LE COIN DU CRITIQUE SDF
Les clair-obscur cosmiques sont très tôt présents dans les paysages léopardiens. Citons ce constat relevé par le critique Carlo Ferrucci : « Dans cinq poèmes de Leopardi il est question du soleil et celui-ci est souvent sur le point de surgir ou de chuter, dans un poème ou deux seulement le soleil est au zénith, onze fois l’heure est nocturne avec ou sans étoiles. »[1] Pourquoi privilégier une lumière faible et incertaine, cernée d’ombres ? Qu’a-t-elle à nous dire ? Chez Giacomo Leopardi, le soleil couchant, qui amène la nuit, pose tout d’abord la question du rapport humain au temps. Le poème intitulé « Le samedi […]
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Reflet d’une société diminuée par la disparition des valeurs communautaires, remplacées par les échanges économiques, la primauté des besoins et de la consommation, l’environnement urbain tel que Jean-Jacques Rousseau le conçoit n’en est pas moins, paradoxalement, le révélateur de la fête publique. Arrêtons-nous quelques instants sur cette évocation du peuple genevois à la fin de la Lettre à d’Alembert sur les spectacles : « Il est vif, gai, caressant ; son cœur est alors dans ses yeux, comme il est toujours sur ses lèvres ; il cherche à communiquer sa joie et ses plaisirs ; (…) Toutes les sociétés n’en font qu’une, tout devient commun […]
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Romancier, essayiste et collaborateur régulier du Monde et de Tablet (NYC), Marc Weitzmann nous revient avec un titre qui en dit long : Un temps pour haïr (512 pages, 22 euros, Grasset). Dans nos sociétés, et la France n’y échappe pas, loin s’en faut, « l’honnête citoyen » est confronté à la désinformation, aux fake news, au politiquement correct et au prêt à penser. Son essai/enquêteconstitue une magnifique antithèse aux logorrhées que nous subissons au quotidien et cette occasion qui nous est donnée d’échapper au manichéisme ambiant fournit une véritable et bénéfique bouffée d’oxygène. Une rencontre avec ses lecteurs, organisée par Vice Versa, la […]
lire la suite .../ ...C’est un nouvel enquêteur de la littérature française qui voit le jour sous la plume de Nathalie Cohen. Il s’appelle Marcus Tiberius Alexander et bégaie. D’’origine grecque, il souffre de racisme de la part de ses coreligionnaires, et vigile gradé des patrouilles de nuit appelé « les yeux de Rome » il se voit contraint de résoudre à la fois une délicate histoire d’héritage et démêler le vrai du faux quant à une succession de crimes et d’exactions. Il est certes déterminé mais fragilisé par son entourage si bien que pour reprendre le portrait que Stendhal fait de Fabrice del Dongo à […]
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Le premier épisode de la série littéraire « M.O. Modus Operandi » a pour sous-titre La Secte du serpent (246 pages, 19,90 euros, Denoël). L’auteure commence par un plan de la ville de Rome au temps d’Auguste. Pour le moment, ce plan des quartiers de la capitale du monde antique n’occupe qu’une double page. Ainsi commence le livre de Nathalie Cohen. Elle invite notre imagination à déambuler du Forum au Capitole, de découvrir le Palatin, tous ces quartiers entourés, au bord du Tibre, par la muraille Servienne, par celles bâties sous Auguste, sans oublier les aqueducs, le temple d’Apollon ou la Maison de Livie. […]
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Quel étrange livre : on en ressort mal à l’aise, troublé. Comme si tout ce que l’on avait lu était à double détente. Ainsi de Bernard Faÿ (1893-1978) : esprit cosmopolite, proustien distingué, supposé raffiné, amant de la moderne Amérique, professeur au Collège de France. Ou encore : esprit borné, duplice, envieux, arrogant, flagorneur, condamné aux travaux forcés à la Libération et à l’indignité nationale. Oui, c’est le même. Peut-être a-t-on dû pour affiner le trait, lire, en complément indispensable au portrait de Faÿ que dresse Antoine Compagnon dans Le cas Bernard Faÿ – Du Collège de France à l’indignité nationale (224 pages, 23 […]
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Je revois la silhouette agile et empressée, le regard vif, toujours aux aguets, curieux de tout, les cheveux en boucles blanches désordonnées d’Avraham B. Yehoshua, ce petit homme râblé qui, il y a quinze ans, avait pris possession du pupitre des deux mains et ne le lâchait plus au forum des intellectuels franco-israélien intitulé Regards croisés – jugés et préjugés : perceptions mutuelles des Français et des Israéliens (formule alambiquée, mais élégante, comme les aime la diplomatie culturelle française). Sa petite stature contrastait avec la puissance de son verbe ; sa passion des idées et la force de ses convictions, amplifiées par les […]
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L’hémisphère Nord occidental est hâtivement et péjorativement qualifié d’« hyper-individualiste ». Or, l’individualisme ne représente-t-il pas un aspect culturel majeur de nos sociétés, sans cesse réaffirmé par les littératures européennes depuis la Renaissance ? Dante Alighieri semble prendre pour la première fois le contre-pied du postulat holiste d’Aristote, selon lequel « le Tout est nécessairement antérieur à la Partie » : la figure de Béatrice, qui consacre l’idéal féminin en Italie à la fin du XIIIèmesiècle, permet en effet de constituer une individualité comme conscience indivisible et irréductible à tout autre être humain. Étrangement, c’est donc bien l’auteur de La Divine Comédie qui, dans la littérature […]
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« Une religion, c’est un livre qui a bien marché ». La boutade d’un ancien ami algérois résume, je pense, le rêve ultime de tout éditeur, de tout écrivain, l’explication brève de nos monothéismes, mais pas seulement. On peut l’inverser et défendre l’idée qu’un bon livre devient aussi une sorte de religion. Du moins, pour l’individu qui y retrouve une voix, des personnages et la joie d’être un Dieu qu’on dérange peu. Cette plaisanterie qui n’en est pas une, m’avait frappé par sa justesse. Elle rejoignait mon étonnement ancien, de l’époque de l’adolescence, à propos du « Livre Sacré ». Comment pouvait-on soutenir que Dieu était […]
lire la suite .../ ...« Pour la deuxième année consécutive, la littérature Young Adult est mise à l’honneur au salon Livre Paris », lit-on sur le site internet de cette manifestation qu’on appela longtemps le Salon du Livre. À côté de la « littérature jeunesse », qui dispose de sa propre « scène » au Salon, il y en aurait donc une autre, cette fois « jeune adulte ». Passons sur le bien-fondé de cette catégorie qui remonte au succès commercial de Harry Potter— et se distinguerait peut-être d’une littérature « adulte mûr » et d’une troisième« vieil adulte ». Mais pourquoi doit-elle être dite en anglais ? Poursuivons notre lecture du site internet : la « scène YA » accueillera […]
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