de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire

Un éclat de prose poétique pour la fiancée de l’Emir

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L’expression “prose poétique” est devenue une telle tarte à la crème que, s’agissant des productions contemporaines, ce qu’on n’ose appeler les nouveautés, elle recouvre tout et n’importe quoi. Sans en appeler à Xavier Forneret ou Maurice de Guérin, ni au Baudelaire du Spleen de Paris, ni à même à la cinquième promenade rousseauiste du rêveur solitaire au bord du lac, elle est devenue si pratique pour anoblir l’ordinaire qu’on en viendrait à se demander si elle ne va pas bientôt être consacrée par quelque instance (para)universitaire au titre de genre littéraire à part entière. Nul n’est à l’abri. En attendant […]

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Arthur Koestler dérange encore

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Tiens, une nouveauté chez Gallimard ! Dans le programme de la rentrée, cela va de soi ; dans le hall de la maison, moins. L’entrée du 5, rue Gaston-Gallimard, anciennement rue Sébastien-Bottin, lieu mythique que la mémoire littéraire a d’ores et déjà inscrit classé monument historique et virtuellement rajouté à l’inventaire supplémentaire, carrefour permanent d’écrivains, d’éditeurs, de journalistes, de libraires, de représentants, ce nœud de la Maison est d’ordinaire décoré de portraits d’auteurs de la dernière rentrée en date. Ils y sont toujours ; mais depuis le début de la semaine, une imposante sculpture trône parmi eux. Cette œuvre sur bois datant […]

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Ce que républicain veut dire

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« En vous écoutant, je me rends compte de la chance que j’ai eue d’avoir une enfance républicaine ». Elle n’a l’air de rien, cette phrase. On la dirait banale. Elle sortirait par inadvertance dans la bouche d’un invité du « Grand journal » qu’elle ferait aussitôt rire sans que nul ne se demande pourquoi. Et pourtant, elle me poursuit depuis des années. Depuis un petit quart de siècle précisément. En 1989, quand personne ne connaissait le nom de Daniel Cordier en dehors du cercle étroit des historiens de la seconde guerre mondiale, et de celui, plus restreint encore, des survivants de la Résistance […]

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Mona Ozouf face à ses énigmes

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C’est rassurant, un intellectuel qui dit qu’il ne sait pas. Un chercheur qui reconnaît qu’à l’issue de quelques décennies de recherches, il bute toujours sur l’infracassable noyau d’énigmes à ses yeux irrésolues. Un esprit brillant qui ne renonce pas à entreprendre et à se lancer dans de nouveaux chantiers d’écriture pour comprendre même s’il sait que le temps lui est compté. On a beau avoir souvent lu et écouté Mona Ozouf, on y retourne lorsque l’occasion se présente car on sait qu’on n’en repartira pas les mains vides. Il y aura toujours quelque chose en plus. C’était le cas hier […]

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Un roman peut-il servir de source aux historiens ?

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Un roman peut-il servir de source à l’historien dès lors que son auteur a été témoin sinon acteur des évènements ? La liste est longue, inépuisable même, de ces œuvres de fiction inspirées par l’Histoire en marche, que les historiens n’hésitent pas à citer dans leur bibliographie, de Homère à Vassili Grossman en passant par le Malaparte de Kaputt et de La Peau et tant d’autres. Ils y trouvent des faits ou des choses vues, des noms ou des dates, l’air du temps ou la rumeur du monde, et avant tout une émeute de détails : ils avaient le plus souvent échappé […]

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Hannah Arendt, celle qui voulait penser sans garde-fou

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S’il est un cas d’école dans le biopic (film biographique ou biographie filmée), c’est bien la mise en scène, en images et en paroles de la vie d’un intellectuel. Quand on sait à quel point il est déjà difficile de l’écrire, on mesure à quel point il est risqué sinon impossible de filmer la pensée en action. De quoi se rendre à reculons à la projection de Hannah Harendt, le film de Margarethe von Trotta sur les écrans français à partir d’aujourd’hui. On est déjà soulagé à la lecture même de son projet, lequel évite l’écueil qui a plombé nombre […]

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Ralph Toledano sur la ligne d’ombre

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Lecteur, arrête-toi un instant. Pose tes affaires, oublie tout et installe-toi dans la nacre du temps. Il est si rare qu’une histoire y invite qu’on n’a pas le cœur à refuser l’appel d’Un Prince à Casablanca (436 pages, 25 euros, La Grande ourse), premier roman de l’historien d’art Ralph Toledano, expert en peinture italienne (notamment Francesco di Giorgio Martini, école siennoise du Quattrocento). Si la nostalgie des mondes engloutis, des sociétés disparues, des âmes envolées t’est à ce point étrangère, alors passe ton chemin. Sinon, laisse-toi emporter par l’évocation de cette journée du mardi 10 juillet 1971 à Skhirat, à […]

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L’affaire Vaudoyer : une comédie très française

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Qui l’eut dit et qui l’eut cru : une « affaire Vaudoyer » en 2013 ? Elle agit symboliquement comme une piqure de rappel : s’il est vrai que les qualificatifs de « négationniste » et de « pédophile » sont les plus efficaces pour détruire une réputation, lorsque c’est à titre posthume, « collabo » fait encore des ravages. L’affaire remonte à mai 2012 mais n’a vraiment éclaté que ces jours-ci. A cette date, six unités de soins étaient inaugurées au nouvel hôpital de Clamart, non sans avoir été auparavant baptisées avec des noms du monde de la culture : Dora Maar, Auguste Rodin, Anna Marly, Pierre-Jean de Béranger, Fernand […]

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Romain Rolland au-dessous de la mêlée

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Rien de tel que des scellés sur un manuscrit pour exciter la curiosité. Le lecteur se dit aussitôt que, pour se voir appliquer un traitement de services secrets, il doit être particulièrement saignant. Le cas du Journal de Vézelay 1938-1944 (1180 pages, 39 euros, Bartillat) de Romain Rolland (1866-1944). Avec un tel intitulé, on se dit que les révélations doivent y alterner avec le souci du spirituel, voisinage et ambiance obligent. On ne mesure plus guère le prestige qui fut celui de Romain Rolland dans la première moitié du XXème siècle. Son influence n’allait pas de soi car il eut […]

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Les Rothschild, un nom gravé dans le marbre du temps

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Dire qu’il fut un temps où l’expression « aristocratie juive » revêtait un sens qui n’était ni péjoratif, ni mélioratif, mais légèrement admiratif sans pour autant refléter un jugement de valeur. On a du mal à se l’imaginer en ce début de XXIème siècle où l’on aurait plutôt tendance à croire que les deux termes constituant l’expression seraient plutôt antinomiques, sauf à leur donner une dimension religieuse, ou à les associer au phénomène des Juifs de cour. C’est pourtant d’autre chose qu’il s’agit. Disons un microcosme au sein d’une toute petite société qui se donnait pour une élite, avait soif de grandeurs […]

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