de Pierre Assouline

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L’« inventoire » des archives

L’« inventoire » des archives

Tout chercheur en a rêvé, l’IMec l’a fait ! On pourrait le dire ainsi. Qu’il soit professionnel ou dilettante, que sa curiosité le pousse vers l’histoire littéraire, l’archéologie des idées, l’aventure intellectuelle ou le passé des maisons d’édition, le dit chercheur disposait jusqu’à présent du riche fonds  et des collections de l’IMec (Institut Mémoires de l’édition contemporaine) sis à l’abbaye d’Ardenne (Calvados), une sorte de Thélème en pleins champs près de Caen ; mais ces archives et collections (plus de 700 entrées) n’étaient présentées que dans un environnement d’interrogation unique. Si important que soit un centre de cette nature, il ne correspond plus tout à fait à sa vocation (conserver/communiquer) s’il ne peut accorder leur pleine visibilité à ses trésors. C’est chose faite grâce à Mnesys.

Conçu par Naoned, forme bretonne de la ville de Nantes mais surtout expert numérique spécialisé dans la gestion et la valorisation du patrimoine culturel, ce logiciel avait déjà fait ses preuves dans des centres d’archives départementaux à Saint-Lô et Caen, aux archives municipales de Poitiers ou dans celles de la région Limousin. En effet, il couvre l’ensemble des besoins d’un service d’archives public : collecte, description des documents, traitement, communication…IMG_8881

Déjà, et pour la première fois, le catalogue des imprimés est accessible qu’il s’agisse des revues ou des précieuses bibliothèques personnelles des auteurs notamment.. Désormais, les inventaires sont progressivement consultables sur le Portail des Collections de son site. Les notices descriptives des archives, imprimés et périodiques peuvent être interrogées de plusieurs manières : simple, bibliographique, thématique, par le cadre de classement….

Outre les fonds  très sollicités de l’écrivain Jean Genet et du philosophe Michel Foucault qui attirent nombre de chercheurs venus des universités américaines notamment, de même que les papiers de Louis Althusser qui suscitent actuellement une intéressante initiative, on notera ceux d’écrivains aussi divers que Christine Angot, Tahar Ben Jelloun, Emmanuel Bove, Serge Doubrovsky, Sylvie Germain, Georges Hyvernaud, Irène Nemirovsky, Robert Sabatier ou Alain Robbe-Grillet, des philosophes, des sociologues, des éditeurs ainsi que des historiens tels que Jean-Pierre Vernant, Georges Duby, Jean Chesneaux, Fred Kupferman, et ceux plus récemment arrivés du grand théoricien de la modernité Paul Virilio, du passeur de mémoire Alain Decaux, du sociologue Jean Baudrillard, de l’historien de l’art Georges Didi-Huberman, de l’éditeur Jean-Jacques Pauvert etc ce qui ne donne qu’un faible aperçu de la richesse et de la diversité des papiers conservés à l’IMec. De l’extérieur, pour tout lecteur qui ne connait que les livres, cela peut paraitre très « vieux papiers », froid, désincarné ; c’est méconnaître les émotions, stupeurs et tremblements que peut provoquer ce type de recherche, tant le goût de l’archive peut donner parfois le vertige à celui qui trouve enfin (le document, la lettre, l’information, le signe) surtout s’il ne les cherchait pas vraiment.

Un blog est même consacré par les archivistes à l’actualité des collections : en cette période de commémoration de la première guerre mondiale, on peut y lire des billets sur « Les petits héros de la grande guerre » recueil de nouvelles publié par Hachette dans sa collection « Bibliothèque des écoles et des familles » ; ou encore sur les lettres de l’arrière, notamment celles des collègues, reçues à partir de 1915 par les employés des éditions Larousse mobilisés et envoyés au front.

IMG_8904Lorsque Nathalie Léger, sa directrice générale, a lancé ce chantier de réinformatisation de ses fonds, elle n’ignorait pas le risque encouru par tout projet de reprise et donc de migration de données archivistiques. Mais plutôt que le spectre de leur perte, c’est la perspective de leur amélioration et de leur restructuration qui a prévalu. Celle de leur réinvention en quelque sorte.

Dans une récente livraison des Cahiers de l’Imec (No 10, Automne 2018), un article y fait écho indirectement à propos d’un stage de futurs comédiens et d’un séminaire de metteurs en scène dans les murs de l’abbaye d’Ardenne, à deux pas des fonds de Robert Abirached, Samuel Beckett et Patrice Chéreau. Consacré au « Béguinage des inventeurs », il joue subtilement tant sur la polysémie du mot « béguinage » (petits logements individuels et espaces communs réunis autour d’un jardin en pays flamands depuis le Moyen Âge) que sur celle du mot « invention » (concevoir quelque chose de nouveau, mais aussi mettre au jour ce qui était enfoui). Tout cela pour dire que les milliers de documents conservés à l’IMec attendent en permanence leurs (ré)inventeurs :

« Un fonds d’archives n’est pas qu’un « conservatoire », c’est aussi un « inventoire ». Sans création, la mémoire est peau morte, sans mémoire la création est sans os ».

Tant le néologisme que la métaphore sont signés d’un homme de qualité qui avait voué sa vie au théâtre, Jean-Loup Rivière. Ce fut son dernier article.

(« L’IMec à l’abbaye d’Ardenne » photos Passou)

Cette entrée a été publiée dans Histoire, Histoire Littéraire, vie littéraire.

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commentaires

1 308 Réponses pour L’« inventoire » des archives

jazzi dit: à

Etonnante, la scène de ce boxeur de la passerelle Léopold-Sédar-Senghor, qui relie le musée d’Orsay aux Tuileries, à la hauteur de l’ex-piscine Deligny.
Livre-t-il, à visage découvert, son combat de trop ? Celui qui mettra un terme définitif à sa carrière ou la relancera ?
Il a l’air de sortir tout droit de la série des polars historiques que signèrent à quatre mains Dan Franck et Jean Vautrin, tel « Le temps des cerises », où l’on retrouve leur héros récurrent, le reporter-photographe franco-hongrois, Blèmia Borowicz dit Boro.
Dans ce volume l’action se déroulait en 1936, sur fond de lointaine guerre d’Espagne, de Front Populaire qui se profile à grand pas et d’horribles conspirations de cagoulards. On y croise les hautes figures politiques de Léon Blum et de Charles Maurras, mêlées aux divers personnages anonymes.
Décidément, via les Gilets jaunes, on semble se diriger à grands pas vers des temps troubles…

renato dit: à

Je ne m’exprime pas en latin, Jacques, c’est le titre du livre de Thomas More.
Et pourquoi frère ? pourquoi ce préjugé à 2 balles ? le latin n’est pas seulement la langue de l’église. Je me souviens que lors d’un cours de Stockhausen à Darmstadt l’un de mes amis, ne parlant pas allemand et pas assez bien l’anglais pour poser avec précision une question, la posa en latin et il obtint une réponse enthousiaste de S., en latin…

jazzi dit: à

Ne sommes-nous tous pas un peu frères et soeurs, ici, renato ?

Paul Edel dit: à

« Nous tournons par la rue de Seine, Nadja résistant à aller plus loin en ligne droite. Elle est à nouveau très distraite et me dit de suivre sur le ciel un éclair que trace lentement une main. « Toujours cette main. » Elle me la montre réellement sur une affiche, un peu au-delà de la librairie Dorbon. Il y a bien là, très au-dessus de nous, une main rouge à l’index pointé, vantant je ne sais quoi. Il faut absolument qu’elle touche cette main, qu’elle cherche à atteindre en sautant et contre laquelle elle parvient à plaquer la sienne. « La main de feu, c’est à ton sujet, tu sais, c’est toi. » Elle reste quelque temps silencieuse, je crois qu’elle a les larmes aux yeux. Puis, soudain, se plaçant devant moi, m’arrêtant presque, avec cette manière extraordinaire de m’appeler, comme on appellerait quelqu’un, de salle en salle, dans un château vide : « André ? André ? … Tu écriras un roman sur moi. Je t’assure. Ne dis pas non. Prends garde : tout s’affaiblit, tout disparaît. De nous, il faut que quelque chose reste… Mais cela ne fait rien : tu prendras un autre nom : quel nom veux-tu que je te dise, c’est très important. Il faut que ce soit un peu le nom du feu, puisque c’est toujours le feu qui revient quand il s’agit de toi. La main aussi, mais c’est moins essentiel que le feu. Ce que je vois, c’est une flamme qui part du poignet, comme ceci (avec le geste de faire disparaître une carte) et qui fait qu’aussitôt la main brûle, et qu’elle disparaît en un clin d’oeil. Tu trouveras un pseudonyme, latin ou arabe. Promets. Il le faut. » Elle se sert d’une nouvelle image pour me faire comprendre comment elle vit : c’est comme le matin quand elle se baigne et que son corps s’éloigne tandis qu’elle fixe la surface de l’eau. « Je suis la pensée sur le bain dans la pièce sans glaces. » Extrait de « Nadja » d’André Breton.

renato dit: à

Corsi e ricorsi storici (Giambattista Vico).
Plus ça change, plus c’est la même chose (Alphonse Karr).
Le tragedie si replicano come farse… etc.

caulerpa dit: à

MON PROFESSEUR,éminent latiniste lorsqu’il disait »vous nevoulez pas que je vous le dise en latin, semblait dire faut-il que je vous traite encore de crétins ,bégueules,pour que vous compreniez?

Delaporte dit: à

Jacuzzi, à propos de la piscine Deligny, si bel endroit jadis, l’avez-vous beaucoup fréquentée ?

caulerpa dit: à

sartre
Car, sous l’appellation d' »amours contingentes », c’est bel et bien un psychodrame de la domination d’un sexe sur l’autre que Sartre rejoue lors de chacune de ses liaisons. Il donnait une image qui montrait sans équivoque sa conception : il s’agit de dompter une femme comme on dompte un animal sauvage, avec ruse, mille grâces et habileté, et cela, pour en faire l’égale de l’homme, analyse Pierre de Bonneville.
express

caulerpa dit: à

sartre suite
comment peut-on être aussi malhonnête dans sa vie privée et prétendre à autant de vérités dans les causes que l’on défend devant le monde entier ? On répondra que l’on ne fait pas de la littérature avec de bons sentiments. Et on croira Pierre de Bonneville qui voit en Sartre un romancier plus qu’un philosophe.

Clopine dit: à

Eh bien, ça se confirme : je sais pourquoi je n’ai plus ouvert « Nadja » depuis la troisième. On ne peut rêver d’un univers plus éloigné de ce que j’aime et de ce que je cherche à vivre, et j’ai toujours du mal à ce qu’on poétise la folie (ou qu’on cherche à la poétiser). Le dernier personnage, dans le genre « femme qui va entraîner le héros dans une aventure intense et fantastique sur fond de délire permanent » (stéréotype de la littérature, d’ailleurs, qu’on retrouve chez Miller par exemple), était la Betty de 37°2 le matin, qui finissait par s’énucléer. Mais au moins Djian ne l’encombrait pas de signes plus ou moins ésotériques à tendance spirituelle, et la couchait tout bonnement dans le lit du héros, où elle faisait merveille… Ah là là, mon pauvre Paul Edel, votre romantisme vous empêche-t-il de voir le machisme, derrière tout ça, ou bien continuerez-vous à admirer les féminines « déchirures » (tout comme la Claudine de Colette se gaussait de certaines « fissures »…) qui ne disent pas leur nom ?

caulerpa dit: à

Sur la double page centrale, un dessin de Juin montre des « obscurantistes » en train de célébrer l’anniversaire de l’attentat : on y voit notamment le Pape, plusieurs membres de la famille Le Pen, Dieudonné, Eric Zemmour, Donald Trump, l’animateur TV Cyril Hanouna ou encore l’écrivain Michel Houellebecq, que l’hebdomadaire avait caricaturé en une du numéro du 7 janvier 2015.
sur charlie express

renato dit: à

« Bon, c’est vrai que l’œuvre de Sartre semble avoir disparu avec les 45 tours, pour cette simple raison j’aime imaginer Borges composer une fiction où le personnage est un intellectuel qui se définit par des lieux communs ramassés dans l’œuvre d’un Critique de le Philosophie ; je l’imagine qu’afin de bien conduire sa narration il développe une praxis qui s’appuie sur la tendance du sens commun à faire la différence entre la réalité et l’apparence, entre une réalité de la surface et une réalité de la profondeur, entre divers genres de situations et de choses réelles. En un mot, popperienne — ou dans ces eaux-là. Il se peut que seulement à ces conditions, seulement en étant dans l’histoire d’un autre, la vie et l’œuvre de J-P. S. auraient finalement un sens cohérent. Il y a le risque que cela devienne trop métaphysique pour mes goûts. D’un autre point de vue, que la précision de l’imaginaire borgesien soit un trop beau cadeau pour un intellectuel qui a préféré croire que manifester avec des étudiants « en carrière » aurait pu combler les vides laissés par son incapacité d’interroger la littérature et en conséquence le concept de vérité — ce qui m’induit à relever le fait qu’il n’y a pas de contiguïté esthétique entre les lourdeurs de Sartre et la légèreté de Borges, ainsi je laisse tomber ma rêverie pour passer à autre chose… »

caulerpa dit: à

plein de nouveaux noms de pleine lune pour les poètes et les photographes sur le monde

closer dit: à

Comme Clopine, je suis à peu près insensible à tout ce fatras romantique autour de la folie…En revanche, je ne vois pas en quoi cette approche est particulièrement « machiste ». C’est une obsession chez elle. Pour trouver du machisme dans l’épisode d’Ulysse et de Nausicaa, comme elle a osé le faire, il faut être un peu malade…Que vouliez-vous qu’une jeune princesse fît dans une île du bassin méditerranéen 1000 ans avant JC? Qu’elle dresse des chevaux? Qu’elle entraîne des gladiateurs ? Quand on fait sagement son repassage tous les samedis matin en écoutant « Répliques » 2019 ans après JC, on est assez mal placée pour s’indigner des tâches de la merveilleuse Nausicaa!

L’œuvre d’Homère est aussi peu machiste que possible compte-tenu de son époque, qui n’avait pas eu la chance d’être rééduquée par Momone et Judith Butler…Mais il faut un minimum de réflexion pour le comprendre.

Paul Edel dit: à

Vois- tu Jazzi , ce qui trouble le plus dans cette expérience de « Nadja », c’est qu’André Breton , dans ce récit éclaté, discontinu, avec documents photographiques ,indications de lieux et d’ heures , met en question la belle tromperie de l’ écriture romanesque .. A l’inverse de tous ceux qui s’extasient de manière mécanique devant les « pouvoirs de l’écriture » à longueur d’interviews, Breton, méfiant envers tout « romanesque » insiste, lui, sur l’infirmité de l’écriture. Son mensonge. Cette recomposition après coup d’une expérience vitale et des signaux secrets que nous envoie le monde.. En cherchant à réduire ce fossé par une recherche d’une exactitude clinique (n’oublions jamais la formation médicale de Breton), ce « journal de rencontres » avec Nadja, du 4 au 13 octobre 1926, respectant les trous, les fractures, les vides, les questions sans réponse, de ces rencontres, Breton offre un récit détonant. C’est grâce à sa méfiance envers le langage, sa morale intransigeante (au contraire des facilités d’ Aragon, son ami à l ‘époque) que Breton obtient cet accent si particulier de « vérité » dans « Nadja « .

Clopine, bien loin de « poetiser la folie », Breton s’acharne à préciser, la complexité la fragilité, les signes et les liens si complexes , qui rattachent un homme et une femme pendant quelques jours et vont les bouleverser..

closer dit: à

Caulerpa, les « amours contingentes », il me semble que Simone en a eues au moins autant que JPS!

Jacques R. dit: à

Toujours plus nombreux sont les Français qui pensent que péter la gueule d’un gilet jaune, d’un Eric Drouet ou d’un Mélenchon est un devoir national.

Paul Edel dit: à

Avec votre sectarisme triomphant, vos lectures approximatives, le mouvement féministe n’a pas besoin d’ennemis, il a dans ses rangs, des gens comme vous,Clopine, qui se chargent de le caricaturer.

Jacques R. dit: à

péter la gueule d’un gilet jaune, d’un Eric Drouet

ou de ceux qui les soutiennent et affectent de les « comprendre », y compris sur ce blog.

Jacques R. dit: à

il a dans ses rangs, des gens comme vous,Clopine, qui se chargent de le caricaturer. (Paul Edel)

De toute façon, la Clopine est une caricature.

jazzi dit: à

Pour bien lire, Clopine, il faut parfois chausser des lunettes, mais il faut avant tout retirer ses oeillères.

Je confirme, Paul, très grand livre que le Nadja.

Un extrait de mon « Goût du rêve », 2010.

ANDRE BRETON

Le Rêve fou

Au désir d’André Breton : « J’ai toujours incroyablement souhaité de rencontrer, dans un bois, une femme belle et nue », répondra la rencontre, rue Lafayette, le 4 octobre 1926, « à la fin d’un de ces après-midi tout à fait désoeuvrés et très mornes », de Nadja. Une jeune femme blonde, socialement plus proche de Nana que de Madame Bovary. Surréelle et perdue dans un univers d’irréalité, cette Mélusine revisitée, qui sera dévorée tout entière par le serpent de la folie, inspirera à l’auteur de L’Amour fou l’un de ses plus beaux livres. Pourtant, leur liaison n’excéda pas une dizaine de jours à travers les rues de Paris et s’acheva par un voyage en forêt de Saint-Germain- en-Laye. Le temps nécessaire cependant pour que le poète, quelques mois après, en rédige la chronique, tandis que Leona D., alias Nadja, alors âgée de 24 ans, était définitivement internée. Fragments d’un récit, halluciné, dont la dernière phrase nous avertit que : « La beauté sera CONVULSIVE ou ne sera pas. »

5 octobre – Elle me dit encore : « Je vois chez vous. Votre femme. Brune, naturellement. Petite. Jolie. Tiens, il y a près d’elle un chien. Peut-être aussi, mais ailleurs, un chat (exact). Pour l’instant, je ne vois rien d’autre. » Je me dispose à rentrer chez moi, Nadja m’accompagne en taxi. Nous demeurons quelque temps silencieux, puis elle me tutoie brusquement : « Un jeu : dis quelque chose. Ferme les yeux et dis quelque chose. N’importe, un chiffre, un prénom. Comme ceci (elle ferme les yeux) : Deux, deux quoi ? Deux femmes. Comment sont ces femmes ? En noir. Où se trouvent-elles ? Dans un parc… Et puis, que font-elles ? Allons, c’est si facile, pourquoi ne veux-tu pas jouer ? Eh bien, moi, c’est ainsi que je me parle quand je suis seule, que je me raconte toutes sortes d’histoires. Et pas seulement de vaines histoires : « c’est même entièrement de cette façon que je vis. »

6 octobre – Le regard de Nadja fait maintenant le tour des maisons [place Dauphine]. « Vois-tu, là-bas, cette fenêtre ? Elle est noire, comme toutes les autres. Regarde bien. Dans une minute elle va s’éclairer. Elle sera rouge. » La minute passe. La fenêtre s’éclaire. Il y a, en effet, des rideaux rouges. (Je regrette, mais je n’y puis rien, que ceci passe peut-être les limites de la crédibilité. Cependant, à pareil sujet, je m’en voudrais de prendre parti : je me borne à convenir que de noire, cette fenêtre est alors devenue rouge, c’est tout.) J’avoue qu’ici la peur me prend, comme aussi elle commence à prendre Nadja. « Quelle horreur ! Vois-tu ce qui se passe dans les arbres ? Le bleu et le vent, le vent bleu. Une seule autre fois j’ai vu sur ces mêmes arbres passer ce vent bleu. […] Il y avait aussi une voix qui disait : Tu mourras, tu mourras. Je ne voulais pas mourir mais j’éprouvais un tel vertige… Je serais certainement tombée si l’on ne m’avait retenue. »

10 octobre – Nous dînons quai Malaquais, au restaurant Delaborde. Le garçon se signale par une maladresse extrême : on le dirait fasciné par Nadja. Il s’affaire inutilement à notre table, chassant de la nappe des miettes imaginaires, déplaçant sans motif le sac à main, se montrant tout à fait incapable de retenir la commande. Nadja rit sous cape et m’annonce que ce n’est pas fini. En effet, alors qu’il sert normalement les tables voisines, il répand du vin à côté de nos verres et, tout en prenant d’infinies précautions pour poser une assiette devant l’un de nous, en bouscule une autre qui tombe et se brise. Du commencement à la fin du repas (on entre de nouveau dans l’incroyable), je compte onze assiettes cassées.

12 octobre – Après dîner, autour du jardin du Palais-Royal, son rêve a pris un caractère mythologique que je ne lui connaissais pas encore. Elle compose un moment avec beaucoup d’art, jusqu’à en donner l’illusion très singulière, le personnage de Mélusine. A brûle-pourpoint elle demande aussi : « Qui a tué la Gorgone, dis-moi, dis. » J’ai de plus en plus de peine à suivre son soliloque, que de longs silences commencent à me rendre intraduisible. En matière de diversion, je propose que nous quittions Paris.

Qui étions-nous devant la réalité, cette réalité que je sais maintenant couchée aux pieds de Nadja, comme un chien fourbe ? Sous quelle latitude pouvions-nous bien être, livrés ainsi à la fureur des symboles, en proie au démon de l’analogie, objet que nous nous voyions de démarches ultimes, d’attentions singulières, spéciales ? D’où vient que projetés ensemble, une fois pour toutes, si loin de la terre, dans les courts intervalles que nous laissait notre merveilleuse stupeur, nous ayons pu échanger quelques vues incroyablement concordantes par-dessus les décombres fumeux de la vieille pensée et de la sempiternelle vie ? J’ai pris, du premier au dernier jour, Nadja pour un génie libre, quelque chose comme un de ces esprits de l’air que certaines pratiques de magie permettent momentanément de s’attacher, mais qu’il ne saurait être question de se soumettre.
(« Nadja », Editions Gallimard, 1928 et 1963)

Chantal dit: à

Mais Clopine, ne faut – il pas considérer que l’auteur a le droit d’inventer, de projeter sa part féminine dans une narration, pourquoi se figer dans une posture contrôle freak ? Je sais que c’est la mode de revisiter les contes de changer l’approche qui est faite de l’image des femmes en littérature, issue d’une époque où ce n’était encore que des récits oraux, s’inventant pourtant sans cesse au fil des siècles. L’image de l’homme a évolué aussi, nous le montrant non pas héroïque mais faible, ruiné par la guerre et maintenant le déclassement et le chômage. Michel Houellebecq comme Nicolas Mathieu nous tendent un miroir peu flatteur de nous même, en cela si on n’a pas un minimum d’humour si on est toujours dans « la gagne » en marche, privés de nos déviances et de notre accès au délire, je mets autant de moi dans un personnage masculin que féminin, le travail est parfois plus intéressant aussi de se glisser dans la peau de quelque chose qu’on ne comprend pas au départ, pourquoi ces archétypes ? Le cinéma nous montre chaque jour de façon amplifiée toute la déclinaison des passions . La littérature poétique est un autre champs, cela vous gêne peut -être ce refoulé insaisissable à moraliser.

closer dit: à

Tout ce que je vois, mon cher Paul, c’est que Nadja a fini internée, que Breton n’a pas daigné aller la voir, après avoir exploité les délicieuses excentricités encore utilisables dans un livre « surréaliste », forcément surréaliste, de la pauvre fille qui poursuivait sa main rouge en sautillant sur le trottoir. Il aurait mieux fait de croire au pouvoir de l’écriture et d’écrire un vrai roman. Mais de cela il était probablement totalement incapable…

Jacques R. dit: à

Clopine est bête, bête à manger le reste du foin qu’elle sert à son âne (Clopin).

Jacques R. dit: à

« Nadja » est un fort beau livre, qui vaut n’importe quel roman. Quant au sort réel ultime de celle qui l’a partiellement inspiré, on s’en tamponne absolument.

jazzi dit: à

Commence par lire Nadja, closer. Et viens nous en reparler ensuite.

Clopine dit: à

Vous avez raison, Closer, et j’ai eu tort de mêler Nausicaa à Nadja – parce que c’est justement l’inverse chez Homère : le héros Ulysse ballotté, échoué, et les jeunes filles entourant la princesse qui vient surveiller le séchage des draps, c’est juste le réel qui vient s’inviter dans l’Odyssée, et cette rencontre est un de mes passages préférés. Je crois que ce que j’avais en tête était une réflexion plus large sur les « jeunes filles » en littérature, mises effectivement à toutes les sauces, en commençant par Nausicaa (mais encore une fois, la rencontre homérique de Nausicaa et d’Ulysse n’a rien de machiste, au contraire, c’est la jeune fille qui tient toutes les clés en main.) Excusez donc ma maladresse d’expression : j’ai écrit trop vite.

Paul, soupir. Il suffit de ne pas admirer ce que vous admirez, et d’en donner une explication ma foi un brin politique, pour se voir appliquer les baîllons du mépris, sous forme d’épithètes choisies. Je ne crois pas vous en servir autant.

Phil dit: à

stimulants commentaires de Paul Edel sur Nadja, m’en vais reprendre le beau poche Nadja, couverture Pierre Faucheux. L’ascension du Teide est grandement facilitée par l’Amour fou.
Dear Chaloux, au 193 de l’avenue Louise un « medical center » porte désormais le nom de Yourcenar. on y soigne de tout, du boiteux à l’aveugle et surtout la mémoire alzheimée des générations non-liseuses.
Dear Closer, lu votre mise au point sur les velléités flamingantes (je connecte ici par intermittence et dois remonter à la mollette les prestigieuses archives). Connaissez-vous « Térébenthine et Guerre » de Stefan Hermans (traduit du flamand « Oorlog et T.. »..quel beau mot cet « oorlog » pour dire la guerre, n’est-ce-pas ? Ce n’est pas encore Yourcenar flamande mais le ton y est. la morgue francophone belge à l’égard n’est pas un mythe.

closer dit: à

A lire ton extrait J2z, moi, je l’aurais plaquée après la première rencontre!

Non, sérieux, que Popaul se laisse prendre à ces artifices à deux balles et qu’il refuse de lire le Quichotte où le rêve et une sorte de folie, mais une folie passionnante et pleine de sens, infuse tout le récit, m’est incompréhensible. Mais bon, je n’ai pas le quart du dixième de sa culture et de ses compétences littéraires.

closer dit: à

Merci Clopine, votre plume a fourché!

closer dit: à

Non Phil, de la littérature flamande récente (relativement), je ne connais que « Le chagrin des belges » de Hugo Claus. Très bon souvenir, beau livre.

Il y a de « bons flamands »!

Clopine dit: à

Chantal, je suis d’autant plus d’accord avec vous sur le pouvoir de la littérature à brouiller la quête identitaire, que, comme tant d’autres, j’ai lu, petite fille, essentiellement des livres écrits par des hommes et des bandes dessinées d’où les femmes étaient pratiquement totalement exclues, comme chez Hergé ou chez E.P.Jacobs. IL faut que l’imaginaire soit donc bien fort pour qu’une fillette arrive tout de même à s’identifier à des héros dans des univers exclusivement masculins, comme chez Jules Verne tenez, ou dans lesquels les femmes sont réduites à de simples silhouettes, des Bécassines sans bouche. Et il n’est certes pas dans mes intentions de clouer au pilori les littératures machistes, qui ne pouvaient être autres que machistes puisque les sociétés où elles fleurissaient l’étaient elles aussi : il n’y aurait plus rien à lire, ahahah.

Je veux juste dire (si j’en ai le droit ?) que l’univers de Breton m’a toujours paru le plus éloigné de moi possible, et que j’y vois, par contre, comme une sorte d’exploitation machiste (eh oui, que voulez-vous…) d’une psychose féminine. Sublimée par la poésie, me direz-vous ? Voire. C’est comme dans les bouquins d’Henri Miller, Sexus et autres… La frénésie de l’écriture ne parvient pas à me cacher l’inconscient masculin attaché au plaisir de contempler ce qui est avant tout, pour moi, une victime : une femme à la raison obscurcie.

Mon adolescence ne se trompait pas, quand elle cherchait à tâtons, parmi le fatras offert, les textes et les idées qui pouvaient m’aider à me construire. Les livres des surréalistes, Breton en tête, ne m’y aidaient pas… Mais je n’empêche personne d’aimer ça, oh là là…

renato dit: à

Dans Nadja Breton cherche à concilier le « monde des choses vues » avec le « monde des choses lues. C’est tout l’intérêt du livre. Livre qui, d’ailleurs, le rachète de l’horrible bévue, pour ne pas dire connerie trotskiste, qui fut le Congrès international pour la détermination des directives et la défense de l’esprit moderne.

closer dit: à

Je l’ai lu il y a longtemps, J2z. M’a laissé à peu près indifférent, mais je n’aurais pas osé l’avouer…J’était à un âge et à une époque où le surréalisme et André Breton étaient des espèces de totems qu’il était impensable de ne pas vénérer.

Aujourd’hui, je m’en fous complètement!

renato dit: à

« monde des choses lues » — oublié un guillemmet…

jazzi dit: à

Nadja fascine et fait peur car elle renvoie à la folie. Pas seulement celle des femmes, mais des hommes aussi, comme celle du pauvre Gérard. Entre l’Aurélia de Nerval et la Nadja de Breton, il y a plus qu’une affinité littéraire.

GERARD DE NERVAL

La divine tragédie

Avec le romantisme, le rêve, traité généralement avec dédain par les Encyclopédistes, qui ne voyaient que mensonge et illusion en cette matière, va retrouver toute sa dimension métaphysique. Notamment pour Gérard de Nerval, dont le sublime Aurélia se présente comme un long poème en prose, où rêveries et rêves nocturnes mêlés lui permettent de renouer avec l’esprit divin et d’accéder au séjour des morts, comme Dante l’avait fait avant lui. Commencé en 1841, puis repris en 1853 et achevé fin 1854, ce récit onirique, tout à la fois halluciné et lucide, qui sera publié en feuilleton dans la presse au début de l’année 1855, au moment même où, gagné par la folie, il finira par se pendre, nous offre d’embrasser d’un regard la totalité simultanée de sa vie profonde. C’est ainsi qu’il retrouvera la défunte Jenny Colon (Aurélia), le grand amour « qui a dévoré ma jeunesse ». Et jamais oublié par la suite.

« J’entrai dans une vaste salle où beaucoup de personnes étaient réunies. Partout je retrouvais des figures connues. Les traits des parents morts que j’avais pleurés se trouvaient reproduits dans d’autres qui, vêtus de costumes plus anciens, me faisaient le même accueil paternel. Ils paraissaient s’être assemblés pour un banquet de famille. Un de ces parents vint à moi et m’embrassa tendrement. Il portait un costume ancien dont les couleurs semblaient pâlies, et sa figure souriante, sous ses cheveux poudrés, avait quelque ressemblance avec la mienne. Il me semblait plus précisément vivant que les autres, et pour ainsi dire en rapport plus volontaire avec mon esprit. – C’était mon oncle. Il me fit placer près de lui, et une sorte de communication s’établit entre nous ; car je ne puis dire que j’entendisse sa voix ; seulement, à mesure que ma pensée se portait sur un point, l’explication m’en devenait claire aussitôt, et les images se précisaient devant mes yeux comme des peintures animées.
– Cela est donc vrai ! disais-je avec ravissement, nous sommes immortels et nous conservons ici les images du monde que nous avons habité. Quel bonheur de songer que tout ce que nous avons aimé existera toujours autour de nous !… J’étais bien fatigué de la vie !
– Ne te hâte pas, dit-il, de te réjouir, car tu appartiens encore au monde d’en haut et tu as à supporter de rudes années d’épreuves. Le séjour qui t’enchante a lui-même ses douleurs, ses luttes et ses dangers. La terre où nous avons vécu est toujours le théâtre où se nouent et se dénouent nos destinées : nous sommes les rayons du feu central qui l’anime et qui déjà s’est affaibli…
– Eh quoi ! dis-je, la terre pourrait mourir, et nous serions envahis par le néant ?
– Le néant, dit-il, n’existe pas dans le sens qu’on l’entend ; mais la terre est elle-même un corps matériel dont la somme des esprits est l’âme. La matière ne peut pas plus périr que l’esprit, mais elle peut se modifier selon le bien et selon le mal. Notre passé et notre avenir sont solidaires. Nous vivons dans notre race, et notre race vit en nous.
Cette idée me devint aussitôt sensible, et, comme si les murs de la salle se fussent ouverts sur des perspectives infinies, il me semblait voir une chaîne non interrompue d’hommes et de femmes en qui j’étais et qui étaient moi-même ; les costumes de tous les peuples, les images de tous les pays apparaissaient distinctement à la fois, comme si mes facultés d’attention s’étaient multipliées sans se confondre, par un phénomène d’espace analogue à celui du temps qui concentre un siècle d’action dans une minute de rêve. »

Chantal dit: à

Mais oui il y a de bons flamands, et parfois malheureux d’être les otages de politiciens. J’ai les yeux fatigués à force de lire, je vais aller marcher au Tenbosch.

Clopine dit: à

Eh bien, la caricaturale Clopine a au moins le bon sens d’être cohérente avec elle-même, Jazzi, en cherchant plus l’équilibre que la folie, le réel que l’irrationnel magique, et la raison plus que le désespoir. Je lirai donc avec plus de profit les encyclopédistes que les Nerval fiévreux, sans aucun doute. Ahaha.

Chaloux dit: à

Ce que je me souviens surtout d’avoir aimé dans Nadja, c’est le caractère très daté et par ce biais dépaysant du livre. Je serais curieux de le relire aujourd’hui. Breton a proscrit le roman mais il est tombé dans le roman de soi et dans d’autres formes romanesques sauvages comme le hasard objectif, du type de l’histoire du porte-clef « Béatrice » trouvé sur une plage de Guérande. Pas moins d’artifice, pas moins d’illusion, mais autres. Son grand mérite -et surtout peut-être celui d’autres surréalistes- est d’avoir extrait la littérature de son genre 1920, du 1880 sur-réchauffé devenu « irrespirable ».

Chaloux dit: à

Nerval n’est pas si souvent fiévreux. Il a plutôt le parfum des chemins du Valois (sans compter ceux de l’Orient).

jazzi dit: à

LOUIS ARAGON

Le retour des rêveurs

« J’exige que les rêves qu’on me fait lire soient écrits en bon français », réclamait péremptoirement Louis Aragon dans son Traité du style (1928). Quatre ans auparavant, en pleine émergence du surréalisme, il saluait, avec éclat, la place prépondérante du rêve à la base de toute création artistique. Publié en octobre 1924, Une vague de rêve, de Louis Aragon, rédigé durant l’été précédent, quelques semaines avant Le Manifeste d’André Breton, serait, selon son auteur, le premier texte fixant définitivement le mot « surréalisme ». Lyrique et théorique tout à la fois, ce texte fondateur sera suivi d’une mise en pratique tout aussi magistrale, puisque Aragon publiera, deux ans plus tard, Le Paysan de Paris.

« Une idée qui s’est formée ne se borne pas à être, elle se réfléchit : elle existe. Ainsi le concept de la surréalité pendant deux années revint sur lui-même entraînant avec soi un univers de déterminations. Et dans ce repliement il retrouve d’abord les images qui présidèrent à sa genèse, comme un fils ses parents alors que tout son corps est assemblé et mû dans ses parcelles, prêt à de grands mystères et déjà tout oublieux de ces vieillards. Il retrouve à son point de départ le rêve, d’où il est sorti. Mais maintenant le rêve, à la lueur du surréalisme, s’éclaire, et prend sa signification. Aussi André Breton, s’il note alors ses rêves, ceux-ci pour la première fois depuis que le monde est monde, gardent dans le récit le caractère du rêve. C’est que l’homme qui les recueille a accoutumé sa mémoire à d’autres rapports que les pauvres réalités des veilleurs. Aussi Robert Desnos apprend à rêver sans dormir. Il parvient à parler ses rêves, à volonté. Rêves, rêves, rêves, le domaine des rêves à chaque pas s’étend. Rêves, rêves, rêves, le soleil bleu des rêves enfin fait reculer les bêtes aux yeux d’acier vers leurs tanières. Rêves, rêves, rêves sur les lèvres de l’amour, sur les chiffres du bonheur, sur les sanglots de l’attention, sur les signaux de l’espoir, dans les chantiers où se résigne un peuple auprès des pioches. Rêves, rêves, rêves, tout n’est que rêve où le vent erre, et les chiens aboyeurs sortent sur les chemins. Ô grand Rêve, au matin pâle des édifices, ne quitte plus attiré par les premiers sophismes de l’aurore ces corniches de craie où t’accoudant tu mêles tes traits purs et labiles à l’immobilité miraculeuse des statues ! Ecarte ces clartés intolérables, ces saignements du ciel qui éclaboussent depuis trop longtemps mes yeux. Ta pantoufle est dans mes cheveux, génie au visage fumé, ténebre éclatante enroulée à mon souffle. Empare-toi du reste de ma vie, empare-toi de toutes les vies, marée montante à l’écume de fleurs. Des présages par-dessus des tours, des visions au fond de mares d’encre, dans la poussière du café, des migrations d’oiseaux sur la latéralité des devins, des cœurs consultés par des doigts sanglants, des rumeurs, annoncent – les temps se déroulent des draperies – ton règne et ton cyclone, adorable sirène, clown incomparable des cavernes, ô songe adossé au corail, couleur des chutes, odeur du vent ! 1924 : sous ce nombre qui tient une drague et traîne après lui une moisson de poissons-lunes, sous ce nombre orné de désastres, étranges étoiles dans ses cheveux, la contagion du rêve se répand par les quartiers et les campagnes. De grands exemples se lèvent des champs purs. […]
Saint-Pol Roux, Raymond Roussel, Philippe Daudet, Germaine Berton, Saint-John Perse, Pablo Picasso, Georges de Chirico, Pierre Reverdy, Jacques Vaché, Léon-Paul Fargue, Sigmund Freud, vos portraits sont accrochés aux parois de la chambre du rêve, vous êtes les présidents de la République du rêve.
Et maintenant voici les rêveurs.
(« Une vague de rêve », Editions Seghers, 2006)

Chantal dit: à

Mais oui il y a de bons flamands, et parfois malheureux d’être les otages de politiciens. J’ai les yeux fatigués à force de lire, je vais aller marcher au Tenbosch.

Je comprends votre point de vue Clopine, mais moi je n’ai jamais lu dans le but de me construire une identité, je lisais parce que les vacances étaient longues et ennuyeuses et que tout ce qui me permettait d’accéder à autre chose que mon rôle de fille aînée qui doit montrer l’exemple dans la vie courante me semblait infiniment plus tentant. La lecture me permettait d’entrer par effraction dans le cerveau de parfaits inconnus de papier et de me laisser mener par le bout du nez par la fiction. Je redescendait l’escalier parfois complètement décalée ayant lu parfois très jeune des ouvrages à l’index. je ne parlais à personne de mes lectures, sauf parfois à ma mère qui m’imposait les siennes sans même se rendre compte qu’elle me barbait. Si je n’écris pas plus c’est qu’elle vit toujours et je me suis rendu compte qu’elle est très rancunière elle lit derrière mon dos et me lance des piques.J’en ai parlé à une amie écrivain reconnue et elle m’a confirmé ce rapport tendu avec la sienne de mère, les femmes sont parfois les pires ennemies des femmes …

Jacques R. dit: à

La débilité de l’écriture inclusive n’a d’égale que l’indigence culturelle sur laquelle elle est bâtie.

La meilleure façon de contrer cette mode imbécile, c’est le militantisme de masse, arguments et pratiques à l’appui. Militantisme de masse : selon les estimations officielles, environ 50 000 gilets jaunes arpentaient hier les rues de nos villes. On suppose que ces gens sont des électeurs ; or la France compte plus de 45 millions d’électeurs. Cela donne environ un gilet jaune pour 900 électeurs. Que pensent, que font les autres ? Depuis le début de ce mouvement, je suis sidéré par l’inertie de cette masse à peu près silencieuse.

jazzi dit: à

Allez, encore un petit dernier pour la route !

Antonin Artaud, après une crise, lors d’un séjour à Dublin, durant lequel on lui aurait volé la propre canne de saint Patrick, fut interné neuf années. A sa libération, il en profita pour adresser une lettre de réclamation au pape, particulièrement virulente : non il ne se prend pas pour Jésus-Christ, c’est Jésus-Christ qui se fît passer jadis pour Antonin Artaud, nuance !

Ier octobre 1946.

1° Je renie le baptême.
2° Je chie sur le nom Chrétien.
3° Je me branle sur la croix de dieu (mais la branlette, Pie XII, n’a jamais été dans mes habitudes, elle n’y entrera jamais. Peut-être devez-vous commencer à me comprendre).
4°C’est moi (et non Jésus-Christ) qui a été crucifié au Golgotha, et je l’ai été pour m’être élevé contre dieu et son christ,
parce que je suis un homme
et que dieu et son christ ne sont que des idées
qui portent d’ailleurs la sale marque de la main de l’homme ;
et ces idées pour moi non jamais existé. […]
Or j’ai été arrêté, emprisonné, interné et empoisonné de septembre 1937 à mai 1946 exactement pour les raisons pour lesquelles j’ai été arrêté, flagellé, crucifié et jeté dans un tas de fumier à Jérusalem il y a un peu plus de deux mille ans.
Il y a dirai-je d’ailleurs beaucoup plus de deux mille ans.
Car ce chiffre de deux mille ans représente les 2 000 ans de vie historique écoulés depuis la mort du crucifié du Golgotha jusqu’à aujourd’hui. Historique, c’est-à-dire officiellement recueillis, repérés et inventoriés. Car en fait le temps ce jour-là a fait faire aux choses un saut terrible, et je me souviens parfaitement bien, Pie XII, que sorti du tas de fumier où j’avais séjourné trois jours et demi dans l’attente de me sentir mort pour me décider à me lever, non tellement le souvenir de la douleur, mais celui de l’obscène insulte d’avoir été déshabillé publiquement puis flagellé sur ordre spécial des prêtres, celui des gifles, des coups de poing sur la face, et des coups de barre dans le dos venus de l’anonyme populace qui sans autre raison avouable ne me haïssait que parce que j’étais Antonin Artaud (et c’était mon nom il y a deux mille ans comme aujourd’hui), l’épouvantable mémoire donc de tant de mains abjectes battant ma face, qui les ignorait et ne leur avait rien fait, me donna un tel haut-le-cœur, que je sentis en éclater, physiquement en éclater ma poitrine, et l’histoire n’a pas conservé la mémoire de la période funèbre qui a suivi.
Or j’ai été empoisonné à mort de 1937 à 1940, sur l’ordre aussi bien de la sûreté générale française, que de l’intelligence service, que du guépéou, que de la police du vatican.
Mais si je suis mort il y a deux mille et quelques années sur une croix je vous fous mon billet que cette fois-ci on ne m’aura pas dans une cellule d’asile, une casemate de fort ou les chiotes d’une prison, et ma conscience ne sera pas tranquille, ni les mânes du mort que je suis apaisés avant de vous avoir fait cuire sexe en l’air, vous le sexe en l’air, Pie XII, avec quelques-uns de vos moines de Bohême ou de Moldavie sur le grand autel de Saint-Pierre-de-Rome et celui plus tendancieusement prêtre et occulte de Saint-Jean-de-Latran.

Antonin Artaud.
(« Adresse au pape »)
http://www.gallimard.fr/Catalogue/MERCURE-DE-FRANCE/Le-Petit-Mercure/Le-gout-du-reve

Chaloux dit: à

Aragon et son fameux style en papier mâché… euh non… sucé. Quelle horreur…

Hurkhurkhurk!

caulerpa dit: à

Ad usum Delphini est une locution latine signifiant « à l’usage du Dauphin ». Elle désigne une collection de classiques grecs et latins destinés à l’instruction de Louis de France, fils du roi Louis XIV, entreprise à l’initiative du duc de Montausier sous la supervision de Bossuet et Pierre-Daniel Huet1.

Cette formule était estampillée sur la couverture des textes classiques qui avaient été épurés de leurs passages trop scabreux ou inappropriés pour le jeune âge du Dauphin. Les textes ainsi expurgés furent ensuite réimprimés et utilisés dans les écoles2.

Chaloux dit: à

Merci, Dear Phil, si je me sens mal j’irai me faire soigner là plutôt que partout ailleurs.

caulerpa dit: à

.J’en ai parlé à une amie écrivain reconnue et elle m’a confirmé ce rapport tendu avec la sienne de mère, les femmes sont parfois les pires ennemies des femmes …bien vu;le rapport fille et mère,pour le plus grand profit des hommes, croient-ils,est certainement des plus éloquents de la haine en famille;hier,j’ai lu une critique de Marie Billetdoux;ça, ça m’intéresse
https://bibliobs.nouvelobs.com/documents/20100222.BIB4914/marie-billetdoux-a-nu.html

closer dit: à

J’espère que c’est bien le dernier Annibal! Quel pensum!

Chaloux dit: à

Relations mère-filles?

Heureux ceux de qui les parents meurent jeunes.

Montherlant.

Chaloux dit: à

Jazzi, c’est le roi du cataplasme littéraire. A consommer avec modération.

caulerpa dit: à

le psy sibony avait naguère écrit sur son blog que s’il entendait les psys parler du père, ce qu’il constatait dans son cabinet, ce sont lesépuvantables relations mère fille;ceci explique-t-il que toutes les dames enseignants de la RDL y écrivent qu’elles ont été des profs adorées?

Chantal dit: à

@ caulerpa, voilà.

Ed dit: à

Les surréalistes sont une denrée rapidement périssable. J’ai essayé de lire Nadja il y a quelques années, j’ai trouvé ça vraiment trop fade.

Ed dit: à

11:49
Dans le mille ! Pas pour les enseignantes de la rdl et leurs autocongratulations, mais pour la première partie du commentaire.

jazzi dit: à

Mère fils c’est pas mal non plus, caulerpa.

Très tôt j’ai du apprendre à faire avec le folie.
J’avais tout juste onze ans, en ce début de printemps 1963, qui suivit la mort de mon père, l’hiver précédent.
J’étais encore en CM2.
Un jour, en fin de matinée, ma mère, passablement agitée, me traîna à l’église Saint-Charles, proche de notre domicile.
Dans l’église déserte et silencieuse, une femme terminait la décoration florale, en vue d’une future cérémonie de mariage.
Je reconnus, confus, la mère de mon copain d’école, Michel Basso.
Ma mère se dirigea alors vers une chapelle latérale, prit un grand vase qui se trouvait là, le remplit d’eau à ras-bord, et vint se poster au centre, face à l’autel, moi à ses côtés.
Devant nous se déployait la balustrade en marbre blanc que mon défunt père avait sculptée.
Tendant le vase face à la Croix, ma mère s’adressa directement à Dieu : « Ceci est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ! »
Puis elle le lâcha et celui-ci vint s’écraser au sol dans un bruyant fracas.
Cela fait, elle me tira par le bras, puis nous sortîmes aussitôt, moi rouge de honte, sous le regard hagard de la mère de mon copain.

Chaloux dit: à

Jazzi, ta mère semble avoir été habitée par une sorte de génie. C’est un personnage très intéressant.

jazzi dit: à

Très tôt j’ai dû apprendre à composer avec la folie (c’est mieux)

closer dit: à

J2z nous a maintes fois parlé de ses souffrances d’enfant avec une mère, disons « difficile »…pour avoir fait face courageusement, il mérite notre admiration.

Mais ce n’est pour cela, que je partage cette fascination niaise pour les écrivains qui se nourrissent de la folie ou qui en sont eux-mêmes prisonniers (Artaud)…

Chaloux dit: à

Closer, avez-vous lu Le théâtre et son double, le texte sur Van Gogh etc.? C’est génial.

renato dit: à

Ça ce n’est pas de la folie. Jacques, mais une normale et saine manifestation de sa foi, un brin pop mais sincère. Voyez plutôt :

https://youtu.be/pGLLnSFnkkU

renato dit: à

Je supporte mal l’exploitation de la folie d’autri — c’est la limite de Breton dans son approche de Nadja, envers et contre le résultat ; d’un autre côté, la folie n’est pas incompatible avec la création : le fait de la folie n’aliène pas les compétences.

renato dit: à

Et même si JJJ semble ne pas avoir apprécié :

https://blogfigures.blogspot.com/2010/10/franco-basaglia.html

[« La folie est une condition humaine. La folie existe en nous et elle est présente comme la raison. Le problème est que la société, pour se dire civilisée, devrait accepter la raison et la folie, mais elle préfère charger une science, la psychiatrie, de la tâche de traduire la folie en maladie dans le but de l’éliminer. », piètre traduction mais le sens est lâ ]

jazzi dit: à

La folie, c’est la lucidité suprême. Une forme de génie mal canalisé, en effet, Chaloux. Qui n’épargne personne, surtout pas les plus proches. Ma mère est la source de mes plus grandes hontes. Grâce à elle, j’en suis passablement vacciné. D’ailleurs, elle me reprochait continuellement : « Vous avez honte de votre mère ! » (Quand elle me parlait avec solennité, elle me vouvoyait). J’avais honte de son infirmité de sourde et muette, lui interdisant très tôt de venir me chercher à l’école, mais surtout de ses frasques. Les enfants rêvent d’avoir des parents normaux.
Un autre jour, j’étais bien plus jeune, cinq ou sept ans, une femme du quartier nous aborda et déclara à ma mère : « Quelle chance vous avez d’avoir un fils qui est un ange ! » Elle lui répondit sèchement : « Oui, ange dans la rue, démon à la maison ! »

caulerpa dit: à

dans un entretien amos oz raconte: Ce qui m’a intéressé dans la Boîte noire c’est de voir comment, d’une lettre à l’autre, des gens si différents avouent l’attraction incestueuse qu’ils éprouvent l’un pour l’autre : il est clair que la femme désire être à la fois la mère, la fille et la maîtresse de son second mari ; la mère, la maîtresse et la femme de son premier mari ; que chacun d’eux veut assumer dans la vie de l’autre tous les rôles féminins et tous les rôles masculins. Mais ce qui m’a intéressé plus encore, c’est de voir comment ces gens veulent devenir une seule chair, ne faire qu’un avec l’autre. »
voilà une mère commune, sure d’aimer et de comprendre l’amour pour l’enfant comme pour le mari!on en croise beaucoup comme cette madame « tout le féminin »dans la vie

caulerpa dit: à

je croyaisqu’on ne racontait pas sa vie ;je ne comprends plus ce qu’on peut raconter

Chaloux dit: à

Jazzi, souvent tu m’agaces, mais quand tu restes dans ton sujet tu es vraiment unique.

caulerpa dit: à

j’ai entendu ensigner que nous naissions tous fous

caulerpa dit: à

l’entretien d’amos oz est dans
ARCHIVES
Le métier d’écrivain

closer dit: à

 » Elle lui répondit sèchement : « Oui, ange dans la rue, démon à la maison ! »

C’est ce que tu appelles la lucidité suprême, J2z? Avoue que ton texte pourrait le laisser penser…

closer dit: à

Non je n’ai pas lu ce texte si célèbre, Chaloux…

caulerpa dit: à

LA PIERRE DE FOLIE

L’extraction de la pierre de Folie, encore appelée Lithotomie ou Cure de la folie, a été pratiquée au moyen âge et jusqu’au 17ème siècle en Flandre, en France et dans certaines régions germaniques.
Sa technique nous a essentiellement été transmise par des lithographies et des tableaux dont le plus célèbre est celui du peintre néerlandais Jérôme Bosch (Huile sur panneau réalisé vers 1494). Le tableau représente un patient assis dans un fauteuil au milieu de la place publique ( à cette époque, beaucoup d’interventions étaient pratiquées par des charlatans itinérants les jours de marchés ou de foires après un boniment vantant les qualités de la thérapie et la dextérité du « tailleur de pierre »).

caulerpa dit: à

Élargissez votre recherche dans Universalis

Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, la folie désigne une maison de plaisance que se faisaient construire l’aristocrate, le financier ou l’actrice, généralement aux alentours de Paris. Elle répondait dans sa destination et dans sa conception à un caprice de courtisan, qui se faisait un jeu de bâtir l’une de ces maisons dans un laps de temps très court, comme par une sorte de défi de l’argent au temps.
https://www.universalis.fr/encyclopedie/folie-architecture/

jazzi dit: à

C’était vrai, closer. J’avais une allure angélique, blond au yeux clair, passablement comédien et un peu chattemite, j’en jouait pour la façade. Mais ma pauvre mère n’était pas dupe et disait toujours la vérité à qui voulait bien l’entendre. Me cassant tous mes effets et mes efforts dans l’art du paraître. C’est pourquoi je suis plus à l’aise face aux critiques qu’aux compliments…

Bėrėnice dit: à

Jazzi, comment votre mere sourde et muette pouvait entendre et répondre? Ces deux handicaps seraient d’installation plus tardive que votre enfance?
Caulerpa, bien qu’il nous soit demandé de respecter la confidentialité de nos vies ou d’en faire de la littérature éloignée d’une réalité, je peux vous déclarer que je suis en voie de congélation dans mon appartement exposé au couchant mais aux vents également.

renato dit: à

Ne pas confondre folie et extravagance.

closer dit: à

Pour qu’il n’y ait pas de malentendu, je précise que je ne pense pas une seconde qu’un homme comme Artaud n’a pas écrit de choses intéressantes, voire géniales. Ce que je conteste, c’est l’aura que lui donne sa folie auprès de lecteurs naïfs qui romantise la folie au point d’en faire une condition du génie. Toute œuvre doit être jugée pour elle-même. L’état mental de son auteur n’y ajoute ni n’en retranche rien.

Quant aux écrivains qui utilisent la folie, comme Breton, je ne leur conteste pas non plus la capacité d’en faire des chefs d’œuvre. Encore faut-il y parvenir. J’essayerai de relire Nadja pour faire plaisir à Chaloux, à Popaul (qui s’en fout) et à Zizzi!

closer dit: à

« e peux vous déclarer que je suis en voie de congélation »

Ça va vous conserver encore plus belle plus longtemps, chère Bérénice!

closer dit: à

« Ne pas confondre folie et extravagance. »

Tout à fait vrai Renato! J’ajouterai « et rêve », ce qu’a fait un peu J2z dans ces échanges.

jazzi dit: à

Bérénice, ma mère et mon père étaient sourds depuis leur plus tendre enfance. Pas de naissance vraisemblablement, mais des suites de méningite. Ils ont été élevés dans des établissements religieux. Ma mère chez les soeurs Oblats à Nice, où elle a appris à lire, écrire compter, faire ses prières et être une parfaite ménagère. Ma mère aimait particulièrement la broderie. Mon père à été pensionnaire à Marseille, où il a appris le métier de tailleur de pierre. A leur époque, on leur interdisait le langage des signes. Ils devaient s’intégrer de force dans la communauté humaine en lisant sur les lèvres et en parlant le plus distinctement possible. Mon père, plus calme, doté d’une voix grave arrivait à se faire comprendre. Dans sa grande sagesse, il disait qu’il préférait être sourd qu’aveugle. Ma mère, plus nerveuse, qui n’avait jamais accepté son infirmité, avait une voix très aiguë, un piaulement d’oiseau blessé que personne, à part ses enfants, ne comprenait. Le plus souvent, je lui servais de traducteur.
D’où ma honte décuplée, quand je dus traduire à la voisine admirative, sous l’oeil inquisiteur et un brin pervers de ma mère, ce qu’elle pensait réellement de ma petite personne, dont par ailleurs elle était fière…

Bėrėnice dit: à

Closer, mon capital esthétique n’est pas démentiel, je crains ne bénéficier d’aucun intérêt de la froidure qui s’installe chez moi par jour de grands vents.

renato dit: à

Roberto Calasso, La follia che viene dalle Ninfe :

https://pin.it/nzqb6hv4eangou

« Avant même de vénérer la raison, les Grecs se prosternaient devant la possession, phénomène de ‘folie divine’ qui revêt différentes formes et d’où découle la pensée elle-même, la poésie, la divination. Mais si l’on enquête sur l’histoire secrète de ce mot — déprécié et diffamé par les Modernes — il se trouve qu’à sa source on trouve une figure: la Nymphe, provocatrice de la possession primordiale, de la possession érotique, qui touche non seulement les hommes mais aussi les dieux. L’essai qui donne le titre au livre est une tentative de reconstruire la signification de ces êtres très délicats et obscurs, fascinants et terribles, de l’hymne homérique à Apollo jusqu’à Aby Warburg.
Ce texte est juxtaposé par d’autres, qui abordent des thèmes disparates tels que Lolita de Nabokov (histoire moderne de la possession), la fenêtre sur cour d’Hitchcock (qui peut être lue à travers des catégories védantiques), le gant de Gilda, une apparition de John Cage, Chatwin photographe, deux épisodes de la vie de Kafka, la bibliographie en tant que forme (où l’exemple est donné par Massa et le pouvoir de Canetti) et l’édition en tant que genre littéraire (à commencer par Aldo Manuzio, grand éditeur de la Renaissance, pour arriver à Kurt Wolff, qui était l’éditeur de Kafka). »

jazzi dit: à

closer et renato, je ne vais pas vous remettre les extraits où je parle de ma mère, que j’ai vu à 5 ans emmener par des infirmiers en camisole de force à l’asile, où elle séjourna plusieurs mois et fut calmée à coup de douches glacées et de décharges électriques. Ni quand, plus tard, ado, j’ai dû demander à son psychiatre de la faire enfermer à nouveau car elle menaçait d’ouvrir le gaz pendant que nous dormirions, et de tout faire exploser…

jazzi dit: à

Réponse tardive. Oui, Delaporte, j’ai beaucoup fréquenté la piscine Deligny, m’y dorant longtemps la pilule au soleil, dès les beaux jours…

Chaloux dit: à

Quelques lignes de François Mitterrand, pour lequel je n’éprouve aucune sympathie, mais qui ne sonnent pas creux et sont peut-être prophétiques dans l’état présent du pays.

Le législateur de 1881 cherchait à protéger un président-arbitre, irresponsable des actes politiques accomplis par l’exécutif. En 1965, le chef de l’Etat, qui se comporte ouvertement en chef de l’exécutif et qui est en fait chef d’une majorité et chef de parti, ne peut prétendre à la même protection. Ses actes doivent être soumis à la libre appréciation des citoyens. S’il veut échapper à la critique, à la controverse, à la polémique, il lui faut ou bien revenir à une autre conception de son rôle ou bien faire modifier la loi, ou bien imposer le silence propre aux régimes totalitaires.

Chaloux dit: à

En 65, Mitterrand venait de bénéficier de quelques années pour se refaire et avait devant lui quinze ans pour se détériorer.

Hurkhurkhurk!

closer dit: à

J2z, je me souviens de ces souvenirs que tu as rapportés et qui force mon admiration, que je réaffirme, pour ta résilience.

Mais il me semble qu’en citant ton « Goût du rêve », tu mélangeait un peu des notions distinctes. Nous aurions dû commencer par une définition la plus précise possible de la « folie »…pas facile!

Delaporte dit: à

« Oui, Delaporte, j’ai beaucoup fréquenté la piscine Deligny, m’y dorant longtemps la pilule au soleil, dès les beaux jours… »

Alors on a dû s’y croiser. J’aimais cet endroit art nouveau dévoué à l’abolition du travail. J’espère que vous l’évoquez longuement dans votre goût de la paresse.

renato dit: à

Je ne comprends pas pourquoi vous pensez si souvent que je vous vise, Jacques. Je ne faisais que nuancer : folie, extravagance, possession, originalité, etc.

Paul Edel dit: à

Non Renato, il n’y a pas » exploitation de la folie » de la part de Breton . Il y a un dossier complet sur leur relation que vous trouverez dans le volume 1 des œuvres complètes de Breton en Pléiade. Documentez-vous au lieu de parler à tort et à travers. Ce serait si simple,Renato, de réduire »Nadja » à la rencontre d’un jeune poète illuminé et d’une dingo…. avec ça on peut réussir une histoire sympa de la littérature pour les classes maternelles. Relisez par exemple la lettre de janvier 37 de Nadja qui s’appelait de Léona Camille Ghislaine D. née prés de Lille: « Merci André ..tout ce que tu feras sera bien bien fait_Que rien ne t’arrête ._Il y a assez de gens qui ont mission d’éteindre le Feu » .

jazzi dit: à

Du coup, je ne vous ai pas encore parlé du film vu hier.

« Qui a tué Lady Winsley ? » de Hiner Saleem, un réalisateur kurde installé en France, abonné aux grands festivals. « Vodka Lemon » avait été présenté à Venise en 2003, « Kilomètre Zéro » à Cannes en 2005, « Après la chute » à Locarno en 2009. Auréolé de la présence de la sublime Golshiftheh Farahani, « My Sweet Pepper Land » sorti en 2013, un curieux western kurde, considéré à ce jour comme son plus grand succès.

Ne connaissant aucun de ses films précédents, j’avais été attiré par la bande-annonce où j’avais reconnu l’île de Büyükada, une des îles aux Princes, dans la mer de Marmara. Un paradis sans voitures, visité à pieds et en calèche, lors de mon dernier séjour à Istanbul, il y a trois ou quatre ans.

C’est dans cette île résidentielle que vivaient autrefois les populations stambouliotes non musulmanes, notamment les Juifs. Un cadre désuet où le réalisateur à placé son histoire policière, toute aussi désuète qu’une enquête à la Agatha Christie. Lady Winsley, une plantureuse romancière américaine aguichante de quarante ans est retrouvée morte assassinée. L’inspecteur Fergan, aux allures de Grégory Peck, est dépêché sur place pour suppléer aux insuffisance du commissaire local. Très vite, il va s’attirer l’hostilité de la population locale, constituée de farouches iliens tous parents entre eux. Mettant à jour des secrets de famille et quelques adultères locaux, celui-ci va soumettre tous les hommes et les femmes aux tests d’ADN, afin de retrouver le coupable. il va découvrir que l’américaine écrivait un livre sur un jeune poète kurde assassiné dans l’île vingt ans plus tôt et dont le manuscrit a disparu. Sur cette intrigue policière Hiner Saleem, se livre à une description satirique de la Turquie contemporaine. On peut s’étonner que son film ait reçu le feu vert des autorités d’Ankara. Il y fait la caricature d’une société provinciale, endogamie, phallocrate et surtout violemment anti-kurde. Un film plaisant, plein d’humour, que l’on peut lire au deuxième degré.
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19580645&cfilm=263143.html

Paul Edel dit: à

lettre de janvier 1927…pardon pour l’erreur de date..

jazzi dit: à

closer, les extraits que j’ai reproduits ici ne sont qu’une infime partie de mon « Goût du rêve » dont voici le sommaire.

SOMMAIRE

RÊVES EN SOMMEIL

Sigmund Freud : La mécanique des rêves
Henri Michaux : D’autres façons d’interprétation
Marcel Proust : Le rêve du Narrateur
La Genèse : Révélation divine
André Breton : Le château des merveilles
Paul Eluard : Poèmes en forme de rêves
Sarane Alexandrian : Le poète et le psychanalyste
Georges Bataille : Rêve de guerre
Georges Perec : Autobiographie posthume du rêveur

RÊVES DE JOUR

Henri Michaux : L’art de refaire le monde
Jean-Jacques Rousseau : Entretiens avec moi-même
Donatien-Alphonse-François de Sade : Les fantasmes du désir
Alphonse de Lamartine : Le poète est un rêveur pensant
Gérard de Nerval : La divine tragédie
Lautréamont : serial cauchemarderies
Antonin Artaud : Rêverie extrême !
Fernando Pessoa : méthodologie du rêve
Michel Leiris : Féerie fantasmagorique

RÊVES EN STOCK

Marguerite Yourcenar : Tous contes faits
Louis Aragon : Le retour des rêveurs
Jean Racine : Songe de tragédie
Honoré de Balzac : Le banquet des illusions
Gustave Flaubert : Rêveuse Normandie
André Breton : Le Rêve fou
Julien Gracq : Un simple rêve érotique ?
Thomas Mann : Le Songeur de songes
Miguel de Cervantès : Chimères d’éternité

caulerpa dit: à

plusieurs femmes que j’ai connues m’ont raconté que les soeurs chez lesquelles elles avaienr été élevées,enfant,étaient très « cruelles »-c’était juste à la guerre,et elles en étaient très traumatisées,mais apparemment du moins pas folles;l’une-dont je connaissais la soeur vivait avec un psydont elle disait qu’il l’avait sauvée;ils n’avaiet ni ne voulaient des enfants

renato dit: à

Jetez, Paul, un coup d’œil à mon post de 10 h 47 min., et plus attentivement celui de 12 h 37 min. Cela dit, je suis assez bien documenté, j’ai d’ailleurs eu une conversation à propos de Nadja avec Arturo Schwarz qui conaissait bien Breton, ce nonobstant je reste de mon opinion, car il y a toujours exploitation du réel de la part des artistes — vous devriez le savoir —, et parfois on a même droit à la gratitude du « sujet »…

renato dit: à

Artémidore, l’Onirocritique.

caulerpa dit: à

Trois clefs pour comprendre la folie à l’époque classique [note critique]
Michel Foucault, Folie et déraison : Histoire de la folie à l’âge classique, Collection « Civilisations d’hier et d’aujourd’hui »
sem-linkFernand Braudelhttps://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1962_num_17_4_420879

caulerpa dit: à

la première femme que j’ai connue mise en H.P.PAR LES SOINS DES3MIENS32TAIT UNE JEUNE DOMESTIQUE QUI ?AVAIT ENJAMBe LE BALCON POUR SE JETER DANS LE VIDE DU 4ème étage pendant les fêtes de Noel;son fiancé n’était pas venu la voir;nous sommes allés la voir à l’HP où elle se disait heureuse bien qu’elle y fût très seule, plus seule que chez les soeurs d’où elle était sortie

DHH dit: à

@Clopine
Je ne trouve pas que vous ayez tort en considérant que la rencontre entre Ulysse et Nausicaa relève d’une vision machiste , à l’anachronisme près de ce terme .
En effet pourquoi va -t-elle sur la plage laver son linge ?elle le fait sur une injonction de la déesse qui lui est apparue et l’a avertie qu’elle va bientôt cesser d’être vierge ; sa virée sur la plage elle la perçoit comme un moment d’accomplissement de sa destinée normale de femme ,se tenir prête à rencontrer le mâle auquel elle va offrir sa virginité .A faire hurler une féministe !

Ed dit: à

Très jolie histoire jazzouille !
Vous ne vous faisiez pas dorer la pilule à Tata Beach ? Sur ce coup vous me décevez.

caulerpa dit: à

et ça censure ferme :par peur de la vérité!même pas sur les commentateurs et trices,mais celle des études en fac,quand la folie, et le féminin y ont fait une percée,déjà en U.V. grace à foucault notamment;
un titre de ces rencontres studieuses
Accueil > Colloques et journées d’étude > Les folles littéraires : Folies lucides Les états borderline du genre et ses (…)
Les folles littéraires : Folies lucides Les états borderline du genre et ses créations
Journée d’étude
http://www.thalim.cnrs.fr/colloques-et-journees-d-etude/article/es-folles-litteraires-folies-lucides-les-etats-borderline-du-genre-et-ses

renato dit: à

Et pour se tenir à une perception ordinaire de la réalité, Paul, il n’y aurait pas exploitation s’il n’y avait pas le livre. Cela dit, vous devriez respirer de temps à autre, et peut-être sortir de cet état de Très-Tardif-Romantisme qui semble être une caverne qui vous sert de refuge.

Ed dit: à

Alerte. Ma chattoune vient de péter. Je répète : ma chattoune pète.

DHH dit: à

@Ed
De toutes les enseignantes de ce blog je crois être la seule à avoir fait état de l’ « »adoration » que j’aurais suscitée chez les élèves ? il est probable, du fait que c’est une situation très banale , qu’il en va de même pour les autres, Christiane ,Rose, Lavande même si elles n’ont pas eu l’occasion de l’écrire ici .
En en parlant je ne m’ « autogratule »pas comme vous m’en faîtes le reproche, sous-entendant par là que je serais la seule à y croire, mais je fais simplement un constat.
D’ailleurs ces bonheurs qui me sont arrivés dans mes années maintenant bien lointaines de prof, je les devais aussi à ma jeunesse, et ils auraient peut-être été absents plus tard si j’avais blanchi sous le harnois au lieu de quitter l’EN bien avant 30ans .

Clopine dit: à

Non, Dhh, moi je ne lis pas cette admirable histoire dans ce sens. Certes, il s’agit bien d’une jeune fille à marier, et il semble bien que la Grèce antique n’ait rien eu à envier à la charia , pour ce qui est du manque de libre arbitre et de l’asservissement féminin. Mais le récit d’Homère vient justement contrebalancer les choses : le rêve qui inspire à Nausicaa le projet d’aller faire sa lessive lui est envoyé par Athéna. Alors, certes, Nausicaa, se devant d’être déflorée pendant la nuit de noces et devant prouver sa virginité, doit avoir des draps blancs et donc doit aller laver son linge. Mais ce n’est qu’un des subterfuges d’Athéna pour provoquer la rencontre, et lors de cette rencontre, c’est Nausicaa qui a le dessus : Ulysse se présente à elle sale, et nu. Et il est obligé de supplier la jeune fille… En plus, Athéna doit le travestir, le faire paraître plus grand, boucler plus ses cheveux qu’au naturel, pour qu’enfin Nausicaa tombe amoureuse de lui… Et si Ulysse n’épouse pas Nausicaa, et s’en va, celle-ci survit très bien à la séparation. ON est loin du suicide de Didon, après le départ d’Enée !!! Nausicaa épousera Télémaque, en plus, et tout l’incident montre et démontre que, malgré les tours et les malices d’Athéna prête à tout, notamment à sacrifier Nausicaa, pour protéger Ulysse, la sagesse du père et la fierté de la jeune fille l’ont protégée. Nausicaa ressort grandie de la rencontre. Ulysse s’en sort, mais grâce à la magie et la ruse… 1-0 pour la jeune fille, à mon sens.

PS : mon féminisme à moi n’exclut nullement le sentiment amoureux, ni la séduction, ni la relation de couple entre hétérosexuels, homme et femme. Il les veut simplement égalitaires, ce qui est beaucoup plus difficile qu’il n’y paraît… Je ne suis pas l’ennemie des hommes. Je prétends juste être leur égale.

caulerpa dit: à

politique de la mémoire:encore un auteur subversif:ian hacking
La « politique » de la mémoire est apparue en même temps que sont nés les mouvements d’émancipation : il s’agissait, en investiguant la mémoire, de l’aider à se libérer des tutelles familiales, et d’accompagner les sociétés souhaitant sortir du régime aliénant des traditions.

Le résultat n’a pas toujours été à la hauteur des espérances : à postuler la prééminence de la mémoire pour éradiquer les effets délétères du passé, on en est arrivé paradoxalement à une dictature du passé par laquelle beaucoup se croient le produit pur et simple de leur histoire familiale et sociale.

Heureusement, notre bon sens et notre liberté nous murmurent que nous ne sommes pas seulement forgés par le passé…

[1] : Ian Hacking, L’Âme réécrite, Les Empêcheurs de Penser en Rond, 1998, ISBN : 2843240212

Ed dit: à

Euh dhh, je ne vous reproche rien. Mais vraiment.

Chaloux vous êtes dégoûtant. Je vais très loin et vous me dépassez, c’est agaçant.

Chaloux dit: à

Ed, je ne l’ai pas rencontrée au bistrot, mais c’est là qu’on se parlait. Si je te racontais la fin de cette histoire, tu ne me croirais pas. Et je ne te la raconterai pas.

Chaloux dit: à

« Que je ne connaissais alors qu’au bistro », signifie que je l’ai connue un peu plus tard ailleurs.

Jacques R. dit: à

Chaloux dit: 6 janvier 2019 à 12 h 06 min
Un grand bravo à ce flic (son nom est dans l’article) qui cogne a tort et à travers et à mains nues dans les rues de Toulon. On voit par là comment et par quel genre d’individus « la maison de France » Chère à M. Benjamin Griveaux est gardée. Bravo, vraiment.

Toutes mes félicitations à cet officier de police pour avoir pété la gueule à quelques uns de ces salauds. Ah ! comme j’aurais aimé être à sa place ! Ah! je m’en serais donné à coeur joie !

Chaloux dit: à

Terrible de se moquer de ce qu’on a aimé. elle était sotte comme un panier, mais je l’ai aimée profondément, peut-être davantage que toutes les autres, à cette époque.

(La dépression féministe de Clopine lui fait raconter n’importe quoi. Baudelaire : La femme veut être fou.tue. Ordre des dieux, ordre du corps, pourquoi couper les cheveux en quatre? C’est l’ordre des choses et voila tout. L’homme de son côté veut fou.tre. L’un et l’autre sont bien d’accord sur ce point, il me semble. Et où se trouve l’humiliation de donner du plaisir à autrui? Si on en a envie, bien entendu. J’aimerais bien le savoir. Il n’y a pas de plus grande volupté).

Chaloux dit: à

Ah, je te reconnais bien là, Jeannot. Moi aussi, en ce moment, je me sens des envies de cogner, mais pas comme un flic.

(J’espère que pour toi tout va pour le mieux).

christiane dit: à

« Breton, méfiant envers tout « romanesque » insiste, lui, sur l’infirmité de l’écriture. Son mensonge. Cette recomposition après coup d’une expérience vitale et des signaux secrets que nous envoie le monde.. […]Breton s’acharne à préciser, la complexité la fragilité, les signes et les liens si complexes , qui rattachent un homme et une femme pendant quelques jours et vont les bouleverser.. » (Paul Edel)
C’est le travail d’exploration de l’œuvre et de l’écrivain qui m’avait intéressée dans ses commentaires. C’est pour cela que je les avais gardés en archive.
Cette façon de lire, d’écrire sur ce qu’on a lu me parait avoir un lien avec la vocation de l’Imec : relier des domaines qui sont habituellement séparés.
C’est ce que j’ai ressenti, aussi, en regardant la série de la BBC (née du roman éponyme de Jessie Burton) tournée par John Brownlow : « Le miniaturiste », sur la chaîne Histoire et surtout le making of qui a suivi les trois épisodes de la série.
Un conte presque fantastique qui parait s’engager dans un film d’époque classique pour tourner rapidement au thriller. On se retrouve plongé dans un monde dur où la société est contrôlée par la violence d’un régime régime oppressif calviniste dans cette grande métropole, Amsterdam, à la fin du XVIIe s.
Tout est né pour la romancière J.B. de l’attrait qu’elle a éprouvé devant la célèbre maison miniature de Petronella Oortman exposée au Rijksmuseum d’Amsterdam. Dans son roman et dans le film, elle en fait le pivot de la vie recluse de cette jeune épousée, Nella. (Premier roman que Jessie Burton a écrit partiellement dans les transports sur son téléphone portable en s’envoyant des emails.)
C’est une histoire surprenante avec des thèmes très féministes, des personnages complexes qui ont tous des choses à cacher.
Nella Oortman n’a que dix-huit ans en 1686 quand elle quitte son village pour rejoindre à Amsterdam son mari, Johannes Brandt. Riche marchand qui vit dans une opulente demeure entouré de deux serviteurs et de sa sœur, Marin.
Johannes offre à son épouse une maison de poupées représentant leur propre intérieur que Nella entreprend d’animer grâce aux talents d’un miniaturiste.
La fiction opère alors car dans le roman et le film ces miniatures révèlent peu à peu les secrets de cette demeure et de ses habitants…
Le making of qui suit le film est remarquable permettant de comprendre avec quel soin et quelle virtuosité les miniaturistes, costumières, éclairagistes ont travaillé. Tout est crée à partir des toiles, des meubles, des objets de ce siècle d’or (avec ce saisissant contraste entre les costumes des bourgeois et ceux plein de rigorisme des austères représentants des magistrats intervenant pour juger les criminels ou ceux marqués par le puritanisme de l’époque qui voulait qu’on rejette toute marque d’opulence.)
ce va et vient crée par les artisans, le cinéaste, son équipe, la romancière m’a fait penser à ce qu’essaie de faire Jazzi, ici, évoquant les films qu’ils découvre (Annelise poussait la rencontre avec la littérature encore plus loin) ou Lavande, évoquant son travail de costumière pour sa troupe théâtrale. (Comme elle aimerait le making of où l’on voit les costumières et miniaturistes recouvrant un mur de reproductions de tableaux et y superposant des échantillons de tissu, des nuanciers.)
Paul Edel fait de même pour cette œuvre d’André Breton Nadja, cherchant à comprendre le risque de cette écriture qui puise sa précision dans l’observation clinique et sa magnificence dans le talent de poète visionnaire : A.Breton.
Autant de façons d’explorer ce qui meut l’amour de deux êtres. Nella, dans Le miniaturiste découvre ce monde et c’est par son regard que le film chemine. La jeune fille mûrit, devient femme découvre les dangers que son mari court si son homosexualité est découverte. C’est un personnage moderne, très contemporain.
Même questionnement en ayant vu ce film mystérieux que Jazzi avait signalé et qui m’a enchantée : « Asako I&II » de Ryusuke Hamaguchi où deux êtres progressent l’un vers l’autre en s’éloignant du fantastique avec lequel ils jonglaient. L’empreinte laissée par un passé et ses fantasmes… Riyohei dira « ce fleuve est sale », Asako répondra « Il est beau »…
Subtilité d’écriture et de mise en scène…
La nature des relations entre ces hommes et ces femmes est atypique. Ils poussent toutes les portes pour s’approcher de la vérité.

Chaloux dit: à

Ed, tu ne connais pas le pet foireux? Toute une éducation à faire…

Hurkhurkhurk!

jazzi dit: à

closer, tu ne nous as pas dit si tu es allé voir le film indien « Monsieur ».

Si on met, bout à bout, si je puis dire, les scènes de fellation (il n’y a pas d’autres formes de sexualité) dans l’oeuvre houellebecquienne, ce n’est pas très folichon ! Le narrateur est toujours passif et ce sont toujours les femmes qui prennent les choses en main, si je puis redire…
http://fredericjoignot.blog.lemonde.fr/2019/01/04/michel-houellebecq-parties-de-cul-elementaires/#more-3917

Chaloux dit: à

Mets une culotte à ton petit chat!!! Tu verras bien…

Hurkhurkhurk!

Hurkhurkhurk!

Hurkhurkhurk!

Jacques R. dit: à

(J’espère que pour toi tout va pour le mieux). (Chaloux)

Non, tout ne va pas pour le mieux, tu t’en doutes, sinon je ne sortirais pas toutes les çonneries que je concocte avec une obstination qui me désole et me dégoûte. Bonne année à toi !

Ed dit: à

En tout cas la Chaloupe semble très superficielle. Aimer à ce point une fille sublime mais bête comme ses pieds…Tu me déçois !

Chaloux dit: à

On aime avec ses hormones, mon chou. Jusqu’à un certain âge.

Chaloux dit: à

« Les femmes intelligentes sont un plaisir de pédéraste ».

Charles Baudelaire.

(Je dois être baudelairien, aujourd’hui).

Ed dit: à

Ben c’est ce que je te disais l’autre jour et tu me répétais que tu avais déjà donné. Je sais bien que tu aimes les cruches, comme bibi.

renato dit: à

« Regarder par delà des objets et des motifs de dévotion de chacun : la Solitude du Monde ; la Pierre philosophale ; Yosemite ; le Soufflé de Grand-mère ; le Cénotaphe pour Isaac Newton imaginé par Étienne Louis Boullée ; http://pin.it/1I5TKp3 ; Micromégas… Complices la frustration et l’air du temps, les gens passent vite d’un conformisme à l’autre, et ce sont des vérités parfois bouleversantes, d’autres fois inconvenantes, toujours hilarantes qu’envahissent la scène — usage inconsidéré des mots, échafaudages branlants, crises de nerfs pour des broutilles —, tandis que l’esprit pragmatique et factuel reste une douce illusion ; malheureusement, les gens pratiquent peu et mal l’imaginaire, ainsi la moindre insatisfaction produit chez eux une crise émotionnelle sans pareil ; et voilà que, intrinsèquement sectaires, feignant une saine pulsion d’autodéfense, en nom de nobles idéaux aussi que d’idées manifestement fausses, dans l’impossibilité de réaliser l’idéal de l’exigence historique et tout en souhaitant une paix de façade, ils suscitent les pires conflits — ils pourraient se contenter de transformer en fait mémorable un banal match de foot gagné ou perdu, ou le soir où ils ont vu un chanteur de variété pour de vrai, ou le moment où l’objet érotique de leurs rêves les plus fous leur a jeté un coup d’œil distrait, peu importe : la vie n’étant qu’un éclair, il faut bien qu’ils la meublent de quelques souvenirs ; mais que non, ils se jettent, enthousiastes, dans le fanatisme, en prenant à prétexte un sujet quelconque pourvu qu’un héros soit au rendez-vous ; cependant, incapables du moindre sacrifice ils se reposent dans l’usure par répétition de quelques concepts mal fichus sortis du chapeau du dualisme anachronique et des inutiles tensions conflictuelles qui appartiennent à une vision irréaliste du présent magnifié par l’exercice rhétorique. Cela dit, si vous voulez monter dans le train, il est plus pratique de laisser que les gens descendent, avant. »

Après cette auto-citation, un Gin Tonic ; entre temps, Aldous Huxley : An intellectual is a person who has discovered something more interesting than sex.

Chaloux dit: à

Un peu, moui, Ed, mais pas pour le mariage.

Ed dit: à

Chaloupe, quand tu sauras où tu habites tu nous feras signe hein;)

Bėrėnice dit: à

Ed, je crois qu’il est propriétaire et de ce fait se partage outre ses voyages à l’étranger entre Paris et la province. De plus il possède une double nationalité tres avantageuse. Je suis certaine que les républicains des USA lui herissent le poil. Mais enfin, admettons que l’Amerique à côté de la Chine réussit à constituer un havre.

caulerpa dit: à

Geluck se fait plus sombre : « Je pensais que le second degré était une notion acquise pour toujours, comme la démocratie ou la dénonciation du racisme. En fait, pas du tout. Ça va prendre du temps, c’est le combat de la lumière contre les ténèbres. »
geluck le monde

Bėrėnice dit: à

Chaloux, l’amour ou le pot au feu, il faut tout de même bien manger mais je tomberaits d’accord avec lui s’il n’était question que de chronologie. Dans les orgies, les gens mangent, boivent, beaucoup et commettent des choses sexuelles mais dans mon idée ce n’est pas le sexe qui ouvre l’appétit, or, de mon point de vue les scenes sexuelles ne devraient pas se charger d’une digestion, à la limite il est possible de les proposer en intercalaire, en marque-pages au débat hédonique.

renato dit: à

Que quelqu’un évalue l’éternité est un fait qui m’étonne depuis toujours et peu importe que ce soit en millénaires, en siècles ou en instants, l’éternité n’est pas évaluable… En parlant de Baudelaire, ne pas oublier qu’il pratiquait le dandysme avec tout ce que cela implique.

caulerpa dit: à

Raphaël Glucksmann : « Il ne faut pas laisser ses origines devenir un destin » le monde

renato dit: à

Rimbaud l’avait bien compris…

renato dit: à

Elle est retrouvée./Quoi ? – L’Eternité./C’est la mer allée/Avec le soleil.//Ame sentinelle,/Murmurons l’aveu/De la nuit si nulle/Et du jour en feu.//Des humains suffrages,/Des communs élans/Là tu te dégages/Et voles selon.//Puisque de vous seules,/Braises de satin,/Le Devoir s’exhale/Sans qu’on dise : enfin.//Là pas d’espérance,/Nul orietur./Science avec patience,/Le supplice est sûr.//Elle est retrouvée./Quoi ? – L’Eternité./C’est la mer allée/Avec le soleil.

Chaloux dit: à

Ed dit: 6 janvier 2019 à 18 h 51 min
Chaloupe, quand tu sauras où tu habites tu nous feras signe hein;)

Comprends pas Ed. Si c’est ta question, il est évident qu’il y a des femmes qu’on épouse et d’autres qu’on n’épouse pas.

C’était ça?

Chaloux dit: à

Le journal des dix manches n’en finit pas de nous faire rigoler.

Voici maintenant que Macron réorganise l’Élysée. En réalité tout le monde fout le camp pour ne par être associé plus que de raison à l’effondrement de ce régime en perdition, ultra-libéral, cynique et has-been, bientôt bon pour la chaise de poste.

Au revoir, Messieurs…

Hurkhurkhurk!

Chaloux dit: à

Prélèvement à la source : « La fusée est lancée », estime Gérald Darmanin, serein.

Où va-t-elle arriver? Il serait trop facile de répondre!

Hurkhurkhurk!

Ed dit: à

On peut critiquer l’actuel gouvernement par principe, comme bien des détracteurs, mais dans leur ethnocentrisme exacerbé les Français ignorent ou font semblant d’ignorer que leur pays est l’un des seuls à ne pas avoir appliqué le prélèvement à la source.

closer dit: à

Il y avait de bonnes raisons à cela Ed. La France impose le revenu du foyer fiscal et non celui de chaque individu comme dans la plupart des autres pays. De toutes façons c’est une réforme technique et insignifiante. Sauf gros bug elle sera vite oubliée. Rien de fondamental n’a été fait par ce pouvoir. Son image de réformateur est une imposture totale. Qu’ont changé les réformes du droit du travail et de la SNCF? A peu près rien de fondamental pour personne, du vent. Plutôt que de mettre quelques centaine de milliers à peine de mécontents dans la rue pour des réformettes superficielles, il fallait en mettre des millions pour de vrais résultats, à savoir réduire les dépenses (beaucoup) et les impôts (significativement), donc les déficits et l’endettement. Ce n’est pas si compliqué mais ça fait mal: repousser l’âge de la retraite à 65ans, comme toute l’Europe, et faire sauter les 35 heures, pour qu’enfin, les français travaillent autant que leurs voisins européens.

Bien entendu, il faut faire ça dès le premier jour de la prise de pouvoir, sinon c’est fichu…

Jean Langoncet dit: à

« L’individu de 1,92 m, à la carrure imposante, qui ne porte pas sur lui le fameux gilet de sécurité, se rue sur un gendarme et lui assène plusieurs coups de poing avant de prendre la fuite. Le gendarme est depuis en arrêt de travail, le médecin lui ayant prescrit 15 jours d’ITT. »

Fort heureusement, le gendarme, à peu près de la carrure d’un ex-ministre de l’intérieur (toujours tiré à quatre épingles), portait des protections, lui

Gimme a break
https://www.youtube.com/watch?v=O52jAYa4Pm8

Ed dit: à

Entièrement d’accord avec la fin de votre analyse closer.

Jean Langoncet dit: à

(toujours tiré à quatre épingles) > il a réuni toutes les conditions pour que les fichiers soit bien tenus, par-delà son mandat

Jean Langoncet dit: à

soit > soient ; soit

Ed dit: à

Alerte. Mon autre chat a la diarrhée. Je répète : mon autre chat a la diarrhée. Peut-être a-t-elle lu l’interview de Yann Moix dans Marie-Claire.

Bėrėnice dit: à

Closer, bien qu’il y ait à redire sur votre point de vue, fiscalité et droits régissant le travail, vous semblez oublier le malaise dans l’éducation, les hôpitaux en souffrance, le clivage social, la mondialisation et le jeu de l’économie mondialisée dont ne saurait pas s’accommoder le pays, et le résultat est dû à de nombreux facteurs comme la déstabilisation des economies par les pays émergeants, l’irruption de Trump qui fait tout pour déstabiliser l’Europe déjà fragile et dont nous sommes. Vous semblez fermer les yeux sur l’évasion fiscale . Je ne suis pas économiste, mais je ne partage absolument pas votre point de vue.

Bėrėnice dit: à

Le travail se raréfie et se specialise, en lui meme c’est une richesse qu’il faudrait partager. Repousser l’age de la retraite c’est repousser l’age du premier emploi pour des milliers de jeunes qualifies ou peu. C’est arranger les comptes en fermant les yeux sur l’introduction des robots, de ordinateurs, des machines qui vont continuer de gaucher les emplois. Meme le secteur bancaire va être concerné, cela ne concerne pas que l’industrie mais aussi les sociétés de services.

Bėrėnice dit: à

Faucher. Il y aura le inclus et les exclus. Dans quelle proportion, cela reste à déterminer. Les profits n’ont jamais été aussi importants , ils profitent à peu. C’est ridicule . Sans compter qu’après nous ce monde continuera de se dégrader et avec la condition humaine.

Chaloux dit: à

Closer, vous répétez le credo des journalistes libéraux moyens. Vous n’êtes pas sérieux.
Les français s’aperçoivent juste que Macron essaie de leur imposer une société, un ordre -tant de signes sensibles qui rendent impardonnables les intellectuels ou pseudo qui le soutiennent encore- et une Europe ultra-libérale, assujettie à l’Allemagne, une Europe de la pauvreté, dont ils ne veulent pas.
D’autre part, les bases de scrutins tels qu’elles existent aujourd’hui rendent extrêmement fragiles les majorités. La grande victoire de Macron c’est 17% des inscrits sur les listes électorales. En moyenne, un président lors de sa première année de mandat perd 8%, on voit ce qui reste au bout de dix-huit mois. Le problème n’est ni le respect de la république, ni l’adhésion à l’Europe -nous sommes tous républicains et européens dans notre majorité-, c’est la fragilité du régime qui résulte du mode de scrutin, le non-respect du vote des citoyens (Sarkozy, qu’on présente maintenant comme un sage, est en grande partie responsable de ce qui se passe aujourd’hui avec ses tripatouillages du référendum de 2005), et cette Europe ultra-libérale, imposée et non choisie, et par ailleurs en voie d’effondrement.
D’autre part, il y a maldonne avec la notion souvent utilisée en ce moment de « dirigeants ». Nous n’avons pas besoin de dirigeants mais de représentants. Et le mandat démocratique n’oblige pas le citoyen à se taire pendant cinq ans sous prétexte qu’il a voté une fois et qu’il lui faut respecter la démocratie, c’est une vue de l’esprit qui relève du pathos totalitaire. Les vrais républicains sont les contestataires, sans lesquels il n’y aurait d’ailleurs pas de république.

Quant à la retraite à 65 ans, avec les millions de chômeurs que nous avons, elle condamnera plusieurs générations à survivre, faute d’années de cotisations suffisantes, avec les minimums sociaux. Grande idée de technocrate et en effet économique.

Chaloux dit: à

Ed, c’est le traumatisme de ton voyage. La dernière fois que je suis rentré d’une longue absence j’ai trouvé mon chat à moitié sonné. Il a mis quelques jours à se remettre.

Ed dit: à

Oui. Elles n’ont fait que dormir les premiers jours et commencent à peine à se remettre. Frauchen, elle, est toujours défoncée.

Janssen J-J dit: à

Toujours ces mêmes poncifs à supporter chez les tombeurs du panneau de l’anti-houellebecquisme officiel et primaire de la rdl…, dont le maître, pour s’y mesurer, ne trouve pas d’autres solutions que de revenir à la soupe en s’hilarant du journal le Monde (cf. phénoménologie de la fellation, euh…) au lieu de passer à autre chose… Au lieu de se taire sur Sérotonine, sa messe étant dite, ou bien alors de chercher à nous faire découvrir un phénomène de foire alternatif, si la rdl entendait bien rester l’éveilleuse des consciences qui aura décidément raté, là, une bonne occasion de se racheter. Quelles sottises ne faut-il pas entendre alors depuis des semaines, et depuis ce billet notamment avec la ferme de ses animaux moutonniers : décidément, misogynie, homophobie, racisme, atrabile, perversion machiste, narcissisme, aucun « style » (suprême attaque)…, voilà les tartarinades obligées par lesquelles il faut en passer pour stigmatiser le grimaceux aux doigts jaunis. Ils n’ont pas compris que tout ça, ce n’était rien de plus que leur donner le change, déjà se débarrasser de la moitié d’une corporation jalouse au point de gésir sur le carreau de n’avoir toujours rien compris au film. Ah, les leurres de Michel !… ce paquet de provocations, à commencer par Franco en sauveur du tourisme espagnol, ou de toute cette sociologie historico-géographique sauvage à la portée du 4×4 de l’expérience de tous en province. Auront beau toujours proclamer et invoquer, nos contempteurs pâmés des valeurs littéraires sûres, l’interdiction de mélanger le populo d’avec le savant, la nécessité profonde d’une nouvelle vision romanesque du monde post moderne éloignée de la complaisance crue de la description clinique de sa bassesse ou médiocrité natives… Auront beau ne rien comprendre à la description du monde telle qu’on doit la représenter aujourd’hui, la lire, la comprendre, la décrypter et surtout la décrire telle qu’elle EST/HAIT…, ils lui cracheront toujours au bassinet et riront jaune, ou bien alors crieront au génie comme la meute moyenne, mais sans savoir exactement pourquoi le génie devra toujours se gaver petits fours vernissés. N’auront pas su se laisser pénétrer et hurler de rire à l’humour ravageur déclenché par les réactions du quadra dépressionnaire totalement débandé de l’armée des braves, de cet homme pluriel plongé dans une super phase d’aliénation, homme sans grandes qualités toujours porté à croire que la bite de son cerveau qui ne peut plus ni pleurer ni jouir des femmes ni de dieu, serait pourtant encore capable d’être-au-monde résonant, ici et maintenant, avec ses multiples velléités… De quoi donc ?… D’aller se faire foutre en taule pour n’avoir plus rien à maîtriser ? D’aller foutre sur la gueule d’un pédophile allemand tout en jetant un œil sur l’absence de pilosité de la gamine pour se donner en justicier d’une bonne cause ? D’aller comprendre sans succès un vieux copain plaqué par sa meuf, un paysan gentliment-farmer déclassé passant à l’action désespérée à cause de la diminution des quotas laitiers européens sur le rond-point ? D’aller réviser ses vieux, ceux-là mêmes qui l’affublèrent d’un double prénom stupide, mais qui surent pourtant se suicider proprement comme le firent André et Dorine ? Qui nous parlera au juste prix de la nostalgie et du respect de la vie affleurant partout derrière la crudité jubilatoire et triste du texte ? Qui nous parlera de la peur et de la déréliction, et de l’immense pudeur du personnage romancier accomplissant ce monstrueux effort de s’accrocher pour la voir, la décrire et la ressentir chez les autres, au point de nous donner à saigner à leur place, tant la puissance d’évocation de leur émotion coupe le souffle, parfois ?… Qui nous dira mieux qu’un MH normand ce que nous soufflera encore le mufle chaud des vaches comme le cri terrifié des poules industrielles ? Qui nous dira avoir ressenti, sans honte, l’immense détresse humaine tapie sous la pose mordante du cynisme et l’ironie sardonique du personnage (Une vengeance de n’avoir pas su sentir ce que représentait l’amour éprouvé par une femme asiatique insoucieuse du bonheur du mâle, après avoir essayé d’en inventorier la différence, sur le ton sentencieusement ridicule -phrase volontairement bancale, comme les pneus à gonflées-). Qui nous dira avoir resenti cette nostalgie insondable de n’avoir pas su faire, pas su retenir, pas su aimer, à cause de n’avoir jamais su suffisamment s’aimer soi-même ? De n’avoir pas suffisamment cru en soi ? Qui nous parlera d’une libido hétéro résistant tel un cinglant démenti à la dérisoire virilité s’accrochant comme une domination sociotrèlogique à l’heure enfin arrivée d’ « acter » son champ de ruine sous la corrosion d’une idéologie féministe triomphaliste et désormais indifférente à la reconstruction copulative ? Qui nous citera un autre exemple littéraire d’une conscience à ce point suraiguë des déterminismes sociaux vouant les êtres au malheur sans qu’on puisse les aider à changer quoi que ce soit à leur malheur ?
MH nous parle de nos expériences existentielles quotidiennes de transfuges pas finis dans un monde inaccessible qu’une invincible pulsion de vie queutarde nous pousse à vouloir comprendre et à maîtriser. Si nous ne sentons rien de tout cela en nous, alors passons notre chemin, mais de grâce ! ne jaspinons pas sur ce roman que nous n’aurions pas encore lu… Mais comme Nietzsche, poussé dans ses derniers retranchements finit par en pleurer, et Schopenhauer par en éclater de rire, nous-même, lecteur ébloui par Sérotonine, avons-nous également éprouvé le besoin d’en rire douloureusement. De nous vider de ce trop-plein d’émotion maladroite, avant d’aller une fois encore tirer un coup asiatique et jeter un dernier œil à Public/Sénat et « on n’est pas encore couchés » (avec christine angot).

Bėrėnice dit: à

Yann Moix s’offre des asiatiques, comme les femmes de l’est, les plus jolies sans tomber dans la prostitution cherchent un homme en mesure de leur offrir des conditions d’existence confortables et sécurisante. Je comprends tout à fait son gout pour les jeunes femmes harmonieuses et orientales. Se souvenir qu’Henry Miller eut pour dernière passion amoureuse une pianiste japonaise .

https://latimesblogs.latimes.com/jacketcopy/2011/02/henry-millers-last-wife-hoki-tokuda.html

Bėrėnice dit: à

Securisantes.

Ed dit: à

Je m’en fous qu’il se tape des Asiats. Ce que je n’accepte pas, c’est la manière dont il parle des femmes de 50 ans. Le machisme le plus archaïque et décomplexé. Non mais il a vu sa g.ueule à lui ?

Jean Langoncet dit: à

@Non mais il a vu sa g.ueule à lui ?

Pas encore celle du bouddha de la joie, et après ? Vous avez vu celle de Frida Khalo de près, vous ?

Bėrėnice dit: à

Bon, je m’en vais regarder à la loupe l’interview. Il ne’a pas choqué, rien de mal à préférer les corps de 25 ans à ceux de 50. Allez faire un tour à la piscine. J’ai la meme attention que lui pour les formes, après le contenu, faut discuter ou consommer.

Bėrėnice dit: à

Frida se tapait des jeunes gens?

Jean Langoncet dit: à

Elle se tapait de tout, il me semble

Jean Langoncet dit: à

Et s’en tapait par la même occasion

Bėrėnice dit: à

Des avant-gardistes des artistes affranchis.

Ed dit: à

Ben elle était déjà moins moche et c.onne que Moix

Bėrėnice dit: à

Il dit, 50 ans c’est trop vieux. C’est son ressenti, de nombreuses femmes sont encore séduisantes à 50 ans meme si les hommes en se projetant dans l’avenir ne tiennent pas tous à s’investir dans une relation au long terme , et ceci justement en raison du vieillissement prévisible qui atteindra ces femmes pourtant encore attrayantes. Elles peuvent aussi effrayer quand elles sont accomplies.

Ed dit: à

Clopine, au secours ! Vous en pensez quoi vous ?

PS : mon dernier article porte sur ce sujet. Je viens de me souvenir de cette étrange coïncidence !

Bėrėnice dit: à

Les femmes recherchent un partenaire rassurant et les hommes une compagnie séduisante, pour certains cela passe déjà par le physique . Nous sommes comme les animaux de ce point de vue, bien que nous n’en ayons pas conscience. L’homme veut du cheveu luisant, un oeil vif, un teint frais, une chair ferme .

Bėrėnice dit: à

Finalement, Yann Moix est atteint de neo-conformisme.

Jean Langoncet dit: à

Un néo-con ? Oui !

Ed dit: à

Berenice, c’est ce que dit Morganne.

renato dit: à

« Nous sommes comme les animaux de ce point de vue… »

Nous sommes des animaux, bérénice, des primates pour plus de précision.

Bėrėnice dit: à

Jean Langoncet, je ne suis plus trop son actualité, que lui reprochez vous?

Jean Langoncet dit: à

@que lui reprochez vous?

De rechigner à vous laisser le dernier mot ; plus généralement de prétendre brimer la dimension dionysiaque pourtant nécessaire au bon fonctionnement d’une démocratie vivante
https://www.youtube.com/watch?v=aPrtFxd9u9Y

Jean Langoncet dit: à

pour l’anecdote, manque le sujet

Jean Langoncet dit: à

sinon, n’hésitez à vous affirmer ; après avoir tout tenté pour faire interner votre mère, faites tout pour préparer le retour de Sarkosy aux affaires ; du pareil au même … nous aussi on veut des parents normaux : daddy likes men
https://www.youtube.com/watch?v=ZQlM59sDJVo

Petit Rappel dit: à

Breton, en matière de magie , connait surtout le romantique Eliphas Levi. Or chez Levi, les signes apparaissent parfois dans l’errance urbaine. C’est à Londres, sur ou près d’ un pont, que surgit trouvé par le Narrateur le Pentacle de Paracelse. Il faudrait voir s’il y a d’autres cas.
Que les figures de l’hystérique et de la fée intéressent Breton, c’est sans doute un legs du Dix-Neuvième siècle via la Petite Bibliothèque Diabolique animée par les élèves de Charcot pour qui toute possédée était une hystérique. Or qu’est-ce qu’une possédée sinon un intermédiaire entre deux mondes? Nadja dérive plutôt de la figure divinatrice antérieure à la Sorcière et à la Possédée et on peut se demander si sa Folie, dont Breton dit si peu, ne provient pas de cette conscience d’être en décalage complet par rapport au monde, de la meme manière que le serait une prêtresse Scythe ou un Chamane en plein Vingtième siècle à Paris, avec des pouvoirs amoindris et un auditoire raréfié.

Le bric-à-brac romantique est encore un peu présent dans ce beau texte. quelqu’un en a cité un passage ou un signe très net est la vieille Librairie Dorbon, spécialiste en occultisme, et créatrice d’un manuel bibliographique encore très justement estimé sur ce sujet, le Dorbon.
Bien à vous.
MC

jazzi dit: à

Les Gilets jaunes, c’est un peu notre « Au théâtre ce soir » hebdomadaire. Sauf que ça se passe en matinée et que c’est programmé chaque samedi. D’ailleurs, ne parle-t-on pas d’Actes ? Après l’acte 8 on attend le 9 avec impatience et un léger frisson. Quels nouveaux personnages allons-nous voir apparaitre ? Dans l’acte 8, avec l’ex boxeur, à Paris, et le flic cogneur de Toulon, nous avons eu droit à un beau spectacle de castagne en duplex. Avec en prime, la prise d’assaut d’un ministère ! Que nous réserve l’acte 9 ? Est-ce de la comédie italienne, totalement improvisée, ou bien y a t-il un auteur dramatique aux commandes ?

jazzi dit: à

Au départ, La République En Marche fut une bonne idée, et les Gilets jaunes partaient d’un bon sentiment. L’un a balayé les partis traditionnels, l’autre est le fossoyeur des vieux syndicats. Tandis que LREM a fédéré autour du centre, les Gilets jaunes ont fait se rejoindre les extrêmes.
A l’arrivée, le premier est devenu le néo parti du gouvernement, que deviendront les Gilets jaunes ? Un néo parti d’opposition ou un néo syndicat au service de ses primo adhérents ?

christiane dit: à

Merci, M.Court, pour votre ajout au dossier « Breton-Nadja » que P. Edel a déjà bien charpenté.
J’ai trouvé ce dossier sur « l’histoire » de ce livre dans les annales Gallimard.
http://www.gallimard.fr/Footer/Ressources/Entretiens-et-documents/Histoire-d-un-livre-Nadja-d-Andre-Breton/(source)/125181
Dossier très consistant puisqu’il permet, successivement, de lire une présentation pertinente d’Amaury Nauroy puis de feuilleter les premières pages du livre avec la préface (« l’avant-dire ») d’A.Breton expliquant cette ré-écriture. Suit un entretien avec A.Breton sur la place de ce livre dans son écriture et dans le mouvement surréaliste et deux lectures-critique du livre, une de René Daumal datant de novembre 1928 extraite de « L’Évidence de l’absurde« , une autre plus récente de M.Blanchot, datant elle d’avril 1967 extraite de « L’entretien infini« .
On comprend alors que la tentative d’écriture d’A.Breton est avant tout « une exploration des mystérieuses possibilités que le hasard peut introduire dans la vie quotidienne » et une tentative pour A.Breton de se raconter simplement lui-même : loin du « jeu incessant du romancier Breton se raconte ; qui est raconté ? qui est Breton ? où est l’auteur ? Voilà le point critique où j’aime à me tenir et où je voudrais amener quelques hommes . » écrit R.Daumal.
Amaury Nauroy termine sa présentation par cette hypothèse : « les plus évidents héritiers rythmiques de Breton ont été Gracq et Bonnefoy, l’œuvre récente d’Annie Ernaux, si éloignée en apparence de celle de Breton, [qui] s’est construite elle-aussi à la fois dans le prolongement de Nadja (refus du « roman », écriture objective de la passion, usage de la photo…)[…] »
Un dossier vraiment intéressant.

Jacques R. dit: à

jazzi dit: 7 janvier 2019 à 6 h 52 min
Les Gilets jaunes, c’est un peu notre « Au théâtre ce soir » hebdomadaire.

Depuis le début, en entravant la libre circulation des personnes et des biens, les gilets jaunes se sont installés dans l’illégalité. Dans une démocratie en bonne santé, les actes illégaux, quels qu’ils soient, et surtout s’ils sont massifs, collectifs et répétés, doivent être réprimés efficacement dans les plus brefs délais. Au lieu de cela, Macron a laissé s’installer et prospérer l’illégalité. Les actes illégaux des gilets jaunes n’ont cessé depuis d’en engendrer d’autres, forcément violents, puisque toute acte illégal est un acte de violence. Ces actions illégales des gilets jaunes sont le produit des décisions politiques erronées de Macron qui, décidément, a tout faux, au plan stratégique comme au plan tactique. C’est à lui que nous devons le désordre qui s’installe en France, les actes de violence multiples qui en génèrent d’autres ; une situation dont le pays ne sortira pas de sitôt.

closer dit: à

Il n’y a rien de mal à trouver plus beau un corps de 25 ans qu’un corps vieillissant, en effet. Mais en faire l’unique, ou même le principal, critère de choix, c’est là où la connerie commence…

Comme dit Ed, qu’il regarde sa gueule d’abord!

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