L’« inventoire » des archives
Tout chercheur en a rêvé, l’IMec l’a fait ! On pourrait le dire ainsi. Qu’il soit professionnel ou dilettante, que sa curiosité le pousse vers l’histoire littéraire, l’archéologie des idées, l’aventure intellectuelle ou le passé des maisons d’édition, le dit chercheur disposait jusqu’à présent du riche fonds et des collections de l’IMec (Institut Mémoires de l’édition contemporaine) sis à l’abbaye d’Ardenne (Calvados), une sorte de Thélème en pleins champs près de Caen ; mais ces archives et collections (plus de 700 entrées) n’étaient présentées que dans un environnement d’interrogation unique. Si important que soit un centre de cette nature, il ne correspond plus tout à fait à sa vocation (conserver/communiquer) s’il ne peut accorder leur pleine visibilité à ses trésors. C’est chose faite grâce à Mnesys.
Conçu par Naoned, forme bretonne de la ville de Nantes mais surtout expert numérique spécialisé dans la gestion et la valorisation du patrimoine culturel, ce logiciel avait déjà fait ses preuves dans des centres d’archives départementaux à Saint-Lô et Caen, aux archives municipales de Poitiers ou dans celles de la région Limousin. En effet, il couvre l’ensemble des besoins d’un service d’archives public : collecte, description des documents, traitement, communication…
Déjà, et pour la première fois, le catalogue des imprimés est accessible qu’il s’agisse des revues ou des précieuses bibliothèques personnelles des auteurs notamment.. Désormais, les inventaires sont progressivement consultables sur le Portail des Collections de son site. Les notices descriptives des archives, imprimés et périodiques peuvent être interrogées de plusieurs manières : simple, bibliographique, thématique, par le cadre de classement….
Outre les fonds très sollicités de l’écrivain Jean Genet et du philosophe Michel Foucault qui attirent nombre de chercheurs venus des universités américaines notamment, de même que les papiers de Louis Althusser qui suscitent actuellement une intéressante initiative, on notera ceux d’écrivains aussi divers que Christine Angot, Tahar Ben Jelloun, Emmanuel Bove, Serge Doubrovsky, Sylvie Germain, Georges Hyvernaud, Irène Nemirovsky, Robert Sabatier ou Alain Robbe-Grillet, des philosophes, des sociologues, des éditeurs ainsi que des historiens tels que Jean-Pierre Vernant, Georges Duby, Jean Chesneaux, Fred Kupferman, et ceux plus récemment arrivés du grand théoricien de la modernité Paul Virilio, du passeur de mémoire Alain Decaux, du sociologue Jean Baudrillard, de l’historien de l’art Georges Didi-Huberman, de l’éditeur Jean-Jacques Pauvert etc ce qui ne donne qu’un faible aperçu de la richesse et de la diversité des papiers conservés à l’IMec. De l’extérieur, pour tout lecteur qui ne connait que les livres, cela peut paraitre très « vieux papiers », froid, désincarné ; c’est méconnaître les émotions, stupeurs et tremblements que peut provoquer ce type de recherche, tant le goût de l’archive peut donner parfois le vertige à celui qui trouve enfin (le document, la lettre, l’information, le signe) surtout s’il ne les cherchait pas vraiment.
Un blog est même consacré par les archivistes à l’actualité des collections : en cette période de commémoration de la première guerre mondiale, on peut y lire des billets sur « Les petits héros de la grande guerre » recueil de nouvelles publié par Hachette dans sa collection « Bibliothèque des écoles et des familles » ; ou encore sur les lettres de l’arrière, notamment celles des collègues, reçues à partir de 1915 par les employés des éditions Larousse mobilisés et envoyés au front.
Lorsque Nathalie Léger, sa directrice générale, a lancé ce chantier de réinformatisation de ses fonds, elle n’ignorait pas le risque encouru par tout projet de reprise et donc de migration de données archivistiques. Mais plutôt que le spectre de leur perte, c’est la perspective de leur amélioration et de leur restructuration qui a prévalu. Celle de leur réinvention en quelque sorte.
Dans une récente livraison des Cahiers de l’Imec (No 10, Automne 2018), un article y fait écho indirectement à propos d’un stage de futurs comédiens et d’un séminaire de metteurs en scène dans les murs de l’abbaye d’Ardenne, à deux pas des fonds de Robert Abirached, Samuel Beckett et Patrice Chéreau. Consacré au « Béguinage des inventeurs », il joue subtilement tant sur la polysémie du mot « béguinage » (petits logements individuels et espaces communs réunis autour d’un jardin en pays flamands depuis le Moyen Âge) que sur celle du mot « invention » (concevoir quelque chose de nouveau, mais aussi mettre au jour ce qui était enfoui). Tout cela pour dire que les milliers de documents conservés à l’IMec attendent en permanence leurs (ré)inventeurs :
« Un fonds d’archives n’est pas qu’un « conservatoire », c’est aussi un « inventoire ». Sans création, la mémoire est peau morte, sans mémoire la création est sans os ».
Tant le néologisme que la métaphore sont signés d’un homme de qualité qui avait voué sa vie au théâtre, Jean-Loup Rivière. Ce fut son dernier article.
(« L’IMec à l’abbaye d’Ardenne » photos Passou)
1 308 Réponses pour L’« inventoire » des archives
Auto-citation
« À quelques rares exceptions près — Jarmusch, Tarantino, les frères Cohen, Sarentino… enfin, dans ces eaux-là —, aller voir des fantasmagories dans une salle obscure ce n’est pas mon passetemps favori depuis longtemps déjà ; avant tout intéressé par ce qui réellement advient, j’aime mieux me «faire un film» sur le mode cagien d’organisation de l’écoute — naturellement interprète et arpenteur de la construction, ou eubage d’une chimie qui ne devrait pas perturber la naturalité —: je me souviens d’un pêcheur assis, immobile, à l’ombre d’un saule pleureur, j’ai imaginé qu’il songeait au plaisir de son casse-croute — protégé comme un corps sous un drap, révélé par le col d’une bouteille qui pointe d’une serviette étendue sur un panier —, en regardant une belle carpe [Cyprinus carpio] qui remuait lentement ses nageoires au fond de l’eau; touffes de jacinthes [Hyacinthus orientalis] entre les pierres; perlant des branches quelques gouttes d’eau pétillaient sur l’eau; une libellule*, silencieuse balance, s’était arrêtée sur la bombette et se penchait avec elle au gré des courants; fugitives, au souffle du vent se dissipaient et s’en allaient les nuages; un fort brouhaha s’éleva subitement et une bande de promeneurs dévasta la paisible solitude inspirée par le lieu. »
Emprunt au latin impérial libella, niveau (instrument), et ulus, petit ; du latin classique libra, unité de poids ou balance — parce que, en vol, ses ailes semblent rester immobiles en position horizontale.
J’ai, moi aussi, une relation affective avec la Belgique, depuis ma rencontre avec Jésus, dans un jardin public de Bruxelles. J’étais assis sur un banc, arborant mon gilet jaune. Sur un banc voisin, un homme pleurait. C’est alors que Jésus est apparu, s’est assis auprès de lui, et lui a demandé la raison de ses larmes. L’homme lui a confié qu’il venait d’être quitté par sa femme, qu’il était au chômage et sans domicile fixe. Jésus a su trouver les paroles qui l’ont réconforté, lui ont rendu espoir et joie de vivre. L’homme s’en est allé tout guilleret. Sur un autre banc, un autre homme pleurait. Jésus lui a demandé pourquoi. L’homme lui a confié qu’il sortait de prison, qu’il était sans ressources, qu’on venait de lui diagnostiquer un cancer. Jésus a trouvé les mots qu’il fallait et l’homme s’en est allé en criant « Alleluia ! ». Et ainsi de suite, sur d’autres bancs, où d’autres hommes pleuraient. Puis, Jésus m’a repéré et est venu s’asseoir près de moi. « Tu n’as pas bonne mine, mon ami, m’a-t-il dit. TU ne pleures pas mais tu m’as l’air bien triste, pour ne pas dire désespéré. As-tu perdu ton emploi ? ton logis ? ta femme ? As-tu un cancer ? — Rien de tout ça, lui ai-je répondu. — Comment expliquer ton évidente tristesse ?, s’est-il demandé. Mais au fait, es-tu Flamand ou Wallon ? — Ni l’un ni l’autre, ai-je répondu. Je ne suis pas Belge. Je suis Français. »
Alors Jésus s’est assis à côté de moi, et il a pleuré.
Le Godde dont il est question dans le texte de Hugo « acheva » à tous les sens du terme la pauvre Cathédrale de Cologne avant de construire ce bonnet d’âne néo-gothique qui s’appelle Sainte Clotilde, me semble-t-il.
Chantal, non Bruges La Morte n’est pas un roman fantastique, plutôt symboliste sur l’amour et la mort. Et Rodenbach un des plus grands poètes belges, bien que météorique.
Bien à vous.
MC
Duvasistas est en progrès:
Stupre remplace putride. Saluons cet indéniable effort pour varier son vocabulaire
Jazzi : (Quand je ne suis pas au cinéma, c’est que je suis allé au bordel…).
A son âge, c’est pour plier les serviettes.
Quel rigolade en lisant le commentaire de Mauvaise pensée puis celui de Chaloux. Continuez comme ça !!
Chaloux, vous pliez les draps pour faire plus long?
Sans vouloir être indiscrète ni prouver ma mauvaise education, top chrono posé au sol, votre coït dure combien de temps en moyenne. Sur une échelle de zero à dix, zero le précoce , 10 l’interminable, où vous situez vous?
Béré, il faudrait plutôt poser la question à mes voisins!
Hurkhurkhurk!
De toutes façons, cela ne révèle ni ne prouve rien, ne dit rien de la personnalité de l’acteur. C’est injuste mais peut être est ce que quand cela devient un vécu douloureux, honteux, pitoyable ce n’est pas sans consequence sur la qualité des relations que les hommes entretiennent avec leurs semblables ou le sexe opposé, opposé comme la prise mâle s’associe à’une prise femlle. Je fournis une illustration , voir le lien qui suit:interdit au moins de treize ans.
Pourquoi, vous êtes vous retiré dans une de ces abbayes rénovées pour étudier, coupé du péché, de la tentation, du mal ?
Dylan said: He electrified one half of his audience, and electrocuted the other.
N’est-ce pas en 2013, lors de l’entrée des archives de Raoul Ruiz à l’Imec que Claude Lévêque a offert cette installation de néons blancs phosphorescents qui tracent dans la nuit de l’abbaye d’Ardenne ces écritures mystérieuses que l’on voit sur la première photo ?
…
…le bonheur de Picasso, éviter les guerres 14-18, & 40-45,!…pour sa créativité universelle,!…
…en n’étant, pas français de première souche, de seconde alors,!…
…c’est, des idées pratiques nationalistes primaires, seuls les créations humaines comptent,!…
…et, les chiottes,!…etc,…Ah,!Ah,!…
Passou n’est plus seul. Il est en bonne compagnie:
dans le monde un article impitoyable d’Antoine Compagnon sur Serotonine
(malheureusement je ne sais pas mettre un lien mais l’article est facile à retrouver)
Dream Song 62 :
https://blogfigures.blogspot.com/2010/05/john-berryman-dream-song-265.html
« Duvasistas est en progrès:
Stupre remplace putride. Saluons cet indéniable effort pour varier son vocabulaire »
Stupre ne remplace pas putride : à chaque chose son mont précis. Ici, deux réalités. Mauvaise pensée ne serait-elle pas Wgg qui ferait un retour discret ?
Moi aussi, j’ai lu ces articles sur Houellebecq dans Le Monde. Ils tentent d’expliquer un succès planétaire. Ils n’expliquent en rien le génie. Ils donnent des éléments, ils « déconstruisent » Houellebecq. Mais ils ne tuent pas la poule aux oeufs d’or.
Tout-à-fait d’accord avec Delaporte. DHH, elle, juge « impitoyable » le commentaire d’Antoine Compagnon, qui écrit pourtant des livres de Houellebecq : « Pas de meilleur documents sur l’état présent de la société, de la littérature et de la langue françaises » et qui conclut : « Houellebecq n’a rien perdu de son flair ». On ne peut pas en dire autant d’Assouline, qui n’a vraiment rien vu venir. On lira dans « le Monde des livres » les textes fort éclairants de Catherine Millet et de Thiphaine Samoyault.
Il m’a semblé reconnaître l’installation que Claude Lévêque avait faite à Paris pour l’exposition « L’écriture est un voyage ». C’était à l’ancienne librairie La Hune à Saint Germain des près (Librairie que j’ai regrettée et dont je n’ai pas compris l’expulsion).
Donc, c’était (en 2014 je crois) l’occasion de découvrir des lettres autographes, des dessins de Cocteau, de Robe-Grillet, de Paul Delvaux… des photos, des dessins, des collages, des feuillets du jeu de « Cadavre exquis » signés de Paul Eluard, Breton, Man Ray, Desnos… des correspondances (Joyce à sa femme Nora). Il y eut des lectures émouvantes comme celle des lettres échangées entre Simone de Beauvoir et Nelson Agrin ou d’autres comme celles de Marguerite Duras.
C’était une façon de remonter le temps… Et les écritures futuristes de Claude Lévêque au milieu de ces encres, réalisées avec un tube fin de néon, reproduisaient d’une écriture maladroite certains de ces mots.
Je me demande si l’Imec va prendre possession de tous ces trésors d’un passé proche, éliminant ainsi ces expositions inattendues et éphémères que l’on trouvait au hasard d’une balade dans Paris ou ailleurs.
Quand tout sera fiché, inventorié, regroupé dans un lieu aussi beau soit-il ou dans des banques de données sur internet, quelque chose de l’écriture libre, fantaisiste, intime sera en cage, réservée aux… chercheurs. Mais aussi le temps est trop jeune, trop vert, pour donner à l’écriture contemporaine une valeur autre qu’incertaine. Que de romans ne laisseront qu’une trace fugitive recouverte par l’éboulement d’autres livres édités, innombrables, précédés parfois d’un concert de louanges et de citations qui donnent l’impression de les avoir lus sans même que le livre ait été ouvert.
s Wgg qui ferait un retour discret ?c’est la question que je me suis posée;mais ne seaity-ce pas pournous confondre?
serait-ce
Tout est porc aux porc dit le proverbe; ajoutons : tout est putride à Delaporte, et stupre aux vieux dégueulasses.
« Passou n’est plus seul. »
Mieux vaut avoir raison contre tous que tort avec tout le monde, DHH !
Quant a expliquer le « génie » de Houellebecq, Delaporte, ça reste encore à démontrer. Poète du dimanche, cinéaste raté, responsable d’expositions douteuses… N’est pas Cocteau qui veut !
Au diapason d’une critique à peu près unanime dans l’éloge, Jean Birnbaum, déjà auteur d’un compte-rendu admiratif et brillant (« Le Monde » du 28 décembre), salue, arguments à l’appui, « Sérotonine » comme « un grand roman ». A mes yeux, confronté à ce regard lucide et inspiré, le billet d’Assouline manque le coche. Mais c’est toujours intéressant de comparer les points de vue.
De Jazzi à DHH en passant par Clopine, Assouline peut compter sur une équipe de dévoués cireurs de pompes.
Houellebecq, notre meilleur produit d’exportation, dit-on. C’est comme les sacs Vuitton ! Vous rêveriez dans posséder un, vous ? Moi je trouve que c’est du plus mauvais goût !
Jacques R., j’attendrai que « Sérotonine » paraisse en poche pour le lire à tête reposée, loin de tout tapage moutonnier. En attendant, je préfère (re)lire les classiques.
Voilà, il y à plus de trois cents ans, ce que Montesquieu faisait dire à l’un de ses Persans :
Lettre LXXIII. Rica à***
J’ai ouï parler d’une espèce de tribunal qu’on appelle l’académie française. Il n’y en a point de moins respecté dans le monde : car on dit qu’aussitôt qu’il a décidé, le peuple casse ses arrêts et lui impose des lois qu’il est obligé de suivre.
Il y a quelque temps que, pour fixer son autorité, il donna un code de ses jugements. Cet enfant de tant de pères était presque vieux quand il naquit, et, quoiqu’il fût légitime, un bâtard, qui avait déjà paru, l’avait presque étouffé dans sa naissance.
Ceux qui le composent n’ont d’autres fonctions que de jaser sans cesse ; l’éloge va se placer comme de lui−même dans leur babil éternel, et, sitôt qu’ils sont initiés dans ses mystères, la fureur du panégyrique vient les saisir et ne les quitte plus.
Ce corps a quarante têtes, toutes remplies de figures, de métaphores et d’antithèses ; tant de bouches ne parlent que par exclamation ; ses oreilles veulent toujours être frappées par la cadence et l’harmonie. Pour les yeux, il n’en est pas question : il semble qu’il soit fait pour parler, et non pas pour voir. Il n’est point ferme sur ses pieds : car le temps, qui est son fléau, l’ébranle à tous les instants et détruit tout ce qu’il a fait. On a dit autrefois que ses mains étaient avides. Je ne t’en dirai rien, et je laisse décider cela à ceux qui le savent mieux que moi.
Voilà des bizarreries, que l’on ne voit point dans notre Perse. Nous n’avons point l’esprit porté à ces établissements singuliers et bizarres ; nous cherchons toujours la nature dans nos coutumes simples et nos manières naïves.
De Paris, le 27 de la lune de Zilhagé 1715.
Approach of Winter :
https://blogfigures.blogspot.com/2010/10/william-carlos-williams-approach-of.html
Vaut-il mieux être chrétien ou musulman, Delaporte ?
Lettre LXXV. Usbek à Rhédi, à Venise
Il faut que je te l’avoue : je n’ai point remarqué chez les chrétiens cette persuasion vive de leur religion qui se trouve parmi les musulmans. Il y a bien loin chez eux de la profession à la croyance, de la croyance à la conviction, de la conviction à la pratique. La religion est moins un sujet de sanctification qu’un sujet de disputes qui appartient à tout le monde : les gens de cour, les gens de guerre, les femmes mêmes s’élèvent contre les ecclésiastiques, et leur demandent de leur prouver ce qu’ils sont résolus de ne pas croire. Ce n’est pas qu’ils se soient déterminés par raison, et qu’ils aient pris la peine d’examiner la vérité ou la fausseté de cette religion qu’ils rejettent : ce sont des rebelles qui ont senti le joug et l’ont secoué avant de l’avoir connu. Aussi ne sont−ils pas plus fermes dans leur incrédulité que dans leur foi ; ils vivent dans un flux et reflux qui les porte sans cesse de l’un à l’autre. Un d’eux me disait un jour : « Je crois l’immortalité de l’âme par semestre ; mes opinions dépendent absolument de la constitution de mon corps : selon que j’ai plus ou moins d’esprits animaux, que mon estomac digère bien ou mal, que l’air que je respire est subtil ou grossier, que les viandes dont je me nourris sont légères ou solides, je suis spinoziste, socinien, catholique, impie ou dévot. Quand le médecin est auprès de mon lit, le confesseur me trouve à son avantage. Je sais bien empêcher la religion de m’affliger quand je me porte bien ; mais je lui permets de me consoler quand je suis malade : lorsque je n’ai plus rien à espérer d’un côté, la religion se présente et me gagne par ses promesses ; je veux bien m’y livrer, et mourir du côté de l’espérance. »
(…)
Chaloux dit: 4 janvier 2019 à 22 h 54 min
Béré, il faudrait plutôt poser la question à mes voisins!
Hurkhurkhurk!
–
Jazzi, je n’ai pas attendu « Sérotonine » pour reconnaître le talent de Houellebecq, vu que j’ai lu tous ses romans depuis « Les Particules élémentaires », toujours avec un très grand plaisir. Mais, comme vous, j’attendrai la retombée du battage médiatique pour lire ce dernier roman. Sans compter que Houellebecq n’est pas seul à occuper l’avant-scène de l’actualité littéraire (voir le dernier « Monde des livres »).
« j’ai lu tous ses romans depuis « Les Particules élémentaires », toujours avec un très grand plaisir. »
Moi aussi, Jacques R., et je l’ai dit ici.
Connais-tu le point commun entre Passou et Houellebecq ?
Ils partagent le même a(r)gent littéraire.
Par ailleurs, Gallimard ou Flammarion, c’est le même tiroir-caisse…
je croyais que beckett aimait pour lui un sac « à la mode » j’ai cherché sur wiki sans le trouver,ce maudit sac là;mais il y a maintenant unsac beckett et il y a eu une expo :
Inspirée par le rôle du sac dans la pièce de théâtre de Samuel Beckett, Oh ! les beaux jours, l’exposition met ainsi en relief le sac autant que son contenu, afin de mieux cerner le portrait intime de son propriétaire.
https://madparis.fr/francais/musees/musee-des-arts-decoratifs/expositions/expositions-terminees/le-cas-du-sac-537/
le sac de Beckett devrait être à l’IMEC
« le sac autant que son contenu, afin de mieux cerner le portrait intime de son propriétaire. »
Portrait intime du cailler enrichi, caulerpa
http://hype-streetculture.blogspot.com/2011/07/louis-vuitton-une-marque-street_04.html
caillera
Kaku Arakawa a suivi pendant deux ans le réalisateur de films d’animation japonais Hayao Miyazaki. Celui-ci a beau avoir annoncé en 2013 qu’il prenait sa retraite, il serait en train de préparer un nouveau long-métrage. Dans Miyazakiworld, Susan Napier, universitaire spécialiste de la culture japonaise, étudie un par un tous ses films, proposant pour chacun d’eux plusieurs niveaux de lecture. Elle offre notamment un point de vue étonnant sur Mon Voisin Totoro.
Sorti en 1989, le film raconte l’histoire de deux sœurs, Satsuki, 10 ans, et Mei, 4 ans, qui déménagent avec leur père à la campagne pendant que leur mère est soignée dans un sanatorium. Les fillettes sont soutenues dans leur nouvelle vie par Totoro, un gros animal imaginaire (croisement entre un ours, un chat et un panda). Il y a dans ce dessin animé beaucoup de la propre enfance de Miyazaki, précise Napier. La mère du cinéaste souffrait de la tuberculose, et il a dû faire face très jeune à ses absences et à la peur de la perdre. Dans le film, les fillettes évoluent dans une petite communauté rurale dont les membres s’entraident et respectent la nature. Mon Voisin Totoro, le premier film de Miyazaki qui se déroule au Japon, semble hors du temps, d’une nostalgie bon enfant. Pourtant c’est une vive critique de la société japonaise des années 1980, note Napier. L’archipel est alors en pleine bulle économique. Quelques mois après la sortie du film, Miyazaki, toujours très franc avec la presse, dit dans une interview détester l’économie japonaise et les Japonais obnubilés par le matérialisme.
L’année suivante, il réalise Kiki, la petite sorcière, qui, selon Napier, possède aussi un sous-texte économique. L’apprentissage de l’autonomie, y compris financière, par la jeune héroïne est à relier aux changements induits par l’entrée des jeunes
Je n’ai pas encore lu ce books japonais
suite
L’année suivante, il réalise Kiki, la petite sorcière, qui, selon Napier, possède aussi un sous-texte économique. L’apprentissage de l’autonomie, y compris financière, par la jeune héroïne est à relier aux changements induits par l’entrée des jeunes Japonaises sur le marché du travail. Et Le voyage de Chihiro (sorti en 2001) traiterait lui des conséquences de l’éclatement de la bulle économique. Tandis que les parents de l’héroïne se goinfrent de nourriture et sont transformés en cochons par la sorcière Yubaba, la fillette prend un emploi dans l’établissement de bains de Yubaba pour les sauver.
Les écrivains écrivent en Vuitton !
« Onze écrivains français contemporains ont été invités par Vuitton à imaginer une nouvelle autour d’histoires de malles, cartons à chapeaux, flaconniers ou attaché-case. Leur imagination pouvait être stimulée par les archives de la maison qui conservent la trace des péripéties avec ses clients prestigieux ou excentriques ainsi qu’un épais dossier de presse puisque Gaston-Louis Gallimard, le petit-fils du fondateur, avait l’étrange manie de collecter tout les faits divers où intervenait des histoires de malles (diplomatiques, sanglantes, perdues…).
Au final, le résultat est plutôt réjouissant et certaines nouvelles sont particulièrement réussies. La palette de couleur est aussi variée que la personnalité des écrivains sollicités. Yann Moix a troussé une nouvelle épistolaire pleine d’humour sur un solliciteur importun qui tente par tous les stratagèmes de se faire offrir pour son employeur, Sacha Guitry, une malle et un carton à chapeau. Marie Darrieussecq, imagine une étrange nouvelle d’anticipation sur une planète colonisée par des humains où l’un des agents fait de l’archéologie dans un vaisseau de terrien qui a « assolit » dans le plus grand secret. Véronique Ovaldé ressuscite la dernière mission de Pierre Savorgnan de Brazza, le colonisateur du Congo, dont le rapport secret sur les traitements dégradants infligés aux africains caché dans une malle à double fond sera finalement enterré par le gouvernement français qui le lui a commandé. Virginie Despentes nous embarque sur la première classe d’un paquebot brésilien avec l’auteur d’un crime passionnel qui a caché son forfait sanglant dans une malle pour s’en débarrasser au large. Certaines nouvelles sont un peu en dessous. David Foenkinos nous perd dans le récit paresseux du duel qui opposa Vuitton au célèbre prestidigitateur Houdini. »
Le wabi-sabi relie deux principes : wabi (solitude, simplicité, mélancolie, nature, tristesse, dissymétrie…) et sabi (l’altération par le temps, la décrépitude des choses vieillissantes, la patine des objets, le goût pour les choses vieillies, pour la salissure, etc.). Le wabi fait référence à la plénitude et la modestie que l’on peut éprouver face aux phénomènes naturels, et le sabi, la sensation face aux choses dans lesquelles on peut déceler le travail du temps ou des hommes1. Le caractère sabi (寂?) est ainsi gravé sur la tombe de l’écrivain Junichirō Tanizaki (1886-1965), dans le temple Hōnen-in (dédié au moine Hōnen), à Kyoto.
wiki
une histoire criminelle fameuse la malle gouffé(voir wiki)
Saint-Genis-Laval, la découverte des débris d’une malle en bois par un marchand d’escargots, deux jours après la sinistre trouvaille du cantonnier, précipite l’enquête. La petite clef s’adapte à la serrure, un clou manquant est semblable à un clou retrouvé à Millery, et la puanteur qui se dégage du coffre ne laisse planer aucun doute quant à l’usage qui en a été fait5. Une étiquette collée à l’une des planches apprend que la malle a voyagé de Paris à Lyon, par chemin de fer, en date du 27 juillet 1888 ou 1889, le dernier chiffre étant partiellement effacé12. Les registres de la compagnie PLM permettent de s’assurer que 1889 est l’année exacte, et cette date correspond au lendemain de la disparition de l’huissier5. Le procureur de Lyon décide de transmettre les éléments en sa possession au Parquet de Paris qui confie l’enquête au commissaire Marie-François Goron, chef de la Sûreté parisienne depuis 1887. Les inspecteurs font rapidement le rapprochement avec la disparition de l’huissier (le 29 juillet, son beau-frère, inquiet de son absence inexpliquée, alerte le commissariat du quartier) et constatent en perquisitionnant son étude que des papiers y ont été dérangés mais une somme de 14 000 francs retrouvée sur le bureau exclut la thèse du crime crapuleux. En explorant les habitudes et les relations de cet homme, ils s’aperçoivent qu’il a fréquenté, peu avant sa disparition, un couple d’escrocs : Michel Eyraud et la maîtresse de ce dernier, Gabrielle Bompard. Coïncidence plus que troublante : ceux-ci ont quitté précipitamment Paris le 27 juillet. Le 29 novembre, l’un des premiers mandats d’arrêt internationaux est lancé contre les deux suspects. Plus tard, les soupçons se confirment lorsqu’un layetier londonien reconnaît la malle, qu’il a vendue quatre mois plus tôt à Eyraud et Bompard13.
Malle sanglante de Millery
Une du Supplément littéraire illustré du Petit Parisien, 2 février 1890.
Une du Supplément littéraire illustré du Petit Parisien, 2 février 1890.
Nature du crime Homicide
Type de crime Assassinat
Pays de lieu du crime Drapeau de la France France
Date du crime 26 juillet 1889
Nombre de victimes 1 : Toussaint-Augustin Gouffé
Jugement
Statut Affaire jugée
Date du jugement décembre 1890
modifier Consultez la documentation du modèle
La malle sanglante de Millery, malle à Gouffé1,2, affaire Gouffé
se faire la malle:
Origine
Selon le Robert, une malle est un « coffre destiné à contenir les effets qu’on emporte en voyage ». Elle est donc, de nos jours, comparable à une valise, chose que l’on prépare avec plus ou moins d’ardeur avant de partir en voyage, qu’il soit personnel ou d’affaires.
C’est pourquoi, même si ça ne se dit plus vraiment aujourd’hui, il était tout-à-fait normal autrefois, lorsqu’on préparait un long déplacement, de « faire sa malle ».
Alors en quoi se faire la malle a-t-elle une autre signification que « faire sa malle » ?
Cette expression semble apparaître vers 1935 dans les milieux carcéraux pour signifier « s’évader ».
Construite sur le même modèle que les expressions argotiques « se faire la belle » ou « se faire la paire », elle marque simplement le fait que l’évadé est, au figuré, « parti en voyage » et qu’il a donc préparé et emporté sa malle ; même si, dans la réalité, il est peu probable qu’il se soit encombré de ses effets avant de disparaître.
Point de vue très partagé pour le dernier film de Robert Zemeckis, « Bienvenu à Marwen ». J’ai admiré la forme, moins apprécié le fond. L’histoire vrai, et passablement queer, d’un photographe américain, battu sauvagement par de jeunes brutes, à cause de son goût prononcé pour les talons aiguilles. Il en possède 283 paires, qu’il porte à l’occasion. Devenu amnésique, celui-ci s’invente des histoires autour de prototypes de poupées Barbies des deux sexes, sur fond de Seconde Guerre mondiale en Belgique. Se mettant lui-même en scène, sous la protections de superbes bimbos blonde, brune ou rousse, et même métisse, triomphant toujours de vilains nazis, non moins superbes physiquement. Remarquable emploi de la 3D mêlant la fiction à la réalité. Avec un message positif à la fin. Pas d’amour possible avec une femme pour ce héros, mais plein d’amies de substitution. Cela m’a paru un peu étique pour un tel déploiement technique…
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19579004&cfilm=224929.html
Pour la malle, caulerpa, demandez donc à Louis, il en connaît un rayon
Une malle oui, mais une Vuitton sinon rien, caulerpa !
À propos de Houellebecq. Il faut mettre de côté la question de la « valeur » littéraire de MH, car, au fond, personne ne sait s’il obtiendra un ticket de postérité valable dans 4 générations.
Ce qui est évident c’est que son œuvre, depuis ses premiers poèmes, est homogène et pose sans doute de bonnes questions à notre société en crise, notamment la société française . Mais pas que. Il interroge la sexualité, la consommation, la solitude urbaine, le paysage détruit, l ‘agriculture en crise , l’écologie, la misère spirituelle ,l’art, les familles éclatées, l’argent, la place des arabes dans les pays occidentaux,etc..Son succès tient peut-être à ce qu’il « questionne » notre monde plus frontalement, plus violemment, que les autres écrivains français de sa génération. Avec son ironie froide, son style si volontairement et si faussement plat, Houellebecq possède une fabuleuse valeur interrogative. Il questionne un malaise général de la société et aussi se moque des utopies post soixante-huitardes.
Après le printemps 68, il décrit l’hiver du libéralisme sauvage.
Sartre, après-guerre, lui aussi dans son engagement, interrogeait le monde d’après- guerre, mais en même temps , il lui imposait un sens historique. Il imposait une vision philosophique vaguement heidegerienne. Il imposait au lecteur des solutions politiques : solution par le Communisme, solution par les guerres contre le colonialisme .. Dans son théâtre, ses articles, ses romans, Sartre s’engageait à donner des réponses philosophiques, sociales, politiques. C’était notre prof. Génial pour les uns, détestable pour les autres.
Houellebecq, lui, s’en garde bien. Littérature très interrogative et oblique, redoutable avec son ironie sournoise qui fait de nous des complices ,voir des frères de lecture et de déception.. Il décrit un monde aliéné que nous, lecteurs, reconnaissons par sa justesse.
Avouons qu’à mesurer le succès grandissant de MH, au-delà de l’effet de mode, ce lien de confiance si fort entre un auteur et des lecteurs pose question. Et notamment une question pour les autres écrivains français. Le diagnostic social navré de son œuvre doit combler un manque. J’ajouterai qu’on on trouvait déjà de ça dans les œuvres d’Annie Ernaux..). Perec, lui aussi, avec son ironie sociologique dans « les choses » interrogeait la nouvelle jeune bourgeoisie consommatrice.
« Enfin, Houellebecq vint… » Son succès signifie qu’il y avait un déficit de la littérature française à dévoiler le prosaïque, le trivial et la face cachée de notre société, tamisée,orientée, filtrée quotidiennement par une partie des médias..
Jacques R. , le canard enchaîné a descendu en flammes « Serotonine »…
Nous avions cru que faire plus stupide des communistes avec leur Mur de Berlin n’était pas possible ; apparemment non, il y en a un qui veut mieux faire.
Séminaire de sociologie sur Modiano signalé sur Twitter par Don Assouline.Pour s’y rendre je cite Fabulae
Lieu : Institut d’Études Européennes (salle A 242)
Quand on entre dans le bâtiment de l’université, il faut prendre à gauche : bâtiment A. On emprunte un escalator qui monte puis on poursuit tout droit en restant alors sur la droite et en ne prenant pas l’escalator qui descend (qui apparaît sur la gauche). Après les portes battantes, il faut tourner à droite et poursuivre tout droit, jusqu’à un genre de fontaine orientale sur la gauche. Prendre alors l’escalier A5 sur la droite, monter d’un étage. Arrivé(e) à l’étage du dessus, l’entrée de l’IEE se trouve juste à droite de l’escalier. Il suffit de prendre le couloir : la salle A 242 est au bout, à droite.
Une métaphore de Parcoursup ?
Houellebecq, un écrivain désengagé, Paul ?
Tout à la fois désenchanté et amusé.
Un écrivain réfléchissant, pour lecteurs vieillissants, qui nous dit voyez-vous en ce miroir et soyez aussi déprimés que moi !
Descendre ou encenser, c’est du pareil au même, Clopine. Plus ennuyeux serait le silence radio sur son dernier opus. Aucun critique littéraire ne serait prêt à prendre ce risque !
Le génie de Houellebecq, si génie il y a, c’est de ne laisser personne indifférent.
j’ai lu MH depuis le début;c’esteffectivement un miroir qu’il tend dans lequel bien des lecteurs doivent se reconnaitre ce qui explique son succès
Point d’ « ironie sociologique » chez le jeune Edouard Louis, qui se veut un écrivain engagé à la cause du peuple. Probablement pas celui des Gilets jaunes.
jazzi regarde dans les Fnac si il n y a qu’une file de vieillards pour acheter Sérotonine
» Il interroge la sexualité, la consommation, la solitude urbaine, le paysage détruit, l’agriculture en crise, l’écologie, la misère spirituelle ,l’art, les familles éclatées, l’argent, la place des arabes dans les pays occidentaux,etc »
En somme, le monde que s’apprêtent à laisser derrière eux les gens nés dans les années quarante et cinquante. Pas de quoi se vanter.
Oui Caulerpa, je me retrouve dans extension du domaine de la lutte et plateforme, j’y suis depressive et échangiste à mort!
Le lecteur vieillissant commence tôt, Paul. Vers 25 ans, selon Jacques R., on entame le déclin…
Merci pour les tendres plaintes de Jean Philippe Rameau. Je n’avais pas compris l’humour de la réponse, de plus.
Quelqu’un a t-il inventorié les marques de bagnoles dans l’œuvre de MH ?
« En somme, le monde que s’apprêtent à laisser derrière eux les gens nés dans les années quarante et cinquante. »
Qui eux-mêmes étaient les derniers survivants de l’Europe en totale décomposition, que leur avaient légués leurs parents et grands-parents, Chaloux ! Tout s’enchaîne et de déchaîne.
« les marques de bagnoles dans l’œuvre de MH ? »
Les allemandes et la Volvo me semblent privilégiées, de mémoire, Soleil vert. Les japonaises et les coréennes vont-elles prendre le relais ?
La question, Paul, par rapport à l’oeuvre de Sartre, que tu mentionnais en référence, était de savoir si Houellebecq était un écrivain désengagé ? Je n’en suis pas certain.
L’unité des romans de Houellebecq me semble tenir à ce qu’ils représentent, sous différents aspects, une modernité fatiguée d’elle-même, désenchantée, et qui cherche dans toutes sortes d’expédients (la sexualité, la biotechnologie, l’Islam…, tous mis en oeuvre dans la seule perspective du principe de plaisir) le moyen de se délivrer de cet insupportable, car insignifiant, fardeau qu’est la liberté, et avec elle du désir. Ces récits de fuite vers ce qui aliène aboutissent, sans exception je crois, à la plus profonde régression : par exemple, à la fin de La Possibilité d’un île, l’errance du protagoniste (ou plutôt son clone) le conduit au bord d’une mer morte,figure de la matrice maternelle, où le temps est suspendu et le désir définitivement aboli.
La mention du lecteur vieillissant était un hommage aux femmes finissantes du grand chanteur mondain, Paul !
https://www.facebook.com/luniversdejacquesbrel/videos/-la-chanson-de-jacky-même-si-un-jour-à-knocke-le-zouteje-deviens-comme-je-le-red/1576135419319891/
Paul Edel dit: 5 janvier 2019 à 12 h 25 min
Votre analyse du phénomène ne manque pas d’intérêt. D’accord avec vous pour considérer que M.H. « comble un manque ». Pour ma part, je pense qu’il fournit une vision, une perspective là où plus personne ne s’aventure, les politiciens moins que les autres, qu’il dessine les contours d’un monde futur à partir de la projection de certains constats, sur la base du réel. Bien que ses vaticinations soient sinistres, son public semble trouver un réconfort à obtenir une réponse face à l’obscurité ou la peur de l’avenir.
jazzi.ai- je dit que MH est desengagé?non. il est un passionné déçu.il veut comprendre la société.passionné de littérature de musique.de cinema aussi d art .
Non, Paul. C’est moi qui proposais ce qualificatif, par rapport à Sartre. Alexia, les prévisions de Houellebecq ne sont pas toujours pertinentes. Il est meilleur dans le constat que dans la perspective.
Ou plutôt la prospective…
« au bord d’une mer morte, figure de la matrice maternelle »
Il y a indéniablement un problème avec la mère, chez Houellebecq, Asphan !
« Gilets jaunes : l’abrogation du mariage pour tous a inondé la consultation en ligne »
Sympa !
Alexia : « il dessine les contours d’un monde futur à partir de la projection de certains constats, sur la base du réel. » Bien vu, les romans de Houellebecq relèvent de la poétique de la science fiction : déployer les possibles du réel, mais sur la base d’un diagnostic unitaire, étroit, fantasmatique, mais revendiqué comme tel ; c’est le principe de tous les « mauvais genres » que de procéder ainsi.
Portrait du jeune lecteur houellebecquien, Paul !
http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/livres/les-fans-de-houellebecq-en-librairie-des-le-matin-pour-acheter-serotonine-04-01-2019-7981116.php
Les limites du référendum, démagogie et populisme !
https://fr.news.yahoo.com/gilets-jaunes-labrogation-mariage-revendication-110449306.html?guccounter=1
Quand c’est fini, c’est pas fini ça recommence…
https://www.bfmtv.com/police-justice/gilets-jaunes-le-gouvernement-durcit-le-ton-pour-cette-8e-journee-de-mobilisation-1604824.html#xtor=AL-68
Je ne connaissais pas cette étonnante lettre de Léo Ferré à André Breton !
Cher ami,
Vous êtes arrivé un jour chez moi par un coup de téléphone, cette mécanique pour laquelle Napoléon eût donné Austerlitz. Je n’aime pas cette mécanique dont nous sommes tous plus ou moins tributaires parce qu’elle est un instrument de la dépersonnalisation et un miroir redoutable qui vous renvoie des images fausses et à la mesure même de la fausseté qu’on leur prête complaisamment. Et ce jour là, pourquoi le taire, j’étais prêt à toutes les compromissions : Vous étiez un personnage célèbre, une sorte d’aigle hautain de la littérature « contemporaine », un talent consacré sinon agressif. J’étais flatté mille fois que vous condescendiez à faire mon chiffre sur votre cadran à grimaces, pour solliciter une rencontre dont je ne songeais nullement à régler les détails… Trop ému, vous voyez je n’étais déjà plus flatté, j’aurais dû m’enquérir aussitôt – avant de faire les commandes d’épiceries – de votre personne, de vos problèmes, par exemple en mettant le nez dans vos livres. Je ne vous avais jamais lu, parole d’honnête homme, je ne l’ai guère fait depuis à quelques pages près. Les compliments qu’il m’a été donné de vous faire à propos de ces quelques pages étaient sincères, je le souligne. Votre style est parfait, un peu précieux certes, mais de cette préciosité anachronique qui appelle chat un chat et qui tient en émoi la langue française depuis qu’elle est adulte, guerres comprises. Bref j’ai lavé les chiens, acheté le whisky et mis mon cœur sur la table. Vous êtes entré.
Votre voix me frappa au visage comme une très ancienne chanson, une voix d’outre-terre dont je n’ai pas fini de dénombrer les sourdes résonances, un peu comme votre écriture lente, superbe, glacée. Avant de vous entendre on vous écoute, avant de vous comprendre on vous lit. Vous avez la science des signes, du clin d’œil, de la pause. Vous parti, il ne reste qu’une inflexion, qu’un froissement d’idée, qu’une sorte de vague tristesse enfin qui s’éteint avec les derniers frottis de vaisselle. Et l’on en redemande ! C’est assez dire le charme que vous distillez, un peu comme les jetons de casino, cette fausse monnaie, qui détruisent la vraie valeur pour ne laisser qu’une pauvre hâte à recommencer toujours et à perdre sans cesse. À vrai dire vous êtes un Phénix de café concert, une volupté d’après boire, un rogaton de poésie. Vous êtes un poète à la mode auvergnate : vous prenez tout et ne donnez rien, à part cet hermétisme puritain qui fait votre situation et votre dépit.
Vous avez amené chez moi toute une clique d’encensoirs qui en connaissaient long sur le pelotage. Ce n’étaient plus de l’encens, mais un précis frotti-frotta comme au bal, dans les tangos particulièrement, quand ça sent bougrement l’hommasse et qu’il y passerait plus qu’une paille. Vos amis sont nauséabonds, cher ami, et je me demande si votre lucidité l’emporte sur les lumières tamisées ou les revues à tirage limité. Tous ces minables qui vous récitent avec la glotte extasiée, ne comprenez-vous pas peut-être leurs problèmes et leurs désirs : ils vous exploitent et c’est vous en définitive qui passez à la caisse car l’ombre que vous portez sur leurs cahiers d’écoliers c’est tout de même la vôtre. Ils ont Votre style, Vos manières, Vos tics, Votre talent peut-être, qui sait ? Je suis venu quelquefois vous chercher à votre café « littéraire » et ne puis vous exprimer ici la honte que j’en ressentais pour vous. On eût dit d’un grand oiseau boiteux égaré parmi les loufiats, chacun payant son bock, et attendant la fin du monde. Quelle blague, cher ami, Vous qui m’aviez émerveillé, je ne sais comment, et qui vous malaxez chaque éphéméride à cette sueur du five o’clock.
Je ferai n’importe quoi pour un ami, vous m’entendez cher ami, n’importe quoi ! Je le défendrai contre vents et marées – pardonnez ce cliché, je n’ai pas votre phrase acérée et circonspecte – je le cacherai, à tort ou à raison, je descendrai dans la rue, j’irai vaillamment jusqu’au faux témoignage, avec la gueule superbe et le cœur battant. Vous, vous demandez à voir, à juger. Si l’on m’attaque dans un journal pour un fait qui m’est personnel, vous ne levez pas le petit doigt sur votre plume même si c’est ma femme qui vous le demande, sans vous le demander tout en vous le demandant. Vous êtes un peu dur d’oreilles et les figures de littérature dans une lettre d’alarme ça ne vous plait guère. Quant à enfoncer les portes que vous avez cru ouvrir il y a quelques décades, vous êtes toujours là : la plume aux aguets et le « café » aux écoutes…
Il y a ceux qui font de la littérature et ceux qui en parlent. Vous, de la littérature, vous en parlez plus que vous n’en faîtes. Vous avez réglé son compte à Baudelaire, à Rimbaud, pour ne parler que de ceux à qui vous accordez quelque crédit quand même. À longueur d’essais, de manifestes, d’articles, vous avez vomi votre hargne, expliqué en long et en large vos théories inconsolées, étalé vos diktats. Vous avez signifié à la gent littéraire de votre époque que vous étiez là et bien là, même à coups de poings, ce qui n’est pas pour me déplaire car vous êtes courageux, tout au moins quand vous avez décidé de l’être. Votre philosophie de l’Action ne va jamais sans un petit tract, sans un petit article ; vous avez la plume batailleuse, comme Victor Hugo et quand il part à Guernesey vous poussez une pointe aux Amériques, ce qui n’est pas non plus pour me déplaire, anarchisme aidant, l’Unique c’est Ma Propriété. L’histoire de la Hongrie s’est réglée pour vous, pour moi, pour d’autres, par un tract – encore – des signatures, une nausée générale et bien européenne et les larmes secrètes de Monsieur Aragon qui n’a pas osé se moucher. Alors, mon cher ami, permettez que je rigole de nos vindictes qui avortent en deuxième page de Combat, et allons à la campagne.
Nous, les poètes, nous devrions organiser de grandes farandoles, pitancher comme il se doit et dormir avec les demoiselles. Non, nous pensons, et jamais comme les autres. Quand il nous arrive de diverger dans nos élucubrations, on se tape dessus, à coup de plume, toujours. J’ai eu l’outrecuidance d’écrire en prose une préface, une introduction, une « note » si vous préférez – et cela pour vous laisser la concession du manifeste, concession que vous tenez d’une bande de malabars milneufcentvingtiesques qui avaient moins de panache que vous – je me suis donc « introduit » tout seul un petit livre de poésie où je pourfends le vers libre et l’écriture automatique sans penser que vous vous preniez pour le vers libre et pour l’écriture automatique et je ne savais pas que vous n’étiez que ça en définitive : un poète raté qui s’en remet aux forces complaisantes de l’inconscient. Vous avez rompu comme un palefrenier, en faisant fi de mon pinard, des ragoûts de Madeleine, et de ce petit quelque chose en plus de la pitance commune qui s’appelle l’Amour. Vous m’avez fait écrire une lettre indigente par un de vos « aides » dans ce style boursouflé dont vous êtes le tenancier et qui dans d’autres mains que les vôtres devient un pénible caca saupoudré de subjonctifs. Tel autre de vos « amis » et que par faiblesse et persuasion j’avais pris en affection jusqu’à le lire – car il signe aussi des vers libres – m’envoya dinguer toujours dans ce style qui se regarde vagir. Je passe l’intermède de votre revue « glacée » où en deux numéros j’allais du grand mec à la pâle petite chose. Un de vos vieux amis enfin m’a « introduit » dans une anthologie, moi le maigre chansonnier et chose curieuse nous sommes vous et moi et côte à côte les deux seuls vivants à essayer de bien nous tenir parmi et au bout de tant d’illustres cadavres. Vous ne trouvez pas qu’il y fait un peu froid ?
Je vous dois cependant certains souvenirs lyriques autant que commodes à inventorier : nos conversations à brûle-pourpoint, votre admirable voix lisant de la prose et je vous dois aussi de m’avoir sorti dans le moyen-âge dont vous savez tous les recoins et même les issues secrètes, à croire que vous en êtes encore.
Si j’en crois l’un de vos amis de la première heure et qui brinqueballe encore les insultes dont vous l’avez gratifié et ce « quand-même-on-ne-peut-pas-le-laisser-tomber » m’a affirmé que vous reviendriez à moi, les bras ouverts et la mine prodigue, car dit-il, un masochisme incurable vous pousse depuis des années à faire, défaire et refaire vos amitiés. Je n’en crois rien et vous laisse bien volontiers à vos vers libres.
Croyez que je regrette bien sincèrement de vous avoir eu à ma table.
Léo FERRE
Voilà que les fanatiques de la droite états-unienne ils ont désormais rejoint le niveau des fanatiques qu’ils prétendaient combattre
« Washington — Un compte Twitter anonyme a tenté de ridiculiser la démocrate Alexandria Ocasio-Cortez, benjamine du Congrès américain. Un acte raté tant les internautes ont adoré la voir danser. »
De Houellebecq j’ai lu tous les romans jusqu’à soumission, que je n’ai pas lu, pas,plus évidemment que « Serotonine », tout juste disponible à ce jour
Pour ce que j’en ai lu, je ne peux qu’être d’accord avec Paul Edel qui dit fort bien l’acuité du regard que cet écrivain porte sur le monde contemporain, sur ses poches de misère sexuelle et morale , sur le formatage aliénant des esprits sous l’empire de la publicité , de la télévision , et des clichés véhiculés par des idéologies mal digérées .
On peut reconnaître aussi qu’il a une maîtrise des styles qui donne de la force à la cruauté décapante et cynique de son discours sur les gens les mœurs et les choses
Mais ,tant pis si je dis un bêtise dont se riront les commentateurs plus avertis, je ne le vois pas en lui un grand romancier .Il ne crée pas un monde ,il ne fait pas vivre des personnages .Ceux qui y apparaissent n’ont pas de vraie épaisseur ;ils servent seulement de prétextes aux coups de projecteurs que MH jette sur un monde ou un évènement pour le disséquer jusqu’è l’os , et qui s’enchaînent linéairement comme des billets d’humeur ou des reportages mis bout à bout .
Et ce qui me gêne le plus et que je crains de retrouver dans Sérotonine, c’est qu’en jetant sur le monde, de roman en roman, son regard impitoyable, MH s’est installé dans l’exploitation d’un filon ce qui de roman en roman fait perdre de son intérêt à ce qu’il écrit
Paul Arzens, génie méconnu du design industriel:
https://www.france.tv/france-5/enquete-d-art/838919-arts-et-metiers-le-carrosse-de-paul-arzens.html
Renate Schottelius
https://blogfigures.blogspot.com/2012/07/renate-schottelius.html
Jazz vous qui aimez Duras ET le cinéma, Un Barrage contre le Pacifique comporte des lignes très fortes sur le cinéma, un refuge pour la jeune Suzanne qui se sent mal à l’aise dans le haut quartier blanc et indécent de la ville coloniale. Duras parle de « nuit artificielle et démocratique ».
« Vaut-il mieux être chrétien ou musulman, Delaporte ? »
Jacuzzi, ce sont deux belles religions, l’une et l’autre. Le hasard humain m’a fait naître chez les catholiques ; je ne m’en plains pas et j’ai fait fructifié ce capital religieux jusqu’à aujourd’hui.
C’est un cadeau que cette lettre, Jazzi ! Ca, par exemple : « Bref j’ai lavé les chiens, acheté le whisky et mis mon cœur sur la table. Vous êtes entré. » Ce que j’aime, là, tout de suite !!!
Cette lettre est un col pour cyclistes. Ca commence doucement, un peu à l’hypocrite, en s’auto justifiant, et puis hop, on passe, en danseuse, les premiers lacets de la fourberie, et à la fin, l’horizon du déplaisir s’élargit, la respiration se fait plus profonde, et le sarcasme et les quatre vérités éclatent, pour une arrivée exténuée mais triomphante, sous la banderole du mépris affiché. J’ai suivi toute la course, et j’aurais bien poussé le cycliste dans le dos, mais… Il n’en avait pas besoin !
(quand même, ce Breton ! Quel insupportable procureur de procès staliniens !)
« nuit artificielle et démocratique ».
Outre le fait que ma mère était un mélange de Duras et de la mendiante, Ed, le cinéma fut pour moi aussi un refuge dans le Cannes clinquant et luxueux des palaces de la Croisette de ma jeunesse…
« quand même, ce Breton ! Quel insupportable procureur de procès staliniens ! »
Il n’était pas que cela, Clopine. La lettre de Léo Ferré est assez injuste, et assez goujate. Ici, c’est lui qui fait un « procès stalinien », façon Gavroche. Le loustic, c’était Ferré, que j’aimais pourtant bien, mais qui n’avait rien de comparable, en terme de génie, avec Breton. Ne nous trompons pas de « procureur », Clopine, et ne mélangeons pas les torchons avec les serviettes, pour prendre une expression à la Ferré.
Ferré avait fait son choix et Breton n’aura pas réussi à le faire changer d’avis, Delaporte.
https://www.youtube.com/watch?v=C2L_5gAe2k4
« Vous avez rompu comme un palefrenier, en faisant fi de mon pinard, des ragoûts de Madeleine, et de ce petit quelque chose en plus de la pitance commune qui s’appelle l’Amour. »
Léo Ferré ou l’amertume du cocu, qui croyait qu’à sa ressemblance à lui, Ferré, on pouvait acheter un Breton.
Il y avait les « ragoûts de Madeleine » (la femme de Ferré), et il y avait surtout les « ragoûts » pan-poétiques de Léo. Et ça, Breton en a eu vite marre. Et on le comprend !
j’ai fait fructifié ce capital religieux
–
il fait surtout fructifier les fautes en attendant
Vous avez amené chez moi toute une clique d’encensoirs qui en connaissaient long sur le pelotage. Ce n’étaient plus de l’encens, mais un précis frotti-frotta comme au bal, dans les tangos particulièrement, quand ça sent bougrement l’hommasse et qu’il y passerait plus qu’une paille. Vos amis sont nauséabonds, cher ami, et je me demande si votre lucidité l’emporte sur les lumières tamisées ou les revues à tirage limité. Tous ces minables qui vous récitent avec la glotte extasiée, ne comprenez-vous pas peut-être leurs problèmes et leurs désirs : ils vous exploitent et c’est vous en définitive qui passez à la caisse car l’ombre que vous portez sur leurs cahiers d’écoliers c’est tout de même la vôtre. Ils ont Votre style, Vos manières, Vos tics, Votre talent peut-être, qui sait ? Je suis venu quelquefois vous chercher à votre café « littéraire » et ne puis vous exprimer ici la honte que j’en ressentais pour vous. On eût dit d’un grand oiseau boiteux égaré parmi les loufiats, chacun payant son bock, et attendant la fin du monde. Quelle blague, cher ami, Vous qui m’aviez émerveillé, je ne sais comment, et qui vous malaxez chaque éphéméride à cette sueur du five o’clock.
Jazzi, un anarchiste individualiste ne supporte pas les anarchistes en bande.
Et parler de » stalinien » (clopine ) à propos de André Breton, là, c’est vraiment faire dans la nuance!
C’est pratiquement une querelle de droit de passage entre voisins…
Dans cette lettre, Ferré me déçoit. Il montre surtout de la bassesse, de la vanité blessée. Il se prenait pour le poète absolu, grâce peut-être au nombre de ses groupies qui étaient plus nombreuses que celle de Breton. Mais le vrai et grand poète, c’était Breton. Ferré, à part une ou deux chansonnettes, c’était l’emphase, la facilité, la vulgarité. Jamais la poésie. Une « amitié » entre un vrai poète comme Breton et un troubadour autoproclamé comme Ferré était une erreur d’aiguillage, et ne pouvait finir que dans une scène de ménage pathétique.
Pat V, En 40, Aragon était entré en résistance, Breton se réfugia aux Etats-Unis…
https://www.youtube.com/watch?v=Tj5XwjOuq7s
Il n’était pas dans le tempérament rigoureux de Breton de se laisser corrompre par les ragoûts de Madeleine, ni ceux de Léo. Breton, qui était fier et noble, aurait préféré crever de faim. D’ailleurs, Breton n’a jamais été très riche, alors que Ferré, prêt à tout pour avoir du succès, roulait sur l’or et s’était même acheté un château près de Sienne. Ce qui ne l’a pas empêché de tromper Madeleine avec la bonne, et de partir avec. Tel fut Léo Ferré, qui se permet cette lettre pitoyable au magnifique Breton.
En fait il s’agit d’ une lettre réponse dépitée du grand chanteur qui s’ est vu opposé un refus à une préface demandée à André Breton pour un recueil de poème.
» Poètes vos papiers « , mais il faut vérifier.
Ils habitaient tous deux dans le Lot en Quercy, L’anarchiste dans son château et le surréaliste dans sa maison médiévale à Saint-Cirq Lapopie.
Années 50-60, cela doit très facilement se trouver sur le net.
Et alors Léo Ferré, du haut de votre infamie, qu’en pensez-vous ? « C’est extra ! » :
J’avais dix-sept ans, Delaporte, je dansais alors des slows avec des filles et flirtais gentiment avec elles…
Mais ma préférée reste néanmoins celle-là !
https://www.youtube.com/watch?v=ZH7dG0qyzyg
J’ai apprécié le commentaire de DHH sur MH (que je connais mal). Plutôt que de « taper » sur MH, ce qui est facile, pourquoi ne pas faire une comparaison critique entre lui et le dernier Goncourt, sur le contenu et la réception par le public? Les sujets me paraissent voisins. (Mais je vis assez loin de ces sujets).
Sienne, c’est bien après Delaporte…
Mais il s’agit bien d’amour propre entre le chanteur poète anarchiste qui devient célèbre et le » pape du surréalisme vieillissant à qui tout un chacun demandait une préface ou un petit mot sur leurs poèmes, activité, il faut le reconnaître à laquelle Breton se soumettait avec sympathie et compréhension. Plusieurs de ces poètes et non des moindres publièrent ces lettres de lectures attentives en guise de préface de certaines de leur publication.
A ma connaissance, Breton ne leur fit aucun sale procès » stalinien »!
Les personnages de Houellebecq sont, en effet, peu consistants, DHH, mais l’essentiel dans ses romans c’est le narrateur récurrent, clones de l’auteur, qui s’affirme toujours plus de livre en livre.
Houellebecq c’est l’inverse du cynisme. DHH vous n’êtes pas une lectrice attentive, je dirais même que vous êtes superficielle. Le héros houellebecquien croit trop à l’amour et parvient même souvent à être heureux en couple, même si la fatalité le rattrape toujours.
Et on aime à la suivre, dans le temps, comme pour les aventures de Tintin. Ici, Tintin, après s’être fait musulman, bande mou.
Houellebecq est plus un hédoniste qu’un cynique. Il n’est pas contre la société de consommation et le sexe débridé. Ou alors, tout contre…
@ED
si vous lisez bien mon commentaire vous verrez que j’étais consciente de la probable pauvreté de mon propos sur Houellebecq
je vais essayer de relire les livres auxquels je faisais allusion pour mieux comprendre cette œuvre a côté de laquelle je suis probablement passée avec une lecture trop superficielle
La matrice de Houellebecq, c’est lui.
https://www.youtube.com/watch?v=5Q84oP5JilU
Bah, je m’en fiche de qui est le « vrai » poète et le « petit chansonnier ». Je me fiche aussi de qui vivait de quoi, et comment…
En fait, mes sentiments envers Ferré sont très ambigus. J’ai toujours trouvé qu’il était bien meilleur que Brel, et bien moins proche de mon coeur que Brassens. Mais ses chansons sont admirablement construites, à mon sens. « Y’en a pas un sur cent », par exemple, dit tout sur les anarchistes, sans se tromper… Et d’autres, comme « Vauban », sont bien plus remarquables, à mon sens, que pas mal d’écrits de Breton, mais je ne vais pas ferrailler là-dessus…
En fait, mon problème avec Ferré, c’est qu’il est intimement lié, pour moi, à ma propre adolescence, qui fut une période particulièrement noire de mon existence. A la fête de fin d’année scolaire, au lycée, en première, je suis montée sur scène pour déclamer les quelques vingt minutes du poème « il n’y a plus rien », ce qui démontrait, sinon mon goût poétique, du moins l’excellence de ma mémoire. Malgré les applaudissements et la compagnie du plus bel ado du lycée, qui s’est brusquement souvenu, devant mon succès, que j’étais amoureuse (sans espoir jusque là) de lui, je ne fus ni heureuse, ni fière de moi. J’étais, à l’époque, dans de si sales draps qu’aucun poème, fut-il le plus anarchiste et désespéré, ne pouvait décrire mon désespoir…
Désormais, j’ai l’habitude de dire qu’il convient d’aimer Ferré à 17 ans, mais qu’il est indécent d’y retourner après 30. Ce genre de phrases, dans ma bouche, ne veut rien dire d’autre qu’une absence aigüe d’objectivité : comment pourrait-il en être autrement, puisque Ferré, c’est à jamais mes 17 ans ?
Breton était le dada de mon prof de français de troisième. Or, si j’ai adoré à peu près tous mes profs de français (qui semblaient bien m’aimer, d’ailleurs, en retour), celui de troisième m’a toujours déplu. Une certaine arrogance et une attention aux mises des élèves. La mienne n’était certes pas soignée, et je voulais convaincre malgré tout : j’ai abandonné très vite Monsieur Mercier et suis retournée à mes livres. En laissant Breton s’empoussiérer dans les cours de ce prof dédaigné.
J’ai toujours bien aimé celle-là, malgré l’emphase :
DHH,
J’ai tapé trop vite et me rends compte que j’ai été légèrement « méchante » à votre égard. Je parlais bien évidemment de votre lecture de MH, et de MH uniquement. Je suis agacée, et cela n’a rien à voir avec vous, de lire partout que Houellebecq est cynique, alors qu’il est tout le contraire. Ses personnages sont souvent d’une naiveté confondante. Pour mieux s’apercevoir de ce qu’est le cynisme et du fait que les héros houellebecquiens ne le sont pas, il faut se souvenir d’une figure – très très – secondaire que le héros de Plateforme rencontre en Thailande et qui consomme des « chattes noires » et aborde la problématique du tourisme sexuel avec un cynisme à la limite du supportable. Le personnage principal lui-même en est écoeuré.
@clopine
Miss Cavaillon is back ahah. Excellente !
« hédoniste qu’un cynique »
Ben c’est pas antinomique !
Ed, je ne sais si j’ai « chopé le melon » (je pense que c’est de cela que vous m’accusez ?), j’essayais juste de dire qu’il y a des textes qui sont si forts liés à votre histoire personnelle que leur valeur (littéraire, poétique ou leur succès) importe peu : vous ne pouvez avoir d’opinion sur eux, puisque ce serait avoir une opinion sur vous-même. Je ne vois pas d’ailleurs trop en quoi cette remarque dévoile, à votre sens, mon insupportable prétention ? Bah ne prenez pas la peine de répondre : le persiflage ne va à personne, vous savez…
jazzi dit: 5 janvier 2019 à 13 h 20 min
Le lecteur vieillissant commence tôt, Paul. Vers 25 ans, selon Jacques R., on entame le déclin…
En France, si l’on atteint l’âge de l’espérance de vie moyenne (environ 80 ans, femmes et hommes confondus), on aura vécu environ 700 000 heures. Au début de l’ère chrétienne, on vivait environ 300 000 heures en moyenne soit entre 30 et 35 ans d’âge. Cet âge doit être considéré comme la durée de vie NATURELLE d’un être humain (une fois et demie l’âge d’un chat). Le surplus a été obtenu par les progrès de la médecine et du confort. En revanche, nos 700 000 heures comptent proportionnellement beaucoup plus d’heures de loisirs que celles dont jouissaient nos prédécesseurs d’il y a 2000 ans. Les loisirs potentiellement consacrés à la lecture sont énormes, comparés à ceux dont jouissait le contemporain du Christ, d’ailleurs généralement analphabète.
DHH, je persiste, après avoir relu votre commentaire, je l’apprécie.
savez vous,clopine qu’il parait qu’on ne raconte pas sa vie »sur ce blog?
Cela dit vous avez sans doute raison;moi,j’aime Ferré,histoire d’une amitié!
Caulerpa, où est-ce écrit ? Sur quelle table de la loi ? Si une anecdote personnelle peut éclairer un point de vue, donner une explication, voire même (comme les petites histoires touchantes des amies de Lavande) émouvoir, pourquoi, au nom de quel scrupule faudrait-il s’en priver ? Quelle serait la finalité d’un tel interdit, en quelque sorte ? Si Ed nous raconte en long et en large ses chats, pourquoi, grands dieux, faudrait-il lui demander de se taire ? (bien entendu, un argument valable à mes yeux serait d’interdire effectivement le récit d’une aventure vécue, ou de demander une réserve et des scrupules, si ce récit pouvait déboucher sur une nuisance à autrui. Mais en l’occurrence, le récit de ma participation à une fête de fin d’année, dans mon lycée, me paraît d’une parfaite innocuité. Faudrait quand même qu’on m’explique en quoi il est exactement insupportable, soupir !)
Bah, je m’en fiche de qui est le « vrai » poète et le « petit chansonnier ».
Apparemment personne ne vous parle de cela clopine.
On peut supposer que Ferré se soit bel et bien trompé sur ce qu’était le monde de Breton ( pas que la poésie, la littérature mais aussi la peinture…etc..)très différent de la chanson et des cabarets, pas que « t’es toute nue sous ton pull et il y a la rue qui est maboule « .
Comment a-t-il commis l’erreur ce Ferré de solliciter l’amateur de poésie symboliste, de Mallarmé, Valéry et le bloc de la poésie ( ennemis ou amis d’ailleurs ) qui s’écrit chez Gallimard lui qui doit son succès aux cabarets et aux musiques populaires de boulevard.
J’ai de la sympathie pour les deux en ce qui me concerne mais pas dans le même registre, ayant même assisté à l’un ( Ferré ) de ses derniers émouvants et formidables concerts à Gourdon, si proche de son ex-château. ( seul au piano avec cette expérience impressionnante de la scène).
Boarf. J’en parle de moins en moins, mais à la demande générale, les aventures de mes chattounes reprendront. N’ayez crainte !
clopineier 2019 à 16 h 44 min
vous avez raison, c’est votre cher ami-cinéma qui l’a écrit, il y a moins d’un mois sur ce blog!il faisait son film et mauvais comme d’habitude!
chacun voit selon ce qu’il a envie de raconter;
@Vedo
merci
j’accepte bien volontiers les compliments, sauf s’ils sont ironiques, et également les critiques sauf si elles sont malveillantes
« t’es toute nue sous ton pull et il y a la rue qui est maboule «
De mettre » y’a la rue qui est ma bulle « , franchement plus « surréaliste côté Breton », non? 😉
Houellebecq, points de vue italiens :
Je ne la connaissais pas celle-là, Delaporte, superbe : « C’est fini la mer c’est fini/ Sur la plage le sable bêle/ Comme des moutons d’infini/ Quand la mer bergère m’appelle… » Le monégasque Ferré est un enfant de la Méditerranée !
Désormais, j’ai l’habitude de dire qu’il convient d’aimer Ferré à 17 ans, mais qu’il est indécent d’y retourner après 30.
https://www.youtube.com/watch?v=m91kHnqQEis
C’est bien de ne pas craindre de dire des bêtises, mais il ne faudrait tout de même pas en venir à ne plus dire que cela.
« Le monégasque Ferré est un enfant de la Méditerranée ! »
Oui, mais cette chanson faisait, sauf erreur de ma part, plutôt référence à la Bretagne. ferré y avait acheté une île, au large de Saint-Malo, et y habitait avec sa première femme Madeleine. Ferré a plutôt chanté l’océan que la Méditerranée. Ce n’est pas pareil, et ça se sent dans les paroles, et dans l’idée.
Les personnages des romans de MH me paraissent flottement apesanteur, hésiter, se perdre dans le flux, indécis et si peu déterminés qu’ils sont malgré leur position, métier, culture. Je ne sais pas trop s’ils sont naïfs, ils ne croient plus en rien ou s’attachent comme dans la possibilité d’une ile à un dogme mensonger, malhonnête, MH à observé les raels pour écrire son livre. Des individus à la dérive , en quête d’un amarrage ou non.
Flotter en apesanteur. Correcteur.
Griveaux a prononcé hier des paroles qui ne seront pas gravées dans le sable, mais je suis tout déçu de voir qu’un fameux journaliste et écrivain ne leur fait pas écho! Quelle déconvenue!
Hurkhurkhurk!
Précision sur cette chanson de Ferré, Jacuzzi : c’est une inspiration bien bretonne, du temps que ferré vivait sur l’île du Guesclin :
« Cette chanson, il a commencé à l’écrire au début des années 60 dans une version comportant 55 strophes de 8 octosyllabes. Ferré en modifia sans cesse le nom et les paroles d’abord appelée Les chants de la Fureur puis Ma Bretagne à Moi, la chanson sortira finalement sous le titre La mémoire et la Mer comportant seulement 10 strophes. »
Chaloux, j’ai toujours trouvé douteux son gout pour les Roll’sRoyce. Je ne les aime pas, pas pour ce qu’elles représentent , il y tant d’autres voitures plus belles, plus tranchantes. Un gout de grand-père et une envie incontestable d’afficher sa richesse. S’il ne l’avait pas fait, peut être l’aurait on accuser de dissimuler. L’anarchie justifie tout, le château, la caisse, le singe, ses enfants, ses femmes, ses textes, son gout pour l’Italie.
MH ne me représente point. Toutes le questions qu’il met sur la table sont des vieilles regaines. La vie n’a jamais été une promenade de plaisir on se rappellera de l’une des 4 prière mariales : Salve, Regina, Mater misericordiae, / vita, dulcedo, et spes nostra, salve. / Ad te clamamus, exsules filii Hevae, /ad te suspiramus, gementes et flentes / in hac lacrimarum valle. / etc.
Je veux bien que ses lecteurs, fils gâtés d’une masse de Jérôme et Sylvie — héros de Les Choses, Perec — il ne trouvent plus un brin de réconfort dans la religion de l’achat : l’abondance est toujours là — musique, vêtements, traiteurs, etc. —, mais il se peut qu’ils ne sachent apprécier l’offre, qu’ils ne sachent faire la différence entre ce qui est vite consommable et ce qui persiste dans le temps — donc préférence pour une écriture délavée, etc.. Enfin, Serotonine est dans ma pile intitulé « à lire avec beaucoup de recul », maintenant j’ai d’autres priorités.
… une petite auto-citation s’impose :
« L’art ne reproduit pas le visible, mais rend visible ce qui ne l’est pas toujours », dit Paul Klee. Caspar David Friedrich avait conseillé une approche qui se révèle très utile: « Ferme ton œil physique afin de voir l’image avec l’œil de l’esprit. Puis, ramène à la lumière ce que tu as vu dans l’obscurité afin qu’il se reflète sur les autres: de l’intérieur vers l’extérieur. » Tous les matériaux qui peuvent être traités comme contenu sont représentables — arguties et sentiments; différences signifiantes; irruptions improvises depuis le néant d’imprévisibles assemblages et d’incomparables motifs expressifs, lieux communs et drôles d’histoires, mouches et papillons, etc.: « … is a process of identity, inspiration, knowledge, and creation. With that in mind, this site attempts to bring you through an interactive experience”; et le style comme point de non-retour. »
Tennis: https://youtu.be/xcWXAf6W71U
Branchantes.
jazzi
très belle lettre de Léo Ferré, très. concision, colère tout y est. Je me souviens d’une préface à des poèmes de Verlaine où Léo Férré était dans toute la verdeur de sa passion peu commune pour la poésie d’autrefois. C’est un TON indéniable; autre chose que la morne prose d’enfant de douze ans de qui vous savez et dont il est question ici.
« très belle lettre de Léo Ferré, très. concision, colère tout y est. »
Et ça vous plaît quand Ferré parle des ragoûts de Madeleine et de la prostitution de Breton ? Quant à la « concision », pas du tout. Ce n’est pas concis, c’est emphatique, amer, inepte, verbeux. C’est vraiment le mauvais goût populaire qui s’attaque, impuissant, à la classe et à la supériorité. C’est la révolte du médiocre face au génie. Eh merde !
Chaloux 18 h 53 n’a pas lu la phrase suivante… « Ce genre de phrases, dans ma bouche, ne veut rien dire d’autre qu’une absence aigüe d’objectivité : comment pourrait-il en être autrement, puisque Ferré, c’est à jamais mes 17 ans ? »
Mais il est tellement plus commode d’aller au plus rapide, pour condamner une pensée qui cherche à s’exprimer. Comme ça, on peut s’installer confortablement, comme sur un canapé, devant ses préjugés…
ON commence par lire comme un beauf’, et puis après, on est un beauf’ qui lit.
L’océan ne vaut pas la Seine ferré
Concis ?! Ie texte ne me semble pas réduit à l’essentiel, je dirais même qu’il y a trop de mots — inutiles pour la plupart.
e face au génie.
vous êtes sur de ne pas exagérer?
Merci pour le you tube, Chaloux. Je pensais qu’il n’y avait plus moyen d’évoluer ailleurs qu’entre deux pôles: l’Islamisme , les guerres soit disant de religion et la degradation globale, climatique, ecologique , crise migratoire avec en exposant l’explosion démographique. En développant , un ticket pour le cauchemar total.
Curieux de feuilleter « Sérotonine », je suis passé vers 17h30 dans la plus grande librairie de la métropole régionale où je séjourne en ce moment…
Naïf que j’étais! Plus un seul, exemplaire…
En effet, pas concis du tout…interminable, je dirais même.
Pour cette raclure de bidet, définition du mot « concision » par Littré. Et si c’est Littré qui le dit, alors un peu de respect :
« Concision : Qualité du style qui dit ce qu’il veut dire en peu de mots. »
Dans le poulet de Ferré, il y a beaucoup de mots, tout le monde en conviendra, et des mots inutiles. La « qualité du style » est selon moi médiocre, et même absente. Résultat des courses : Prunier peut retourner à la maternelle !
Clopine, il n’y a aucun mal à surévaluer sa subjectivité, encore vaut-il mieux éviter de le faire en public. ON le fait une fois, puis cela devient le principal sans qu’ON s’en aperçoive. ON est devenu idiot.
Chaloux… Non, va, rien. Soupir.
Pathétique lettre de Léo ferré .Il gémit comme un petit bourgeois gentilhomme qu’on ait bu les vins de sa cave sans comprendre rien ,mais alors rien,(il n’a même pas la curiosité de lire bcp Breton..) à cette fulgurance,cette magnifique déchirure de liberté que fut le surréalisme. Hélas, Ferré n’a pas écrit » Nadja », ni les « manifestes du surréalisme »,qui permettent, chaque jour, de ne pas désespérer de l’humanité
Clopine, comme vous dites.
Magnifique bénédiction solennelle de l’Épiphanie, que je me dois de vous faire partager :
Dieu vous a appelés dans votre nuit
pour que vous entriez dans sa lumière :
qu’il bénisse en vous la foi, l’espérance et l’amour,
qu’il les fasse croître et donner leurs fruits.
Amen.
Aujourd’hui, le Christ s’est manifesté au monde,
il est la lumière qui en dissipe les ténèbres ;
marchez avec lui, pleins de confiance,
et que Dieu fasse de vous des lumières
pour guider vos frères sur leurs chemins.
Amen.
Et, quand vous parviendrez au terme de la route,
vous verrez celui que les mages ont cherché en se guidant sur une étoile :
votre Seigneur, le Christ, lumière née de la lumière.
Amen.
« déchirure de liberté », Paul ? Un mouvement littéraire utilisant « l’écriture automatique » m’apparaît au contraire notoirement soumis au raccommodage… plutôt qu’à la « déchirure ». Mais sans doute, en lisant « Nadja », n’ai-je que trop « convulsé »… Wouarf.
Ca se trouve, je ne vais pas être comprise… Bon, alors, juste une sorte de ras’l »bol à ce rôle assigné aux femmes : Nadja est folle à lier, ce que Breton, pris d’un frisson incontrôlable, célèbre comme une épiphanie de l’inconscient prenant possession de l’écriture. Bon sang. On aura mis vraiment les femmes à toutes les sauces, dans la littérature. De Nausicaa étendant ses draps aux « héroïnes » de Miller, moi, l’inconscient masculin, outre l’étonnement toujours renouvelé du pathétique sentiment de supériorité qui s’en dégage, me donne généralement la gerbe. Heureusement que les jeunes générations féminines (les lectrices d’aujourd’hui, ahaha) se détournent, en haussant les épaules, d’une « Nadja » tout juste bonne à faire éjaculer un petit maître des lettres, qui ne voulait pas dire son nom…
« Un mouvement littéraire utilisant « l’écriture automatique » m’apparaît au contraire notoirement soumis au raccommodage… plutôt qu’à la « déchirure ». »
Clopine, vous faites la paire avec Prunier ! Si c’est tout ce que vous avez compris du surréalisme, alors on ne s’étonne pas que votre éducation littéraire ait buté dès la 3e. En même temps, quel dommage ! Comme le dit fort bien PaulEdel, pour une fois, ce sont des auteurs comme Breton qui sauvent le genre humain. Quand on n’en est pas persuadé, il faut par exemple retourner à la maternelle.
Les idiots
La lettre de Ferré est superbe. C’est la lettre de quelqu’un qui écrit peu de lettres. Seule la dernière phrase est peut-être inutile. Et peu m’importe de savoir s’il s’agit de la plainte d’un petit bourgeois qui regrette son vin. Comme avec tout écrivain, tout poète, il faut prendre bonne note de ce qui a permis le miracle (et Ferré a les siens), du contexte parfois naïf ou légèrement ridicule, ou même odieux, au sein duquel ce miracle a pris forme, en s’efforçant de ne pas juger de trop haut. Crapule, petit bourgeois étriqué, sordide assassin(je pense aux Mémoires de Lacenaire qui entrent de plain-pied dans la littérature), c’était ça et pas autre chose, personne n’y peut rien. Quant au reste, j’ai le souvenir d’avoir lu, il y a plus de trente-cinq ans, dans un numéro de Lire cette phrase de Nathalie Sarraute :Comparer deux écrivains est indécent. Laissons chacun de son côté Ferré et Breton.
Une star ici également
https://www.deutschlandfunkkultur.de/warten-auf-den-neuen-houellebecq-prophet-der-gelbwesten.1013.de.html?dram:article_id=437421
Très belle couverture
http://www.dumont-buchverlag.de/buch/houellebecq-serotonin-9783832183882/
C’est curieux, j’ai eu l’occasion de discuter récemment avec deux très jeunes femmes des Jeunes filles, ce qui m’a déjà étonné,- je croyais que les générations montantes ne lisaient pas Montherlant : pas de réflexion particulière sur la misogynie de Costals qui n’inspirait aucun rejet, mais une critique très acerbe des personnages féminins.
Vos jeunes femmes ont-elle bien compris l’époque d’écriture du livre de Montherlant ? Peut-être sont-elles lesbiennes au jugement simplement biaisé.
Phil, Montherlant est complètement sorti du débat littéraire, ce qui n’était pas encore tout à fait le cas à l’époque où je l’ai lu -dans les pléiades d’un prêtre!-. De réflexion historique au sein de ces jeunes lectures, il ne semblait pas y avoir la moindre trace. La jeunesse d’aujourd’hui semble ne connaître que le présent, et encore, l’immédiat. Jusqu’à ce que l’histoire leur tombe sur le coin du nez, ce qui vraisemblablement ne tardera pas.
Je relis parfois « Le songe » avec plaisir, dear Chaloux, pour les réflexions sur les regards dans les fresques grecques et romaines.
De la porte de la sacristie contre laquelle tout le monde va … etc. :Pour cette raclure de bidet, définition du mot « concision » par Littré.
« Concision : Qualité du style qui dit ce qu’il veut dire en peu de mots. »
Le moins qu’on puisse dire, si on te juge à l’aune des kilomètres de mots inutiles dont, probablement accroupi et traversé de spasmes douloureux, tu te soulages ici, c’est que tu es encore bien éloigné de cette qualité du style qui dit ce qu’il veut dire en peu de mots.
Le suis-je assez, concis?
Hurkhurkhurk!
J’aime beaucoup Pasiphaé et La guerre civile, Phil, les romans moins.
Les Carnets et Le treizième César.
Mais enfin c’est en allemand, Ed ?!
C’est un blog français ici !!
Approche intéressante venue d’Allemagne. En fait, on voit clairement en lisant cet article que Houellebecq est clairement anti-communauté européenne, Juncker et certainement Macron. Raisons pour lesquelles notre journaliste et écrivain n’apprécie pas.
Hurkhurlhurk!
Griveaux exfiltré de son ministère.
Il est ministre de quoi d’ailleurs, en dehors de la propagande ?
Porte-parole du gouvernement.
Ce type-là se disait socialiste, autrefois.
Très convaincant.
Convaincant est excellente définition pour socialiste.
Autre exemple : je trouve aussi Moscovici extrêmement convaincant.
Et Hollande, surnaturellement convaincant.
La tentative de putsch quotidienne à l’encontre de la RDL … mais de combien d’engins de chantier disposent ces insurgés plus ou moins finement lettrés ?
D. dit: 5 janvier 2019 à 21 h 12 min
Ce type-là se disait socialiste, autrefois.
Très convaincant.
Chaloux dit: 5 janvier 2019 à 21 h 11 min
Porte-parole du gouvernement.
D. dit: 5 janvier 2019 à 21 h 07 min
Il est ministre de quoi d’ailleurs, en dehors de la propagande ?
Chaloux dit: 5 janvier 2019 à 21 h 05 min
Griveaux exfiltré de son ministère.
Chaloux dit: 5 janvier 2019 à 21 h 01 min
Approche intéressante venue d’Allemagne. En fait, on voit clairement en lisant cet article que Houellebecq est clairement anti-communauté européenne, Juncker et certainement Macron. Raisons pour lesquelles notre journaliste et écrivain n’apprécie pas.
Hurkhurlhurk!
D. dit: 5 janvier 2019 à 20 h 58 min
Mais enfin c’est en allemand, Ed ?!
C’est un blog français ici !!
Ed dit: 5 janvier 2019 à 20 h 55 min
Une star ici également
https://www.deutschlandfunkkultur.de/warten-auf-den-neuen-houellebecq-prophet-der-gelbwesten.1013.de.html?dram:article_id=437421
Chaloux dit: 5 janvier 2019 à 20 h 54 min
Les Carnets et Le treizième César.
Chaloux dit: 5 janvier 2019 à 20 h 52 min
J’aime beaucoup Pasiphaé et La guerre civile, Phil, les romans moins.
Chaloux dit: 5 janvier 2019 à 20 h 50 min
De la porte de la sacristie contre laquelle tout le monde va … etc. :Pour cette raclure de bidet, définition du mot « concision » par Littré.
« Concision : Qualité du style qui dit ce qu’il veut dire en peu de mots. »
Le moins qu’on puisse dire, si on te juge à l’aune des kilomètres de mots inutiles dont, probablement accroupi et traversé de spasmes douloureux, tu te soulages ici, c’est que tu es encore bien éloigné de cette qualité du style qui dit ce qu’il veut dire en peu de mots.
Le suis-je assez, concis?
Hurkhurkhurk!
Phil dit: 5 janvier 2019 à 20 h 47 min
Je relis parfois « Le songe » avec plaisir, dear Chaloux, pour les réflexions sur les regards dans les fresques grecques et romaines.
Chaloux dit: 5 janvier 2019 à 20 h 41 min
Phil, Montherlant est complètement sorti du débat littéraire, ce qui n’était pas encore tout à fait le cas à l’époque où je l’ai lu -dans les pléiades d’un prêtre!-. De réflexion historique au sein de ces jeunes lectures, il ne semblait pas y avoir la moindre trace. La jeunesse d’aujourd’hui semble ne connaître que le présent, et encore, l’immédiat. Jusqu’à ce que l’histoire leur tombe sur le coin du nez, ce qui vraisemblablement ne tardera pas.
Phil dit: 5 janvier 2019 à 20 h 36 min
Vos jeunes femmes ont-elle bien compris l’époque d’écriture du livre de Montherlant ? Peut-être sont-elles lesbiennes au jugement simplement biaisé.
Chaloux dit: 5 janvier 2019 à 20 h 28 min
C’est curieux, j’ai eu l’occasion de discuter récemment avec deux très jeunes femmes des Jeunes filles, ce qui m’a déjà étonné,- je croyais que les générations montantes ne lisaient pas Montherlant : pas de réflexion particulière sur la misogynie de Costals qui n’inspirait aucun rejet, mais une critique très acerbe des personnages féminins.
Chaloux dit: 5 janvier 2019 à 20 h 19 min
La lettre de Ferré est superbe. C’est la lettre de quelqu’un qui écrit peu de lettres. Seule la dernière phrase est peut-être inutile. Et peu m’importe de savoir s’il s’agit de la plainte d’un petit bourgeois qui regrette son vin. Comme avec tout écrivain, tout poète, il faut prendre bonne note de ce qui a permis le miracle (et Ferré a les siens), du contexte parfois naïf ou légèrement ridicule, ou même odieux, au sein duquel ce miracle a pris forme, en s’efforçant de ne pas juger de trop haut. Crapule, petit bourgeois étriqué, sordide assassin(je pense aux Mémoires de Lacenaire qui entrent de plain-pied dans la littérature), c’était ça et pas autre chose, personne n’y peut rien. Quant au reste, j’ai le souvenir d’avoir lu, il y a plus de trente-cinq ans, dans un numéro de Lire cette phrase de Nathalie Sarraute :Comparer deux écrivains est indécent. Laissons chacun de son côté Ferré et Breton.
Bėrėnice dit: 5 janvier 2019 à 20 h 10 min
Les idiots
Vielen danken Liebe ED für diese WBK’S ZerotOnin, kritiek !
Feraient mieux de se cotiser pour payer un nouveau pardessus à Castaner ; ça ne se porte pas deux tailles en dessous ce genre de sape
ce que montre surtout l’article allemand pour ce roman apparemmnt déjà traduit c’est plus que son contenu tout le marketing élaboré qui a présidé au lancement du bouquin detaillant les etapes qui ont été aménagées de l’annonce de la parution prochaine aux révélations successives ultérieures pour faire monter la « Spannung » de l’attente
@jazzi dit: 5 janvier 2019 à 14 h 10 min
Les limites du référendum
Pincez vous le nez, ça ne durera pas
Langoncette, il faut d’urgence remplacer ton traitement.
Je ne suis pas spécialiste de l’édition, mais j’étais très surprise de voir qu’il sortait le même jour qu’en France, et déjà traduit en plus !
Avec une plus jolie couverture, ce qui ne gâche rien.
Magnifique, Ferré disant Villon, Chaloux. Les gargouilles me donnent les chocottes et le « frères humains » me redresse les poils !
« ça ne se porte pas deux tailles en dessous ce genre de sapes
La mode est au près du corps, Jean Langoncet : pantalons moulants, vestes et pardessus cintrées.
Jazzi, je fais la tronche, mon standing en matière de gargouilles suit une trajectoire descendante, après REIMS , s’y Nazaire ici , sud de la France,n’est pas trop chargée, elle est aussi carrément moche.
Je vous remercie de me mettre à la page.
J’imaginais notre petite communauté rétive au changement et rompue au pantalon de golf vaguement pincé aux chevilles
Je suis rentré du ciné à la Bastille, et, après quelques courses et le diner, j’ai regardé les nouvelles sur BFM-Paris : mais c’est reparti comme en 40 ! Péniche en feu face au musée d’Orsay, ministères pris d’assaut, coup de points sur les CRS au-dessus de la Seine…
Mardi commence la période des soldes d’hiver. Une catastrophe économique annoncée ?
Il va y avoir des morts !
« Il est facile de condamner une pensée qui cherche à s’exprimer »
On serait peut-être plus clément si cet essai ne s’avérait pas permanent.
Voilà une bonne nouvelle, qui me consolera de cette jacquerie sans queue ni tête qui, comment en serait-il autrement, commence à me lasser.
Il m’arrive de penser que les heures passées auprès des archives valaient bien celles consacrées aux créatures. Si l’Internet me fascine encore par son incroyable richesse, me déplacer et humer l’odeur me réjouit. Cessons de râler !
Gimme Gimme Shock Treatment
https://www.youtube.com/watch?v=6wd777-Iopo
Pour en revenir au billet du 28 décembre… j’ai retrouvé un article que j’avais apprécié. C’était sur Le Figaro Magazine, sous le titre « Houellebecq, portrait d’un iconoclaste », le 13/11/2010. Frédéric Beigbeder racontait son ami de quinze ans. (ici, quelques extraits)
« La première fois que j’ai rencontré Michel Houellebecq, c’était dans une réunion de la revue L’Atelier du roman au Lucernaire. C’est Benoît Duteurtre qui me l’a présenté. On a bu du vin rouge. C’était en 1996: à l’époque, tous les écrivains avaient les dents violettes (maintenant, ils ont compris: ils boivent de la vodka). Le visage de Houellebecq était plus poupon qu’aujourd’hui, mais il avait déjà sa tête de Droopy schopenhauérien, la diction lasse de Pierre Desproges et une cigarette fichée entre l’annulaire et l’auriculaire. Il venait de publier Extension du domaine de la lutte et Milan Kundera le félicitait. […] J’ai ensuite revu Michel Houellebecq pendant quinze ans. Comme tout le monde, j’étais frappé par sa lenteur à répondre aux questions, comme s’il était le seul à réfléchir. En général, quand on est suffisamment patient, il finit toujours par dire des trucs surprenants. Ce goût pour le laconisme excentrique lui a joué des tours […] Houellebecq n’a aucun goût pour l’extravagance. C’est juste qu’il est libre, donc qu’il se fiche des conséquences. Je ne l’ai jamais vu calculer quoi que ce soit. Il me fait penser à ces droits de l’homme fondamentaux, selon Baudelaire: le droit de se contredire et le droit de s’en aller. […] C’est le Buster Keaton du XXIe siècle. Son œuvre constitue une suite de comédies froides exposant la décadence absurde de l’humanité. Dans la vie, les artistes sont parfois différents de leur travail ; pas lui. Le plus houellebécquien de ses personnages, c’est lui ; raison pour laquelle ils s’appellent parfois Michel, et finalement Michel Houellebecq (dans le dernier). […] Houellebecq m’a toujours semblé un reporter de guerre qui aurait choisi la classe moyenne dépressive plutôt que l’Irak, le Kosovo ou l’Afghanistan. La mélancolie en entreprise (Extension du domaine de la lutte), le cafard des campings new age (Les Particules élémentaires), l’impasse du tourisme sexuel (Plateforme), l’utopie impossible du clonage humain (La Possibilité d’une île), la disparition de l’art et la muséification de la France (La Carte et le Territoire) furent ses champs de bataille, son théâtre des opérations (comme dit son ami Maurice G. Dantec). Ce sont de grands romans, travaillés, charpentés, construits. Mais ce sont aussi des enquêtes sur la condition humaine, […]. Les romans de Houellebecq nous donnent des nouvelles de l’homme. Et elles ne sont pas bonnes. […] Lundi 8 novembre, au théâtre de l’Odéon, le soir de sa consécration, Michel Houellebecq avait réuni presque les mêmes que quatorze années plus tôt au Lucernaire. On se serait cru dans une scène du Temps retrouvé. Les visages avaient vieilli, certaines jolies filles ne l’étaient pas restées, mais les moches avaient embelli. Raphaël Sorin était présent, et Teresa Cremisi, et Nelly Kaprièlian, la redoutable critique littéraire des Inrockuptibles : les trois ont beaucoup contribué à cette consécration. Le lauréat est courageusement monté debout sur un guéridon branlant et a prononcé ce court discours :«Je suis content (éclats de rire, vivats dans l’assistance). On a beaucoup critiqué ma parka, mais elle est tout de même bien utile par temps pluvieux. Je pense que, si je n’avais pas eu ce prix, il y aurait eu de l’énervement en France, et ce n’est pas souhaitable. Notre pays n’en a pas besoin. J’étais devenu une grande cause, comme les bébés phoques. Il fallait sauver le Goncourt de Houellebecq. Maintenant que c’est fait, je suis heureux d’être entouré de vous tous qui m’aimez. Vous êtes sûrs que vous m’aimez?|…] Un poète fragile, par un jour de pluie où il faisait 6 degrés Celsius sur Paris Périphérie. »
Frédéric Beigbeder
…
…comme, une forme, de rappel; recel de biens d’autrui, est presque, si plus qu’une, » Banque « ,…Ah,!…un ART,!…
…etc,!…
Génial cet article de Beigbeder, christiane. A-t-il vraiment écrit « utopie impossible » ? Outch.
« reporter de guerre qui aurait choisi la classe moyenne dépressive plutôt que l’Irak, le Kosovo ou l’Afghanistan »
Pourquoi pas, oui !
Publié le 23 avril 2016 par Paul Edel, sur son blog « près, loin » :
« Dans sa relation avec Nadja, André Breton, dit ceci « Nadja s’est aussi maintes fois représentée sous les traits de Mélusine qui, de toutes les personnalités mythiques, est celle dont elle parait s’être sentie le plus prés.. Je l’ai même vue chercher à transporter autant que possible cette ressemblance dans la vie réelle, en obtenant à tout prix de son coiffeur qu’il distribuât ses cheveux en cinq touffes bien distinctes, de manière à laisser une étoile au sommet du front ».. Nadja-Mélusine tisse de nouveaux liens entre une réalité et une sur-réalité.. et le travail de Breton sur ses rencontres avec cette jeune femme est admirable de précision clinique. L’œuvre reste ouverte avec les signes entre les lieux, les êtres, les coïncidences, les dessins, les dialogues ou monologues, remarques et comportements de Nadja.. Elle met Breton en lien appelle «un au-delà» mais qui est dans le tissu même de notre réalité. C’est clairement dit à la fin du récit. et affirmé à la manière Breton : abrupte.. Il y a de l’Ondine et de la Mélusine dans « Nadja ».. Le texte de Breton a la qualité de nous arracher et de nous délivrer de toute cette psychologie classique ( Breton n’aima jamais le roman en tant que genre Mauriac et fut stupéfait de la conversion d’Aragon au roman, pourtant si beau chez lui..) Mais d’un autre côté l’aspect irrationnel intéressant dans « Nadja », c’est qu’il rend compte d’une relation au monde insolite entre un homme et une femme qui l’entraîne et l’initie et le guide dans une foret de correspondances. Nadja établit une chaîne de signes, dans les rues de Paris. Elle ouvre des brèches merveilleuses dans un monde rationnel et « normal », comme si elle menait plus loin la quête déjà entamée par Breton et Aragon, dans « le paysan de Paris » qui eux-mêmes suivaient les traces du génial Baudelaire du « Spleen de paris ».. et ceci pour établir un rapport nouveau avec la réalité. Julien Gracq avec le personnage de Mona, dans « un balcon en foret » s’en souviendra comme il se souvient de la Mélusine d’ »arcane 17 ». Mona, fée ? sorcière ? farfadet? mystérieusement soustraite au temps.. l’influence de Breton est claire. André Breton bien sûr, refuse de considérer les remarques et les divinations de Nadja comme des symptômes naissants d’une maladie. Apparemment, ce n’était pas aussi clair dans la réalité puisqu’il interrompt ses relations avec Nadja en février 1927 et que dés le 21 mars 1927, en proie à des hallucinations olfactives et visuelles Nadja est internée à Sainte-Anne, puis redirigée à Épinay-sur-Orge. Et Breton commence la rédaction de son livre en Août de la même année.. Ses parents s’occuperont d’elle ; on ne sait toujours pas si elle a connu le livre que Breton avait écrit sur elle… Mais on ne peut que remarquer que Nadja avait, dés le début de sa rencontre avec l’écrivain fait une demande très pressante : « André ? André ? tu écriras un roman sur moi, je t’assure. Ne dis pas non. Prends garde ; tout s’affaiblit, tout disparaît. De nous il faut que quelque chose reste. » Lorsqu’il commence la rédaction du récit en août – donc 6 mois après son internement – évidemment, son but est tout autre que clinique… mais curieusement, il ne cache pas qu’il se sent responsable, c’est dit dans le texte… responsable – coupable. de quoi ? c’est toute la question.. coupable sans doute de n’avoir pas été la voir ? Coupable d’avoir assisté à sa dégradation dans les dernières semaines et de ne l’avoir pas aidée ? car dés 1916-1918, cet étudiant en médecine marquait déjà un intérêt évident pour les études psychiatriques, et cela redoubla dans les années 3O.. l’hystérie chez les femmes l’a toujours passionné. rien de contradictoire avec la fonction de médiatrice, pour lui.. Oui, des médiatrices, des magiciennes, possédant des dons refusés aux hommes…. Viviane, Escarmonde, Mélusine.. Breton dit d’elles : «elles détiennent le secret du rythme qui unit l’esprit aux choses ». Donc malgré sa tonitruante déclaration dans « Nadja » : « le mépris qu’en général je porte à la psychiatrie » il est démenti par les faits, et le nombre d’ouvrages psychiatriques classés dans sa bibliothèque. il admire Freud, comme un des grands artisans de ce qu’il appelait «l’émancipation humaine. » Il lit Otto Rank, il est passionné par les études de Charcot et lit les compte rendus des congrès d’aliénistes sur l’hystérie féminine, etc.. simplement, il ne veut pas qu’on « enferme » les malades.. Il déclare : « je continue à ne pas voir pourquoi on priverait un être humain de liberté ».. Et il précise qu’on a enfermé Nadja parce qu’elle est « pauvre ». il tiendra toujours que la maladie de Nadja a des causes sociales, pauvreté, solitude, prostitution…. Dans la fin de son texte, toujours à propos de sa culpabilité, il déclare « je n’ajouterai pour ma défense que quelques mots. L’absence bien connue de frontière entre la non-folie et la folie ne me dispose pas à accorder une valeur différente aux perceptions et aux idées qui sont le fait de l’une ou de l’autre. »
et le 26 décembre 2016, Paul Edel offrit ce poème :
« Toujours pour la première fois
C’est à peine si je te connais de vue
Tu rentres à telle heure de la nuit dans une maison oblique à ma fenêtre
Maison tout imaginaire
C’est cela que d’une seconde à l’autre
Dans le noir intact
Je l’attends à ce que se produise une fois de plus la
Déchirure fascinante
La déchirure unique
De la façade et de mon cœur »
André Breton , « L’air de l’eau », 1934
@ « utopie impossible »
« … utopie impossible… »
L’expression eut son moment de gloire mémé en Italie, je me souviens du titre d’un film, d’un papier « intelligent », titre approximatif « La famille, impossible utopie ». Lors d’une conversation j’avais à un moment souligné l’absurde voisinage de ces deux mots en créant l’embarras, pourtant οὐ + τόπος donnent «lieu qui n’existe pas» ; mais peu importe, je me demande comment réagirait le raffiné auteur du Libellus vere aureus, nec minus salutaris quam festivus de optimo rei publicae statu, deque nova insula Utopia en sachant sa belle invention si maltraitée.
Oups ! du titre d’un film, d’un papier « intelligent » > du titre d’un film et d’un papier « intelligent »
Carlos Ghosn va comparaître mardi madin devant un tribunal public. Il aura dix minutes pour s’expliquer, et rétablir son honneur. De fait, son fils, interrogé par Le Monde, assure que son père reste très combatif, pas déprimé du tout, croyant encore qu’il s’en sortira – alors qu’il risque la prison avec les travaux forcés et une grosse amende. Mais Carlos Ghosn n’est pas du genre à renoncer, nous assure son fils :
Selon son fils, « il résiste, même s’il a perdu une dizaine de kilos en mangeant trois bols de riz par jour. Les conditions ne sont pas très saines. Mais il prend tout ça comme un challenge [un défi] » et « lit des livres qu’on lui fait passer presque chaque jour ». Le Monde
Non seulement, il espère s’en sortir, mais il croit que cette épreuve aura pour effet de le grandir davantage encore. Ghosn le magnifique n’est pas un homme fini, malgré les apparences. Il lui reste de l’énergie à revendre. Il a mangé du lion. C’est un roi.
Sur ce billet de Passou sur les archives, Christiane se confirme excellente archiviste. Parfait, le portrait de Beigbeder sur son pote Houellebecq, et lumineuse l’analyse de Nadja par Paul Edel. J’entends déjà les longs soupirs de Clopine !
Voilà que frère renato, déjà difficile à comprendre, ne s’exprime plus qu’en latin !
Remplacer « sur son pote » par « de son pote »…
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