de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire Littéraire

Les écrivains se confessent à la radio comme nulle part ailleurs

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Un écrivain c’est une voix que l’on doit retrouver tant à la lecture qu’à l’écoute. Elle le révèle et le trahit quand il espère dissimuler. Sa voix le dévoile. Un précieux recueil, mais « précieux » au sens d’indispensable, paraît ces jours-ci à l’occasion des 50 ans de la Maison de la radio. Les grandes heures (472 pages, 45 euros, La Table ronde/Radio France éditions/INA)réunit dans un format, sur un papier et à travers une mise en page parfaitement adéquats, douze entretiens avec des écrivains, dont six sont inédits, diffusés sur les ondes entre 1950 et 2000. Nombre de Français des années 50 […]

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Défis, dilemmes et délices du métier de traducteur

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Je vais commencer par quelque chose d’un peu banal, mais bon, tant pis, je le dis quand même : le métier de traducteur est un métier merveilleux. Chaque traduction est un voyage dans un nouvel univers, une occasion d’approfondir ses  connaissances ou d’en acquérir, une rencontre avec une personne hors du commun — je parle de l’auteur, bien sûr. Tous ceux que j’ai eu la chance de traduire étaient ou sont des écrivains de talent ou de grands écrivains. Et ici,en prime, il y a le poète dont l’auteur fait le portrait, Anna Akhmatova, que j’aime tout particulièrement… Bien sûr, chaque […]

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Les prix littéraires : des accélérateurs de particules

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C’est rare, un observateur de la chose littéraire qui ose parler des Prix sans les réduire systématiquement à la corruption, aux magouilles et aux manœuvres. Rare, appréciable et au fond assez gonflé car cela lui sera reproché par ceux qui n’ont rien d’autre à en dire. Quelque chose de positif. Par exemple que les Prix font lire, qu’ils font tourner les librairies, qu’ils permettent parfois de soutenir les écrivains de manière sonnante et trébuchante, qu’ils constituent d’excellents cadeaux et qu’ils focalisent l’attention du public à l’automne ce dont on ne saurait se plaindre. Le romancier Tanguy Viel a parfaitement nommé le […]

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Bernanos, électron libre

Bernanos, électron libre

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Qui lit encore Bernanos ? On ne sache pas qu’il soit souvent au programme. N’eut été le cinéma, ou plutôt de rares cinéastes de génie de Bresson à Pialat, sans oublier le génie du Poulenc du Dialogue des Carmélites, on le lirait encore moins alors que son oeuvre est l’une des plus profondes, et des plus proprement bouleversantes, de la première moitié du XXème siècle littéraire. Lorsqu’on déplore cette désaffection, on s’entend répondre que les tourments de ses héros sont trop datés. Comprenez que les cas de conscience d’un jeune prêtre ou les désarrois d’une novice ne sont plus de […]

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André Suarès ou le désespoir de Cassandre

André Suarès ou le désespoir de Cassandre

MICHEL DROUIN

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 Ne cessant de se proclamer lui-même « poète et musicien avant tout », André Suarès, non sans scrupules et déchirements ne reste pas enfermé dans sa tour d’ivoire. Bien au contraire, considérant à l’instar de Goethe que « celui qui refuse le rôle de citoyen » est le « rebelle », le « maudit » et l’ « hérétique chez les anciens », l’auteur du Voyage du Condottière n’hésite pas à prendre parti, fût-ce au péril de sa vie, car « plus haut est le poète, plus il est vrai et il doit voir clair ». Toute l’œuvre, imposante, de Suarès, le révèle obsédé par la guerre, la paix, les questions politiques, diplomatiques, […]

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Jean Bastaire, chrétien catholique et socialiste libertaire

Jean Bastaire, chrétien catholique et socialiste libertaire

PATRICK KECHICHIAN

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La mort de Jean Bastaire, le 24 août à l’âge de 86 ans, à Meylan près de Grenoble où il habitait depuis le début des années cinquante, n’a guère fait de bruit. Pas une ligne, par exemple, dans Le Monde, journal auquel il lui arriva de collaborer et qu’il lisait fidèlement. Et pourtant, il tomberait bien mal, ici, le vieux et désolant poncif : sa mort fut aussi discrète que sa vie… Discret, pudique, il l’était certes pour lui-même, mais pas du tout dans ses convictions, dans ses combats : il tenait essentiellement à se faire entendre… Ses indignations étaient à l’image […]

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Ne tirez pas sur l’« editor » !

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C’est un rouage essentiel de la rentrée littéraire mais vous ne le verrez pas, vous ne saurez pas son nom et vous ignorerez à quoi il ressemble. Pas un des quelque cinq cents romans français et étrangers mis en circulation actuellement qui ne porte son empreinte invisible. Il est tellement mystérieux que sa fonction ne porte même d’intitulé précis en français. Comment l’appelle-t-on ? On ne l’appelle pas. C’est dire s’il est discret, secret même. En anglais, on dit qu’il l’est l’editor, pour mieux le distinguer du publisher. Le premier travaille sur les textes, le second dirige la boîte. L’un lit, […]

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Le motif tapi dans le pseudonyme

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Au fond, que dit-on quand on dit « Proust » : s’agit-il bien de l’homme ou plus généralement de l’œuvre ? A moins que dans notre inconscient, la personne et la Recherche ne fassent qu’une. Il en est de Proust (six lettres, une syllabe, un centimètre de graphie) comme d’autres grands écrivains. L’essai que Claude Burgelin consacre à ceux qu’il nomme Les mal nommés (348 pages, 25 euros, Seuil) tourne autour du cordon ombilical qui relie l’œuvre d’écriture au nom propre qu’elle recouvre, porte et désigne. « Les mal nommés » sonne un peu comme les « mal partis ». Le sont-ils vraiment ces auteurs en herbe qui […]

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Péguy : « C’est toujours à Hugo qu’il faut revenir »

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C’est à se demander si parfois certains éditeurs ne le font pas exprès. Mais dans le bon sens. Exprès de publier en même temps deux livres qui, d’une certaine manière, s’interpellent, se parlent, se répondent. Et si l’on a comme moi la chance de les recevoir par le même envoi, puis de les (re)lire successivement, il est alors difficile de ne pas les mettre en résonance puisque tout nous y invite. Deux courts textes classiques : Ce que c’est que l’exil (123 pages, 9 euros) et L’Argent (100 pages, 10 euros) tous deux publiés dans la collection « Parallèles » des éditions des […]

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Apollinaire, Obus-Roi

Apollinaire, Obus-Roi

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Le monument appelle le monument. Apollinaire en est un dans le paysage de notre histoire littéraire : le Guillaume Apollinaire (810 pages, 30 euros, Gallimard) de Laurence Campa est son vis à vis désormais bien planté dans le champ si fertile de l’érudition. On connaît le bonhomme né Wilhelm de Kostrowitzky, issu d’une famille italo-polonaise de petite noblesse lituanienne, qui le fit parler italien jusqu’à l’âge de sept ans, avant que sa drôle de mère ne vienne s’installer à Paris. Cosmopolite en majesté, il tenait qu’un poète n’est jamais un étranger dans le pays de la langue qu’il emploie ; d’ailleurs, ses amis […]

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