de Pierre Assouline

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La République des livres
A la recherche des lecteurs de Proust

A la recherche des lecteurs de Proust

Il n’y a pas que Faulkner : de Proust aussi on pourrait dire qu’il est devenu un écrivain pour écrivain. Car qui de nos jours, hors de cette catégorie qui comprend aussi des intellectuels, des universitaires, des critiques, qui a vraiment lu la totalité de la Recherche du temps perdu et la relit encore ? C’est là que git le paradoxe de Proust particulièrement aiguë en cette année anniversaire du centenaire du prix Goncourt attribué à A l’ombre des jeunes filles en fleurs. Il est partout présenté comme l’écrivain de langue française, le plus important et le plus prestigieux du XXème siècle. Le plus commenté, analysé, disséqué si l’on en juge par les montagnes de thèses consacrées à sa cathédrale de prose, fût-elle, à l’égal de tout livre selon Proust, l’œuvre de la solitude et l’enfant du silence. Le plus plébiscité par les lecteurs : en 1999, quand le Monde a proposé à ses lecteurs d’élire les cent livres du siècle tous genres confondus pas seulement en France mais partout ailleurs, la Recherche arrivait en deuxième position après L’Etranger. Et au début de ce mois encore, à l’occasion du salon du livre de Genève, le quotidien Le Temps a publié un palmarès concocté auprès de libraires, de bibliothécaires, de professeurs, de critiques sur les 50 meilleurs livres de langue française de 1900 à nos jours, le Recherche est arrivée en première position, devant le Voyage au bout de la nuit.

Or sa popularité est inversement proportionnelle de la diffusion de son œuvre. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. On les connaît mieux depuis la récente parution de Proust, prix Goncourt (256 pages, 19,50 euros, Gallimard), un essai aussi savant, précis que cruel tant pour Proust, ses petites manoeuvres, son milieu que pour l’Académie Goncourt. Thierry Laget, un spécialiste de la question, qui avait naguère consacré un mémoire au sujet sous la direction de Jean-Yves Tadié avant de collaborer à ses côtés à la nouvelle pléiadisation de la Recherche, insiste sur la réception du prix ; il y commente brillamment le dossier de presse de l’époque des années 1919/1920 et réussit même la prouesse d’en faire un récit palpitant et plein d’humour. Or à la fin, ayant eu accès aux inviolables archives Gallimard, il publie en annexe les chiffres des tirages cumulés de l’opus magnum toutes éditions confondues de 1919 à 1980, date du 60 ème anniversaire de l’attribution du prix à Marcel Proust (après, à partir du milieu des années 80, l’oeuvre de Proust est dans le domaine public et l’on ignore les résultats des diverses éditions). Deux choses y apparaissent : d’une part près de deux millions d’exemplaires des sept volumes composant la Recherche ont été vendus en langue française (poche et clubs compris), ce qui est relativement peu sur une telle durée et compte tenu de la notoriété maximum de l’auteur (et par rapport au Petit prince et à L’Etranger, les deux plus grand succès du fonds Gallimard) ; d’autre part, Du côté de chez Swann, le premier tome, est celui qui a eu le plus de succès, après cela n’a cessé de décliner. Ce qui fait écrire à Thierry Laget :

« On peut donc estimer à un sur trois le nombre des lecteurs qui se contentent du premier volume et que le prix Goncourt ne convainc pas d’acquérir le deuxième (…) »

Vu d’en face et d’ailleurs, Proust c’est la France, la Belle époque, le snobisme, une langue précieuse, un certain raffinement intellectuel, esthétique, émotionnel. Le paradoxe entre les étincelles de la notoriété et la réalité crue des chiffres est renforcé encore par la fortune de laRechercheà l’étranger. Celle-ci a été traduite dès 1920, partiellement (et pour cause) puis intégralement dans des dizaines de  langues et de pays. Le « spécial Proust » de la Nrf paru en 1923, avec des contributions de Virginia Woolf, Ernst Robert Curtius, Ortega y Gasset etc, a beaucoup fait pour ce rayonnement. Dans le sillage des traductions, des clubs Proust, des sociétés des amis de Proust, des sociétés d’études proustiennes, des laboratoires de recherches sur le corpus proustien ont surgi. L’école japonaise notamment a produit des travaux remarquables et récemment encore, à l’université de Kyoto, un Index général de la correspondance de Marcel Proust.

Pour les besoins d’une conversation à laquelle je participais avant-hier à Chartres dans le cadre sur Printemps proustien, sur « Proust et le monde » avec l’américain William Carter et le japonais Kazuyoshi Yoshikawa, chacun d’eux ayant parlé de son pays, j’ai été modestement chargé de m’occuper du reste du monde, excusez du peu. A l’issue de ma petite enquête sur les traductions et la réception de la Recherche, plusieurs invariants ont surgi d’un pays à l’autre.

Le premier écueil que les traducteurs ont eu à contourner n’est autre que la longueur des phrases. Bien souvent, la solution a consisté à les segmenter ; c’est particulièrement frappant en chinois. Dans le chapitre « Combray » de Du côté de chez Swann, aux pages sur la description de la chambre de tante Léonie, une phrase de 56 lignes contenant force tirets et points virgule, devient 18 phrases brèves aérées par quatre paragraphes. Puis les problèmes posés par les nombreuses métaphores, l’intertextualité, la polysémie et les ruptures de registres de la langue parlée. Puis la question du temps, le passé composé étant par exemple source de problème dans de nombreuses langues. Enfin, la nécessité d’ajouter au roman de nombreuses notes, non pour donner du travail aux universitaires, mais, comme pour le style, par souci de clarté, de lisibilité. En effet, nombre de noms propres et de références historiques typiquement français (affaire Dreyfus, scandale de Panama etc), d’allusions bibliques ou mythologiques, ne disent rien à nombre de lecteurs étrangers – et la vérité oblige à dire qu’elles doivent laisser sur le carreau également nombre de lecteurs français, et pas seulement chez les jeunes.

Avant-guerre en Pologne, Boy-Zelenski avait éclairci le texte-source en segmentant les phrases trop longues, en créant des respirations avec les alinéas, en disposant les dialogues à la ligne. Il se justifiait ainsi : « J’ai sacrifié le précieux pour l’essentiel ». C’est ainsi que dans son poignant récit Proust contre la déchéance (2011), Jozef Czapski dit que Proust se lit si facilement en polonais qu’il faudrait le retraduire en français pour le rendre enfin vraiment populaire en France ! Longtemps, l’édition allemande de Contre-Sainte Beuve (Gegen Sainte-Beuve) du suisse Luzius Keller a fait autorité y compris chez les éditeurs portugais, espagnols etc par sa manière de reconstituer les fragments ; ainsi il était plus chic chez les étudiants français de s’y référer plutôt qu’à celle de la Pléiade. Proust est communément perçu comme un auteur d’une telle complexité que cela fait dire à certains que si les lecteurs anglais ou américains ont du mal à entrer dans la Recherche en anglais., c’est signe… que la traduction est bonne !

Qu’est-ce qu’ils gardent et qu’est-ce qu’ils jettent ? En fait, lorsqu’on assiste à des colloques de traducteurs proustiens, on s’aperçoit qu’ils peuvent passer la journée à s’opposer uniquement sur le titre et sur l’incipit. En anglais déjà, il y a trois manières de traduire le titre de l’ensemble : Remembrance of Things Past (qui fait écho à un sonnet de Shakespeare), In Search of Lost Time et A Search for Lost Time. Parfois, pour le titre aussi, ils simplifient. L’édition roumaine de Du côté de chez Swann s’intitule simplement Swann !

Quant à la première phrase, en norvégien par exemple, « longtemps » ne peut s’accorder avec le passé composé. En créole haïtien, le traducteur s’est demandé si « longtemps » voulait dire « souvent », « depuis longtemps » ou « pendant une longue période de temps ». Et dans toutes les langues, l’homophonie entre « bonheur » et « bonne heure » ne peut être conservée.

Comment rendre la voix de Françoise en anglais quand on se souvient qu’elle est à la fois frustre, plébéienne, peu cultivée mais qu’elle contient également des tournures de la langue du Grand Siècle ? Comment traduire le moi obscur, l’oreille fine, la musique en dessous, les paroles sous l’air de la chanson (cf Contre Sainte-Beuve) du texte source ? Comment s’en sortir avec un écrivain qui définissait son style comme « un ver à soie tissant de longues soies de sa phrase » (1905) ?

Pas évident. D’autant que tout n’est pas à l’origine en français. La Recherche contient quelques deux cents mots anglais ou considérés comme des anglicismes. Mais qu’on se le dise, « mousmé », que l’on retrouve souvent dans la bouche d’Albertine, n’est pas de l’arabe chu de la bouche de Pépé le Moko, mais du japonais (musume signifie « jeune fille)

On n’oubliera pas que Proust lui-même a traduit sans être traducteur. Il ne parlait pas un mot d’anglais, le déchiffrait à peine mais maman y a pourvu comme en toutes choses ; ce qui lui faisait dire que, à défaut de connaître l’anglais, il savait fort bien le Ruskin, lui permit de restituer en français Sésame et les lys et La Bible d’Amiens, et de s’approprier une esthétique qu’il sublimera bientôt dans la Recherche.

Le terrain est fertile pour les erreurs d’interprétation. Il est plus facile de les débusquer dans les traductions pionnières car l’on dispose de nos jours d’études génétiques sur les manuscrits, de biographies détaillées et de l’ensemble de la correspondance. N’empêche, on imagine le traducteur islandais ou arménien s’arrachant les cheveux pour essayer de rendre dans sa langue sans trop de dommages « décaduc », l’un des nombreux néologismes proustiens, « faire catleya » ou alors dans la bouche d’Albertine (La Prisonnière) « se faire casser le pot » – cette dernière expression ayant été victime d’un contresens dans une traduction en castillan où elle est traduite par un verbe signifiant « dépuceler » ; en chinois, l’expression « Débats roses » est devenue « jardins de roses » alors que c’était une allusion au papier rose et blanc du Journal des débats

Les Espagnols ont été parmi les premiers à tirer. Dès 1920, le poète Pedro Salinas se voyait confier la traduction de Por el camino de Swann suivi de A la sombra des las muchachas en flor. Après, les volumes s’espacèrent ; pendant la guerre et après, la censure franquiste, scandalisée par Sodome et Gomorrhe, mit fin à l’entreprise. Alors l’Argentine prit le relais en confiant le travail à Marcelo Menaché ; mais quand dès les années 50, l’éditeur barcelonais Plaza y Janès lança sa propre traduction d’En busca del tiempo perdido, une rivalité naquit et s’installa durablement ; aux uns on reprocha d’avoir traduit Un amour de Swann par Unos amores de Swann, ce qui est un contresens ; on dénonça chez les autres leurs argentinismes. ; les uns et les autres se renvoyèrent leurs idiotismes à la figure.

Comme toute grande œuvre de portée universelle, la Recherche est un miroir. Elle reflète les évolutions et l’esprit de l’époque : il y a vingt ans, alors je recherchais en vain au rayon « Littérature française » la légendaire traduction de Scott Moncrieff de la Recherche dans une bonne librairie de Brooklyn, le libraire m’amena au rayon « Gay » où elle se trouvait (cela dit, à la librairie Delamain où je cherchais en vain Paris au mois d’août de René Fallet, on a fini par m’indiquer le rayon « Tourisme » où le livre était niché, en effet…) ; de nos jours, les facs américaines ont annexé Proust aux Gender studies et à écouter certains débats, même en France, c’est à se demander si l’homosexualité et le judaïsme ne sont pas les thèmes dominants de la Recherche… Air du temps. Les Allemands, eux, ont le plus souvent tiré l’œuvre vers la philosophie et l’esthétique (voir le Proust de Walter Benjamin) quand les Italiens, qui l’ont traduit à partir de 1945 avec une équipe au sein de laquelle oeuvrait Natalia Ginzburg (La strada di Swann), ont été sensibles aux développements sur Giotto, Botticelli…  Quant aux Chinois, ils ont mis en valeur les Proust psychologue, sceptique, symboliste dans la traduction qu’ils ont diligentée entre 1923 et 1949, ils l’ont proscrit de 1949 à 1978, et on relancé deux traductions rivales en 1989/91, l’une étant un travail d’équipe (quinze personnes, donc quinze styles difficiles à unifier), l’autre étant assurée par une seule personne.

A ce sujet, il faut préciser que souvent, eu égard à l’énormité du travail, il arrive que le traducteur meurt en route et que son travail soit poursuivi par un autre ; le cas de l’édition arabe, échelonnée de 1977, à la demande du ministère de la culture à Damas qui la commanda à Elias Bdéoui, puis à la mort de celui-ci fut poursuivi au Caire par Jamal Chehayed jusqu’en 2005. Si le traducteur ne meurt pas toujours, il lui arrive d’être empêché : en Roumanie, Radu Cioculescu qui avait commencé sa Recherche en 1946 ne continuer car il fut emprisonné en raison de son activisme politique ; il reviendra bien plus tard à Irina Mavrodin, dans les années 1987-2000, de traduire l’intégrale.

Malgré tout, si Proust est le plus admiré des écrivains français en France et dans le monde, il est peu lu. Combien sont-ils depuis un siècle à avoir lu son roman dans son son intégralité ? Car autrefois en douze volumes ou désormais en sept si ce n’est en quatre dans la Pléiade ou en une brique Quarto de 2408 pages, c’est bien d’un seul roman qu’il s’agit avec A la recherche du temps perdu. Et les mystères de ce paradoxe ne seront pas épuisés lorsqu’on se souviendra que, comme l’a énoncé quelqu’un de bien, les beaux livres donnent l’impression d’avoir été écrits dans une sorte de langue étrangère…

(« Le cercle de la rue Royale », 1868, huile sur toile de James Tissot, musée d’Orsay (Charles Haas, qui a inspiré le personnage de Charles Swann, se tient debout à l’extrême-droite) ; « Proust par Nadar » ; « Proust avec ses amis Robert de Flers et Lucien Daudet vers 1894 », « Edition correspondant aux deux-tiers du Temps retrouvé, avant-dernier volume de la Recherche en japonais par le professeur Yoshikawa », photos D.R.)

Cette entrée a été publiée dans Histoire Littéraire.

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commentaires

1 487 Réponses pour A la recherche des lecteurs de Proust

et alii dit: à

Après avoir « gobé », ils ont disposé des enceintes acoustiques tout autour d’eux et se sont allongés dans l’une des anfractuosités de Zabriskie Point. Pendant une dizaine d’heures, ils ont observé les étoiles en écoutant des Lieder de Richard Strauss. Foucault en aurait eu les larmes aux yeux et aurait déclaré : « je comprends à présent ma sexualité ».
books et obs

et alii dit: à

Le philosophe lui a confié dans une lettre que cet événement avait « bouleversé sa vie et son travail ». « Il nous a écrit qu’il avait jeté au feu les volumes 2 et 3 de son Histoire de la sexualité, et qu’il devait tout reprendre à zéro », rapporte Wade. Le titre du deuxième volume que Foucault finira par publier en 1984 ? L’usage des plaisirs…

Jazzi dit: à

« on l’a déjà eue sur l’ancienne RDL »

Pas grave, la ratatouille est meilleure réchauffée !

et alii dit: à

la ratatouille est meilleure réchauffée !
rien à redire;c’est vrai!

Janssen J-J dit: à

1 – aux distingué.es proustinologues, me permets, moi qui ne m’intéresse en général qu’aux poulets incarnant « la force » dans la littérature consacrée, de signaler que j’viens enfin de trouver qq chose d’intéresant dans Sodome et Gomorrhe, cité par Ch. Vigouroux, un haut fonctionnaire très cultivé (2017, p.130) : « Dans l’humanité, la règle -qui comporte des exceptions naturellement- est que les durs sont des faibles dont n’a pas voulu, et que les forts, se souciant peu qu’on veuille ou non d’eux, ont seuls cette douceur que le vulgaire prend pour de la faiblesse »…
Et l’auteur de conclure, citant ce fragment à l’usage des écoles de police ayant également à mobiliser Proust, plutôt que la matraque, dans leur capsule de formation générale : « homme ou femme, jeune ou vieux, diplômé ou non, voici les vrais forts, les hommes de force ».
Cela dit, j’suis pas sûr du tout que cette élégante chochotterie proustienne soit toujours bien perçue dans nos écoles de l’égalisation policière républicaine. Elle elle peut aider certains à méditer sur le bien fondé de leur vocation, hein !

2. -> au commentarium général : Je n’ai pas de chattes, mais j’ai un livre de la très gidienne Ivy Campton-Burnett dans ma bibli, et c’est déjà pas si mal. J’avais décidé de ne pas en avoir deux, car fus trop suffoqué par cette romancière anglaise à la première de mon abordement. Ca parlait déjà des hommes et des femmes, éternel rabâchage de la littératures, mais de quoi d’autre voulez-vous parler au juste, Claude la Louche ?
http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio/Des-hommes-et-des-femmes

D. dit: à

et alii dit: 22 mai 2019 à 10 h 27 min

la ratatouille est meilleure réchauffée !
rien à redire;c’est vrai!

Totalement faux. Cela la confit et faut déteindre les saveurs. C’est une hérésie culinaire.
Dans la ratatouille chaque morceau pris individuellement doit être reconnaissable visuellement et avoir le goût puissant mais délicat du légume considéré, de l’huile vierge et des aromates, en aucun cas avoir pris le goût des autres légumes.

Jazzi dit: à

Confit c’est meilleur ! Pour réussir un bon rata, faut que ça touille !

et alii dit: à

Shareimprimer
La collection Bouquins, chez Robert Laffont, célèbre ses 40 ans cette année, et pour l’occasion, une sortie toute particulière interviendra ce 19 septembre. Il s’agit du Journal intégral de Julien Green, couvrant une période allant de 1926 à 1940.

Le journal de l’écrivain est pour la première fois présenté dans son intégralité. Les ajouts à la précédente édition, représentant environ 60 % de texte supplémentaire, révèlent sans détour la vie intime, amoureuse et sexuelle du grand romancier catholique. Un secret longtemps dissimulé !
https://www.actualitte.com/article/monde-edition/julien-green-devoile-tout-dans-la-version-integrale-de-son-journal/94893?origin=newsletter

renato dit: à

Ivy Compton-Burnett. Je me souviens l’avoir rencontrée à Rome en 64 ou 65, mais il s’agissait des fréquentations de mon père et à l’époque j’avais d’autres préoccupations, donc pas prêté attention. Par la suite ai lu tout ses travaux, aimé A Heritage and Its History et A God and His Gifts.

https://blogfigures.blogspot.com/2010/12/ivy-compton-burnett.html

Ed dit: à

« Est excessivement vieille désormais »

Les chats affectueux deviennent d’adorables pots de colle avec l’âge. Quand je vois l’attitude de la mienne à 5 ans seulement…
Mais c’est un gouffre (si si !) de bonheur. Profitez bien !

et alii dit: à

selon F.Héritier
On nous parle d’une nature, d’une nature qui serait plus violente chez les hommes, qui serait fondamentalement dominatrice, et on nous parle aussi d’accès de bestialité. Dans tous les cas, on a tout faux ! Ce n’est pas une nature, c’est une culture ! C’est justement parce que les humains sont capables de penser, qu’ils ont érigé un système, qui est un système de valences différentielles du sexe. Et cela s’est passé il y a fort longtemps.

Nous sommes ainsi les seuls parmi les espèces où les mâles tuent les femelles. Ce n’est donc pas une question de bestialité, de nature, et parce que ce n’est qu’une question de pensée, de culture, de construction mentale, nous pouvons penser que la lutte peut changer cet état de fait.

Clopine dit: à

Jazzi, moi qui suis du Nord, j’ai suivi scrupuleusement une recette « authentique » de ratatouille qui demandait à ce qu’on fasse dégorger sous le sel certains légumes (les poivrons, les aubergines), pendant 15 minutes environ, avant de les rincer et ensuite de les cuire séparément, du plus « dur » (le poivron) au plus »tendre » (la tomate), pour enfin les rassembler dans le plat avec les aromates. Opères-tu ainsi ?

Cette nuit, ai repensé à tous ces traducteurs qui, un peu partout, s’attaquent à cette montagne qu’est la Recherche. Je ne change pas d’opinion : elle est à mon sens intraduisible vraiment, à cause de la virtuosité absolue avec laquelle Proust manie la métaphore, et avec l’intraduisible du rythme de la phrase proustienne, qui demande au lecteur de s’abandonner.

Mais je me dis que les traducteurs sont, avant tout, des lecteurs. Et pour avoir constaté combien les lecteurs de Proust ont besoin de faire état de leurs lectures (j’en suis, hélas), je me dis que les traducteurs ne font rien d’autre, finalement, que ce que tous les innombrables « aficionados » se dépêchent de faire, sitôt la dernière page tournée dirait-on, dans les non moins innombrables « Proust et moi », « dictionnaire Proust », « traité proustien », « abrégé proustien », « abécédaire proustien » etc., etc. (sans parler des thèses universitaires) : à savoir, parler de leur propre perception de l’oeuvre. Les traducteurs feraient en fait exactement de même, cela proviendrait du même besoin, sauf que la démarche est un peu plus pernicieuse puisqu’au lieu de dire « Proust et moi », ils se planquent derrière leur travail et disent « Proust et ma langue à moi »…

Et je me dis que cette urgence à raconter « sa » lecture de Proust, ce besoin irrépressible d’en témoigner, de vouloir la partager, est en réalité à la hauteur de l’abandon qu’on doit opérer si l’on veut le lire. On ne peut pas « intégrer » totalement, comme on le fait d’autres lectures même savantes, la phrase proustienne : on ne peut que s’y livrer, il faut à un moment que votre esprit abdique parce qu’elle est trop sinueuse, trop détaillée, trop ramifiée pour qu’on l’absorbe : on ne fait jamais que surfer sur les mots de Proust, et quand enfin on y arrive, on a (enfin, bibi, of course) la même sensation et le même sentiment de beauté qui saisit le surfeur (d’après ce que j’ai lu), quand il fait enfin partie du rouleau magnifique et submergeant qui s’enroule sous lui et le transporte aux confins de l’équilibre, de la puissance et de l’émotion. En quelque sorte. (wouarf).

L’abandon requis du lecteur est si total qu’il faut bien qu’il se venge, ou plutôt qu’il se réintègre, à l’issue de la lecture : du coup, hop, urgence à témoigner, à s’approprier, à revenir labourer le texte… Ou à le traduire. Le refoulé (le « moi » du lecteur) revient en force, ahaha, et la prolifération des traductions, (alors qu’elles seront toujours un peu « hors champs », ni heureuses ni malheureuses, simplement forcément amputées) vient plus sûrement de ce cannibalisme par lequel le lecteur se venge d’avoir dû consentir à être lui-même mangé.

Satané Marcel, va.
Me suis-je dit cette nuit.

Et puis il y a tout de même une beauté disons très téméraire (wouarf !) (« on n’a pas besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer ») dans cette entreprise de traduire la Recherche. C’est beau comme un acte gratuit, et ça peut très certainement remplir une vie.

Ed dit: à

« Pour réussir un bon rata, faut que ça touille »

Comment voulez-vous que j’atteigne des sommets de niaiserie dans mes commentaires avec pareille concurrence ?

bouguereau dit: à

Et pour avoir constaté combien les lecteurs de Proust ont besoin de faire état de leurs lectures

c’est à un tel point d’hystérie qu’il faille qu’il en soit toutafé soupçonnabe

bouguereau dit: à

les positions dominante et la crainte de la concurence c’est bien un truc de chleu..

Clopine dit: à

Et donc, histoire d’illustrer mes propos et de rigoler un peu, ce que vous voyez ci-dessous ne sont évidemment que des lecteurs de Proust. (ceux qui n’ont pas réussi ont évidemment bu la tasse !)

https://youtu.be/pzfVKkCYQjc

bouguereau dit: à

Nous sommes ainsi les seuls parmi les espèces où les mâles tuent les femelles

t’es qu’une pov goye qui sait même pas lire..

Janssen J-J dit: à

@ nous pouvons penser que la lutte peut changer cet état de fait.

Tout à fait d’accord. Personnellement, je suis pour ne pas tuer les femmes, aucune femme. D’ailleurs, je ne l’ai jamais fait. Preuve que la culture m’a bien travaillé.

bouguereau dit: à

« Dans l’humanité, la règle -qui comporte des exceptions naturellement- est que les durs sont des faibles dont n’a pas voulu, et que les forts, se souciant peu qu’on veuille ou non d’eux, ont seuls cette douceur que le vulgaire prend pour de la faiblesse »

quant à la conscience de classe il faut au moins avoir conscience de laquelle on a..le reste c’est dla litterature

Janssen J-J dit: à

@ c’est à un tel point d’hystérie qu’il faille qu’il en soit toutafé soupçonnabe

la, ça redevient obscur alors que d’hab, c tjs bcp + clerc. Faussifère aux ratatouilles, dès l’midi.

bouguereau dit: à

Totalement faux. Cela la confit et faut déteindre les saveurs. C’est une hérésie culinaire

..faut que ça confise des plombes dédé..toi tu fais un autre plat qui n’est pas la ratatouille..et qui est pas dégueux non plus

Marie Sasseur dit: à

« à revenir labourer le texte… Ou à le traduire. »
Je ne comprends pas quel est ce reproche ? fait aux lecteurs Clopine. S’abandonner au texte proustien, comme vous l’indiquez être la seule lecture, est valable pour toutes les lectures.
Une longue phrase sinueuse, demande plus d’effort. Ne pas la décortiquer revient à accepter de se laisser endormir par un bruit de fond.
Je note bien sûr votre lecture tout a fait personnelle du chapitre « nom de pays » de la RTP, qui ne s’inscrit en rien de ce que Proust a ecrit, ni n’est partageable.

Janssen J-J dit: à

une conscience de classe, certes, mais « pour soi » ou « en soi » ?… tant qu’on ne l’a pas précisé, on fait du proto prouste sur place.
(praxéologie)

bouguereau dit: à

la, ça redevient obscur

t’es bouché..: que proust lui même inséminrait a ce point que le lecteur ne srait pas seulement qu’hanculé comme il dirait qui tu sais

bouguereau dit: à

« je comprends à présent ma sexualité »

un genre de coming in hen somme..qui va croire a un tel hétat de conscience invaginé..sapré fouco..trés souvent il s’écoute trop

Janssen J-J dit: à

Les histoires de cul des catholiques intégristes ne m’ont jamais intéressé. Par conséquent, je laisse le journal de Julien Green Bergen aux amateurs de la petite bière Morand/Chardonne.

bouguereau dit: à

De même que le beau son de sa voix, isolément reproduit par le phonographe, ne nous consolerait pas d’avoir perdu notre mère, de même une tempête mécaniquement imitée m’aurait laissé aussi indifférent que les fontaines lumineuses de l’Exposition

proust a beaucoup lu..beaucoup ‘ressenti’ de seconde main..il a ramassé beaucoup et d’y trouver des enseignements -c’est lui même qui le dit- serait non seulement vain mais surtout ‘vulgaire’..c’est une esthétique avant d’être un style

Janssen J-J dit: à

@ sapré fouco..trés souvent il s’écoute trop

surtout quand il se fistfuckait tout seul, avait du mal, d’après

Janssen J-J dit: à

@ proust a beaucoup lu..beaucoup ‘ressenti’ de seconde main..il a ramassé beaucoup et d’y trouver des enseignements -c’est lui même qui le dit- serait non seulement vain mais surtout ‘vulgaire’..c’est une esthétique avant d’être un style

T’es bin sûr de ton jugement littéraire sur proust, l’boug ?… Car là, tu m’étonnes gravle sur l’esthétique avant le style, hein !… Et j’aimerais bin savoir où il aurait dit que ! Il faut tarir les sources, icite.

Bérénice dit: à

« A la recherche du temps perdu »… dit Marcel Proust. C’est n’est pas qu’une figure spirituelle. « À la recherche de l’équilibre » serait plus exact, de cet équilibre entre le rire et les larmes, l’ironie et l’enthousiasme, la sensibilité et l’indifférence heureuse, le rêve et l’action, vers lequel tendent tous les bipèdes doués de raison. Un de nos collaborateurs prononçait hier, à propos de Marcel Proust, le nom de Meredith. C’est fort exact. On pourrait prononcer aussi celui de Sterne dans Tristram Shandy et de Jean-Paul Richter dans Titan. Car l’esprit littéraire le plus spontané – et celui-ci l’est extrêmement – n’apparaît point ici-bas comme un bolide. Il est le résultat d’une lente germination à travers les formes mentales, les œuvres du passé, et ces lectures, qui suscitent en nous des personnages imprévus.

https://fr.m.wikisource.org/wiki/Auteur:L%C3%A9on_Daudet

Janssen J-J dit: à

Ne viens pas me chercher sur Lénine, hein !… J’y ai tout lu quand j’étais à la Ligue, autrefois. Tu risques de pas gagner à m’provoquer ainsi gratuit’ment. Et de d’voir t’sortir du bois ! ‘tation !

Janssen J-J dit: à

Déja, recopier avec moi, tous en choeur avec les touches de Vlady Oulianov :
MA
TE
RIA
LISME
&
EM
PI
RIO
CRI
TI
CISME

renato dit: à

Il faudrait voir qui avait vraiment lu Matérialisme et empiriocriticisme dans les années 10-20.

Bérénice dit: à

12h26 bouguereau, et ça dit quoi en gros?

Jazzi dit: à

60 % d’histoires de cul réintégré dans le Journal de Julien Green, ça laisse peut de place à la religion, Delaporte ! On ne dira plus que Julien Green est un écrivain catho mais plutôt un écrivain homo…
Je comprends mieux pourquoi au dernier moment il s’est débiné lorsque je devais venir l’interviewer pour le Gai Pied. Il aura eu peur de devoir passer aux aveux détaillés sous le feu roulant de mes questions ?

Ed dit: à

La ratatouille, c’est tellement, mais alors tellement dégueulasse.

Duck dit: à

« sous le feu roulant de mes questions »

Grenouille…. Boeuf

Hurk hurk hurk ! Dirait Chaloux

Jazzi dit: à

ça laisse peu de…

Si vous n’aimez pas la ratatouille, ce n’est pas une raison pour en dégoûter les autres, Ed. Moi, je n’aime pas les tripes ni les andouillettes, le les laissent aux amateurs…
Un jour, ou plutôt un soir, dans un restaurant de Montmartre tenu par un de mes copains, j’étais attablé non loin de Delphine Seyrig. Après qu’elle eût demandé au garçon quel était le plat du jour, celui-ci lui répondit « Des tripes à la mode de Caen ». Je l’entendis alors déclarer, de sa belle voix grave et suave, délicieusement snob : « Merci, mais je ne mange jamais les intérieurs ! »

pado dit: à

« sous le feu roulant de mes questions »

Grenouille…. Boeuf

Hurk!hurk!hurk! Dirait Chaloux

Clopine dit: à

Quel « reproche » adressé aux lecteurs de Proust ? J’essaie juste de comprendre le phénomène ??? Et j ‘en suis, en plus, alors, non, franchement ???

Bal/Beau bec, c’est juste ça : dans la Recherche, c’est dans Sodome et Gomorrhe que Brichot explique la désinence « bec » (= ruisseau), et je pense juste que Proust a « passé en revue » les multiples noms de lieux avec cette désinence (Brichot les énumère dans le livre), avant de forger son « Balbec ». A côté de Caudebec, Bricquebec et autres, il connaissait aussi Beaubec (le même Brichot cite l’abbaye de Beaubec dans le livre) : voilà tout. Par contre, je me dis que parfois les coïncidences sont, comment dire ? Signifiantes ? (mais c’est uniquement à usage personnel, bien sûr) : moi qui vis aux champs mais qui, en tant que lectrice de la Recherche, suis bien isolée, qui ai donc une vie avec « deux côtés » (ce qui est déjà proustien, ahahah), il semble que jusque dans « mes » noms de lieux il y ait comme une résonance de ces « moitiés » : comme caché dans mon quotidien, voici la moitié « proustienne » qui apparaît, simplement scindée en deux : pas de Combray, mais Bray tout de même. Pas de Balbec, mais un Beaubec dont le nombre de syllabes et l’assonance sont comme un lointain écho du nom forgé par Proust. Rigolo, non ? Et freudien en diable… Je ne cherche certes pas plus loin, et si vous voyez autre chose dans mes propos, vous vous trompez, tout simplement.

(par contre, habiter le lieu-dit « les ruisseaux » à Beaubec, près de la « route du joli endroit », voilà en cascade des redondances. les ruisseaux du joli endroit du beau ruisseau, en quelque sorte !!!)

Ed dit: à

Hier soir, j’ai regardé « Rester vertical »… »L’inconnu du lac », c’est un dessin animé pour enfants à côté.

Tiens, je vais l’écrire dans ma critique allociné.

Bérénice dit: à

Le docteur Cottard à l’humour si vif qu’il parvient ? Je ne sais trop ce que devient le personnage, ma lecture stationne , je relisais une page hier soir et il semble que tout se soit éclairci aussi devrais je reprendre les deux premiers tomes avant de m’aventurer plus loin. Je pense éprouver à la relecture beaucoup plus de plaisir que precedemment. Je ne sais pas trop pourquoi ni comment mais les textes s’ouvrent souvent beaucoup plus à la récidive, je dois être un peu lente, comme pour la pâte à pain il me faut laisser les levain agir dans un recoin de mon pauvre cerveau pour un rendez vous avec le sens, la communion, l’epiphanie, l’extase littéraire.

Marie Sasseur dit: à

Merci Clopine a 13h13.
Beaucoup de desinences en »bec », en Normandie, oui, on découvre cela. Je m’y étais intéressée à cause de l’abbaye du Bec. Je n’ai pas lu la RTP.
Mais ce que vous dites m »interesse:

« je pense juste que Proust a « passé en revue » les multiples noms de lieux avec cette désinence (Brichot les énumère dans le livre), avant de forger son « Balbec ». A côté de Caudebec, Bricquebec et autres, il connaissait aussi Beaubec (le même Brichot cite l’abbaye de Beaubec dans le livre) : voilà tout.  »

A comparer avec ce « nom de pays »

« Or j’avais retenu le nom de Balbec que nous avait cité Legrandin, comme d’une plage toute proche de « ces côtes funèbres, fameuses par tant de naufrages qu’enveloppent six mois de l’année le linceul des brumes et l’écume des vagues ».

« On y sent encore sous ses pas, disait-il, bien plus qu’au Finistère lui-même (et quand bien même des hôtels s’y superposeraient maintenant sans pouvoir y modifier la plus antique ossature de la terre), on y sent la véritable fin de la terre française, européenne, de la Terre antique. Et c’est le dernier campement de pêcheurs, pareils à tous les pêcheurs qui ont vécu depuis le commencement du monde, en face du royaume éternel des brouillards de la mer et des ombres. » Un jour qu’à Combray j’avais parlé de cette plage de Balbec devant M. Swann afin d’apprendre de lui si c’était le point le mieux choisi pour voir les plus fortes tempêtes, il m’avait répondu : « Je crois bien que je connais Balbec ! L’église de Balbec, du XIIeet XIIIe siècle, encore à moitié romane, est peut-être le plus curieux échantillon du gothique normand, et si singulière, on dirait de l’art persan. » »
Vous en pensez quoi?

Jazzi dit: à

Oui, Ed, « Rester vertical » est nettement plus hard que « L’inconnu du lac ».
Chez Guiraudie, la suite se fait un peu attendre…

J’irai voir « Sibyl », j’aime beaucoup Virginie Efira, mais je veux voir d’abord « Le Jeune Ahmed » des frères Dardenne.

Janssen J-J dit: à

‘ttation aux stratégies de séduction… Très vite…, ça peut virer au vinaigue avec MS, je dis ça, j’ai rin dit !

c sur quelle chaine déjà, la critique allociné ?

J’avais déjà parlé du père et du fils Enthoven et de leur dico’ Proust, qu’étaient pas d’accord sur l’objet de leur amour commun. Mais je sais pu sur quel fil ni quand…

Les souvenirs de Chantal Thomas dans le N-Y des 70′ (seuil) sont bin intéressants, plus que les photos d’Allen S. Weiss, assez insignifiantes.

Jazzi dit: à

Je veux voir aussi, non sans appréhension, la suite et fin de « Un Homme et une Femme », de Lelouch…

Delaporte dit: à

« La ratatouille, c’est tellement, mais alors tellement dégueulasse. »

C’est un plat très long à préparer, comme l’ont expliqué D et Jacuzzi. Excellent avec des merguez et des oeufs au plat.
Moi aussi, Jacuzzi, je pense aller voir le film des frères Dardenne. J’ai le choix entre eux et Almodovar, et j’hésite. Souvent, Almodovar m’a déçu, les frères Dardenne rarement. Ils sont plus consciencieux, ce sont des artistes plus complets aussi. Ils s’intéressent à la philosophie. Ils sont quasi religieux dans leur approche de Dieu, de l’homme et du néant. Ce sont des continuateurs des vrais cinéastes non hollywoodiens, revendiqués comme tels, par exemple Robert Bresson. Je vais aller voir leur film.

Jazzi dit: à

Clopine, j’aurais du mal à dire quand j’ai préparé une ratatouille pour la dernière fois ? En général, je la fait à la façon de ma mère. Jamais entendu dire qu’il fallait faire dégorger quoi que ce soit !

Clopine dit: à

Eh bien, que voulez-vous que j’en pense ? Comme dans tant d’autres (peut-être tous ?) passages de la Recherche, la mécanique de la déception proustienne est ici introduite : le Narrateur croit que Balbec va être situé sur un promontoire, soumis aux plus fortes tempêtes qu’on puisse affronter, et tout dernier lieu de l’humanité face aux brumes et dangers de l’océan. Et puis voilà que Swann alimente encore un peu plus l’imaginaire du jeune homme, en rajoutant au tableau dressé par Legrandin l’esthétisme d’une église « à moitié romane » : le Narrateur va donc enrober le nom de Balbec de toutes ces informations qui vont devenir des attentes. Il va s’attendre à arriver près d’une église située sur un promontoire, au milieu d’une tempête déchaînée, pendant que des pêcheurs sombres viendront vérifier l’état de la mer.

Et évidemment, comme pour la pièce jouée par La Berma, comme pour tant et tant d’autres attentes déjouées par la réalité, la petite station balnéaire va le décevoir sur tous ces points – mais lui permettra, par contre, d’accéder à d’autres plaisirs qu’il n’y associait certes pas.

C’est constant chez Proust : dès qu’il y a « attente », il y a risque de « déception »…

Peut-être est-ce le mot de « persan », associé dans la bouche de Swann à « Balbec », qui vous interroge ? C’est vrai que le « Baalbec » libanais apparaît fugitivement, derrière cette Perse, dans l’esprit du lecteur du passage. Mais je crois que ce n’est pas là ce que Proust veut suggérer : non, il illustre encore une fois, ici, comment son imagination fonctionne. Et il est certain que ce sont d’abord les mots qui enflamment Marcel Proust. Quand on pense par exemple que, dans la réalité, il donnait des ordres à ces courtiers en bourse non en songeant aux bénéfices qu’il pourrait tirer des transactions, mais parfois, tout simplement, à cause de l’intitulé des compagnies, qui le faisait rêver…

Bon, zut, me voilà partie moi aussi à divaguer, et ça se trouve, je vais encore servir de cible. Soupir.

Jazzi dit: à

Delaporte, la ratatouille c’est un peu comme la polenta, ça s’accommode avec tout : poisson, viande, volaille, saucisses, oeufs brouillés ou au plat…
Et ce n’est pas si long à préparer que ça.

Marie Sasseur dit: à

Merci Clopine
« Il va s’attendre à arriver près d’une église située sur un promontoire, au milieu d’une tempête déchaînée, pendant que des pêcheurs sombres viendront vérifier l’état de la mer. »

Le narrateur a cherché a se rendre à Balbec ?

Jazzi dit: à

Proust était un hyper cérébral qui se faisait tout un cinéma dans sa tête, Clopine. Son imagination, ou plutôt son auto idéalisation, dépassait généralement la réalité. Vois comment il abordait le sentiment amoureux. Difficile d’être moins naturel que lui !

Bérénice dit: à

Delaporte, ils n’ont pas le meme style. Almodovar au delà de la narration ou de l’histoire reste à mes yeux un esthète. Les Dardennes font d’autres choix que ce soit pour les themes, l’image. Eux ce serait plus des fétichistes de la mob, non? Je les suis également et les apprécie mais comparer , pourquoi donc?

Bérénice dit: à

Rosetta, une palme si mes souvenirs sont bons, je suis sortie de la salle avant le premier quart d’heure mais surement était ce lié à la vue panoramique que ma situation permettait alors. C’est comme si un ouvrier lisait Bourdieu pour la misère du monde.

Ed dit: à

Et après cette brillante analyse, on va trouver le moyen de dire que Clopine est cruche…Désolée mais ce commentaire de la déception chez Proust est très juste. Bravo Clopine.

Ed dit: à

14:28

Exactement.

Pour Sibyl, l’histoire m’a donné envie, et comme jazzi, j’aime beaucoup Virginie Effira, qui est selon moi une véritable actrice à la Cotillard. Effira on ne la voit nulle part dans les films, elle sait s’effacer, et ça, peu de soi-disant acteurs y parviennent. Heureusement, parce que j’ai une certaine antipathie à l’égard de Ulliel et Exarchopoulos.

Ed dit: à

Et Clopine est tellement traumatisée qu’elle termine ses belles lignes sur Proust par une anticipation du caca qu’elle va se prendre gratos. On voit que ça ne tourne pas rond chez certains, dont les comportements verbalement violents finissent par provoquer de telles craintes.

Bérénice dit: à

Jazzi, avec tout ça, je l’imagine assez difficilement déposer le paquet tout à trac .

Ed dit: à

Et bien figurez-vous que c’est grâce à Enthoven père et fils que je me suis mise à Proust.

Bérénice dit: à

14h42 Hitchcock pourtant laid s’accordait je crois une toute petite place dans ses films que tout le monde de plus guettait, non content de la signature

Chaloux dit: à

Non je ne fustige pas Clopine tous les jours. Aujourd’hui, elle s’exprime au degré zéro de la lecture. Elle est à sa place. Rien à dire.

Morand/Chardonne, c’est de la petite bière pour la Gigi, autrement dit pour une dinde qui n’est pas foutue de se reconnaître sur une photo sylvestre. La belle affaire…

Bérénice dit: à

Clopine depuis toujours ou depuis longtemps anticipe sur la reaction du public ou bien elle écrit des choses dans le genre n’allez pas croire que suivi d’une demonstration. Ces choses sont inscrites dans le style clopinien. D’ailleurs pour cela aussi, ces conclusions fréquentes, habituelles, elle est moquée.

Chaloux dit: à

(…) c’est grâce à Enthoven père et fils que je me suis mise à Proust

De là bien des catastrophes à venir.

christiane dit: à

@hamlet dit: 22 mai 2019 à 0 h 03 min
Il y a malgré tout, toujours dans « La Prisonnière », juste après la mort de Bergotte (si connue grâce à « La Vue de Delft » de Ver Meer, tableau qu’il adorait et dont nous reste en mémoire – à propos du petit pan de mur jaune – sa dernière pensée énigmatique :  » C’est ainsi que j’aurais dû écrire. mes derniers livres sont trop secs, il aurait fallu passer plusieurs couches de couleur, rendre ma phrase en elle-même précieuse, comme ce petit pan de mur jaune. ») ; juste après ce passage donc, il en est un autre où si Proust ne nomme pas Dieu, il s’interroge par la voix du narrateur sur ce qui se passe et après la mort et avant la naissance.
« Il était mort. mort à jamais ? Qui peut le dire ? Certes, les expériences spirites, pas plus que les gogmes religieux, n’apportent la preuve que l’âme subsiste. ce qu’on peut dire, c’est que tout se passe dans notre vie comme si nous y entrions avec le faix d’obligations contractées dans une vie antérieure ; il n’y a aucune raison, dans nos vonditions de vie sur cette terre, pour que nous nous croyions obligés à faire le bien, à être délicats, même à être polis, ni pour l’artiste cultivé à ce qu’il se croie obligé de recommencer vingt fois un morceau dont l’admiration qu’il excitera importera peu à son corps mangé par les vers, comme le pan de mur jaune que peignit avec tant de science et de raffinement un artiste à jamais inconnu, à peine identifié sous le nom de Ver Meer. toutes ces obligations, qui n’ont pas leur sanction dans la vie présente, semblent appartenir à un monde différent, fondé sur la bonté, le scrupule, le sacrifice, un monde entièrement différent de celui-ci, et dont nous sortons pour naître à cette terre, avant peut-être d’y retourner revivre sous l’empire de ces lois inconnues auxquelles nous avons obéi parce que nous en portions l’enseignement en nous, sans savoir qui les y avait tracées – ces lois dont tout travail profond de l’intelligence nous rapproche et qui sont invisibles seulement – et encore ! – pour les sots. de sorte que l’idée que Bergotte n’était pas mort à jamais est sans invraisemblance.
On l’enterra, mais toute la nuit funèbre, aux vitrines éclairées, ses livres, disposés trois par trois, veillaient comme des anges aux ailes éployées et semblaient, pour celui qui n’était plus, le symbole de sa résurrection. »

Un autre passage, à la mort de Swann, reprend un thème proche : le destin avec la mort personnifiée.
« La mort de Swann ! […] J’entends par là la mort particulière, la mort envoyée par le destin au service de Swann. Car nous disons la mort pour simplifier, mais il y en a presque autant que de personnes. Nous ne possédons pas de sens qui nous permette de voir, courant à toute vitesse, dans toutes les directions, les morts, les morts actives dirigées par le destin vers tel ou tel. […] Alors, quelques minutes avant le dernier souffle, la mort, comme une religieuse qui vous aurait soigné au lieu de vous détruire, vient assister à vos derniers instants, couronne d’une auréole suprême l’être à jamais glacé dont le cœur a cessé de battre. »

Bien, heureusement des passages plus païens nous conduisent vers un sacré peuplé de déesses avenantes… (commentaire suivant).

Janssen J-J dit: à

@ C’est comme si un ouvrier lisait Bourdieu pour la misère du monde.

Un panoramique magnifique, b. !

@ 14.45 et j’adhère en outre la rermaquer sur l’écriture CT, en le disant ainsi. CT a toujours anticipé des réactions d’hostilité imaginaires, au point d’avoir fini par les provoquer réellement, vu les exaspérations produites à la longue. J’ignore si cela fait partie d’un style d’écriture volontaire singularisant (mais la formule ah ah ah soupir prouverait que non). Plutôt tendance à penser que dans l’histoire proustienne de la poule et de l’oeuf, l’une procède de l’autre, mais pas l’inverse.

Bérénice dit: à

J’ai lu dans -ses films – à la place de – dans ses rôles -, ceci expliquant le rappel sur AH.C’est le role des acteurs d’incarner le personnage qui leur est confié , comment quand il tourne beaucoup font ils pour se retrouver avec le travail et l’investissement que de telles entreprises supposent sur des tournages longs et des personnages aux personnalités maléfiques par exemple, mystère. Est ce qu’à force de jouer un autre il ne court pas le risque de ne plus savoir qui ils sont et si jamais il est possible de se connaitre un peu.

Ed dit: à

Mea culpa, je ne parle pas encore le clopinien couramment.

Bérénice dit: à

Ils tournent.

et alii dit: à

a propo, je voulais vous rappeler un blog de toponymie
où vous pourrez lire:
Méréglise ( Eure-et-L., Mater ecclesia en 1250 ) est sans doute une « église qui en a fondé d’autres » ou, plus probablement, une « église qui avait des annexes ». On connaît aussi cette ville sous le nom que lui a donné Proust dans La Recherche : Méséglise. Fin connaisseur en toponymie ( cf. Balbec ), Proust a choisi un nom parfaitement vraisemblable avec le premier élément més, « maison », du latin ma(n)sionem. Méséglise, c’est la maison consacrée, devenue église.Méréglise ( Eure-et-L., Mater ecclesia en 1250 ) est sans doute une « église qui en a fondé d’autres » ou, plus probablement, une « église qui avait des annexes ». On connaît aussi cette ville sous le nom que lui a donné Proust dans La Recherche : Méséglise. Fin connaisseur en toponymie ( cf. Balbec ), Proust a choisi un nom parfaitement vraisemblable avec le premier élément més, « maison », du latin ma(n)sionem. Méséglise, c’est la maison consacrée, devenue église.Méréglise ( Eure-et-L., Mater ecclesia en 1250 ) est sans doute une « église qui en a fondé d’autres » ou, plus probablement, une « église qui avait des annexes ». On connaît aussi cette ville sous le nom que lui a donné Proust dans La Recherche : Méséglise. Fin connaisseur en toponymie ( cf. Balbec ), Proust a choisi un nom parfaitement vraisemblable avec le premier élément més, « maison », du latin ma(n)sionem. Méséglise, c’est la maison consacrée, devenue église.
https://vousvoyezletopo.home.blog/2015/03/15/de-leglise/
vous trouverez balbec

Delaporte dit: à

Marrant mais significatif, Mère Clopine et l’utilisation de certains mots, comme ici « dégorger », qui donne « dégorgement ». Selon Mère Clopine, il faut faire « dégorger » les légumes (les pauvres !), pratiquer un beau « dégorgement », comme un égout qui dégorge, qui vomit. C’est la relation de Mère Clopine avec les choses matérielles, prosaïques, un beau « dégorgement » pour donner enfin l’extase annoncée, qu’elle soit gastronomique ou littéraire. Bientôt, Mère Clopine va nous expliquer que La Recherche aussi est une sorte de « dégorgement », que ça « dégorge » de partout, comme Jack l’Eventreur…

et alii dit: à

à propos

Clopine dit: à

14 h 21 : mais c’est un des endroits essentiels pour la Recherche ! IL y va une première fois avec sa grand’mère, et une seconde sans elle, après sa mort, et c’est l’endroit où il rencontre les jeunes filles en fleurs, comme des jeunes mouettes se découpant sur le bord de mer.

En gros, les scènes (ou au moins leurs localisations) se répètent dans la Recherche, se renvoient l’une à l’autre. IL y a ainsi les chambres, (7 au total, je crois), les soirées chez les Verdurin et en pendant, les soirées chez les Guermantes, les séjours à Balbec puis à Venise, et les « promenades », sans compter, évidemment, comme des rappels incessants via les personnages de Françoise, de la fille de Françoise, des différents serviteurs, le Combray inaugural.

Je vais évidemment me faire flinguer un peu plus, m’enfin il y a un autre livre où, grâce à des scènes « répétées » ainsi (le bain après les massacres, les anniversaires, les présentations de mission de guerre), une spirale s’amorce : dans les Bienveillantes de Littell. C’est bien le seul point commun des deux livres (sinon, aussi, la prolixité !)

Delaporte dit: à

« C’est bien le seul point commun des deux livres (sinon, aussi, la prolixité !) »

la « prolixité », Mère Clopine ? Regardez-moi ce « dégorgement », c’est une orgie !

Marie Sasseur dit: à

Clopine, je vous cite:
 » Il va s’attendre à arriver près d’une église située sur un promontoire, au milieu d’une tempête déchaînée, pendant que des pêcheurs sombres viendront vérifier l’état de la mer. » et puis la déception.

Alors voilà à quoi j’ai pensé, de la même manière qu’il y a les personnages de Proust, qui est qui, il doit exister un truc sur « les lieux » de Proust, où est où.

Proust se déplaçait en train. Passou nous l’a rappelé dans un billet( tres tres mauvais) consacré à Sérotonine de Houellebecq, qui lui a tracé en Normandie, en voiture..).

Proust a du se faire une montagne du trajet du chemin de fer historique, vers la « côte fleurie « , emprunté par tous les parisiens, fin XIXème, debut XXeme. Et de tout ce qu’on lui en avait raconté, avant qu’il prenne le train, a du prendre une dimension fabuleuse. Et il est donc arrivé à Cabourg Dive bien déçu, puis y aura trouvé du bon temps. Je pense que ce tortillard passait dans la vallée du Bec.

Anyone?

Delaporte dit: à

Une orgie de dégorgement : un déorgiement !

et alii dit: à

christiane, cette théorie de ladette est celle de la thérapie transgénérationnelle
Anne Ancelin Schutzenberger livre dans cet ouvrage, à travers son analyse clinique et sa pratique professionnelle de près d’une vingtaine d’années, une  » thérapie transgénérationnelle psychogénéalogique contextuelle « .

En langage courant, ceci signifie que nous sommes un maillon dans la chaîne des générations et que nous avons parfois, curieusement, à  » payer les dettes  » du passé de nos aïeux. C’est une sorte de  » loyauté invisible  » qui nous pousse à répéter, que nous le voulions ou non, que nous le sachions ou pas, des situations agréables ou des événements douloureux. Nous sommes moins libres que nous le croyons, mais nous avons la possibilité de reconquérir notre liberté et de sortir du destin répétitif de notre histoire, en comprenant les liens complexes qui se sont tissés dans notre famille.

Ce livre passionnant et truffé d’exemples s’inscrit parmi les toutes récentes recherches en psychothérapie intégrative. Il met particulièrement en évidence les liens transgénérationnels, le syndrôme d’anniversaire, le non-dit-secret et sa transformation en un  » impensé dévastateur « .

Delaporte dit: à

Plutôt, un « gégorgiement » – très beau mot qui va plaire à Mère Clopine !

Delaporte dit: à

Ah non ! Un « dégorgiement », je vais y arriver.

Clopine dit: à

Delaporte, mais c’est votre inconscient que vous devriez faire dégorger : cela vous déplaît donc tant, qu’on utilise le terme qui signifie exactement la chose ?

Car dans tous les livres de cuisine, la définition est la même :

Mettre du sel sur un aliment cru afin que celui-ci perde son eau. Il est ainsi souvent recommandé de faire dégorger les aubergines avant de les mettre à cuire. On peut aussi laisser tremper une viande dans l’eau ou du lait afin d’éliminer du sang ou des impuretés.

Et vous savez, vous aurez beau dauber sur moi, je continuerai à utiliser le vocabulaire qui est à ma portée. Et qui n’est donc pas celui de la pornographie, Delaporte !!!

Marie Sasseur dit: à

Clopine, à mon avis, il vous faudrait relire votre RTP,avec un oeil neuf, et l’horaire des trains, comme Marcel.

Clopine dit: à

Et « prolixité aussi existe, nom de dlà, et correspond précisément à mon assertion concernant un point commun possible entre Proust et Littell :

prolixité
nom féminin

littéraire
Le fait d’être prolixe, trop long dans ses discours ou ses écrits.
synonymes : faconde, verbiage

Bref, vos moqueries ne dévoilent en fait que la pauvreté de votre vocabulaire, et donc votre médiocrité.

Delaporte dit: à

« Et vous savez, vous aurez beau dauber sur moi, je continuerai à utiliser le vocabulaire qui est à ma portée. Et qui n’est donc pas celui de la pornographie, Delaporte !!! »

Je vous titillais gentiment, Mère Clopine, ne le prenez pas mal. Mais ce nouveau mot, « dégorgiement », restera accolé à vous et à vos travaux – de cuisine ou pseudo-littéraires. Ne me remerciez pas !

christiane dit: à

@Hamlet (suite)
Toujours dans La Prisonnière.
« Javais à peine le temps d’apercevoir, […] une jeune fruitière, une crémière, debout devant sa porte, illuminée par le beau temps, comme une héroïne que mon désir suffisait à engager dans des péripéties délicieuses, au seuil d’un roman que je ne connaîtrais pas. […] dont mes yeux avaient à peine distingué les traits et caressé la fraîcheur dans la blonde vapeur où elles étaient baignées. l’émotion dont je me sentais saisi en apercevant la fille d’un marchand de vins ou une blanchisseuse causant dans la rue était l’émotion qu’on a à reconnaître des Déesses. depuis que l’Olympe n’existe plus, ses habitants vivent sur terre. et quand, faisant un tableau mythologique, les peintres ont fait poser pour Vénus ou Cérès des filles du peuple exerçant les plus vulgaires métiers, bien loin de commettre un sacrilège, ils n’ont fait que leur ajouter, que leur rendre la qualité, les attributs divins dont elles étaient dépouillées. » (on pense aux modèles du Caravage…)
Ces déesses ne sont-elles pas celles d’un connaisseur aristocratique qui savoure, derrière une vitre, le charme des quartiers populaires avec un certain dédain, toutefois… Un palliatif, un divertissement au vide que lui laisse sa vie chaotique avec sa maîtresse Albertine qu’il tente de maintenir « prisonnière » dans un luxe raffiné mais dont il est fort jaloux ? Une sorte de libertinage mondain d’un observateur voluptueux…

Delaporte dit: à

« Le fait d’être prolixe, trop long dans ses discours ou ses écrits. »

Mère Clopine, une petite remarque : je ne trouve pas que Proust, ce soit du « verbiage », comme vous semblez le dire. Si c’est tout ce que vous avez retiré (« dégorgé ») de votre lecture de la recherche, alors bonsoir !!! Je suis choqué, Mère Clopine…

Clopine dit: à

Et aussi, bien évidemment, mais est-ce vraiment la peine que je le dise, s’il y a une ânerie à dire sur Marcel Proust, c’est qu’il pratique le libertinage : c’est même la plus monstrueuse connerie qu’on puisse en dire. Mais enfin, il vaut sans doute mieux en rire plutôt que de perdre son temps à vitupérer contre les lectures disons « limitées » de tel ou telle.

Delaporte dit: à

Vous allez voir ça, ni une ni deux : Mère Clopine va nous prendre ce pauvre Proust et le faire « dégorger » à sa façon, pour le rendre comestible. Elle va mettre du sel dessus, pour ça dégorge bien, car, voyez-vous, c’est trop prolixe, c’est du verbiage. Bravo pour la sincérité retrouvée, Mère Clopine ! Mais alors, Proust n’est mas mangeable, à moins de ce ce dégorgement ?

Marie Sasseur dit: à

Comme déjà expliqué l’amour-jaloux-possessif, de Marcel Proust n’avait rien d’un libertinage. Raynakdo Hahn lui a donné le gout de la tempête.

Marie Sasseur dit: à

J’avais mis un super texte d’une vraie lectrice de Proust ; je vous l’ai même conseillé clopine, ce dossier Proust .
Qu’en avez-vous fait ?
Rien!

Delaporte dit: à

Mère Clopine nous courait à tous sur le haricot avec son sacro-saint Proust, qui était son Dieu, croyait-on ! Eh bien, pas du tout ! Proust est trop « prolixe », c’est du « verbiage », et il faut le faire « dégorger ». Cela, c’est de la vraie critique littéraire, à coups de marteau ! Nom de d’là !!!

christiane dit: à

@et alii dit: 22 mai 2019 à 15 h 30 min
Oui, Et Alli, j’y ai pensé mais là, dans ces lignes de Proust, c’est uniquement les qualités de beauté et de bonté qui sont transmises, puis retrouvées.
Dans la théorie que vous évoquez, il me semble que ce sont souvent les problèmes (les blessures, souffrances, échecs et répétitions d’évènements, secrets de famille…) vécus par les générations d’avant qui pèsent et se manifestent au travers d’angoisses, cauchemars, actes manqués, accidents.
Cette psychologue remarquable, Anne Ancelin Schutzenberger, née à Moscou en 1919, incite à sortir de ces loyautés et fidélités à ces souffrances qui nous hantent de façon inconsciente.

Delaporte dit: à

Je signale que la Pléiade Gary indique, dans l’appareil de notes, que les manuscrits de l’écrivain n’ont pu être consultés. Il ne faut donc pas laisser entendre que cette édition soit une escroquerie. Ce serait malhonnête, à mon sens. Mais évidemment, la critique s’est jetée comme un seul homme sur cet os à ronger, pour gâcher le plaisir des lecteurs – qui cependant, à l’heure où j’écris ceci, continuent à acheter cette Pléiade magnifique qui rend justice à Gary, et fait honte aux critiques qui n’ont même pas pris la peine de lire ou relire Gary.

christiane dit: à

@Sasseur
« Une sorte de « libertinage » mondain d’un observateur voluptueux… » : uniquement par le regard qu’il pose sur ces jeunes femmes pulpeuses qu’il voit de sa fenêtre ou de celle de l’auto où il est avec Albertine. Une sorte de libertinage imaginaire.
Pour « Raynakdo Hahn lui a donné le goût de la tempête. » : d’accord.

Marie Sasseur dit: à

Merci Delaporte , je vais commander les 2 volumes des textes et récits de R. Gary; ca va faire 2 fois 60 euros.

christiane dit: à

Avant de critiquer, Clopine, on lit la phrase ! Mais ça c’est beaucoup vous demander…

Chaloux dit: à

Quant à Marcel, ce qu’il a fait, libertinage ou pas, qui peut le dire? Quand le narrateur laisse passer une sorte d’aveu de sa sexualité véritable, à savoir celle de Proust, il est bien évident qu’il laisse entendre qu’il n’a pas tout dit.

Chaloux dit: à

Il existe, de toutes façons, une Recherche souterraine à laquelle les Clopines et leurs variations ne sauraient avoir accès.

et alii dit: à

christiane, mais ce n’est pas rien l’asthme de Proust;on a été jusqu’à dire qu’l déterminait ses phrases;c’est bizarre, je ne vois pas Proust sans « le stade du respir » qui soulève une bonne question ;mais ilya freud, Dora et même le Sinaï;je l’ai lu il y a longtemps,quand c’est sorti mais je ne l’ai pas là

et alii dit: à

Qu’il faille respirer pour désirer est d’une telle évidence que Freud et les analystes se sont presque tus sur les relations entre désir et respiration.
Cependant, les symptômes hystériques de Dora, que Freud traita en 1900 et dont il sut tant apprendre, supposent un stade érogène respiratoire indépendant du stade oral.
Établir cliniquement l’existence d’un stade du respir entraîne à s’interroger sur les incidences théoriques de son omission antérieure, qui revêt bientôt les contours impitoyables d’un symptôme. Interpréter ce symptôme de la psychanalyse conduit à réinsuffler santé et sauvage jeunesse à la philosophie.

‑‑‑‑‑ Table des matières ‑‑‑‑‑

Avant-propos

I. La toux de Dora : 1. Les symptômes de Dora – 2. Les outils analytiques de Freud – 3. L’interprétation freudienne des symptômes de Dora – 4. Les symptômes de Freud – 5. L’analyse des symptômes respiratoires avant le cas de Dora – 6. Retour sur les symptômes de Freud – 7. Le stade du respir dans l’interprétation des symptômes de Dora – 8. Les rêves de Dora : une reprise analytique

II. Le souffle coupé : 9. Le respir et la théorie freudienne de la libido – 10. Le respir et la métapsychologie freudienne – 11. Le respir entre le traumatisme de la naissance et inhibition, symptôme et angoisse – 12. Le stade du respir et l’ objet petit a

III. Un meurtre qui n’en finit pas… : 13. Freud et le monothéisme – 14. Famille et cité – 15. Le monothéisme freudien

IV. …Et une identification problématique : 16. Le mystère de la sainte identification primaire – 17. Les apories de l’identification seconde – 18. L’identification au stade du respir – 19. L’identification, la proposition spéculative et la question de l’être

V. …Qui nous entraînent à philosopher : 20. Récollection – 21. Le structuralisme en question : l’énonciation du vrai –22. La structure et le Sinaï – 23. Prolégomènes à une analyse politique : les systèmes de libertés

DU MÊME AUTEUR
Le Stade du respir, 1978
VOIR AUSSI
* Un débat allemand en France, dans Métacritique, de Garbis Kortian (Minuit, 1979).
http://www.leseditionsdeminuit.fr/livre-Le_Stade_du_respir-2278-1-1-0-1.html

Delaporte dit: à

« Merci Delaporte , je vais commander les 2 volumes des textes et récits de R. Gary; ca va faire 2 fois 60 euros. »

Je vous conseille en effet l’acquisition de cette superbe édition, malgré son prix onéreux : 129 € le coffret de deux volumes. Gary était un habitué des gros tirages, et cette Pléiade ne fera pas exception. Les critiques rechignent, comme Passou qui boude, et ne trouve rien de mieux qu’à recopier le tweet d’Ariane Chemin, qui elle-même a repris ses informations tendancieuse de Mediapart. La presse putride est dans son rôle, qui n’est pas beau. La vengeance continue contre Romain Gary, mais les vrais lecteurs, nombreux, sont d’un avis différent.

christiane dit: à

@et alii dit: 22 mai 2019 à 16 h 30 min
Pas Proust, le narrateur est uniquement dans le passage que j’ai cité (après la mort de Bergotte du livre « La Prisonnière).
Pour les reste, bien sûr que vous avez raison

christiane dit: à

Exact, Chaloux.

christiane dit: à

et, uniquement

Marie Sasseur dit: à

Clopine, moi je vous dis merci. Cette histoire de toponymie sur la desinance bec était bien intéressante. Duras pratiquait aussi le brouillage des pistes.

christiane dit: à

Un très bel article sur 2 pages, de Bernard Morlino « Romain Gary – Le nostalgique du futur » sur le mensuel « Service Littéraire » de mai 2019 (2€50 – en kiosque)
« […] Un écrivain ne devrait jamais avoir d’arme à feu. comme Hemingway, Romain Gary (1914-1980) nous a laissés sur le carreau. Tenir entre ses mains les deux volumes de la Pléiade, plus l’album qui lui est consacré, c’est voir enfin réunis Romain Gary et Emile Ajar. Bonheur de lecture assuré. La postérité sait faire le ménage. De leur vivant, Jean-Paul Sartre, Louis Aragon et François Mauriac ont occupé le terrain médiatique. Depuis que la mort est passée par là, place aux réfractaires inclassables : Marcel Aymé, Jean Giono, Romain Gary. Gary appartient à la confrérie des grands brûlés de l’existence, tels Blaise Cendrars et Joseph Kessel. Parmi tous ses pseudonymes, Romain Gary (Gari, impératif de brûler en russe), de son vrai nom Roman Kacew, a choisi de s’appeler aussi Ajar (Braise en russe). […]

Janssen J-J dit: à

… (cette question amenée par la vie des idées du jour, et alli, n’est pas frontalement posée dans les programmes français en vue des élections européennes)… D’ailleurs, elle est tout à fait discutable, même si le diagnostic initial a été correctement posé.

…Il touche ici du doigt une contradiction majeure du combat pour la justice sociale à l’ère de la mondialisation : la crispation des sociétés européennes sur la question migratoire met en évidence la difficulté de concilier la réduction des inégalités à l’échelle mondiale avec la défense du pouvoir d’achat des classes moyennes occidentales. C’est ce qui alimente les projets identitaires et protectionnistes de Trump, Orban ou Salvini, qui postulent une incompatibilité entre ces deux objectifs. Pour contourner l’obstacle, Milanovic avance une proposition iconoclaste, pour ne pas dire périlleuse. Selon lui, puisque les ressortissants des pays développés craignent que les migrants disposent des mêmes droits qu’eux, il suffirait de créer des statuts différenciés pour les travailleurs étrangers, assortis de salaires et de droits inférieurs à ceux des travailleurs nationaux. Pour vaincre les réticences populistes, il propose de fonder en droit les discriminations, au nom d’une maxime utilitariste (l’augmentation des flux migratoires étant conçue comme un moyen d’améliorer le sort des plus pauvres et de répondre au défi démographique posé par le vieillissement des sociétés occidentales).

et alii dit: à

Normalienne, elle n’a toujours pas lu Balzac ni Proust, mais voilà qu’elle se plonge dans les grands écrivains russes, et surtout dans Isaac Bashevis Singer. C’est lui qui lui ouvre les yeux et fait sauter ses blocages.
depuis,elle a lu Proust
qui ça? Agnès Desarthe. Un fichu caractère. Pleine d’élans contradictoires. Intelligente et butée. Sensible et impitoyable. Disciplinée et rebelle. Jusqu’en hypokhâgne, elle refuse les « lectures officielles » : Balzac, Flaubert, Zola, Stendhal, Sartre, Proust.

et alii dit: à

Puisque le ministre pr^che pour les neurosciences:
« Parmi les problématiques à l’œuvre dans les relations entre littérature et neurosciences, l’une d’elles s’applique directement au phénomène cognitif de la mémoire, à savoir dans quelle mesure, pour les neurosciences, la littérature rend compte de manière scientifiquement valide du fonctionnement de la mémoire individuelle. Depuis une dizaine d’années, les neurosciences se sont intéressées à l’apport cognitif de la littérature que représente l’œuvre de Proust et des expressions comme : « syndrome proustien », « Proust neurologue », « Proust phenomenon », «the Proustian hypothesis », « Proust as a neuroscientist » sont maintenant utilisées.

Clopine dit: à

Pfff… « Ces déesses ne sont-elles pas celles d’un connaisseur aristocratique qui savoure, derrière une vitre, le charme des quartiers populaires avec un certain dédain, toutefois… Un palliatif, un divertissement au vide que lui laisse sa vie chaotique avec sa maîtresse Albertine qu’il tente de maintenir « prisonnière » dans un luxe raffiné mais dont il est fort jaloux ? Une sorte de libertinage mondain d’un observateur voluptueux… »

wouarf !

Alors que, simplement, dans le passage cité, une fois de plus Proust fait ce qu’il fait à d’innombrables passages de la Recherche : il réunit deux univers a priori inconciliables -ici, de simples » « filles du peuple » avec les « déesses de l’Olympe », en se donnant la caution de faire ce que faisait les peintres. De la même manière, un boeuf en gelée sera un marbre antique, etc., etc. Le procédé est absolument constant chez Proust, à commencer par les « deux côtés » irréconciliables qui finiront par se rejoindre. Cette opiniâtreté à démonter ainsi les valeurs respectives qu’on attribue généralement à toutes choses, en ramenant au terre-à-terre le sublime et en prônant de la façon la plus lyrique qui soit le prosaïque, Proust l’utilise tant et tant, comme il respire quoi (encore que dans son cas la respiration même pose problème, bref) que parfois même il s’en moque, comme en poussant du coude son lecteur. Qu’on puisse ainsi prendre une enième application du procédé (qui sert en plus, bien sûr, de camouflage commode au Narrateur, sensé être un hétérosexuel de la plus belle eau dans la Recherche, au point de se taper TOUTES les jeunes filles en fleurs dans les dunes de Balbec) pour « une sorte de libertinage mondain d’un observateur voluptueux », alors qu’il s’agit juste, pour Proust, d' »oxymorer » (celui-là, je vous l’accord, il n’existe pas, mais il est bien commode alors !) le prosaïque que ses préjugés de classe (il en était farci) attribue aux fermières en l’associant, donc, au mythologique, c’est sidérant comme lecture, mais bon, passons, passons…

Clopine dit: à

… C’est si constant chez Proust qu’on bute sur ce genre de « considérations » à chaque phrase. Il décrit des pommiers en fleurs ? Ils sont « les pieds dans la boue et en toilette de bal ». Il veut parler de l’homosexualité de Charlus ? Il le décrira comme un « athlète » dans sa jeunesse (ce qui discrédite totalement, au passage, un mince Delon dans ce rôle…) laissant cependant surgir, chez lui, la plus féminine des femmes… Proust n’hésite jamais, pas une seule seconde, à réunir ainsi ce qu’on propose d’habitude de disjoindre. Et c’est bien ce qui m’attire tant chez lui. Cette propension à ne « rien respecter », au fond, à mettre sur le même plan des sensations que la loi commune hiérarchise, et à pouvoir tirer sa volupté d’un simple passage aux waters, en constatant combien l’urine est différente après avoir mangé des asperges.

La véritable liberté de Proust est là, bien sûr, et elle est si incroyablement insolente, au fond, qu’on ne peut que tirer son chapeau. Mais évidemment, les contresens de lecture sont tels que d’aucuns, enfin d’aucune, croiront toujours qu’il s’agit là d’une littérature noble, aux aspirations élevées, alors que c’est bien d’une main effilée, certes, mais à qui ne manque aucune marque du prosaïsme le plus terre-à-terre, de la plus impitoyable ironie qui ait jamais émané d’un oeil humain sur nos ridicules, même et surtout émaillés de parures de diamants, qu’il s’agit là.

D. dit: à

Chaloux dit: 22 mai 2019 à 16 h 19 min

Il existe, de toutes façons, une Recherche souterraine à laquelle les Clopines et leurs variations ne sauraient avoir accès.

Absolument, mon Chaloux, et même spatiale.

Chaloux dit: à

Je ne connais rien de plus sot que la lecture de Clopine, qui manie il est vrai le lieu commun proustien avec une dextérité peu commune.

christiane dit: à

C’est bien, Clopine, vous progressez. Vous tentez d’argumenter mais nous ne lisons pas ce passage de la même façon. Vous, avec votre prisme immuable, moi comme un texte que je ressens autrement.
« Libertinage mondain d’un observateur »… Ce sont des envies de libertés sexuelles que la narrateur n’accomplira qu’en voyeur, en les imaginant et surtout pas en actes. Ces femmes, il les méprise. Le bas peuple… tout en les trouvant appétissantes donc il rêve de cette femme « comme une héroïne » que son « désir suffisait à engager dans des péripéties délicieuses, au seuil d’un roman » qu’il ne connaîtrais(t) pas ».
Contrairement à vous, je ne traite pas de sot ou d’âne, celle ou celui qui ne pense pas comme moi. Peut-être parce que je ne me sens pas spécialiste de Proust et que je ne vous tiens pas pour une spécialiste de Proust.
Vous parlez comme une qui détiendrait la seule vérité possible des textes de cet écrivain (et des quelques écrivains que vous aimez évoquer : Colette – Giono).
Comme le dit si justement Chaloux : votre orgueil est incommensurable. Mais gardez vos certitudes… Je garderai comme références d’autres commentateurs de Proust et mes intuitions mais merci d’avoir tenté une explication.

Chaloux dit: à

On ne peut pas imposer une supériorité intellectuelle qui n’existe pas.

Clopine dit: à

« mon orgueil incommensurable », wouarf. Non, s’il y a quelque chose qu’on ne peut mesurer, comme un gouffre insondable, ce n’est pas mon orgueil, ah là là. Mais comme je ne veux pas retomber dans mes travers, je dirais donc simplement qu’il suffit de suivre mon regard… Qui plonge avec effarement dans les limites toujours plus repoussées de la… Euh, bon.

Ah, Chaloux, vos lectures souterraines, là…Sans rire… Vous arrivez à y croire ? L’absolue sincérité avec laquelle Proust s’est attaqué à son oeuvre, le travail qu’elle représente, cette reconstitution d’un passé enfoui et remis à la surface, et travaillé comme un peintre travaille ses couleurs, ça ne vous suffit pas, qu’il faille en plus aller s’équiper en spéléologues et farfouiller dans le « sous-texte » et autres balivernes de ce type ? Pourtant, à la surface, donc, sur le plancher des vaches disons (je le connais mieux que vous), y’a déjà de quoi faire , avec Proust, rien qu’en se satisfaisant d’une lecture attentive et honnête de ce qui nous est donné là…

re-wouarf, donc. Et dire qu’on est sur la Rdl. Qu’est-ce que ça doit être ailleurs, mordel de berde !

Chaloux dit: à

Clopine, votre lecture de Proust est une correcte approche de cheffe de bureau d’administration territoriale située en zone pluvieuse. Comme votre approche de toute littérature, et sans doute de toute chose. Laissez le reste aux autres.
Par exemple, vous ne connaissez absolument rien de la bibliothèque de Proust, vous n’avez quasi rien lu de ce qui fait sa culture. Or, il s’agit-là d’une étape obligée pour le lecteur qui s’intéresse de près à un écrivain, et prétend de surcroît, comme ce fut votre cas, écrire sur lui. (Honnêteté, mon Q). Il ne faudrait d’ailleurs pas chercher bien loin pour trouver chez Proust de quoi vous démontrer que votre mode de lecture (qui doit être à peu près celui de Bécassine) est inepte.

Chaloux dit: à

Pauvre Clopine, qui croit que la sincérité d’un écrivain… Plus je vous lis plus je suis consterné par la faiblesse de vos raisonnements.

Jorge Rodríguez dit: à

En lisant les contributions des uns et des autres, j’ai ‘impression d’être tombé dans la marmite d’une secte de proustiens déconfits. Cela me rappelle un roman de Jordi Bonells lu il y a peu, La folie des autres, Robert Laffont, 2018, qui tourne autour du fondateur d’un groupuscule révolutionnaire psychiatrie-proustien, et dont voici un court extrait:

« W. B. Katz, porté par son immense pasosion pour la littérature, qui allait de pair avec sa passion pour la psychiatrie et pour la philosophie et pour la révolution et pour les échecs, en fait, pour lui, une seule et unique passion, mit à profit pour devenir un inconditionnel de feu Marcel Proust, qu’il lut pour commencer en allemand, une langue qu’il dominait à la perfection, dans la traduction que Walter Benjamin fit de À l’ombre des jeunes filles en fleurs, Im Schatten der jungen Mädchen, dégotée par hasard dans une librairie d’occasion de la rue Jean-de-la Fontaine, juste à côté de la station de métro de Michel-Ange Auteuil, dans le seizième, ensuite, pour avoir une vision d’ensemble, dans la belle traduction espagnole du poète Pedro Salinas, parue dans les années 1950 chez Salvador Rueda à Buenos Aires, que le propriétaire de la librairie Hispano-américaine de la rue Monsieur-le-Prince, Monsieur Amadeo Robles, un trotskiste espagnol exilé et ancien membre du POUM, voulut bien lui prêter, volume après volume, sans lui faire payer un kopeck, enfin, lorsqu’il se sentit linguistiquement prêt pour pouvoir le lire avec profit en français, dans l’édition en huit volumes du Livre de Poche avec, sur la couverture, la reproduction des manuscrits de Proust et des petites photos de lui aux différentes étapes de sa vie, que W. B. Katz acheta celle-ci d’occasion, croit-on savoir, dans la librairie Gibert-Jeune du boulevard Saint-Michel. Autrement dit, pendant un bon moment W. B. Katz ne lut autre chose que la saga hypermnésique de Marcel Proust, s’imprégnant aussi bien de ce qu’il racontait que de ce qu’il ne racontait pas ou de ce qu’il aurait pu raconter sans le raconter. Bref, entre les lignes. Comme les juifs pratiquants le font avec le Talmud, mais dans son cas avec la Recherche qui est comme le Talmud plus ou moins
interminable et se prête à l’interprétation et à l’interprétation de l’interprétation. Une histoire à n’en plus finir, quoi. C’est ainsi qu’il acquit la conviction que, après Kafka, qui pour W. B. Katz était Dieu ou presque, Proust était le révolutionnaire le plus complet que l’on eût pu imaginer pour peu qu’il se le fût proposé, canalisant ses efforts démesurés en faveur de la littérature bourgeoise, en faveur du prolétariat mondial et ses alliés. Ce ne fut pas le cas. Qu’à cela ne tienne ! Il se chargerait, lui, de cette tâche disséminatrice du proustisme révolutionnaire, bien que, pour l’instant, il ne sût pas encore comment s’y prendre. »

Chaloux dit: à

@lopine. Vous auriez plutôt dû intituler votre livre : Proust expliqué à mes cochons Eux-mêmes d’ailleurs pourraient sans doute vous en remontrer.

(Je viens de comprendre à quoi se rapportait le style trahit d’Assouline. Le chat aussi).

christiane dit: à

Et Alii,
vous évoquez l’asthme de Proust à 16h30. Isée Bernateau va très loin dans l’analyse des personnages de femmes dans La Recherche.
J’avais choisi ce passage de « La Prisonnière » : les jeunes femmes entraperçues derrière la vitre de l’automobile où il se trouvait avec Albertine, en me demandant pour quelles raisons il les transformait en femmes inaccessibles en déesses de l’Olympe, en femmes virtuelles…
Isée Bernateau donne ses clés de lecture :
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01496348/document

renato dit: à

La Bibliothèque des écrivains, un sujet qui mérite attention. Les livres, choisis, lus, acceptés par l’écrivain lorsqu’il les a achetés ou reçus en cadeau, ont en quelque sorte changé de statut, devenant de papiers personnels.

Patrice Charoulet dit: à

VARIA

Dans l’enceinte judiciaire où est il jugé, le téléphone de M. Balkany sonne…assez fort. La petite musique est celle que l’on peut entendre dans… « Les Tontons flingueurs ».Quel aveu !

Aux européennes, la liste conduite par M.Sarkozy, en 1999 , a fait 12, 88 % . Seulement.
Aux européennes toujours, mais la dernière fois, le Front national a fait 25% . C’était plus que ce qu’on prévoit pour dimanche prochain.

Raffarin et Ségolène ayant rallié la liste de M. Macron, le député LR Julien Aubert vient de dire :
« A défaut de faire l’union de l’Europe, Macron aura fait l’union du Marais poitevin ».

(Ayant l’appui de Poutine et de Bannon) Le RN est le parti de l’étranger. (M. Macron)

Audrey Crespo-Mara, sur LCI ,l’ayant mis parmi les intellectuels, l’autre matin , Raphnël Enthoven a dit : « Je suis prof de philo ; je ne suis pas un intellectuel. »

« Cela va donner des ailes à Loiseau, qui en a bien besoin. » (Pascal Bruckner, dans la même émission)

Trump est une nouvelle figure de Calliclès. (Céline Spector, prof de philo en Sorbonne)

Il y a un cambriolage toutes les deux minutes. (Xavier Raufer, 2009)

L’exemple de Socrate * est le plus terrible argument qu’on puisse alléguer contre l’intolérance.(Voltaire)
*condamné à mort par des juges, pour des raisons absurdes.

Tout ce qui est atteint est détruit. (Montherlant)

(Parlant de la liste RN et de la liste macroniste, aux européennes du 26 mai de dimanche prochain)
Une foule de figurants entourent les deux vedettes. (Naulleau, dans l’émission « Zemmour et
Naulleau, 15 mai 2019)

Dans le moulin de Giverny, appartenant à M . Balkany, il y a neuf salles de bains.

Les jurys d’agrégation ont eu une suite de présidents, parfois muets , dans les médias. Le dernier
Paul Mathias, inspecteur général, a fait quelques interventions orales (conférences, dialogues…). J’invite chacun à les écouter. Il vaut très largement les deux ou trois « philosophes »
qui sont invités partout du matin au soir. Le président du jury d’agreg n’a pas été, à ma connaissance, invité chez Ruquier ou chez Ardisson.

Chaloux dit: à

Ecriture souterraine. Par exemple, Proust a cru que Baudelaire était homosexuel. Pour en venir à cette certitude -car il en était vraiment persuadé-, il est plus que probable qu’il s’est livré à une lecture souterraine de l’oeuvre de Baudelaire, sans se demander un instant si Baudelaire était sincère ou pas -avec la restriction intellectuelle que cela semble supposer chez certains-, à supposer que cette notion de sincérité ait eu la moindre sens pour lui,- et sans paraître craindre, c’est le moins qu’on puisse dire, une très grande solitude sur le sujet. S’il s’était contenté d’une lecture de cheffe de bureau d’administration territoriale en zone pluvieuse, il ne se serait sans doute jamais posé cette question.

Chaloux dit: à

Bref on ne sait quasi rien de ce que signifie pour un écrivain écrire tant qu’on ne sait pas comment il lit. De là le En lisant en écrivant de Gracq, lequel insistait sur l’absence de virgule entre les deux parties du titre.

Paul Edel dit: à

Dans l’excellent essai de Pietro Citati sur Proust « la colombe poignardée », l’auteur livre beaucoup d’éclaircissements et de détails vrais sur la biographie de Proust. Mais on y aborde la question de Proust et l’argent.
D’après Citati :« Il avait hérité de son père, et surtout de la famille de sa mère, un riche portefeuille de titres qui devait lui assurer une tranquille existence de rentier. » Il lisait attentivement les journaux financiers, aimait à jouer à l’expert financier – avec sans doute avec l’idée d’épater ses parents.
Robert de Montesquiou avait un jour décoché un trait assez méchant en disant que le petit Marcel aurait mieux fait d’abandonner la littérature et de se consacrer à ses affaires.
Spéculateur -né « mais un spéculateur qui perdait toujours, » obéissant à une propension naturelle au désastre, par appât du gain
Bien sûr, Proust avait des conseillers, notamment à la banque Rothschild.
Cependant notre Marcel avait tendance à écouter des petits agents de change un peu douteux. A partir de 1908 il choisit un conseiller, Lionel Hauser, qui travaillait pour la banque Wartburg. Ce dernier est présenté comme un homme scrupuleux, honnête, intelligent, précis, bien informé. On a gardé ses lettres échangées avec Proust. Cette correspondance mélange les états des cotations russes , sur les valeurs montantes de la « North caucasian Oil fields « ou les titres de la « Oriential Carpet », avec des considérations très proustiennes sur la transmigration des âmes. Le compétent Lionel Hauser donne des conseils prudents, mais Marcel Proust se révèle capricieux et n’écoute pas Hauser.
Il cherche des rendements avec des intérêts très forts et s’embarque dans des montages louches. Proust – c’est une certitude- fut obligé par exemple de payer alors chaque année des intérêts considérables au Crédit Industriel. Il alla chercher des titres que Hauser lui déconseilla. Il le mit en garde contre les escroqueries et en mars 1912 première catastrophe : il perd 4O OOO francs. En 1913, le désastre .Proust confie à Céleste qu’il a perdu huit cents mille francs. Soit environ dix millions de francs des années 7O. Embarrassé Proust revint voir Lionel Hauser qui reprit les comptes de Proust en octobre 1915.
Il fut obligé de vendre une partie des titres qui restaient pour ne plus rien devoir au Crédit Industriel.
Ensuite, comme Proust avait des titres russes (nous sommes en 1916…) bien sûr les cours se mirent à s’affoler devant les évènements de la Révolution, et à jouer au yo-yo .Hauser essaya de sauver ce qui pouvait l’être avec, parait-il, assez d’habileté.
En mars 1919 Proust voulut absolument mettre son argent dans les banques roumaines qui offraient 12% d’intérêt. Enfin, Hauser fut à nouveau pris de vertige quand Marcel Proust, en octobre 1918, avoua qu’il avait dépensé 30 OOO francs en cadeaux pour Henri Rochat, un domestique du Ritz que Proust essayait de transformer en Agostinelli bis (à qui il avait offert un aéroplane qui devint sn tombeau ) .Le 26 décembre 1919 Hauser présenta sa démission officielle de « conseiller financier »…
Proust venait de recevoir le Prix Goncourt.

Chaloux dit: à

Bis repetita:
Ecriture souterraine. Par exemple, Proust a cru que Baudelaire était homosexuel. Pour en venir à cette certitude -car il en était vraiment persuadé-, il est plus que probable qu’il s’est livré à une lecture souterraine de l’oeuvre de Baudelaire, sans se demander un instant si Baudelaire était sincère ou pas -avec la restriction intellectuelle que cela semble supposer chez certains-,- et sans paraître craindre, c’est le moins qu’on puisse dire, une très grande solitude sur le sujet. S’il s’était contenté d’une lecture de cheffe de bureau d’administration territoriale en zone pluvieuse, il ne se serait sans doute jamais posé cette question.

Chaloux dit: à

Presque toute la correspondance de 1916 consiste en un échange avec Hauser -un cousin- qui essaie sans cesse de remettre Proust dans le droit-chemin qui préserverait sa fortune mais en y parvenant rarement et bien fatigué en fin de volume.

renato dit: à

Il y a quelques années de là, à propos de Proust, j’ai cité ici Citati et le ciel de la RdL m’est tombé sur la tête. Est-ce que, filialement, les nuages ont cherché et trouvé un autre ciel ?

Chaloux dit: à

Pour ma part, j’ai détesté le Citati sur Proust.

Chaloux dit: à

Mais je suis peut-être injuste. Je vais essayer de le relire.

Jazzi dit: à

Moi aussi, le Citati m’est tombé des mains. Il est toujours dans ma bibliothèque, mais j’ai jamais eu l’envie de le rouvrir…

hamlet dit: à

@christiane : cela vous émeut-il ? trouvez-vous la moindre once d’émotion chez Proust ?

non, tout n’est que surface, effleurement, préciosité des apparences, l’écriture fait en sorte qu’il s’écouter aimer, qu’il s’écoute souffrir, l’écriture méticuleuse devient un mur qui nous sépare toujours de l’émotion.

comment le comparer au Caravage qui est tout le contraire, le Caravage est à la peinture ce que Dostoïevski est à la littérature : l’exact contraire de Proust.

là encore on retrouve la même problématique que pour la musique : cet équilibre entre la technique et l’émotion : l’excès de technique tue l’émotion.

la perfection tue l’émotion ! parce qu’elle nous éloigne de l’humain, de la vie.

Proust est trop parfait, trop pointilleux, trop de trop, du coup il n’y a rien d’humain chez lui, uniquement des décors !

Bach, Dostoïevski, Caravage n’ont jamais en tête la perfection comme finalité de leur travail, ils sont guidés par autre chose, par quoi ? un mouvement ? un élan ? une chose absente chez Proust.

Non, vraiment non et non ! Proust n’est juste qu’une espèce de Flaubert en mille fois pire !!!

hamlet dit: à

et vraiment je ne comprends cette folie collective ? qui semble toucher la planète, comme Game of Thrones…

comment s’étonner de l’état de notre monde devant un tel manque de lucidité et de discernement ?

Bérénice dit: à

19h15 chaloux, j’ai beau relire je ne comprends pas ce que vous voulez dire, possible de reformuler ou développer, illustrer . L’ idée directrice reste que Proust s’est planté et que personne ne l’a rejoint pour soutenir sa thèse. C’est sur la sincérité que je ne saisis pas.

François Bon

https://youtu.be/J8RdnK39mXo

hamlet dit: à

misère, quel manque d’esprit critique !

Chaloux dit: à

Bérénice, allégé à 19H25. La « sincérité » se trouve dans un post de Clopine.Pour le reste, je ne peux rien pour vous.

Bérénice dit: à

Chamonix, oui je sais, je me souviens, c’est tout ce qui vous venait et encore aujoyrd’hui. Moi non plus et je tairai le reste parce que ce serait inutile, fatigant, un mur contre lequel se cogner ne ferait pas mieux.

Bérénice dit: à

Aujourd’hui. Mes excuses. ( qd ils tournent, ils courent … Pour le debut d’après midi ).

Jazzi dit: à

« Ah non ! Un « dégorgiement », je vais y arriver. »

T’as l’air d’avoir bien besoin de te faire dégorger le poireau, Delaporte !

Marie Sasseur dit: à

@ « Ecriture souterraine. Par exemple, Proust a cru que Baudelaire était homosexuel. »

Lecture souterraine d’un pederaste? 

« Quant au fait de ne parler presque que d’inversion, André Gide mis en présence de Proust, les 14 et 15 mai 1921, en sera frappé : « bien que s’étant mis, dès mon arrivée, à me parler de l’uranisme… », Proust voulant absolument que Baudelaire ait été inverti, comme beaucoup d’autres ; et le lendemain : « Nous n’avons, ce soir encore, guère parlé que d’uranisme » » 

Tout sur « l’inversion » dans cette critique édifiante de M. Luc Fraisse.

https://www.cairn.info/revue-d-histoire-litteraire-de-la-france-2010-2-page-351.htm#re17no344

Bérénice dit: à

Fédéraliste amène de la confusion, j’y préfère homosexuel, les choses sont plus claires. Tout le monde sait que Proust était homosexuel et Gide pederaste, il y a une difference.

Bérénice dit: à

Pédéraste amène de la confusion. Correcteur.

Bérénice dit: à

Un homosexuel mis en rapport avec un pervers , tous deux brillants littérateurs.

Marie Sasseur dit: à

Gide était pederaste. Je ne pense pas que cela prête a confusion dans mon message de 20h28, a destination de l’huissier.

Pour ceux que le sujet interesse, ces différentes notions, inverti, homosexuel, selon Proust,
Bis, ce lien sur cette critique édifiante de M. Luc Fraisse.

christiane dit: à

Hamlet – 19h58
Connaissez-vous « La Madone de Lorette » (ou Madone des Pèlerins),peinte par Le Caravage ? Elle est à Rome dans la basilique saint Augustin. Je l’ai vue à Paris, au Petit Palais lors d’une exposition rare : « Les Bas-fonds du baroque ». Une expo où étaient regroupés des tableaux ayant pour sujets des bordels, tavernes et autres lieux de perdition, des laissés pour compte, des miséreux. Le Caravage choisissait dans ce petit peuple ses modèles et les magnifiait. Une courtisane servit de modèle pour la Vierge. Douceur poignante de ce tableau.
C’est exactement l’idée de Proust quand il écrit : « Et quand, faisant un tableau mythologique, les peintres ont fait poser des filles du peuple exerçant les plus vulgaires métiers, bien loin de commettre un sacrilège, ils n’ont fait que leur ajouter, que leur rendre la qualité, les attributs divins dont elles étaient dépouillées. » Idem pour la mort de la Vierge.
Vous écrivez qu’il s’écoute aimer, qu’il s’écoute souffrir et que son écriture méticuleuse devient un mur qui nous sépare toujours de l’émotion. Je ne ressens pas cela. Oui, mais il m’émeut, dans ce désir de comprendre ce qui l’agite, ce qui le pousse à écrire à réécrire à l’infini. Son écriture c’est d’abord une espérance pour lui. Tout se passe comme si une force intérieure faisait craquer les contours et le voilà à nu avec sa jalousie, sa honte, son impuissance, ses rêves, ses fantasmes. C’est sombre et mystérieux : l’enfance, la mère, la grand-mère, les amours, les vices, la douceur. C’est suspendu entre la vie et la maladie, entre la vie et la mort. Un récit entre rêve et réalité, comme un miroir formé du cristal d’autrui (dont le lecteur). Les phrases sont longues, le style est précieux. On s’en fout ! Il faut plonger là-dedans consentant. Alors on pense ensemble. Je crois que c’est Edel qui parlait de scalpel pour entrer dans un cerveau. Oui… Il accepte de ne pas être aimé, de vieillir, de voir les autres vieillir et mourir, d’être mortel. Et le temps passe dans cette Recherche. et nous emporte. Ce livre c’est un refuge, un merveilleux refuge Insistez. Enfin un gars qui a lu Musil et Gombrowicz ne peut pas renoncer. C’est quoi ces enfantillages ? allez, au boulot, hamlet. Plongez dans ce grand livre.

Bérénice dit: à

Sasseur, il serait intéressant de connaitre votre avis sur certaines pratiques sexuelles , certains hommes n’assument pas et préfèrent faire ça avec une femme et il n’est jamais question d’ inversion dans ce cas de figure ,l’actif n’est pas inversé, puisque le sujet à l’air de retenir votre attention .

christiane dit: à

@Bérénice dit: 22 mai 2019 à 20 h 09 min
Merci Bérénice. C’est commandé !

Marie Sasseur dit: à

Clopine, j’ai enfin le temps de me poser et de prendre « le train généreux d’une heure 22 »
Beaucoup plus facile à pecho que celui du quai 9 3/4 pour Poulard.

Y’a du flou dans la carte, par rapport au territoire…

christiane dit: à

@hamlet
Tenez, lisez ces lignes. Ce gars-là a beau m’énerver un max, il écrit comme un dieu :

Paul Edel dit: 20 mai 2019 à 14 h 48 min

« Regardez bien les photos. Méfiez vous de ce jeune homme aux cheveux d’un noir corbeau plaqué sur un visage blanc, lunaire de pince sans rire du cinéma muet burlesque. Notez la pose surveillée de cet indolent rêveur sur son canapé. ce garçon semble parfois distrait, mélancolique,un rien figé. Et c’est ce courtois jeune homme à l ‘écart qui comptabilise scrupuleusement et qui enferme une époque entière dans son autorité si mystérieuse..Quel étrange touriste à la fausse nonchalance notant l’anomalie, la névrose, les dessous morbides sous le soyeux du monde qui papote,autour de lui Et il mèneben même temps un chemin presque mystique vers son Temps Retrouvé. Il faut se méfier de ce regard filtrant , langoureux, presque d’un myope,qu’on voit sur les photos. ce type trop poli nous assemble des chaines entières de désillusions sans fatigue,il suit d’innombrables et ramifiantes chaines de métaphores que personne n’avait perçu avant lui.Il nous offre le tout sur le velours capitonné de ses volutes stylistiques ,comme un maitre d’hôtel de Balbec présente un homard sur lit d’algues.. Les yeux noirs et humides, un peu languissants, le regard ouaté , Proust saisit tout dan une merveille d’agencement et excroissances qui si les relit, ont quelque chose de stupéfiant comme une promenade dans un cerveau fait d’une autre matière que le nôtre. »

Marie Sasseur dit: à

Et Clopine a au moins la décence de ne pas avoir vu du voyeurisme vicieux , renommé « libertinage « , où il n’y en avait pas.

Chaloux dit: à

Et Clopine a au moins la décence de ne pas avoir vu du voyeurisme vicieux.

Ni Montjouvain, ni la rencontre Jupien-Charlus, ni le baron dans l’hôtel de passe? Mais où était-elle? Sous presse?

Hurkhurkhurk!

Chaloux dit: à

Sous presse pour les non-proustiens, est une allusion à une scène de bordel. Le narrateur y demande Rachel, mais elle était sous presse.

Chaloux dit: à

Disons à Sasseur, qui fait très Blabla après un avc, qu’une lecture souterraine n’est pas nécessairement sexuelle.

Chaloux dit: à

Les mémoires de la Princesse Mathilde paraissent en cahiers rouges chez Grasset. Je m’en vas lire ça.

Marie Sasseur dit: à

Clopine n’évoquait pas la fin de la RTP, quand une vieille en chaleur a causé « libertinage « 

Chaloux dit: à

Ni Montjouvain ni la rencontre ne se trouvent à la fin. Qu’est-ce qu’elle raconte, Sasseur?

christiane dit: à

Sasseur
libertinage et vicieux ne vont pas plus ensemble que vous et clopine. Cherchez l’erreur…

Marie Sasseur dit: à

J’ai lu ce que pense Houellebecq de Proust, il le détaille bien dans son roman Sérotonine, et , ce n’est pas un hasard,ni un scoop je suis complètement d’accord avec son analyse.

Marie Sasseur dit: à

Clopine, en tout cas merci de nouveau. Vous m’avez, sans le vouloir, fait prendre un train, vers la finis terrae, qui m’a enchantée.

christiane dit: à

sasseur,
je relis vos derniers commentaires… Lavande vous avait bien jugée. Vous salissez tout ce que vous touchez avec vos pensées. N’abîmez pas Clopine…

Delaporte dit: à

Ariane Chemin convoqué par les autorités, non à cause de ce qu’elle dit sur Romain Gary, heureusement quand même ! Cela devient craignos, le journalisme, quand on flirte avec le pot aux roses, ici l’affaire Benalla…

« La journaliste du Monde Ariane Chemin a appris, mardi 21 mai, sa convocation le 29 mai par les policiers de la section des atteintes au secret de la défense nationale de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). » Le Monde

Delaporte dit: à

Je suis passé dans ma librairie, cet après-midi. J’ai regardé, ils ont fait le plein des coffrets Gary dans la Pléiade. Il y en aura pour tout le monde ! La critique est verte de rage. Passou ne s’en remettra jamais ! Et Ariane Chemin, aujourd’hui convoqué par les barbouzes, quelle décadence !!!

Marie Sasseur dit: à

si Clopine a qq chose a dire, je pense qu’elle est assez grande pour se passer de l’avis d’une duėgne qui lui aura bien pourri la vie. Et inversement.

Chaloux dit: à

Et Ariane Chemin, aujourd’hui convoqué par les barbouzes, quelle décadence !!!

Un grand nombre de journalistes et écrivains devraient se sentir concernés. Il semble qu’il n’en soit rien. Comme c’est curieux. Assouline, vous trouvez pas ça bizarre?

Hurkhurkhurk

Marie Sasseur dit: à

Et Al, à 15h18.
J’ai trouvé un autre topo.

Le village de Mereglise, devenu Meseglise dans l’oeuvre de Proust viendrait de menhir+ église.

et alii dit: à

je partage l’opinion de christiane sur Marie Sasseur à laquelle je ne répondrai pas;elle cherche à empoisonner le blog, l’étouffer ,il n’ya pas de mots-ouje ne les trouve pas pour caractériser ses manoeuvres,ses pressions,sa démarche pour porter préjudice à la RDL
Je passais juste dire bonsoir

Marie Sasseur dit: à

Ariane Chemin fait du journalisme d’investigation ?
Première nouvelle.

Si c’est le cas elle aurait dû s’attribuer les vidéos de la scène dite de la Contrescarpe.

Marie Sasseur dit: à

Bonsoir Et Al, vos différents posts freudiens et vos analyses psycho du blog ne vont plus nous manquer non plus. Soignez-vous bien.

et alii dit: à

tous les contributeurs du blog savent ma réticence à parler psy comme cela s’est fait parfois ici ,et quand il y a tant à dire dans d’autres registres,donc ils ne m’attribueront pas des commentaires psys sans considérer les questions élémentaires comme « qui parle » -quand c’est un article en lien, il est signé!d’un nom d’auteur

Clopine dit: à

Hamlet, « il n’y a rien d’humain chez Proust » : wouarf, mais alors là, comment dire ? Wouarf, wouarf, wouarf, wouarf, wouarf.

(j’admets qu’il n’y a non plus rien d’humain dans mes wouarf, mais bon).

Marie Sasseur, je ne sais quelle mouche vous pique de vous poser ainsi en « défenseur » de ce que je suis, alors même que votre présence ici, sur ce blog veux-je dire, est d’une nocivité rare…

Je rejoins Christiane dans son sentiment à votre égard (même si je persisterai à trouver sa lecture de Proust particulièrement inepte, elle, au moins, n’est redoutable que rétroactivement, par ricochet, et non comme vous de manière délibérée).

Heureusement, nous n’avons pas élevé les cochons, (ceux à qui, d’après Chaloux, je parle de Proust) ensemble. Merci d’en tenir compte.

et alii dit: à

aux contributeurs du blog:j’ai donné le lien toponymique d’un blogueur qui écrivait sur LSP et que beaucoup ont suivi pour son sérieux;je crois qu’il est vétérinaire

et alii dit: à

je m’associe par avance à toute demande des erdéliens à P.Assouline d’empêcher sasseur de nuire au blog et suis solidaire de la décision que les erdéliens prendront pour mettre un terme à cette nuisance

Ort dit: à

@ Marie Sasseur 21 mai 2019 à 21 h 03 min:
Le résumé cité du Temps Retrouvé est bizarrement à côté de la plaque. Il confond deux temps bien distincts dans le livre (3, si on compte les premières pages avec la fin du séjour chez Gilberte, à Tansonville, et le pastiche des Goncourt) qui sont pourtant séparés par une belle coupure nette telle un hommage au Flaubert de L’Education Sentimentale:
« La nouvelle maison de santé dans laquelle je me retirai ne me guérit pas plus que la première ; et beaucoup d’années passèrent avant que je la quittasse. Durant le trajet en chemin de fer que je fis pour rentrer enfin à Paris, […] »
Paris sous la guerre n’est surtout qu’une continuation de la désillusion entamée dès Sodome et Gomorrhe, quant au Faubourg Saint-Germain s’embourgeoisant pour mieux se tenir au courant des « communiqués du soir », quant à Charlus continuant sa trajectoire déclinante: déchéance mondaine, inversion de plus en plus ouverte, discrédit public, et Saint-Loup, promettant d’être un nouveau Charlus, avant de disparaître héroïquement au front.
La maturation de la vocation d’écrivain du narrateur et sa vision de l’oeuvre lui restant à écrire appartiennent, elles, tout entières à la deuxième partie, soit longtemps après la guerre.
Autre incongruité, le fameux Bal des Têtes est à une Matinée chez la princesse de Guermantes.
Sans doute vaut-il mieux avoir lu l’ouvrage qu’on veut résumer?

hamlet dit: à

Christiane :

« les peintres ont fait poser des filles du peuple exerçant les plus vulgaires métiers, bien loin de commettre un sacrilège, ils n’ont fait que leur ajouter, que leur rendre la qualité, les attributs divins dont elles étaient dépouillées. »

c’est faux ! c’est juste une construction de l’esprit : peuple, métier vulgaire, ajouter les attributs divins dont elles sont dépouillées.

par exemple Caravage ne le fait pas, même quand ils sont bien habillés comme des clowns leurs pieds restent crasseux.

et chez le Caravage ce qui leur donne leurs attributs divins ce ne sont pas leurs belles fringues c’est leurs pieds crasseux.

et chez Dostoïevski c’est pareil.

mais cet exemple résume tout Proust : la forme l’emporte sur le fond, chez lui il suffit d’être bien fringué pour retrouver des attributs divins.

et je suis désolé de le dire Christiane mais cette façon de penser où la forme l’emporte toujours le fond, j’avoue que j’ai un peu de mal avec ça.

hamlet dit: à

christiane dit: 22 mai 2019 à 20 h 52 min

pareil pour ce commentaire de Paul Edel, vous dites « il écrit comme un Dieu », non parce que Dieu on ne le trouve jamais dans la forme mais uniquement dans le fond et le sens des choses.

et là je surenchéris sur vous : ce commentaire est magnifiquement écrit, il accumule des détails avec une précision chirurgicale etc…

mais sur le fond que dit-il ? rien ! nada !

et voilà comment on se fait toujours enfumer par la forme même quand le fond n’est pas là.

mais se faire piégé par les choses bien dites même lorsuq’elles ne disent rien, c’est doute un travers humain et nul d’entre nous n’y échappe.

et alii dit: à

: 22 mai 2019 à 23 h 44 minhamlet, vous n’y connaissez rien aux dieux quand
ils s’attifent pour apparaitre aux hommes;je vous le dis amicalement vous allez vous faire avoir un de ces quatre et aurez bien mérité le coup de pieddivin au cul;dormez bien

P. comme Paris dit: à

« Je passais juste dire bonsoir »

Bien plus long que celui de « Sur un air de navaja »…

Marie Sasseur dit: à

« Sans doute vaut-il mieux avoir lu l’ouvrage qu’on veut résumer? »

Ort, certainement. Mais de ceux qui sont a l’origine de cet énorme boulot de relecture, de corrections et de numérisation, de la RTP, il faut compter sur une volonté d’aller à l’essentiel dans leur présentation.
Le lien ne passe pas, je vous redonne la référence : bibliotheque numérique romande, puis: recherche par auteur.

Ort dit: à

@ Marie Sasseur:
Merci de la référence.

Marie Sasseur dit: à

Clopine, l’important est que vous continuiez de croire que Balbec, c’est Beaubec chez vous. Et que Combray, ça rime avec Bray, chez vous. Le reste n’en a aucune, d’importance; si tous les lecteurs de Proust étaient comme vous, on économiserait beaucoup de colloques, et de traductions, je pense …

Delaporte dit: à

Thomas Harris, l’auteur du « Silence des agneaux » de retour en librairie avec « Cari Mora »
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Un événement. J’étais amateur de la série des Hannibal le Cannibale…

Clopine dit: à

Marie Sasseur, l’important c’est que vos petits jeux de manipulation sur fond de mépris d’autrui soit tous étalés au grand jour, et qu’ils reçoivent le traitement qui leur convient : à savoir qu’on leur crache dessus.

Marie Sasseur dit: à

L’exemple du toponyme normand, avec desinance en bec, m’a permis de traduire en français, un nom propre bien normand, d’un écrivain célèbre, par ruisseau creux, ou creusé. C’est génial.

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