Gérard Genette n’est plus, théoriquement
Pour nombre d’anciens étudiants en Lettres en amont et en aval des années 70, Gérard Genette, qui vient de disparaître à 87 ans, restera comme un maître de la théorie des formes en littérature. Ses livres d’alors (les multiples tomes de Figures, Palimpsestes, Seuils notamment) demeurent dans certaines mémoires comme d’indispensables traités destinés notamment à garder la sémantique des ravages et galvaudages de l’esprit du temps. Lorsqu’il animait la revue Poétique avec son ami Tzvetan Todorov et Hélène Cixous, il entendait « libérer l’enseignement littéraire à l’université de la grille des nations et des siècles, et l’ouvrir à ce qui rapproche les oeuvres les unes des autres ». Mission accomplie, en partie, là où il professa et chercha, en Sorbonne, à l’Ecole pratique des hautes études, à l’Ecole des hautes études en sciences sociales et pour finir à Yale. En ce cinquantenaire de Mai 68, on imagine l’épitaphe que cet homme plein d’humour et d’ironie sur soi aurait pu faire inscrire sur sa tombe : « A GG, la narratologie reconnaissante ». Ou la transtextualité, concept par lui labellisé sur tout ce qui met un texte en relation, manifeste ou secrète, avec un autre texte (in Palimpsestes). Seuils, remarquable somme de pensée critique sur tout ce qui constitue les paratextes du texte même (préface, épigraphe, intertitres etc) n’a pas pris une ride. Mais à l’heure de se souvenir de lui, l’envie nous prend de revenir plutôt à deux des livres débridés, personnels et déliés de la contrainte et de l’autocensure universitaires, publiés à partir de 2006 dans la collection « Fiction et compagnie » au Seuil. Des régals pour l’esprit.
La lecture de Bardadrac (2006) m’avait souvent fait sourire et parfois même éclater de rire, pour ne rien de la joie intérieure et gourmande que procure la découverte de mots, d’expressions, de formules jouissifs, jonglés avec une intelligence et une érudition pétillantes. C’est un abécédaire sur le modèle du Dictionnaire des idées reçues de Flaubert, réécrit par un Perec à l’instant d’être sublimé par la révélation des Chroniques de Vialatte, ou quelque chose comme ça. Des fragments d’idées, de souvenirs, d’émotions, de rêveries, de maximes, constituant un puzzle destiné à ne rien reconstituer d’autre que l’image kaléidoscopique d’un écrivain plein d’humour qui, à l’instar de Montaigne ,prétend avoir « un dictionnaire à part moi ».
On y retrouve dans un style étincelant des instants de la vie d’un professeur au long cours qui connut Barthes, Borgès et beaucoup d’autres. Je ne l’ai pas lu en continu, préférant picorer selon l’humeur du jour à telle ou telle entrée. A « Incarnation » par exemple, un mot de Marie (« Mais qu’est-ce que j’ai fait au bon Dieu pour avoir un enfant pareil ? »). Ou à « Intervalles » un savant développement sur les anomalies sémantiques du Quichotte, à « Pneumatique » dit encore « pneu » le statut de ce mode de communication étudié par son étymologie (propre à l’Esprit) en regard de « grammatique » (propre à la Lettre). Ou encore à « Brahms » une digression exemplaire qui mène de l’interrogation existentielle « Aimez-vous Brahms ? » à l’aveu longtemps différé de l’auteur, à savoir qu’il tient Conversation du Maréchal d’Hocquincourt avec le P.Canaye de Saint-Evremond pour le chef d’oeuvre absolu de la prose classique. A « Paris » : « C’est ma ville préférée. Malheureusement, depuis que j’y habite, je n’y vais plus jamais ». Et même à « Bière » où l’on apprend que glacée, et même au bar du Ritz, elle demeurait la boisson préférée de Proust.
Gérard Genette a le don de nous faire participer et compatir à ses douleurs, quand on le voit par exemple pris en tenaille entre Barthes ( « La langue est tout simplement fasciste« ) et Sartre (« Le silence est réactionnaire »). On se réjouira de l’exercice flaubertissime du catalogue des idées reçues, trouvé à l’entrée « Médialecte » :
« Alchimie »:toujours mystérieuse; « Cohue »:toujours indescriptible. Ça tombe bien ; »Cornélien »: se dit d’un choix douloureux entre deux décisions également pénibles , exemple canonique To be or not to be.
Quant aux mots-valises, que l’on trouve à l’entrée « Mots-chimères »,en voici quelques uns pour la route :
« Burnesconi »: politique italien; « Diarrhiste » : incontinent du journal intime; »fascicule » : jeune mussollinien; « Gallimatias » : charabia parfois entendu rue Sébastien-Bottin; « Horroscope » :très mauvais présage; « Méphistopotamie » : enfer irakien… « Mélancomique » : humour noir…
A propos, à l’entrée « Bardadrac » (tout de même !), on apprend le statut de madeleine qu’il occupe dans l’imaginaire de l’auteur puisque c’est la métonymie par laquelle Jacqueline désignait le chaos régnant dans son sac, à Launoy, dans son enfance.
Trois ans après cet inattendu Bardadrac qui remporta un franc succès, Gérard Genette récidiva avec Codicille (2009). Il s’y posait des questions telles que : dans quelle proportion les lecteurs des Trois Mousquetaires ont-ils voulu retrouver leurs héros vingt ans après ? Puisqu’on ne change pas une équipe qui gagne, il a refait pareil malgré les risques courus par toute suite. Le résultat lui a donné raison. L’ironie de l’auteur, qui s’appuie sur un style impeccable mais qui ne se hisse pas sur sa bibliothèque, y fait mouche avec élégance, grâce et légèreté en se tenant en équilibre permanent sur les crêtes de la litote. Ni méchanceté, ni cruauté, ni agressivité. Une sorte de douceur qui s’avère plus percutante encore que les prétendues attaques. La formule du dictionnaire à multiples entrées, les plus sérieuses alternant avec les plus fantaisistes, autorise toutes les libertés et il ne s’en prive pas.
« Couillons » voisine avec « Chahuteuses », « Mots-chimères » avec « Famille » et « Vincennes » avec « Varietur » ou « Médialecte », et l’article consacré au capitaine Fracasse est aussi long que celui dévolu au roman. C’est d’autant plus savoureux que Genette maîtrise avec brio le grand art de la digression. Où qu’il s’en aille, il retombe sur ses pieds dans la chute, ce qui en accentue l’effet comique. Mélomane jamais mélomaniaque, il nous livre ses partis pris en la ramenant juste assez mais pas trop sur la dimension contrapuntique des Partitas de Bach ou en se donnant l’illusion que, le répertoire baroque n’étant pas si vaste, on croit le connaître par coeur. Sa fidélité au Neveu de Rameau ainsi qu’à Stendhal est touchante, d’autant qu’elle surgit souvent inopinément dans ce bric-à-brac plein de pirouettes ironiques et de jeux de piste sarcastiques.
Le fait est que Gérard Genette était de ces individus qui ne savent pas exprimer leur affection autrement que par l’ironie. Pour autant, on ne le suivra pas dans son amalgame entre le rosebud et la madeleine. Il a le dégoût très sûr même si on n’a aucune envie de le partager (Céline, Faulkner, Vivaldi, Chet Baker chanteur, Kubrick, bref, tout ce que j’aime) quand bien même maquillerait-il son attitude en « »anti-goût » ». Son Codicille est un inépuisable vivier de mots et de sensations inspirés tant par ses rencontres que par ses lectures (Proust -écoutez-le ici dire ce que fut la leçon de Proust-, Flaubert, Borges). On y prend d’emblée un tel goût que, malgré sa forme fragmentaire, on le lit en continu. Et de manière oblique, faudrait-il préciser, preuve que nous sommes contaminés par sa passion pour l’oblicité, laquelle se retrouve dès l’épigraphe de Montaigne et un peu partout par la suite. Et puis quoi, c’est si rare un universitaire spécialiste du décorticage des textes, para-textes, méta-textes et sous-textes qui avoue avoir pratiqué A la recherche du temps perdu par la voie honteuse de l’anthologie bien tempérée avant d’admettre des années après qu’il s’agissait bien d’un récit, exigeant donc d’être lu comme tel. Comment détester un type qui se fait une entorse à la cheville droite en parcourant les environs du Capitole à la recherche de la roche Tarpéienne ? Qui a longtemps écrit « »cor anglé » » en lieu et place de « »cor anglais » » ? Qui adjoint systématiquement Dinah Washington au trio Billie, Ella, Sarah ? Qui est encore plus horripilé par le mot « »communauté » » que par le mot « »identité » » et va jusqu’à rêver d’une identité sans appartenance ? Qui nous révèle la loi de Stanley chère aux chercheurs (« »10% d’une archive représente 90% de sa valeur » »)? oui, comment ?
On peut tout dire de Codicille,c ela n’a aucune importance car Gérard Genette consacre toute une entrée à s’accabler(« »structuraliste abstrait, théoricien jargonnant, fossoyeur des études littéraires » »), à anticiper et désamorcer les critiques qu’on lui adressera, en s’appuyant sur l’expérience de Bardadrac, par lui qualifié à l’aide d’un oxymore qui lui va comme un gant : »« best-seller pour happy few » ». Un jour, à la pensée de ses futures cendres biodégradables, Gérard Genette a écrit quelque part : » »Après avoir tant bicyclé, je ne déteste pas l’idée d’être un jour recyclé ». Qu’il se rassure, où qu’il soit : on ne s’en privera pas.
(« Illustration de Fernando Vicente ; « Gérard Genette » photo Olivier Roller)
952 Réponses pour Gérard Genette n’est plus, théoriquement
« C’est un abécédaire sur le modèle du Dictionnaire des idées reçues de Flaubert, réécrit par un Perec à l’instant d’être sublimé par la révélation des Chroniques de Vialatte, ou quelque chose comme ça. »
Beaucoup de monde pour combler l’absence d’une quelconque singularité ?
« best-seller pour happy few »
ça correspond mieux à Pierre Michon, qui, lui, a une oeuvre littéraire dense, quoique mince, et sur lequel il s’écrit autant de thèses qu’il n’a de lecteurs !
N’y-a-t-il qu’en France où l’irresponsabilité des intellectuels soit érigée en vertu ? Genette, formé par Althusser, ex trotskiste reconverti stalinien…
Excellent article, merci Passou.
J’ai dit sur le fil précédent la chance que j’ai eue d’avoir écouté ce jeune prof de terminale nous lire, assis sur le coin de sa chaire magistrale, Beckett, Ionesco ou Adamov Il ne se contentait pas de nous en lire d’abondants extraits, il les commentait aussi. Pourtant, le souvenir de ses commentaires s’est à peu près effacé, alors que je garde un vif souvenir de ses lectures. C’est que pour moi, lycéen provincial quelque peu ignare, la fascination qu’exerçait sur moi une Parole inconnue, si différente de toutes celles que j’avais écoutées, était profonde. Autre chose que ces paroles prétendues divines des balivernes monothéistes. Ce jeune prophète, lui, nous révélait une Parole bouleversante dans sa différence et sa force. Une Parole qui changeait radicalement ma vision du monde. A dix-sept ans, en cette fin des années cinquante du siècle dernier, je m’en suis vraiment pris plein les oreilles ! Merci Gérard Genette, et bon recyclage !
Jazzi dit: 12 mai 2018 à 8 h 59 min
A propos de Bardadrac.
Je vous conseille l’ article de la Quinzaine Littéraire n° 925 du 16/30 juin 2006 intitulé Gérard Genette par Gérard Genette par Tiphaine Samoyault… 😉
…Où l’ on y explique d’ une certaine manière la phrase que vous citez à la même heure…
J’ai écouté sa leçon de Proust, Jean, l’émission est audiblement aujourd’hui vieillotte, mais assurément Genette devait être un bon prof, clair, précis, pertinent. Pour l’auteur Genette, dont on cite deux « oeuvres » écrites à près de 80 ans, ça relève plutôt de l’art du pétomane et de la contrepèterie !
Il n’y a rien à expliquer Pat V. Je ne connais rien de Genette et c’est après avoir lu cet article que j’ai dit combien il me paraissait consternant !
« A GG, la narratologie reconnaissante ». Passou.
@Jazzi et son » et la littérature dans tout ça? »
Narratologie : » pseudo-science pernicieuse, son jargon a dégoûté de la littérature toute une génération d’ analphabètes. Ne dissèque que des » cadavres de récits » ( encore heureux).
G. Genette Bardadrac.
« Gérard Genette n’est plus, théoriquement »
Genette semble ne jamais avoir été, que théoriquement.
Enlevez la théorie du « théoricien des lettres », et il s’auto dissout dans la littérature !
Allez Jazzi, un médialecte :
Guêpier : toujours difficile d’ en sortir! 😉 😉 😉
Pour l’auteur Genette, dont on cite deux « oeuvres » écrites à près de 80 ans, ça relève plutôt de l’art du pétomane et de la contrepèterie ! (jazzi)
Je ne les ai pas lues mais je pense aussi que le meilleur Genette n’est pas là mais dans des oeuvres antérieures, telle la série de ses « Figures » ou ses Mimologiques ». Relire Genette… en aurai-je le temps, alors que je ne fais qu’entamer la lecture du célèbre « Oblomov », jamais lu. il est vrai que cette lecture devrait être une excellente introduction à la pratique des relectures, vu son éloge de la chaise longue.
C’est-à-dire que chez Genette il n’y a rien à disséquer, semble-t-il, Pat V. Mais ce n’est que mon avis d’analphabète…
la prose « Genette » ne plait pas à tous les vieux.
On dénombre au moins 5 sortes de genettes communes de par le monde.
– genette commune d’Europe : Genetta genetta genetta
– genette commune d’Afrique de l’Est : Genetta genetta dongolana
– genette commune d’Arabie : Genetta genetta grantii
– genette commune d’Angola : Genetta genetta pulchra
– genette commune d’Afrique de l’Ouest : Genetta genetta senegalensis,
Pas de quoi en faire de la narratologie zoologique. Mille regrets.
…
Il citait, à propos de sa mort, un « sage oriental » dont il reprenait à son compte le propos :
« mourir jeune, mais le plus tard possible. »
Dont acte !
A la page 352 de Bardadrac, l’ article Prix, analyse du Nobel et du Goncourt…et pourquoi ne peut-on avoir le second plusieurs fois et le premier qu’ une seule? Génial! !)
Oui, Jean, j’ai découvert récemment Oblomov, et actuellement Joseph Roth, et il me reste tant de livres de fiction ou d’auto fiction à lire ! Les théoriciens de la littérature attendront. C’est dire que je ne les lirai jamais, car plus je lis, plus de découvre que je n’ai encore rien lu…
« Comme la robe de chambre d’Oblomov seyait au calme de son visage et à son corps efféminé ! C’était une robe de chambre en tissu persan, une vraie robe de chambre orientale, sans la moindre concession à l’Europe, sans velours, sans martingale, et si large, si flottante, qu’Oblomov aurait pu s’en envelopper deux fois. Conformes à l’immuable coupe asiatique, les manches allaient s’élargissant, des mains aux épaules. Et, bien que ce vêtement eût un peu perdu de sa fraîcheur primitive, et que par endroits il eût remplacé son brillant naturel par un brillant acquis, il n’en gardait pas moins l’éclat de la couleur orientale et la solidité de son tissu.
La robe de chambre avait, aux yeux d’Oblomov, des vertus inestimables : elle est douce, flottante, on n’y sent plus son corps ; telle une esclave docile, elle se prête à tous les mouvements…
Chez lui, Oblomov ne portait jamais ni cravate ni gilet, car il aimait la liberté et l’espace. Ses pantoufles étaient longues, moelleuses et larges ; lorsqu’il sortait de son lit, ses pieds, sans même qu’il les regardât, s’y glissaient tout seuls…
La position allongée n’était pas pour Oblomov un besoin, comme elle l’est pour un malade ou quelqu’un qui a sommeil. Ce n’était pas un hasard, comme pour un homme fatigué ; pas non plus une volupté, comme elle peut l’être pour un paresseux ; c’était l’état normal. »
Combien de jeunes lisent Genette, de nota ?
Le seul « théoricien de la littérature » que je lise, c’est ici, et c’est WGG. Et ça me suffit bien !
Jazzy, je crois que le problème n’a pas tant été des gens comme Barthes ou Genette, dont les théories « structuralistes » avaient au moins le mérite de tenter de faire réfléchir, que ce que l’on en a fait par la suite. C’est un problème d’héritage, au fond – et plus je vais, plus je me dis que tout est question d’héritage, dans nos vies humaines. Et j’ajoute, « hélas », vraiment, vraiment : ce n’est pas le tout d’hériter, il faut savoir comment !
Les livres théoriques de Genette étaient tellement hors de ma portée que, quand je m’y suis attaquée, pauvre de moi, j’avais besoin de « compenser » : dès la dixième page, après avoir ouvert le livre la nuit, les genoux ramassés sous la couette, dans mon lit (maximum de confort requis) j’abandonnais ma lecture et descendais à la cuisine, d’où je remontais avec une tablette de chocolat, destinée à réparer le désordre considérable que ma pénible lecture causait à mes neurones. Le livre en sortait bien évidemment quelque peu taché d’une matière brune, peu identifiable et qui ne donnait de toute manière pas envie de chercher à l’identifier.
Je pense qu’il s’adressait à des lecteurs-étudiants de master de littérature, genre Bac + 5,6 ou 7. Et que ces étudiants ont ensuite, après des parcours professionnels dans l’éducation nationale, échoués à la fabrication des programmes scolaires éducatifs, où ils ont tenté d’appliquer ce qu’ils avaient appris. Ca a débouché sur des formes cauchemardesques d’apprentissage à la littérature, à mon sens (même si ça c’est sérieusement calmé depuis quelques années), mais ce n’était pas la faute de Barthes ou de Genette. En tout cas, on ne peut pas vraiment leur en vouloir. (même si, dedieu, ce que j’ai pris du poids avec tout ce chocolat nocturne !!!)
Les jeunes ne lisent pas, Jazzi, ils « like » 😉
( Beaucoup de vieux aussi…)
Il y a un temps pour les livres théoriques et un temps pour les œuvres littéraires. Tous les grands écrivains sont en même temps de grands théoriciens. Proust en est l’exemple emblématique, mais on citerait tout aussi bien J. du Bellay, Aragon, Flaubert, Stendhal, Rimbaud, Baudelaire, etc. Pénétrer dans le saint des saints implique qu’on s’adonne aussi à la grammaire. À côté de G. Genette, je placerais Dominique Maingueneau dont les ouvrages m’ont toujours autant stimulé. L’un comme l’autre sont ds auteurs qui partent de la langue, c’est ce qui fait leur grande pertinence, il évite le verbiage inconsistant, et dieu sait qu’avant G. Genette l’enseignement de la littérature tournait le plus souvent au verbiage inconsistant.
Genette, dont les théories « structuralistes » avaient au moins le mérite de tenter de faire réfléchir, que ce que l’on en a fait par la suite.
Vous savez Clopine, Genette est plus un analytique qu’ un structuraliste et il n’ avait pas de théorie préétablie. Il le dit clairement dans son Bardadrac ( il faut que je retrouve la page… )
Et son travail d’ analyste théorique n’ a rien mais vraiment rien à voir avec une quelconque méthode d’ apprentissage d’ éducation littéraire.
Non, G. Genette n’est pas si difficile à lire après une période d’adaptation à son jargon, qui a sa raison d’être. Quand j’étais en khâgne, GG était notre livre de chevet à tous.
On en a abusé dans l’enseignement au lycée. Mais c’est comme tous les alcools forts, il faut savoir le boire. Mais quand on sait bien s’en servir, ses concepts sont très opératoires dans l’analyse des textes et éclairants pour les élèves. C’est comme la différence entre la mathématique des Chaldéens ou Egyptiens et celle des Grecs. GG c’est très clair.
Clopine, acte manqué, vous avez maculé ces pages de façon à ce qu elles soient assimilées à de la m..de parce que vous n y compreniez rien. Je comprends d ailleurs que n y ayez rien compris, j ai moi même testé quelques ouvrages écrits pour les 3eme cycle , hélas ils appartenaient à une municipalité, à la collectivité et j ai donc décidé malgré ma frustration de les rendre dans l état où je les avais empruntés. Je ne connais ni de nom ni de contenu cet auteur.
Jazzi dit: 12 mai 2018 à 10 h 48 min
Combien de jeunes lisent Genette, de nota ?
Mais combien de jeunes lisent ? Le témoignage des libraires, tel le mien, à ce sujet est édifiant. Scène emblématique, hier, chez mon libraire : une dame — la cinquantaine épanouie — se renseigne sur un livre ; à ses côtés, sa fille — dix-huit ans environ –, fait défiler, la mine passablement renfrognée, une série de messages sur l’écran de son portable (comment appelle-t-on désormais ces engins ? le mien, presque toujours raccroché, doit bien avoir quinze ans d’âge). Nos générations sont-elles celles des derniers vrais lecteurs ?
G. Genette n’a au fond pas grand chose à voir avec le Structuralisme, contrairement à T. Todorov. La revue Poétique est une merveilleuse invention. J’ai conservé certains des premiers numéros.
PatV, je crois que clopine écrivait simplement su’aucun héritier n avait su construire une pédagogie adaptée à la transmission de son travail.
Mais WGG est plus qu’un « théoricien de la littérature », c’est un théoricien de la culture et des civilisations. Grâce à lui, on a tous appris que nous étions des lecteurs juifs-greco-latin. Et dire que nous ne le savions pas !
Aujourd’hui, les étudiants de lettres lisent GG. Pas avant, c’est inutile et trop difficile avant le bac. Mais après c’est indispensable, incontournable. Et c’est bien écrit, agréable à lire en dépit du jargon.
Widergänger dit: 12 mai 2018 à 10 h 56 min
Oui, totalement exact.
Le langage doit être analysé avec ses propre éléments et ses propres conséquences sémantiques et grammaticales. Tout son dictionnaire à propos du médialecte l’ illustre avec une extrême érudition sans oublier l’ humour.
Exemple.
Gâchette. Médialecte pour détente : » Le policier a appuyé sur la gâchette, et le coup est parti. Cherchez la bavure.
Genette dénonce ( la bavure ! ) ainsi l’ inconséquence et l’ illogisme descriptif ( impropriété de terme ) d’ un objet dans son écriture même.
Jazzi allez chanter cela à un égyptien non copte et encore vivant.
Mais lire L’Enéide avec le regard de Florence Dupont, et l’anthropologie des civilisations dont elle est une éminente représentante, c’est passionnant.
On voit ainsi baucoup mieux d’ailleurs tout ce qui sépare Rome de Jérusalem. David, qui avait du sang sur les mains, se jugeait indigne de bâtir le Temple, alors qu’Auguste finit par devenir grand pontife. La supériorité éthique du peuple juif saute aux yeux.
« un égyptien non copte et encore vivant »
Mais c’est parce qu’il ne le sait pas encore. Idem pour un Palestinien ou un salafiste, bérénice !
Genette est bien plus proche des courants de la philosophie analytique que du structuralisme…
Et sur le Nouveau Roman, qu’est-ce qu’il dit Genette, Pat V ?
Jazzi dit: 12 mai 2018 à 9 h 59 min
Pour Genette, aller sur le billet suivant ! Où l’on apprend que Genette a abordé Proust par des morceaux choisis. Pauvre Marcel !
Mais que fais-tu, toi, avec tes bouquins qui ne sont que des morceaux choisis?
Mais je ne prétend pas au titre de « théoricien de la littérature », Pat V, seulement celui, plus modeste, d’anthologiste…
Je ne prétends…
Grâce à GG on voit bien aujourd’hui l’importance de la rhétorique. Mais en même temps on peut en voir les limites, comparée à la philosophie, et comprendre par là bien mieux ce qu’étaient des Rhéteurs dans l’Antiquité. Les rhéteurs comme les sophistes, auxquels s’en prennent Socrate puis Platon, visent à convaincre, persuader de n’importe quelle vérité, alors que la philosophie elle s’interroge sur le statut de la vérité en tant que telle. Cette différence est fondamentale. On comprend d’ailleurs que la rhétorique ait fini par tomber en désuétude face à la recherche de la vérité. C’est ce qui distingue le paganisme du Judaïsme. Mais des écrivains comme Pétrone sentaient déjà au 1er siècle les limites de la rhétorique dont il esquisse une critique dans son Satiricon. Mais il faut bien comprendre que toute l’aristocratie romaine a été formée à l’école de la rhétorique pour tenir des discours au Sénat avec des maîtres prestigieux et des écoles prestigieuses de rhéteurs à Rhôde et un peu partout, et à Rome avec Quintillien à l’Athnæum qui se trouvait sur le Forum de Trajan près des deux grandes bibliothèques, l’une latine, l’autre grecque, de chaque côté de la colonne trajane encore visible.
Mes 22 « goûts de… » (provisoirement) peuvent se lire comme mon journal de lectures de ces dix dernières années, une sorte de blog-papier édité, Pat V…
Un rhéteur aujourd’hui, Mélenchon, WGG !
GG a peut-être abordé Proust par des morceaux choisis mais quand il était élève de 3ème au collège…! Il ne faut pas être dupe de la légende, GG aimait bien faire son cagot. Il était normalien et agrégé de lettres, docteur d’Etat. La manière dont il parle de Proust en 1963 montre qu’il l’a lu en profondeur et connaît parfaitement bien la genèse de l’œuvre, indispensable à sa lecture critique. GG a lu toute son œuvre plus d’une fois certainement, des dizaines de fois en entier, c’est évident !
Oui, un tribun de la plèbe même ! Dangereux.
Paresseux de nature, Pat V, aimant lire, aller au cinéma et me balader, sans parler des activités classées X, il m’a bien fallu faire en sorte d’être payé pour cela, d’où mes guides et mes anthologies…
Mais non Wgg, les sophistes ne sont en aucune manière un mode mineure de la rhétorique et si ils sont un punching-ball pour Platon, ce dernier nous en montre une caricature, sophistiquée 😉 mais caricature quand même. La rhétorique se situe dans sa logique rationnelle propre, c’ est pour cela qu’ elle nomme ses figures analysables de la même manière par tous et non pas comme bon nous semble.
D’ où le GRADUS ou Genette qui se situe dans cette logique d’ analyse des vérités du langages, des langages.
mineur et situent,
Jazzi, vous faites bien ce que vous faites et je vous trouve sympathique. 😉
Un bon papier sur un gars que j’avais sous estimé, depuis la Narratologie chocolatée et par csqt laissée dans son jus, faute de clés ou de maturité suffisante, à l’époque. Du coup, j’ai bien envie d’aller visiter ce Bartabac, apparemment c’est rigolo. Et puis, cette remarque me rendrait cet octogénaire tout de suite bcp plus sympathique, car je m’y reconnais un brin : « le fait est que Gérard Genette était de ces individus qui ne savent pas exprimer leur affection autrement que par l’ironie ». Merci Passou pour cette synthèse. Et bon voyage à Gérard (comme disait JK).
BJ à toutent.
Les « théoriciens de la littérature », qui dissèquent les cadavres pour voir de quoi ils sont faits, me font penser aux enfants qui démontent leurs jouets et qui ne savent plus comment les remonter ensuite, quand tout est cassé !
J’ai jamais écrit que les sophistes étaient un « mode mineur » de la rhétorique. Lisez plutôt le Gorgias de Platon avant de nous sortir vos âneries. Et concernant les sophistes, le livre de Barbara Cassin.
Lisant GG je n’ai jamais eu le sentiment qu’il disséquait des cadavres. Au contraire, il rend vivant ce qui était perçu comme mort.
Proust était bien vivant et Genette est définitivement mort. De profundis !
@Mes 22 « goûts de… » (provisoirement) peuvent se lire comme mon journal de lectures de ces dix dernières années
Jazzman : je tenais à vous dire depuis longtemps avoir toujours apprécié votre modestie et honnêteté intellectuelle. Bon, un peu moins votre insatiable curiosité sur les mœurs sexuelles d’autrui, certes mais enfin nul barozzi n’est parfait.
Adhonc, une bonne journée à vous aussi.
(si mon avis de non cinéphile vaut qq chose…, « everybody knows » vu par hasard à bordeaux avant-hier soir à Talence est un très mauvais film, lourdingue… avec des stars incrédib’ au possible). Quant à l’autre Gérard Godard qui fait polémisme apparemment à Kanne, je sais pas trop quoi en penser… Est ce aussi fumeux que le dit la figmag ?
Pendant que j’y suis au chapitre des déceptions : « ils vont tuer robert kennedy » (de Marc O’Dugain)… voilà encore une autre calamité, une vraie imposture romanesque ! (entre nous…, cet écrivain qui se la pète, au départ prometteur, s’enfonce de plus en plus dans un labro-ïsme de pacotille, croyez pas ?). Ch. avait raison l’autre fois : autant aller s’oxygéner dans l’herbe verte avec le père Corbin, plutôt que de s’infliger toutes ces sottises.
Genette c’est une révolution intellectuelle du même ordre qu’Einstein en physique. Il y a un avant et un après Genette. Et sa théorie durera au moins un siècle.
Mais Christiane va souvent au cinéma, JJJ. On en parle généralement sur la RDC. Pour ce que j’ai vu depuis Paris, actuellement en compétition à Cannes, je recommande le seul que j’ai visionné : « Plaire, aimer et courir vite » de Christophe Honoré.
Et puis il y a sa femme, Raymonde Debray-Genette, qui a notamment écrit sur Flaubert.
Godard, à force d’avoir démonté le cinéma, n’est plus capable de faire de bons films, comme à ses débuts !
Et les enfants de Raymonde et Gérard, ils s’en sont pris à qui, WGG ?
Bonne question, Jazzi. Et ta sœur ?
Elle va bien, merci, Toto.
Le terme de narratologie a été inventé par Todorov en 1969. C’est GG qui l’indique dans son introduction à Nouveaux discours du récit, sorte de supplément à Figures III, en 1983.
Jazzi est sans nul doute la personne de plus mauvais goût que je connaisse.
La belle découverte cinématographique récente, JJJ, c’est la mini série « Senses » de Ryūsuke Hamaguchi. Un jeune cinéaste japonais, dont on peut voir les volets 1&2 et 3&4, actuellement, et la semaine prochaine, le 5 et dernier. Il suit le parcours de quatre jeunes femmes, quatre amies très différentes, dans l’île de Kobe. Superbement conté et filmé !
On se connait, Nicolas ?
T’es vexé ?
Même pas, Nicolas.
Il faut quand même dire aussi qu la narratologie n’est pas tombé un jour des cieux mais vient des formalistes russes des années 1920 et 30 avec les noms prestigieux de Mandelstam en personne, de Vladimir Propp, Victor Chklovski qui avait déjà publié en 1929 à Moscou Sur la Théorie de la prose, avec déjà tout un chapitre intitulé « Comment est fait Don Quichotte ». C’est en réalité tout l XXè siècle qui est préoccupé de ces recherches formelles sur la littérature.
Je signal comme œuvres intéressantes nouvellment parues à lire :
— Patrick Fort, Le Voyage à Wannsee, qui raconte le suicide de Kleist, et je rappelle le superbe récit de Christa Wolf sur Kleist (meine persönnliche K u. K Monachie mit Kafka, und auch Konrad) : Kein Ort. Nirgends (Aucune lieu. Nulle part, traduit par le poète Alain Lance). C’est fort…!
— Leslie Kaplan, Mai 68, le chaos peut être un chantier, P.O.L. L’auteur du très remarquable L’excès-l’usine, qu’admirait beaucoup la Duras.
Hier, je lisais, confortablement allongé au soleil dans une chaise longue, aux Tuileries. Le jardin était bourré de touristes. En partant, j’ai vu qu’il en coûtait 80 centimes d’euros pour… pisser. Il n’y a pas de petits profits !
Sublime, forcément…
Barthes ( « La langue est tout simplement fasciste« ) et Sartre (« Le silence est réactionnaire »).
Ajouter Pierre Dac (« Il vaut mieux se taire que de ne rien dire »).
Merci Passou pour ce billet sur un autre Genette – je n’ai lu que le théoricien, sans me faire de « greimaser », tant il était fin et illuminant.
En fait, Genette a fait comme Barthes, Todorov et Cixous, il est passé de la théorie à la pratique, et de la poétique à l’écriture/réécriture.
Godard me fait penser à Gabin, qui a été élève à Janson de Sailly. Dans la salle des profs de Janson aujourd’hui on peut voir un ancienne photo de classe avec Gabin où il est indiqué que son père disait de lui qu’il ne ferait jamais rien dans la vie. Dans une vitrine du grand couloir d’entrée sont exposées les photos des célébrités qui furent élèves de Janson. On n’y a pas encore mis Passou, mais on y voit Michel Leiris avec un regard d’halluciné, Louis de Broglie, J. Attali, Léon Zitrone, Paul Guth, Giscard d’Estaing, qui a intégré Polytechnique (on voit où ça l’a mené), Mallarmé aussi et Germain Nouveau, qui, je crois bien, fut l’amant de Rimbaud. On y voit aussi quelques acteurs encore en vie.
Il a été plusieurs fois question, sur ce fil, du « jargon » de Genette. Il s’agirait de savoir quelle en est la fonction et, sans doute, la nécessité. Au début des années 60, à l’époque où l’expression « sciences humaines » entre dans le langage courant, Genette fait partie de ces jeunes intellectuels qui considèrent qu’il n’est plus possible de se contenter de parler de la littérature comme on l’a fait jusqu’à eux, à coup d’appréciations subjectives, idiosyncrasiques au possible, par trop tributaires de la culture personnelle de qui les porte. Il s’agit donc d’introduire dans ce domaine un minimum de rigueur et d’objectivité et, pour cela de forger un certain nombre de concepts à la pertinence vérifiable et de vocables ad hoc, comme cela se fait depuis belle lurette dans les sciences de la nature ou en médecine. C’est là, sans doute, l’apport neuf de Genette, de Todorov et de quelques autres. Quant à savoir s’il est l’heure de tracer les contours et le contenu solide de cet apport, ou s’il faut décidément ranger les efforts et les travaux de ces chercheurs dans ce « bilan de faillite » dont parle Debray dans son dernier livre, cela reste à voir.
On parlait beaucoup en son temps de la sémiotique de Greimas, mais le bonhomme est resté inconnu. Il est aussi l’auteur d’un dictionnaire d’ancien français, que j’ai toujours.
Le film de Godard sortira à l’automne. On a hâte de voir ce long poème qui nous parle de notre monde, à travers le prisme de l’Occident belliciste et de la résistance arabe.
La bande-annonce :
Bas rosis ne peut que conseiller le seul film cannois qu’il a vu.
Sponsorisé par Paulo Branco…?
Moi je souhaite déjà pouvoir vivre soon 3 expériences.
Le Quixote de T. Gilliam
L’équation de JL Godard , pour happy few, et au musée.
Et puis un truc qui me branche totalement.
G. Genette est indispensable pour comprendre les œuvres. Mais il est certain qu’il ne faut se limiter à Genette. Il n’indique qu’une méthode.
Depuis lors Lojkine a aujourd’hui une approche passionnante de la littérature en y mêlant le rôle de l’image. Son livre sur l’histoire de la notion de scène romanesque est dvenu un classique. Il y a aussi l’approche poiétique psychanalytique qui peut éclairer l’œuvre de Proust sous un jour nouveau et intéressant.
« L’équation de JL Godard , pour happy few, et au musée. »
Le peuple se libérera lorsqu’il sera capable d’aimer le cinéma de Godard… et de voter pour des hommes politiques comme Hamon et son abolition légale du travail. Que faire de tout ce temps libre ? Mais, de la poésie, comme Godard, ce qu’ont montré cette semaine les insurgés avec leur très beau pastiche sur la zad.
« raviolires »: lectures qui enchantent.
Bloom défendez vous aussi le silence éloquent ? Un souvenir de personnes qui pratiquaient un instrument qui peut être servent (les instruments de musique) à exprimer ce que les mots échouent à faire, je crois avoir entendu : il n a rien à dire. Mais en musique le silence c est autre chose .https://youtu.be/Vhm4WEW0yUA
» Il me semble que le phénomène poétique ne peut pas s’analyser en termes de ce qu’on appelle langage, en tous les cas pas en termes de ce qu’on appelle langue. Je crois que la poésie est un type de discours et non pas un type de langage. Je crois que le poétique consiste en un certains nombres de phénomènes d’organisation du discours et non pas en une spécificité linguistique. C’est pourquoi je critique l’idée que la poésie serait un langage particulier. La poésie est un art du langage mais je ne dirais plus que la poésie est un langage. La notion même de langage poétique est une notion un peu trompeuse, un peu fourvoyante, parce qu’elle convertit en état de langue ce qui est en réalité un état de discours où la langue à proprement parler n’est pas changée. »
Gérard Genette.
Huit entretiens avec Gérard Genette sur le même site, France culture.
Je n’arrive pas à saisir avec ces exemples, donnés ici et là, si G.Genette était le roi du calembour ou s’il était un neologiste de l’entre-soi proustitué.
Une langue étrangère? Chaque langue contenant des langages, un langage étant une faćon d utiliser une langue selon des procédés, des agencements, un registre de vocabulaire pour rendre des idées, des images, des émotions sentiments.
? Pour remplacer le point final au précède.
Enfin comme on dit , bois l’eau qui doit manquer aux disciples de G. Genette.
Car ce qui se conçoit bien s’enonce aisément.
Et c’est pas gagné, hein.
Précédent, magie du portable ou imperfection.
C est chinois, confucius. Je tombe en accord avec cette remarque à propos. Est ce une auto critique?
Ce qui se conçoit bien s énonce clairement. Précisément avant les Lumières.
Gérard Genette et Paul Ricoeur dans Répliques en 1987
Dernier entretien sur France Culture :
Le doigt de Godard dans le cul de Genette et les branleurs s’en trouvent bien branlés ! Du grand art masturbatoire…
Ce soir je mange des moules.
Des moules iconiques ?
« Le terme de narratologie a été inventé par Todorov en 1969″…. Et Volodine a su le recycler à travers les « narrats » de ses romans post exotiques.
http://www.seuil.com/ouvrage/des-anges-mineurs-narrats-antoine-volodine/9782020374781
Cette mise au point pédante étant actée, je lis ceci, p. 229 du roman du journaliste pseudo romancier O’Dugain (et vous pourrez aller vérifier le niveau) : » « …Si votre père avait été impuissant, vous ne seriez pas là et vous n’auriez pas mentionné le recours à des professionnelles. Alors qu’est-il arrivé ? Sans doute était-il bloqué dès lors qu’une femme avait enfanté. C’est fréquent ». J’ai appris récemment que Donald Trump était apparemment atteint d’un symptôme similaire « .
Pour dire à l’rdl que si les fausses nouvelles commencent à peupler des romans qui prétendent se vouloir informés…, il va falloir urgemment se lever de bon matin pour pétitionner contre ce genre d’écrivassiers sévissant chez Gallimard !…
@ (JC – Clop) : inutile de recopier ma prose sur d’autrs blogs car elle est très bien comme elle est. Je ne suis pas responsable de votre frustration liée au fait d’avoir été viré de chez passoul… après tout, vous l’aviez bien cherché, force. Moi, j’y suis pour rien de vos frasques. Est-ce assez clair (de Notaire) ?
@Jazzi dit: 12 mai 2018 à 10 h 24 min
Oui, Jazzi, elle est passionnante :
https://www.youtube.com/watch?v=xDXqj1xvFgk
Mais il faut remonter le temps. 55 ans en arrière : 1963. Il devait avoir la trentaine, était prof. Le visage qui est offert (photo bandeau de la vidéo) est net et clair comme son exploration de l’écriture de Proust en seulement 13 minutes.
C’est une émission de R.Valette et de G.Gravier, Diffusée pour la première fois le 13.12.1963 ( date du cinquantième anniversaire de la parution de Du côté de chez Swann ). Ils avaient invité d’autres écrivains pour évoquer l’influence que la lecture de Proust avait eu sur eux.
Je crois que Clopine aimerait ce qu’il en dit, ce gonflement interne de l’œuvre, ce qui relie aussi les 7 premières pages du Contre Sainte-Beuve aux 3000 de « La Recherche » qui ont suivi et les questions restées en suspens par sa jeune mort.
Je ne connais pas les deux livres évoqués par le billet de Passou, ni son travail de théoricien des années qui ont suivi. J’aime le visage qu’il nous offre dans les vidéos récentes (comme celle mise en lien dans le billet) et sa voix : une certaine gravité…
J’aurais bien aimé l’avoir comme prof. Jean a eu cette chance.
Pathétique danse de séniors débiles autour du cadavre de Genette déstructuré : dans Genette il y a du Genet, mais en version plus folle ! C’est la faute à Mallarmé…
bon moi j’ai jamais compris la parabole finale de 2001 odyssée de l’espace. Donc, si qqu’un peut l’éclaircir au vu de la version restaurée asap, ce serait déjà pas plus mal…
Je vais peut être garder , à tort, cette idée que Genette se regarde écrire.
Et l’accouchement a l ‘air douloureux.
Et puis il ne pratique pas son art. Reste un donneur de leçons, pas très claires mais, plus encore, à faible rayon d’action.
Non, messieurs de l’akadémie, laissez aux simples, le privilège de préférer la simplicité, pour ce qui concerne l’art poétique.
Il y a aussi rémi et colette, euh…, jeunet et jeunette… Ca nous rajeunit pas guère…
Jean, tu as trop des Genêts (wouarf, qu’il est reloud avec ses mauvais Calambourgs madre de dios !).
Sérieux…, je pense que gégé Genette a révolutionné la manière dont il urgeait de repenser la littérature. Car avant lui, il n’y avait rien, après lui, tout était dit (y. de bonne foi).
Enfin, condoléances à la famille, comme on dit poliment.
« Je ne peux pas m’en passer, bien sûr. Il paraît qu’il y a des erreurs, l’article qui m’est consacré est assez nunuche, mais je n’aurais pas l’idée de le corriger moi-même. »
De qui cette phrase (a proposito de la wikipedia) est-elle l’auteur : de Michel Widerganger ou de gégé Genette ? Une fiche édifiante, en tous cas… Tu m’étonnes que les commentateurs ont l’air si b/savants… ça nous sciera toujours les neurones…
(NB/ 80% du papier viande froide de passoul en est tiré avec en + qq vérifications supplémentaires… forcément… Waouagh : la science des blogs spécialisés, j’te dis pas !)
Oui, je m’associe aux condoléances familiales et notamment à madame, grande spécialiste de gustave f., dont la rdl apprend pour l’occasion l’immense contribution à la science flaubertienne, sauf gwg, bien sûr qui s’est depuis toujours servi de ses travaux pour confectionner et muscler ses propres bovarysmes.
Tiens, cela me fait penser qu’il faudrait revenir 1 jour sur le rôle délétère qu’a joué Marie-Jeanne Durry dans l’enseignement officiel de la littérature à Paris durant les années 1960. A quand une chronique non informée par wikikiki, à ce sujet, paul edel ?
ce qui est en réalité un état de discours où la langue à proprement parler n’est pas changée. »
Gérard Genette. (cité par Pat V)
Cette définition de la poésie par Genette me paraît discutable ; tout au moins, elle ne me paraît acceptable qu’au plan général, sous réserve d’examen des cas particuliers (nombreux) qui la contredisent, surtout depuis la fin du XIXe siècle. Il me paraît certain qu’à partir de Mallarmé et de Rimbaud on a beaucoup expérimenté, parmi ceux qu’on classe comme « poètes » (mais qu’est-ce au juste qu’un poète ?) du côté de l’état de la langue (notamment à l’époque des dadaïstes et surréalistes). Il s’agissait bien de changer peu ou prou l’état de la langue.
Mais qu’est-ce au juste que la poésie ? Imaginons, par exemple que le sonnet des voyelles de Rimbaud ne nous ait pas été transmis sous sa forme consacrée ni avec nom d’auteur mais comme un texte anonyme d’où aurait disparu la répartition en vers, avec retour à la ligne avec majuscule ; en somme (sans en changer un seul mot) comme un texte en prose consignant un certain nombre de notations. Parlerait-on seulement de poème en prose ? On pourrait le considérer légitimement comme un document ayant une valeur pour les psychologues, et nullement comme un « poème ».
Il me semble que, jusqu’à la fin du XIXe siècle, on a su à peu près, en Europe, ce que c’était que la poésie ; un certain nombre de critères simples se montraient parfaitement opérationnels. Mais aujourd’hui, on ne le sait plus du tout. Chacun s’estimera dès lors fondé à donner Sa définition de la poésie.
@ Chacun s’estimera dès lors fondé à donner Sa définition de la poésie
Je m’en garderai bien pour ma part, n’ayant jamais été attiré par cette forme de respiration mentale qui se cherche depuis des plombes un prétexte en vain. Et je sais à quel point compte mon opinion. Ainsi qui n’aime pas jean me suive et le laisse gros comme devant 😉 lol vs.
Au hasard d’internet à propos du livre de Gérard Genette « Langage poétique, poétique du langage » (1968) :
« L’approche de divers systèmes signifiants à l’aide d’un modèle sémiotique élaboré, en principe, à partir du langage déllotatif de la communication, pose le problème de la formalisation de certains aspects des systèmes signifiants qui ne correspondent pas aux structures saisissables par le modèle linguistique usuel. C’est à ce stade de la recherche que la sémiologie, suivant la démarche de la philosophie la plus traditionnelle, introduit la distinction norme-anomalie, en considérant comme déviatoire tout ce qui échappe aux grilles de la linguistique dénotative. Or, le concept d’anomalie, s’il insiste clairement sur la différence entre une certaine structure signifiante et une autre considérée comme » normale « , présente plusieurs désavantages que la pratique quotidienne des sémiologues ne cesse de dénoncer. Ainsi, la distinction norme-anomalie permet difficile ment une description non-réductrice des structures dites » déviatoires « . D’autre part, cette distinction pose le problème des critères qui fonderaient une structure comme normale et une autre comme déviatoire (donc le problème du point de départ et de l’orientation de la recherche même). A cette discussion, dont l’importance est capitale pour la constitution d’une sémiologie générale, et pour toute science sociale, les recherches sur les systèmes signifiaiits dits » artistiques » (la littérature, la peinture, le cinéma, etc.) peuvent apporter beaucoup. Il s’agit en effet, dans ces systèmes signifiants, d’un langage dit « poétique » dont les structures échappent d’emblée à celles du langage considéré comme principalement dénotatif et sur lequel le modèle sémiologique est généralement construit. De sorte que, dans l’étude du langage poétique, le problème norme-anomalie est posé, pour ainsi dire, à son niveau de base : au niveau de la matière linguistique elle-même, là où se différencient dans le tissu même du langage, la » norme » et » l’anomalie « .
Vu plus généralement, le problème est le suivant :
Est-ce qu’un modèle sémiotique général, englobant tous les systèmes signifiants, est possible ? Un modèle dont les différents niveaux, correspondant aux différents systèmes sémiotiques, peuvent s’intégrer dans une totalité axio matisable, sans s’exclure comme » anonialies » l’un par rapport à l’autre ? Si oui, à partir de la formalisation de quel corpus linguistique ce modèle général est-il possible ? Et comment intégrer dans ce modèle sémiotique général, les particu larités considérées aujourd’hui comme déviatoires? Le texte de Gérard Genette ouvre un débat que les efforts de sémiologues — logiciens, mathématiciens, psycholinguistes, sociologues, etc. — devraient alimenter. »
Ça paraît une blague mais ça ne l’est pas. Dans l’Histoire intellectuelle de l’Humanité, la France des années 60 et 70 est, sans aucun doute, la championne du monde du ridicule. Aucun peuple sur cette planète a en_culé autant de mouches en plein vol que le français à cette époque.
Et il y a encore des cré_tins qui, 40-50 ans après, sont béats d’admiration devant une telle orgie d’enc_ulage aérien de diptères…
Pour rattraper mes incultes… tout savoir par duneton sur le chédeuvre de GGG. Merci qui ?
http://www.lefigaro.fr/livres/2006/09/07/03005-20060907ARTFIG90305-bardadrac_le_corrosif.php
Ceronetti, après avoir dit des bêtises dans une interview de presse, faisait quelques jours de jeûne, pour se punir de sa frivolité. Moi après avoir lu un texte d’un sod_omite de mucherons volants distraits, je lis une lettre de Voltaire pour me désinfecter l’esprit (à ce propos, j’ai payé l’autre jour aux Puces le pavé de sa « Correspondance choisie » publiée en poche -1 500 pages, 906 lettres-… 2 euros !!).
On se disait aussi, casals, que vous aviez dû tomber sur une mouche piquante au lieu d’une puce (2 n-eurones, c pas chez payé comme dirait lionel naccache dans « Parlez-vous cerveau » ?). Et on s’inquiétait, donc. Mais maintenant, je vais me faire l’avocat de ce texte éblouissant de genette que vous citez, tellement hermétique, coruscant et difficultueux à son époque qu’il en imposait à tous les penseurs de l’hermétisme herméneutique, avouant en off ne pas pouvoir saisir autant que lui de mouches en une seule bouchée. Mais pourquoi bouder ce plaisir rétrospectif d’une capture aussi gloutonne à l’époque, alors qu’il n’y a plus d’insectes à niquer aujourd’hui ? On a l’air fin maintenant, mais ne niez pas qu’avec tous ces gars là (genette, barthes, greimas et algésiras) on en imposait au reste du monde un brin demeuré, on était des phares !
(NB. je vends tout mon fond genette et les 20 tomes de mon EU, sur le bon coin pour 7 euros, ça vous dirait ? car, Arouet et Emilie du Chatelet, faut changer un peu). Tiens, il pleut ast’heure !
« Gallimatias » : charabia parfois entendu rue Sébastien-Bottin
Et le plus souvent publié !
Je signale à tous les erdéliens possibles cette charmante et utile initiative à laquelle passoul est également convié le 23 mai prochain en soirée.
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Lève les yeux !
« Avec des amis, nous souhaitons lutter contre « l’aliénation par les smartphones » constatée partout dans le monde, et qui nous attriste profondément. Les études se multiplient sur les effets ravageurs d’un usage excessif des écrans, et des smartphones en particulier, alors nous souhaitons alerter et aider à la reconquête de « l’attention » ! Notre première action sera la fondation d’un label pour les bars et restaurants, parce que c’est quand même beaucoup plus sympa de boire un coup en se regardant dans les yeux ».
Nous organisons une soirée de lancement le mercredi 23 mai au Bar commun dans le 18e (un bar associatif porteur d’un très beau projet de société, et qui mérite donc d’être connu !) de 19h à 22h. Vous y êtes chaudement conviés, et pouvez arriver à n’importe quelle heure, ce sera le plus informel et ludique possible !
https://www.facebook.com/associationlevelesyeux/
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Il a un point le Pablo de 16h31!
« bon moi j’ai jamais compris la parabole finale de 2001 odyssée de l’espace. »
S’il n’y avait que la parabole finale! C’est ch.iant d’un bout à l’autre…
Pablo75 dit: 12 mai 2018 à 16 h 31 min
magnifique !
il aurait pu figurer en bonne place dans le Sokal & Bricmont.
« en se donnant l’illusion que, le répertoire baroque n’étant pas si vaste, on croit le connaître par coeur »
heureusement ce n’est qu’une illusion.
à côté du Pablo de 16h31, passou n’a pris que le « best off » de Genette pour son article.
le « best of » ou le « bêtisier »
http://www.fupress.net/index.php/aisthesis/article/view/10980/10426
Puisque Pablo est là… 😉 Un peu d’ esthétique 🙂
Et JJJ qui se moque de l’ usage de l’ anglais chez Genette ( très discret ce me semble cet usage ), c’ est la tradition analytique…
(…)
» Afin de produire cet enveloppement et de construire cette interprétation sous la forme d’une hypothèse, je voudrais poser une question qui s’articule sur cette présence qui nous a occupée tout au long de notre colloque, celle d’une philosophie de l’art extrêmement analytique, discriminante, argumentée et cultivée, d’une philosophie de l’art non systématique mais extrêmement typologique articulant de façon circulaire – comme Genette le dit à la fin de La relation esthétique – l’analyse des modes d’existence des œuvres d’art à l’analyse de l’expérience subjective de ces œuvres. Ma question est ainsi: est-ce qu’il n’y pas toujours eu chez Gérard Genette, et depuis ses premiers articles des années soixante, un souci philosophique fort, une inquiétude philosophique certaine, une certaine conception de la philosophie de l’art adossée à des principes qui s’explicitent dans les deux tomes de L’œuvre de l’art? Ma question en engendre une autre: qu’elle est la nature de cette philosophie de l’art qui se veut explicitement aussi lucide et désillusionnée que possible afin, d’un côté de désamorcer l’impressionnisme ou l‘émotivisme esthétique telle qu’on en trouverait les justifications chez Rousseau, et, d’un autre côté, de dégonfler les idoles métaphysiques ou spéculatives que la tradition philosophique continentale réamorcerait ou regonflerait perpétuellement depuis Platon ou plutôt depuis le néoplatonisme? » (…)
Extrait du lien cité supra.
le grand apport de Genette c’est que son travail aura servi de support à toute une génération d’écrivains français.
Houellebecq, Carrère, Ernaud, Angot, Laurens, Darrieussecq, Enard, le Clezio, Modiano, Laurens, Quignard, Rolin et bien d’autres : tous ont su puiser dans l’oeuvre de Genette et sont devenus des spécialistes du para-texte, méta-texte, archi-texte, trans-texte, pseudo-texte, poly-texte, mais aussi de métalepse autodiégétique et hétérodiégétique etc…
le plus c’est Darrieusseqc, ses romans sont plein de métalepses autodiégétiques, et c’est loin d’être le fruit du hasard !
à l’étranger on appelle ça la « french touch »
Dans l’article de Genette, il s’est glissé une erreur : « dellotatif » n’existe pas, il faut comprendre « dénotatif ». Et tout devient clair.
chez Carrère on trouve moins de métalepses autodiégétiques, mais par contre plus de métalepses intradiégétiques, c’est une des faiblesses de ses romans, la dernière fois que je l’ai croisé je le lui ai dit : vous devriez faire moins métalepses intradiégétiques et plus de métalepses autodiégétiques, il semblait assez d’accord.
tu m’étonnes qu’après ça tous les écrivains français ont la trouille de la fiction : l’ombre de Genette planent sur eux…
faut dire que pablo75 recopie toujours assez mal les textes qu’il peine à comprendre. Heureusement gwg veille au grain wiki, et en effet tout esthétisme dénotatif, halors, s’albumine ! On a ri, mais on a ri !
Genette aura été le plus inventif et le plus imaginatif des écrivains français, c’est notre Philip K. Dick national !
Le texte de Pablo n’est pas de Genette de toute façon. Il dit simplement qu’il est difficile d’élaborer un système signifiant en poésie à partir d’une théorie du langage fondée sur le seul aspect dénotatif de la langue. C’est quand même pas la mer à boire. Tout le monde sait ce qu veut dire « dénotatif » par opposition à « conotatif ». Non ? Vous vous noyez dans une goutte d’eau…!
Karl Popper aurait appeler une a-science.
en fait c’est quand une discipline non scientifique (comme la littérature) essaie par tous les moyens de se munir d’un attirail scientifique.
en fait c’est quand ils inventent des concepts ou des théories « non-réfutables ».
chez les psychanalystes on retrouve la même chose avec leurs théories sur l’inconscient, chez les philosophes aussi, et aussi chez les historiens.
en fait ce sont des théories et des concepts qui servent à dire aux autres qu’on a raison, vu que les autres ni comprennent que dalle ils n’osent pas trop les contredire.
La conclusion du lien cité :
(…)
» On voit donc comment, tout au long de sa carrière, Genette n’a fait que de développer et de préciser l’intuition originaire de toute son œuvre, à savoir qu’il y a un monde de l’art, un monde réel des œuvres d’art mais séparé du monde ordinaire et dont il s’est agit, pour lui, d’arpenter tout l’espace, de décrire les lois de fonctionnement, de comprendre sa nature ontologique, de saisir le maximum de ses virtualités et toutes les façons de l’activer ou de le mettre en œuvre à tous les sens de l’expression. Ce monde de l’art infiniment polymorphe, et qui n’a rien d’un arrière-monde métaphysique ni rien de transcendant, est son objet presqu’exclusif. Cette exclusivité explique à mon sens trois déterminations de la philosophie genettienne de l’art que je voudrais reconnaître pour finir.
1) Parti de la critique littéraire, Genette pense naturellement ce monde sur l’exemple privilégié du texte littéraire et, dans une moindre mesure, musical. Sans doute aussi pense-t-il ce monde sur le modèle borgésien et sur le modèle proustien qui peut être envisagé (c’est aussi la thèse de Merleau-Ponty) comme son exploration artistique la plus accomplie. De ce point de vue, l’intérêt de la pensée esthétique de Genette vient qu’elle conteste le privilège que la pensée esthétique traditionnelle accorde volontiers aux arts plastiques. La théorie de la littérature qui ne se réduit pas à une simple théorie de la fiction d’une part, et la théorie de arts plastiques, littéraires et sonores d’autre part, y trouvent un espace dialogique commun.
2) Pour cette philosophie, l’art possède une pluralité de fonctions, mais la fonction proprement esthétique est toujours pensée comme éminente sans que cette éminence ne soit véritablement fondée. La fonction esthétique (essentiellement considérée comme suscitation d’un plaisir désintéressé et sans concept) est pensée séparément des autres fonctions: des fonctions cognitives que l’art possède chez Aristote, Cassirer ou Goodman; des fonctions sociales, morales ou politiques qu’il possède chez Sartre et Ricoeur parce que l’art joue chez eux un rôle crucial dans la constitution de la liberté et de la responsabilité de la conscience ou de la personne. Plus même, pour Genette, il ne semble pas y a avoir d’usages de l’art autres que celui de donner lieu à des appréciations qui constituent selon lui l’élément central de l’expérience esthétique (Genette [1996]: 70). Genette, pour qui finalement la délectation serait la fin de l’art, pourrait dire comme Marcel Duchamp: «L’art n’a pas d’excuse biologique. Ce n’est qu’un petit jeu entre hommes de tous les temps: ils peignent, regardent, admirent, critiquent, échangent et changent. Ils trouvent là comme un exutoire à leur besoin constant de décider entre le bien et le mal»7.
3) La philosophie genettienne reconduit l’idée kantienne de la spécificité et de l’autonomie de l’expérience esthétique, idée qui n’est jamais interrogée dans le second volume de L’œuvre de l’art comme elle peut l’être, au contraire et par exemple, dans le pragmatisme de John Dewey tentant «d’établir la continuité entre l’expérience esthétique et les processus normaux de l’existence» (Dewey [2010]: 41).
Il y aurait donc bien, chez Gérard Genette, un mouvement aporétique ou de contradiction interne par lequel l’amoureux des lettres qu’il est (un esthète littéraire?) tente continuellement de contester cette détermination par le moyen de la philosophie de l’art. Mais cette philosophie de l’art est bien une «pratique désespérée» dans la mesure où la contestation et l’arrachement dont elle est le moyen est, paradoxalement aussi, l’instrument de l’incessante reconduction de ce qui y est constamment contesté: un arrachement infini. »
Widergänger dit: 12 mai 2018 à 18 h 03 min
le problème avec vous WGG c’est que tous vos commentaires sont autodiégétiques, sérieux vous ne vous en rendez pas compte mais ça craint.
G. Genette n’a jamais prétendu être un écrivain. C’est un universitaire qui écrit des théories. C’est déjà pas mal. Ses textes de critique ressemblent beaucoup à ceux qui passent leur temps à commenter la Torah. Je relisais tout à l’heure un extrait de Palimpsste, à propos de ce qu’écrit Proust sur Flaubert. Il renvoie à tout un tas de textes de Proust qu’il fait « fonctionner » les uns avec les autres, et ça devient passionnant, comme un commentaire de la Torah, sauf que là c’est du Proust et du Flaubert, mais c’est quasiment pareil. Il faut aimer se poser des questions, approfondir un problème, interroger les textes. Certains sont totalement allergiques à ça, c’est leur problème. Certains sont allergiques aux maths ou à la physique ou à la chimie. L’allergie n’a jamais rien voulu dire de la chose elle-même à laquelle certains sont allergiques.
@Et JJJ qui se moque de l’ usage de l’ anglais chez Genette
Mais où avez-vous vu cela, pat’mouille ?… Arrêtez de m’imputer n’importe quoi, voyons dhonc !
Cynephile:Chien dingue de cinéma. Tiens je viens de faire du Genette.
Je ne crois pas que Genette se pose vraiment des questions d’esthétique au sens où on l’entend en philosophie. Il étudie essentiellement comment fonctionnent les machines littéraires. Il se demande comment c’est fait, comment ça marche. Mais il n’institue pas de norme du beau. Il ne dit jamais si une œuvre est belle ou pas, ce n’est pas son problème en tant qu’analyste des œuvres.
Pat V dit: 12 mai 2018 à 18 h 12 min
là au moins on comprend mieux…
c’était effectivement une des préoccupations de J. Dewey, sauf que chez lui elle s’inscrit dans une réflexion politique, à savoir se demander si l’expérience artistique peut transformer l’existence non pas d’un individu mais d’un groupe d’individus, d’une société.
Ces réflexions de Dewey ont depuis été mises en pratique, à tel point que quand on le lit au regard de ce qui se passe aujourd’hui dans la société, on se dit qu’il s’agissait d’une prémonition de ce qui allait arriver, et la génération à venir en sera encore plus la confirmation : l’art a bien transformé nos sociétés modernes dans le sens que Dewey l’espérait en la rendant meilleure !
je ne vois pas trop le rapport avec le charabia heidegerrien de Genette.
Il faut aimer se poser des questions, approfondir un problème, interroger les textes.
Entièrement d’ accord avec vos propos WGG.
Hamlet joue ici au petit poisson, « Poisson. Polisson sans ailes » nous dit Genette en un mot-chimère dont il a le secret. 😉
@ L’allergie n’a jamais rien voulu dire de la chose elle-même à laquelle certains sont allergiques ».
C’est un peu comme pour le dénotatif par opposition au « conotatif » (sic) (CONNOTATIF, gwg !…. avec 2 N-eurones http://www.cnrtl.fr/definition/connotatif )))
Halors, quand tu viens nous connoter ta pulsion « conative » devant tes élèves, là j’te raconte pas…, même gégégenette aurait pas osé nous la faire !
Hamlet vous faites un contre-sens, Genette n’ est en rien heideggerien, ni n’ utilise son charabia, comme vous dites..
Cynephile:Chien dingue de cinéma. Tiens je viens de faire du Genette. P. Edel.
Mais non Paul Edel vous faites un médialecte!
C’ est comme appuyer sur la gâchette du fusil, alors qu’ il s’ agit de la détente…( Exemple de G. Genette déjà cité).
pas Genette qui est heidegerrien, c’est son inventivité langagière, sauf que Genette est drôle, avec l’humour on pardonne tout, et ça Genette le savait.
c’est d’ailleurs marrant cet humour tardif chez Genette, comme s’il avait voulu lui-même en rire.
sauf que dans le même style il était bien moins bon de Raymond Devos, ça aussi il devait le savoir.
Non, Genette n’a jamais servi à aucun écrivain à écrire. Il sert en revanche à mieux lire. Lire est à la fois une expérience existentielle et une science, du moins s’efforce d’en être une. C’est un art difficile. On voit avec les élèves tous les jours quand on enseigne la littérature combien c’est difficile de comprendre le sens d’un texte littéraire. Quand on voit les difficultés à lire par exemple aujourd’hui l’Enéide, toute la science qu’il faut emmagasiner pour ne pas en dire trop de bêtises, et les contre-sens énormes qu’en ont fait les latinistes les plus savants du passé. Ce sera pareil pour Proust ou Flaubert dans 2000 ans.
c’est d’ailleurs marrant cet humour tardif chez Genette, comme s’il avait voulu lui-même en rire. Hamlet.
Il était c.hiant à lire dans les années 70-80, et ça il le savait à la longue, surtout copié par ses épigones vulgarisateurs.
Avec l’ humour est venue la distance et pas que théorique…
d’où vient ce besoin de faire de la littérature une science ?
comme si le mot « scientifique » représentait un label de suprématie.
la chose rassurante est que depuis cette grande avancée « scientifique » notre littérature n’en finit pas de toucher le fond.
elle décroît au rythme de l’accroissement l’arsenal de nos connaissances littéraires.
heureusement que dans l’histoire des hommes ce n’est pas le cas pour les autres avancées scientifiques, ce serait comme si le nombre d’avions qui s’écrasent au décollage augmentait de façon proportionnelle aux connaissances en physique thermodynamique.
Pour apprécier les ouvrages de Genette, il faut déjà avoir beaucoup lu. Et s’être posé soi-même un certain nombre de questions. Mais on ne lit pas Genette comme on lit un roman. Ses livres demandent des efforts, de la ténacité, du courage, on n’y arrive pas forcémnt du premier coup. Mais on en ressort toujours plus riches, mieux armés pour lire les grands auteurs, et le plaisir à les lire s’en trouve grandi. On entre vraiment dans le saint des saints. C’est comme la messe…
d’ailleurs il me semble que chez Popper cette notion de mise en application des théories est un des éléments permettant de définir une science.
à quoi ça sert d’inventer des concepts et des théories qui ne seront jamais appliquées ?
ça aussi c’est un truc qui a dû l’orienter vers l’humour à la fin de sa vie.
Widergänger dit: 12 mai 2018 à 18 h 41 min
oui c’est ça WGG, retournez vivre à la Renaissance pour redécouvrir les premiers temps de l’humanisme.
ce que vous dites c’est exactement contre ça que se sont battus des Rabelais, Erasme & co !
incroyable ces retours en arrière !
Ce n’est pas la littérature qui est une science ou s’efforce de l’être, mais le métadiscours qu’on tient sur elle. Mais en même temps toute littérature tient plus ou moins consciemment un métadiscours sur sa nature et sa genèse, de Cervantès à Proust, c’est ainsi. Il se trouve que ce sont deux héritiers de la Torah, chacun à leur manière.
« Widergänger dit: 12 mai 2018 à 18 h 41 min
C’est comme la messe… »
oui, c’est cela, et j’imagine que vous faites partis des élus, des convertis.
mais contrairement à ce que vous croyez WGG, cette élection ne vient de vos innombrables lectures, non, elle vient du Ciel, elle vous est tombée dessus, elle vous a choisi !
et croyez-moi ça c’est magnifique !
La littérature n’est aucunement victime des critiques. Simplement il ne va plus autant de soi qu’autrefois d’écrire. La littérature se pose des questions, elle est profondément en crise depuis plus d’un siècle.
« Widergänger dit: 12 mai 2018 à 18 h 45 min
Ce n’est pas la littérature qui est une science ou s’efforce de l’être, mais le métadiscours qu’on tient sur elle. »
alors WGG là vous dites un truc très grave, je ne suis pas sûr que vous vous rendiez bien compte de la gravité de cette remarque ?
vous devriez un peu réfléchir avant de sortir des sottises.
vous savez quoi ? si Flaubert vous avait connu il aurait écrit « Bouvard et WGG »
J’assiste régulièrement à la messe, je prie pas mal. Mais de là à prétendre faire partie des élus, c’est une autre affaire. Mais j’aime la messe, j’aime écouter les bonnes prières, j’aime la belle vaisselle d’or de l’autel. Pas vous ?
« Widergänger dit: 12 mai 2018 à 18 h 45 min
Ce n’est pas la littérature qui est une science ou s’efforce de l’être, mais le métadiscours qu’on tient sur elle. »
cette phrase est ce qui a déclenché toutes les attaques des épistémologues contre la psychanalyse qui sans ça s’en serait mieux tirée.
parce que si la discipline n’est pas une science il ne faut surtout pas que les discours sur elle le soit !
dixit Popper : dans ce cas on passe de a-science à la pseudoscience.
avec cette petite phrase vous faites passer la littérature du stade d’une a-science (pas très grave) à une pseudo science (chose terrifiante) !
imbécile vous êtes WGG et imbécile vous resterez !
Moi au départ, du temps maintnant lointain où j’étais élève au collège, et au lycée aussi, sauf à la fin, j’étais un pur matheux, un esprit scientifique. J’avais un certain mépris même pour l’art, la littérature. Je cherchais naïvement la vérité du monde par la science. Et puis, j’ai eu moi aussi ma crise métaphysique, où je me suis rendu compte que la science ne m’apportait les réponses auxquelles j’aspirais. Au contraire, la littérature que j’ai découvert au lycée m’a ouvert un ciel inespéré. Depuis, je ne m lasse pas de l’explorer. La physique, la cosmologie, la Relativité, la mécanique quantique me fascinent toujours mais je n’en espère plus naïvement une révélation.
« Widergänger dit: 12 mai 2018 à 18 h 51 min
La littérature se pose des questions, elle est profondément en crise depuis plus d’un siècle. »
il ne vous sera pas venu à l’idée une seconde qu’elle est en crise justement depuis qu’on se pose des questions dessus ?
autrement dit quand la littérature n’était pas une science, ou qu’elle ne faisait l’objet de « metadiscours » scientifiques elle se portait comme un charme.
Peu importe, à 18.45 ; l’essentiel est de toujours pouvoir récupérer cervantes et proust en passant par l’escarcelle de la torah. On a ainsi tous les dieux avec soi…, et cela vaut bien une messe à Arras.
la seule question qu’il faut vous poser WGG c’est de vous demander pourquoi les écrivains ont si peur de la fiction !
comment on en est arriver à ce point où dès qu’on dit le mot « fiction » tous les écrivains tombent des les pommes tellement ça leur fout la frousse !
comment la France a-t-elle pu éradiquer à ce point tout désir d’inventivité, de créativité, de faire éclater ce monde, au lieu d’en avoir peur et d’être écraser sous son poids et sous celui du réel.
maintenant si vous me dites qu’il s’agit là de problèmes liés à des métalepses autodiégétiques je vous dirais que cette science a peut-être inventée pour s’éviter de répondre aux véritables questions !
« ça devient passionnant, comme un commentaire de la Torah »
Et voilà, WGG vient de poser la kippa sur la tête à GG !
Bon, je retourne à mes études de grec, j’étais simplement venu tailler un bavette. J’ai déjà appris les trois déclinaisons, j’ai eu du mal à me les mettre dans la tête, les vaches, en dépit du latin. Maintenant j’attaque la conjugaison, un autre paire de manches ! Après je vais me faire une bonne heure de latin pour me délasser. C’est la joie…!
@ Au contraire, la littérature que j’ai découvert au lycée m’a ouvert un ciel inespéré. (scie lancinante)
Oui, celui du mensonge à soi-même, ce ciel inespéré. Celui du clinquant et de la fumisterie, qui ne donne que le sens de la répartie et du bagout, qui repose sur du bluff généralisé, de la démonstration impossible, du falbabla linguistique, tte cette littérature comme impasse qui n’est qu’une démission devant un dieu absent dont il faudrait vous persuader les alter qu’il vous tomberait dessus, un beau matin, au moment où on l’attendrait pas… Parlez-nous plutôt de gratuité au mieux, mais pas de « science », au pire.
Oui, mais c’est une vraie question en effet. Raconter simplement un histoire ne va plus de soi, c’est un fait. Dominique Maingueneau a écrit un bel ouvrage à ce sujet Contre Saint Proust.
50 comments later…
Genette a laissé un chosier plein de mots- bidon en héritage, dont on n’a que faire. Il est parti avec son dico à usage unique.
Du méta fumeux chimérique voui. On se croirait à une rave party. Hallucinant.
Mot- valise est à rendre à Lewis Carroll.
WGG, Genette a démarré au début des années 50 : citez-moi un seul roman français de fiction écrit depuis cette époque ?
quand je dis fiction c’est « véritable » fiction, pas une fiction idéologisée comme celle des Camus ou d’Enard, où on sent arriver le truc comme un tgv qui vous fonce dans la figure, une véritable fiction : c’est à dire une fiction qui ne serve pas juste à conclure que l’auteur est un type sympa, un type bien, qui aime son prochain, un humaniste cool, ce qui fait échapper son roman à toute critique, non : une vraie fiction ! citez-moi en un et je vous envoie une caisse de champagne !
et ça c’est depuis que Genette a commencé ses travaux, coïncidence ? peut-être ? peut-être pas ?
Y en a plein.
WGG, ne partez pas ! nous n’avons pas fini !
sérieux, vous voulez la réponse ? elle est simple : c’est que depuis cette époque la littérature n’est plus réservée en France qu’à des gens qui n’ont pas d’imagination.
Du temps de Virgile, c’était plus facile d’écrire; on avait ds modèles, des genres bien établis, la satire, l’épopée, le genre historique. Auguste passe commande à Virgile d’une épopée sur le modèle d’Homère pour célébrer Rome. Vous imaginez aujourd’hui Macron passant commande à Passou pour célébrer son quinquennat dans une célébration épique ?
Voici les deux auteurs de fiction français les plus vendus, hamlet. Merci, qui, merci Gégé !
http://www.parismatch.com/Culture/Livres/Marc-Levy-et-Guillaume-Musso-le-poids-des-mots-1027192
WGG, il est impossible dans ce pays de voir naitre un Pynchon ou un Will Self !
je ne suis pas interpellé, mais répondrai néanmoins à votre appel de 19.19 :
LES SAISONS (Maurice Pons)
et j’en démordrai jamais d’une once, voyez !
Une autr difficulté aujourd’hui, c’est aussi que les gens vivent des histoires dont il faut inventer les codes pour en parler; il n’y a pas de modèle, comme mon histoire de fantôme. Toutes les histoires de fantôme qu’on a pu déjà écrire depuis 2000 ans ne me servent à rien; mon histoire n’a rien à voir avec les codes de la représentation littéraire du fantôme d’Auschwitz. Et pourtant c’est une histoire certainement symptomatique de notre temps et elle n’a pas dû arriver qu’à moi. Mais c’est difficile de trouver la forme qui ne trahisse pas sa réalité par des représentations fallacieuses transmises par la culture. D’où la difficulté aujourd’hui d’écrire.
WGG, mais la France c’est aussi Rabelais.
essayez d’imaginer un Rabelais français d’aujourd’hui, vous croyez qu’il se ferait éditer chez Seuil ou Gallimard ? non, à la place nous avons un Houellebecq, au moins avec lui personne ne risque grand chose, et qui occupe la place dans les médias ? Céline… et comme Céline est la bête à abattre il sert de prétexte à des bataillons d’éditeurs pour éditer des bataillons d’écrivains propres sur eux, comment voulez-vous qu’un Pynchon ou qu’un Self passe dans les mailles de ce filet ? le système est verrouillé et on honore la mémoire de Gérard Genette et de la french touch pour créer un décor qui sert à dissimuler ce grand cimetière qu’est la littérature française !
en attendant on peut lire le dernier livre de Will Self c’est une pure merveille de fiction !
Mais Pynchon est américain, le problème ne se pose pas du tout pour les Etats-Unis comme il se pose pour l’Europe, et tout spécialement pour la France, qui est un pays à la fois de plus en plus fantomatique sur la scène du monde et un pays littéraire, où la littérature est tout.
Mais Rablais vivait à une époque où on croyait à l’avenir. Notre époque est l’exact inverse.
Les pauvres petits bichons de la rdl encore en train de pleurnicher, c’est pathétique à souhait, suicidez vous une bonne fois pour toute qu’on en parle plus !
Je vois que le pion continue de remplir l’univers de ses sottises,- c’est véritablement le tonneau du mer.doïde, une variante mythologique aux lourds effluves, elle aussi sans fond. M’étonne pas qu’il se soit mis au grec, du grec, ma sœur, il sait du grec, – du grec?… etc. Il doit l’apprendre aux ca.binets.
Le pompon est attribué aux propos sur les rhéteurs, tant ceux à qui il arrive de les feuilleter savent quels horizons de méditations presque infinies ils ouvrent.
(Les amants de Venise de Maurras est un livre bien amusant. A sa façon, Maurras est presque aussi pervers que Proust.)
« Janssen J-J dit: 12 mai 2018 à 19 h 28 min
je ne suis pas interpellé, mais répondrai néanmoins à votre appel de 19.19 : »
oui, j’en étais sûr, c’était juste une remarque métaphorique, une métalepse hétérodiégétique, j’espère que Paul Edel est parti en week end à Rome sinon il va me sortir tout le nouveau roman, Simon et Gracq, mon Dieu quelle misère.
« Widergänger dit: 12 mai 2018 à 19 h 38 min
Mais Rablais vivait à une époque où on croyait à l’avenir. Notre époque est l’exact inverse. »
et ben voilà WGG ! vous voyez quand vous voulez !
là j’aime bien quand vous parlez comme ça, allez-y, continuez, creusez la brèche !
et pourquoi la France ne croit plus en son avenir ?
souvenez-vous juste de la poule et l’oeuf ?
est-ce la raison ou bien la conséquence ?
WGG, vous dites la fiction a disparu parce que la France ne croit plus en son avenir.
n’est-ce pas plutôt l’inverse : la France ne croit plus en son avenir parce que la fiction a été éradiquée ?
la réponse dépend de l’importance que vous accordez à la littérature. vous disiez quoi sur Homère, Virgile, Athènes et Rome ?
Il me semble que pour Macron c’est de la faute aux éditorialistes et autres petits bourgeois, donc rien à voir avec Quequette.
Il n’y a pas de grands écrivains parce qu’il n’y aurait personne pour les lire. L’histoire, à quelques exceptions près, est en train de subir le même sort. Les temps de désespoir, comme le XVe, font provision de merveilles pour les siècles suivants. Aujourd’hui, est-ce le cas?
(Rablais? Qui c’est?)
La plus grande puissance spirituelle de tous les temps c’est la Connerie ^^
https://youtu.be/cFIXWGxBS8w
La plus grande puissance spirituelle…avec un c majuscule.
« C’est un abécédaire sur le modèle du Dictionnaire des idées reçues de Flaubert, réécrit par un Perec à l’instant d’être sublimé par la révélation des Chroniques de Vialatte, ou quelque chose comme ça. »
Faudrait voir, mais m ‘etonnerait que Perec n’ait pas logé quelque part dans son immeuble rue Crubellier, un personnage aussi fantasque que Genette. Surtout que l’akademie psycho-socio-délirante de Paris n’avait plus de secret pour Perec.
WGG, Genette a démarré au début des années 50 : citez-moi un seul roman français de fiction écrit depuis cette époque ? (Hamlet)
Apparemment qu’Hamlet a manqué un certain nombre de trains. Les noms de Nathalie Sarraute, Claude Simon, Robert Pinget, Marguerite Duras, Patrick Modiano (entre autres) ne lui disent-ils vraiment rien ? J’allais oublier Michel Houellebecq.
« La vie mode d’emploi », voilà un beau roman de fiction, hamlet.
« Le roman retrace la vie d’un immeuble situé au numéro 11 de la rue (imaginaire) Simon-Crubellier, dans le 17e arrondissement de Paris, entre 1875 et 1975. Il évoque ses habitants, les objets qui y reposent et les histoires qui directement ou indirectement l’ont animé. » (2000 personnages !)
@(Rablais? Qui c’est?).
Une épice ?
@WGG
un conseil
les déclinaisons et les conjugaisons grecques ont éte tellement chamboulées par les aléas phonétiques qui les ont diversement affectés ainsi que par la présence des alternances anciennes entre cas qui y subsistent, que vous n’arriverez pas à les assimiler de manière organisée sans partir d’une démarche linguistique vous permettant de les appréhender.
c’est pourquoi je vous conseille d’y entrer à partir de la Morphologie historique du grec de Chantraine ,approche historique, qui rendra lumineux tout ce qui semble arbitraire ou confus , car cet ouvrage éclaire la manière dont se sont construites les formes verbales et nominales,
l’apprentissage de la morphologie à partir de cet ouvrage classique vous permettra, de manière organisée, de mémoriser les formes malgré leur apparente diversité voire leur incoherence ,
Hamlet, je ne sais pas si ça va dans votre sens ou si c’est tout le contraire, mais je pense à l’extraordinaire Achab (séquelles) de Pierre Senges. À le lire on se dit que de Rabelais ou de Sterne, qqch d’encyclopédique, de gargantuesque, de pantagruélique, de shandy-esque/shandian ? aussi existe encore. Garanti sans nombrilisme ni esprit de sérieux ; mais on le sait (qui mieux que vous ?) la fantaisie & la folie n’empêchent pas la gravité, la satire comme la compassion. D’ailleurs vous êtes dedans, avec tout le reste.
Un peu de Rabelais, en traduction ?
Grandgousier était en son temps un fier luron, aimant boire sec aussi bien qu’homme qui fût alors au monde, et il mangeait volontiers salé. À cette fin, il avait d’ordinaire une bonne réserve de jambons de Mayence et de Bayonne, force langues de bœuf fumées, des andouilles en abondance, quand c’était la saison, du bœuf salé à la moutarde, une quantité de boutargues, une provision de saucisses, non pas de Bologne, car il redoutait le bouillon du Lombard, mais de Bigorre, de Longaulnay, de la Brenne et du Rouergue.
À l’âge d’homme, il épousa Gargamelle, fille du roi des Parpaillons, un beau brin de fille de bonne trogne, et souvent, tous les deux, ils faisaient ensemble la bête à deux dos, se frottant joyeusement leur lard, tellement qu’elle se trouva grosse d’un beau fils qu’elle porta jusqu’au onzième mois. Car les femmes peuvent porter leur ventrée aussi longtemps et même davantage, surtout quand il s’agit de quelque chef-d’œuvre de la nature, d’un personnage qui doive en son temps accomplir de grandes prouesses.
(…)
Peu de temps après, elle commença à soupirer, à se lamenter et à crier. Aussitôt, des sages-femmes surgirent en foule de tous côtés; en la tâtant par en dessous elles trouvèrent quelques membranes de goût assez désagréable et elles pensaient que c’était l’enfant. Mais c’était le fondement qui lui échappait, à cause d’un relâchement du gros intestin (celui que vous appelez le boyau du cul) dû à ce qu’elle avait trop mangé de tripes, comme nous l’avons expliqué plus haut. Alors, une repoussante vieille de la troupe, qui avait la réputation d’être grande guérisseuse, et qui était venue de Brisepaille, près Saint-Genou, voilà plus de soixante ans, lui administra un astringent si formidable que tous ses sphincters en furent contractés et resserrés à tel point que c’est à grand-peine que vous les auriez élargis avec les dents, ce qui est chose bien horrible à imaginer ; c’est de la même façon que le diable, à la messe de saint Martin, enregistrant le papotage de deux joyeuses commères, étira son parchemin à belles dents.
Par suite de cet accident, les cotylédons de la matrice se relâchèrent au-dessus, et l’enfant les traversa d’un saut ; il entra dans la veine creuse et, grimpant à travers le diaphragme jusqu’au-dessus des épaules, à l’endroit où la veine en question se partage en deux, il prit son chemin à gauche et sortit par l’oreille de ce même côté.
Sitôt qu’il fut né, il ne cria pas comme les autres enfants : « Mie ! mie ! », mais il s’écriait à haute voix : « À boire ! à boire ! à boire ! » comme s’il avait invité tout le monde à boire, si bien qu’on l’entendit par tout le pays de Busse et de Biberais. (…)
Le bonhomme Grandgousier, pendant qu’il buvait et se rigolait avec les autres, entendit l’horrible cri que son fils avait poussé en entrant dans la lumière de ce monde, quand il braillait pour demander : « À boire ! à boire ! à boire ! » Ce qui lui fit dire : « Que grand tu as ! » (sous-entendez le gosier). À ces mots, les assistants dirent qu’assurément il devait, pour cette raison, recevoir le nom de Gargantua, pour suivre le modèle et l’exemple des anciens Hébreux, puisque telle avait été la première parole de son père à sa naissance. Grandgousier y condescendit, et la chose convint tout à fait à la mère. Ensuite, pour apaiser l’enfant, on lui donna à boire à tire-larigot, puis il fut porté sur les fonts, où il fut baptisé, comme c’est la coutume des bons chrétiens.
Le vent l’emportera
https://www.youtube.com/watch?v=YS8–luxWSs
J’ai fini mes moules et je vais méditer.
20h07
merveilleuse interview ; son fils alexandre diego est né en 1962. L’interview date donc de 1969.
je n’insiste pas sur les autres dates sinistres.
Aujourd’hui, ai assisté à un grand meeting aérien à l’aérodrome de Gap -Tallard. Outre deux démonstrations de la patrouille de France, une vue de bien trop loin, je n’étais pas encore sur place, et l’autre vue d’au plus près, outre aussi diverses démonstrations du génie de l’homme qui rêve depuis Léonard de voler
https://goo.gl/images/K1jLjk
ai vu l’homme qui a inventé le flyboard Frankie Zapata, ce n’est pas du cirque mais quatre mini réacteurs et autre gaz propulsant, l’hélico cabri le plus léger possible qui cabriole, engin de guerre au Vietnam etc etc. voltige, équipe de France de parachutistes, etc.
Repartant à pied à des kilomètres, les deux routes longent la piste d’envol et d’atterrissage (on n’a pas le droit de traverser à travers champs, tsss tsss), la voiture était garée loin, j’avise deux pépés et au-dessus de ma tête un biplan décolle pck’il rentre chez lui. Je me tourne vers les deux pépés que je doublais allègrement avec mon ensemble jupe et haut longs en dentelle de Valenciennes vert foncé et mes bottines hautes grises et leur dit, c’est Saint Ex.
Ils ont confirmé.
Alors, j’ai crié Antoine vers le ciel.
Bonheur fou.
Plus loin, seule la moitié du trajet était parcouru ai rencontré un des gendarmes, barbu rouquin, un chef qui prenait son travail très à coeur et lui ai demandé gentiment s’il avait pu profiter du spectacle quand même.
Il m’a dit pas trop mais on les a vus voler.
Puis, il m’a répondu merci.
Dévoués toute la journée à notre confort, à notre sécurité à ce que tout se déroule fort bien.
Chapeau tout le monde, vous êtes des as.
Antoine, repose en paix mon bébé. Consuelo aussi.
L’habit fait le moine.
Avec mon banquier, je le sais depuis longtemps.
Chez Orange, cela marche aussi. Et mieux si on a dégrossi le terrain par ses propres manoeuvres et avec le 3900. Tapez *, tapez dièse, neuf, douze et quatre, et votre mot de passe et votre identifiant et votre entrée au purgatoire.
À la Société des eaux de Marseille désormais scindée en deux la SEM et la SEEM, rien ne marche et une femme traite -seule- 1200 courriers de réclamation liés à des fuites d’eau. Rose, tu aurais résumé en deux pages au lieu de six, tu lui allégeais son taf, hein. Ton courrier de début octobre 2017. Auquel elle a répondu le 30 janvier 2018. Et tu as répondu le 22 février, courrier qu’elle n’a ajamais reçu après avoir affirmé pas de nécessité de recommandé.
À la MAIF, n’en parlons pas : attitude catastrophique et répréhensible. Et la MAIF vit l’exploit d’avoir des résultats merveilleux de gens hypersatisfaits, 99% dans les sondages. Comment, pourquoi ? Seule la MAIF le sait. Les autres, le 1%, on ne doit pas savoir s’y prendre ; convaincus que nous sommes que les assureurs sont des voleurs, ils nous volent. On paye, et eux ne remboursent jamais. Jamais. Jamais. (la petite fille africaine aussi scande par trois fois lorsqu’elle récite au tableau : elle est magnifique, autant que les érudits qui expliquent au fil du déroulé de la route de l’esclavage – qui sont, in situ, plusieurs routes, six pour le premier chapitre).
Que tous ceux qui tentent de nous berner en disant l’habit ne fait pas le moine, c’est faux ; ce soir, je mets mon ensemble en dentelles dans la baignoire avec du MIR en paillettes, lundi je sors mes diamants, j’en ai une collection et hop, MAIF directos.
—————–
– Ai constaté, la difficulté maladive générale à faire des compliments et/ou des remerciements (j’en suis affectée, ici, face à l’auteur de ce blog, mais j’ai des raisons que je rumine, las). Et l’ai subie en retour.
– Ai constaté aussi la propension à tirer la couverture à soi et à se foutre comme de l’an quarante des intérêts de l’autre.
– Ai constaté également, à mon grand désarroi et cela me chagrine fort, la satisfaction béate et repue que certains individus éprouvent lorsqu’ils se croient/ils s’imaginent même avoir quelque influence sur autrui : et la nuée de coups de bâtons va s’abattre. L’envie jouissive de faire jaillir les confidences pour mieux asseoir son pouvoir. Et je ne parle pas forcément d’ici. Pouvoir sur l’autre qui ne compense pas un iota l’absence de pouvoir sur soi-même. Je ne m’exclus pas de cela.
– Ai constaté de surcroît avec quelque fatalisme, Gary l’exprime si clairement, que lorsqu’on attend de l’autre qu’il apprenne comprenne avance s’élève, et que l’on fait tout pour jusqu’à nier ses propres intérêts, propres, pour axer son attention sur ceux de l’autre, que cela n’exonère en rien la répétition, d’autant plus délétère que lorsque fausse. Sans donner d’exemples, ils vrillent dans ma tête.
Oui, je viendrai boire du rosé, Rose, hé, avec vous Paul, ultérieurement. Ai qq potes en Bretagne. Pas dans l’immédiat.
Oui jazzi, ai envisagé brièvement que ce pouvait être un jeu de mots (laids pour gens bêtes) votre tête de c.
Non, x, y ou z rien ne vient compenser les coups reçus.
Dslée hein.
Ni les paris brest, même d’un grand chef, ni romain gary d’une lucidité foudroyante ni les hommages sur Genette le grand théoricien de la littérature que nous avons tous lu.
Les coups virtuels valent les coups réels.
Ils font que l’on marche tête basse, que le voisin hier soir dit « protégez-vous hein » et que rien n’a aucunement d’importance si ce n’est cette manière d’appeler au massacre et de ne pas être d’accord.
Pas du tout d’accord.
La simplicité est la sophistication ultime qu’il disait Léonard mais visiblement tout le monde s’en fou.ht!
…
…un texte pareil, comme épitaphe,…
…
…rien, à rendre, aux Césars,…universitaires,…misérables et paumés,…avec ses esprits las,…
…
…la littérature sociétal,…d’une bande à Pic sou ( french ) style,…de l’air, de son temps,…
…à se chercher, avec ses puces organisés, de la hautes grammaires,décortiqués,…
…et, puis, s’en vas,!…etc,…
…au bord de l’abime, se faire mettre en briques,…sans issues,…
…de jeux en jeux,…Go,!…
…
Avant Genette
(…)
Qu’un livre dût avoir un seul début et une seule fin, voilà contre quoi je m’insurgeais. Un bon livre peut avoir trois incipit en tous points dissemblables, reliés entre eux dans la seule prescience de leur auteur, et du reste plus de cent fins différentes.
Exemples de trois incipit distincts — premier incipit : le Lutin Mac Phellimey, membre de la classe des diablotins, était assis dans sa hutte au cœur d’une forêt de sapins ; il méditait sur la nature des nombres en séparant par l’esprit les pairs et les impairs. Il était assis devant son diptyque, ancienne écritoire à tablettes doubles dont la face interne est recouverte de cire. De ses doigts rugueux aux ongles longs, il caressait une tabatière parfaitement sphérique, tout en sifflant une cavatine charmante par une brèche entre ses dents. Cet homme fort courtois était honoré pour le traitement généreux qu’il accordait à sa femme, descendante des korrigans de Carlow.
Deuxième incipit : Si son apparence ne trahissait rien de particulier, M. John Furriskey se distinguait toutefois par une qualité peu commune — né à l’âge de vingt-cinq ans, il était venu au monde avec des souvenirs que ne justifiait aucune expérience personnelle. Ses dents, bien formées mais jaunies par le tabac, comportaient deux molaires plombées et une canine gauche menacée de carie. Sa connaissance modérée de la physique s’arrêtait à la loi de Boyle et au parallélogramme des forces.(…)
À la fin d’un long parcours… melos & logos, « j’irai jusqu’à jouir d’une défiguration de la langue, et l’opinion passera les hauts cris, car il ne veut pas qu’on défigure la nature. » [1] Garder pour le travail les jours où nous n’avons rien avisé d’autre, car l’ennui est un moment captivant de l’expérience esthétique : nous attendons de partout la révélation des choses ; il est vrai que lorsque nous assouvissons une passion le temps de la perception s’arrête, mais la réitération, comme d’ailleurs le fait de référencer le processus de formation de la « chose mentale », exige l’exclusion de la chose idéologique et renvoie aux instincts primaires : la capacité de choisir rapidement ce qui est inoffensif plutôt que ce qui est nocif ou dangereux ; reconnaître les produits toxiques et ceux qui sont comestibles ; distinguer les prédateurs des proies ; trouver des équivalents en superposant l’image mnésique d’une chose sur une autre. On n’invente pas ses passions : collections de monnaies, de coquillages, d’insectes — papillons, libellules, scarabées — d’instruments musicaux et chirurgicaux, de boîtes à couleurs… Peur de tomber dans de déjà-vu ? Pourquoi ne pas résister à la tentation de l’emphase, aux démesurées ambitions qu’elle suscite, et recueillir des para-étymologies ? Remémorer poétiquement la synthèse des langages régressifs ?
https://blogfigures.blogspot.fr/2012/03/samuel-beckett-krapps-last-tape-robert.html
« L’éclair luit »[2], qu’il dit. La volonté de s’émanciper des habitudes de la génération précédente — moment toujours risqué pour l’intelligence et l’autonomie — ; de distinguer les caractéristiques matériaux et par l’invention de structures nouvelles, procéder à leurs développements ; trouver de nouvelles manières de susciter la surprise, l’imprévu ; engendrer l’incertitude du spectateur à partir d’un postulat multiforme — aspects et états différents — et suivant une puissante tendance, domestiquée par l’ironie. Frivolités discursives ; s’agissant des produits de l’imagination, tout plaisir est circonscrit même si son extension est illimitée — perception subjective. Images fugitives, brèves, incertaines, douteuses, indistinctes, confuses : pas l’ombre d’une certitude. À un moment il vaut mieux s’intéresser à la langue d’un poète — comment l’individu se soustrait-il aux moules de l’existence collective —, qu’au système de pensée sous-jacent aux objets qu’il produit — toujours raisonnablement ennuyeux après le moment historique qui les a provoqués — ; sortir d’une interprétation qui s’aliène au contenu verbal qui traine l’objet en dehors de lui-même — loin de sa vérité — (Baricco cité de mémoire), en faveur d’une herméneutique par sa nature hybride entre le sens et le son.
1. Roland Barthes, Le plaisir du texte
2. Généalogie de la morale I 13
DHH dit: 12 mai 2018 à 21 h 29 min
Merci DHH, je devrais le trouver chez Gibert. J’en avais en effet déjà ressenti le besoin, et la grammaire que j’ai m’en avais donné déjà quelques éléments.
« Mais Rablais (sic !) vivait à une époque où on croyait à l’avenir. Notre époque est l’exact inverse. »
Notre époque croit dur comme fer en l’avenir !
« Notre époque croit dur comme fer en l’avenir ! »
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