de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire

La Grande Terreur nous regarde

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On dira que c’est une étrange idée que d’en parler au cœur de l’été, mais il n’y a pas de saison pour cela. Ces photos, ces visages, ces regards, attrapent le lecteur et ne le lâchent pas. Autant dire que ce livre nous regarde. Enfin, un livre… : un album très grand format qui doit bien peser deux kgs mais qui n’a rien du beau-livre. Il ne viendrait d’ailleurs à personne l’envie d’en faire un coffee table book. Vu le contenu, ce serait obscène. La Grande Terreur en URSS 1937-1938 (traduit du polonais et du russe par Véronique Patte et […]

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David au Congo, Conrad en embuscade

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On disait dans les années 1970 que le Zaïre était le seul pays au monde qui ait jamais imaginé que la Belgique était une grande puissance. Ce trait ne se trouve pas dans le livre autrement plus sérieux de David van Reybrouck Congo. Une histoire (Congo. Een geschiedenis, traduit du néerlandais par Isabelle Rosselin, 711pages, 28 euros, Actes sud). A la surprise générale, cet essai historique touffu, qui entreprend de retracer l’histoire multiséculaire d’un pays africain, figure dans les listes des meilleures ventes depuis deux ans en Belgique et aux Pays-Bas ; il a été couronné successivement par le prix Libris Histoire, […]

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Spartacus contre McCarthy

Spartacus contre McCarthy

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Ecrit ou filmé, un making of se cantonne nécessairement à un récit tissé d’anecdotes, plus ou mois intéressantes, sur l’invention, la réalisation et la fabrication d’un film. On sait s’expérience que l’exercice offre plus ou moins d’intérêt – et plutôt moins, ce qui a dissuadé les éditeurs de s’y prêter. Car il est rare que l’auteur décolle du quotidien au jour le jour de l’avancée de la grande machine à produire du rêve. C’est pourquoi I am Spartacus ! (I am Spartacus ! Making a film, breaking the list, traduit de l’américain par Marie-Mathilde Burdeau, 185 pages, 19 euros, Capricci) mérite d’emblée […]

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1944-1945 : la Libération par le sexe ?

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C’est l’une des pages sombres de la Libération de la France qui demeura longtemps un tabou. Il a fallu attendre longtemps avant que des historiens n’ouvrent le dossier – et encore étaient-ils pour la plupart américains, tel J. Robert Lilly (Taken by Force: Rape and American GIs in Europe during World War II) qui fit un certain bruit en France mais eut du mal à trouver un éditeur américain car il impliquait une “trop” grande proportion de noirs parmi les fauteurs. (publié en France en 2003, il ne paraîtra qu’en 2007 aux Etats-Unis). On l’aura compris, il s’agit du comportement […]

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Un éclat de prose poétique pour la fiancée de l’Emir

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L’expression “prose poétique” est devenue une telle tarte à la crème que, s’agissant des productions contemporaines, ce qu’on n’ose appeler les nouveautés, elle recouvre tout et n’importe quoi. Sans en appeler à Xavier Forneret ou Maurice de Guérin, ni au Baudelaire du Spleen de Paris, ni à même à la cinquième promenade rousseauiste du rêveur solitaire au bord du lac, elle est devenue si pratique pour anoblir l’ordinaire qu’on en viendrait à se demander si elle ne va pas bientôt être consacrée par quelque instance (para)universitaire au titre de genre littéraire à part entière. Nul n’est à l’abri. En attendant […]

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Arthur Koestler dérange encore

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Tiens, une nouveauté chez Gallimard ! Dans le programme de la rentrée, cela va de soi ; dans le hall de la maison, moins. L’entrée du 5, rue Gaston-Gallimard, anciennement rue Sébastien-Bottin, lieu mythique que la mémoire littéraire a d’ores et déjà inscrit classé monument historique et virtuellement rajouté à l’inventaire supplémentaire, carrefour permanent d’écrivains, d’éditeurs, de journalistes, de libraires, de représentants, ce nœud de la Maison est d’ordinaire décoré de portraits d’auteurs de la dernière rentrée en date. Ils y sont toujours ; mais depuis le début de la semaine, une imposante sculpture trône parmi eux. Cette œuvre sur bois datant […]

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Ce que républicain veut dire

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« En vous écoutant, je me rends compte de la chance que j’ai eue d’avoir une enfance républicaine ». Elle n’a l’air de rien, cette phrase. On la dirait banale. Elle sortirait par inadvertance dans la bouche d’un invité du « Grand journal » qu’elle ferait aussitôt rire sans que nul ne se demande pourquoi. Et pourtant, elle me poursuit depuis des années. Depuis un petit quart de siècle précisément. En 1989, quand personne ne connaissait le nom de Daniel Cordier en dehors du cercle étroit des historiens de la seconde guerre mondiale, et de celui, plus restreint encore, des survivants de la Résistance […]

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Mona Ozouf face à ses énigmes

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C’est rassurant, un intellectuel qui dit qu’il ne sait pas. Un chercheur qui reconnaît qu’à l’issue de quelques décennies de recherches, il bute toujours sur l’infracassable noyau d’énigmes à ses yeux irrésolues. Un esprit brillant qui ne renonce pas à entreprendre et à se lancer dans de nouveaux chantiers d’écriture pour comprendre même s’il sait que le temps lui est compté. On a beau avoir souvent lu et écouté Mona Ozouf, on y retourne lorsque l’occasion se présente car on sait qu’on n’en repartira pas les mains vides. Il y aura toujours quelque chose en plus. C’était le cas hier […]

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Un roman peut-il servir de source aux historiens ?

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Un roman peut-il servir de source à l’historien dès lors que son auteur a été témoin sinon acteur des évènements ? La liste est longue, inépuisable même, de ces œuvres de fiction inspirées par l’Histoire en marche, que les historiens n’hésitent pas à citer dans leur bibliographie, de Homère à Vassili Grossman en passant par le Malaparte de Kaputt et de La Peau et tant d’autres. Ils y trouvent des faits ou des choses vues, des noms ou des dates, l’air du temps ou la rumeur du monde, et avant tout une émeute de détails : ils avaient le plus souvent échappé […]

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Hannah Arendt, celle qui voulait penser sans garde-fou

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S’il est un cas d’école dans le biopic (film biographique ou biographie filmée), c’est bien la mise en scène, en images et en paroles de la vie d’un intellectuel. Quand on sait à quel point il est déjà difficile de l’écrire, on mesure à quel point il est risqué sinon impossible de filmer la pensée en action. De quoi se rendre à reculons à la projection de Hannah Harendt, le film de Margarethe von Trotta sur les écrans français à partir d’aujourd’hui. On est déjà soulagé à la lecture même de son projet, lequel évite l’écueil qui a plombé nombre […]

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