Littérature étrangères
Nous pensions avoir tout lu d’Épictète, tout connu de ses maximes si profitables à la conduite de nos vies, tout entendu de ses Entretiens, ravis par leur style percutant, n’ayant d’égal que les dialogues du grand Platon. Mais s’il est bien un sort partagé par bon nombre de philosophes antiques, et singulièrement les moralistes, c’est d’être, sinon tout bonnement passés dans l’oubli, du moins résumés au titre d’un seul de leurs livres, quand la loi du marché ne les a pas déjà condamnés pas au rayon des sciences occultes ou du développement personnel. Pour celui d’entre eux, Épictète, que l’on peut considérer […]
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Dans Tanta Vita ! (traduit de l’italien par Renaud Temperini, 228 pages, 17 euros, Belfond), Paolo di Paolo évoque la brève existence de Piero Gobetti (1901-1926). Turinois, fils d’épiciers, très jeune, il parvient à créer, avec peu de moyens, une revue et une maison d’éditions. Parmi les poètes publiés, un jeune inconnu, Eugenio Montale qui sera une grande figure de la littérature italienne. Sur les problèmes liés à des débuts difficiles, va se greffer la montée du fascisme et la prise du pouvoir par Mussolini. Alors, la revue surtout consacrée à la littérature, devient une tribune virulente contre les atteintes à […]
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On en connaît qui célèbrent le culte des morts tous les jours de l’année sauf le 2 novembre, jour des Défunts. N’allez pas creuser leur psychologie. Ni fouiller dans le capharnaüm gothique. Disons qu’ils ont le goût des cimetières, ces îlots privilégiés dans une capitale où l’on enregistre le plus bas taux de décibels, ces lieux si calmes que les mamans y promènent leurs bébés entre les tombes. Rien des morbide là-dedans. On en connaît même, tel M. Landru, qui y consacre un blog. Nathalie Rheims est connu pour appartenir à l’internationale informelle des arpenteurs de cimetières. D’ailleurs on l’appelle […]
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Murakami Haruki, l’écrivain japonais le plus lu dans le monde, fêtera son soixante-cinquième anniversaire le 12 janvier 2014 (ndlr— l’original de cet article a été écrit le 4 janvier), deux jours après la parution de Die Pilgerjahre des farblosen Herrn Tazaki, la traduction en allemand judicieusement programmée de son dernier roman — Shikisai o motanai Tazaki Tsukuru to, kare no junrei no toshi (littéralement « Le sans couleur Tazaki Tsukuru et ses années de pèlerinage »), sorti au Japon en avril 2013. En Allemagne, le public et la presse attendent impatiemment cette œuvre depuis octobre 2013, où la date de sa sortie […]
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Après tout, qui sait si la perspective de l’imaginer un jour ensevelie sous une montagne de commentaires et d’analyses n’a pas fait renoncer Franz Kafka à publier son œuvre… Son ami Max Brod, à qui l’on doit de la connaître, ne l’a pas vraiment formulé ainsi, et même pas du tout ; mais au vu des rayonnages de bibliothèques consacrés dans de nombreuses langues à la dissection de ses écrits, rien n’interdit de le penser. Ces temps-ci encore, la kafkalogie déborde en librairie. S’il est un champ bien labouré, c’est celui-ci ; aussi se permet-on d’être exigeant avec les nouveautés. Non que […]
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Yu Jian est impassible, comme une statue de bronze, sur la scène de la Maison de la Poésie de Paris. On devine, derrière le masque du visage, une fébrilité, une inquiétude et une grande attention. Il commence par lire en chinois, avant d’être traduit. Sa langue est très musicale : il répète souvent le même son, comme une litanie, comme un martèlement, par exemple celui du mot qui signifie “mur” et qui donne son titre à un poème de son tout dernier recueil. Le mur, le mur qui enferme les hommes en Chine, le mur dans la culotte des garçons […]
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Je remercierai d’abord le jury de la Foire Internationale du Livre de Guadalajara qui m’a décerné son prix cette année. Je sais la qualité des attributions qui ont été faites dans le passé de cette distinction, et je ne puis donc que ressentir le choix qui a été fait de mon œuvre comme un très grand honneur, dont j’espère que je suis digne. Mais je veux aussi remercier tous ceux qui par leurs initiatives, leur soutien actif, leur travail, assurent l’existence du prix, lui permettant d’occuper la grande place qui est la sienne sur la scène internationale. C’est du fond […]
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Le phénomène n’est plus tout à fait neuf, mais il n’en est pas moins inquiétant et me semble aller croissant, celui qui consiste à faire traduire en français des manuscrits encore inédits en anglais, et donc parfois très incomplets, ou encore imparfaits, au moment de leur traduction. Certains l’attribuent au phénomène Harry Potter, où les éditeurs français auraient été “doublés” par nombre de lecteurs français impatients de connaître la suite, qu’ils ont alors achetée en anglais puisqu’elle n’était pas encore disponible en français… Il se peut que ce soit cela, oui, ou bien, de plus en plus fréquemment, le désir […]
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Avec le Journal de Kafka, publié en France en 1954, Le Métier de vivre, publié en 1958, comptera pour la création et la réflexion littéraires françaises d’après- guerre comme un de ces grands témoignages d’écrivain où l’auteur semble sous-titrer l’expérience de sa création par les promesses de l’œuvre dont il autorisait une «écoute anonyme» (27 mai 1947). «L’infini littéraire» se nourrissait des grandes méditations douloureuses de l’écriture au jour le jour. Le journal, où se pensait l’œuvre, tendait vers l’œuvre, devenait œuvre, se faisait œuvre au cœur du flux des mots et l’on pouvait percevoir, derrière la litanie des plaintes, […]
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L’irruption d’une langue étrangère ou régionale, ou encore d’un parler spécifique qui tranche sur la langue classique, est un des cauchemars du traducteur – et celui qui traduit du russe se trouve ni plus, ni moins démuni que ses confrères. Je passerai rapidement sur le problème du « en français dans le texte », récurrent dans les romans du xixe siècle, ceux de Tolstoï en particulier. On parlait français dans les salons du grand monde et les milieux cultivés, et les nombreux passages de Guerre et Paix écrits en cette langue ne dérangeaient pas le lecteur. Quand au traducteur et à l’éditeur, le seul problème […]
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