atteindre à l’universel. Qu’il s’agisse de ses qualités de plume, de sa capacité d’analyse, de sa faculté de contextualisation d’un roman, Philippe Lançon est certainement l’un des tous meilleurs critiques littéraires (désormais critique culturel à Libération, et chroniqueur à CharlieHebdo) sur la place de Paris- laquelle, il est vrai, s’est beaucoup dépeuplée dans ce domaine. Par deux fois, il s’était risqué à passer de l’autre côté de la barrière en écrivant deux romans (Les Îles, 2011, L’Elan, 2013), peu convaincants. Cette fois, il n’a pas vraiment eu le choix. L’événement est venu à lui et en s’imposant à lui, il a également dicté sa forme, son esprit, sa nécessité.
Il aurait pu réagir comme Jean-Paul Kauffmann, construisant toute une œuvre littéraire pendant une trentaine d’années en tournant autour, en en faisant son combustible, en le harcelant, en le métaphorisant sans jamais le nommer. Il est vrai qu’à la différence de l’ancien otage du Hezbollah libanais, la blessure de Lançon n’est pas seulement psychique mais physique, apparente, défigurante. Pour autant, jamais il ne nous sert de roulements de tambour, ni ne tire son récit dans le tragique, tant il exècre à raison ces écrivains qui se prennent assez au sérieux pour considérer l’acte d’écrire comme une question de vie ou de mort. Il est même capable d’envisager la censure (institutionnelle, ayatollesque etc) comme une forme extrême et légèrement paranoïaque de critique littéraire, c’est dire !
On en est empoigné dès lors que l’on accepte au début même l’implicite contrat de lecture en vertu duquel le lecteur devra accepter de se laisser envelopper par ce récit et d’y consacrer son temps sans compter. Des livres, des pièces de théâtre, des films irradient la mémoire de l’auteur. De cet inconscient sous influence, qu’il n’essaie pas de nier, il tire avantage en tachant de l’explorer. Il y a d’abord et avant tout La Nuit des rois de Shakespeare, le meilleur des guides pour s’aventurer dans un réel sanglant, une pièce dont la morale est énoncée par un bouffon, la dernière qu’il ait vue au théâtre des Quartiers d’Ivry à la veille du jour maudit. Il y a ensuite Michel Houellebecq, le Houellebecq de Soumission sorti le jour du massacre, un livre et un auteur qui hantent alors les medias et donc Le Lambeau tant ils l’accompagnent en musique de fond en raison de cette coïncidence même.
« Les tueurs se préparaient donc au moment où il parlait d’une voix faussement endormie de république et d’islam. Ils vérifiaient leurs armes tandis qu’il murmurait ses provocations en mode mineur. On ne contrôle jamais l’évolution des maladies qu’on diagnostique, qu’on provoque ou qu’on entretient. Le monde dans lequel vivait Houellebecq avait encore plus d’imagination que celui qu’il décrivait ».
Pourtant, bien qu’il eut prévu d’en parler dans Libération en ces funestes premiers jours de janvier, en ce 7 janvier 2015, ce n’est pas Soumission mais un autre livre également promis à la chronique, celui-là consacré au jazz sous le titre de Blue Note, qui lui a sauvé la vie jusqu’à en être érigé au statut de talisman puisque, si le tueur a blessé l’homme, projeté par le choc sous les cadavres de ses amis, il a raté le témoin. La cathédrale de papier édifiée par Proust le suit de chambre en chambre car, outre le bonheur du texte, il y puise de quoi méditer sur le temps, l’élément qui irrigue tout son récit. Il y a aussi les Lettres à Milena de Kafka. On allait oublier la poésie, les poèmes qui l’aident à tenir, ceux d’Adam Mickiewicz par exemple qui ont la puissance des vrais chefs d’œuvre en ce qu’ils nous expliquent ce qui nous arrive mieux que nous ne saurions le faire.
Lançon l’écrit bien quelque part : la vertu du roman, c’est de nous permettre d’imaginer n’importe qui faisant n’importe quoi n’importe où tout en nous permettant d’y participer. Il y a des portraits à l’acide (Jean-Edern Hallier « qui avait fait don de l’événement à sa personne »), à l’encre sympathique (Houellebecq en « icône pop qui a su donner forme aux paniques contemporaines »). Ou sur le dérisoire théâtre politique qui reprend ses droits avec le passage du président Hollande et de sa suite, une visite-éclair étrangement légère, désinvolte, insouciante quand tout est si lourd autour de soi. Et surtout des pages irréfutables par leur densité d’émotion, d’ironie, d’autodérision, qui en font un document non seulement historique mais littéraire de premier plan. Elles parviennent à faire scintiller la part d’humanité qui demeure en l’homme malgré la barbarie qui le tyrannise. De cette épreuve Lançon est sorti arasé de regrets et de nostalgie, sensible à la remontée des souvenirs heureux qui a pour effet de le déprimer (les années jeunesse à Cuba), mais toujours aussi critique, irrespectueux et farcesque. Charlie un jour, Charlie toujours ! Mais le 11 janvier, jour de la grande manifestation nationale et internationale, Lançon, lui, 51 ans, un trou dans la mâchoire qui fuit et sur laquelle on s’apprête à greffer son propre péroné afin de combler un déficit d’os (d’où le fameux lambeau du titre), « un visage en travaux », « une tête en carton pâte » et « une gueule de métaphore », Lançon n’était pas Charlie : « J’étais Chloé », sa chirurgienne, l’un des personnages les plus importants d’un récit pas avare de compliments sur l’APHP et son personnel.
L’attentat en lui-même y tient finalement peu de place en regard de ses répercussions : l’hôpital, les innombrables opérations, le cortège de douleurs éternelles et éternellement enfantines, la souffrance, l’odeur entêtante de Javel mêlée de Bétadine, le spectre de la monstruosité, le retour au goût de la vie par la grâce du premier yaourt, les traits du visage en steak et bouillie, la confusion de la chair et de l’os, la crainte du miroir, l’espoir, le désarroi, la tentation du renoncement, la solitude du survivant, les angoisses qui montent, les cauchemars, le regard des autres sur le masque de carnaval, le chœur des soignants, la chorégraphie des gens en blanc, toutes choses qui, sous sa plume, vont bien au-delà des souffrances d’une gueule cassée. On allait oublier la peine sauf que ce n’est même pas la peine :
« Je n’avais pas de chagrin : j’étais le chagrin ».
Tout, toutes et tous là pour aider et soutenir. N’empêche que rien ne console car rien ne remplace : Cabu, Wolinski, Maris, Honoré et les autres tombés au champ d’horreur. Prendre conscience de ce vide à jamais suffit à rappeler au rescapé que chaque homme est dans sa nuit où nul ne pénètre ; la lèvre désunie, la voix longtemps muette, il s’y adresse plus aux morts qu’aux vivants. Son temps retrouvé se mue alors en temps mélangé. Son leitmotiv « Jamais perdu conscience » a les accents de défi d’un « Même pas mort ». L’attentat n’en a pas moins provoqué en lui un décollement de conscience, un bouleversement cognitif et lexical qu’il analyse à sa manière en s’aidant de la novlangue du 1984 d’Orwell : « mortvif », « ouinon » etc, autant de symptômes d’un état psychique qui le fait désormais réagir avec une telle empathie à toutes choses qu’il ne peut s’empêcher d’exprimer un jugement et son contraire en même temps. Dans la situation qui fut la sienne, entre deux séances de haute couture faciale, on comprend que le plus célèbre passage du Divertissement pascalien l’ait turlupiné :
« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre »
Encore faut-il l’interpréter. D’autant que la porte de celle-ci à la Pitié était en permanence sous la surveillance de policiers au cas où des Frères insensibles à la Pensée B 139 auraient eu l’intense désir de la forcer afin d’achever le travail. Cela étant, n’allez pas croire que l’hôpital soit un lieu de repos, pas cette fois, pas pour lui, sans cesse charcuté pour son bien. Il eut même la surprise d’y jouer dans du Ionesco mais à son corps défendant le jour où, au bout de trois mois d’une hospitalisation qui dura bien plus longtemps sans compter les mois de rééducation aux Invalides, il reçut de la Sécurité sociale une injonction lui demandant de prouver qu’il était bien en arrêt-maladie. A l’hôpital, et notamment à la Pitié-Salpétrière qui est une ville dans la ville, Philippe Lançon a réussi à s’oublier en s’immergeant dans La Montagne magique de Thomas Mann. Même les débats philosophiques et politiques entre Settembrini, Castorp et Naphta lui parlaient si datés fussent-ils.
Dehors, un autre type de guerre remplaçait celle de 14. La Pitié était son Davos. Il a simultanément autant appris de l’un que de l’autre au point de ne plus distinguer ce qu’il doit à l’un ou l’autre. Quelque part, à propos de ses lectures de grabataire, on relève une phrase qui ne laisse d’intriguer sous la plume d’un si brillant critique :
« C’était la littérature, non la fiction, qui m’aidait ».
Peut-être un effet collatéral de la novlangue orwellienne. N’empêche qu’il y a écrit sa propre montagne magique, ce Lambeau qui est juste un grand livre.
(Photos Raphaëlle Régnier ; « Michel Houellebecq lors de la parution de « Soumission » photo D.R. ; « Autoportrait » photo Abbas )
847 Réponses pour Le temps retrouvé de Philippe Lançon
@closer & Bérénic
Si vous voulez discuter avec moi, lisez correctement mes posts, sinon basta !
et toi, daisy mouse, qu’en dis-tu de cette lecture, tu l’as p’têt… jamais finie ?
https://www.en-attendant-nadeau.fr/2017/12/19/northampton-jerusalem-moore/
Excusez wgg, les gens arrêtés n étaient peut être pas les casseurs et incendiaires qui se sont mêlés au black blocs. Cependant, j ai entendu un témoin dire que toutes générations confondues les plus âgés ont freiné les ardeurs des plus jeunes dans certains lieux notamment le Mac Do où certains voulaient mettre le feu. Ce qui n est peut être pas le scénario dans toutes les dégradations matérielles qui ne portent pas de signatures formelles.
Sinon wgg pour la PAC se référer au Monde du trois mai. Pas génial quand on connaît les difficultés liées à la réforme de la carte des terres estimées difficiles. Pour qui sonne le glas.
La casse sociale est légale. Les dividendes parmi les plus importants d Europe en France, légaux aussi.
« C’est le dernier ouvrage d’Alain Corbin La fraîcheur de l’herbe (Fayard) et c’est superbe. »
Parle-t-il de l’herbe au printemps, Christiane ?
C’est exact Diago.
Je ne sais plus dans quelle rue des Boroughs de Northampton je me suis arrêtée.
Avec le bon espoir de poursuivre cette épopée en compagnie d’Alma…(yes, merci Claro)
Mais j’ai fini « le lambeau
Trop longues attentes à l’hosto.
Et le patient devenait exigeant. Il était temps qu’il sorte…
Il faudrait revenir sur le billet pour dire que j’ai du mal à en comprendre ce qui a retenu l’attention de « Passou ».
Mais pas l’envie.
Juste préciser que de magic mountain, on retiendra qu’ils en descendaient les cadavres en bobsleigh.
Et que Proust y apparaît plutôt comme un défouloir, tant il est lu avec d’agacement, comme un malin plaisir de maso. Sauf pour la mort de sa mémé, avant la descente au bloc.
Et puis Franz et Milena qui débarquent ici, venus d’ailleurs…on ne sait pas pourquoi.
Non, une fois entré à l’hosto, que ce soit à la « Salpete » pour les descentes dans l’infra monde, ou aux Invalides sous pseudo,
Les plus belles pages dont quand il en sort.
Refaire la visite de l’expo Velazquez avec Ph. Lançon et sa Chir’. Y découvrir le secret médical que Foucault aurait été bien en peine de diagnostiquer..
Et puis un soir de mondanités , finir par une rencontre avec M. Houellebecq, lecteur de Matthieu… Énorme.
Il y a des fautes de frappe, peux pas les corriger
Si j’ai bien compris, LVDLB, le Jérusalem de Moore t’est tombé des mains, et le Lambeau de Lançon, au final, n’est pas très folichon ?
Je trouve que Proust , outre d autres qualités que je suis loin de pouvoir analyser et detailler avec pertinence
et la finesse qu il mérite,, n’étant critique , présente l avantage d une bonne gymnastique syntaxique, un entretien neuronal. Wgg, Bérénice, bien que je vous autorise à le percevoir comme une espèce de dindon d une farce, bref la niquée de service .
me pour le,
bas rosis no way.
Paresseux, apprenez à lire.
A bientôt.
Et la musique de JS Bach, luxe ordre et beauté, lv, comment l a-t-elle suivi, aidé, je crois ne l ayant pas lu qu’elle occupe une place non négligeable, qu en écrit-il?
On reçoit sa lecture comme un gifle qui laisse sonné. Passoire.
@Jazzi dit: 5 mai 2018 à 13 h 39 min
Oui, bien sûr ! c’est une balade de lettré et d’historien dans la littérature (du Moyen Age à nos jours). L’herbe y est exaltée par des promeneurs aux noms connus : Jaccottet, Bonnefoy, Du Bellay, Ronsard, Daudet, Delerm, T.Hardy,F.Renaud, Hugo, Ponge, G.Roud, R.Char, Flaubert, Whitman, Musil, H.Hess, Colette, Rilke, (évidemment), Bosco, Giono, Proust, Rousseau, Gracq, G.Sand, Thoreau, Milton, Ruskin… la Bible.
Sa verdeur, son parfum (herbe coupée), sa fragilité, son ondoiement, son silence,ses territoires, sa proximité des fontaines, des mousses, les près ou les foins, l’opulence des hautes herbes des talus, celle des terrains vagues.
Ce qui relie l’herbe, porteuse d’origine à l’enfance.
Son plan :
– L’herbe et la scène originelle
– L’enfance et l’herbe mémoire
– L’expérience du pré
– La prairie ou la « plénitude herbeuse »
– L’herbe, asile d’un instant
– le petit monde de l’herbe
– L’herbe plus douce que le sommeil (Leconte de Lisle)
– Les odeurs de fenaison
-Les herbes de la distinction
– Lamartine (« Deux pieds de marbre blanc… »)
– L’herbe, lieu d’une « grande fornication » (Zola)
– L’herbe des morts (Lamartine).
Un formidable essai très différent du Miasme et la jonquille. L’odorat et l’imaginaire social (XVIIIe-XIXe s.) et du Territoire du vide. l’Occident et le désir du rivage (1750-1840), entre autres.
Un auteur dont j’aime suivre les parutions.
Tu serais dans ce livre comme un poisson dans l’eau !
Passou,:-(
Merci, Christiane. Toi on comprend ce que tu écris, pas comme LVDLB, qui en plus vous conseille d’apprendre à lire !
« Tu serais dans ce livre comme un poisson dans l’eau ! »
Plutôt comme une tique dans un champ !
Jazzi, je vous ai trouvé sévère vis à vis de « Fiertés » de Ph. Faucon. Ce tour d’horizon de 30 ans de luttes LGBT ne peut échapper à une certaine lourdeur didactique, c’est la loi du genre. Il n’en demeure pas moins que cette série peut favoriser la réflexion d’un public peu sensible au sujet, voire hostile, bousculer quelques préjugés.
Oui, tiens, c’est aussi un livre que je devrais lire, L’Occident et le désir de rivages. L’Enéide commnce par les évoquer, Enée s’éloignant d’un rivage pour en aborder un autre et non pas un port, comme le remarque finement Paul Veyne (mais je n’aime pas sa traduction du début, qui st plus une explication de texte qu’une simple traduction à vouloir à tout prix mettre les points sur les i au détriment de la poésie, voilà c’est dit !):
Arma uirumque cano, Troiae qui primus ab oris
Italiam, fato profugus, Lauiniaque uenit
litora, multum ille et terris iactatus et alto
ui superum saeuae memorem Iunonis ob iram
________
Je chante ses faits d’armes, au héros parti des rivages de Troie qui, à l’origine d’une longue histoire, parvint en Italie, chassé par le destin, et fonda Lavinium, errant longtemps de port en port, balloté ici et là en haute mer; il fut le jouet des puissances célestes à cause de la rancune tenace de la cruelle Junon.
Le récit de Ph. Lançon n’est pas un chef-d’œuvre, il ne renouvelle pas le genre ; il n’invente rien ; ce n’est pas au sens propre une création. Mais l’honnêteté nous oblige à reconnaître que, une fois ôtées les soixante-dix premières pages assez médiocres, c’est un récit fort classiquement construit et bien écrit, souvent bouleversant et pathétique. Mais il n’apporte rien de nouveau à la littérature française. C’est un témoignage poignant de très bonne facture sur un attentat qui est moins « islamiste » que le produit sinistre de la déréliction de toute une époque, qui n’est pas vraiment dépeinte comme telle dans son récit; il lui manque à l’évidence une dimension que j’appellerais célinienne, qui aurait pu en faire un chef-d’œuvre.
La guerre de Troie, qui n’a sans doute jamais existé sinon à l’état de mythe fondateur, est au reste une guerre civile entre émigrés indo-européens de fraîche et de plus ancienne date. Ils viennent d’un même peuple, parlent des dialectes grecs très voisins.
Mais le fait que le mythe fondateur de l’Europe soit en fait une guerre civile, qui éclate pour des raisons futiles, est lourd de signification pour l’avenir de l’Europe.
(et une carte postale, une).
Certes, Paris me plonge dans un état d’hébétude et de sidération qui demande au minimum quatre jours pour se dissiper… Mais une fois que c’est fait, que j’ai digéré la misère des mendiants du métro (qui me gifle à chaque voyage), l’étourdissement de la foule et des rues, et ces montagnes de pierres rectilignes et verticales qui se bousculent vers moi, j’en viens peu à peu à discerner la beauté humaine qui habite cette ville.
A preuve, ce matin, les dames-de-mon-âge dans le métro. Aussi différentes des brayonnes de mon quotidien normand qu’un animal de zoo d’une vache laitière, et dont l’élégance fait honte à mon corps lourdaud et ma mise défraîchie. Les dames-de-mon-âge, à Paris, sont sveltes et chaussées sans talon, ce qui les rend légères. Celles que j’ai vues avaient toutes des vêtements qui n’étaient pas luxueux, mais qui témoignaient d’une recherche et d’un soin dont je suis bien incapable. Et ces qualités qui témoignent du respect de soi-même sont aussi une forme d’attention à autrui, comme une aumône tendue, et de partage, sinon de beauté, du moins de joliesse.
Les Dames en question ont des cheveux gris, ou blancs, bien coiffés, des visages fatigués mais bienveillants cependant, et elles « se tiennent »… Certes, elles ne sourient pas (qui sourit à Paris ?) mais il se dégage de la douceur de leurs traits harmonieux – un peu comme si elles vous disaient : « mais oui, j’ai été jeune, et aimée, et désirée, et c’est bien parce que je suis « moi » que je n’ai pas fait fortune, épousé un portefeuille, habité les beaux quartiers, que je suis restée celle-ci, qui fait ses courses à pied et prend le métro. Je partage avec tous mon image vieillie, mais soignée. Et je sais qu’on pourrait m’aimer encore… »
Il faut en général bénir les vieilles dames, et celles-ci sont à l’image de cette ville, vieillissante et si humaine…
Évidemment, PAS D’AMALGAME !!!
Message de maître Gilbert Collard
Bonjour,
Comme le démontrent les lignes qui suivent, j’ai été contraint de prendre conscience de l’extrême difficulté à définir ce qu’est un infidèle. Choisir entre Allah ou le Christ, alors que l’Islam est de loin la religion qui progresse le plus vite en notre pays.
Le mois dernier, je participais au stage annuel de remise à niveau, nécessaire au renouvellement de mon habilitation de sécurité dans les prisons. Il y avait dans le cursus une présentation par quatre intervenants représentant respectivement les religions Catholique, Protestante, Juive et Musulmane, expliquant les fondements de leurs doctrines respectives. C’est avec un intérêt tout particulier que j’attendais l’exposé de l’Imam.
La prestation de ce dernier fut remarquable, assortie d’une projection vidéo.
À l’issue des présentations, vint le temps des questions/réponses, et lorsque ce fut mon tour, je demandai : « Je vous prie de me corriger si je me trompe, mais j’ai cru comprendre que la majorité des Imams et autorités religieuses ont décrété le Jihad (guerre sainte), à l’encontre les infidèles du monde entier, et qu’en tuant un infidèle (ce qui est une obligation faite à tous les musulmans), ceux-ci sont assurés d’aller au paradis. Dans ce cas, pourriez-vous me donner la définition de ce qu’est un infidèle ? »
Sans rien objecter à mon interprétation et sans la moindre hésitation, l’Imam répondit : « un non musulman » !!!
Je rétorquais : « Alors permettez-moi de m’assurer que j’ai bien compris : L’ensemble des adorateurs d’Allah doivent obéir au commandement de tuer quiconque n’appartient pas à votre religion, afin de gagner leur place au paradis, n’est-ce pas ? »
Son visage qui affichait jusqu’alors une expression pleine d’assurance et d’autorité se transforma soudain en celui d’un garnement surpris la main dans le pot de confiture !!!
C’est exact rétorqua-t-il dans un murmure.
Je repris : « Eh bien, j’ai beaucoup de mal à essayer de m’imaginer le Pape Benoît XVI exhortant tous les Catholiques à massacrer vos coreligionnaires ou le Pasteur Stanley en faisant autant pour garantir aux Protestants une place au paradis.
L’Imam se retrouva sans voix !
Je poursuivis : J’ai également des difficultés à me considérer comme votre ami, lorsque vous-même et vos confrères incitez vos fidèles à m’égorger ! »
Juste une autre question : « Choisirez-vous de suivre Allah qui vous ordonne de me tuer afin d’obtenir le paradis, ou le Christ qui m’incite à vous aimer afin que j’accède, moi aussi au paradis, parce qu’il veut que j’y sois en votre compagnie ? » On aurait pu entendre une mouche voler, tandis que l’Imam demeurait silencieux.
Inutile de préciser que les organisateurs et promoteurs du séminaire de formation à la diversification n’ont pas particulièrement apprécié cette façon de traiter le ministre du culte islamique et d’exposer quelques vérités à propos des dogmes de cette religion.
Au cours des trente années à venir, il y aura suffisamment d’électeurs musulmans en notre pays pour installer un gouvernement de leur choix, avec l’application de la Sharia en guise de loi. Il m’apparait que tous les citoyens de ce pays devraient pouvoir prendre connaissance de ces lignes, mais avec le système de justice et de médias libéraux combinés à la mode démente du politiquement correct, il n’y a aucune chance que ce texte soit largement publié.
C’est pourquoi je vous demande de le diffuser à tous les contacts de votre internet.
Gilbert COLLARD, avocat
Le témoignage de Gilbert Collard est tellement ahurissant et effrayant qu’on voudrait qu’il soit faux…mais jusqu’à preuve du contraire, rien n’indique qu’il le soit. Il y avait forcément des témoins…Quelle est votre source, Monsieur le Duc?
Après tout, si chacun se sent tenu de faire circuler n’importe quoi ici, pourquoi pas ? Sur la forme, cependant, on ne voit pas bien pourquoi M. Bilhoreau vient se faire le porte parole de Me Collard, encarté au nazional front chrétien, comme chacun sait. Sur le fond de son lamentable témoignage, ce monsieur semble avoir découvert le monde des prisons. Or, pourquoi croit-il avoir interloqué l’imam de la prison en prétendant l’avoir repoussé dans ses retranchements ? Qui nous prouve d’abord que les propos rapportés où il se met avantageusement en scène sont l’exacte réalité de ce qui s’y serait réellement passé ? Et à supposer même qu’il ait réussi à prendre en défaut cet imam, n’aurait-il pas dû, par simple honnêteté intellectuelle, nous donner l’exemple analogue d’un prêtre ou d’un pasteur pris en flagrant délit de contradiction entre l’énoncé d’un dogme mal assimilé de sa religion révélée et sa conséquence empirique en terme de réponse ?
Voilà bien le genre de billevesées d’avocats pourris par la politique politicienne fasciste désireux de se faire entendre des réseaux sociaux tolérants en dehors de leur fachosphère habituelle. Il se trouve que des hérons cendrés entendent leur apporter soutien inespéré avec les précautions d’usage « attention, pas d’amalgame ».
Savez-vous, cher internaute rdl que si M. Royer-Collard a besoin d’un stage de remise à niveau pour son « habilitation de sécurité en prison » (un badge qui n’existe pas sous ce nom), c’est assurément qu’il n’en visite pas souvent, -ni même jamais-, et que ses intentions de témoigner de cette anecdote n’étaient pas des plus pures. On se demande au vrai ce qu’est ce prétendu avocat « fidèle » à ses clients en prison, aux institutions républicaines, et surtout à ses multiples casseroles.
Pour ma part, je ne vois guère plus en cet inénarrable avocat des plus infidèles, qu’un médiocre idéologue frelaté au service de l’ancien pape.
Nous avons enfin compris qui il était vraiment : merci, Héron cendré, pour ce nouvel éclairage, vous avez mérité de votre belle rente !
Le Palais de Tokyo toujours à la pointe de l’innovation. Cela va rendre l’endroit encore plus « destroy »… et faire de nouveaux adeptes à l’art contemporain :
« Une visite au musée dans le plus simple appareil ! C’est le concept pour le moins original que propose samedi le Palais de Tokyo avec la visite gratuite entièrement, nue, des cinq expositions de la saison « Discorde, fille de nuit ». Cette initiative, une première en France, a été lancée par l’Association des naturistes de Paris. Et les places sont parties en quelques heures après l’annonce par le musée, en mars. Pas moins de 2 millions de personnes se sont dites intéressées et près de 30.000 se sont présentées pour avoir une place. »
@Et les places sont parties en quelques heures après l’annonce par le musée, en mars.
Comme quoi il résidait là, sous-jacent, comme un besoin collectif latent. Il fallait juste avoir la start-up de l’idée. Cela dit, je veux bien aller me foutre à poil devant « la naissance du monde » pour voir l’effet xa f’rait aux autres spectatrices, mais je crois pas que cette toile soye au palais tokyoïte, dommage. Je préfère d’ailleurs, tous comptes faits, me réserver à l’ehpad pour ce faire, c bcp + rigolo.
@Et les places sont parties en quelques heures après l’annonce par le musée, en mars.
Comme quoi il résidait là, sous-jacent, comme un besoin collectif latent. Il fallait juste avoir la start-up de l’idée. Cela dit, je veux bien aller me fou.tre à poil devant « la naissance du monde » pour voir l’effet xa f’rait aux autres spectatrices, mais je crois pas que cette toile soye au palais tokyoïte, dommage. Je préfère d’ailleurs, tous comptes faits, me réserver à l’ehpad pour ce faire, c bcp + rigolo.
Le commentaire de JJJ est ahurissant de bêtise! Aucun représentant des trois autres religions citées par Collard n’aurait pu dire quoi que ce soit approchant la citation de l’imam, donnée par Collard via Bihoreau! Et pourquoi devrait-il prendre en défaut un rabbin, un pasteur et un curé pour « équilibrer » ce qu’il cite de l’imam? C’est grotesque!
La seule question intéressante est: ce témoignage est-il fidèle à ce qui s’est passé?
L’origine du monde, musée d’Orsay.
Bon, il reste le musée Guimet. En kimono de soie.
@ mes commentaires ne sont pas ahurissants de bêtise. Essayez de les comprendre, voyhons donc ! Ce que vous suggérez de cet incident en prison est juste, mais vous ne croyez tout de même pas que Me Bilhoreau va vous répondre sur la véracité du témoignage incriminé. Pourquoi tant de haines et d’insultes à mon endroit, closer ? Non, non, je suis pas une tête à claques, en général je pèse mes mots, voyez, y compris vêtu d’un kimono de soie vaporeux.
https://www.youtube.com/watch?v=tx4dSpwfb6U
ce soir je mange du grain à moudre
Qui connait ce texte de Me Collard ? Bien sûr, l’immense majorité des musulmans se fout pas mal de ce que dit cet imam, comme l’immense majorité des catholiques se fout des énoncés de l’Église sur la sexualité…
Peut-être Monsieur le Duc, mais on aimerait savoir où vous avez trouvé ce texte! Ce que dirait cet imam si c’est vérifié est tout inadmissible de la part de quelqu’un qui paraît avoir une fonction officielle dans le système pénitentiaire. Que tous les musulmans ne le suivent pas est probable, mais si 10% ou même 1% le suivent, c’est déjà beaucoup trop.
« est tout à fait inadmissible »
Ce qui est évident c’est que Gilbert du fn fait la même lecture du coran que les daechiens.Il a d’ailleurs été poursuivi pour propagande terroriste, comme sa patronne.
Le boursouflle a 15h32 s’est trompé de livre.
Ph Lançon n’a jamais eu la prétention d’apporter quoi que ce soit à la littérature française en écrivant ce récit autobiographique
la méprise totale du billet tient dans son titre. Et Ph Lançon le refute dans son texte même.
Pas de temps perdu, ni de temps retrouvé.
Mais simplement de temps arrêté…
Autrement dit c’est faire peu de cas de cette expérience de vie que de la réduire à de la metempsychose prousstique.
Mais t’a rien compris à la littérature, ma pauvre chérie, pire qu’une ânesse ! Et tu raisonnes comme un manche à balai. Du vent ! Retourne dans ta cabane des bois !
Collard ne fait que dire ce que notre époque refuse de voir. Le témoignage de Ph. Lançon est aussi aveugle à cet égard. C’est pour cette raison que ce n’est pas un grand livre. Il se contente de ruminer ls clichés du temps, la guerre en Irak et toute cette propagande débile de Libé au lieu de scruter l’islam dans le fond des yeux. Ph. Lançon est à cet égard aussi lâche que tout le monde, aussi minable.
Le boursouflle, prof incompétent et raciste, soudard aviné, se permet des privautes qui ne trompent personne.
Il n’a pas lu le livre de Ph. Lançon.
… mais surtout, il n’a toujours pas bien compris pourquoi Israël n’a que 70 ans d’âge et pourquoi on crut bon de fonder cet Etat à un moment donné qui ne s’imposait pas vraiment.
(Non, les seringas ont dépassé le stade des feuilles chez moi, depuis le 2 mai).
Et puis, on ne comprend pas trop bien pourquoi l’épouse du harceleur de 78 balais s’accommoda si longtemps de ses prétendues frasques au comité.
En l’occurrence, c’est toi qui apparais comme complètement avinée, voire ravinéee, pour sortir de pareilles âneries tout juste dignes du bac à sable d’où tu sembles n’être jamais sortie.
« Mais si un employé, ou juste un client avait eu une arme, ou si l’un de vous dans l’assistance avait été là avec une arme pointée dans la direction opposée, les terroristes aurait fui ou se seraient faits tirer dessus, et ça aurait été une toute autre histoire », a affirmé M. Trump. »
Quelle triste actualité qui vient percuter une scène au ralenti du livre de Ph. Lançon.
C’était bien la peine que choupinet aille bisouiller Donald, pour qu’il se fende d’une uchronie aussi sordide.
Le boursouflle , prof incompetent et raciste, peut s’évertuer à insulter. C’est sa seule défense lorsqu’il est pris en flagrant délit d’imposture.
Pour moi, ce livre est une lecture essentielle. Elle oblige à revenir à notre noyau dur : que sommes-nous tout au fond de nous ? De quoi sommes-nous faits ? On a tendance à remettre à plus tard ces questions en fuyant dans notre rassurante routine quotidienne. On aborde avec l’auteur une dimension atemporelle, en flottement au-dessus de notre enveloppe corporelle pour revenir aux choses fondamentales. Les sensations, les sons, les odeurs, les couleurs, les images qui nous traversent la tête sans qu’on ait aucune prise sur elles et nos obsessions, nos petits rituels auxquels nous tenons parce qu’ils nous définissent et font de nous des citoyens bien intégrés (retrouver ses affaires : portable, livre, sac, clés ; produire ses papiers pour l’hospitalisation et le remboursement des frais médicaux, etc.) Toutes ces préoccupations qui ligotent notre âme. Pas de complaisance ni de jérémiade, un humour décapant. Le calvaire que cet homme aura subi n’aura pas été pour rien: retour à la substantifique moelle.
Bien le bonjour de Berne.
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