Histoire Littéraire

Comment s’en sortir avec un comité de rédaction constitué de quelque 192 collaborateurs ? On peut. Même dans un pays jugé ingouvernable eu égard à son innombrable variété de fromages. Il suffit de s’oublier un peu sans jamais cesser d’être soi. Une telle gageure s’imposait aux concepteurs du Dictionnaire de l’autobiographie sous-titré « Ecritures de soi de langue française » publié sous la direction de Françoise Simonet-Tenant, avec la collaboration de Michel Braud, Jean-Louis Jeannelle, Philippe Lejeune et Véronique Montémont (848 pages, 65 euros, Honoré Champion) Ce n’est pas que mon cher moi personnel m’obsède à ce point mais cette lecture m’a passionné. […]
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Doyen de l’édition encore en activité depuis la mort de Maurice Nadeau, Bernard de Fallois, qui vient de s’éteindre à 91 ans, ne fut pas seulement l’une des figures marquantes de son métier durant le demi-siècle échu : c’était un homme de qualité, dont la vaste culture classique, l’étendue du goût, l’acuité de l’intelligence, le flair appuyé sur une expérience éprouvée des choses de la librairie, la causticité de l’humour, la franchise toujours courtoise, la curiosité intellectuelle inassouvie étaient sans égal dans son milieu. S’il n’avait pas « tout lu », il avait beaucoup lu, en profondeur ; il pouvait soutenir une conversation, improviser […]
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Inclassable, cette œuvre est impossible à ranger tant son auteur se refusait à être dérangé. Pas une de ses lignes qui n’illustre une esthétique du refus. Il y a incontestablement du Bartleby en lui, mais en plus radical. D’autant que ses « non » s’exerçaient dans la sphère de l’édition, de la librairie et de la moindre participation à la mondanité littéraire. Lui aussi préférait ne pas. Ses écrits sont des dépôts ; il faut laisser fermenter, quitte à ce que ça prenne toute une vie, rien ne presse. Il est vrai que lorsque tant d’autres s’ingénient à se faire une place au […]
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Une traduction ne constitue-t-elle pas une recréation de l’œuvre d’art traduite ; une recréation qui permet de dévoiler une dimension inédite de la beauté de ladite œuvre ? Le traducteur fait face à une production artistique élaborée à partir d’un certain langage, entendu comme système organisé de signes. Son travail consiste à donner une seconde vie à l’œuvre, grâce à un autre langage. Aux yeux de Diderot, chargé d’écrire les comptes rendus des expositions de l’Académie royale de peinture et de sculpture, la magie du peintre qui anime son tableau peut être envisagée dans un rapport analogique à la magie du critique d’art […]
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« Il n’y a plus que toi qui a connu… ». C’est la phrase qui tue. Façon de parler, bien sûr, car celui auquel elle s’adressait invariablement, le doyen des établissements Gallimard au 5 rue Gaston-Gallimard, anciennement rue Sébastien-Bottin, vient de disparaitre à 98 ans. Jusqu’à l’année dernière, Roger Grenier recevait son quota de nouveaux manuscrits lors des rituels comité de lecture : « On me donne des vieilleries plutôt que des jeunes romancières, allez savoir pourquoi ! » soupirait-t-il. Généralement, lorsque qu’un collaborateur de la maison d’édition poussait la porte de son bureau et lui lançait « Il n’y a plus que… » (air connu), c’était signe qu’une […]
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D’un côté, un jeune auteur parfaitement inconnu dont c’est le tout premier livre. De l’autre, des auteurs très connus surtout là-bas, sur l’autre versant de la frontière, en Suisse, une contrée exotique pour tant de Français. Entre les deux, la littérature vécue comme une passion. De ce croisement est né l’ouvrage le plus original, le plus inattendu, le plus fin de cette rentrée, laquelle compte comme chaque année à la même époque une douzaine de bons livres mais aucun qui s’impose. On n’en voit guère qui ait la qualité de Rondes de nuit ( (288 pages, 24 euros, Le Bruit […]
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(…) La vraie vie? Justement, chez Philip Roth, il n’y en a pas : la vie est ce qui manque, ou se manque. Il y a quelque chose de l’épopée — une épopée grinçante — dans ce tableau, vaste et minutieux, de la condition de l’écrivain (juif américain): l’auteur et ses personnages, sa création, l’auteur en proie à ses créatures, l’homme présent et absent dans son œuvre, la relation entre une vie d’homme et une vie de personnage. On résiste mal à l’envie d’appliquer à l’entreprise de Roth, pour la résumer d’un mot, la formule de Henry James citée dans […]
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A l’heure où nous mettons sous presse, nous sommes en mesure de vous révéler, à vous authentiques lecteurs de livres et non pas vulgaires consommateurs de papier, une information capitale : l’écrivain est un être vivant comme un autre. Entendez qu’il mange, boit, dort, paie son loyer et ses factures d’électricité, souffre d’hernie fiscale, connaît des problèmes de fins de mois en début de mois. Bref, lui comme vous et parfois davantage. Cela paraît évident. Pourtant, à en croire ceux qui les mettent si souvent à contribution pour faire la roue en public, il vivrait d’amour et d’eau fraiche. Au-delà même […]
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Je n’est pas toujours un autre. Il arrive qu’il s’affirme clairement comme étant l’auteur et nul autre. Ainsi le pacte de lecture est-il clairement établi qui nous dispense de chercher à retirer les masques superposées sur le visage de celui qui signe de son propre nom en haut de la couverture. Le genre n’est pas nouveau. Les Américains l’ont brillamment illustré du Truman Capote de De Sang-froid (1966) ) au William T. Vollman de La Famille royale , en passant par le Norman Mailer du Chant du bourreau (1979) Qu’il s’agisse de comprendre le passage à l’acte existentiel de meurtriers, […]
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Alexis Ragougneau ? En d’autres temps, l’éditrice Françoise Verny aurait gueulé : « Pas un nom d’écrivain, ça coco ! Trouves-moi autre chose qui sonne mieux ! Littéraire, quoi ! ». D’Alexandre Ragougneau, j’avoue n’avoir lu à ce jour aucun des polars, ni vu aucune des pièces, puisqu’il mène une double activité de romancier et de dramaturge. Aussi, quand son Niels (354 pages, 20 euros, Viviane Hamy) est arrivé sur ma table, j’étais loin de me douter qu’il se révèlerait à l’examen comme l’un des tout meilleurs romans de la rentrée. Rien de moins. Enfin un roman qui se lit comme un roman. Le Niels du titre, de […]
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