de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire Littéraire

Bernanos, électron libre

Bernanos, électron libre

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Qui lit encore Bernanos ? On ne sache pas qu’il soit souvent au programme. N’eut été le cinéma, ou plutôt de rares cinéastes de génie de Bresson à Pialat, sans oublier le génie du Poulenc du Dialogue des Carmélites, on le lirait encore moins alors que son oeuvre est l’une des plus profondes, et des plus proprement bouleversantes, de la première moitié du XXème siècle littéraire. Lorsqu’on déplore cette désaffection, on s’entend répondre que les tourments de ses héros sont trop datés. Comprenez que les cas de conscience d’un jeune prêtre ou les désarrois d’une novice ne sont plus de […]

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André Suarès ou le désespoir de Cassandre

André Suarès ou le désespoir de Cassandre

MICHEL DROUIN

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 Ne cessant de se proclamer lui-même « poète et musicien avant tout », André Suarès, non sans scrupules et déchirements ne reste pas enfermé dans sa tour d’ivoire. Bien au contraire, considérant à l’instar de Goethe que « celui qui refuse le rôle de citoyen » est le « rebelle », le « maudit » et l’ « hérétique chez les anciens », l’auteur du Voyage du Condottière n’hésite pas à prendre parti, fût-ce au péril de sa vie, car « plus haut est le poète, plus il est vrai et il doit voir clair ». Toute l’œuvre, imposante, de Suarès, le révèle obsédé par la guerre, la paix, les questions politiques, diplomatiques, […]

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Jean Bastaire, chrétien catholique et socialiste libertaire

Jean Bastaire, chrétien catholique et socialiste libertaire

PATRICK KECHICHIAN

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La mort de Jean Bastaire, le 24 août à l’âge de 86 ans, à Meylan près de Grenoble où il habitait depuis le début des années cinquante, n’a guère fait de bruit. Pas une ligne, par exemple, dans Le Monde, journal auquel il lui arriva de collaborer et qu’il lisait fidèlement. Et pourtant, il tomberait bien mal, ici, le vieux et désolant poncif : sa mort fut aussi discrète que sa vie… Discret, pudique, il l’était certes pour lui-même, mais pas du tout dans ses convictions, dans ses combats : il tenait essentiellement à se faire entendre… Ses indignations étaient à l’image […]

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Ne tirez pas sur l’« editor » !

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C’est un rouage essentiel de la rentrée littéraire mais vous ne le verrez pas, vous ne saurez pas son nom et vous ignorerez à quoi il ressemble. Pas un des quelque cinq cents romans français et étrangers mis en circulation actuellement qui ne porte son empreinte invisible. Il est tellement mystérieux que sa fonction ne porte même d’intitulé précis en français. Comment l’appelle-t-on ? On ne l’appelle pas. C’est dire s’il est discret, secret même. En anglais, on dit qu’il l’est l’editor, pour mieux le distinguer du publisher. Le premier travaille sur les textes, le second dirige la boîte. L’un lit, […]

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Le motif tapi dans le pseudonyme

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Au fond, que dit-on quand on dit « Proust » : s’agit-il bien de l’homme ou plus généralement de l’œuvre ? A moins que dans notre inconscient, la personne et la Recherche ne fassent qu’une. Il en est de Proust (six lettres, une syllabe, un centimètre de graphie) comme d’autres grands écrivains. L’essai que Claude Burgelin consacre à ceux qu’il nomme Les mal nommés (348 pages, 25 euros, Seuil) tourne autour du cordon ombilical qui relie l’œuvre d’écriture au nom propre qu’elle recouvre, porte et désigne. « Les mal nommés » sonne un peu comme les « mal partis ». Le sont-ils vraiment ces auteurs en herbe qui […]

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Péguy : « C’est toujours à Hugo qu’il faut revenir »

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C’est à se demander si parfois certains éditeurs ne le font pas exprès. Mais dans le bon sens. Exprès de publier en même temps deux livres qui, d’une certaine manière, s’interpellent, se parlent, se répondent. Et si l’on a comme moi la chance de les recevoir par le même envoi, puis de les (re)lire successivement, il est alors difficile de ne pas les mettre en résonance puisque tout nous y invite. Deux courts textes classiques : Ce que c’est que l’exil (123 pages, 9 euros) et L’Argent (100 pages, 10 euros) tous deux publiés dans la collection « Parallèles » des éditions des […]

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Apollinaire, Obus-Roi

Apollinaire, Obus-Roi

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Le monument appelle le monument. Apollinaire en est un dans le paysage de notre histoire littéraire : le Guillaume Apollinaire (810 pages, 30 euros, Gallimard) de Laurence Campa est son vis à vis désormais bien planté dans le champ si fertile de l’érudition. On connaît le bonhomme né Wilhelm de Kostrowitzky, issu d’une famille italo-polonaise de petite noblesse lituanienne, qui le fit parler italien jusqu’à l’âge de sept ans, avant que sa drôle de mère ne vienne s’installer à Paris. Cosmopolite en majesté, il tenait qu’un poète n’est jamais un étranger dans le pays de la langue qu’il emploie ; d’ailleurs, ses amis […]

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Jules Verne, pédagogue bricoleur

Jules Verne, pédagogue bricoleur

PIERRE BOST

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On vient de fonder une « Société des amis de Jules Verne ». Je ne m’y ferai pas inscrire parce qu’il ne faut jamais entrer dans les « sociétés ». Mais je me réjouis qu’on ait voulu honorer et cultiver cette mémoire. Jules Verne n’est pas un écrivain. Je ne dis pas qu’il en soit un mauvais ; simplement, il est autre chose. Il a créé des mythes, inventé des rêves, mais en dehors du plan littéraire ; il a plutôt été quelque chose comme un metteur en scène de cinéma, ou un directeur de théâtre. Un organisateur de jeux. Surtout, […]

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Giovanni Verga, héraut des vaincus

Giovanni Verga, héraut des vaincus

Phiippe Godoy

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Il faut saluer l’heureuse initiative des Editions des Belles Lettres de publier les nouvelles siciliennes de Giovanni Verga, pour plusieurs raisons. Tout d’abord la personnalité exceptionnelle de l’écrivain dans le panorama de la littérature italienne. Puis, la force d’inspiration et d’écriture des nouvelles siciliennes, et le silence  en France, autour de l’œuvre de Verga. Giovanni Verga (1840-1922) est surnommé en Italie le Zola italien. Ses romans les Malavoglia et Mastro Don Gesualdo sont étudiés dans les écoles, plus de cent vingt ans, après leur publication. Ses écrits font partie du patrimoine littéraire italien au même titre que Manzoni (auteur des […]

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Cauchemar du style parfait

Cauchemar du style parfait

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Rien ne devrait faire fuir comme l’idée de perfection associée à l’art, qu’il s’agisse de peinture, de cinéma, de théâtre ou de littérature. Il n’existe pas de roman « parfait » (quelle horreur !) car il n’existe pas de critère de la perfection littéraire. Il y a bien des canons mais on ne mesure pas un livre à l’aune du respect qui leur serait dû. C’est donc avec une certaine appréhension mêlée de curiosité que j’ai ouvert Le rêve du style parfait (222 pages, 24 euros, Puf), néanmoins rassuré par la typographie du titre en couverture : régulière tout au long, elle s’effondre quand […]

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