de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire Littéraire

Roger Grenier, il n’y a plus que lui qui a connu…

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« Il n’y a plus que toi qui a connu… ». C’est la phrase qui tue. Façon de parler, bien sûr, car celui auquel elle s’adresse invariablement, le doyen des établissements Gallimard au 5 rue Gaston-Gallimard, anciennement rue Sébastien-Bottin, porte allègrement mais tout en douceur ses 94 ans. Son ami J.B. Pontalis vient de partir à jamais ; reste l’autre ancien, l’historien Pierre Nora, un jeunot à côté. Les trois hommes peuvent témoigner que d’une certain point de vue, la notion de retraite est une vue de l’esprit. Sauf quand Roger Grenier reçoit son quota de nouveaux manuscrits lors des rituels comité de […]

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Flaubert sous le regard de l’historien

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Dans le civil, un biographe peut être journaliste, écrivain, critique, universitaire, poète, c’est selon. Son récit épousera les modulations de son regard, reflet d’une formation particulière, sinon d’un tropisme. Qu’advient-il si le biographe est historien ? Un regard d’historien ? Gustave Flaubert, vie et œuvre mêlées, a rarement reçu l’éclairage que lui apporte Michel Winock, spécialiste notamment l’histoire des intellectuels, dans son Flaubert (534 pages, 25 euros, Gallimard) ; il s’inscrit dans une lignée où l’ont précédé René Descharmes, René Dumesnil, Albert Thibaudet, Maurice Nadeau, Nathalie Sarraute, Jean-Paul Sartre, Herbert Lottmann. Il leur doit nécessairement quelque chose puisqu’il met ses pas dans les […]

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A propos, pourquoi le rouge et pourquoi le noir ?

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On dira que la réponse va de soi : le rouge républicain et le noir ecclésiastique. Ce qui saute aux yeux à tout lecteur de Le Rouge et le noir. J’y repensais en sautant et gambadant dans le savoureux Dictionnaire amoureux de Stendhal (816 pages, 25 euros, Plon). Dominique Fernandez y est parfaitement à son affaire en raison de sa connaissance intime tant de l’écrivain et de son œuvre que de l’Italie. Curieusement on n’y trouve pas d’avant-propos condensant son propre stendhalisme – ni même, allons-y gaiement, sa stendhalité comme diraient les cuistres. C’est que tout le recueil en est la […]

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Ravey, Yves, héritier Simenon

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Un écrivain qui ne se veut pas à un maître ne saurait avoir de disciples. N’empêche qu’il a des héritiers même si, comme l’écrit René Char l’écrit dans ses Feuillets d’Hypnos (1946), « notre héritage n’est précédé d’aucun testament ». La transmission se fait par des voies souvent mystérieuses, imperceptibles, inconscientes. J’ai ruminé la chose l’an dernier lorsque Laurent Demoulin, maître d’œuvre d’un projet de Cahier de l’Herne (285 pages, 39 euros) consacré à Georges Simenon, m’a demandé quels étaient ses héritiers. Une colle, à y bien réfléchir. Un nom m’est spontanément venu à l’esprit, celui de Patrick Modiano. Et puis j’ai […]

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« Après Sainte-Beuve » : vous permettez, Proust ?

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Un livre doit porter un titre pour le meilleur et pour le pire. Il arrive si souvent qu’il en soit rehaussé qu’on oublie trop les occasions où il en est accablé. Chaque lecteur peut en dresser sa liste personnelle, subjective, et nécessairement arbitraire. Encore ces titres ont-ils été choisis par leurs auteurs, ce qui limite les reproches qu’on peut leur adresser. Mais qu’un titre appliqué à titre posthume vienne à s’abattre sur un livre inachevé, et que le nom de Marcel Proust vienne couronner le tout sans qu’il l’ait vraiment voulu, voilà qui pose problème. L’affaire n’est pas d’aujourd’hui puisqu’elle […]

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Quand Kipling dénonçait l’intrusion médiatique

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Voilà qui ne fera pas plaisir à George Orwell, qui ne voulait voir  en lui que le chantre de l’impérialisme britannique : Rudyard Kipling, qui demeure le poète préféré des Anglais, fait à nouveau parler de lui. Et pas pour son inoxydable hymne « If » auquel peu d’écoliers ont échappé. Une cinquantaine de poèmes de sa main, inédits d’après les spécialistes, ont été récemment découverts et seront publiés le mois prochain dans l’édition complète de sa poésie en trois volumes par Cambridge University Press. Un universitaire les a retrouvés au cours de la rénovation d’une maison de Manhattan, dans les papiers de […]

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Achtung-respect pour une folie de biographie sur Büchner

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A première vue, on se dit : c’est le livre d’un maniaque publié par un fou ; la quatrième de couverture y invite puisqu’elle le dit jeté dans le temps de l’Histoire comme la comète de Halley ou un caillou d’Orion dans l’espace sidéral de l’Univers. A mi-chemin, on comprend que ces deux extravagants étaient faits pour se rencontrer. A la fin, on rend les armes et l’on met chapeau bas devant Frédéric Metz et les éditions Pontcerq sises rue du Nivernais à Rennes. Des artistes à n’en pas douter. Il fallait l’être pour se lancer dans une telle entreprise : Georg Büchner […]

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Shakespeare au coeur d’une manipulation

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Voilà un « Du même auteur » qui pourrait s’intituler « Des mêmes auteurs ». Quitte à jeter un trouble, cela aurait pour vertu d’annoncer la couleur. Celle du double et de l’ambiguïté à l’œuvre dans La Tragédie d’Arthur (traduit de l’anglais par Bernard Hoepffner, 516 pages, 22 euros, cherche midi) d’Arthur Philips. Car vérification faite, il y a bien deux listes en page de garde : d’une part les œuvres de William Shakespeare, d’autres part celles un peu moins nombreuses et nettement moins connues d’Arthur Philips. On devine déjà que l’on va pénétrer dans un grand roman de manipulation, couronné par le New York […]

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Claude Simon, un latin qui écrase sa montre

Claude Simon, un latin qui écrase sa montre

JACQUES-PIERRE AMETTE

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En 2006, Claude Simon  entrait  en pléiade . Il était mort le 6 juillet 2005, mais dans ses dernières années, il avait lui-même choisi les textes (faut-il dire » romans » ou longs poèmes ?) qui figureraient dans ce volume. Il y avait  bien sûr, son grand livre  matriciel La route des Flandres, mais aussi Le vent, Le palace, La chevelure de Bérénice, La bataille de Pharsale, Triptyque,  Le jardin des plantes.  Et aussi  le Discours de Stockholm de ce nobélisé. L’ensemble était  somptueux. Ce choix personnel est aujourd’hui complété par un second volume. Il rassemble  ses écrits  des débuts L’herbe »(1958), Histoire […]

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Romain Rolland au-dessous de la mêlée

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Rien de tel que des scellés sur un manuscrit pour exciter la curiosité. Le lecteur se dit aussitôt que, pour se voir appliquer un traitement de services secrets, il doit être particulièrement saignant. Le cas du Journal de Vézelay 1938-1944 (1180 pages, 39 euros, Bartillat) de Romain Rolland (1866-1944). Avec un tel intitulé, on se dit que les révélations doivent y alterner avec le souci du spirituel, voisinage et ambiance obligent. On ne mesure plus guère le prestige qui fut celui de Romain Rolland dans la première moitié du XXème siècle. Son influence n’allait pas de soi car il eut […]

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