Annie Ernaux désincarcère la fille de 58
Je n’ai jamais compris que l’on puisse décréter que certains livres étaient, comme l’on dit désormais atrocement, « genrés ». Entendez qu’ils étaient destinés soit à des lecteurs soit à des lectrices. Aux uns les récits de guerre et d’aventures, aux autres, l’univers des sentiments. Cela commence souvent dès la littérature « Jeunesse » et cela se termine place de la République où des réunions féministes de la Nuit debout sont interdites aux hommes. C’est à peine si j’ose avouer que j’ai toujours préféré Virginia Woolf à Robert Louis Stevenson, et une Chambre à soi à L’ïle au trésor, mais j’arrête là pour ne pas déclencher une polémique chromosomique.
J’y repensais en lisant le nouveau livre d’Annie Ernaux Mémoire de fille (150 pages, 15 euros, Gallimard) qui aggrave l’affaire avec son titre. Un livre pareil, dans le métro, un homme aurait presque envie de le lire uniquement en format Kindle afin que nul n’en voie la couverture. Vous imaginez : lui, Mémoire de fille ! Prenant mon courage à deux mains, j’ai bravé les quolibets (mais je me suis arrêté avant « République », tout de même). Et je ne l’ai pas regretté, pour celui-là comme pour La Place, Les Années, La Honte, L’Evénement, Passion simple… Une oeuvre, une vraie, sous-tendue par une sensation du monde et un projet d’écriture. Cette voix de transfuge de classe portée par une écriture au couteau est née en 1974 mais nous accompagne vraiment depuis 1983. On l’attend, on la guette, on l’espère. On tempête les rares fois où elle s’égare (L’Ecriture comme un couteau) et le reste du temps, on la reçoit à chaque fois comme si c’était la première fois. Le cercle amical est vaste si j’en juge par l’accueil que lui font les libraires, et à travers eux leurs fidèles lecteurs, partout en France.
Donc, Mémoire de fille. C’est ce qu’on veut mais pas un roman, ni tout à fait un journal ou un témoignage. Disons un récit. Nous sommes à l’été 1958 dans une colonie de vacances de l’Orne ; en « colo », lieu par excellence de l’expérience collective de la liberté. L’auteur(e), qui quitte pour la première fois son bled d’Yvetot, son pensionnat catholique, son Bal de l’Ecole régionale d’agriculture, se souvient de sa première nuit avec un homme à presque 18 ans. Une nuit qui l’irradia durant deux ans. Son corps n’est que désir, son esprit n’est qu’orgueil, son âme veut vivre une histoire d’amour. Que sait-elle de la chose ? La première nuit de Cosette et Marius dans Les Misérables. Ce sera légèrement différent. Lui, c’était le moniteur de 22 ans, dans le civil prof de gym au lycée technique Marcel-Sembat à Rouen ; il faisait d’elle ce qu’il voulait, elle en était captive. Elle l’appelle Le Maître. L’aimer alors qu’il ne tarde pas à la rejeter la fait plonger dans sa folie au plus profond de son secret.
« Ce n’est pas à lui qu’elle se soumet, c’est à une loi indiscutable, universelle, celle d’une sauvagerie masculine qu’un jour ou l’autre il lui aurait bien fallu subir. Que cette loi soit brutale et sale, c’est ainsi ».
Par lui bafouée, par les autres moquée, elle ne vit que pour ça. Puis elle entre en classe de philosophie au lycée de Rouen, se retrouve confrontée à d’autres réalités, prend du recul, juge celle qu’elle fut juste avant, sa fuite dans la boulimie, l’éprouvant vécu de l’aménorrhée, la séparation d’avec les autres filles, en conçoit de la honte mais ne parvient pas à oublier. Tout la ramène à lui à commencer par les chansons de ce moment-là, Mon histoire c’est l’histoire d’un amour de Dalida décidément au top ces derniers temps puisqu’elle scandait également la rencontre des parents de Christine Angot dans Un amour impossible. D’en entendre l’écho lointain dans le couloir du RER longtemps après suffira à l’ébranler. C’est ça, les chansons. Plus encore que les photos. Ca vous rattrape au moment le plus inattendu et ne vous lâche pas. Pour elle, le même effet de dévastation qu’en 1958, lorsqu’elle avait vu Les Amants de Louis Malle à l’Omnia et qu’elle était Jeanne Moreau aux accords du sextuor No 1 de Brahms, jusqu’à se substituer à elle dans le lit pour y retrouver l’homme de la colonie.
Le temps a passé et elle interroge celle qu’elle fut. Parvenue à maturité de son œuvre, l’écrivain(e) a toujours pensé qu’il y aurait un trou, un blanc, un vide dans sa vie tant qu’elle n’aurait pas écrit ce qu’elle a vécu dans ce moment décisif pour son éducation sentimentale. Elle n’a cessé de tourner autour de ce point aveugle sans oser y toucher. Elle avait déjà réussi à liquider la tentative de meurtre de son père sur sa mère, puis son avortement clandestin ; manquait cette nuit-là, ciel de traîne de ce qu’elle évoquait dans Les Années. Tant qu’elle ne l’aurait pas jetée sur le papier, avec tout ce que ça a charrié jusques et y compris l’assèchement des ovaires, elle y aurait été encore incarcérée.
Une première tentative de cerner ce qu’elle appelait « le projet 58 » dans ses archives a échoué en 2003. La seconde a réussi à 75 ans, en écrivant « au présent antérieur » et en alternant la première et la troisième personne du très singulier, manière d’inventer « une quatrième personne du singulier » dans sa folle quête de la présence réelle. Des lettres qu’elle envoyait à l’époque à une amie, et par elle restituées depuis, l’ont aidé à reconstruire cette dissolution de son être et la honte qu’elle en conçut (« honte » est le mot qui revient le plus souvent sous sa plume, dans sa bouche). Des photos noir et blanc à bords dentés, prises au Brownie Flash Kodak en bakélite, retrouvées aussi. Ses lectures de l’époque juste après, les Sartre et les Camus, et bien sûr le Deuxième sexe où elle découvre sous la plume de Beauvoir que « La première pénétration est toujours un viol » ce qui curieusement ne correspond pas à son souvenir, malgré les insultes, les « siphonnée », les « putain sur les bords » entre autres.
Elle s’est si profondément immergée dans celle qu’elle fut, écartelée entre appropriation et mise à distance de son moi, que le passé en est devenu plus présent que le présent. Rarement l’incipit et l’excipit se seront aussi bien correspondus dans un récit, l’un miraculeusement en résonance de l’autre et réciproquement avec une économie de moyens, une densité, une intensité et une précision qui forcent l’admiration. Ca commence ainsi :
« Il y a des êtres qui sont submergés par la réalité des autres, leur façon de parler, de croiser les jambes, d’allumer une cigarette. Englués dans la présence des autres. Un jour, plutôt une nuit, ils sont emportés dans le désir et la volonté d’un seul Autre. Ce qu’ils pensaient être s’évanouit… »
Et ça s’achève par ces mots qui constituent sa toute première note d’intention à son seul usage :
« Explorer le gouffre entre l’effarante réalité de ce qui arrive, au moment où ça arrive et l’étrange irréalité que revêt, des années après, ce qui est arrivé ».
Tout est dit. A ceci près qu’il y a du bonheur dans cette résurrection, malgré ce qu’elle charrie comme mémoire douloureuse. On sent l’auteure jubiler. Elle s’est donnée pour mandat de raconter ça car nulle autre ne le fera. Elle assure que les femmes ne seront pas les seules à s’y retrouver, puisque toutes ont connu une première fois ; les hommes aussi. Car au fond, ce n’est pas seulement de la première nuit qu’il s’agit mais au-delà, de la honte et de l’humiliation qui sont le territoire de tous.
L’écriture blanche (ici les premières pages) ne gâte pas l’émotion, sans laquelle il n’y aurait pas de livre. Du moins pas de livre d’elle ; la langue, traitée à l’os, y est au service de l’émotion. Annie Ernaux réussit à rendre bouleversant ce qui la bouleverse encore quand elle l’écrit car elle a su trouver la vérité de son récit : « saisir la vie, le temps, comprendre et jouir ». La fille de 58, comme elle s’appelle et se traite, est enfin désincarcérée.
(Photos extraites des Amants de Louis Malle)
688 Réponses pour Annie Ernaux désincarcère la fille de 58
Virginia Woolf, grande prêtresse du courant de conscience, femme libérée & captive, égérie du « Groupe de Bloomsbury », trouvait Joyce « grossier & mal élevé » (uncouth & underbred). On l’imagine écrivant ces mots dans sa préface de The Common Reader (1923), le petit doigt levé, tasse de thé à la bergamote à la gauche d’une page en vélin à peine égratignée par son écriture en forme de chiure de mouche.
@Widergänger dit: 8 mai 2016 à 15 h 36 min
Alors Passou fantasme aussi… Il évoquait cette « a.gonie en direct » dans la conférence de Lagrasse (Banquet du livre d’été – 6 août 2014)repère 26.45, mis en ligne , il y a quelques mois ici.Elle est toujours sur le net.
Je pense que vous étiez tant bouleversé que cela vous a paru possible… Pour moi, lectrice des commentaires du blog, c’était insoutenable.
Woolf’s Reading of Joyce’s Ulysses, 1918-1920
https://modernism.research.yale.edu/wiki/index.php/Woolf's_Reading_of_Joyce's_Ulysses,_1918-1920
Oui, et alors ? Aucune photo à cette occasion. Vous les avez fantasmées. Elles n’existent d’ailleurs même pas ! C’est dire à quel point vous êtes capable de raconter n’importe quoi sur les gens…!
sse 15h, à mon époque aucun cours de linguistique ne figurait au programme, ceci pourrait-il convenir en guise d’éclaircissement et concourir à conclure votre querelle de cours d’école
d’une page en vélin à peine égratignée par son écriture en forme de chiure de mouche.
et comme vous ne comptez pas parmi les êtres grossiers vous devriez employer pour la décrire, cette écriture, pattes de mouche, ce qui n’ôtera rien à l’image que chacun pourra en former tout en respectant l’idée d’une difficulté au décryptage du manuscrit et sans suggérer que peut-être l’auteure en question n’est pas votre tasse de thé, idée qui pourrait être fausse mais qu’un vocabulaire inadéquat aura réussi à glisser dans l’esprit de ceux qui vous lisent avec grand intérêt.
Merci, ML, de cette preuve supplémentaire, s’il en fallait, de la vitalité de la recherche littéraire américaine.
@Widergänger dit: 8 mai 2016 à 16 h 13 min
Si vous le dites…
« Qu’on lui coupe la tête! » (La Reine de Pique dans Alice)
J’admire la Virginia Woolf de Mrs Dalloway & sa nouvelle Kew Gardens (où le récit « s’élève » de l’escargot dans le parterre de fleurs à l’avion à réaction à l’instant « T »). Las, son jugement sur Joyce me conforte dans ce que j’ai toujours pensé, même après des jours et des nuits de discussion Elaine de Rathfarnam: la classe prime sur le genre/le sexe. Les pudibonderies de la bourgeoisie londonienne (et autre) m’exaspèrent.
« …j’étais plus rien quand e ne l’ai pas laissé me lécher dans Holles Street… »
Chez Joyce qui trime chez Berlitz pour faire vivre sa petite famille déglinguée, la littérature est tout sauf un luxe…
@sse @ berenice @ WGG
sur l’articulation referent signifiant signifié ,l’article de base incontournable de Benveniste ,repris comme chapitre 4 des Problèmes de linguistique génerale (tome 1)
le referent est ce qui sert de base à une traduction en concept lequel est le signifié lui même lié de maniere arbitraire a une image phonetique le signifiant
Acheté ce matin « Mémoire de fille » chez mon ami libraire. Si je commence à me laisser influencer dans le choix de mes lectures par les billets d’Assouline, où vais-je ? J’ai honte … (je blague).
Mémé Ernaux aura 76 ans en septembre. J’ai quatre mois d’avance sur elle, étant né le 9 mai de cette année-là, le jour où les Allemands passèrent la Meuse à Sedan. L’enfant de la catastrophe, comme je m’amuse à dire.
J’en suis à la page trente, au moment où elle va franchir les portes de la colo. Les premières pages, en forme de méditation, nous pouvons toutes et tous nous y reconnaître. Ce « moi » que nous persistons à vouloir identifier, à des années de distance, à partir de quelques traces mémorielles, incertaines, quelle existence réelle a-t-il ? Je est un autre, il est une foule d’autres, et pourtant, à l’instar d’Ernaux saisissant en elle la présence de cette fille de 1958, nous nous reconnaissons dans cet autre, dans ces autres.
Des pages denses, sobres, lucides, retenues, « tenues », et pourtant l’émotion affleure partout. Quelle maîtrise.
Et pourtant, les lisant, j’ai l’impression d’avoir vécu sur une autre planète. Le Mans n’est pourtant pas loin d’Yvetot. Mémoire de garçon… En la lisant, les souvenirs reviennent. Les discussions joyeuses avec les copains sur les dernières chansons de Brassens. L’intensité violente des journées du 13 mai, les affrontements politiques rageurs. Pour moi, ce ne fut pas « The Golden Gate Quartet », mais Ray Charles. Ce ne fut pas « L’Âge de raison » mais « Voyage au bout de la nuit », mais le choc fut aussi fort. J’entends encore Gérard Genette, assis sur le coin de son bureau, nous lisant « Les Chaises », « Murphy » et « Molloy » ; il avait un soupçon de cheveu sur le bout de la langue, tu parles si je m’en souviens. Les dernières révisions du bac avec Fieschi, le prof de philo, en nocturne, à la terrasse du grand café de la place des Jacobins, et whisky pour tout le monde…
Mais de l’inconvénient de ne pas avoir tenu de journal. Manque d’orgueil ? Du diable si je me souviens de l’endroit où j’ai passé les vacances d’été de cette année-là. Pas dans une colo, c’est tout ce que je puis en dire. Et même, en septembre, l’installation à Paris, où commença pour moi une autre vie, je ne m’en souviens plus très bien, comme chantera, un peu plus tard, Jeanne Moreau. Je crois qu’à la différence d’Annie Ernaux, vivre une histoire d’amour était le cadet de mes soucis. Les vrais enjeux étaient ailleurs. Des enjeux de garçon ?
@ DHH
Cette question du référent n’est pas aussi simple qu’il y paraît. A « référent », on trouve dans le TLF la définition suivante :
» Ce à quoi le signe linguistique renvoie, soit dans la réalité extra-linguistique ou univers réel, soit dans un univers imaginaire « .
Cette définition n’est pas des plus claires. Elle indique au moins clairement que, s’agissant de l’univers réel, le référent n’appartient pas à la réalité extra-linguistique, il lui est extérieur. Le signe (signifiant+signifié) renvoie à une réalité extérieure à lui; cette réalité est le référent. Dans le cas d’un univers imaginaire, en revanche, le TLF est moins clair : il semble laisser entendre que, dans ce cas, le référent pourrait être contenu dans le signe. Il n’en est rien, à mon avis : il est évident que ce que j’imagine n’est en rien linguistique, même si l’image peut être induite par les mots. Dans les deux cas, me semble-t-il, le référent est extérieur au signe linguistique, qu’il s’agisse d’une réalité extérieure à ma conscience ou d’une réalité imaginaire.
Evoquant l’arrivée de « la fille de 58″ à la colo, Annie Ernaux écrit :
» Ma mémoire échoue à restituer l’état psychique créé par l’imbrication du désir et de l’interdit, l’attente d’une expérience sacrée et la peur de « perdre ma virginité ». La force inouïe du sens de cette expression est perdue en moi et dans la plus grande partie de la population française. »
Clivage radical, radical divorce. Songeons au Rousseau des « Confessions », au Chateaubriand des « Mémoires d’outre-tombe », au Gide de « Si le grain ne meurt » : chacun d’eux s’identifie sans effort au jeune homme qu’il a été, reconnaît sans difficulté comme siennes ses pensées,ses attentes, ses émotions. Le texte d’Ernaux nous introduit à une vision radicalement différente du moi. Cette fille qui fut si peu celle que je suis devenue, comment vais-je pouvoir retrouver en moi celle qu’elle fut ?
« ah Dieu , pourquoii donc as-tu placé le trou punais si près du pertuis des félicités? »
@sse ? dit: 8 mai 2016 à 18 h 19 min
Remarque très juste qui repose la question de ce « devoir » d’écrire pour Anne Ernaux, même si son passé lui devient étranger.
Certains disent que ce désir de faire revenir le passé « coûte que coûte » serait en rapport avec la part manquante de sa vie, sa sœur Ginette décédée avant sa naissance à l’âge de six ans. »L’Autre Fille » livre où elle lui adresse une lettre. Là, pas de souvenirs possible…
Retrouver la mémoire, la sienne et celle opaque des années où elle a vécu, n’a-t-elle pas aussi une origine possible dans sa culpabilité, sa difficulté d’être, sa quête identitaire ? surtout quand on apprend comment entendant une conversation de sa mère elle découvre l’existence et la mort de cette sœur dont la mère disait qu’elle était une « sainte » et plus « gentille que celle-là » (A.E)
Aujourd’hui, ce n’est pas « l’Apothéose de Remiremont ».
DHH dit: 8 mai 2016 à 17 h 01 min
Peu importe DHH.
Cet imbécile de sse n’arrive pas à comprendre que le référent de « Verrières » dans Le Rouge et le Noir est purement fictif, tandis que le référent « rue Saint-Honoré » dans les Mémoires du Cardinal de Retz existe bel et bien dans le réel. Un imbécile est un imbécile, il ne pondra jamais que des imbécilités quelque explication évidente qu’on lui fournisse. En plus, quand c’est une petite ordure, il vous accablera d’insultes. C’est l’humanité telle qu’elle existe.
Le discours de Macron sur Jeanne d’Arc était d’une rare niaiserie.
Ce pauvre demeuré de sse n’arrive pas non plus à comprendre que l’histoire du monde s’accélère. Si entre la jeunesse de Chateaubriand et la rédaction des Mémoires il n’y a pas une différence telle que son état d’esprit ait beaucoup changé, il est clair qu’entre 1958 et 2014, les mœurs ont tellement changé dans la société française qu’il est légitime qu’Annie Ernaux éprouve des difficultés à se remettre dans la peau de la jeune fille qu’elle était, d’autant plus qu’elle est issue d’un milieu particulièrement rétrograde (petits bourgeois étriqués, catholicards) et élevée par les bonnes sœurs !
. Cette fille qui fut si peu celle que je suis devenue, comment vais-je pouvoir retrouver en moi celle qu’elle fut ?
ne s’agirait-il pas plutôt de reconstruire ( comme une chirurgie reconstructive) une étape de sa vie avec ce qu’elle a pu soutenir de sentiments, de convictions, d’émotions, de contraintes, de limitations et d’autorisations, à partir de souvenirs comme on consulte un album de photos. Ne vous arrive-t-il pas d’éprouver soit une tristesse, soit une satisfaction proche du soulagement à ne plus être accablée des sentiments qui ont occupé votre enfance, votre jeunesse, soit par exemple une allégresse toute pure, une innocence intacte et pas encore rayées par l’épreuve, pas griffée par l’expérience ou tout au contraire un sentiment de liberté à être sortie d’un carcan que le contexte vous proposait d’épouser sans que votre évolution intime vous permette de le mettre en cause, il n’en reste qu’un souvenir vidé de toutes tensions émotionnelles, le temps opérant comme un agent neutralisant. On se souviendra d’un intense bonheur ou d’une terreur réelle sans plus posséder les qualités à les ressentir, restera à comprendre ou à recomposer le contexte en mettant en rapport ses composantes
@Widergänger dit: 8 mai 2016 à 19 h 15 min
Effectivement, vous ne savez pas parler aux femmes ! Quelle élégance…
Tout cela pour vous avoir rappelé la mémoire enfouie de Marie-Louise Broggi (Marusa) décédée le 17 août 2010 .Rien de ce que furent ses dernières souffrances ne demeura inconnu puisque vous aviez pris la RDL et les amis qui vous lisez comme confidents de votre chagrin et de votre désarroi.
La violence de ces derniers propos prouvent, s’il en était besoin, que vous êtes un homme fragile aus réactions inquiétantes.
L’intérêt du livre d’Annie Ernaux est situé par-delà ces considérations. Quand le sage lui montre la lune l’idiot regarde le doigt.
@bérénice dit: 8 mai 2016 à 19 h 51 min
Réflexion très profonde. Merci pour ce beau commentaire.
@Chaloux dit: 8 mai 2016 à 19 h 52 min
Vous êtes un des seuls, Chaloux, à avoir depuis les premiers commentaires, saisi et exprimé la profondeur des livres d’Annie Ernaux.
Que représente ses livres pour vous ?
En lisant Annie Ernaux, curieusement, j’ai pensé à Mme de Lafayette, en ce qu’elles touchent toutes deux ce que j’appellerais faute de mieux « le plus sensible ». Par-delà les considérations sociologiques, historiques etc… Pas tant d’écrivains qui en sont capables.
DHH, j’ai très bien compris ce que vous avez écrit à propos de Beauvoir. Je crois aussi, dans le même ordre d’idée, que le discours des communistes au prolétariat a été pour beaucoup de gens une prison de mots. Il faut dire que Beauvoir s’est pris les pieds dans son propre tapis, obligée de rester en France, de renoncer à vivre, parce que selon Sartre il ne fallait pas trahir la doctrine.
« Le texte d’Ernaux nous introduit à une vision radicalement différente du moi. »
Sincèrement, je ne crois pas. Quand on sait lire avec finesse, les « Mémoires d’outre-tombe » par exemple, on rencontre de tels mises à distance : ainsi quand Chateaubriand raconte son séjour à Londres pendant la Révolution. Le moi a changé, s’est creusé au fils de la vie. Les grands auteurs se posent les questions, bien sûr, mais ils le font subtilement, sans le souligner hyperboliquement comme un problème nouveau. C’est pourquoi ils sont universels, et que probablement Ernaux l’est moins qu’eux.
Il est évident que ce qu’Annie Ernaux a vécu à la colonie de vacances de S dans l’Orne, son humiliation avec un jeune petit cxn de prof de gym, puis ses coucheries successives passant d’un crxtin à un autre, comme le fait qu’au sortir du bac, brillante comme elle l’était, elle n’ait eu pour seule ambition que d’entrer à l’Ecole Normale d’instituteur — où elle s’ennuie à mourir, sauf dans les matières qui lui permettent de cultiver son intelligence mais qui ne compte quasiment pas — alors que si elle avait été dans un autre milieu social, elle aurait préparé Normale Sup (comme tout le monde), tout cela est largement explicable par ses origines sociales modestes et réactionnaires.
Elle montre avec les moyens qu’elle s’est choisis combien ce décalage entre ce qu’elle est ou en devenir et son milieu d’origine est une source de souffrance sans nom qu’elle essaie de restituer, de « désincarcérer » comme elle dit. Je pense que dans son cas, ce n’est pas une image excessive. Elle restitue des moments qui font véritablement mal quand on les lit, des moments d’humiliation terribles et sans pitié. On souffre avec elle. Mais l’instant d’après, le récit continue comme si de rien n’était. Or, la question demeure de savoir si elle l’a vécu de cette manière, passant d’un état d’esprit à l’autre avec une telle rupture ou si c’est sa manière de raconter les choses avec cette dichotomie arbitraire du « je » et du « elle » qui le crée de manière erronée car ne correspondant pas du tout au ressentiment qui persiste longtemps après en elle et qu’elle évoque par ailleurs. Autrement dit, on en revient toujours à la question du choix de la Forme qu’elle a adoptée, qui ne me semble pas judicieux. Par l’emploi du seul pronom « je » elle aurait pu ménager des transitions qui auraient pu rendre compte de tout ce ressentiment infernal qui lui bouffe littéralement la vie et l’étouffe. Or, en la lisant on ne ressent pas cet étouffement sinon par ce qu’elle dit explicitement d’elle en 2014.
Le discours que tient Annie Ernaux a bien sûr ses particularités. Tout le monde ne vient pas d’un milieu aussi petit-bourgeois étouffant, tout le monde n’a pas été élevé par les bonnes sœurs. Mais ces détails, si importants soient-ils, n’invalident pas du tout l’universalité de son message. Tout le monde peut se reconnaître plus ou moins dans son parcours, dans ses peurs, ses humiliations, ses hantises. Chacun a son histoire particulière. Mais elle restitue une certaine France des années 50 (que personnellement je n’ai pas connue parce que j’étais alors beaucoup trop petit) et surtout les mentalités de l’époque. Et ça c’est irremplaçable !
Chaloux,
vous avez raison pour Simone de Beauvoir. Cette lettre qu’elle adresse à Nelson Algren est bouleversante :
http://www.huffingtonpost.fr/nicolas-bersihand/lettre-de-simone-de-beauv_b_4562442.html
Christiane, je ne suis pas très sensible – quoique je le respecte-au discours socio-politique d’Annie Ernaux. Je ne suis pas non plus très amateur d’autofiction, quoique je sois également susceptible de respecter ce choix. Si je m’en tenais à des principes, je devrais détester ses livres. Mais il y a quelque chose d’autre, peut-être une faculté d’être absolument vrai, absolument nu, absolument juste, qui est très rare en littérature. Pierre Assouline a dit très justement que les hommes peuvent s’y retrouver aussi sans doute parce qu’on est dans les données de l’être.
Cela dit, c’est une écriture qui peut être reçue très violemment par ceux qui n’auront jamais eu le courage de regarder en face ni leurs émotions -pas seulement amoureuses-, ni leurs pensées. A ceux-là, Annie Ernaux dit : »Voici tout ce que tu n’as pas su voir, voici ce que tu n’as pas su vivre ». Je pense que cette violence de l’écriture, involontaire mais inévitable, explique en grande partie celle que lui renvoient certains participants de la RDL depuis plusieurs jours.
Et puis le livre d’Annie Ernaux c’est vraiment de la littérature. On la sent non pas « installée », auto-proclamée, non, on la sent entrer peu à peu dans le livre comme un souffle vivant, et c’est pour cette raison que je disais que c’est du grand art.
@Chaloux dit: 8 mai 2016 à 20 h 29 min
« …un souffle vivant » dans une écriture blanche, distante. Oui, un sacré pari.
Alba, il vient un moment où il faut être raisonnable et aller chez le docteur.
Christiane, je crois que vous vous trompez. C’est Marusa qui avait publié des photos d’elle-même à une certaine époque sur son blog. Autant que je me souvienne, elles n’avaient rien d' »insoutenables »…Mais je peux me tromper.
Ceci dit la réaction de WG est excessive comme d’habitude.
sse ?, une suggestion : laissons les morts tranquilles.
Aucun journaliste pour souligner la niaiserie des propos de Macron sur Jeanne d’Arc. Pourtant cette niaiserie était manifeste. Un type avec des « ambitions » qui s’en va décrocher la défroque de Jeanne d’Arc au magasin des accessoires pour ne bredouiller que des sottises à la limite de l’imbécillité, c’est une question posée à l’avenir. Tout le monde le « fête » mais personne ne l’évalue, sauf Mme Trogneux, son épouse, qui le dit « écrivain ». Que serait-ce si elle voyait en lui un « pompiste »? Espérons en demain.
Magnifique ! Je crois avoir encore plus aimé la retransmission à la radio. La salve d’applaudissements à la fin m’a ramenée au studio 104. Et surprise que cet entretien imprévu avec Guillaume Gallienne, à l’instant. C’est très émouvant quand il évoque l’influence de son père sur sa découverte de Simenon (« Balzac après Freud »)et son face à face avec John Simenon, assis au premier rang pendant la lecture. « J’ai failli me faire choper à la fin de l’aveu – dit-il- mais heureusement grâce à mes partenaires et aux musiciens j’ai pu continuer. ». Oui , beaucoup d’émotion dans cette fin terrible et dans cette lettre au fils où Marcel Feron témoigne de cette passion dans sa vie.
Magnifique ! Belle adaptation de P. Assouline qui a su ôter ce qui aurait pu alourdir la lecture comme la présence de l’exubérante voyageuse dans leur wagon.
La langue de Simenon est fluide, simple, essentielle.
Oui, Closer, celles-là n’avaient rien d’insoutenables. Je les ai vues comme celles de ses toiles , de ses sculptures. Une grande artiste, émouvante et fragile.
souligner la niaiserie des propos de Macron sur Jeanne d’Arc. Pourtant cette niaiserie était manifeste.
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Je viens par hasard d’écouter un extrait sur France Info et j’en fus tout interloqué moi aussi. Pourtant je l’aimais bien au départ Emmanuel. Quelle mouche l’a piqué ?
En parlant d’unification, je ne suis pas sûr que Macron ait eu à l’esprit le parti Bourguignon, paradigme historique des traitres à la nation & autres collabos: émigrés pendant la révolution, pétainistes & collaborationnistes au milieu du 20e s…Cauchon était bien un porc, mais un porc made in France, « a pig » en d’autres termes.
La première mission de Jeanne est de rencontrer Charles VII pour l’assurer qu’il n’est pas bâtard et peut donc régner. Macron, tout le contraire.
Que pèse Macron ?
Vous mettez à la place de sa belle gueule actuelle la tronche de Michel Simon et vous comparez les sondages avant/après intervention chirurgicale … no comment !
Il y a de bon qu’ils ne volent pas haut… ni loin… ni longtemps…
Gallienne est sur toutes les ondes, comme Arditi en son temps il finira par des publicités de nouilles. Ses intonations faussement précieuses seraient plus utiles à rejouer Louis XI face à Quentin Durward dans un son-lumière financé par le ministre Macron. Voyons Bloom, bourguignons-collaborateurs..le téméraire aurait vaincu, quelques guerre franco-allemandes évitées. A l’époque de Jeanne, les traitres étaient du côté de Bouquinquant.
Traitres et loyalistes, collabos et résistants, sont interchangeables suivant le référentiel choisi ! Ne nous affolons pas de cette impossibilité qui est nôtre de définir le moindre absolu valable en tout lieu et en tout temps…
christiane dit: 8 mai 2016 à 20 h 16
n’est-ce pas plutôt qu’elle a peur de l’inconnu, qu’elle craint de perdre sa stabilité en quittant ses pantoufles (celles de JPS) pour l’inconnu, ou qu’elle n’aime pas Nelson ?!
@guillaume dit: 9 mai 2016 à 9 h 23 min
Qui sait ? Mettre à l’amble la parole et le corps n’est pas une mince affaire. Aimer est irrationnel. On de débat entre des forces obscures, contradictoires. Des fantasmes s’attouchent, tiennent lieu de réalité dans cette emprise. Aime-t-on l’autre ou le reflet de soi-même en l’autre ? Oui, l’amour fait peur. l’ajustage est impossible dans la passion. Parfois, on n’aime moins l’autre que l’état amoureux, cette perte d’identité, cette lumière(Très sensible dans « Le Train » de Simenon). (On se fabrique de la mémoire pour le temps où l’amour aura fui).
Quant à la fidélité, elle peut être écrasante… elle suppose un manque accepté, refoulé.
christiane est une grande amoureuse qui n’a pas encore trouvé son Nelson
@Yourcenanar dit: 9 mai 2016 à 10 h 00 min
« Le passé est un absent qui jamais ne redeviendra présent.(…) « C’est pour te retrouver que je pars », dit chez André Gide le Puîné au Prodigue.(…) Celui qui a volontairement émigré est passionnément occupé à languir ! La langueur, comme la « Saudade », est une passion. » (Jankélévitch « L’irréversible et la nostalgie » – Champs / Flammarion – 123)
Cristiane
Elle s’envoyait qui elle pouvait . Sa lettre est cousue de fil blanc, une montagne d’hypocrisie et de démagogie ! elle se donne le beau rôle –enfin à l’époque c’était plus compliqué que maintenant même pour celles qui se prétendaient fortes
J’avais détecté un air de MàC sous les commentaires de Berguenzinc il y a quelques jours…C’est aujourd’hui une certitude, surtout depuis le:
« ah Dieu , pourquoii donc as-tu placé le trou punais si près du pertuis des félicités? »
Une interrogation métaphysique qui le taraude depuis longtemps.
La lettre de Beauvoir est un acte de jugement qui ne donne aucune idée de ce qui s’est passé au procès, une lettre officielle destinée à être publiée, écrite pour la postérité. Sartre et Beauvoir se croyaient tellement importants qu’ils ont passé leur temps à manipuler la moindre parcelle de réalité (tout comme Aragon). Ils ont beaucoup fait pour le développement du soap-opéra.
Bon, j’espère que le « train » est disponible en replay, et je fonce l’écouter, bien que le compte-rendu, ci-contre, me paraisse un tantinet fleurer bon « l’entre-soi ». J’espère que le travail de Pierre Assouline va dissiper cette impression…
Et j’en profite pour deux B.A. :
d’une part, inviter tous ceux qui ont eu l’âme saisie en pénétrant dans l’aître Saint-Maclou de Rouen à signer la pétition pour protéger le cloître (on veut couper les arbres et y ouvrir des commerces !!!!)
d’autre part, Patrice Louis (« fou de Proust ») lance un appel pour qu’un dessin de la main de Proust (cathédrale d’Amiens) soit acquis par souscription et non cédé à un collectionneur privé.
Voici les deux liens :
pour l’aître :
pour la cathédrale dessinée par Marcel Proust :
http://lefoudeproust.fr/2016/05/pour-un-achat-participatif-de-la-cathedrale-damiens/
Elle est tout de même très niaise, cette « fille de 58 » qui s’amourache à la passion d’un type qui n’a manifestement d’autre but que de la sauter vite fait, et puis basta. En toute absence de délicatesse. Elle y voit tous les signes du coup de foudre partagé ! Le plus sidérant est que, malgré l’évidence, il lui faudra autant de temps pour s’en guérir. Ce que c’est que de se shooter à la Dalida.
Chaloux dit: 9 mai 2016 à 10 h 43 min
Sartre et Beauvoir se croyaient tellement importants qu’ils ont passé leur temps à manipuler la moindre parcelle de réalité
Manipuler la moindre parcelle de réalité, c’est notre lot à tous. Pas besoin de se croire important pour ça. Ce qui exaspère surtout chez le tandem Beauvoir/Sartre, c’est leur côté péremptoire.
Ce qui a retenu Beauvoir, c’est surtout l’incapacité où elle était de lâcher son grotesque rôle de maîtresse d’école universelle. Ce devait être si bon ce droit qu’elle s’était arrogée de juger de toute chose, en tout lieu, avec toujours un petit verre à la main. (Et en même temps on ne peut pas nier son impact, ni refuser une part d’authenticité à ce personnage, mais tellement enfouie sous des kilomètres de rhétorique artificielle et creuse). Elle ne devait plus tellement compter pour elle-même.
Ce qui exaspère surtout chez le tandem Beauvoir/Sartre, c’est leur côté péremptoire.
S’il n’y avait que ça, ce serait trop simple et presque trop inncocent. A mon avis, c’est bien pire.
Le mauvais goût de cette « fille de 58 » racontée par Ernaux ! Ses références culturelles : « L’âge de raison » et Dalida !
christiane 9h55
C’est pas si compliqué, Christiane, pas si compliqué…
Celui ou celle qui a dit « Pour vivre heureux, vivons cachés ! », nous mettrait à coup sûr sous le nez l’inconfort de la position sainte-simonienne de Beauvoir, bourge éblouie par le phare de JPS, esprit et corps dans des bocaux étanches… idem pour les féministes sottes qui jouent un film ne conduisant à rien de sérieux ! Quelle tristesse enjouée….
Au fond, Beauvoir en extase devant le bigleux, c’est la « fille de 58 » devant son prof de gym. La passion Ginette.
Eh bien, les garçons, Beauvoir ce n’est pas votre tasse de thé ! Il y a beaucoup de vérité dans ce que vous écrivez et une part restée inconnue, bien enfouie au fond d’elle quand les lampes de la scène s’éteignaient et que le théâtre se vidait. C’est cette part qui m’intéresse. Pour le reste, ses livres ne m’ont jamais passionnée. J’étais à l’époque dans un autre vivier : Bachelard, Camus, Jankélévitch, R.Char, Wittgenstein, Proust, Dumézil, des ouvrages de botanique et Audubon pour les oiseaux. Le reste était écrit en couleurs !
Ce devait être si bon ce droit qu’elle s’était arrogée de juger de toute chose, en tout lieu, avec toujours un petit verre à la main.
Sur la scène de Chaillot dans les années 90, dans une comédie musicale mise en scène par Savary et qui se passait dans le Paris de l’immédiat après-guerre, on voyait Sartre attablé à l’avant-scène Jardin devant un scotch, et Beauvoir attablée à l’avant-scène Cour (sans scotch). Dialogue :
Beauvoir — Vous buvez trop, Jean-Paul.
Sartre — Faites pas chier, Simone.
C’est tout ce que j’ai retenu de ce chef-d’oeuvre. Il y a des répliques qui vous marquent.
Ce qui me plait beaucoup dans le duo Sartre/Beauvoir, c’est justement leur côté péremptoire, n’en déplaise aux bigleux chaloupés
Donc, Mémoire de fille. C’est ce qu’on veut mais pas un roman, ni tout à fait un journal ou un témoignage. Disons un récit.
Manière de se défausser un peu rapidement du problème. Contradictoire, en plus. Si c’est ce qu’on veut, ça peut être un roman. Ce récit pose en tout cas la question du statut de la narratrice. Est-ce qu’elle se confond avec l’auteur, ou non ? Quant à moi,je considère, a priori, qu’on ne doit jamais confondre auteur et narrateur. L’aspect sans doute le plus glauque de l’autofiction réside pour moi dans le jeu assez malhonnête qui se joue entre auteur et narrateur : c’est moi / c’est pas moi. Dans le récit d’Ernaux, il y a ce moment fort déplaisant où la narratrice se demande si elle va téléphoner à H. dont elle croit avoir retrouvé, des années après, les coordonnées dans l’annuaire. Si Ernaux raconte ce qu’elle a vécu, il ne doit pas être bien difficile, en fouinant un peu, d’identifier ce H., qui fut prof de gym dans un lycée de Normandie et moniteur en chef de la colonie de S. Nauséabond, tout ça. On sait les suites judiciaires qu’ont entraînées la publication de « L’Inceste » de Christine Angot et le dernier récit d’Edouard Louis. On me dira que, déjà, des personnages influents (Mme d’Epinay, notamment) mis en cause par Rousseau dans ses « Confessions » avaient obtenu l’interdiction des lectures publiques de l’ouvrage par l’auteur lui-même.
Et Denis Gourdin celles de 98-99-2000-…-201?
On lui aurait même proposé la direction du magazine « Queue choisir ».
Trêve de balivernes sur celui qui semble être le vice président de l’assemblée nationale, il y a chez Ernaux comme chez Houellebecq un goût pour la recréation minutieuse, scrupuleuse, d’une époque qui doivent leur offrir de réinvestir cet autre être d’eux-mêmes qu’ils y ont laissé et dont les ressentis sont bien plus à même de les transporter qu’un billet de charter voire même de « Première ».
« Des réunions féministes de la Nuit debout sont interdites aux hommes »
PA
C’est leur bistrot à elles… que voulez-vous, les femmes ne sont pas moins connes que les hommes, juste différemment.
Quand ai lu parmi vos premières phrases,
« Aux uns les récits de guerre et d’aventures, aux autres, l’univers des sentiments. »
M’est tout de suite venu à l’esprit « Le Maitre de Ballantrae », qui concile les deux avec un génie achevé, et… tac, juste en dessous c’est justement celui-là que dézinguez en lui préférant les dingueries profondes de Woolf.
Comme s’il fallait les opposer, comme certaines des hystéros nuit amant sans un bout, en rêvent.
On rêve…
Quand on parle du louf, on envoie Lacan, comme disait un ex pote écrivain.
AO
les recréations qui doivent
La passion chez les intellectuels se paie, de mots, d’argent, de pouvoir …
sse ? dit: 9 mai 2016 à 11 h 16 min
On dirait du John Brown. Littérature de vendeur en droguerie. » C’est tout ce que vous avez comme taille de boulons? ».
Hurkhurkhurk.
@sse
vous écrivez »
Au fond, Beauvoir en extase devant le bigleux, c’est la « fille de 58 » devant son prof de gym.
Peut-être, mais elle ne se l’avouait surement pas à elle même
ce qui comptait pour elle dans le couple formé hors mariage au vu et au su de tous avec Sartre ,c’est la transgression qu’il représentait par rapport à la norme, et la satisfaction qu’il lui apportait de pouvoir affirmer sa liberté au regard du statut assigné aux femmes, et de la morale sexuelle inégalitaire qui avait cours alors
Beauvoir vit de manière triomphale ce que Ernaux, prisonnière de l’inconscient collectif d’alors, vit dans l’inconfort de l’irrémédiable,sa virginité perdue?
N’oublions pas qu’on restait en France encore marqué par la notion d’honneur perdu associé à ces situations .
On est evidemment loin de l’esprit qui préside aux » crimes d’honneur » des frères qui restaurent la respectabilité de leur famille en tuant la sœur qui a « fauté ».
mais il y avait une indéniable parenté entre les morales sous-jacentes à ces deux approches
Lorsque les grands auteurs arrivent chez nous, ils s’effondrent !
Vous auriez vu Shakespeare, Cervantès et tant d’autres comprendre que chez nous, ils ne sont plus qu’eux mêmes, pauvres brins d’herbe folle … et je ne vous décris pas le visage défait, convulsif, de Proust, de Verlaine (malgré ses repentirs) de Rimbaud, comprenant qu’ils vont rejoindre les amis de Lucifer, …. en bas, tout en bas… en Enfer.
J’ai le dossier d’Amette, d’Assouline sous les yeux : signifiant ! Sauf un retour rapide sur les voies salvatrices de la religion chrétienne… ils sont perdus pour nous !
Au départ, « on ne naît pas femme, on le devient », n’était pas un slogan « féministe » mais bien « existentialiste », je crois qu’il ne faut pas perdre cet élément de vue ; Beauvoir appliquait cette théorie philosophique à son sexe – théorie qui contient d’ailleurs une sorte de négation de la réalité, car s’il est vrai, comme le disait La Boétie, qu’on est responsable de ses propres « servitudes volontaires », les déterminismes sociaux sont bien souvent prédominants (ce qui ne doit pas nous empêcher de nous battre, notamment contre nous-mêmes !)
Ce qui s’est passé, c’est que le deuxième sexe a coïncidé avec l’aspiration sociale des femmes, de plus en plus forte, de devenir vraiment des actrices de leurs vies. L’existentialisme leur ouvrait en ce sens de vraies perspectives, et elles ont allègrement pris ce dont le féminisme avait à ce moment-là besoin. La force de Beauvoir a été de comprendre que « les choses changeaient », et de répondre par l’engagement politique à l’immense espoir que son livre avait contribué à faire naître. C’est pourquoi, même si le malentendu persiste, et qu’on prend pour un livre féministe ce qui n’est qu’une illustration thématique d’une théorie philosophique, Simone de Beauvoir reste et restera une figure majeure et incontournable de l’histoire des femmes. Et le deuxième sexe, écrit, contrairement au Coran, à la Bible, à la Torah et tutti quanti, par une main féminine et non masculine, restera ce qu’il est : une étape incontournable à la prise de conscience.
Beauvoir vit de manière triomphale ce que Ernaux, prisonnière de l’inconscient collectif d’alors, vit dans l’inconfort de l’irrémédiable,sa virginité perdue?
DHH, avez-vous lu le récit d’Ernaux ? Son personnage ( dont un des livres préférés est « L’âge de raison ») n’est pas loin de partager ce triomphalisme (voir ses lettres à ses amies, où elle leur fait part de ses exploits érotico-amoureux). Il y a bien chez elle le sentiment d’une revanche sur une éducation étriquée.
une grande amoureuse qui n’a pas encore trouvé son Nelson
===
Prends-en de l’algraine, Nelson (Jean-Sol en train de lutiner mahousse sa simone de retour des states…)!
« Il y a bien chez elle le sentiment d’une revanche »
Le lien entre la correspondance citée par Annie Ernaux et le fond du récit est extrêmement problématique. Si tu ne le vois pas, 1) tu n’as rien compris, 2) tu ne sais pas lire.
Que pèse Macron ?
—
1 micron, 2 peut-être…?
Heureusement ici que Louis Malle avait deux ailes pour trouver un peu d’angélisme, un seul l’eut condamné.
Me revient que lors de la pré-projection servant à définir le degré de visibilité voire à censurer, une scène dont je ne sais si elle figure encore dans le montage actuellement proposé, suggérait entre les amants une pratique que la morale de l’époque réprouvait, autant qu’elle la voulait tue.
Une des membres du comité de visionnage, plus particulièrement bigote que ses pairs, demanda à haute voix lors de la pré-projection (potentiellement fatale à la sortie de l’oeuvre), « où était partie » la tête de l’amante quand son visage descendu le long de la poitrine de son camarade de jeu, sortit du plan…
Les éclats de rire des autres membres du comité de censure tuèrent toute velléité collective de ne pas remercier Louis Malle pour cette irrésistible moment.
AO
cet
Macron, c’est le produit d’un club d’investissements issu de la banque R. L’ex UMP est complètement has-been. Même si Juppé est élu, la réforme dure du code du travail qu’il nous prépare bloquera le pays en moins de trois mois (je suis de l’avis de JF Kahn sur ce point), une vieille habitude à lui. Macron, c’est le plan B des ultra-libéraux, rien de plus, un sup.positoire redoré, et la marque d’un certain désespoir de la part des apprentis totalitaires (voir le programme délirant de Le Maire) qui espèrent réussir par « la gauche » ce qui échouera de toute façon par la droite.
Ce qui me paraît remarquable dans le récit d’Ernaux, c’est la lucidité avec laquelle elle peint l’ambiguïté dans la façon dont son personnage vit ce qui lui arrive : elle le choisit et elle le subit à la fois. D’un côté elle l’éprouve avec joie comme une émancipation et une revanche sur une éducation étriquée, de l’autre elle entre dans une logique de soumission au mâle-qui-a-de-toute-façon-raison, et se reconnaît dans les poncifs les plus éculés du grand amûr tûjur (l’idéal Dalida).
Le Castor à Jean Sol, à propose de Nelson: » Pourquoi? Parce que lui mâle, très cher…il me la comble, du sien. «
Boom,
Ce n’est plus « Le feu follet », mais « le lait au feu », que tous ces débordements.
AO
Débordements » Malle contenus, bien étendus.
AO
Chaloux, Macron c’est aussi les impôts, et notamment les vôtres.
On dirait qu’ernaux trouve son public dans le milieu endogame des profs qui n’ont pas eu education sexuelle ni dissection de la souris au programme.
Et puis, il y a plein de choses qui me s’apprennent pas.
Meilleurs souvenirs d’une cité des anges
http://m.youtube.com/watch?v=y_iEBO7pQ8s
Bien bel entretien que celui de Joseph O’Connor, Passou, dont Star of the Sea & Ghost Light furent pour moi de très grands moments de lecture; véritable humilité, naturel, côté vieil ado incorrigible, autant de qualités qui changent des nothomberies à dormir debout avec l’envie d’administer une douche-KK à la Tiffauges.
Sont épatants quand même ces écrivains anglais & irlandais qui traitent de phénomènes aussi importants que le rock – Nick Hornby avec High Fidelity, Roddy Doyle avec The Commitments & le frère de l’échevelée Sinead-la-chauve avec son dernier.
Des équivalents chez nous…? Il y bien F.Bon, mais c’est pour faire de la préciosité avec des bios de Dylan, Led Zep & Hendrix…Vous avez vu passer l’imagination, l’humour, la Vie, quoi? D’autres?
Dans 2000 ans, les post-humains regarderont avec tristesse et étonnement des Kindle enfouis dans les entrepôts dévastés de Levallois où ils trouveront feront une description de la France antique du 21e s limitée au parcours allant du nombril de l’autofictieux au sexe de sa voisine ou de son voisin…Restes vénérables d’une haute culture, certes, mais devenue tellement sècos et repliée sur son soi qu’elle n’y survécut point…
En revanche, du côté de Dublin, de Londres & de New York et d’ailleurs….
Il ne faut surtout pas non plus oublier que Macron est associé à la catastrophe hollandaise depuis le début, puisqu’il était conseiller à l’Elysée avant d’être ministre.
Pour saluer Roddy Doyle, qui a eu 58 ans hier.
Hier, c’était aussi l’anniversaire de la mort de Flaubert. 136 ans.
phil 9h12 quant à G.Gallienne, vous avez la vue juste,je crois. Il a survendu » Guillaume et les garçons, à table », nul doute que les nouilles vont bientôt y répandre leur bonne odeur…
Flaubert n’est pas mort: il est chaque jour plus vivant. Très rare.
mais Sartre et Beauvoir étaient importants
closer ou la droite qui ‘pense’ que le pouvoir lui revient de droit, inconsolable de voir le palais occupé par un ps pas assez réac à son goût
cela ne nous regarde pas mais simone ne parle jamais de jps (qui a eu de très jolies femmes, du reste) au pieu
De quoi se plaignent les réacs ? de ce que le centre-droite au pouvoir fasse le boulot de la droite
Bloom dit: 9 mai 2016 à 13 h 35 min
Flaubert n’est pas mort: il est chaque jour plus vivant. Très rare.
Balzac aussi. Et Stendhal. Et Diderot. Et Racine. Et Montaigne donc. Sans parler de Rabelais. Et parlez-moi de Lucrèce. Pas si rare que ça, donc.
Clopine, définitivement un cas à part dit: 9 mai 2016 à 11 h 52 min
Ce que vous dites n’a pas grand sens. Le Deuxième sexe se veut féministe, est féministe, a été revendiqué comme tel par toute une génération de femmes. Simone de Beauvoir applique effectivement — et là vous n’avez pas tort — les prémisses de l’existentialisme pour penser la condition féminine, à savoir que l’existence précède l’essence. Jusque là, il n’y a rien à redire. Mais, là où il y a à redire, c’est quand Simone de Beauvoir dérive, débloque et sombre dans l’irrationnel, tenant un discours que n’aurait pas renié la Mère supérieure d’un couvent, sur la souillure que constitueraient les menstrues alors qu’elles sont l’expression même de la vie dont il y aurait à se réjouir. Penser que l’histoire humaine s’est perpétuée par une souillure, quoi de plus réactionnaire qu’une énormité pareille que l’Eglise elle-même n’aurait jamais osé proféré ayant trop le respect de la vie pour se livrer à ce genre de dépravation. Le symbole même de la prétendue émancipation des femmes s’avère n’être en fin de compte que la pire dénégation de la vie et une monstrueuse dépravation. Les racines du mal sont profondes.
Un jour lointain, nos futurs descendants regarderont le XXè siècle non seulement comme le siècle d’une sauvagerie sans nom mais aussi le siècle de la dépravation des bien pensants. Un siècle en tous points maudit.
C’est comme quand Sartre dit : « En face d’un enfant qui meurt de faim, La Nausée ne fait pas le poids. », il énonce une profonde bêtise.
Parce que La Nausée parle des problèmes métaphysiques de la condition humaine tragique de l’homme, qui n’a pas de solution, tandis que la tragédie, si horrible soit-elle, de la mort d’un enfant a forcément une solution par l’action des hommes.
Cette inversion de la hiérarchie des grandeurs est une forme aussi de dépravation de la littérature dont on voit aujourd’hui encore — et plus que jamais — les conséquences néfastes.
Et je dirai même que c’est parce que l’homme a oublié sa condition tragique que des enfants peuvent mourir.
WG, S de B avait tout à fait le physique d’une mère supérieure de l’ancien temps, quand les filles de l’aristocratie désargentée se réfugiait au couvent, faute de dot.
Il paraît qu’elle a employé le mot de « pondeuse » pour désigner les femmes qui osaient avoir des enfants. Une insulte ignoble. Les mères sont la preuve vivantes que l’on naît femme, avec ce que cela comporte, règles, grossesse, allaitement et qui va forcément au-delà de la seule physiologie. C’est probablement ce qui la mettait en rage.
Pas si rare que ça, donc.
—
Pisse-vinaigre un jour, pisse-vinaigre toujours. Combien d’humains depuis 2001 l’Odyssée de l’espace? 120 milliards environ. Ergo, Flaubert et consorts sont rares.
Oui, effectivement, vous n’avez pas tort.
Mais si encore elle avait été dans son coin à ruminer ses énormes sottises ! Mais ce qui fait problème, c’est que des centaines de milliers de femmes se sont reconnues dans ce discours de Mère supérieure d’un couvent. C’est ça qui est proprement hallucinant et qui en dit long sur la dépravation de notre époque. Car moi, j’appelle ça des dépravées, pour haïr à ce point la vie. Et soi-même au fond. On vit dans une époque absolument horrible.
gontrand dit: 9 mai 2016 à 10 h 28 min
« ah Dieu , pourquoii donc as-tu placé le trou punais si près du pertuis des félicités? »
C’est toujours comme ça avec les fins de série… Faut ouvrir un bug report ! Un feature request…
Simone de Beauvoir dérive, débloque et sombre dans l’irrationnel, tenant un discours que n’aurait pas renié la Mère supérieure d’un couvent, sur la souillure que constitueraient les menstrues
On aimerait que Widergänger soit plus précis sur ses sources : par exemple, ici, un passage du « Deuxième sexe » ? Cela nous éviterait de soupçonner qu’il les manipule (ce ne serait pas la première fois) pour faire dire à un(e)tel(le) ce qu’il/elle ne dit pas. Car il est bien possible, que, loin de prendre à son compte cette stigmatisation des menstrues comme souillure, Beauvoir la présente comme un élément parmi d’autres d’un discours tendant à prouver l’infériorité de la femme. Je suis à peu près sûr que c’est bien le cas mais je ne vais tout de même pas m’appuyer une relecture du « Deuxième sexe » pour m’en assurer. A moins que par internet ? Taper : Beauvoir + menstrues + souillure
clauzuzuseur dit: Votre commentaire est en attente de modération.
9 mai 2016 à 14 h 14 min
on veut du rêve (à bas l’idéologie ) http://p2.storage.canalblog.com/20/16/60471/109182319_o.jpg
« le physique d’une mère supérieure de l’ancien temps »
encore une attaque contre mère térèse cette femme libérée
Au lieu de répandre vos souillures, espèce de gros cxnnard, relisez plutôt la page 110 de Mémoire de fille !
Ernaux est à la cause des femmes ce que Pierre Rahbi est à la cause de l’écologie ; du baratin, de l’escroquerie intellectuelle , de la logohorrée pour bobos au fond, tous ces petits médiocres et smicards de l’intellect, ces riquiquis du ciboulot sont les idiots utiles de l’ultralibéralisme
« des centaines de milliers de femmes se sont reconnues dans ce discours de Mère supérieure d’un couvent. »
WG , toujours à prendre les gens pour des c… , sait de quoi il parle !
Facile de se moquer d’ excès d’une époque étouffante, archaïque, sur fond de guerres coloniales – et jusqu’en 65 les femmes étaient considérées à peu près comme des mineures
berguenzinc dit: 9 mai 2016 à 14 h 45 min
revoilà le gros trouduc
C’est en effet dans « Le Deuxième sexe » (1949) que Beauvoir montre combien la perception des règles est asservie à des préjugés dont l’expression se retrouve dans… la Bible (on lit notamment dans le « Lévitique » que l’impureté des règles interdit d’accomplir tout acte religieux). Il est évident que Beauvoir nez prend pas ces préjugés à son compte, et voilà notre Widergänger pris en flagrant délit de contre-vérité et de manipulation. Quel pitre, décidément. Intellectuellement sous le zéro absolu.
Il est décidément plaisant notre Kim Jong-un d’opérette à distribuer ses bons points et ses coups de trique… et à pleurnicher sur le déclin du monde contemporain. Quant à ses palinodies, elles donnent le mal de mer.
Simone de Beauvoir s’en prend aux menstrues parce qu’elle représentent, selon elles, l’essentialisation de la femme et le discours hérité du discours religieux qui en fait la nature même de la femme. Elle nie que les menstrues définissent la femme. Elle nie en fait une évidence. Mais à force d’insister, comme le souligne Annie Ernaux, sur la souillure que constitueraient les règles, elle finit par en faire, pour la femme, une source et un symbole de dégoût.
Partant du postulat existentialiste que l’essence serait le produit de l’existence, elle en vient à nier la réalité. Faute de pouvoir penser le réel, elle le nie, c’est plus simple et plus facile. C’est tout simplement une escroquerie intellectuelle.
Bonjour Guillaume,
As-tu bien déjeuné?
Oh oui! madame,
J’ai mangé du pâté
Du pâté d’alouette
Guillaume,Guillemette
Chacun s’embrassera
Et Guillaume restera
pouf pouf
Il a y a un peu d’animation chez leo. http://www.leoscheer.com/blog/2016/04/25/2367-mn-mettre-en-ligne-ses-mnuscits-redevient-gratuit
Voilà qui est menstrueux…
Quid de la menstrue à Sion?
Tout ça est bien aimable mais Beauvoir n’a pas une plume terrible. Son meilleur récit d’après ses admirateurs, une mort très douce, est un peu faiblard. aucun imparfait du subjonctif.
et jusqu’en 65 les femmes étaient considérées à peu près comme des mineures
Lieu commun, histoire pour vignettes de paquets de chocolat. En France surtout, terre d’élection d’un certain matriarcat, les hommes filaient droit.
« Un jour lointain, nos futurs descendants regarderont le XXè siècle non seulement comme le siècle d’une sauvagerie sans nom mais aussi le siècle de la dépravation des bien pensants. Un siècle en tous points maudit. »
hahaha, du Monsieur Fenouillard ! Du Homais au carré ! Mais, Alba, C’est un gigantesque marronnier , vot’ truc…on pourrait dire ça de tous les siècles. demandez à d’Aubigné…à Talleyrand et ses larmes de croco sur « l’âge d’or de Louis XV( »
Et nos descendants,en 2116, couineront sur l’incroyable sauvagerie du XXIème siècle. Mais c’est vrai que la sauvagerie est amplifiée par les avancées technologiques. Mais avec quelques bons couteaux, quelques hallebardes et des haches, les gros c.ons de 1572 firent aussi bien qu’avec du napalm ! Alors votre truc ,c’est du pipeau, comme tout ce que vous pondez.
Mon pauvre WGG, vous en dites quand même des sévères. J’ai lu les oeuvres les plus connues et les plus importantes de SdB, donc, effectivement, il peut y avoir des citations ou des théories qui m’ont échappé, puisque je n’ai pas fait dans l’exhaustif. M’enfin, de tout ce que j’ai lu, c’est précisément l’opinion inverse de la vôtre qui se dégage. Quand SdB parle de souillure, des règles et des menstrues, elle ne fait que décrire la très exacte opinion de son temps ( et de quelques autres textes, comme ceux de la Bible, qui se sont appuyés sur ces prétendues « souillures » pour condamner « l’éternel féminin ») : elle ne reprend absolument pas à son compte de pareilles c…., qui ont hélas pesé sur le destin des filles depuis perpète, et que SdB, en en parlant, a grandement contribué à démystifier, au contraire !
Quand on sait, par exemple, que si les « roux » et les « rousses » (les « poils de carottes ») ont été mal considérés, accusés de sentir mauvais ou de fricoter avec le diable, uniquement parce qu’on croyait que la couleur de leurs cheveux provenait de leur conception, pendant les règles de la mère, c’est-à-dire bravant le tabou ancestral, on ne peut que prendre en pitié votre lecture absurde. Bien sûr, on apprenait aux petites filles à avoir honte de leur corps. Bien sûr, il fallait « rester à la maison » quand on avait ses règles, ne serait-ce que parce qu’on utilisait des serviettes en tissu, qu’il fallait laver en cachette, et que « ce n’était pas propre ». Bien sûr, tout et n’importe quoi a été dit là-dessus, et SdB en témoigne – car elle était femme, et a subi ce genre d’incroyables mises en demeure… Vous, qui êtes d’une époque où les publicités pour les tampons hygiéniques passent à n’importe quelle heure sur les chaînes publiques, où la biologie a fait tant de progrès, et où on a enfin évacué la sorcellerie accolée au féminin, vous êtes d’un rétrograde qui aveugle votre lecture de SdB, voyons !!! Mais enfin, soupir, j’ai encore des yeux pour lire. Et à moins que vous ne me montriez explicitement, en toutes lettres, où SdB adhère aux théories les plus rétrogrades des religions, j’en reste à la considérer comme ayant, rien qu’en parlant de ce qu’on ne parlait pas, fait avancer à pas de géant la cause des femmes, et la dignité de leurs corps, saperlipopette.
radioscopie dit: 9 mai 2016 à 14 h 59 min
Quant à ses palinodies, elles donnent le mal de mer.
En effet. Qu’à 15h03, moyennant quelques aménagements destinés à noyer le poisson, il dise exactement le contraire de ce qu’il disait à 13h57, il y a de quoi donner le tournis. Il est apparemment le seul à ne pas s’apercevoir de ce retournement de veste. C’est, dans son genre, un maître du burlesque (involontaire ?).
Salutaire mise au point de Clopine à 15h21
Et à part ça, je viens de finir l’écoute du Train – Simenon n’a pas son pareil pour portraiturer le « français moyen », et c’est surtout dans les à-côtés du récit (l’exode, la débâcle, les nuances entre « évacués » et réfugiés », qu’on entend battre l’Histoire à nos oreilles.
Par contre, la « passion amoureuse » ne m’a pas convaincue, peut-être parce qu’il y manque la voix d’Anna, en fait. Justement à cause de l’époque, et de la domination qui régnait – Anna, nous dit-on (ou plutôt nous dit la voix timbrée, égale, paisible presque, de Guillaume Gallienne) « n’avait pas besoin des mots », ne voulait pas des mots. Euh… Oui… Disons plus justement qu’elle n’avait pas les mots pour le dire. Oh ce silence de nos mères ! Comme il pèse lourd, à mes oreilles, et combien ai-je envie de le briser ! Même si l’aventure d’Anna et de Marcel, comme le texte nous le suggère aussi, est en fait totalement crédible (l’instinct de vie, en cas de danger, favorise bien entendu les pulsions sexuelles), n’empêche que ce silence-là me gêne – surtout si c’est pour venir lire ici les contorsions verbales d’un WGG toujours délirant…
Vous ne voulez pas admettre que Simone de Beauvoir fait une lecture essentialiste de la Bible, comme si le Judaïsme réduisait (parce que ça l’arrange dans son argumentaire) la femme à la souillure de ses menstrues. Sa lecture de la Bible est faussée par ses préjugées. De là, par une coupable dérive, elle en vient à prétendre que le fait d’avoir des enfants n’est pas le propre de la femme. Il y a bien là une dénégation de la vie, que vous le vouliez ou non. Confirmé d’ailleurs par ce terme méprisant de pondeuse accolée aux mères de famille.
« Le Train » raconte une histoire désolante, surtout à partir du moment où le narrateur décide de quitter Anna pour rejoindre sa femme légitime. Et puis ensuite, le bouquet, c’est quand il refuse de l’aider quand elle revient le voir. C’est peut-être réaliste, et symptomatique d’une France qui collabore, mais que c’est déprimant ! Ce n’est pas le Simenon que je préfère.
Simone de Beauvoir a, sur un plan intellectuel, donner des raisons aux femmes pour ne pas avoir d’enfants, et, par là, contribué à la dénatalité de la France et de l’Europe et à leur vieillissement. C’est d’ailleurs ce que Pierre Chaunu appelait la « décadence objective ». On en voit aujourd’hui même les conséquences (problème des retraites, allongement de l’âge d’activité, effondrement de l’Ecole, problème des réfugiés, montée de l’extrême droite, etc.)
Sur les tabous de la souillure, les vues de l’anthropologue Marie Douglas me paraissent beaucoup plus intéressantes que celles de Beauvoir et du Vidangeur réunies.
« On ne naît pas femme on le devient », cette objurgation inaugurale a hanté ma vie, car ce fut mon 1er sujet de disserte en philo que j’eus à traiter en 1ère, et je me suis durablement torturé à la comprendre dans un sens littéral avant de lire le bouquin à l’âge de raison, beaucoup plus tard. Ce que j’en ai alors le plus durablement retenu, c’est le passage sur la névrose mystique de certaines femmes, ste thérèse d’avila ou autres, allez savoir pourquoi.
Je trouve aujourd’hui formidables la plupart des remarques des femmes d’ici qui témoignent des parallélismes vécus à l’époque du 2e Sexe et ce qu’elles peuvent y rétroprojeter dans Annie Ernaux, soixante ans plus tard. Que « Mémoire de fille » ait réussi à faire advenir tous ces passionnants commentaires, cela m’en bouche un coin, je dois convenir.
« Simone de Beauvoir a, sur un plan intellectuel, donner des raisons aux femmes pour ne pas avoir d’enfants, et, par là, contribué à la dénatalité de la France et de l’Europe et à leur vieillissement. »
MARÉCHAL, NOUS VOILà !!!! quel festival!
De là, par une coupable dérive, elle en vient à prétendre que le fait d’avoir des enfants n’est pas le propre de la femme. (Widergänger)
Ne jouons pas sur les mots. Personne ne saurait nier — et Beauvoir pas plus que quiconque — que le fait de mettre des enfants au monde soit le propre de la femme. Je doute fort que Beauvoir ait jamais soutenu cela. Ce qu’elle nie en revanche, c’est que la procréation soit, pour la femme une inévitable, incontournable vocation. De la femme, Simone de Beauvoir écrit (cité par Annie Ernaux page 110 de son livre) : « Nous pensons qu’elle a à choisir entre l’affirmation de sa transcendance et son aliénation en objet ». Celle qui choisit d’affirmer sa transcendance ne saurait être réduite au statut de « pondeuse », qu’elle choisisse de faire des enfants ou non.
Phil dit: 9 mai 2016 à 15 h 17 min
« Beauvoir n’a pas une plume terrible. »
Peu importe : super intéressantes, ses mémoires comme témoignage sur l’époque
sse ? dit: 9 mai 2016 à 14 h 55 min
« Quel pitre, décidément »
Il (WG) n’en n’a lu qu’un ou deux passages, en diagonale, et à mi bourré mi furieux
« problème des retraites, allongement de l’âge d’activité, effondrement de l’Ecole, problème des réfugiés, montée de l’extrême droite,… », tout cela serait selon le Professeur Wideganger parce que je n’ai fait qu’un seul enfant après avoir envisagé sérieusement–quelle honte!–de n’en point faire du tout, renonçant ainsi à ce que d’aucuns appelle mon « destin de femme ».
Chaloux dit: 9 mai 2016 à 15 h 17 min
« Lieu commun, histoire pour vignettes de paquets de chocolat. »
Jusque là les femmes mariées n’avaient pas le droit de travailler ni d’ouvrir un compte en banque en leur nom…
( Il paraît qu’en Italie en réaction aux féministes dans les années 70 beaucoup d’hommes sont retournés chez la mmammma (service linge et bouffe garanti ) )
« terre d’élection d’un certain matriarcat, les hommes filaient droit. »
c‘est pas faux, ils (enfin, pas tous) filaient droit pour avoir la paix à la maison, faisaient ce qu’ils voulaient au dehors – maintenant se contentent de filer droit en petits garçons obéissants, par peur de bonbonne (et de paraître phallos) – que beaucoup de femmes y trouvent leur compte -règnent- c’est sûr. Et vu le nombre croissant de mères célibataires et pères absents..
intéressantes, ses mémoires
Guilaume n’est pas un laitrai.
MARÉCHAL, NOUS VOILà !!!! quel festival!
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On peut toujours — c’est à la portée du premier imbécile venu — caricaturer les choses et se mettre la tête dans le sable au lieu de regarder les problèmes en face. Ce n’est pas très glorieux intellectuellement. Et même assez minable !
La mort de Flaubert est l’une des plus suspectes de toute l’histoire de la littérature. Enfin vous connaissez l’histoire mieux que moi…
Je doute fort que Beauvoir ait jamais soutenu cela.
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Mais si ! elle l’a soutenu.
Chaloux dit: 9 mai 2016 à 16 h 21 min
brave petit
Guilaume, des mémoires peuvent « intéressants » mais en aucun cas « intéressantes ». Tu n’es pas un laitrai.
peuvent être
Lisez plutôt Pierre Chaunu, ça vous rafraîchira les méninges. Vous en avez bien besoin :
— Histoire et décadence, Perrin, 1981.
Tout ce qu’il dit de la décadence n’a fait que se confirmer, hélas, depuis les trente dernières années, où il parle d’un « collapsus démographique ».
Vous êtes des ignorants prétentieux et ne savez manier que l’insulte au lieu de penser. Pas de quoi être fier.
alors j’ai une question d’ignorant prétentieux, Alba : si je te suis, le Castor aura donc eu une immense influence, non seulement en France, mais dans tous les pays qui connurent,connaissent ou connaîtront la transition démographique. Pas d’autres facteurs? Sûr?
N’empêche, Simone était une femme bien fou_t_ue, que tous ses détracteurs auraient voulu avoir au lit:
http://www.lexpress.fr/styles/diapo-photo/styles/beaute/l-obsession-des-fesses_907962.html#photo-9
Alors que Sartre, à poil, devait être carrément grotesque, un vrai gnome, surtout de face et en band_an_t – si avec toutes les amphétamines qu’il a prises pour écrire son hilarant « L’Être et le Néant » (un livre avec des passages vraiment comiques) il en était capable…
Histoire et décadence, Perrin, 1981.
Pour ma part, je préfère relire Oswald Spengler ou Edward Gibbon, ils avaient plus de distance et de souffle pour nous parler de décadence. Le déclinisme démographique, (spirituel et culturel) des très catholiques pères Chaunu ou père Ariès a été totalement démenti par le remarquable taux de fécondité des françaises, l’un des plus importants d’Europe. Or ce phénomène a des explications consensuelles aisées à comprendre, tout comme l’est la différence avec celui des allemandes. En dépit de Beauvoir ou de Badinter qui ne sont pour rien dans la dramatisation de notre toute petite séquence de temps, il y a de très faciles explications à cet apparent paradoxe. Comme très souvent, on s’injurie dans une situation où le féminisme français le plus idéologisé a frappé les imaginations mondiales sans avoir eu le moindre impact sur les dispositifs sociaux mis en place ici pour aider « la nature » (?) à faire son boulot. Rappelons qu’en l’espace d’une seule génération, comparativement à quelques millénaires, la population terrienne a engendré d’elle-même une triple grossesse démographique.
Ici on la voit mieux:
https://fumeedopium.files.wordpress.com/2012/01/beauvoir_nobs2008-11.jpg
La notion de « décadence » chez Taine.
D’un coté, à l’extrême de la course du balancier, les ventres des femelles chrétiennes désormais islamiques, tout juste bonnes à pondre car soumises entièrement aux hommes de la famille.
De l’autre côté le balancier court vers l’autre extrême, les femmes qui ne sont plus que des cerveaux sans ventre, ayant décidé de nier leur nature propre…
Raison garder ! Au milieu, on trouve en occident celles qui à la fois pensent et font des enfants, des femmes qui sont des hommes comme les autres, pratiquement libres de leur choix.
Simone de Beauvoir était plutôt dans l’esprit religieux du « tout sauf être femme/ventre, sauf dans les bras de l’Amiral, à NYC…
Article pour ceux qui n’aiment pas les indignations sélectives :
Janssen, n’oubliez pas d’honorer d’une majuscule ces..Françaises au taux de fécondité explosif, qui enfoncent les pronostics des Chaunu-Ariès (Goubert n’a pas eu le temps de se les coltiner).
Chaunu : tous les 21 janvier, il allait à la messe pour honorer la mémoire de Louis 16 et tous les 21 janvier je l’appelais au téléphone et lui prononçais un seul mot : COUIC !
@Delaporte dit: 9 mai 2016 à 15 h 51 min
C’est cela qui m’a intéressée, ce risque de banalité, de lâcheté adossé à une passion fulgurante pour cet homme qui se définit lui-même comme un être « effacé, terne, au front dégarni, portant des verres de plus en plus épais » et désirant laisser à son fils « une autre image » de lui, « qu’il sache que son père n’a pas toujours été le commerçant timide qu’il a connu, qu’il a été un autre homme pendant quelques semaines ». Mais il va jusqu’au bout, jusqu’à sa peur, sa lâcheté et cette fin terrible, (celle de Simenon) respectée dans la lecture théâtrale retransmise hier, est bien plus intéressante que la mort héroïque proposée par Granier-Deferre.
Je suis lasse des héros et des fins glorieuses. L’humain est bien plus gris (comme l’écrit Ph. Claudel.
@Clopine, définitivement un cas à part dit: 9 mai 2016 à 15 h 34 min
Vraiment intéressant, votre point de vue, Clopine.
Toutefois, j’analyse autrement son silence, par une autre supposition. Anna désirait peut-être, étant en fuite et appartenant à la Résistance, profiter de la protection tendre de cet homme sans s’engager. Un autre destin l’attendait et elle le savait. Il me semble qu’elle avait parfaitement jugé la fragilité de ce Marcel marié et père de famille. Elle savait qu’il la lâcherait pour retourner à son foyer. Peut-être avait-elle envie de vivre cet intermède lumineux dans cette sale guerre, seulement en lui murmurant « Chut… », en souriant. Je crois qu’elle savait la mort qui la guettait.
Mais c’est une supposition.
Simenon ne donne jamais toutes les réponses, tous les éclaircissements. Il laisse le lecteur faire son chemin… Il ne juge pas.
Chaloux dit: 9 mai 2016 à 16 h 26 min
sur blog ou mail peu importe
Pablo75 dit: 9 mai 2016 à 16 h 46 min
il avait des super nanas en tout cas
Mais oui, mais oui, Wgg, Onfray est le pire des antisémites et Beauvoir méprise son sexe, c’est cela, qu’on peut déduire de leur interprétation de la bible. Wouarf. Et les éléphants sont roses avec de petites ailes, pour ressembler aux angelots baroques, aussi.
jean-paul et simone http://www.npa32.fr/spip/IMG/png/sartre-beauvoir-03.png?2015/e3d2d0142ac0a6e10684d731943323da49fbfe13
Je viens d’écouter Le TRAIN en Replay
Un peu decevant par rapport à ce que ce que j’attendais, et probablemnt d’abord à cause de la voix d’Hanna ,véritable erreur de casting vocal. Comment a –ton pu doter une femme âpre secrète, grave et douloureuse de cette voix de petite demoiselle jouant les modestes devant un piano.
Quant à la trame de ce roman que je ne connaissais pas, elle vaut plus me semble –t-il par son « fond d’ecran », ce document sur l’exode, que par cette histoire d’amour banale et surtout banalement traitée .Dans le genre parenthèse passionnelle au milieu d’une vie terne et rangée je préfère La Route de Madison, plus riche de nuances
Quant à l’épisode ultime sensé donner une dimension tragique au souvenir lui-même il m’ fait l’effet de quelque chose de plaqué, comme un complément artificiel de l’histoire et etranger à cette histoire .
Suis-je passée à côté de quelque chose de grand que je n’ai pas su comprendre ?
17.09 Je vous concède bien volontiers la majuscule aux Françaises, à condition que vous m’accordiez de la mettre également aux Allemandes (NB/ j’ai tjs eu un petit pb avec cette règle de l’orthog, je sais jamais trop à quoi m’en tenir. Pourriez-pas me la rappeler une bonne fois pour toutes ?)
comme simone le pape a dit qu’il faut pas procréer comme des lapinshttp://www.djipe.net/wp-content/uploads/2015/01/21.1.15_pape_lapins.jpg
http://www.djipe.net/wp-content/uploads/2015/01/21.1.15_pape_lapins.jpg
guillaume dit: 9 mai 2016 à 17 h 47 min
sur blog ou mail peu importe
Ah bon… On aura tout lu.
Il se trouve que j’ai fait une thèse sur la décadence de la pensée chez Taine. Si vous voulez les référence, il suffit de me les demandez par mail.
@14.52 mon coeur tend à ouvrir prochainement Le Grand Marin de Catherine Poulain.
Eh bien, je vous envie, car c’est un bouquin venu de nulle part que j’ai adoré. J’espère que vous confirmerez.
À chaque vois que je vois quelqu’un ici discuter avec Widergänger, je suis surpris de sa naïveté (à moins qu’il vienne d’arriver). Comment peut-on aimer perdre son temps à répondre à ses délires, manifestement pathologiques?
Je comprends ceux qui l’utilisent comme sparring-partner pour se défouler un peu (ça m’est arrivé moi-même il y a des années) ou comme le sujet d’un exercice littéraire, presque musical, de variations infinies dans l’insulte à la Bloy, comme il fait Chaloux, dont j’admire vraiment l’obstination.
Mais s’abaisser à discuter sérieusement avec un tel « cas », ça j’ai du mal…
@18.11 je l’ai lue avec le plus grand intérêt mais à l’époque elle m’avait beaucoup déçue, elle me semblait manquer de profondeur de champ. Je n’ai d’ailleurs jamais compris comment on avait pu vous donner la mention très honorable avec les ficelle du jury.
À chaque fois*
Non, DHH, je crois que vous n’êtes pas passée à côté : moi aussi, c’est bien le « fond d’écran » qui m’a le plus convaincue (en résonance avec notre contemporanéité, non ?), et la voix d’Anna (enfin, quand la malheureuse dit quelque chose, c’est-à-dire pas souvent !!!) ne convient pas. Je pense que c’est un choix délibéré de ne PAS avoir doté cette voix d’un accent – elle est supposée être une jeune femme tchèque de 22 ans, et de l’avoir en quelque sorte « infantilisée » : et c’est une erreur. Il aurait fallu, bien entendu, qu’on puisse projeter une Marlène Dietrich, je veux dire une femme assez forte pour vivre intensément son désir, plutôt que cette post-ado énamourée. Mais le propos de Simenon n’est pas là, bien sûr : c’est « lui », son alter ego, qui l’intéresse…
Janssen J-J dit: 9 mai 2016 à 18 h 04 min
Pourriez-pas me la rappeler une bonne fois pour toutes ?)
Un homme allemand, mais un Allemand ;
Une femme française, une Française
Un soldat russe un ressortissant russe, une voiture russe, le gouvernement russe, mais les Russes.
Tant que c’est les pays, c’est limpide ; normalement les groupes sociaux c’est pareil, mais que normalement !
Le foot stéphanois, une Stéphanoise jusque-là ça marche encore…
18.15 Je comprends ceux qui l’utilisent comme sparring-partner pour se défouler un peu (ça m’est arrivé moi-même il y a des années)…
Mais voyons-donc, tout le monde en est un peu là, car chacun, au fond, un peu à son unisson, bien que pour lui ce soit plus dramatique car il confond depuis des lustres la réalité du virtuel, ne se parle qu’à lui-même… en faisant semblant de répondre à celui qu’on voudrait bien aider comme naguère JC ou MàC.
Pablo75, je vais être franc avec vous : vous commencez à me courir sérieusement sur le haricot avec vos commentaires qui n’apportent rien.
Quant à vous, Janssen JJ, il ne vous est pas venu un seul instant à l’idée qu’il y avait trop de J dans votre pseudonyme. Il faut qu’on finisse par vous le dire.
« très catholiques pères Chaunu ou père Ariès a été totalement démenti par le remarquable taux de fécondité des françaises, l’un des plus importants d’Europe. »
Un, Chaunu n’était pas catholique mais protestant, deux, la fécondité relative des françaises n’empêche pas que la proportion de personnes âgées inactives monte inexorablement. De plus les françaises ne sauveront pas toute l’Europe à elles seules. Nous sommes tous dans le même bateau.
@18.18 Tant que c’est les pays, c’est limpide
…et ça se gâte quand les peuples ne sont pas encore reconnus en tant que nations. J’ai du mal par exemple avec les inuits, voyez (Inuits, Inuitie ?) et pour les remarquables (femmes) I/inuites : comment rendre l’hommage dû à leur merveilleuse fécondité sans prendre le risque de nouvelles discriminations, si d’aventure, elles venaient à consulter ce blog pédagogique ?
Bon, il faut que j’y aille.
Je ne comprends pas pourquoi Clopine dit qu’elle est un cas à part alors qu’elle est d’un ordinaire déconcertant. Ce doit être de l’orgueil.
« Bon je sors m’acheter à manger et je reviens. »
Je vous suggère des endives au jambon, D. C’est très digeste.
@les françaises ne sauveront pas toute l’Europe à elles seules
1 – On vous a déjà expliqué d’écrire les Françaises
2 – Mais sauver l’Europe de quoi au juste, mon bon Saigneur ?
Le taux de fécondité des Françaises ne remédie pas au collapsus démographique du monde occidental.
Oui, Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir a contribué dans toute l’Europe féministe, qui s’en réclame, à dévaloriser l’image de la femme comme mère. Il y a bien eu un sursaut dans le monde occidental mais qui reste insuffisant. Ce n’est évidemment pas le seul facteur mais il y a contribué à sa bonne place.
Je cite Pierre Chaunu qui en parle (p. 326, dans un chapitre final intitulé « La décadence sst au cœur ») :
« Le fait nouveau apparu pour la première fois depuis dix ans est le franchissement massif de la barre des 2,1 enfants par femme. Le franchissement de cette barre par près d’un milliard d’êtres humains est le signe du caractère totalement hétérogène du phénomène mis en place. Ce que les démographes ont appelé la Transition démographique, ce fut l’ajustement progressif de la fécondité sur la mortalité. Cet ajustement commence vers 1750, dans une approche classique, au néolithique dans un survol plus synthétique. Cet ajustement s’achèveen catastrophe autour de 1970. Puisque les courbes se séparent et qu’à l’ajustement succède un désajustement. Pour la première fois en outre, l’ajustement ne peut plus être obtenu par une réduction de la mortalité ou un prolongement de la vie humaine. L’humanité développée ne peut plus espérer survivre, sans au sens propre, un choc et un repentir. »
18.24 de quel pseudonyme parlez-vous, D.D.D. ? Jean-Jacques Janssen est son vrai patronyme, c’te blagasse ! Et si vous lisez le Grand Marin, vous serez dégoûté à jamais de la morue, j’aime autant vous le dire, vous deviendrez végane.
Et vous prenez ces balivernes et billevesées de Chaunu d’il y a trente-cinq ans pour argent comptant ?…
Allez donc plutôt consulter François Héran, au moins il sait de quoi il cause, ce garçon bien vivant.
Bref, comme le disait l’autre charitablement, votre besoin de consolation est impossible à rassasier. On essaie pourtant de ne pas vous laisser tomber, car on nous a appris au cathé de la mosquée à ne jamais donner de coups de pieds aux psychotiques aux grands corps malades des nerfs.
pas catholique mais protestant
meuh, tout ça c’est un peu synagogue, non ? euh, synonyme, j’veux dire…, minuit chrétien, quoi, on se comprend.
Il montre ensuite que « la destruction de l’équilibre démographique du monde industriel est due à des pressions exercées à partir du pôle américain et du pôle soviétique »
Il poursuit un peu plus loin :
« Le collapsus démographique aura fait apparaître un phénomène que j’ai proposé d’appeler la décadence objective. Vous en connaissez la règle : remplacer le chiffre de la population par celui de la somme cumulée des espérances de vie de tous les membres du corps social. La population EN ESPÉRANCE DE VIE DE L’ENSEMBLE DU MONDE INDUSTRIEL DÉCROÎT DEPUIS 1972-1973. »
Et il ajoute avec trente ans et plus d’avance ce qu’on constate aujourd’hui :
« Il faudrait ajouter à ce chiffre brut un coefficient POUR LA QUANTITÉ D’INFORMATION DISPONIBLE ET EFFECTIVEMENT TRANSMISE, un coefficient de viscosité qui permettrait d’apprécier la transmission de l’acquis du sommet vers la base de la pyramide des âges. Depuis 1965 en Amérique, 1970 en Europe occidentale, la DÉTÉRIORATION DES SYSTÈMES ÉDUCATIFS est telle que l’ont peut affirmer que la DÉCRUE QUE L’ON OBSERVE SUR LE VOLUME DES ESPÉRANCES DE VIE EST PLUS RAPIDE ENCORE SUR LA PYRAMIDE DE LA REPROGRAMMATION DU SAVOIR. L’ACQUIS NE PASSE PLUS. LE VIEILLISSEMENT S’ACCOMPAGNE D’UNE VISCOSITÉ QUI EMPÊCHE L’ÉCOULEMENT DE L’ACQUIS. »
Et il conclut par ces mots :
« Les indices que je préconise marquent plus qu’un ralentissement du progrès, Giarini et Loubergé l’ont établi de manière irréfutable. Tout bien cumulé, c’est sans doute par un large amenuisement de l’héritage culturel que s’est soldé, à l’échelle planétaire (99,5% des laboratoires et des brevets viennent du monde industriel), la décennie 1971-1980. À partir de l’effondrement de la transmission de la vie, c’est tout le système de civilisation qui est atteint. Le collapsus de la vie n’est pas la cause première mais il est l’accélérateur, le perturbateur. CE QU’IL IMPORTE DE COMPRENDRE, C’EST LA DÉCISION QUI A ÉTÉ PRISE DE CONSACRER TANT DE POUVOIRS ET DE MOYENS DE LA CIVILISATION TECHNICIENNE À CRÉER UN ARSENAL DE DESTRUCTION QUI LAISSE LOIN DERRIÈRE EN EFFICACITÉ L’ARMEMENT ATOMIQUE. 1960 DONC, NON PAS 1945. PINCUS DONC, ET NON PAS HIROSHIMA, MARQUE LE VRAI TOURNANT, LE RISQUE POUR LA PREMIÈRE FOIS DANS L’HISTOIRE DE L’HUMANITÉ, DEPUIS L’ÉPIPALÉOLITHIQUE, DE LA DÉCADENCE OBJECTIVE. La crise est partie des Etats-Unis. Elle s’est étendue rapidement, par cercles concentriques. Elle a atteint simultanément la vie, l’intelligence, la créativité, l’enveloppe recherche développement, les indices de performances des laboratoires, les valeurs et la décision. » (p. 329-330)
Sous couvert d’émancipation, qui était cependant bien nécessaire, Le Deuxième sexe se situe en fait dans l’arsenal de destruction de la civilisation occidentale. Oh, ce n’est pas une grosse bombe atomique, juste une grosse grenade mais qui, bien dégoupillée, a fait son petit effet.
Quel insoutenable NAUFRAGE que ce « Train » sculpté dans un pain de sucre avec incrustations de tout ce qui peut exister de plus terrible en fait de confiserie. Deux minutes de cette écœurante préparation et j’avais déjà des hauts-le-cœur.Combien d’auditeurs, moins prudents que moi qui ai immédiatement fermé ce robinet à sirop d’une incroyable complaisance, trépasseront derrière leur poste dans d’épouvantables souffrances, l’ayant laissé couler jusqu’au bout, caramélisés?
Il fut un temps ancien où la République des Livres était un espace de liberté, un territoire ouvert où l’expression n’était pas modérée à coup de ciseaux d’argent, pour d’obscures raisons. C’en est fini de cet âge d’or.
Désormais, place au communautarisme de boudoir, espace clos d’entre-soi, souvent insalubre, où de revêches sommités autoproclamées le disputent à de féroces rancuniers littéraires… Autres temps, autres mœurs.
« … l’arsenal de destruction de la civilisation occidentale. »
En voilà un qui n’est pas très fort en histoire… : la « civilisation occidentale » a toujours su se régénérer car nous savons nous nourrir des crises. Certes, si on ne sait que pleurnicher on loupe tous les passages…
à ….. de 7:32, cela empêche des an.douilles comme toi de venir nous les casser régulièrement et c’est tant mieux
Chaloux, vous exagérez ! Le « train » n’a rien de la praline caramélisée que vous décrivez ! Certes, les légères incohérences du texte (écrit pour épater un fils, il se termine par un acte de lâcheté tel qu’il ne pourrait produire, sur ledit fils, que l’exact contraire de l’effet recherché), comme aussi celles relevées par DHH, empêchent une totale adhésion. Mais la pureté de l’interprétation sobre de Gallienne dessine parfaitement le texte simonenien. Et Assouline a (quand même !) réussi son pari ! Bravo !
…
Si l’on peut parler d’autre chose, je voudrais m’adresser à la bienveillance de DHH (et tant pis si les trolls me mordillent les mollets !) : je sais les origines méditerranéennes de cette grande Dame, sa profonde connaissance historique et sociologique des pays du pourtour méditerranéen. Je voudrais, non lui « soumettre », mais éveiller si possible son intérêt pour le récit de mon récent séjour à Marseille, en cours sur mon blog. Oh, ce n’est qu’une sorte de petit journal de voyage, et je n’ai pas la prétention d’être une étonnante voyageuse ! Mais j’ai cependant souvent pensé à elle dans les rues de Marseille, dans les différents quartiers, de la Plaine au Panier, traversés…
Donc, DHH, c’est un peu pour vous, aussi, que j’écris en ce moment, tous les jours, mes modestes impressions marseillaises : me ferez-vous l’honneur d’y réagir ? Merci d’avance !
Clopine, je n’ai pas le temps de vous répondre. J’aime beaucoup Gallienne, mais je persiste: le livre n’est pas le meilleur de Simenon, et cette adaptation noyée dans des valsouilles tagada ne l’arrange pas.
Bonne promenade,
Pour comprendre Marseille et les Marseillais, il faut se lever matin….. ce n’est pas donné à « n’importe qui » !
En téléchargeant « A l’abbatoir », j’ai constaté qu’Annie Ernaux avait publié « Regarde les lumières, mon amour » dans cette épatante série ‘Raconter la vie’, que dirige Pierre Rosanvallon. De l’espoir, vous dis-je.
Ce qui me paraît remarquable dans le récit d’Ernaux, c’est la lucidité avec laquelle elle peint l’ambiguïté dans la façon dont son personnage vit ce qui lui arrive : elle le choisit et elle le subit à la fois. D’un côté elle l’éprouve avec joie comme une émancipation et une revanche sur une éducation étriquée (voir sa façon joyeusement cynique d’évoquer ses aventures dans ses lettres à ses amies) ; de l’autre elle entre dans une logique de soumission au mâle-qui-a-de-toute-façon-raison, et se reconnaît dans les poncifs les plus éculés du grand amûr tûjur (l’idéal Dalida). La force du récit d’Annie Ernaux est aussi de concilier l’analyse lucide des errements de cette fille qu’elle a été avec une empathie qui lui fait présenter comme légitimes ses pensées, ses émotions, ses joies. Après tout, dans son aveuglement, il lui est arrivé d’être heureuse ; on ne peut pas lui enlever cela. J’étais complètement à côté de la plaque, mais j’ai été heureuse. L’illusion comme condition du bonheur ?
Est-il normal pour une fille de 18 ans, surtout si elle a eu 18 ans en 58, de nourrir pareil rêve en toc, au risque d’un réveil brutal au contact d’une réalité qui, comme écrit Aragon, parlant d’un autre rêve, « l’entend d’une autre oreille » ? Annie Ernaux semble suggérer que oui, dans ce passage où elle semble regretter d’avoir eu honte, plus tard, de ce rêve :
» Dès que j’entends dans le métro ou le RER les premières notes de la chanson Mon histoire c’est l’histoire d’un amour jouée, quelquefois chantée en espagnol, je suis à la seconde évidée de moi-même. Jusqu’ici — Proust est passé par là — je pensais que durant trois minutes je redevenais réellement la fille de S. Mais ce n’est pas elle qui resurgit, c’est la réalité de son rêve, la réalité puissante de son rêve que les mots chantés par Dalida et Dario Moreno étendaient à l’univers entier avant qu’il ne soit recouvert, refoulé, par la honte de l’avoir eu. »
A quoi bon, en effet, en avoir honte ? L’important est de comprendre pourquoi on l’a eu, pourquoi on s’y est identifié si puissamment. Le mot « idéologie » s’applique habituellement à autre chose que des rêves de midinette. Pourtant derrière les paroles de ces chansons d’amour, interprétées à l’époque par Mouloudji, Edith Piaf, Dalida et beaucoup d’autres, c’est bien une idéologie qui se dissimule, une idéologie dont il vaut de cerner les origines, le contenu et les effets sur la vie de celles et ceux qui s’y laissent prendre.
Longtemps, la fille de 58 est restée enfermée dans la honte, et doublement. Il y a d’abord eu cette honte vécue pendant cet été 58, honte d’avoir été rejetée par l’homme dont elle était amoureuse, honte d’avoir à subir les quolibets insultants des autres moniteurs et monitrices ; puis, après le choc de la lecture du « Deuxième sexe » , la honte d’avoir été si stupidement naïve. Un des buts de ce retour sur ces moments de sa vie, c’est, dit l’auteur, de « désincarcérer » la fille de 58 de la honte. Elle y réussit assez bien.
La seconde partie du livre marque les étapes d’une libération intérieure qui aura duré cinq ans : libération des séquelles du désastreux épisode amoureux et sexuel de l’été 58 ; libération du modèle parental de la « réussite » personnelle et sociale ; affermissement d’une vocation d’écrivain. Le livre écrit, l’auteur s’en éloigne déjà : » Déjà, écrit-elle, le souvenir de ce que j’ai écrit s’efface « . Mise à distance d’autant plus saine qu’elle s’avise qu’elle aurait pu l’écrire de bien d’autres façons : » C’est l’absence de sens de ce que l’on vit au moment où on le vit qui multiplie les possibilités d’écriture « . Trop souvent, les gens enferment leur passé dans une interprétation et une seule ; le ressassement du même et unique sens de leur vie les rassure, sans doute, mais aussi les appauvrit. Telle qu’ Ernaux la conçoit, l’écriture de soi est aussi une libération. Désincarcérer la mémoire, désincarcérer le sens.
sse 12:12, enfin un commentaire lucide et intelligent
Un film sur l’époque « Adieu Philippine » de Jacques Rozier – tourné en 60 sorti en 63 je crois
Article pour celles et ceux qui n’ont jamais entendu parler de Denis Beaupin :
De l’espoir, vous dis-je.
Il ne me reste plus qu’à éliminer le jambon pour revendiquer l’AOC végétarienne, plus on y pense moins on en mange cependant si tous nous convertissons au végétarisme les filières agricoles ne se porteront pas mieux, attendre pour les animaux d’élevage une mort indolore mais ils ont gardé un sens olfactif plus développé que le nôtre , je crains que leur souffrance aille aussi comme pour nous au delà de la dimmension physique.
dimension* sorry.
Al Ceste dit: 10 mai 2016 à 13 h 21 min
ça concerne tous les partis (‘petites gâteries’ de 2neurones , réflexions de bas étage sur une ex ministre ‘verte’ entre nombreux autres signes de supériorité de ces pauvres types
@Chaloux dit: 9 mai 2016 à 21 h 35 min
Ceci n’est pas une critique littéraire, juste quelques lignes, dans un match…
Il y aurait tant à dire (en oubliant les personnalités magnétiques de R.Schneider et J-L.Trintignant du film de Granier Deferre) sur ces ratés, ces médiocres que choisit volontairement Simenon. « Ces hommes à la dérive, ces petit-bourgeois des classes moyennes, dont Nimier, le renard, disait que le génie de Simenon était d’avoir pris ses lecteurs pour personnages, (en parlant de l’homme de la rue à l’homme de la rue, en mettant à nu leurs communes angoisses et contradictions refoulées…. »
P.Assouline écrit encore : » Ses héros partent quand ils sont submergés par une lassitude de l’existence qui confine à la mélancolie. Ils sont exténués. Leur dernier sursaut d’énergie est celui qui leur permettra de passer la ligne, ils passent de la routine au vertige sans que rien dans leur passé ne les ait préparés à une telle épreuve. Un grain de sable va bouleverser leur destinée et les engager dans une voie dont ils ne soupçonnaient même pas l’existence. Tout le roman se déroule en amont et en aval de cette ligne. (…)La rédemption de ses personnages en rupture se traduit souvent par la confession vécue sur le mode du soulagement, la réintégration dans le milieu d’origine et la réconciliation avec soi-même. L’intrigue est alors considérée comme secondaire, n’est rien par rapport à l’obstacle qui les fera trébucher, basculer, réagir. »
L’univers de Simenon n’est pas « sucré », il est tragique.
Ne pas oublier aussi qu’en mai/juin 1940 il a été désigné comme haut-commissaire aux réfugiés belges regroupés dans le centre d’accueil de La Rochelle. Il réussira à écrire « Le Train » vingt et un ans après (Livre qui s’intitulait « La Gare » et non « Le Train » « car son projet était vraiment de raconter la guerre, toute la guerre vue d’un quai. Les convois, les troupes, les réfugiés, les civils…. »
Oui, il y aurait beaucoup à dire et Clopine et DHH, fines mouches, s’y sont employées. Quant à Anna, la mystérieuse, trop intense pour devenir un personnage de Simenon…
(Les citations sont du « Simenon -biographie » de Pierre Assouline, paru chez Julliard en 1992. Ne pas rater l’avant-propos…)
@sse ? dit: 10 mai 2016 à 12 h 12 min
Belle lecture mais Simenon m’a éloigné d’A.Ernaux.
DHH, DHH, vous n’avez que ce mot à la bouche. On ne sait même pas qui c’est, DHH. Si ça se trouve elle n’a jamais existé et vous êtes tous là à laduler pour ne pas dire l’adorer.
bérénice dit: 10 mai 2016 à 14 h 28 min
l’AOC végétarienne
Boh c’est pareil c’est des bêtes aussi mais qui bougent pas… Sauf les carnivores ! Ou les séquoias de Ferdine qui prennent toute la place…
Le seul truc pour être sûr c’est de croquer du granite… Du basalte si on veut ça chaud ! On fait livrer par un pizzaiolo reconverti…
Mais ça tient à l’estomac, sans mentir !
Y a un créneau pour les recettes…
Lisant les dernières pages du livre d’Annie Ernaux, je me disais qu’il y règne un parfum de liberté. Mais — et c’est bien plus beau, et sans aucun doute plus éclairant — ce n’est pas de liberté qu’il s’agit, mais de libération. Les philosophes débattent depuis toujours pour savoir si l’homme est libre. Question sans doute insoluble, et dont la réponse relève au fond de la croyance. Mais, que nous soyons libres ou non, ce dont on ne peut douter,ce qui est abondamment vérifiable dans les faits, c’est que, dans l’expérience individuelle comme dans l’expérience historique collective, nous sommes aptes à vivre des libérations, à travailler à des libérations, à faire advenir des libérations. Et c’est en cela que la lecture de « Mémoire de fille » est tonique et vivifiante.
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