de Pierre Assouline

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La République des livres

arts

Pierre Le-Tan, le charme indéfinissable du collectionneur

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Les collectionneurs forment une drôle de race. Je n’en suis pas. Nul besoin de posséder pour apprécier ou aimer. Une telle idée me détournerait plutôt de la contemplation de l’œuvre. Je pourrais à la limite collectionner les collectionneurs, leur tirer le portrait, mais pas l’écrire. Ils ne me fascinent guère même si leur névrose de l’accumulation m’intéresse, étant entendu qu’on élimine de cette réunion où il serait plaisant de les épingler comme des papillons, les spéculateurs et ceux qui exposent des tableaux contemporains chez eux à défaut d’exposer le chiffre d’affaires de leur société ou la progression de leur compte […]

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Jean Dieuzaide, Ô mon païs !

Jean Dieuzaide, Ô mon païs !

JEAN-PIERRE BERTIN-MAGHIT

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La petite fille au lapin, la Gitane, Dali dans l’eau, le mariage des funambules, le Brai… Ces images icones  ont marqué la carrière de Jean Dieuzaide, 1921-2003, ce photographe humaniste, ami de Ronis, Doisneau, Izis, Boubat, Brassaï et Weiss. Elles pourraient à elles seules résumer son œuvre photographique. L’importance de Jean Dieuzaide, dit Yan, dépasse, au-delà des centaines de clichés exposés en France et à l’étranger sa création artistique  dans la mesure où il s’est engagé, dès la Libération, à donner à la photographie ses lettres de noblesse. L’ouvrage de Jean-Marc Le Scouarnec est nourri par une importante documentation constituée […]

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On peut tomber amoureux d’une statue

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Aimer une œuvre d’art, c’est courant. Mais l’aimer à la folie et nourrir une véritable passion amoureuse pour elle ? Faut voir. Un tableau, c’est difficile. Les experts conviennent que si la peinture peut provoquer de fortes émotions, elle n’entraîne généralement pas de transports susceptibles d’altérer le jugement. Même si nous avons tous connus des gens si épris d’une toile, un portrait le plus souvent, qu’ils ne pouvaient s’empêcher de l’embrasser. L’image est fixe et intouchable alors qu’on peut tourner autour d’une sculpture, et il est permis de la caresser. Cela dit, le fameux syndrome de Stendhal ne touche pas particulièrement […]

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Maugham & Floc’h & Rivière : Tremendous !

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L’anglophilie est-elle une maladie textuellement transmissible ? Si c’est le cas, alors ça craint à la lecture de Villa Mauresque du duo Floc’h & Rivière (104 pages, 20 euros, La Table ronde) car l’album est irrésistible. Il n’est pas indispensable de bien connaître la langue de Maugham (prononcez « Môôôme » si vous ne voulez pas passer pour un froggie) pour succomber à son charme. Car c’est bien de lui qu’il s’agit ainsi que l’annonce le bandeau « Somerset Maugham  et les siens » pudiquement placée par l’éditeur non au bas, comme il est d’usage, mais au centre de la couverture représentant l’écrivain nageant saisi […]

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Barbara au coeur de sa nuit

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Ce n’est même pas un paradoxe, juste un constat personnel : on peut être biographe et n’éprouver aucune curiosité pour la biographie de ceux qu’on aime, qu’ils nous fascinent ou simplement nous intriguent. Mon cas vis vis de bien des créateurs dont je n’ai jamais cherché à connaître la vie ; je me suis contenté de l’œuvre, qui est l’essentiel, probablement influencé par Nabokov pour qui le style d’un écrivain suffit à dessiner les contours de sa biographie. Mais comme les livres m’arrivent sans crier gare, Barbara m’a rattrapé. Parfaitement, la pianiste chantante, la dame en noir, la mélancolie faite femme. Des […]

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A l’écoute des silences de Music et Rebeyrolle

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Ce n’est pas pour me vanter mais je me suis toujours senti en situation d’impuissance chaque fois qu’il s’est agi d’écrire sur la peinture. Passe encore un article ou une préface. Mais écrire un livre non pas autour d’un peintre mais sur sa peinture. Un livre qui ne soit pas de pure réflexion théorique ou d’analyse esthétique mais même un livre d’écrivain d’art à la Malraux. Insurmontable sauf à verser dans le commentaire biographique, dans le meilleur des cas, ou  au pire dans les travers de l’anecdote. L’impression nous gagne alors que la langue s’épuise en vain, que le lexique […]

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Anselm Kiefer face à l’histoire avec une grande hache

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Certains artistes, c’est à se demander si leur lieu de travail ne fait pas partie de leur œuvre. Qu’il soit bureau ou atelier, il est aussi leur création, parfois si vivante qu’on la dirait volontiers leur créature. Ils y sont partout, jusque dans le moindre recoin. Ils l’habitent autant qu’ils en sont hantés. Pourtant, lorsqu’on a le privilège de pouvoir les y visiter, on ne les y voit pas vraiment comme s’ils s’y étaient fondus. D’eux on pourrait dire ce que l’un de ses amis disait de l’antre de Raymond Queneau rue Sébastien-Bottin : « C’est là qu’on a le plus de chance […]

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L’image de Le Corbusier et l’oeil de l’architecte

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Nul n’est moins mort que Charles Edouard Jeanneret (1887-1965) dit Le Corbusier, l’architecte le plus marquant du XXe siècle. Mais avant tout un artiste complet, comme on le dirait d’un athlète. Et le photographe en lui ne fut pas le moindre, non seulement parce qu’il ne cessa de prendre des photos monumentales mais encore parce que très tôt, il prit soin de son image (noeud papillon, lunettes rondes à noire monture épaisse en nickel puis en corne, costume strict, chemise blanche, pipe entre les dents) et porta une grande attention à celle que les photographes donneraient de lui. Un album […]

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Extension du domaine de l’humanisme à la photographie

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Si nécessaire, Willy Ronis (1910-2009) justifierait à lui seul l’extension du domaine de l’humanisme à la photographie. Bien sûr, il ne fut pas le seul : Doisneau, Izis, Boubat, Brassaï… Comment définir ce courant qui ne fut pas une école ni même un mouvement ? Disons un mélange de réalisme social et de poésie du quotidien, qualifié de « réalisme poétique ». Ses principaux représentants (dès avant-guerre avec Marcel Bovis et d’autres) voulaient donner à voir l’infiniment humain en tendant à la société un miroir fraternel, au risque d’être taxés de « mièvrerie » ; ils privilégiaient la part du rêve tout en reflétant un imaginaire d’après […]

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