Buster Keaton entravait que dalle à Samuel Beckett
« Dehors, Dedans, Entre ». Bigre ! Voilà bien un thème d’exposition. En le découvrant, on se demande ce que cela ne concerne pas plutôt que ce que cela concerne. Le psychanalyste Gérard Wajcman, également écrivain et directeur du Centre d’histoire et de théorie du regard, l’a pourtant choisi pour répondre à l’offre de carte blanche de l’Imec, (Institut Mémoires de l’édition contemporaine) à l’abbaye d’Ardenne, près de Caen, où sont conservés et communiqués aux chercheurs une grande partie des archives des éditeurs, des écrivains, des dramaturges, des metteurs en scène. Un lieu « m&m » comme l’a baptisé l’invité, autrement dit : méditation & mémoire. Un lieu qui, depuis le 25 juin et jusqu’au 22 octobre, accorde l’asile poétique au Centre Pompidou désireux d’aller se faire voir ailleurs à l’occasion de ses 40 ans.
On ne sera donc pas étonné de découvrir un grand nombre de films puisés dans ses fonds, aux côtés de documents et d’objets trouvés dans les riches réserves de l’Imec. Pour ce qui est des films assez brefs projetés en continu, outre les 16mm, super 8, vidéos numérisés d’artistes tels que Bill Viola, Gordon Matta-Clark, Bruce Nauman, , Paul McCarthy, Valérie Mrjen, Chantal Akerman notamment, L’Appartement de la rue Vaugirard dans lequel Christian Boltanski avait filmé en 1973 la vie disparue demeure un étrange objet qui n’a rien perdu de capacité à étonner ; de même la Tentative de dressage d’une caméra où Jacques Lizène tentait, avec un humour que l’on dirait typique des années 70, de tenir tête à l’effronterie faite filmeuse en lui faisant face sans jamais baisser les yeux et en l’entrainant à suivre sa main dresseuse comme si elle était une chienne. Enfin, tout cela entre mal dans la réduction descriptive. Disons qu’il faut voir.
Ce qui n’est pas le cas, plus classique, de ce qu’il faut lire, des papiers et objets sous vitrine, les textes originaux surtout tant les graphies d’écrivains sont émouvantes surtout pour qui ne les a connues que typographiées et imprimées. Outre des notes de Jean Paulhan, Serge Doubrovsky, de Robbe-Grillet, Maurice Blanchot (« … pendant le sommeil, je sais très bien le grec… ») ou de Louis Althusser sur ses rapports avec sa femme (« en réalité, je suis un garçon impossible »), beaucoup aimé une chemine cartonnée brune contenant le scénario et les dialogues de Nathalie Granger sur laquelle la Marguerite avait écrit au gros crayon rouge : « Duras ! Ne pas prendre ou je tue !! » ; une lettre de 1920 de Cocteau à « mon cher bébé » Radiguet ; les brouillons insensés d’Arthur Adamov ; les carnets à spirale de Roland Dubillard ; une liasse de lettres de prison encore enveloppées de Lucien Rebatet tandis qu’il achevait l’écriture de son roman Les Deux étendards ; d’autres lettres, bouleversantes (« … Or voilà que l’infini ne donne aucun vertige, je le sens en moi… ») de l’écrivain marocain Abdellatif Laabi à sa femme depuis sa prison de Kénitra où Hassan II l’avait envoyé pourrir pendant plusieurs années.
Cela dit, si je n’avais du ne repartir de cette étonnante exposition qu’avec une révélation, une seule, ce serait sans aucun doute Film de Samuel Beckett, une étrangeté dont j’ai souvent entendu parler mais que je n’avais jamais vue intégralement (ici un extrait), de mes yeux vue exclusivement puisqu’elle est muette. La projection se déroule en continu non dans les grandes salles d’exposition de l’abbaye d’Ardenne mais à la porterie du monastère, dans une aile qui fut jadis l’écurie. Il n’y a rien d’autre à y voir que Film, un film 35 mm datant de 1964 numérisé noir et blanc d’une durée de vingt minutes, que Gérard Wacjman résume admirablement ainsi dans le catalogue Intérieur (128 pages, 20 euros, Imec) :
« Un vivant s’emploie à déshabiter tout, la ville, la société, le langage, sa maison, jusqu’à son propre corps. Comment soustraire sa présence ? Tout l’effort porte à séparer son corps de son image, à arracher son visage, à déposer son enveloppe visible. Se défaire de soi-même, mais sans se tuer ; s’extraire de la vie des voyants, mais sans se crever les yeux. »
Le vivant en question, principal acteur de Film qui compte également deux personnages secondaires, n’est autre que l’inégalé Buster Keaton. La Correspondance (Gallimard) de l’écrivain pour les années 60 nous renseigne bien sur la genèse de son projet, notamment ses échanges avec Alan Schneider, son réalisateur. Beckett, qui eut un certain mal à résoudre le problème du double point de vue qui devait dominer son projet, voulait y pousser à son acmé la capacité de l’individu à se rendre imperceptible. Un œil filmé en très gros plan, quasiment à vif, ouvre le film. Boris Kaufman, qui fut le chef opérateur de Jean Vigo pour Zéro de conduite et L’Atalante, a parfaitement appliqué les demandes très directives de l’auteur. Tout le reste exprime le désir de ne pas être vu, d’échapper au regard, ce qui prend une nouvelle dimension un demi-siècle après dans un monde où rien n’échappe plus au regard et à « l’Empire de l’œil absolu » comme dit Wacjman.
Assistant au tournage à Manhattan de son seul film, Beckett n’avait donné qu’une consigne à son acteur, et lorsqu’on sait la rigidité de ses didascalies pour ses pièces, on imagine qu’elle valut injonction :
« Chercher à ne pas être. Par tous les moyens »
D’après Gérard Wacjman, mais je me demande bien quelle est sa source, l’acteur aurait commenté :
« J’y entrave que dalle »
Quand on y pense, la rencontre Beckett/Keaton, ça a du être quelque chose. Ou rien, comme souvent lorsqu’on attend trop de la rencontre au sommet entre grands deux créateurs admirés. Le réalisateur l’a racontée : lui et Beckett avaient rendez-vous chez l’acteur. Lorsqu’ils sont arrivés, celui-ci vidait une bouteille de bière tout en regardant un match de base-ball à la télé. Les deux hommes ont échangé quelques banalités, Beckett se forçant à parler pour meubler le silence. Puis Keaton est retourné à son match, ne pensant même pas à leur offrir une bière. Commentaire du go-between qui désespéra de les rapprocher :
« Ils n’avaient tout simplement rien à se dire, aucun monde d’aucune sorte à partager (…). Ce fut un désastre »
Mais quel film ! et quelle inquiétante étrangeté s’en dégage, surtout quand on le voit dans l’écrin de la porterie du monastère, sous ses voûtes, en plein champs… Plus qu’une curiosité historique. Pas de musique, pas de parole. On entend bien un mot, un seul : « Shush » autrement dit : « Chut », qu’il voulut aussi bref et aussi peu appuyé que possible, lorsque l’homme et la femme se regardent, qu’il veut rouspéter et qu’elle l’en empêche en posant son doigt sur sa bouche . Ca veut tout dire. A la toute fin, le personnage interprété par Buster Keaton a une expression d’épouvante lorsqu’il se rend compte que la caméra le perçoit entièrement.
La prochaine fois que vous direz à quelqu’un : « Va voir ailleurs si j’y suis ! », c’est dans les salles de cette exposition à l’abbaye d’Ardenne qu’il se rendra certainement. Car c’est là qu’il aura de fortes chances de vous trouver absent, enfoui sous une lettre ou dans une image.
(« Abbaye d’Ardenne » photos Passou ; « Philippe Soupault. Manuscrit du Journal d’un fantôme, 1946. Fonds Philippe Soupault/IMEC, Photo M. Quemener)
970 Réponses pour Buster Keaton entravait que dalle à Samuel Beckett
https://giphy.com/gifs/college-buster-keaton-rain-Lb1cMRPwRjN9m
Une jolie divagation sentimentale un peu vaine. Je suis allé voir si on y était, dans l’abbaye de Noirlac préférant ne jamais voyager à Jérusalem ou à Kiev durant le mois d’août. Pour rechercher Beckett et Keaton, le mieux est encore d’aller s’asseoir dans la fameuse église troglodytique souterraine d’Aubeterre sur Dronne, où il fait frais pour la fin de partie.
Mais je comprends qu’il n’y a rien compris. Beckett n’est pas un auteur facile à comprendre. Son théâtre, ça va encore, disons les pièces jouées habituellement, bien connues. Mais les morceaux de la fin, pareil très difficile et les récits très difficiles. Ce sont en fait des méditations sur ce Qu’est-ce que c’est qui se passe ? Qu’est-ce qu’un événement ? Est-ce qu’il se passe quelque chose comme l’amour dans ma vie ou pas ? Ce sont des sortes de méditations philosophiques, métaphysiques narrativisées ou conçues dans le moule du récit, d’un monologue intérieur. Alain Badiou donne quelques pistes intéressantes dans son séminaire, mais c’est difficile aussi à comprendre… Comme Mallarmé, c’est un auteur finalement aussi difficile à lire que Mallarmé, mais aussi profond.
Film et sujet remarquables, merci Pierre Assouline!
G. Wajcman est excellemment l’ homme de la situation, rien que le petit extrait du film donne envie de se référer à deux de ses essais : Fenêtre (2004 ) et l’ œil absolu (1998).
Les relire surtout.
Car plus que psychanalyste, Wajcman est un extraordinaire penseur de l’ image, notamment dans ces deux essais cités ci-dessus.
(hier vers minuit -> heure de kiev)- « La conférence du perroquet, c’est de Beckett ! »
Plutôt du Flaubert, d’après Julian Barnes…,
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Perroquet_de_Flaubert
Votre libellé Pierre assouline, à fortiori l’ exposition proposé à la visite, pose une question : » Le droit de regard s’avoue comme corrélé au droit à l’ombre : la fenêtre comme tableau rompt le régime de la réciprocité des regards. Cette rupture est l’invention du sujet, à la fois métaphysique et matérielle : elle trace réellement la place du sujet, son territoire, et le désenvoûte du visible comme visitation, comme éblouissement, ce qui n’exclut pas (et bien au contraire ce qui implique) le visible comme fascination, comme objet de désir – et bientôt, on le verra, comme aliénation.
Ainsi la naissance de l’intime, naissance d’une illusion vitale qui se sait illusoire, d’un regard dérobé qui peut se poser sur le monde qu’il constitue ipso facto, est la condition même du sujet. Car il n’y a de sujet que là où un point de retrait, un point de fuite en deçà du visible, est re-constitué. Et là où le visible vient manger cette place, là où le reflux du visible vient dévorer et éblouir le point qui rend le regard possible, il y a effacement du sujet. C’est l’exemple désespérant de Mme R, patiente psychotique qui vit l’enfer de se voir vue constamment : totalement transparente, elle n’a plus d’existence, annihilée, dévorée qu’elle est par un Malin génie à qui on ne peut pas dire : « tant que je pense que tu me trompes, que tu m’en mets plein la vue, alors j’existe ». Ne pouvant être trompée, elle n’existe plus : pour voir quelque chose qui ressemble à un objet vu par un sujet, il faut en effet pouvoir être trompé et se ménager un point de vue, un retrait. »
Passionnant.
A. Badiou, Théorie du Sujet.
En revenir à ce film fascinant. On y détruit l’ image mais on crée et la peinture » blanc sur fond blanc » de Malévitch et par la même occasion un ready made de Duchamp, un espace blanc et son clou ( du spectacle pourrait-on dire!)
Deux exemples que Wajcman traite dans ses deux ouvrages.
Quel film!
( Peut-on accéder à sa totalité, Pierre Assouline?) En dehors de l’ expo à Caen, bien sûr?
Il devait en effet y avoir quelque chose de Mme R. chez Beckett. Beckett n’était alors pas capable sans doute à ce moment de sa vie de le formuler ainsi, donc de l’expliquer à Buster K. Normal qu’il n’y ait rien compris.
Étonnant que cette non-rencontre Keaton/Beckett ait donné quand même un film de cette profondeur sémantique et esthétique.
Le séminaire de Badiou, Beckett et Mallarmé (1988-1989) :
http://www.entretemps.asso.fr/Badiou/88-89.htm
A. Badiou, Séminaire : Théorie axiomatique du Sujet (1) :
http://www.entretemps.asso.fr/Badiou/96-98.htm
Sister Rosetta en tournée outre Atlantique chez Queen Elizabeth, présence sonore
contemporaine du film de Beckett : Didn’t It Rain
https://www.youtube.com/watch?v=SR2gR6SZC2M
A. Badiou, Séminaire : Théorie du Sujet (2) :
http://www.entretemps.asso.fr/Badiou/96-98.htm
Pour celles et ceux que cela intéresse, une claire analyse des problématiques développées dans les deux ouvrages de Wajcman :
A. Badiou : Séminaire L’anti-philosophie (2) Wiitgenstein :
http://www.entretemps.asso.fr/Badiou/93-94.htm
Soupault ?
La fenêtre derrière laquelle Yvain découvre la dame et en tombe amoureux correspond exactement à l’analyse de l’intime chez G. Wajcman. Très intéressant, je vais me le procurer ce bouquin sur Fenêtre. Cela correspond à tout l’enjeu du roman de Chrétien de Troyes d’ailleurs : Yvain se constitue comme Sujet.
Il faudrait reconstituer une histoire de l’intime. En fait l’intime naît au XVIIè siècle. Mais on voit bien qu’il y a toute une préhistoire de cette naissance de l’intime au Grand Siècle, une préhistoire qui partirait vraisemblablement de cette fameuse scène chez Chrétien de Troyes d’Yvain à la fenêtre, vers 1180 donc. Mais on voit l’étonnante modernité de Chrétien !
À lire Beckette à travers G. Wajcman, le problème de ses héros c’est l’aliénation du visible, et par là du désir. C’est bien en effet tout le problème de Beckett. Le film nous raconte finalement à la fois cette aliénation, comment elle s’opère, et comment le héros cherche à se désaliéner, à se désenvouter du visible en somme. D’où par exemple ces draps noirs et inquiétants qu’il pose sur la cage du perroquet et sur le vase du poisson. On assiste à une scène de désenvoutement en quelque sorte…! Mais à comparer Beckett et Chrétien de Troyes, on voit à quel point le problème dépasse la personne de Beckett et constitue en somme un problème du Siècle, comme le regard d’Yvain est aussi le regard de son Siècle. On passe du regard désirant qui le constitue comme Sujet intime au regard aliéné dans le visible du Siècle de Beckett. Et c’est passionnant de suivre ainsi G. Wajcman.
La socio du droit a qq chose à nous apprendre sur l’historicité de la notion d’intimité en occident, comme appropriation puis défense de la propriété de soi… (sans compter ses extensions ultérieures chez un R. Sennett, par ex.). Evidemment, ces entrées sont un plus réductrices que la notion philosophique et littéraire « d’intime » qui, top acqueuse, veut tout dire et son contraire en permettant surtout à n’importe quelle logorrhée élucubrée de s’imposer par toutes les fenêtres ouvertes et fermées.
Il vaut sans doute parfois mieux s’en tenir au balisage d’objets beaucoup plus précis, comme s’y livre ici, sans prétention aucune mais avec une rigueur certaine et validée, ce collègue de l’iresco, jean-françois.
https://www.erudit.org/fr/revues/socsoc/2003-v35-n2-socsoc711/008527ar.pdf
C’est aussi toute la problème du Sujet dans les scènes de théâtre ou de roman qu’on appelle « voir sans être vu ». Chez Claudel avec un écran, dans les romans libertin du XVIIIè siècle, chez Proust, la fameuse scène du bourdon avec Charlus et Jupien. Avec finalement une dialectique : construire l’intime/surprendre l’intime.
Le droit à la propriété de soi n’apparaît qu’au XVIIIè siècle, ce qui est bien normal puisque l’individu, qui découle de l’invention de l’intime, ne reçoit des droits qu’à la fin du XVIIIè siècle. Mais on voit bien que ces droits qui protège l’intimité de l’individu remonte à une histoire bien plus ancienne, au Moyen-Âge, vers la fin du XIIè siècle dans la littérature française, chez Chrétien de Troyes, qui est la pointe la plus avancée du siècle.
Les droits, c’est une histoire bien plus récente. mais tout aussi passionnante. On voit bien qu’il n’y a pas de droit sans une anthropologie préalable qui les rend légitimes.
Silent theater
http://www.phaidon.com/resource/9780714863092-image-5.jpg
Dix-huitième siècle.
Oui.
Cela coincide avec la fin du corps du Roi et le détachement des soutiens du système symbolique de la Monarchie. On pense à soi ne pouvant penser à quelque chose qui vous transcende.
Et on tombe mettons de Bayard à Joseph Prudhomme via l’Emile.
La Restauration: La mal nommée.
A part ça, un coté Salpétrière période Charcot dans ce film. Mais à coté de Marguerite D , c’est du Gance! En plus on échappe au dialogue…Et si Beckett était meilleur cinéaste que dramaturge?
MC
On pense à soi ne pouvant penser à quelque chose qui vous transcende (MC)
___________
Mais soi n’est jamais autonome. Il y a toujours ce que Sartre appelle une « Transcendance de l’Ego ». Elle est venue d’ailleurs dans la subjectivité occidentale européenne en lieu et place du Corps du Roi (peut-être ? à voir).
___________
Un côté Charcot, je ne dirais pas ça comme ça. Il ne s’agit pas d’hystérie ici, mais bien plutôt de psychose ; c’est le profil psychotique de l’individu qui est ici mis en scène.
Et c’est tout à fait juste que le décor comme les costumes, les murs troués, lépreux, blancs, et la longue redingote noire qui couvre quasiment la totalité de son corps et traduit bien qu’il s’agit dans ce film d’un problème du corps (le propre de la psychose précisément par rapport à la névrose), créent une atmosphère on ne peut plus angoissante. À cela s’ajoute la figure de la persécution dans le dossier de la chaise qui ressemble à la figure d’un diable avec des yeux vides qui le regardent justement.
Il faut admirer ici la capacité de Beckett à trouver les images qui expriment ses problèmes intérieurs et à les articuler dans une sorted e scénario. C’est très remarquable. Fallait les trouver ! C’est loin d’être évident.
Beckett est quand même un très grand dramaturge. Le plus grand du Siècle à mon avis, avec des réussites inégales. Mais En attendant Godot, c’est la plus grande pièce du Siècle pour moi.
D’un Nobel, l’autre ; un titre hors de propos, parfait pour accompagner Buster : Rainy Day Women #12 & 35
https://vimeo.com/225558751
Elle a de la gueule, cette abbaye d’Ardenne. Au fond, toutes ces églises, leur vraie vocation, c’était d’être des musées, en tout cas des lieux d’exposition. Quant à moi, je ne suis jamais entré dans une église qu’avec la curiosité de l’amateur d’art : de crucifix roman en autel baroque, de triptyque en gisant, de collection de calices en collections de cous lisses. Sans compter les multiples expos d’artistes renommés ou locaux. Le tout baignant dans une vague ambiance de spiritualité très vaguement judéo-chrétienne, pour faire couleur locale. En plus, il y fait frais et on n’y entend pas de bruit de moteurs. Le pied.
Vous avez fini par réussir à m’ennuyer, ce n’est pas donné à tout le monde. J’ai visité ce site qui est fait de nature sauvage, l’église on s’en fout elle est fermée https://www.dropbox.com/s/pwspx49g1kdu62o/Fichier%2015-08-2017%2000%2002%2036.jpeg?dl=0
Bonne chance
…
…un recueils de textes censurés, avec une éventuelle évolution des prérogatives, pour motivés, les palissandres ainsi, créer,…
…
…la liberté, pour ne plus penser, qu’à la pensée unique,… » le fric, c’est chic « ,…
…
…la recherche, pour trouver un bordel en abbaye,…
…sans fric, c’est plus profond,…
…il y a de çà,!…etc,…
…à nos communiantes aux vendanges,!…aux comptoir, de leurs premières » bières » officielles,…
…shots & chips,…les commensaux recommencées,!…etc,…
…
On voit bien que la structure du récit de Beckett dans son film est exactement la même que celle du Château de Kafka.
Le Moi, c’est la chaise qui est comme un trône (d’où la remarque très intéressante de Marc sur le Corps du Roi ici comme Transcedance de l’Ego : le Moi s’excède lui-même toujours, et c’est ici sous la forme de la représentation d’un trône, un trône inquiétant qui contient la figure de la persécution de la psychose sur son dossier). Cette figure de la persécution est dédoublée, elle se retrouve dans la figure épinglée sur le mur d’un roi iranien (c’est une image très connue, je crois qu’il s’agit d’un roi iranien ou d’un dieu iranien, à voir, elle est en tout cas l’image de couverture d’un gros livre chez Dunod je crois sur l’Iran). Buster Keaton l’arrache du mur, la déchire et la piétine dans un geste vengeur de révolte contre cette figure de la persécution (acte positif de création d’un premier espace vital pour l’existence du Moi, qui néanmoins en a besoin — d’où le fait qu’il soit double — pour se séparer du Corps de la Mère)
La mère phallique c’est la pièce elle-même avec ses murs blancs, qui joue le rôle d’une crypte. C’est le fameux fantasme de la Crypte du Corps de la Mère phallique. Ça correspond à l’image mentale très souvent relevée dans les fantasmes de la Dame blanche, ici avec son phallus représenté au mur par l’épingle, un petit zizi ridicule (ce n’est pas l’énorme Phallus du début du Château qui crève littéralement le toit de la tour). Les murs blancs sont lépreux, troués, indice de la profonde dépression du Moi qui est comme un Roi déchu sur son trône et en proie à l’angoisse d’un Mère qui l’étouffe, qui ne lui permet pas de respirer.
On est dans la même problématique spatiale que chez Kafka. Le Temps n’existe quasiment plus. Le Temps est complètement écrasé par l’espace. D’où une difficulté scénaristique d’où se sort admirablement bien Beckett : le Temps est peu à peu reconquis par des procédés qui mettent en œuvre la figure de la métonymie ou de la synecdoque et par l’occultation des yeux des animaux (perroquet, poisson) qui représentent les aspects persécutoires des yeux de la Mère Phallique). Le Temps est ainsi peu à peu reconstruit par juxtaposition d’espaces (c’est la même problématique aussi chez Georges Perec dans Espèces d’espace). C’est très général, mais chacun a sa façon propre de configurer la structure qui reste identique sous des apparences multiples.
C’est ainsi que le Moi arrive peu à peu à se dégager, à se séparer du Corps de la Mère phallique et à conquérir son espace propre et à créer à la place de la Mère comme transcendance sa propre transcendance de l’Ego, son propre excès qui sans cesse se dépasse lui-même dans la figure de l’autre qui n’est plus dès lors perçu comme persécutoire.
Tout au long du XXè siècle on retrouve ctte même problématique du Moi/Mère phallique sous tout un tas de formes et de configuration. Cela provient très certaine de la mise en question depuis Freud, qui le théorique, de la figure du Père qui traverse une crise qui est celle au fond d’une crise de croissance du monde capitaliste où l’horizontalité prend le pas sur la verticalité du Père. Badiou a des explications à ce sujet qui sont très stimulantes et qui me semblent très pertinentes. C’est tout à la fois un problème psychique que civilisationnel, politique et métaphysique.
Le film de Beckett est en ce sens une sorte de concentré (hyperconcentré même) du Château de Kafka, comme Mallarmé cherche à concentré dans le minimum « d’espace littéraire » la littérature qu’il appelle de ses vœux, une « explication orphique de la terre ».
Il y a en effet quelque chose d’orphique dans cette crypte de la régression dans le ventre fantasmatique de la Mère : on est manifestement en Enfer ! Et tout l’enjeu est de revenir à la lumière de la surface, de renaître au monde sans se retourner. D’où les incessantes virevoltes du personnage joué par Buster Keaton, et le verrou qu’on le voit fermer au début de la séquence.
en tout cas des lieux d’exposition.
tiens en voilà une bonne idée, considérer les idoles religieuses ainsi que les textes sacrés comme des objets d’art ( qu’est-ce d’autre?), un peu comme ce sort que les occidentaux grands pilleurs ont réservé aux objets sacrés des bons sauvages qui étaient considérés comme nos inférieurs et pour lesquels aucun ménagements n’a paru nécessaires pour les délester de leurs objets de cultes , masque, figurines, statues, après tout les religions majoritaires n’ont pas donné la preuve de l’existence de leurs Dieux et des préceptes qu’on a inventés pour les faire vivre à travers l’Homme.
BK & SB :
http://blogfigures.blogspot.fr/2011/02/buster-keaton-samuel-beckett.html
Les preuves de Dieu, non, mais les preuves des précepts si, bérénice. La démocratie est l’héritière sécularisée de la religion du cœur chez Saint Paul.
Tous les grands concept de l’idéologie dominante ont été forgés par les penseurs du Moyen-Âge, les trois principaux : Thomas d’Aquin, Averroès et Maïmonide. Deux en Andalousie, l’un musulman, l’autre juif, le troisième, chrétien, au nord de l’Europe.
Aujourd’hui, nous avons dépassé largement le stade de la sécularisation du religieux. Nous sommes dans la décadence de la démocratie elle-même, qui n’st plus porteuse d’avenir pour l’humanité, sinon d’apocalypse, avec 264 personnes identifiées qui détiennent 50% des richesses de la planète, ce qui est sans précédent dans toute l’histoire de l’humanité depuis 3000 ans et la naissance des grandes monarchies.
Il est clair que ce n’est pas la France qui est en train de se suicider mais la planète toute entière si remède n’est pas trouvé à cet état de fait absolument explosif.
Nous vivons sous l’emprise d’une oligarchie devenue vraiment folle, qui nous étouffe. C’est une sorte de Mère Phallique planétaire. Il s’agit de trouver les moyen de lutter contre elle pour sortir des Enfers.
Réinventer l’explication orphique de la terre. Ramener Eurydice à la lumière ! Telle est la tâche, immense, elle est poétique et politique indissolublement.
Pour la rendre possible, il faut partir du principe qu’elle est impossible étant donné la disproportion des forces en présence. Mais justement l’explication orphique de la terre n’est pas de la catégorie de la force, qui est sans prise sur elle, ce qui constitue sa force.
W. Eugene Smith :
« J’y entrave que dalle » :
http://blogfigures.blogspot.fr/2013/08/buster-keaton-general.html?q=Buster
L’entrave justement comme figure du destin face à l’emballement de la machine folle du capitalisme.
On trouve bizarrement cette notion d’entrave également chez Rabelais qui utilise dans « les fanfreluches andidotées » (qui donnent décidément un gros mal de crâne aux interprètes) dans son Gargantua, c’est le mot « empas », qui veut dire entrave. C’est un mot qui vient d’ailleurs de l’italien « impastoiare » qui veut dire : mettre en entrave, entraver.
Ici, on voit bien que Buster Keaton tente de mettre une entrave à l’emballement de la machine. Dérision, bien sûr, de la tâche face à la puisssance de la machine.
…
…l’organisation des sociétés, chacun, à sa place,…sans héritages, à s’esquimoter des tartuffes depuis, les antiques et prix Nobel, en connivences,!…
…
…ne pas se mélanger, les genres,…
…SOIGNONS _ NOUS?8;;nous-mêmes,!…
…quand, on voit, l’incompétence des professionnels,!…
…des modes de vivre mieux, par des corporations ouvertes d’économies – sociales en châteaux en partages,…
…qui, fait quoi, pour la communauté, démocratique,!…sans empoisonner ses voisins, pour s’ériger, en rétro-cardinal-inquisiteur,!…pour ses versements aux paradis é autres fiscaux,!…
…
…des billions qui échappent aux fiscs, pour quelques têtes de lards,!…
…
…les en-jeux démocratiques » tricher,!…
…etc,…leurs propriétés à saisir, tout simplement,!…Bip,!Bip,!…
…des musées du lucres honnêtes,…
…
» C’est ainsi que le Moi arrive »
A grosses pattes d’ éléphant, cela est sûr…
Il faut de toute évidence relire L’ objet du siècle de Gérard Wajcman ( Verdier éditeur )à la lumière – c’ est le cas de le dire – du film Keaton/Beckett.
Ramener Eurydice à la lumière !
OK. Tout le problème, évidemment, est d’éviter qu’au dernier moment elle ne s’escape » ceu fumus in auras « … L’erreur d’Orphée, on le sait, fut de se retourner avant l’heure fixée. Mais on ne nous dit jamais pourquoi ce fut une erreur. Selon moi, c’est qu’aux enfers, les défunts se laissent enfin voir tels qu’ils sont. Quand Orphée se retourne, il voit enfin Eurydice telle qu’en elle-même. Horribile aspectu ! L’illusion est la condition sine qua non de la vie, de l’amour, du « bonheur » (enfin, d’une très relative sérénité). Ne ramenons Eurydice à la lumière qu’à la condition de continuer d’ignorer qui elle est. Au fond, les vessies et lanternes des religions et autres idéologies ( n’en excluons pas les interprétations « scientifiques ») ont pour fonction de nous éviter de nous retrouver nez à nez avec la réalité.
Pat V a -t-ll jamais lu les psychanalystes ? C’est la question qu’il faut légitiment se poser au regard de son commentaire.
Pat V dit: 15 août 2017 à 9 h 57 min
_________
On aimerait bien savoir pourquoi !! Il ne suffit pas de lancer une carte sur le tapis de jeu. Encore faut-il savoir la relever.
Simplement du bon patois, dear Widergänger. Dans les provinces de l’est, on tend: « j’trave queutchi »
Jean dit: 15 août 2017 à 9 h 57 min
C’est une interprétation tout à fait passionnante du mythe d’Orphée mais je ne la partage pas du tout.
La question qu’il faut se pose, me semble-t-il, c’est : Peut-on raisonnablement ramener la vérité d’un être à de l’illusoire ?
Seconde question corrolaire de la précédente : L’amour ne perçoit jamais que des illusions d’un être ou n’est-t-il pas capable aussi par nature — et c’est ce qui fait la grande puissance de l’amour justement et son caractère hasardeux et exceptionnel comme événement comme dirait Badiou — d’aimer l’autre dans son étrange vérité étrangère ?
Je pense comme Badiou que l’amour qui se contenterait d’illusion ne tiendrait pas la route longtemps (il se peut que ce soit la moyenne de ce qu’on prend pour de l’amour, mais ce n’est pas la vérité de l’amour). L’amour est précisément le hasard de la rencontre d’une vérité de l’être capable de transformer la vie de fond en comble.
Si Orphée ne doit pas se retourner avant d’arriver à la lumière du jour, c’est précisément que cette lumière de la vérité n’est pas humainement supportable et non pas qu’elle ne serait qu’illusion. Elle est trop lisible, trop visible dans la nuit des enfers. Elle est comme le soleil, que personne ne peut regarder en face sans se brûler les yeux.
» Le plus souvent on a le plus grand mal à imaginer derrière la perfection machinique de l’ objet de série, non seulement un auteur qui l’ aurait conçu mais la main de quelqu’ un, ou simplement un travail physique quelconque. L’ idée même d’ un » travail « , derrière certains objets, paraît parfois de trop. Rien de plus insaisissable dans la manufacture que la trace d’ une main. Ce n’ est même pas qu’on soit impuissant à l’ imaginer, c’est qu’ on y songe même pas. Derrière ce genre d’ objet, il n’ y aurait personne, qu’ une parfaite machine, produite elle-même par d’autres parfaites machines…Au point qu’ on est tout surpris de découvrir, u hasard d’ un reportage télévisé, le type qui, à genoux et langue tirée, aura passé un temps infini à polir un miroir absolument parfait, sans aucune trace justement, ni de machine, ni de lui – on pourrait dire qu’ il ne travaille qu’ à effacer toute trace de travail, il travaille à s’ effacer lui-même. »
G.Wajcman, L’objet du siècle, page 65.
On est bien loin du phallus de la mère…
Mais je n’ai jamais parlé de l’objet dans le cas du film de Beckett ! JAMAIS.
Le problème du film précisément, c’est qu’il manifeste qu’il n’y a pas de relation d’objet et qu’il cherche à en créer une !
Pat V a mal lu, comme d’habitude. Sa haine de Wgg lui a joué une fois de plus un sale tour…
Quand Patrick Boucheron, éminent historien, déclare que « l’histoire sert à défataliser le présent », il n’est pas clair, même plutôt fuyant en biais, ou alors il outrepasse son statut d’historien et la légitimité de tel discours, pour faire une déclaration purement idéologique étrangère à son métier d’historien, qu’il utilise ici comme garantie et pur prétexte fallacieux.
Car qu’est-ce que l’historiographie sinon la détermination la plus précise possible des causes et des effets des événements ?
De deux choses l’une. Ou bien les événements sont déterminés sauf que quand on est le nez sur le guidon, on n’a pas les moyens d’en comprendre la chaîne, donc le discours de l’historien est légitime. Ou bien les événements surgissent du pur hasard sans fatalité et on ne voit pas ce qui légitimerait le discours de l’historien qui cherche à déterminer les causes et les effets.
Patrick Boucheron se tient dans un paradoxe en vérité intenable. Mais notre époque s’est tellement déshabituée de penser que personne ne s’en rend compte !
Badiou est beaucoup plus conséquent puisqu’il a une théorie de l’événement qui le fait (comme Pascal !) surgir du hasard, comme la pensée humaine, les idées, qui pour Pascal n’ont absolument aucune détermination mais surgissent purement et simplement du hasard. Comme l’amour.
Badiou parlant de Mallarmé et de sa théorie de l’événement, c’est ici :
https://www.youtube.com/watch?v=yxg0Vx78y-w
Demeurez avec vos escobarderies et vos badiouseries wgg, je ne rentrerais dans aucune de vos fallacieuses polémiques.
Il existe bien des objets dans ce film puisque l’ on s’ y évertue à les cacher ou à les enlever, c’ est là que réside toute la problématique développée par l’ exposition et son metteur en scène, Gérard Wajcman.
Restez dans le sujet!
Que vous déliriez autour, cela est votre droit le plus fou mais vous n’ empêcherez pas quiconque à développer son point de vue.
C’ est hélas votre habitude d’ accaparer ici ( comme dans une course à l’ échalote ) par le délire et l’ insulte, la parole.
Si Orphée ne doit pas se retourner avant d’arriver à la lumière du jour, c’est précisément que cette lumière de la vérité n’est pas humainement supportable et non pas qu’elle ne serait qu’illusion.(Widergänger)
Bien d’accord avec vous. La vérité, comme le soleil, ne se peut regarder en face, mais seulement de biais. Le mot d’illusion que j’ai employé n’est pas le bon. Toutes nos approches du réel sont des interprétations biaisées, mais elles ne sont pas pour autant complètement fausses. Elles recèlent une part de vérité. Elles sont brumes à travers lesquelles perce la lumière.
D, WG, étiez-vous destinataires du signal? L’avez-vous décrypté?
Relation d’objet à la Mère, ma petit chatte ! Ça n’a rien à voir avec des objets concrets dont tu parles sans savoir de quoi Moi, je parle ! Vu ? T’as pas compris, c’est tout.
Oui, là d’accord, Jean !
Je pnse comme vous en effet qu’on n’a rarment accès immédiatement à la vérité d’un être à travers l’amour, mais médiatement, de biais. L’autre reste toujours autre, étranger. L’amour est précisément ce qui permet de surmonter cette étrangeté de la vérité de l’autre, et littéralement de s’en passer pour l’aimer véritablement pourtant. L’amour est ce paradoxe en acte, in vivo, qui s’expérimente dans la vie ordinaire.
La Républiques des Livres est toujours inaccessible par Mozilla Firefox.
Dois-je en conclure que Passou a passé un accord avec Bill Gates pour réserver l’accès de son blog (que le monde entier nous envie) aux navigateurs Windows?
« Je pnse comme vous en effet qu’on n’a rarment accès immédiatement à la vérité d’un être à travers l’amour, mais médiatement, de biais »
C’est tout de même plus facile de face.
Non, je n’étais pas au courant, closer. Vous me le faites découvrir. La découverte des extraterrestres n’est qu’une question de temps. Mais combien de temps ? C’est la seule vraie question. Mais eux nous ont détctés depuis fort longtemps apparemment. Et je les soupçonne de venir nous rendre visite comme nous nous allons voir les animaux dans les zoos…
Avec Safari, ça marche aussi !
Pat V dit: 15 août 2017 à 10 h 39 min
C’ est hélas votre habitude d’ accaparer ici
____________
Cette remarque n’a strictement aucun sens ! Elle aurait du sens dans un espace informationnel limité. J’occuperais une place démesurée proportionnellement dans un espace limité, donc où les places sont chères. Mais ce n’est pas du tout le cas ici, où l’espace est illimité. Vous pouvez vous étaler autant que bon vous semble. Si vous ne le faites pas, c’est simplement que vous n’avez rien à dire. Votre propos est purement polémique, sans aucun fondement en raison. C’est une simple banderille de haine.
@6.42 – Géniale, l’expérience de relire par vos yeux la trilogie de VS,… comme dans votre dos ou sur votre épaule. Inédite surtout. Merci bien, un plaisir renouvelé. Surtout, ne désarmez pas !… (malgré l’Assomption de la vierge). Savez-vous qu’il va encore faire lourd aujourd’hui à Kiev (24° en ce moment) pour ne pas dire torride ! on dit que les ordis ukrainiens risquent une explosion fomentée par baba-vindiou !…
https://www.bing.com/search?q=meteo+%C3%A0+kiev&form=PRHPCS&pc=CPDTDF&httpsmsn=1&refig=e50e2ad208b34fcab50717c5cf094d22
Closer
Pour cette rupture d’accès, j’ai eu le meme problème il y a quelques jours sur un autre navigateur. La Rdl n’existait plus e tant que page d’accueil, l’écran etazunien que vous nommiez s’affichait, et Kafka n’était plus accessible que par l’entrée Littérature etrangère miraculeusement accessible quand le reste avait tout simplement disparu. Un mauvais moment à passer…
Bien à vous.
MC
Exposition ? ce lieu étrange décrit dans Watt comme un lieu « loin de tout où vos morts marchent à vos côtés ». Y a-t-il rencontre avec la littérature dans cette exposition qui se tenait à l’abbaye d’Ardenne, près de Caen ? Comme si les textes ne lui suffisaient plus, Passou n’est « pas étonné de découvrir un grand nombre de films assez brefs projetés en continu et d’objets trouvés dans les riches réserves de l’IMEC ». Tout cela en rapport avec la littérature. L’image toute puissante, la matière sans verbe, et… LE film de Beckett, « cette étrangeté ».
Beckett ? Il est si difficile à lire. Il casse tout et nous plonge dans un univers tellement atroce plein de débris, de poubelles, d’ordures dans des non-lieux. Beckett c’est l’épuisement, l’obscurcissement de la langue et son effacement de livre en livre ? Larguera-t-il les amarres dans ce qui est donné à « voir » dans cette exposition ? « Intérieur »… « sortir, se cacher, explorer, esquiver, se soumettre, fuir, se souvenir, disparaître…).
Film. « Un œil filmé en très gros plan, quasiment à vif, ouvre le film », qui devient l’œil de Buster Keaton, celui dont on ne voit jamais le visage, cet œil aussi du guetteur qui le regarde et qui exige, cet œil de l’autre (Œil écarquillé de l’oiseau, du poisson, de la chaise.) dont il se cache mais n’est-il pas suivi que par lui-même ? Il cache et déchire les yeux et les visages.
Beckett peut-il se libérer de la langue autoritaire en filmant? « Désobscurcir tout ce que les mots obscurcissent. » ? il n’a cessé de le vouloir dans ces livres. Ici, dans ce film, il troue l’obscurité par cette lumière poissarde dans ce cube de silence et sur ce mur blanc, lépreux.
« Tout exprime le désir de ne pas être vu, d’échapper au regard, » même à l’œil de celui qui regarde Film et devient le poursuivant.
Le film a été tourné pendant l’été 1964 à New-York (Manhattan). Merci pour cette indication intéressante.
J’ai ri en lisant : « l’acteur aurait commenté : « J’y entrave que dalle »… et de leur rencontre : « Ils n’avaient tout simplement rien à se dire, aucun monde d’aucune sorte à partager (…). Ce fut un désastre »
Petit Rappel et Closer
idem ! Je n’ai accès aux billets et aux commentaires que par le titre du billet !
christiane dit: 15 août 2017 à 12 h 09 min
Vous avez raison d’ insister sur l’ œil, Christiane, je relis avec plaisir Wajcman et il n ‘est question que de cela dans son essai, L’ objet du siècle, surtout lorsqu’ il analyse avec brio la roue de Marcel Duchamp et…l’ importance de son tabouret.
» Maintenant, plutôt que de dire d’ une roue de vélo qu’ elle est un grand trou, on pourrait la voir comme un œil. Un œil, c’ est aussi un trou avec un peu de matière autour. » p. 79, opus cité.
Il faudrait citer toute la démonstration extrêmement brillante de Wajcman à propos de la place du tabouret et sa référence au soclage comme détermination de l’ objet en tant qu’ œuvre d’ art ou sa technique inapparente qui valut à l’ ami de Duchamp, Brancusi ce fameux procès d’ anthologie à l’ entrée des USA.
L’ entrée d’ une de ses œuvres, bien entendu.
A savoir pas de trace de main d’ homme, objet fabriqué techniquement donc pas une œuvre d’ art…
Christiane, Petit Rappel
Ça marche par Edge (Windows).
Il est prudent d’avoir deux navigateurs installés…
Pat. V;
J-M. Durand évoque bien L’œil absolu de G.Wajcman dans cet article des Inrocks :
http://www.lesinrocks.com/2010/03/02/actualite/loeil-absolu-de-gerard-wajcman-garder-a-vue-1133299/
Je vais lire cet essai. Vous en donnez envie.
Une image est remontée de ma mémoire, venue d’un film onirique de Bunuel et S.Dali « Un chien andalou », ce court métrage muet : cet œil insupportablement traversé par une lame de rasoir. Je préfère les méthodes de Beckett/Keaton pour anéantir un regard !
closer, vous écrivez à 12 h 50 : « Ça marche par Edge (Windows). »
N’ayant qu’un seul navigateur et étant têtue mais plutôt nulle en informatique, je préfère continuer à passer par le titre du billet. Mais merci !
Je vais lire cet essai. Vous en donnez envie. Christiane.
En ce qui me concerne, c’ est Caen et l’ expo, avant la fin de l’ été si possible.
Mais il ne fait aucun doute que cette mise en espace de l’ inapparence est une visite de l’ ensemble des problématiques esthétiques que G. Wajcman développe dans son œuvre.
Il s’ agit d’ objets tissés d’ absence ( Duchamp, Malevitch et aussi Magritte avec ses têtes voilées et son ceci n’ est pas une pipe » ) au point qu’ objet et absence d’ objet ( c’ est le sujet des images du film mis en lien ) ce serait presque tout un.
» On dira que l’ absence ce n’est pas vraiment un objet, pas comme une chaise ou un ours en peluche. Objet subtil, mal visible, peut-être, mais qui niera qu’ on s’ y cogne parfois durement? Et comment ne pas buter contre le fait qu’ au cœur même de ce siècle se sont dressées des usines à absence, conçues pour fabriquer de l’ absence comme des savonnettes?
Auschwitz & Cie.
Que le siècle de l’ objet aura autant été le siècle de l’ absence, voilà l’ idée. Que l’ art nous montre ça, voilà le soupçon.
Nos sociétés font tout pour nous distraire. C’ est gentil. Fermez les yeux, telle est l’ invitation au sommeil dont elles nous bercent.
Je tiens que l’ art de ce temps convie à autre chose : à ouvrir l’ œil, et regarder le siècle. C’ est dur, mais juste. »
G. Wajcman.
Pat. V.
J’ai lu les deux commentaires explicatifs de W. sur le film de Beckett et la réfutation que vous en faites dans les vôtres.
Les siens sont remarquablement et logiquement menés, démonstratifs. Sa culture appartient au monde de la certitude et de la possession. La vôtre, plus proche de celle de Beckett, au temps de l’incertitude et de la dépossession. W. tire tout de lui et tout à lui, d’une façon souvent totalitaire. Ce film a dû éveiller en lui une présence de la mère, du regard de la mère… Pour ma part, rien de tel mais son commentaire est beau.
L’écriture inquiète de Beckett en images ou en mots me paraît mal assurée, pleine de ressassements, née sous le signe du malheur, de l’échec, arpentant les lieux clos. Son film aussi.
Les années qui ont suivi 1945 ont laissé sourdre en lui un langage dévasté. Comment donnerait-il du sens à ce qui s’était passé ? L’écriture ? pour revenir à l’humain… puis son effacement, ses balbutiements et l’Image, le théâtre…
L’abbaye où se tient cette exposition en a confié le commissariat à l’écrivain et psychanalyste Gérard Wajcman. Vous lisant, je comprends mieux pour quelles raisons.
Comment habiter le monde par l’écriture ? W. a la sienne teintant ses lectures (images et textes) de ses références… pour habiter le monde. Pour lui, tout effet a une cause. Le problème c’est qu’il restreint le champ des possibles. Ce qu’il donne à lire, c’est lui… Sa parole a lieu dans l’écriture, ici, entre ses doubles dans la littérature, les films, l’art. Fascinations, identifications et inversions mais pas de malhonnêteté. Juste retiré du dialogue, exilé, comme l’a si bien exprimé Rose, il y a quelques jours. Une obscurité bouleversée par la littérature. Une identité introuvable où le soi se cherche, inlassablement depuis toutes ces années.
JC, étrangement silencieux depuis quelque temps, serait en pèlerinage à Lourdes pour demander le pardon de ses péchés.
« Ce film a dû éveiller en lui une présence de la mère, du regard de la mère… ».
Excellente intuition. C’est certainement pour ça qu’il n’a rien, ni vie intime, ni livres écrits, qu’il reste enfermé chez lui tout en prétendant être en voyage etc… Complètement paralysé par ce regard. Touché coulé.
@Christiane,
Wgg avait bien commencé ici : Widergänger dit: 14 août 2017 à 20 h 22 min et il y avait matière à discussions intéressantes.
Mais oui on peut trouver « beau » un discours délirant – j’ ai toujours été passionné par les discours et peintures de travers – mais il est nécessaire que le « malentendu » soit opérant et créatif. Sinon on a affaire à du ressassement, à une limitation des champs de possible.
Une description d’un film ( très subjective ) n’ est pas une explication, même incomplète de ce film.
Mais comme je l’ ai déjà précisé, tout le monde peut délirer à propos de tout et de n’ importe quoi.
Il n’ empêche que cette exposition ( il est fait mention d’ autres artistes dont il serait tout aussi intéressant à décrire la démarche ) est mise en œuvre par un universitaire chercheur et penseur de l’ image avec son histoire intellectuelle bien particulière.
Je m’ efforce, bien modestement mais avec plaisir, de tirer un fil entre la pensée du metteur en scène et cette manifestation proprement dite en étant le plus proche possible de ses écrits.
Voilà.
On ne peut divaguer avec une foule d’ auteurs disparates sans porter son attention sur ce que sont les choix précis et pensés de G. Wajcman. Cela me parait être la moindre des probités intellectuelles.
Bien à vous.
@Christiane,
Je ne réfute donc rien d’ un discours délirant,et sa description vaut ce qu’ elle vaut, comprenez-le.
Je crois que Wajcman éminent psychanalyste s’ il en est, rirait de cette généralisation simplificatrice psychanalysante.
Mais je peux me tromper…
Les archives : le lieu de la présence de ce qui est inapparent…rangé dans des boîtes et enveloppes.
L’ endroit n’ y est pas pour rien non plus!
« malgré l’Assomption de la Vierge »
https://www.youtube.com/watch?v=_hjJUG5YmXc&feature=youtube_gdata_player
« il ne fait aucun doute que cette mise en espace de l’inapparence » (Pat V)
« ce que des œuvres inaugurales de l’art de ce siècle nous découvrent […], c’est […] des objets tout tissés d’absence, au point qu’objet et absence d’objet ce serait presque tout un. On dira que l’absence ce n’est pas vraiment un objet […] Objet subtil, mal visible, peut-être, mais qui niera qu’on s’y cogne parfois durement? […] Que le siècle de l’objet aura autant été le siècle de l’absence, voilà l’idée… » (G. Wajcman)
Je croyais que c’était interdit de se bran.ler en public…
(Il y a dans le monde un peuple qui le fait autant que les Français? La branl.ette « langagière » est vraiment la grande spécialité des « intéllos » français depuis…Auschwitz. Voilà une vraie question: pourquoi depuis la Deuxième guerre mondiale les « penseurs » français ne font que se bran.ler en public?).
Bien sûr, Pat. V.
J’aime votre probité et votre lucidité batailleuse.
W. Un bien grand mystère…
Lisant Une très légère oscillation de S.tesson. (sorte de journal de bord qui court de 2014 à 2017), je tombe, page 92, sur ces lignes qui me réjouissent car le livre dont il est question est une sorte d’OVNI et j’aime beaucoup cet auteur, Nicolas Cavaillès, dont j’avais savouré Vie de monsieur Leguat paru aux éditions du Sonneur en 2013.
Là il s’agit de Pourquoi le saut des baleines paru chez le même éditeur en 2015.
Sylvain Tesson écrit : « l’auteur peint la grâce violente des monstres océaniques, leur ballet absurde et leur chute splendide. Il explore cette propension à crever le miroir, jaillir dans le ciel pour rejoindre l’élément dans l’explosion d’écume. Depuis des millénaires, les hommes émettent des hypothèses : les baleines sauteraient pour chasser les bancs de poissons, détruire les bateaux, séduire leurs partenaires… Mais bientôt l’auteur s’avoue vaincu : nous ne saurons jamais pourquoi la baleine saute. D’ailleurs, est-il utile de se le demander ? « La rose est sans pourquoi », se disait Silesius. Les baleines sont les derniers poètes, elles sautent parce qu’elles sautent. Elles sautent avec des raisons que nous ne saurons pas. Elles sautent avec des raisons que nous ne saurons pas. Elles sautent sans raison. Mais nous autres, humains, sommes des comptables mesquins et nous voulons que tout effet possède sa cause. »
Voilà, d’une façon détournée, ma réponse, Pat. à vous et à Chaloux.
Et puis il y a ce magnifique commentaire de JC (que je me permets d’importer ici bien qu’il ait été posté sur le blog à Sergio le 12/08 à 9h14) :
« Ce sont ceux qui sont à la peine qui ont besoin d’amour !
Pour cela j’adore Wiwi !
Et ses injures !
Et sa shoahphilie !
Et ses excès !
Et sa course éperdue dont on ne sait jamais si c’est pour fuir ou pour trouver, qu’il court. »
Voilà.
Passons à autre chose, vous avez tout à fait raison quand vous écrivez « … il est fait mention d’ autres artistes dont il serait tout aussi intéressant à décrire la démarche … ». Oui, absolument !
« Les œuvres de Chantal Akerman, Samuel Beckett, Christian Boltanski, Mona Hatoum, Paul McCarthy, Bruce Nauman… croisent Emmanuel Bove, Roland Dubillard, Marguerite Duras, Hervé Guibert, parmi d’autres, autour de quelques petits carnets cornés, de précieux journaux intimes, des lettres, des photographies oubliées, quelques minuscules objets — un recueil intime d’émotions et de savoirs. « Je te connais à l’intérieur et sous la peau », disait Rousseau en exergue des Confessions. « Intérieur », entre œuvres et archives, entre papier et film, entre objets et vidéos, expose autant de manières d’habiter subjectivement, c’est-à-dire poétiquement le monde. »(Alina Gurdiel)
Voyons voir si je comprends… Le médiocre Nicolas Cavaillès écrit un livre sans aucun intérêt sur un problème qui n’intéresse personne (le saut des baleines). Le très médiocre mais très futé Sylvain Tesson (aphoriste nul) fait un commentaire bête sur ce problème fondamental pour la compréhension du monde: « l’auteur peint la grâce violente des monstres océaniques, leur ballet absurde… » (absurde? qu’est-ce qu’il en sait l’andouille? Depuis quand ce qu’on ne comprend pas – comme il l’avoue lui mème un peu plus loin – est absurde?).
Et la ravie de la crèche Christiane fait un commentaire sur ce commentaire inintéressant et illogique de Tesson.
Et moi je commente le commentaire d’un commentaire sur un fait dont on ne connaît pas la cause et qui n’intéresse personne.
Voilà celui qui paraît le but d’un blog comme celui-ci: commenter des commentaires à des commentaires sur des textes sans aucun intérêt.
« Voilà une vraie question: pourquoi depuis la Deuxième guerre mondiale les « penseurs » français ne font que etc. »
C’est la question du siècle, Pablo. Pas étonnant que les espagnols se la posent. Les italiens également. Ébranlement, traumatisme dus à la révolution française et à sa rhétorique verbeuse et souvent démente? C’est une question qui se pose. Délire d’une certaine gauche, et en ce cas œuvre de destruction? Notre époque a ceci de bon qu’on n’est plus obligé de suivre comme c’était le cas il y a trente ans.
Buster Keaton jeune aurait été un excellent interprète du Joseph K. du Procès
Pablo75 dit: 15 août 2017 à 16 h 39 min
Pablo,
lisez « Vie de monsieur Léguat ». Je vous mets au défi d’écrire ensuite que c’est un écrivain médiocre.
Quant à S.Tesson, j’ai préféré « Les chemins noirs »… mais j’ai eu plaisir à rencontrer la mémoire de ce livre, original, et pas si inintéressant que vous le soupçonnez, ainsi que d’autres pages mais l’ensemble m’a déçue. De plus, évoquant ces quelques lignes, j’évoquais W.
(Voulant être spirituel et hautain vous perdez de votre profondeur. Dommage !)
Sauf, Pablo, que tu vas un peu vite à mon goût en ce qui concerne Tesson.
Paul Edel dit: 15 août 2017 à 16 h 48 min
Buster Keaton…
Rapprochement plein de profondeur.
@ Chaloux
Il faudrait relire tout ce que Cioran a écrit sur la France (cela ferait, d’ailleurs, une très intéressante anthologie), à commencer par son « De la France », écrit en roumain en 1941(« les Français préfèrent un mensonge bien dit à une vérité mal formulée »).
Et aussi les textes du Journal de Gombrowicz sur le même thème.
Christiane, j’aime beaucoup Sylvain Tesson, je le lis comme on lirait un ami.
Désolé Christiane, je ne connais ni ai lu aucun des auteurs dont vous citez les noms…
Il y a belle lurette que Pablo ne regarde plus la peinture, nous le savions hélas déjà.
Je constate qu’ en relisant L’ objet du siècle de Wajcman, 19 ans après, ce livre n’ a pas pris une ride.
Notamment ses analyses de la roue de bicyclette de Duchamp et le Carré noir sur fond blanc de Malévitch.
« les Français préfèrent un mensonge bien dit à une vérité mal formulée »
Si c’est Cioran qui a dit cette banalité qu’on pourrait associer à beaucoup de peuples, il ne s’est pas foulé. Le mensonge est toujours beau, et la vérité hideuse.
Choisir Duchamp et Malévitch versus Cioran, il n’ y a pas photo!
Bien plus productifs intellectuellement et sensiblement.
@ Christiane et Chaloux
J’ai lu le livre de Tesson sur la Sibérie et un autre d’aphorismes, dont j’ai oublié le titre. Le premier m’a paru médiocre et le deuxième nul. Et à chaque fois que je l’ai entendu à la radio ou à la TV, il m’a paru un type futé qui a réussi à faire croire qu’il était un écrivain, alors qu’il n’a pas grand chose à dire et ne brille pas par une intelligence éblouissante.
Il faut dire aussi que je lis rarement des auteurs actuels. Donc, quand ça m’arrive, la chute est dure. Passer, par exemple, de lire « Vivre dans le feu » de M.Tsvetaieva (que j’ai trouvé en édition de poche samedi dernier aux Puces à 1 euro) à l’histoire des sauts des baleines de Cavaillès, c’est terrible.
J’ai du mal à comprendre, d’ailleurs, les gens qui achètent et lisent des auteurs contemporains, alors qu’il y a autant de merveilles dans la littérature d’avant notre époque. Être à la page dans la littérature m’a toujours paru une perte de temps ahurissante. Laissons la postérité faire le boulot de sélection. Si le but est jouir de la littérature, lisons les classiques. Moi le plaisir que j’ai en lisant, par exemple, Gracián, que je relis souvent, ne me le donne aucun auteur espagnol actuel. Et ce qu’ils disent sur le monde en général et l’Espagne en particulier les écrivains espagnols vivants, Gracián l’a dit il y a 3 siècles et demi bien mieux.
Hier, en lisant quelques pages de « Parerga et Paralipomena » (dans l’édition de Jean-Pierre Jackson), je me disais: comment peut-on préférer lire un maoïste branl.leur de mots comme Badiou à un type aussi libre, aussi lucide, aussi drôle que Schopenhauer?
@ Pat V
« Il y a belle lurette que Pablo ne regarde plus la peinture… »
Il y a pas mal d’années que je prépare un essai sur l’impossibilité « métaphysique » que l’art abstrait et autres « expériences » délirantes soient de l’art. J’ai une énorme collection de textes et de citations d’écrivains et des peintres qui pensent comme moi. Connaissez-vous les sarcasmes de Picasso sur « l’art » abstrait?
Je me souviens ici même d’ une discussion sur ce sujet avec un de vos interlocuteurs…
Mais le sujet me passionne comme me passionnent les analyses de G. Wajcman.
Pour la citation de Picasso, je ne vois pas, il a tellement dit de bonnes phrases..
Et puis citer ce n’ est pas expliciter, n’ est-ce pas?
Bàv.
Il y a beaucoup de vrai dans le Pablo de 17h31. Quand on a passé toute une vie professionnelle à faire autre chose que de lire de la littérature (contrairement aux profs du blog), on se dit qu’il n’y a pas trop de temps à perdre avec des fausses valeurs lancées par les medias, même adoubées par Pierre Assouline…
Cet été: Dante, Balzac, Colette, Pascal, René Girard… et comme lecture de plage (sans plage), La Madone des Sleepings, une merveille de littérature populaire de 1925, sans une ride.
Et puis, l’ art abstrait ( qu’ est-ce que cela veut dire? Quelle définition? )…
La peinture est une abstraction déjà dans les grottes de nos ancêtres.
Tu as rien compris, Delaporte: Cioran parle de la faiblesse des Français devant le beau style littéraire.
La France est le pays qui a la plus haute idée de la littérature. Mais cela se paye. Il y a des gens qui finissent par confondre l’écriture et la réalité.
Même ici on peut le voir. Il y a des commentateurs, comme Blabla-Widergänger (le Tesson de Kiev), Pat V ou Christiane qui croient fermement à tout ce qu’ils lisent et qui conforte leur besoin pathologique de snobisme.
Pablo, je ne dis pas que Tesson soit important comme écrivain, mais je le lis fraternellement parce que ses préoccupations rejoignent les miennes. As-tu lu Éloge des voyages insensés de Vassily Golovanov? C’est pour moi un des livres de ce début de siècle.
« Cet été: Dante, Balzac, Colette, Pascal, René Girard… » (Obs)
Voilà quelqu’un de lucide et de bien plus intéressant que tous les enc.uleurs de mouches en plein vol du blog ensemble.
Vassili…
Pour moi cure de littérature anglaise, Austen, Brontë, George Eliot, Fielding.
essai
@Pablo75 dit: 15 août 2017 à 17 h 31 min
Le livre « Les chemins noirs » n’a aucun rapport avec la Sibérie ni avec des aphorismes. Ne lire que des anciens c’est oublier qu’ils ont été des contemporains à leur époque. l’un n’empêche pas l’autre. Je trouve dommageable de mettre tous les auteurs contemporains en attente de quelques siècles et d’attendre que la critique littéraire les encense pour les découvrir. Enfin c’est votre problème, pas le mien. « La vie de monsieur Légat » se rapporte à la vie d’un huguenot contraint à l’exil suite à la révocation de l’édit de Nantes. Un remarquable premier livre, qui semble tracer un destin parallèle à celui de l’écrivain, avant le délicieux Pourquoi le saut des baleines.
Les grands écrivains sacrifient rarement, voire jamais, au « beau style littéraire ». Cioran a cru que pour devenir français, il fallait être léger et superficiel. Heureusement, il n’y est pas parvenu vraiment…
» qui croient fermement à tout ce qu’ils lisent »
Hélas, non, pablo, il n’ y a aucune croyance en ce qui me concerne, cela fait plus de 47 ans que je lis analyse et rend compte des diverses problématiques proposées par les pratiques artistiques et aux alentours.
Si je trouve par exemple les analyses très pertinentes de Wajcman sur Duchamp et Malévitch, c’ est que j’ ai beaucoup lu sur ces auteurs et vus des tableaux et fréquentés quelques personnes spécialistes de ces artistes.
D’ avoir eu un cursus universitaire dans ce domaine est aussi un plus. Mais rien ne vaut la recherche et l’ expérience ainsi que la fréquentations des peintres!
Et le Voyage avec un âne dans les Cévennes de Stevenson. Avec une très belle préface de Gilles Lapouge -en collection GF-.
@ Chaloux
« je ne dis pas que Tesson soit important comme écrivain, mais je le lis fraternellement parce que ses préoccupations rejoignent les miennes. »
Ok, alors. Moi aussi je le trouve sympathique.
Je ne connais pas du tout Vassily Golovanov. Je vais chercher son « Éloge des voyages insensés ». J’ai lu par contre le récit dingue d’un type qui a traversé la Sibérie en plein hiver à pied et à cheval en fuyant la Révolution russe. Je me rappelle pas du titre ni du nom de l’auteur. Tu dois le connaître.
@ Chaloux
« Pour moi cure de littérature anglaise, Austen, Brontë, George Eliot, Fielding. »
En anglais? Sinon, dans quelles traductions? Anciennes? Nouvelles?
Ferdinand Ossendowski.
Bien sûr Christiane, quel plaisir de lire Claude Simon ou Michel Butor, jean loup Trasard, etc… de leur vivant!
( Ce qui ne m’ empêchera pas de lire la dernière biographie de Dante ainsi que celle de Pound.)
Jean Loup TRASSARD !
Les traductions GF, et Middelmarch traduit par Albine Loisy (Bourgois 1981), une traduction des années cinquante, c’est une réédition. Pas le Fielding sous la main. En ce qui concerne George Eliot, j’aurais préféré la traduction de Sylvère Monod (il a dû le traduire puisqu’il a traduit Le Moulin sur la Floss) à qui je dois des heures inoubliables avec les volumes de Dickens de la Pléiade, mais je la lirai après. J’avais aussi commandé les chroniques de Dickens, déjà lues mais que j’avais envie de relire mais le livre n’est pas arrivé à temps. Ce sera pour septembre. Lire en anglais est pour moi un travail (toujours peur de passer à côté d’une allusion ou autres subtilités), et j’en ai suffisamment pour des vacances…
@ christiane
C’est une question de plaisir: moi j’ai beaucoup plus de plaisir à relire pour la 15ème fois Don Quijote qu’un livre d’Angot ou de la Nothomb. Parfois chez Gibert je lis le début des romans à la mode. Et je trouve ça accablant. Par contre, j’ouvre au hasard la « Correspondance » de Stendhal, par exemple, et je ne suis jamais déçu. N’étant pas maso et aimant le plaisir, je vais là où je le trouve. C’est aussi bête que ça.
Tu dis n’importe quoi, Delaporte (et Dieu sait si ça me coûte de te dire la même chose que Blabla-Widergänger).
@ Pat V
L’art abstrait est une idéologie, à laquelle certaines personnes croient (souvent par intérêt). Il faut beaucoup de foi pour croire que le WC de Duchamp ou un tableau totalement blanc c’est de l’art. Vous avez la foi, moi pas.
Mais pour mon livre, vous m’intéressez beaucoup. Vous habitez Paris?
D’Ossendowsky, Bêtes, hommes et dieux et Asie fantôme. A travers la Sibérie sauvage. J’ai nettement préféré le second. Guénon parle du premier dans Le roi du monde, tout un programme.
@ Chaloux
Exact. « Bêtes, Hommes et Dieux » de F.Ossendowski. Tu l’as lu, j’imagine?
@Pablo75 dit: 15 août 2017 à 17 h 49 min
Vous écrivez :
« Il y a des gens qui finissent par confondre l’écriture et la réalité.
Même ici on peut le voir. Il y a des commentateurs, comme Blabla-Widergänger (le Tesson de Kiev), Pat V ou Christiane qui croient fermement à tout ce qu’ils lisent et qui conforte leur besoin pathologique de snobisme. »
Vous rendez-vous compte de la sottise de ces propos ?
En ce qui concerne l’art contemporain, et beaucoup d’autres choses, j’ai l’impression qu’on est de son temps jusqu’à un certain âge, puis que la préoccupation devient obsolète par-delà. Il vient un temps où l’on ne va plus que vers ce qui vous est véritablement destiné. J’éprouve encore une sorte de culte envers l’œuvre de Tinguely dont je suis positivement marteau.
@Pat V dit: 15 août 2017 à 18 h 09 min
Superbe !
Nous replongeons dans Pablo-les-œillères ! Je me souviens de ses propos sur l’art contemporain. Je vois qu’il aborde la littérature avec les mêmes œillères.
Bon, j’abandonne. Je n’ai pas de temps à perdre…
@ Chaloux
Oui, je crois que c’est par Guénon que je suis arrivé à Ossendowsky (il y a très longtemps).
Avec tout ce que tu as lu, si tu prends des notes, tu aurais de quoi écrire quelques volumes genre « En lisant, en écrivant » de Gracq.
Oui, je l’ai lu, et l’autre aussi. Il y a un troisième livre L’Ombre du sombre Orient, les Russes et la Russie d’aujourd’hui et de toujours que je serais curieux de lire.
Dans le genre, mais moins romancé (reproche qu’on a beaucoup fait à Ossendowski), il y a un bouquin paru vers 1885 (je pourrais retrouver le titre) d’un français parti faire une étude sur l’enseignement en Russie (je crois que c’est ça). Mais la peste sévit, certains pays sont fermés, le train ne passe pas, et il lui faut faire un immense détour, improviser son voyage. Il finit par arriver du côté d’Odessa. Le début de ce livre est prodigieux.
@ christiane
« Vous rendez-vous compte de la sottise de ces propos ? »
Je me rends compte qu’ils ont fait mouche, surtout…
Je prends des notes mais pas suffisamment, et je m’en mords les doigts.
Pour moi aussi, Ossendowski est un don de Guénon.
@ Chaloux
Étonnant ta passion pour Tinguely. Moi je ne vois pas l’art dans ses machines. C’est drôle, original, étonnant, mais où est l’art là-dedans?
Ça t’a pris comment?
Bonne soirée Christiane!
Laissons nos deux protagonistes s’ astiquer mutuellement leurs pléiades en public…
On nettoie comme on peut ses rayonnages.
( *_* )
@ christiane
« Je vois qu’il aborde la littérature avec les mêmes œillères. »
La très grande Emily Dickinson n’a lu que deux livres dans sa vie: la Bible et les Oeuvres complètes de Shakespeare.
Cela suffit pour être l’une des plus grandes poétesses du monde.
À méditer.
Je ne peux pas te dire, Pablo, mais Tinguely me rend positivement fou, c’est une passion absolument irraisonnée qui doit me parler dans les profondeurs. Ma première compagne me disait toujours que dès qu’on se trouvait dans un jardin il devenait inutile de me parler, tant tout m’y passionne, les insectes, les oiseaux, les arbres, et c’est toujours vrai. Avec Tinguely, c’est la même chose.
Quelqu’un sait si Pat V est un homme ou une femme?
@ Chaloux
Il doit avoir une relation entre ton enfance, les jardins et Tinguely, non?
Avant de repartir, j’aimerais bien retrouver Amours de Léautaud. Je suis retombé il y a quelques jours sur la lettre de Proust à Léo Larguier (1906 ou 1907), probablement jamais envoyée,- mais ça me semble une cause perdue.
Pablo, la mécanique qui ne sert à rien, c’est une image de l’Univers. Je ne sais pas pourquoi, ça me rappelle une phrase de Selma Lagerlof : »Je demeure perplexe en ce qui concerne le sens de la vie ». Je crois que la perplexité est le fond de mon caractère.
@Chaloux et Pat.V
Et moi j’ai lu, parce qu’une amie m’invitait à le lire : Les chemins noirs. C’est un livre terrible, très sombre. Ce « Journal » m’a par contre déçue. Des petites chroniques au jour le jour sur ce qui a marqué son regard sur le monde ces dernières années. C’est inabouti mais comme vous le dites : sympathique. L’éloge des voyages insensés ? Un très beau souvenir de lecture.
J’ai repris le Michel Guérin Origine de la peinture, le Cézanne De Joachim Gasquet Les Victoires de Cézanne de Jacques Teboul et bien sûr, après Orsay, l’incontournable Cézanne de Jean Colrat. (Pour Colrat et Guérin, encore Merci !)
Côté littérature, relu des romans d’Olivier Rolin et le Siegfried Lenz La leçon de peinture grâce à Paul Edel, Au cœur des ténèbres et pas mal de Simenon, Tristes tropiques grâce à Passou, Catherine Poulain et son Grand Marin grâce à Olga, et certains romans de Hugo grâce à Rose. Pour Proust, addiction ancienne, pas besoin de passeur ! Et Fred Vargas et Henning Mankell pour le plaisir.
@ Chaloux
Au lieu de repartir, passe le reste de tes vacances à mettre de l’ordre dans ta bibliothèque (et c’est quelqu’un qui a plus de 12.000 livres dont seule la moitié plus ou moins ordonnée qui te le dit).
@ Chaloux
La perplexité est très bonne pour la poésie. Tu n’en as jamais écrit?
Christiane, en lisant le dernier Tesson, je me suis demandé si un homme du XIIIe siècle traversant la même zone n’aurait pas eu le même sentiment de noirceur. En Corrèze, il y a quarante ans, on se suicidait en ingérant de l’eau de Javel ou même pire. Je me souviens de fermes dans lesquelles il n’y avait même pas de cuisinière à bois. On se chauffait encore à l’âtre et la soupe était cuite dans d’antiques pots à trépied. Ce n’était peut-être pas tellement mieux.
Elle est drôle, Christiane. Sans se rendre compte elle avoue son snobisme. Elle nous raconte tout ce qu’elle lit et à la fin, naïvement, elle écrit « Et Fred Vargas et Henning Mankell pour le plaisir ».
Donc le reste était pour le snobisme maso?
Non pas de poésie, Pablo, j’ai connu trop de poètes. Le reste, oui, en quantité. Je continue à y mettre de l’ordre.
@Pablo75 dit: 15 août 2017 à 18 h 45 min
Je ne sais si c’est vrai mais avec sa vie compliquée et triste, ce n’est pas impossible qu’il n’y en ait eu que très peu. Ajoutez quand même W.Wordworth, Emerson, C.Brontë, Shakespeare… quelques uns de ses contemporains dont elle était friande.
J’ai à portée de main Une âme en incandescence, traduction de Claire Malroux,(José Corti).
Si vous saviez les livres que j’ai près de moi et que je lis, et relis et annote depuis tant d’années…
A méditer !
Chaloux pourriez-vous expliquer en quoi ce voyage insensé est pour vous un des livres du siècle ( je l’ai lu et je ne saisis pas pourquoi cette écriture vous séduit ).
@Pablo75 dit: 15 août 2017 à 19 h 09 min
Vous fatiguez, Pablo ! Le persiflage vous sied mal. Je vous préfère au naturel…
Quant à ne pas repartir, en un sens ce serait mon vœu le plus cher (à moins qu’on ne parte pour ne plus jamais revenir, une option à laquelle j’ai souvent pensé). On fait rarement ce qu’on veut. Il faudrait mettre tout le monde dehors et entamer une vie d’anachorète, un vieux rêve, mais…
christiane dit: 15 août 2017 à 14 h 29 min
Propos d’un enfant de 5 ans lisant Freud.
Pablo75 dit: 15 août 2017 à 19 h 04 min
@ Chaloux
La perplexité est très bonne pour la poésie. Tu n’en as jamais écrit?
_________
Chaloux dit: 15 août 2017 à 19 h 09 min
Non pas de poésie, Pablo, j’ai connu trop de poètes
_____________
Aaaaaaaaaahhhhhhhhhhh ah ah ah ah aaaaaah ahhhhhhhhh !!!!!!!!!!!!
Je n’arriverai jamais à comprendre ces législateurs en matière de plaisirs de lecture, genre : seuls les écrivains du temps passé ; pas ceux du temps présent adoubés par la rdl ; pas les tessons que je ne lis jamais ; n’invoquez pas mon cioran à tort et à travers, etc…
Car les expériences de lectures sont infinies, nom d’un chien, et les partages du savant et du popu en la matière historiquement des plus fluctuants, comme auraient dit grignon et passeron.
Qui sont-ils ces gens qui lisent très peu, mais sur des créneaux les plus étroits de classicisme, pour se permettre de tels commentaires ?… Enervants au dernier degré pour ceux comme moi qui revendiquent leur éclectisme et ouverture au monde le plus diversifié dans les genres, les époques et les nationalités d’auteurs. Je n’aime pas forcément les tropismes personnels de passoul ni ne suivrais aveuglément tout ce qu’il lit (quand je ne connais pas, je la ferme en général), mais il se trouve que bien souvent, ses variations recoupent les miennes et m’en éloignent. Peu importe, son blog parle à la diversité de mes lectures, et réactive de nombreux souvenirs enfouis… N’est-ce pas merveilleux en soi, si de surcroît il incite au commentaire et au partage ? Il n’y a, me semble-t-il aucun snobisme à discuter à fond de ce que l’on connaît ou de ce dont on se souvient, et à laisser les autres rebondir sur leurs propres analogies ou (dé)plaisirs, enfin quoi, bon sang !… Que faudrait-il toujours prouver ici pour complaire ou faire taire les castrateurs ?
Comment dire que l’on aime ou que l’on déteste ce sur quoi il nous est loisible et fantasque ou non de rebondir ? Quelle prétention franchement d’aller nous asséner que Dante, Balzac, Colette, Pascal, René Girard… seraient plus ou aussi ou moinsse avisés qu’Austen, Brontë, George Eliot, Fielding ? Et pourquoi oublier Virginia Woolf et Guy des Cars dans cette cohorte ou charrette, ce sont des listes comme d’autres dont le regroupement n’a strictement rien d’évident ? Que faut-il aligner d’autres pour convaincre que tout arbitraire rencontre toujours sa convention dans la moindre liste d’une littérature légitime s’opposant prétendument à une illégitime selon un point de vue situé qui passera toujours pour totalement subjectif ?
Qu’ils sont exaspérants ces petits juges qui veulent donner des leçons aux wgg alors qu’ils sont au fond pétris de la même pâte folle qu’icelui : des curés qui ne peuvent s’empêcher d’ériger pour les autres les lignes de partage de leurs eaux usées, celles de leur éthos moraliste néo-lagardémichardisé. Enfin brefl, y’en a un peu marre de toutes ces assomptions mariales.
NB/ Et puisqu’on évoque Tesson, j’aurais plutôt pensé à Slawomir Rawicz « A marche forcée », qui entreprit de revenir sur son itinéraire d’évadé…, plutôt que Ferdynand Ossendowski (Bêtes, hommes et dieux)…
12000 livres, Pablo et vous vivez à Paris ! Dieu que cette bibliothèque doit
vous coûter en frais de loyer
Comment faites vous tenir ce volume dans un logement ?
Pat V dit: 15 août 2017 à 18 h 09 min
Bien sûr Christiane, quel plaisir de lire Claude Simon ou Michel Butor, jean loup Trasard, etc… de leur vivant!
( Ce qui ne m’ empêchera pas de lire la dernière biographie de Dante ainsi que celle de Pound.)
____________
Que de mondanités, mes petits chéris ! On dirait les propos de ces dames au five o’clock tee…! tels que Le Figaro les rapportait de ces dames à la Belle Époque… Il n manque plus que le voile de crêpe de Chine tombant sur ce visage en extase…
bérénice dit: 15 août 2017 à 19 h 23 min
12000 livres, Pablo et vous vivez à Paris ! Dieu que cette bibliothèque doit
vous coûter en frais de loyer
Comment faites vous tenir ce volume dans un logement ?
____________
Il a tout mis à la cave… Quand il lit, monsieur se retire dans les profondeurs de la terre…comme les troglodytes… c’est là où il rumine depuis des lustres son livre vengeur contre l’art moderne…
Chaloux – 19h07
Lequel ? Les chemins noirs ?
« … ces lignes étaient des sentiers ruraux, des pistes pastorales fixées par le cadastre, des accès pour les services forestiers, des appuis de lisières, des viae antiques, souvent laissées à la circulation des bêtes. La carte entière se veinaient de ces artères. C’étaient mes chemins noirs. Ils ouvraient sur l’échappée, ils étaient oubliés, le silence y régnait, on n’y croisait pesonne et parfois la broussaille se refermait aussitôt après le passage… »
Comme dans ces lignes, je l’imagine avec ce courage incroyable. Se relever après cette chute et cette longue hospitalisation pour … marcher de la Provence à la Bretagne, par des chemins broussailleux, en solitaire. Ce n’est pas rien. C’est lvdb qui avait parlé chaleureusement de ce livre. Je n’ai pas regretter le voyage.
@ Janssen J-J dit: 15 août 2017 à 19 h 23 min
Si tu pouvais nous résumer tout ton fatras en quelques lignes pour savoir de quoi tu parles et en mettant de noms propres pour savoir de qui tu parles…
Bérénice, je n’en ai pas le temps, mais j’ai l’intention de le faire dans un avenir assez proche. Cependant, pour une raison toute simple, qui m’ a fait adorer aussi La Montagne de l’Âme. C’est que la pensée n’est jamais aussi lucide, aussi nette, que lorsqu’on se trouve sur des routes inconnues, au milieu de nulle part. A tel point qu’on a toutes les chances d’y rencontrer un ou plusieurs inconnus qui sont aussi nous-même que la vieille pelisse rapiécée qu’on se croit tenu d’endosser tous les matins. Quand on a fait certaines expériences de ce genre, on dévisage hardiment ceux qui trainent après eux eux leur enfance, et même leurs fantômes en se demandant : mais qu’est-ce qu’ils disent? Une fois qu’on est sorti d’une identité fabriquée par le hasard, – je suis ça, j’aime pas ça etc.-, qui n’est en grande partie qu’une croyance,on n’y entre jamais plus qu’avec d’infinies précautions, même si on conserve des attaches, fatalement. Vous connaissez certainement Comenius : »Qui suis-je? Où vais-je? Je ne le sais pas moi-même ». C’est un programme suffisant.
Golovanov explique qu’il lui est devenu impossible de relire ses propres livres écrits avant ce voyage. Vous voyez le gouffre.
Le plus drôle, c’est qu’ils ne comprennent pas plus Platon ou Schopenhauer que Badiou ou Wittgenstein !!!!!!!!!
@Janssen J-J dit: 15 août 2017 à 19 h 23 min
Chouette coup de gueu.le !
@W.
Venez boire le thé dans notre salon et apportez des petits gâteaux et quelques livres !.
Vous voyez le gouffre. (chaloux)
____________
On ne le voit que trop, hélas, abyssal….!!!!!!!!! hihihihihi !!!!!!
Non, je vais vous quitter, parce que tout est trop insignifiant ici !!!!!
Widergänger dit: 15 août 2017 à 19 h 15 min
Lire Freud à cinq ans ? Il est précoce !
bon après tout, livre du siècle pouvait vouloir simplement signifier qui résume notre début de siècle, c’est si triste malgré l’acharnement et l’amour du voyageur. Merci de votre réponse, Chaloux. Bloom est un peu comme ça aussi, ne répond qu’à ceux qu’il estime méritant ou à son altitude.
@19.27, Vous vous sentez apparemment visé et vous avez bien raison. Vous avez parfaitement bien compris mon fatras, et je ne connais hélas pas votre nom propre (à moinsse que ce ne soit Pablo75). Non, tout n’est pas toujours luxe calme et volubilis, dans les livres.
Oui, Christiane, Sur les chemin noirs.
Janssen, inutile de moraliser, c’est aussi bête que du Blabla. Chacun vient avec le lecteur qu’il est. J’ai toujours été beaucoup plus relecteur que lecteur mais je n’en fait pas une règle pour les autres. Le tout est de savoir où creuser… Le reste c’est de la parlote, comme on en a ici tous les jours la preuve.
Widergänger dit: 15 août 2017 à 19 h 31 min
« Non, je vais vous quitter, parce que tout est trop insignifiant ici !!!!! »
Enfin une bonne nouvelle.
Vous voyez le gouffre.
J’ai oublié ce détail, il ne peut plus entrer dans sa pelisse ? Justement vous mentionnez « écrits », ce livre ne l’est pas .
Bérénice, c’est ainsi que vous l’avez lu.
@19h27
Inutile d’invoquer.
Oggi, con les guidi alpini, et S. Tesson sait de quelle fête il s’agit.
Rien lu du billet, se reporter il y a 3 ans déjà…
Widergänger dit: 15 août 2017 à 19 h 30 mi
« On ne le voit que trop, hélas, abyssal….!!!!!!!!! hihihihihi !!!!!! ».
Blabla s’envisage décidément sous tous les angles.
Mais quel pauvre c.ul que ce wgg!
Ces écrivains je les ai eu à ma table pour deux d’ entre eux et quelques publications avec eux aussi…
Le troisième vu en sa résidence d’ été.
On a bu autre chose qu’ un thé.
C’ est pas vrai, ce mal chaussé pue de la bouche à 600 kilomètres!
il me faudrait le relire. Mais oui, pas au début, en avançant j’ai éprouvé moins de plaisir au style que d’intérêt pour son itinéraire et son expérience.
Le pauvre Blabla s’aperçoit qu’il est devenu un personnage dont la présence est devenue impossible ici. Ce n’est pas la première fois que ça lui arrive. Curieux tout de même que, comptable de tout ce que la pensée humaine a d’incompréhensible pour tout autre que lui, esprit par-delà, au-dessus et que sais-je encore?, il n’ait tiré aucune conclusion de nombreuses expériences similaires.
19h42 vous pensez à sa chute ? quel dommage qu’il n’ait connu que la loi de la pesanteur, s’il avait eu la légèreté d’un cheveu il n’aurait pas tant souffert à cause de cette satanée chanlatte à Chamonix.
Je n’ai pas regretter le voyage.
Christiane pas déçue du voyage .
« Le plus drôle, c’est qu’ils ne comprennent pas plus Platon ou Schopenhauer que Badiou ou Wittgenstein !!!!!!!!! »
Doit-on rappeller à Wgg qu’il ne sait même pas citer correctement les derniers mots du Tractatus de Wittgenstein ? Les comprend-il, ces grands philosophes qu’il cite à l’envi ? Tout porte à croire que non.
Oggi, con les guidi alpini,
le fabricant de lunettes de glacier ? vrai qu’il est plutôt beau gosse dans son hélicoptère.
merci pour ce très bel article qui donne effectivement une idée du niveau de déconfiture actuel du christianisme.
je ne crois pas que les types qui ont construit cette abbaye à l’époque imaginaient à quoi elle servirait mille ans plus tard.
ni celui qui a fondé l’ordre de chanoines au début du 12è siècle ait imaginé une seconde son destin.
sérieux vous imaginez une seconde la tronche des théâtreux si on utilisait leur théâtre pour y dire la messe ?
La vieille magnagna à 20h05 a toujours le cul en feu, comme cricri
_______
Rien lu du billet. moi
Pas tout à fait exact.
Dans la famille Boltanski, demandez le neveu, Christian. Un roman délicieusement déjanté,
« la cache ».
encore quecette affaire de « s’extraire de la vie des voyants, mais sans se crever les yeux » peut aussi être « vu » dans un sens « christique » ou même « divin », comme le montre l’extrait de ce film o l’acteur veut supprimer tous les regards, il faut sans doute y comprendre que même en supprimant tous les regards il reste encore celui de Dieu ?
de même passou, sur votre conseil : « la prochaine fois que vous direz à quelqu’un : « Va voir ailleurs si j’y suis ! », c’est dans les salles de cette exposition à l’abbaye d’Ardenne qu’il se rendra certainement », il faudrait ajouter que s’il veut s’éviter de faire des kms il peut se rendre dans tous les lieux de culte se trouvant à proximité de chez lui, dans la mesure où « va voir ailleurs si j’y suis » est une formule 1 qui se réfère aussi à la présence de Dieu…
en effet le « va voir là-bas si j’y suis » est le crédo divin se référant à la recherche de la terre promise, où tout un peuple va traverser le désert pour voir répondre à cette unique injonction : vas voir là-bas si j’y suis !
sans compter que le « va voir là-bas si j’y suis » peut aussi se référer à l’épisode de Jonas que Dieu fait tourner en rond, toujours dans le but d’aller voir là-bas s’il y est…
et là passou, je suis désolé de le dire, mais tout ce ramdam d’eller créer un institut de projection d’images, pour ramener une flopée d’artistes de mes deux, on aurait pu s’éviter tous ces efforts si cette abbaye avait conserver son but initial qui était, je le rappelle : celui d’y lire la Bible.
je veux bien qu’il faille essayer d’occuper tous les chargés et divers secrétaires à la Culture, mais tout y était déjà dans la Bible, même le « vas voir là-bas si j’y suis » et aussi le mystère sur c’est quoi l’existence, il suffit de recruter un bon curé et hop ! pas besoin de faire tout ce raffut !
en 1996 ! c’est l’année le ministère de la culture a transformé ce lieu de culte en salle de spectacle !
qu’importe qu’ils aillent tous bruler en enfer, mais ont-ils pensé à nos pauvres âmes perdues ?
LVDLB, vous devriez savoir que la vieillesse éteint tous les feux quoique’à votre âge nous n’ayez pas cessé de brûler. Remerciez pour moi les pompiers et saluez le zèle de leurs lances.
l’autre il le dit : pour tout comprendre de ce monde et des humains qui le peuplent il suffit de lire Shakespeare et la Bible.
transformer les lieux de culte en salle d’exposition de tableaux c’est pas cool parce que c’est fait dans le but de faire en sorte que les gens ne puissent plus rien comprendre de ce monde !
et sur ce coup passou avec votre article et votre collaboration vous êtes co responsable de ce diabolique dessein.
comment un homme de culture comme vous Monsieur Assouline, un aussi grand lecteur, qui malgré toutes ses lectures sait bien que l’essentiel reste un mystère, un « don’t explain », comment un type comme vous peut-il accepter sans sourciller de laisser transformer les abbayes en salle de cinéma ???
c’est ce genre d’article que nous aimerions lire de votre part, plutôt que de nous enfumer avec une ribambelle de noms qui ne servent qu’à mieux dissimuler celui de Dieu !!!
ah les marchands du temple ! mais l’avenir jugera, nos enfants, la grande histoire ! et les enfants de nos enfants jugeront nos actes et les actes de ceux qui auront transformé les abbayes millénaires en grand cirque de la culture !
sérieux vous imaginez une seconde la tronche des théâtreux si on utilisait leur théâtre pour y dire la messe ?
l’heure est à la reconversion, les lieux de culte chrétien en France sont désaffectés et pour certains trop nombreux à l’abandon. Faites un don.
à force de se perdre dans les détails on en oublie l’essentiel.
Pat V dit: 15 août 2017 à 19 h 42 min
On a bu autre chose qu’ un thé.
__________
Oh oh oh ohoooooohhhhhh ahhhhh aaaaahhhh uuhhhuhuuuhuuuu!!!!
comme le dit Chesterton le monde ne périra pas par manque de merveilles mais par manque d’émerveillement.
il avait raison, le grand travail de démolition culturel a commencé !
hamlet s’apprête à tuer clodius apparemment…
le grand travail de démolition culturel a commencé ! (hamlet
_________
Et hamlet en est le prophète…!!!!!!
l’heure de la grande confusion a sonné !
tant n’est pas la question du vas voir là bas si j’y suis, mais plutôt du :
– tu vas où ?
– à l’église.
– prier ?
– non voir un film avec Buster Keaton.
comment il disait l’autre, quand les mots ne servent plus à désigner la chose alors la confusion s’installe.
et la fonction du ministère de la culture aura été celui mettre de la confusion dans les esprits saints !
mais je donne encore cent ans avant que tout cela ne re rentre dans l’ordre… des chanoines !
(0 + 0)
‘ =’
C’est Delaporte quand il lit les commentaires de Wgg…
WGG, ça ne m’étonne pas que vous en soyez le premier à être dupe de ces manigances culturelles.
vous êtes perdu dans vos lectures, entre Badiou et Wittgenstein, et comme vous ne levez jamais les yeux pour voir le monde dans lequel vous vivez (comme Paul Edel) et bien vous ne voyez même pas que ce dont nous parlent ces auteurs se passe aussi dans la vraie vie.
Wittgenstein WGG ! Wittgenstein !
souvenez-vous de l’épisode o il a failli embrocher Rutheford !
même Russell s’est mis le doigt dans le l’oeil face à Chesterton !
la raison démesurée aura raison de notre humanité WGG !
hamlet a revêtu sa grande robe de bure
les bras levé vers le ciel haut
il s’afflige et lance ses divines imprécations
ce qui me reste à vivre est peut-être bien court
dit-il mais boitant je me pavane sur la scène de mon temps
et la raison financière WGG ! parce que si vous posez la question de savoir pourquoi on transforme les cathédrales en dancing on vous dira : « c’est pour pouvoir payer l’entretien »…
l’argent est devenu le moyen d’explication de tout : pourquoi payer une blinde un type qui tape dans un ballon ? parce qu’avec la vente des maillots ça rapportera 2 fois plus !
et c’est logique cette logique qui mène à la démesure, dont les premiers philosophes disaient qu’elle était source de tous les maux, la démesure ! l’ubris WGG !
et cet ubris se construit pierres après pierres par les cultureux, comme on a construit ces monastères pour pouvoir les transformer en foire !
Hamlet, c’ est vrai que l’ église signe Dieu, mais…
» La signature arrache l’ objet à l’ objet, arrache l’ objet à la série de ses doubles indéfinis, arrache l’ objet à l’ anonymat. Elle est un indice, un moyen de soutenir cette supposition fondatrice de l’ œuvre d’ art qu’ elle a un auteur, qu’ il y a derrière un sujet. Mais il peut y avoir d’ autres sortes d’ indices. La simple bizarrerie d’ une roue de bicyclette greffée sur un tabouret de cuisine, si elle ne suffit pas à faire une œuvre d’ art, conduit en tout cas à faire lever une telle supposition qu’ il doit bien y avoir un auteur derrière ce machin, un esprit légèrement siphonné de la carafe, peut-être, mais l’ auteur tout de même, de ça, l’auteur justement. Il est aussi imaginable que cela se produise sans même un indice ajouté – le ravissement éprouvé devant la complexité merveilleuse d’ une fleur ou d’ un cristal conduit bien certains à la supposition qu’ il ne peut pas ne pas y avoir un Auteur à tout ça… »
G. Wajcman, o.p. page 67.
c’est ça riez WGG ! riez pour montrer au monde les caries de votre esprit !
au moins ce rire montre votre véritable visage de celui qui croit benoitement que les moralistes ça fait de la morale !
À l’ubris, je préfère l’ubrique, hamlet…
Les caries de mon esprit s’ajustent à la carrure de mes dents !
Pat V dit: 15 août 2017 à 21 h 11 min
et oui, c’est ça la grande confusion des idées, nous y sommes.
même si pour Wajcman une fleur est une merveille ça m’étonnerait qu’il aurait voulu transformer les églises en serres florales ou en pépinières !
autant une fleur est merveilleuse dans un jardin autant elle ne l’est plus si ce jardin est planté dans les murs d’une basilique.
ah la grande confusion des genres, des mots et des idées !!!
« une idée du niveau de déconfiture actuel du christianisme »
A ceci près que, peut-être, aujourd’hui les abbayes sont faites pour autre chose, pour se développer autrement, toujours vers l’art, bien sûr, et la littérature, sans nul doute : la littérature à propos de Dieu. Ce n’est pas une « déconfiture », c’est la croissance au contraire du christianisme, qui englobe l’art de son époque et devient vraiment universel. Pouvoir arpenter les belles abbayes, pour penser, réfléchir, etc., c’est au contraire une victoire profonde sur le temps de notre religion, qui a toujours su s’adapter et se rénover.
Pourquoi a-t-on mis des œuvres d’ art très tôt dans les église, Hamlet.
Vous devriez vous poser la question.
C’ est aussi l’ histoire de les avoir détachées du mur.
Un truc passionnant!
970
commentaires