de Pierre Assouline

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La République des livres

cinéma

Il faut que tout change pour que rien ne change

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S’il est vrai qu’une phrase lue dans un livre suffit à engager une vie, on en connait qui passent leur vie à creuser une phrase. Ils confesseront volontiers que toute leur vie n’aura pas suffi à en épuiser le sens. Encore ne s’agit-il pas là de traducteurs du Bartleby le scribe qui s’affrontent depuis 1853, pour savoir si « I would prefer not to », la formule-clé de l’anti-héros d’Herman Melville, doit se traduire par « Je préfèrerais ne pas », « je ne préfèrerais pas », « Je préfèrerais pas » ou « j’aimerais mieux pas ». Personnellement je me garderais bien de ne trancher pas la querelle. De […]

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Drôle d’endroit pour un ouikende

1090

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Inutile de faire semblant : la parution de Week-end à Zuydcotte, ce roman historique de Robert Merle remontant à 1949, il y a fort à parier que, malgré le grand succès public que lui assura le Goncourt  pour nombre d’entre nous, ses (anti)héros aient l’allure de Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle, Pierre Mondy, François Périer, Georges Géret… Une sacrée distribution. Il en va ainsi chaque fois qu’un film à forte notoriété, souvent diffusé à la télévision, révèle un livre aux générations venues après ; le plus souvent, celui-ci n’est découvert et lu qu’après coup ; et immanquablement, des visages et des silhouettes se superposent […]

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La grande beauté de certains scénarios

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Les livres sur le cinéma sont le plus souvent décevants- quand ils existent ! Ceci explique probablement cela, et leur médiocrité, leur rareté. Au mieux, un recueil de souvenirs, d’anecdotes, de choses vues et de bons mots correctement mis en forme par un autre que le mémorialiste. Au pire, la même chose sans même le plaisir de lecture tant l’hyperbole et les superlatifs gâchent tout (les Mémoires de Charlie Chaplin pourraient figurer dans une anthologie du ratage : moi, moi, moi et les autres). On connait bien les quelques exceptions qui confirment la règle.  Les entretiens Hitchcock/Truffaut, un grand livre en effet […]

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Shakespeare à l’oeuvre derrière « Succession »

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La qualité des insultes proférées en permanence par le personnage de Roman Roy dans Succession est si inventive dans le registre ordurier (« Il va envoyer un million d’araignées venimeuses dans ta bite » ou encore « Je vais broyer tes putains d’os pour faire mon pain » outre les innombrables fuck you !, commodités du langage qui font office de charnière entre les phrases…), elle retient tant l’attention qu’elle fait oublier une autre dimension de la série à grand succès de HBO : son inspiration littéraire. De quoi surprendre le téléspectateur qui conserve encore dans le creux de l’oreille les dialogues qui émaillent depuis quatre saisons cette […]

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Polanski, tel qu’en lui-même enfin…

Polanski, tel qu’en lui-même enfin…

Albert Bensoussan

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De quelque côté qu’on le prenne, sous quelque film qu’on l’envisage, pour peu qu’on soulève son masque ou ses divers dominos,  Roman Polanski est toujours le même, un petit bonhomme qui, par son astuce, son intrépidité et  un impérieux instinct de survie, a su fuir du ghetto de Cracovie pour échapper à la déportation et Auschwitz où périt sa mère ─ traumatisme initial et plaie immarcescible. À tout jamais il restera cet enfant orphelin. Mais c’est un homme accompli, un mensch franco-polonais, un cinéaste de première, issu de la prestigieuse académie de cinéma de Łódź où il côtoya son maître […]

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Quelle heure est-il ?

Quelle heure est-il ?

1086

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Il peut paraitre extravagant, élitiste, snob ou déplacé de porter au pinacle une œuvre que presque personne ne peut voir. Ou alors dans des circonstances assez particulières. Et pourtant, on ne connait guère de spectateur de The Clock qui n’en ait émergé dans un état d’envoûtement et qui n’ait eu de cesse de s’en faire le héraut. Qu’on la qualifie d’installation vidéo, d’œuvre audiovisuelle ou simplement de film, la chose en question ne relève en réalité d’aucune catégorie. Elle n’en propose pas moins une réflexion inédite sur le Temps à travers un réexamen inédit de l’histoire du cinéma et complète […]

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Vie d’Oliver complètement Stone

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Les mémoires de cinéastes qui valent la peine d’être lus sont si rares, et le genre en lui-même si peu pratiqué, que lorsqu’il en est un qui sort du lot, on ne devrait vraiment pas s’en priver. Il est vrai que le plus souvent, ils ne valent pas un clou ; les amateurs n’ont pas oublié la déception qu’a suivie la parution de Histoire de ma vie (1964) de Charles Chaplin, concentré de name dropping. La plupart du temps, pressé de citer les meilleurs, ceux qui nous ont marqué, on se rabat soit sur Un demi-siècle à Hollywood de Raoul Walsh […]

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Totalement Woody sans en perdre Allen

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Allez savoir pourquoi ! on a toujours interrogé Woddy Allen sur ses rapports avec le cinéma, les enfants, les femmes, les enfants de ses femmes, le base-ball, les ailes de poulet mais jamais sur les relations qu’il entretenait avec la littérature. Or, bien qu’il ait toujours démenti sa réputation d’intello largement due à ses lunettes à monture épaisse, on se doute bien que l’imaginaire d’un tel artiste s’est aussi nourri de livres. Surtout lorsqu’on sait son aversion pour la réalité. Aussi en 2000 lui demandais-je un entretien à ce sujet à paraitre dans le magazine Lire. Sa maison de production m’accorda […]

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« J’accuse », cette histoire si française

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Donc, J’accuse. La critique et le public l’ont largement plébiscité (déjà plus d’un million d’entrées, malgré ou grâce aux controverses qu’il a suscitées) sans pour autant faire l’unanimité. L’un des rares films de la rentrée dont on parle et dont on a encore envie de parler, de débattre bien après l’avoir vu tant ses personnages vous hantent. Et quand bien même ce serait pour le critiquer ou lui adresser des reproches, c’est signe que malgré tout il ne laisse pas indifférent. Mieux encore lorsqu’il donne envie de creuser l’histoire davantage et qu’il renvoie aux livres qui l’ont nourri, son scénariste […]

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Rien du cinéma ne lui est étranger

1220

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Désolé mais moi, j’aime lire les critiques, j’en ai besoin, j’y prends un plaisir certain, j’y trouve un intérêt inentamé quand bien même beaucoup seraient prévisibles à la longue, exaspérants de mauvaise foi, écoeurants de partialité. C’est aussi vrai pour les critiques littéraires que pour les critiques dramatiques, ou ceux qui exercent leur art (mais oui, c’est un art) dans la critique d’art, de photo ou de cinéma. Certains chez ces derniers, rares il est vrai, mériteraient vraiment d’être évoqués comme des « écrivains de cinéma », à l’égal de quelques scénaristes et dialoguistes, car ils nous offrent d’authentique morceaux de littérature […]

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