de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire Littéraire

Sade, ce fin rhétoricien

Sade, ce fin rhétoricien

Michèle Vallenthini

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Si la rhétorique classique préconise le modèle idéal d’une parole efficace et claire fondée sur des valeurs politiques, morales et spirituelles, les caractéristiques de l’« ars bene dicendi » sadien sont par contre totalement différentes. Pour simplifier les choses, on peut les réduire à deux : premièrement, la rhétorique sadienne se caractérise par une tendance à la surenchère, ce que Villeterque qualifie de « démesure », disloquant l’équilibre classique de la rhétorique, qui n’est pourtant jamais sans une élégance classique digne d’un Bossuet. Il y a de tout, et souvent il y en a trop : trop de mots, trop de pages, trop de […]

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Paul Valéry à genoux devant son daimôn

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Rares sont les correspondances d’écrivains qui ne contiennent pas leur lot de déchets : migraines & indigestions, courses à faire, considérations domestiques etc Les biographes en font aussi leur miel, contrairement aux lecteurs que cela assomme à juste titre. Les Lettres à Jean Voilier (547 pages, Gallimard) de Paul Valéry n’échappent à ce trébuchet du jugement. Disons qu’une fois balayées les mamours, polissonneries et roucoulades, de belles pépites surnagent. La dame a beau être sa chaude maîtresse, il n’en demeure pas moins le grand écrivain. Passons sur les poèmes assez niais qu’elle lui a inspirés, parus il y a six ans […]

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La ténébreuse affaire de Félicien Marceau

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Fallait-il être pervers, comme il s’en trouve parmi les membres de l’illustre compagnie, pour encourager l’essayiste Alain Finkielkraut à se présenter au fauteuil de l’écrivain et dramaturge Félicien Marceau (1913-2012) à l’Académie française. Ceux-là doivent déjà savourer le passage le plus délicat de son éloge à venir du prédécesseur, où il aura à évoquer le seul point noir de sa biographie : l’Occupation. S’il nourrit encore des doutes, un petit tour sur la Toile l’aura déjà affranchi quant à l’opinion qu’en ont certains de nos contemporains : « collabo », « fasciste », « nazi » etc Le nouveau titulaire du 21 ème fauteuil n’aura pas la tache […]

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Samuel & Beckett en franchise postale

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Bigre ! Voilà des éditeurs qui ne marchandent pas leur admiration. Ce qui est pour le moins risqué. Que Samuel Beckett ait été l’un des plus grands épistoliers littéraires du vingtième siècle, ce volume de Lettres (The Letters of Samuel Beckett, traduit de l’anglais par André Topia, 802 pages, 55 euros, Gallimard) en témoigne avec éclat. Mais « peut-être de tous les siècles », vraiment ? Malgré la prudence de la formulation, on se dit que les éditeurs George Craig, Matha Dow Fehsenfeld, Dan Gunn et Lois More Overbeck ont suffisamment de biscuits pour s’avancer ainsi. Eux ont déjà tout lu et surtout transcrit de […]

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Michael Edwards à l’Académie : pire qu’un étranger, un Anglais !

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Marx, Groucho bien sûr, disait qu’il n’aimerait pas appartenir à un club qui l’accepterait pour membre. Michael Edwards n’est pas marxiste, ou alors il cache bien son jeu. Contrairement aux apparences, il ne passe pas toutes ses vacances, sports d’hiver compris, à Stratford upon Avon. Bref, il était ravi d’être accueilli ce jeudi à l’Académie française, le premier Anglais à s’y poser pour l’éternité (et le premier élu à susciter la présence d’un invité en kilt ! non loin de… Alain Finkielkraut, nouvel élu mais en civil, pour l’instant ). Conscients d’entrer dans un club de happy few, il saura […]

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Le désir d’Europe des écrivains latino-américains

Le désir d’Europe des écrivains latino-américains

PHILIPPE OLLE-LAPRUNE

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Dans un écrit de 1524, Hernán Cortés désigne un lieu de culte du peuple aztèque par les mots de « grande mosquée ». face au vertige de l’inconnu, il se tourne vers le déjà-vu et, par cette torsion du réel, garde pied et ramène la réalité neuve à une expérience antérieure. Les Européens ont conquis les territoires et colonisé les peuples d’Amérique allant jusqu’à les plier à leurs utopies et leurs fantasmes. Grâce à cette construction chimérique du lieu, ils ont offert un matériau idéal aux écrivains à venir. En contrepoint, si les Latino-Américains ont eu un désir d’Europe, leurs rapports […]

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Poétique de Céline, éthique de Kraus

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L’ego-histoire, c’est bien, surtout lorsque d’autres que des historiens s’en emparent aussi. Encore faut-il avoir envie de sacrifier au racontage de mézigue, expression qui n’est pas de Louis-Ferdinand Céline mais de Jacques Perret. Il est remarquable qu’un écrivain aussi tempétueux ait suscité un exégète aussi paisible qu’Henri Godard. Comment devient-on le spécialiste les plus respecté et le plus incontesté de l’œuvre d’un grand écrivain ? Richard Ellman avait autrefois répondu pour Joyce ; Jean-Yves Tadié pourrait répondre pour Proust, Pierre Citron pour Giono. Jacques Body pour Giraudoux, Henri Mitterand pour Zola… En attendant, Henri Godard le fait dans A travers Céline, la littérature […]

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La ruche de Shakespeare

La ruche de Shakespeare

Henry Wessells

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Shakespeare’s Beehive (“La ruche de Shakespeare”) est le récit d’un exemplaire annoté d’An Alvearie or Quadruple Dictionary de John Baret, un grand in-folio publié à Londres par Henry Denham en 1580, qui ne fut ni réimprimé ni digitalisé jusqu’à nos jours. L’exemplaire en question porte des traces de la bibliothèque privée de Lady Georgiana Fullerton au XIXème siècle ; au XXIème siècle, il fut déniché par le « grand déluge » qu’est eBay, site de vente aux enchères sur internet, qui porte à la surface des eaux des matières qui demeuraient cachées. George Koppelman et Daniel Wechsler, antiquaires à New York, ont […]

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Pierre Herbart, une biographie plus grande que lui

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Le paradoxe est assez rare pour être examiné : on peut admirer le travail d’un biographe tout en se demandant si l’objet de ses recherches valaient que tant de talent, d’opiniâtreté, d’efforts fussent déployés. Un cas d’espèce que ce Pierre Herbart (616 pages, 29 euros, Grasset) de Jean-Luc Moreau, auteur d’essais autour de Camus, Sartre, Beauvoir, Dominique de Roux. On chemine agréablement dans la lecture de cette enquête fouillée, dense et fluide. Mais plus on avance, plus le doute nous envahit sur la personnalité du héros. N’eût été la curiosité persévérante et nostalgique de quelques éditeurs parisiens, autrefois celle de Guégan & […]

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Henriette, like a rolling stone

Henriette, like a rolling stone

Yannick Séité

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Le 26 mars 1764, alors que, depuis bientôt deux ans, il réside à Môtiers-Travers, dans les États du roi de Prusse, Jean-Jacques Rousseau reçoit une lettre signée du seul prénom d’Henriette. Cette inconnue – aujourd’hui encore, son identité demeure un mystère – s’y avoue peu douée dans le métier de vivre et vient en conséquence solliciter le conseil de Rousseau, que les récentes publications de La Nouvelle Héloïse puis d’Émile ont établi dans toute l’Europe et au-delà comme un ingénieur des âmes humaines et un expert dans les choses de l’éducation. (…) Au moment où il reçoit la quatrième lettre […]

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