Ma soirée du XXe siècle – et autres petites incursions
(Larges extraits de la conférence Nobel prononcée hier à Stockholm par le lauréat 2017 KAZUO ISHIGURO)
Si vous m’aviez croisé à l’automne 1979, vous auriez sans doute eu quelques difficultés à définir mon milieu social ou même, mes origines. J’étais alors âgé de 24 ans. J’avais les traits d’un Japonais, mais au contraire de la plupart des hommes japonais qu’on voyait en Grande Bretagne à l’époque, j’avais des cheveux longs jusqu’aux épaules, et une moustache tombante de gangster. Le seul accent perceptible dans ma voix était celui d’un garçon qui avait grandi dans les comtés du sud de l’Angleterre, avec parfois l’intonation langoureuse, déjà datée, du jargon de l’ère hippie. Si nous avions engagé la conversation, nous aurions peut-être discuté du Football Total de Hollande, du dernier album de Bob Dylan, ou de l’année que je venais de passer en compagnie des sans-abri de Londres. Si vous aviez mentionné le Japon, me posant des questions sur sa culture, vous auriez pu déceler une trace d’impatience dans ma réaction alors que j’avouais mon ignorance, l’imputant au fait que je n’étais jamais retourné dans ce pays – même pour des vacances – depuis que je l’avais quitté à cinq ans.
Cet automne-là, je suis arrivé avec un sac à dos, une guitare et une machine à écrire portative à Buxton, dans le Norfolk – un petit village anglais avec un vieux moulin à eau et tout autour, une étendue plate de terres agricoles. J’étais venu dans cet endroit parce que j’avais été accepté pour une année dans un programme postdoctoral en création littéraire à l’université d’East Anglia. Elle se trouvait à Norwich, la capitale, à seize kilomètres de là, mais je n’avais pas de voiture et mon seul moyen d’y parvenir était un service de bus qui ne fonctionnait que trois fois par jour, le matin, à midi et le soir. Je découvris bientôt que ce n’était pas vraiment un problème: ma présence à l’université était rarement requise plus de deux fois par semaine. J’avais loué une chambre dans une petite maison appartenant à un homme d’une trentaine d’années dont la femme venait de le quitter. Pour lui, cette demeure était sans doute remplie des fantômes de ses rêves détruits – ou peut-être voulait-il juste m’éviter; en tout cas, je passais des jours d’affilée sans le voir. En d’autres termes, après la vie frénétique que j’avais menée à Londres, je me retrouvais ici, disposant, pour me transformer en écrivain, d’une tranquillité et d’une solitude peu habituelles (…)
Dans cette pièce, j’étudiai avec soin les deux nouvelles que j’avais écrites pendant l’été, me demandant si elles étaient assez bonnes pour être soumises à mes nouveaux camarades de classe. (Je savais que nous étions un groupe de six, qui se réunissait tous les quinze jours.) À ce stade de ma vie je n’avais pas écrit grand-chose d’intéressant en matière de fiction, et c’était grâce à une pièce radiophonique refusée par la BBC que j’avais été admis dans ce cours. En réalité, ayant fait auparavant de solides projets pour devenir une rock star dès l’âge de vingt ans, mes ambitions littéraires ne m’étaient apparues que récemment. Les deux nouvelles que j’examinais avaient été écrites dans un état de panique, en réponse à la lettre m’apprenant mon inscription au programme de l’université. Un pacte de suicide macabre était le sujet de l’une, et le thème de l’autre, les combats de rue en Écosse, où j’avais passé quelque temps comme travailleur social. Elles n’étaient pas très bonnes. J’en commençai une sur un adolescent qui empoisonne son chat, située elle aussi dans la Grande Bretagne d’aujourd’hui. Puis un soir, pendant ma troisième ou quatrième semaine dans cette petite chambre, je me retrouvai en train d’écrire sur le Japon, avec un sentiment d’urgence d’une force inédite – sur Nagasaki, la ville de ma naissance, aux derniers jours de la Seconde Guerre Mondiale.
Ce fut, je dois le souligner, une surprise pour moi. Aujourd’hui, la tendance dominante pousse un jeune auteur débutant au bagage culturel métissé à explorer ses racines d’instinct, pour ainsi dire. Mais c’était loin d’être le cas alors. L’explosion de la littérature « multiculturelle » n’aurait lieu que quelques années plus tard en Grande-Bretagne. Salman Rushdie était un inconnu dont le seul roman publié était épuisé. Si on leur avait demandé de citer le jeune romancier britannique le plus renommé, les gens auraient peut-être répondu Margaret Drabble; et parmi les auteurs plus âgés, Iris Murdoch, Kingsley Amis, William Golding, Anthony Burgess, John Fowles. Les étrangers comme Gabriel Garcia Marquez, Milan Kundera ou Borges restaient des auteurs confidentiels, leurs noms n’évoquaient rien, même aux lecteurs passionnés.
Tel était le climat littéraire en ce temps-là, au point que lorsque j’achevai cette première nouvelle japonaise, malgré ma certitude d’avoir découvert une direction essentielle, je me demandai aussitôt s’il ne fallait pas considérer ce début comme une œuvre complaisante; je devrais peut-être revenir sans tarder à un sujet plus « normal ». Je ne commençai à la montrer qu’après beaucoup d’hésitations, et jusqu’à aujourd’hui, je suis profondément reconnaissant à mes camarades étudiants, à mes professeurs Malcolm Bradbury et Angela Carter, et au romancier Paul Bailey – écrivain résident de l’université cette année-là – pour leur réaction résolument encourageante. S’ils avaient eu un avis moins positif, je n’aurais sans doute jamais plus écrit sur le Japon. En tout état de cause, je suis retourné dans ma chambre pour écrire et écrire encore.
Pendant l’hiver 1979-80, et une bonne partie du printemps, je n’ai parlé à presque personne, à l’exception des cinq autres étudiants de ma classe, de l’épicier du village auquel j’achetais les céréales du petit déjeuner et les rognons d’agneau qui me permettaient de subsister, et de ma petite amie Lorna (devenue aujourd’hui ma femme) qui me rendait visite un week-end sur deux. Ce n’était pas une vie équilibrée, mais au cours de ces quatre ou cinq mois je réussis à achever une moitié de mon premier livre, Lumière pâle sur les collines – situé aussi à Nagasaki, pendant les années de reconstruction après le largage de la bombe atomique. Je me rappelle avoir parfois joué avec des idées de nouvelles situées ailleurs qu’au Japon, mais mon intérêt déclinait rapidement.
Ces mois furent décisifs pour moi, dans la mesure où sans eux, je ne serais jamais devenu écrivain. Depuis, j’y ai souvent repensé et je me suis demandé: qu’est-ce qui m’avait pris ? D’où venait cette curieuse énergie ? J’en ai conclu qu’à ce point précis de mon existence, je m’étais engagé dans un acte de préservation d’une urgence extrême. Pour l’expliquer, je dois revenir un peu en arrière.
En avril 1960, à l’âge de cinq ans, j’étais arrivé en Angleterre avec mes parents et ma sœur, dans la ville de Guildford, comté de Surrey, riche banlieue cossue à cinquante kilomètres au sud de Londres. Mon père était un chercheur, spécialiste de l’océanographie, venu travailler pour le gouvernement britannique. La machine qu’il inventa par la suite, soit dit en passant, fait aujourd’hui partie de la collection permanente du musée des Sciences de Londres.
Les photographies prises peu après notre arrivée montrent une Angleterre d’une époque disparue. Les hommes portent des pullovers avec un col en V et une cravate, les voitures ont encore des marchepieds et une roue de secours à l’arrière. Les Beatles, la révolution sexuelle, les manifestations d’étudiants, le « multiculturalisme » étaient au coin de la rue, mais il est difficile d’imaginer que l’Angleterre s’en soit seulement doutée lorsque ma famille a découvert le pays. Rencontrer un étranger de France ou d’Italie était déjà extraordinaire – sans parler d’un Japonais (…)
Tous nos voisins fréquentaient l’église, et quand je venais jouer avec leurs enfants, je remarquais qu’ils disaient une petite prière avant de manger. Je suivais les cours de catéchisme, et bientôt je chantai dans la chorale, devenant, à l’âge de dix ans, le premier chef de chœur japonais jamais vu à Guildford. J’allais à l’école primaire locale – j’étais sans nul doute le seul enfant non-anglais de toute l’histoire de cet établissement – et dès mes onze ans, je pris le train pour me rendre au lycée d’une ville voisine, partageant chaque matin le wagon avec des rangées d’hommes en costume à rayures et chapeau melon, qui se rendaient à Londres pour travailler dans les bureaux.
(…) Lorsque je repense à cette période, je me rappelle que cela se passait moins de vingt ans après la fin d’une guerre mondiale pendant laquelle les Japonais avaient été les pires ennemis des Anglais, et je suis stupéfait par l’ouverture d’esprit et la générosité spontanée dont cette communauté anglaise ordinaire fit preuve en nous acceptant. L’affection, le respect et la curiosité que je conserve jusqu’à ce jour pour cette génération de Britanniques qui avaient réchappé de la Seconde Guerre Mondiale, et bâti un remarquable État-providence dans son sillage, proviennent largement de mes expériences personnelles pendant ces années.
Mais en même temps, je menais une autre vie à la maison avec mes parents japonais. Sous notre toit il y avait des règles différentes, des espoirs différents, une langue différente. À l’origine mes parents avaient eu l’intention de rentrer au Japon au bout d’un an, deux peut-être. En fait, durant nos onze premières années en Angleterre, nous vivions dans l’attente perpétuelle du retour « l’an prochain ». Par conséquent, le point de vue de mes parents restait celui de visiteurs, et non d’immigrants. Ils échangeaient souvent des remarques sur les étranges coutumes des autochtones, sans ressentir la moindre obligation de les adopter. Pendant longtemps demeura l’hypothèse que je rentrerais au Japon pour y passer ma vie adulte, et ils s’efforcèrent de maintenir l’aspect japonais de mon éducation.
Chaque mois arrivait du Japon un colis contenant les bandes dessinées, les magazines et les publications scolaires du mois précédent, que je m’empressais de dévorer. Ces colis cessèrent d’arriver pendant mon adolescence – peut-être après la mort de mon grand-père – mais les conversations de mes parents sur leurs vieux amis et les membres de leur famille, le récit des épisodes de leur vie au Japon, maintenaient un flux régulier d’images et d’impressions. Pour ma part, j’avais toujours ma propre réserve de souvenirs – étonnamment vaste et limpide: de mes grands-parents, de jouets préférés que j’avais laissés, de la maison japonaise traditionnelle où nous habitions (je peux aujourd’hui encore la reconstituer pièce par pièce dans mon esprit),de mon école maternelle, de l’arrêt local du tram, du chien féroce qui vivait près du pont, du fauteuil du coiffeur spécialement adapté pour les petits garçons avec un volant de voiture fixé devant la grande glace.
Par conséquent, pendant toute mon enfance, bien avant de songer à créer des mondes fictionnels en prose, je m’affairais à construire dans mon esprit un lieu riche en détails qui s’appelait « le Japon » – un lieu auquel j’appartenais en quelque sorte, où je puisais un certain sens de mon identité, et ma confiance en moi. Le fait que je n’étais jamais retourné physiquement au Japon pendant cette période ne servait qu’à rendre ma propre vision du pays plus vivace et personnelle.
D’où le besoin de préservation. Car à partir de l’âge de vingt-cinq ans – bien que je ne l’aie jamais clairement exprimé alors – j’ai pris conscience de certains éléments clés. Je commençais à accepter le fait que « mon » Japon ne correspondait peut-être guère à l’endroit où je pouvais me rendre en avion; que le mode de vie dont parlaient mes parents, et dont le souvenir me venait de ma petite enfance, avait en grande partie disparu pendant les années soixante et soixante-dix; que de toute manière, le Japon qui existait dans ma tête avait peut-être toujours été une construction émotionnelle élaborée par un enfant grâce à la mémoire, l’imagination et la réflexion. Et peut-être plus important encore, je me rendais compte qu’année après année, à mesure que je vieillissais, ce Japon inventé – ce lieu précieux qui m’avait accompagné jusqu’à ce jour – devenait de plus en plus flou.
Je suis aujourd’hui certain que ce fut le sentiment que « mon » Japon était unique et en même temps terriblement fragile – inaccessible à une vérification de l’extérieur – qui me poussa à travailler dans cette petite chambre à Norfolk. Je couchais sur le papier les nuances particulières de ce monde, ses coutumes, ses règles de savoir-vivre, sa dignité, ses lacunes, toutes les pensées que m’avait inspiré cet endroit, avant qu’elles s’effacent de mon esprit. J’avais le souhait de recréer mon Japon dans une fiction, de le garder à l’abri, afin de pouvoir ensuite désigner un livre et dire: « Oui, mon Japon se trouve dans ces pages. »
Au printemps 1983, trois ans et demi plus tard, Lorna et moi vivions désormais à Londres dans un logement de deux pièces, sous les combles d’une maison haute et étroite qui se dressait au sommet d’une colline, l’un des points les plus élevés de la ville. Il y avait une antenne de télévision tout près et quand nous essayions d’écouter des disques sur notre platine, des voix fantomatiques retransmises envahissaient nos hauts-parleurs. Notre séjour n’avait ni canapé ni fauteuil, mais deux matelas recouverts de coussins, posés à même le sol. Il y avait aussi une grande table sur laquelle j’écrivais pendant la journée, et où nous dînions le soir. Ce n’était pas luxueux, mais nous aimions vivre là. J’avais publié mon premier roman l’année précédente, et le court-métrage dont j’avais écrit le scénario serait bientôt diffusé par la télévision britannique.
Pendant quelque temps j’avais été assez fier de mon livre, mais ce printemps-là, un sentiment d’insatisfaction me taraudait. Il y avait un problème. Mon premier roman et mon premier scénario pour la télévision avaient trop de similitudes. Il ne s’agissait pas du sujet, mais de la méthode et du style. Plus j’y réfléchissais, et plus mon roman ressemblait à un scénario – dialogue plus indications. Rien de grave, jusqu’à un certain point, mais je souhaitais à présent écrire une fiction qui ne soit efficace que sur la page. À quoi bon écrire un roman qui ne procure rien de plus au lecteur que ce qu’il peut éprouver en allumant son poste de télévision ? Comment la fiction écrite pouvait-elle espérer de survivre face à la puissance du cinéma et de la télévision si elle n’offrait pas quelque chose d’unique, une œuvre que les autres formes de création n’étaient pas capables de réaliser ?
Vers cette époque, j’attrapai un virus et je dus m’aliter quelques jours. Lorsque je commençai à me sentir mieux, et que l’envie de dormir sans arrêt se dissipa, je découvris que le lourd objet dont la présence dans mes draps m’incommodait depuis quelque temps, était en réalité un exemplaire du premier volume d’À la recherche du temps perdu, de Marcel Proust. J’entamai donc sa lecture. Mon état encore fiévreux fut peut-être un facteur, mais la première partie, Combray, me captiva totalement. Je la lus et la relus encore. Mise à part la beauté pure de ces passages, je fus fasciné par la manière dont Proust enchaînait les épisodes. L’ordre des événements et des scènes ne respectait pas les exigences habituelles de la chronologie, ni celles d’une intrigue linéaire. Au lieu de cela, les associations de pensée décousues, ou les caprices de la mémoire, semblaient entraîner le récit d’un épisode à l’autre. Parfois je me surprenais à me demander : pourquoi ces deux moments sans lien apparent étaient-ils placés côte à côte dans l’esprit du narrateur ?
Je vis soudain comment composer mon second roman d’une façon plus libre, très intéressante; cela créerait une richesse sur la page, et introduirait des mouvements internes impossibles à capter sur un écran. Si je pouvais évoluer d’un passage à l’autre en fonction des associations de pensée du narrateur et de la fluctuation des souvenirs, je réussirais à composer une œuvre à la façon d’un peintre abstrait qui choisit l’emplacement des formes et des couleurs sur une toile. Je pouvais juxtaposer une scène survenue deux jours auparavant à une séquence remontant à vingt ans, et demander au lecteur de méditer le rapport entre les deux. De cette manière, pensais-je, il me serait possible de laisser entrevoir les multiples strates du déni et de l’aveuglement qui brouillaient la perception que chacun de nous a de son moi et de son passé.
Mars 1988. J’avais 33 ans. Nous possédions désormais un canapé et j’y étais allongé, écoutant un album de Tom Waits. L’année précédente, Lorna et moi avions acheté notre propre maison dans un quartier au sud de Londres, peu à la mode mais agréable, et dans cette demeure, pour la première fois, je disposais d’un bureau. Il était petit, n’avait pas de porte, mais j’étais enchanté de pouvoir étaler mes papiers sans avoir besoin de les ranger à la fin de la journée. Dans ce même bureau, je venais – du moins je le croyais – d’achever mon troisième roman. Le premier dont le cadre n’était pas japonais – mon Japon personnel ayant perdu de sa fragilité grâce à l’écriture de mes livres précédents. En réalité mon roman suivant, qui devait s’appeler Les vestiges du jour, paraissait anglais à un point extrême – mais, espérais-je, pas dans le style de nombreux écrivains britanniques de l’ancienne génération. Au contraire de la plupart d’entre eux, supposais-je, je ne partais pas du principe que mes lecteurs étaient tous anglais, dotés d’une connaissance innée des subtilités et des préoccupations anglaises.
À présent, des écrivains tels que Salman Rushdie et V.S. Naipaul avaient ouvert la voie à une littérature plus internationale, tournée vers l’extérieur, qui ne revendiquait pas la centralité de la Grande-Bretagne, ni son importance systématique. Leur œuvre était post-coloniale dans le sens le plus large du terme. Je voulais, comme eux, créer une fiction « internationale » qui franchirait aisément les frontières linguistiques et culturelles, même en écrivant une histoire située dans un monde qui paraissait typiquement anglais. Ma version de l’Angleterre serait en quelque sorte une version mythique dont les contours, j’en étais persuadé, étaient déjà présents dans l’imagination de beaucoup de gens dans le monde, même si certains n’avaient jamais visité le pays.
Le personnage principal du roman que je venais de terminer était un majordome anglais qui se rend compte trop tard qu’il s’est trompé de valeurs morales pendant toute sa vie; et qu’il a consacré ses meilleures années à servir un sympathisant nazi; qu’en évitant d’assumer une responsabilité morale et politique dans son existence, il a gâché cette vie au sens le plus profond du terme. Plus encore: dans son désir de devenir le domestique parfait, il s’est interdit d’aimer la seule femme qui lui tient à cœur, et d’être aimé par elle.
J’avais relu mon manuscrit à plusieurs reprises, et j’étais assez satisfait. Mais le sentiment lancinant qu’il manquait quelque chose persistait.
Je me trouvais donc un soir dans notre maison, ainsi que je l’ai dit, allongé sur le canapé, en train d’écouter Tom Waits. Et Tom Waits entonna une chanson intitulée « Ruby’s arms ». Peut-être que certains d’entre vous la connaissent. (J’ai même envisagé de vous la chanter maintenant, mais j’ai changé d’avis.) C’est une ballade sur un homme, sans doute un soldat, qui part en laissant son amante endormie. C’est le petit matin, il descend la rue, prend un train. Rien d’anormal. Mais la voix qui interprète la chanson est celle d’un clochard américain bourru fort peu habitué à révéler ce qu’il ressent au fond de lui. Puis vient un moment, au milieu de la chanson, où l’homme nous dit qu’il a le cœur brisé. L’émotion de cet instant est presque insupportable, à cause de la tension entre le sentiment lui-même et l’énorme résistance que le soldat doit visiblement surmonter pour l’exprimer. Tom Waits chante le vers avec une magnificence cathartique, alors que sous le poids d’une tristesse extrême, s’écroule le stoïcisme de toute une vie de dur à cuire.
En écoutant Tom Waits, je compris que ma tâche n’était pas terminée. Quelque temps auparavant, j’avais décidé sans réfléchir que mon majordome anglais conserverait ses défenses émotionnelles, qu’il parviendrait, grâce à ce bouclier, à se cacher de lui-même et de son lecteur jusqu’au bout. Je comprenais à présent que je devais revenir sur cette décision. Juste un moment, vers la fin de mon livre, un moment que je devrais choisir avec soin, je devrais percer son armure. Faire entrevoir un désir immense et tragique.
Je dois préciser qu’en de multiples occasions, les voix des chanteurs m’ont enseigné des leçons essentielles. Ici, je me réfère moins aux paroles qu’au chant lui-même. Nous le savons, une voix humaine qui chante est capable d’exprimer un mélange d’émotions d’une complexité insondable. Au cours des années, divers aspects de mon écriture ont été influencés par Bob Dylan, Nina Simone, Emmylou Harris, Ray Charles, Bruce Springsteen, Gillian Welch et mon amie et collaboratrice Stacey Kent. Je percevais quelque chose dans leurs voix, et je me disais: « Ah oui, c’est ça. C’est ce que je dois saisir dans cette scène. Une sensation très proche de cela. » Souvent, c’est une émotion que je ne peux formuler avec des mots, mais elle est là, dans la voix du chanteur, et je sais dans quel sens je dois aller.
En octobre 1999 je fus invité par le poète allemand Christoph Heubner, au nom de la Commission internationale d’Auschwitz, à consacrer quelques jours à la visite de l’ancien camp de concentration. J’étais logé au Centre de jeunesse situé sur la route qui part du premier camp d’Auschwitz et aboutit au camp de la mort de Birkenau, trois kilomètres plus loin. On me conduisit sur ces sites et je rencontrai trois survivants de manière informelle. Je sentis que j’étais proche, géographiquement du moins, du cœur de la force obscure à l’ombre de laquelle ma génération avait grandi. À Birkenau, un après-midi pluvieux, je m’arrêtai devant les décombres des chambres à gaz – aujourd’hui étrangement abandonnés sans surveillance – dans l’état où les Allemands les avaient laissés après avoir dynamité les bâtiments et s’être enfuis devant l’armée rouge.
Maintenant c’étaient juste des plaques de béton armé brisées et humides, exposées au rude climat polonais, se détériorant d’année en année. Mes hôtes parlaient de leur dilemme. Fallait-il protéger ces vestiges ? Construire des dômes en perspex pour les recouvrir, afin de les préserver à l’intention des générations futures ? Ou bien valait-il mieux les laisser se désagréger peu à peu, de façon naturelle, et disparaître ? Cela me parut être la puissante métaphore d’un dilemme plus vaste. Comment de tels souvenirs seraient-ils préservés ? Les dômes de verre transformeraient-ils ces reliques du mal et de la souffrance en de fades expositions muséales ? Comment choisir ce que nous devions garder en mémoire ? Ne vaut-il pas mieux oublier et aller de l’avant ?
J’avais 44 ans. Jusqu’à maintenant j’avais considéré que la Seconde Guerre Mondiale, avec ses horreurs et ses triomphes, appartenait à la génération de mes parents. Il m’apparut qu’avant longtemps, beaucoup de ceux qui avaient été les témoins directs de ces événements historiques ne seraient plus en vie. Et ensuite ? Le fardeau de la mémoire incombait-il à ma génération ? Nous n’avions pas vécu les années de la guerre, mais elles avaient façonné la vie de nos parents de manière indélébile. Avais-je désormais, en ma qualité de conteur, un devoir dont je n’avais pas eu conscience jusqu’à ce jour ? Le devoir de transmettre, du mieux que je pouvais, les souvenirs et les leçons de la génération de nos parents à celle qui suivrait la nôtre ? (…)
Un soir, au début 2001, dans le salon obscur de notre maison au nord de Londres (où nous habitions désormais), Lorna et moi commençâmes à regarder, sur une cassette VHS de qualité raisonnable, un film d’Howard Hawks sorti en 1934, qui s’appelait Twentieth Century (Train de luxe). Nous découvrîmes bientôt que le titre ne se référait pas au XXe siècle que nous venions de quitter, mais au célèbre train de luxe de cette époque, qui reliait New York à Chicago. Comme le savent certains d’entre vous, ce film est une comédie au rythme soutenu, qui se déroule en grande partie dans le train, et décrit un producteur de Broadway de plus en plus désespéré, qui essaie d’empêcher son actrice principale de se rendre à Hollywood pour devenir une vedette de cinéma. Le film est construit autour de l’extraordinaire performance comique de John Barrymore, l’un des grands acteurs de son temps. Ses expressions de visage, ses gestes, presque chacune de ses répliques sont chargés de l’ironie, des contradictions et des extravagances grotesques d’un homme qui se noie dans l’égocentrisme et la théâtralité.
C’est sous beaucoup d’aspects une performance brillante. Pourtant, alors que le film continuait de se dérouler, je me sentis curieusement détaché. Cela m’intrigua au début. D’habitude j’aimais bien Barrymore, et j’étais un grand amateur des autres films tournés par Howard Hawks à cette période – comme La dame du vendredi et Seuls les anges ont des ailes. Puis, au bout d’une heure environ, une idée simple, évidente, me traversa l’esprit. Si tant de personnages captivants, indéniablement crédibles dans les romans, les films et les pièces de théâtre, me laissaient si souvent indifférent, c’était parce que la relation humaine établie par les échanges avec leurs partenaires ne présentait pas d’intérêt. Aussitôt me vint la réflexion suivante sur mon propre travail: Et si je cessais de me préoccuper de mes personnages pour me soucier du rapport qui existait entre eux ?
Tandis que le train cliquetait en direction de l’ouest et que John Barrymore devenait de plus en plus hystérique, je songeai à la célèbre distinction établie par E.M. Forster entre les personnages en deux dimensions et en trois dimensions. Un personnage de roman était en trois dimensions, disait-il, dans le sens où « il nous surprenait de manière convaincante ». Il devenait ainsi un personnage « rond ». Et que se passait-il, me demandai-je alors, si un personnage était en trois dimensions, à la différence des hommes ou des femmes qu’il fréquentait ? À un autre moment de cette même série de conférences, Forster avait eu recours à une image humoristique, l’extraction aux forceps de l’intrigue d’un roman, brandie en l’air tel un ver qui se tortille, afin d’être examinée à la lumière. Je pourrais peut-être tenter un exercice similaire et étudier au grand jour les diverses relations humaines qui se tissent dans un récit ? Faire la même chose avec mon propre travail – pour des récits achevés et d’autres que je prévoyais d’écrire ? Par exemple, me pencher sur cette relation entre un mentor et son élève. Cela apporte-t-il quelque chose de neuf, de pertinent ? Ou bien, à présent que je l’étudie, ne devient-il pas évident que c’est un stéréotype usé, identique à ceux qu’on trouve dans des centaines de romans médiocres ? Ou encore, cette relation entre deux amis en concurrence: est-elle dynamique ? A-t-elle une résonance émotionnelle ? Évolue-t-elle ? Est-elle en trois dimensions ? J’eus brusquement l’impression de mieux comprendre pourquoi divers aspects de mon travail avaient échoué dans le passé, malgré les remèdes désespérés auxquels j’avais eu recours. L’idée me vint – alors que je continuais de regarder John Barrymore – que tous les bons romans, quel que fût le parti pris radical ou traditionnel du mode de récit, devaient contenir des relations essentielles à nos yeux; des relations émouvantes, amusantes, irritantes, surprenantes. Peut-être qu’à l’avenir, si je soignais mieux leurs relations, mes personnages prendraient soin d’eux-mêmes.
Il me vient à l’esprit en vous disant cela que j’affirme peut-être quelque chose qui vous a toujours paru évident. Mais tout ce que je peux dire, c’est que cette idée m’est venue étonnamment tard dans ma vie d’écrivain, et que je la perçois aujourd’hui comme un tournant comparable à ceux que je vous ai décrits aujourd’hui. À partir de ce moment-là, j’ai commencé à construire autrement mes livres. Lorsque j’écrivis Auprès de moi toujours (Never Let Me Go), par exemple, je me concentrai dès le début sur le triangle central de relations, et ensuite sur les autres relations qui en émanaient.
Les tournants décisifs de la carrière d’un écrivain – et peut-être de toutes sortes de carrières – se produisent ainsi. Ce sont souvent de petits moments échevelés. Des étincelles de révélation, silencieuses et secrètes. Ils surviennent rarement, et quand ils le font, c’est sans fanfare, sans l’accord des mentors ou des collègues. Ils doivent souvent se battre pour attirer l’attention, avec des exigences plus tapageuses, plus urgentes en apparence. Parfois ce qu’ils révèlent peut aller à l’encontre de l’opinion prédominante. Mais quand ils surgissent, il est important d’être capable de les reconnaître pour ce qu’ils sont. Sinon ils vous glissent entre les mains.
J’ai insisté ici sur l’aspect petit et secret, car c’est le fond même de mon travail. Une personne écrivant dans une pièce tranquille, s’efforçant d’entrer en contact avec une autre personne qui lit dans un lieu paisible – enfin, peut-être pas si paisible que ça. Les histoires peuvent distraire, et parfois vous instruire ou défendre un point de vue. Mais pour moi, l’essentiel est qu’elles communiquent des émotions. Qu’elles en appellent à ce que nous partageons en tant qu’êtres humains par delà nos frontières et nos dissensions. De grandes industries glamour se bousculent autour d’elles; l’industrie du livre, l’industrie du cinéma, l’industrie de la télévision. Mais à la fin, il s’agit d’une personne qui dit à une autre: Voici ce que je ressens. Vous comprenez ce que je dis ? Est-ce que vous éprouvez la même chose vous aussi ?
(…) Me voici donc, à soixante ans passés, en train de me frotter les yeux et d’essayer de discerner dans la brume les contours de ce monde dont je ne soupçonnais pas l’existence jusqu’à hier. Trouverai-je l’énergie d’observer ce lieu inconnu, moi qui suis un auteur harassé, d’une génération intellectuellement à bout de forces ? Me reste-t-il quelque chose qui puisse aider à proposer une perspective, à introduire des strates d’émotions dans les querelles, les conflits et les guerres qui surviendront alors que les sociétés luttent pour s’adapter à ces énormes changements ?
Je devrai m’acquitter de cette tâche du mieux que je peux. Parce que je crois encore que la littérature est importante, et le sera d’autant plus lorsque nous franchirons ce terrain accidenté. Mais je compte sur les écrivains des jeunes générations pour nous inspirer et nous guider. C’est leur époque, et ils en auront l’instinct et la connaissance qui me manquent. Dans le monde des livres, du cinéma, de la télévision et du théâtre je vois aujourd’hui des talents exaltants, audacieux: des femmes et des hommes de vingt, trente et quarante ans. Donc je suis optimiste. Pourquoi ne devrais-je pas l’être ?
Mais permettez-moi de conclure en lançant un appel – si vous voulez, mon appel du Nobel ! Il est difficile de refaire le monde, mais réfléchissons du moins à la manière de préparer notre coin de l’édifice, ce coin de « littérature », où nous lisons, écrivons, publions, dénonçons, et décernons des prix aux livres. Si nous devons jouer un rôle important dans cet avenir incertain, si nous devons tirer le meilleur parti des écrivains d’aujourd’hui et de demain, je crois qu’il nous faut devenir plus divers. Cela peut se faire en deux façons.
D’abord, nous devons élargir notre univers littéraire habituel pour inclure beaucoup d’autres voix au-delà des zones de confort des cultures d’élite des pays riches. Nous devons chercher avec plus d’énergie les joyaux de cultures littéraires qui demeurent inconnues à ce jour, que les auteurs vivent dans des contrées lointaines ou au sein de nos propres communautés. Ensuite: nous devons prendre grand soin de ne pas définir ce qui constitue une bonne littérature à nos yeux en des termes trop étriqués ou trop classiques. Les écrivains de la génération à venir vont inventer toutes sortes de manières nouvelles, parfois déroutantes de raconter des histoires essentielles et merveilleuses. Nous devons nous montrer ouverts à leur égard, en particulier en ce qui concerne le genre et la forme, afin de les stimuler et de rendre hommage aux meilleurs d’entre eux. En un temps où s’accélère dangereusement la division, nous devons écouter. Des écrits et des lectures de qualité briseront les barrières. Nous trouverons peut-être même une idée neuve, une grande vision humaine, autour de laquelle nous rassembler (…)
KAZUO ISHIGURO
Traduit de l’anglais par Anne Rabinovitch
MLA style: « Kazuo Ishiguro – Conférence Nobel: Ma soirée du XXe siècle – et autres petites incursions ». Nobelprize.org. Nobel Media AB 2014. Web. 7 Dec 2017. http://www.nobelprize.org/nobel_prizes/literature/laureates/2017/ishiguro-lecture_fr.html
© LA FONDATION NOBEL 2017
(« Kazuo Ishiguro » photo Andrew Testa ; « Anthony Hopkins et Emma Thomson dans Les Vestiges du jour de James Ivory d’après le roman de Kazuo Ishiguro » photo D.R.)
884 Réponses pour Ma soirée du XXe siècle – et autres petites incursions
Les affaires reprennent après les chagrins…
C’est qui, ce Kazimodo Trucmuche ? Moi qui m’attendais à un hommage senti à l’immortel Johnny, je suis horriblement déçu.
fut écrire avec djoni et bob au cax et dictafoner sur son samsung en reconnaissance vocal chinoise à la cave et dans le noir ‘je m’appelle lassouline et je vois plein de femme nue qu’on torture, ce monde n’est pas sponçorisé par soupline et mon colon que c’est dur’..ça pulse qui dirait phil..surtout en chinois
MORASSE dit: 8 décembre 2017 à 9 h 42 min
Les affaires reprennent après les chagrins…
Les chagrins, les chagrins … La rigolade, oui.
Dans le fond, enserré, engoncé, emmailloté dans son déguisement d’Immortel, Jean d’O ben… il a un petit côté Elvis Presley décoré et décoratif !
juste..les riches sont toujours à copier les prolos jicé..t’as pas faux
néanmoins…petit retour sur image au milieu du concert assourdissant à jony pour Jean d’Ormesson pas encore descendu au tombeau.
Ce matin radiofrance redonne la relation d’Ormesson à Berl. occasion rare d’entendre la production franceculturelle s’esbaudir de la bonne qualité des discours du Maréchal. Jean d’O., jamais complètement atteint de repenticite, rappellera le premier, le biographe ne voulant pas s’y coller, la bonne entente de Berl avec Drieu, entre autres.
…
…à l’expression,…une couleuvre à avaler,!…
…
… » taratata « ,!…pour l’empereur,!…
…
…les dogmes des Nobel,!…les trouvères, à leurs cours,!…etc,!…les baise-tout,!…
…etc,!..
Passionnant ce texte. J’ai donné le lien avec la RDL à plusieurs amis pour qu’ils le lisent.
A la réflexion je me dis que s’ils lisent les premiers commentaires, ils vont se demander où ils sont tombés. Pour des non-habitués c’est… déconcertant!
Au moins, le Jean d’O., il était rigolo. Histoire de bien se faire voir des foules, je propose de lancer une pétition nationale : compissons la mémoire de Johnny. Je crains d’être le seul à la signer. N’importe : et s’il n’en reste qu’un…
Comme humaniste, je partage totalement l’analyse de Jean à propos de cet étrange Nobel non-musical, alors que Jeannot le Belge méritait cent fois le Prix pour la saveur cocaïnée de ses textes écrits par d’autres……..
La succession de Dylan est loupée !
Ce Kazimodo chinois (car un jour ou l’autre la Chine reprendra possession de Taiwan et du Japon) mais c’est d’un ridicule …. A en faire un billet aussi lourd qu’une logorrhée d’Annelise Roux !
Je n’arrête pas de rencontrer des gens que l’indécence des hommages à JOhnny révolte. je ne sais pas où le Macron a vu que le rockeur braillard était une idole nationale.
« Passionnant ce texte » (Lavande)
Des millions de gens peuvent vivre l’équivalent de cette saga anglo-japonaise… mais celui là ECRIT…. merveille, il ECRIT…. !
Je sais qu’il y a des précédents fâcheux…
Pourtant, à Porquerolles, nous organisons samedi soir un autodafé des œuvres complètes de Jeannot le Belge, de Bobbie Dealer et Kazimodo, les nobélisés farfelus.
Venez nombreux !
Entendu à la radio une dame d’un certain âge qui souhaite être incinérée au son d’Allumer le feu. Est-ce drôle…
Excellent, Diogène !
En ce qui concerne Bébé Macron et Jeannot le Braillard, c’est comme d’habitude : le meilleur d’entre-nous propose des « rêves sans danger », qui puissent servir ses propres rêves d’inculte narcissique.
« Ma soirée du XXe siècle – et autres petites incursions :
Si vous m’aviez croisé à l’automne 1979, vous auriez sans doute eu quelques difficultés à définir mon milieu social ou même, mes origines. J’étais alors âgé de 24 ans. »
Passou a été nobelisé, et on ne le savait pas !
Je découvre Kazuo Ishiguro, cet écrivain par sa vie, ce qu’il en dit et c’est passionnant. Je vais relire ces fragments de discours, notamment l’influence de Proust sur son écriture par rapport au rapprochement étrange de deux époques qui auraient pu ne pas être liées. Sa solitude aussi dans ce « pays » universitaire. Ce serait bien, de la part de ceux qui l’ont lu, de nous évoquer ses romans, son écriture car sans ses livres, il n’y aurait ni ce Prix Nobel, ni ce regard porté sur sa vie. L’écriture, quelle mystérieuse aura elle donne à un homme… Quel est ce continent inconnu où nous n’abordons que par la lecture et pour certains, par l’écriture.
Est-ce l’Atlantide ?
Et notre hôte a-t-il été influencé par le majordome d’Ishiguro quand il a fabriqué le Julius Stein du « Singmaringen » ? Ou bien simplement avait-il regardé le film d’Ivory ? (il me semble qu’il en avait parlé, justement pour souligner son influence sur son propre sujet ?)
Et c’est Ishiguro qui a le nobel… Si je divague un peu là autour, je me dis que ça doit pas mal remuer dans les tréfonds de notre hôte. Télescopage de boyaux, dirons-nous trivialement, ou, pour tenter d’être un peu moins inélégante, ça doit bouillir pas mal dans la marmite.
Comment réagirais-je, moi bibi, si un écrivain m’ayant inspiré si fortement que, sans parler de plagiat, j’eusse pu reconnaître la trace de son influence dans mon propre travail, comment réagirais-je si cet écrivain, dis-je, recevait le Nobel ?
Attendrais-je du coup de recevoir moi aussi un prix – par un phénomène de « ruissellement » comme nous le serine à l’envi l’ère macronienne où nous vivons ???
Ou bien me regarderais-je longuement dans la glace, pour tenter d’étouffer les serpents de l’envie qui se tortilleraient autour de ma tête, comme sur le bouclier du Caravage ?
« allumez le feu… » Hier soir, délaissant la confiture qui coulait dans la grande librairie,j’ai fait un tour sur la HD, et j’ai appris que l’idole des djeunes serait inhumée à La Madeleine…
Il va falloir tenir jusqu’à Dimanche.
Au fait, le Président et son épouse rallument-ils la flamme sous l’Arc de Triomphe ? avant de prendre la tête du Cortège?
Presently, dernier hommage à Jean d’Ormesson sans tatouages.
Le Japon, puissance de la monoculture.
Je relis et comprends que « Les vestiges du jour », c’est lui. Alors je connais, si ce n’est le livre, le film de James Ivory qui l’a magnifié avec le jeu remarquable d’Anthony Hopkins (James Stevens) et d’Emma Thompson (Miss Kenton) dans le domaine Darlington. Un majordome qui a hanté P.Assouline dans son roman « Sigmaringen ». Ombre de Julius Stein et de Jeanne Wolfermann …
Je me souviens :
« J’espère que vous avez passé une bonne soirée, Miss Kenton.
– Oui, je vous remercie, Mr. Stevens.
– J’en suis ravi. »
Magnifique discours de Macron, en ce moment, aux Invalides, pour saluer avec subtilité le passage de Jean D’ormesson en terres de littérature et d’amitié.
Macron aurait pu être prof de littérature inspiré…
Ce crayon posé sur ce cercueil. Acte fort.
si il y a les honneurs de la cour des invalides pour un d’Ormesson..que fera le Gouvernement à la mort de nos prix Nobel de littérature?
@ « Avais-je désormais, en ma qualité de conteur, un devoir dont je n’avais pas eu conscience jusqu’à ce jour ? Le devoir de transmettre, du mieux que je pouvais, les souvenirs et les leçons de la génération de nos parents à celle qui suivrait la nôtre ? »
Oui, indubitablement, il y a cette dimension du devoir de mémoire à ne pas négliger, surtout si l’on n’est pas de descendance juive et issu d’une génération retrouvée du mauvais côté de la barrière et dûment châtiée à ce titre.
@ « élargir notre univers littéraire habituel pour inclure beaucoup d’autres voix au-delà des zones de confort des cultures d’élite des pays riches ». Oui, et c’est là l’attitude humaniste leclézienne minimale d’un nobélisé. Stockholm devrait faire à l’avenir plus d’efforts, en se penchant plus sérieusement sur les littératures africaine, arabe et asiatique…
@ « prendre grand soin de ne pas définir ce qui constitue une bonne littérature à nos yeux en des termes trop étriqués ou trop classiques ». OK, Kazuo…, mais les marges de manœuvre sont étroites, et je sens les réticences de certains de nos internautes conservateurs risquant de tiquer un brin à l’idée d’une nouvelle bévue dylanienne.
Bel exercice de réflexivité rétrospective, cher Kazuo. Et merci à Anne Rabinovitch pour nous avoir si rapidement traduit ce texte d’hommage et à Passoul d’en avoir si rapidement publié les principaux extraits en ligne.
Paul Edel, ça dépendra desquels. Ou plus précisément : du nombre d’électeurs potentiels qui connaîtront leurs noms. L’hommage est proportionnel à la renommée, pas au talent, n’est-ce pas.
Comme pour la chanson française. Perso ça me fait mal de voir la célébration posthume de Johnny, dans le pays de Brassens. Tiens, je vais me faire un petit « trompettes de la renommée », pour me remettre. Et je partage !
Tu ferais bien de faire un peu de sport, Clopine, ça améliorerait ton poids et dégraderait ta lourdeur : tout bénéfice !
Janssen J-J dit: 8 décembre 2017 à 12 h 47 min
C’est beau ! Mais c’est beau ! …. ceux qui n’y voient que banalités sont des envieux, des ingrats, des humanistophobes, bref…. horreur !…. des réalistes !
Lavande, fallait-il donner à vos amis l’adresse du lieu de vos mauvaises fréquentations ?
Croyez-vous que ceux qui vous aiment monteront dans le train du commentorium en délire de la RDL ?
@13.17, Merci JC…, Je savais qu’un jour, à la veille de votre départ définitif, je réussirais à vous arrimer parmi les Justes de la rdl, que tout le reste de vos aimables facéties n’était que baratinages sans conséquence et bin escusab’.
Le « réalisme humaniste » anti-johnnyste, la seule voie d’avenir possible pour les internautes de la rdl.
@Paul Edel dit: 8 décembre 2017 à 12 h 45 min
C’était un hommage à la littérature et à la présence de certains êtres, le rayonnement plus que la présence, dont Jean d’Ormesson . Il n’a pas éludé un certain égoïsme.
Mes profs de littérature comme les philosophes, les écrivains, quand ils étaient inspirés, m’ont apporté plus de bonheur et de réflexion que les présidents de la république, toute vagues confondues (Caprices de certains destins…). Si j’avais à choisir : il n’y aurait pas photo !
Et j’aime infiniment ces moments où Macron vibre en évoquant la littérature, idem autrefois pour Mitterand ou Chirac excellent dans un seul domaine : l’art des Amérindiens, les Taïnos en particulier (je lui avais écrit cela et déposé à la guérite de l’Elysée ! ça l’avait amusé, un peu ému, je crois).
Vous, inimaginable en président de quelque république que ce soit mais bien à votre place dans les livres. Vous avez la meilleure part avec vos vies imaginaires et vos souvenirs cachés dans l’encrier !
Les idéologies rendent l’avenir obscur, seuls les poids des livres auxquels on se cramponne sont bouches d’or dans ces temps de clair-obscur et de vide. Ma filiation est là depuis mes années de formation, là et près des peintres de l’empêchement, ces passeurs de rêve, aptes à la métamorphose.
A part cela, les noms partent avec le fini de chacun, sauf dans les livres et les toiles.
Claude Roy écrivait dans Arts sauvages :
« L’art est, avec l’amour et la connaissance, la seule issue réelle qui puisse arracher l’homme au cauchemar du temps…. »
je pense à votre Segalen s’immergeant dans la moiteur des Marquises… ce veilleur d’éternité au langage nomade.
Jean dit: 8 décembre 2017 à 11 h 02 min
je ne sais pas où le Macron a vu que le rockeur braillard était une idole nationale.
Probablement ses ‘conseillers » vendouzes marquetouzes modèle HEC…
Mais non, Sergio, macron est un fan de toujours !
https://www.youtube.com/watch?time_continue=9&v=Tqf2UAnSc3M
Ses derniers mots écrits avant sa mort, un d’Ormesson en peau de zébu comme une bouteille à la mer face à la postérité :
« Et moi qui m’imaginais devoir vivre pour toujours, qu’est-ce que je deviens ? »
JAZZI dit: 8 décembre 2017 à 14 h 28 min
macron est un fan de toujours !
J’ai passé des soirées de spleen à écouter dix fois, vingt fois des choses comme Mirador ; mais de là à la prolonge d’artillerie pour le maréchaogis Smet…
« Je suis un soldat…
Comme d’autres là-bas… »
Probablement l’Algérie…
Peau de zébu :
« Expression très familière qui viendrait de l’argot des zouaves et qui s’emploie pour qualifier quelque chose qui a très peu de valeur voire pas du tout. Très peu usitée de nos jours, cette expression s’apparente à une autre expression similaire peau de zob, elle aussi tirée de l’argot des zouaves. »
En fait, selon le Petit Robert des expressions, j’aurais dû écrire « peau de zébi », mot qui vient de l’arabe. L’expression, très familière, signifie « rien du tout ». Cela ressemble d’ailleurs au titre d’un livre de d’Ormesson et lui va comme un gant.
@christiane du 8 décembre 2017 à 12 h 32 min
Êtes-vous sûre qu’il l’a écrit lui-même ce magnifique discours ? Les présidents ont leurs gens pour ça…enfin lui, c’est vrai qu’il a la First Granny sous la main, ex-prof de lettres, pour caviarder du papier.
Houi mais attation ! Il n’y a que la peau de couille pour conserver le tabac…
« Et moi qui m’imaginais devoir vivre pour toujours, qu’est-ce que je deviens ? »
Il y a déjà de l’amertume, dans cette interrogation, comme s’il avait le soupçon que la postérité allait l’oublier. Sous l’homme facétieux, il y avait un grand angoissé, un fat qui aurait voulu que sa littérature reste. Mais elle passe… elle est déjà passée.
« Il n’y a que la peau de couille pour conserver le tabac… »
La Pléiade aurait dû relier le volume d’Ormesson avec de la véritable peau de zébi ! Cela lui aurait donné une chance supplémentaire et peut-être porté bonheur.
De ces majordomes, Passou en a deux à son actif : celui de Sig bien sûr, mais, bien avant, celui du Lutetia ; tous les deux narrateurs, avec des différences mais aussi une formidable parenté : celle d’avoir simultanément réussi son ascèse d’une part, une sous-jacente interrogation sur le fait d’avoir peut-être gâché sa vie proprement dite d’autre part, ce que l’on retrouve, semble-t-il, chez l’écrivain présenté par ce présent billet…
Exercice des vies parallèles par Zemmour :
Je suis de l’avis de Clopine, cet hommage délirant au rockeur braillard a quelque chose d’indécent au pays de Brassens. Et puisque j’aborde à nouveau le sujet Johnny et que Kazumoto Kadératé raconte ici sa vie, j’ose raconter un petit bout de la mienne. J’ai 77 ans, étant né en 1940 (le 9 mai, jour de la catastrophe nationale, moins grave que celle de la disparition de Johnny, mais tout de même). Johnny est né en 43. Nous sommes donc à peu près contemporains. Or, à la différence de nombre de djeuhnes de mon âge, je ne me suis jamais intéressé à sa musique, et l’ai considérée avec un souverain dédain, comme d’ailleurs celle de ses rivaux français du genre, comme d’ailleurs celle d’Elvis Priestley et de ses émules américains. Je pense que cela tient à un embryon de culture musicale déjà solide vers 18 ans. Ado, j’avais la chance de pouvoir acheter des disques et je disposais d’un poste radio dans ma chambre (on était en 58). En musique classique, je connaissais déjà assez bien pas mal de choses. surtout, j’étais un admirateur résolu de la musique noire américaine, le blues et le jazz. C’est d’ailleurs pourquoi une des rares chansons de Johnny qui me touche est « Toute la musique que j’aime ». Me précipiter au Palais des Sports de Paris au début des années 60 à un concert de Ray Charles fut pour moi tout naturel et impératif. Itou pour Johnny Hodges et Big Bill Broonzy. Je n’aurais jamais eu et n’ai jamais eu la tentation d’aller écouter Johnny en concert. A 17 ans, mes chanteurs et chanteuses favoris étaient Brassens, Brel, un peu plus tard Léo Ferré, Juliette Gréco, Henri Salvador, un peu plus tard Dutronc, un peu plus tard Eddy Mitchell. Johnny n’est jamais entré dans le cercle des artistes que j’admirais et admire encore. Question de génération, de profil sociologique, de références, donc de culture. Pour d’Ormesson, dont je n’ai jamais eu une ligne, c’est un peu pareil. L’admirateur de Marguerite Duras, de Claude Simon, de Robert Pinget, de Beckett, d’Ionesco, voire de Tournier, que j’étais et suis encore, n’aurait jamais daigné condescendre à ouvrir un bouquin de d’Ormesson. Je mourrai dans l’ignorance des productions de cette gloire nationale. M’enfin, Henri Michaux, c’est autre chose que d’Ormesson.
Je ne veux pas qu’on se méprenne
Sur mes intentions
Pas question aujourd’hui
De dire « merde aux cons»
De provoquer une géhenne
Je n’ai rien, vraiment rien,
Contre les crucifix
Ni contre les gourmettes
Non plus que les lunettes
Noires et les bagues aux doigts
Ni les blousons cloutés
Ni les futals cousus
A même les roupettes
Je suis, certes, il est vrai
Un peu rétive, (mais bon…),
Au rock binaire à fond
Aux décibels velus
Aux scènes gigantesques
Où l’on allume des feux
En place de poésie
Je croyais être née
Dans un pays béni
Le pays de Brassens
Et de Victor Hugo
Et voici que je tombe
Certes d’un peu trop haut
Car tout le monde le crie
La France, c’est Johnny…
La France c’est Johnny
George, remballe ta guitare
La France c’est Johnny
Victor, fais-toi petit
La France c’est Johnny
Et je me sens bizarre
La France c’est Johnny
IL n’y a plus d’espoir
Ce que j’avais bien aimé dans Remains of the day, c’est la pudeur du majordome et de l’institutrice, deux personnes au service de puissants, en quelque sorte bloqués dans leur vie propre par leurs charges et les habitudes. Pendant que ceux qui les emploient les ignorent en quelque sorte, ils s’en fichent.
La pudeur asiatique, la réserve face aux spectacles indécents d’une autre époque où chacun se sent son propre roi décomplexé. Il y a une mesure à trouver pour ne pas piétiner le jardin ( certes imparfait écrirait Todorov ). Un souvenir, qui véhicule une émotion, qui véhicule une odeur, un regard, un geste furtif…
Me Jean, merci de nous avoir fait part de votre âge et milieu d’origine pour justifier de vos goûts musicaux et littéraires, en rebondissant sur le témoignage de Kazuo Ishiguro. On sent de l’honnêteté sous votre plume, et un léger mépris pour les goûts populaires en général peut-être, attitude apparemment bien assumée au vu de l’éclairage de vos propres éléments de biographie. Je n’ai pas tout à fait le même profil sociologique que le vôtre, et pourtant je me suis également tenu à l’écart de johnny halliday qui ne m’a jamais procuré la moindre émotion (hormis une ou deux chansons de l’époque ado yéyé). Cela dit, je n’ai jamais éprouvé non plus de condescendance pour la longévité de son inscription dans le paysage sentimental de la chanson française que beaucoup pourraient lui envier, bien au contraire, et je n’hésiterai pas à saluer la performance. Cela dit, vous ne me verrez pas aller défiler en mob’ sur les Champs, ni même m’incruster devant ma télévision pour cet hommage populaire que le peuple de droite s’apprête à lui rendre(On a tous quelque chose de Jacques Chirac et… sans doute un peu de blé planqué quelque part en Suisse).
Le chapitre 14 d’Allan Moore passe avant tout ça. J’espère en outre de l’apaisement à votre conjointe dont le sort nous soucie tous, vous le savez depuis votre émouvant témoignage.
Clopine
Réponse sur le fil précédent.
@tristan dit: 8 décembre 2017 à 14 h 56 min
Je ne sais… mais c’était un beau rituel d’écriture, la voix sonnait juste. Laissez-moi cette illusion que c’est une invention personnelle…
Chirac, lui c’est certain, était passionné par les pierres sacrées, galbées, à trois pointes des Taïnos (les trigonolithes), presque des Brancusi, ou un toit de Le Corbusier (la chapelle Notre Dame du Haut de Ronchamp) et les statuettes de basalte noire avec leur forme abstraite. Chirac en parlait avec J.Kerchache, en érudit, lors de l’inauguration du musée du quai de Branly. Je me suis arrêtée longuement devant la vitrine enfermant ces merveilles, plus tard. Une impression de force, de pouvoir sacré et de beauté parfaite (Là, je comprends Pablo ) et ces duho, sièges cérémoniels, tellement élégants, sculptés dans des bois sombres et patinés par le temps. Des urnes funéraires aussi (zemi) en bois ou en pierre. Les Amérindiens des Grandes Antilles précolombiennes, quel mystère… objets façonnés dans le culte et l’esprit des morts par des artistes anonymes. Je pensais aussi aux massacres des conquêtes, les maladies apportées par ces conquérants espagnols…
Une continuité dans le temps, une certaine fluidité, un passage vers là-bas dans un autre temps…
Ces hommes et femmes de pouvoir ont laissé en veilleuse des talents, des recherches, pour accéder aux places convoitées de l’échiquier. Ils portent en eux des héros secrets, muselés, des sortes de fantômes qui les hantent et qui réapparaissent le temps d’un discours, d’une inauguration. Le pouvoir est une fiction, une ambivalence, des vies hybrides d’êtres sur la défensive, prudents… dont le cœur bouillonne, parfois.
Janssen J-J dit: 8 décembre 2017 à 16 h 26 min
Me Jean, merci de nous avoir fait part de votre âge et milieu d’origine pour justifier de vos goûts musicaux et littéraires
Il y a sûrement, pour expliquer, sinon justifier, ces goûts, l’influence des références du petit bourgeois relativement cultivé que j’étais à l’époque. Mais je me dis aussi que l’intensité de mes dédains est en raison assez exacte de la force passionnée des découvertes musicales et littéraires qui ont illuminé toute ma vie. En matière d’art, le mot « goût » n’est d’ailleurs pas aussi métaphorique que cela ; j’évoquais tout à l’heure Henri Michaux : eh bien, tout d’un coup, j’ai eu à nouveau dans la bouche le goût étrange et violent que j’avais savouré la première fois que je découvris quelques uns de ses textes. » Quant à moi, ayant encore plus de mal dans le corps des autres que dans le mien, j’ai dû y renoncer rapidement « , écrit Michaux dans « Nuit de noces ». Longtemps après avoir découvert ce texte, quand j’ai compris tout d’un coup que cette phrase, si j’avais pris à temps la mesure de sa sagesse, m’aurait sauvé de bien des erreurs, j’ai pleuré. Je doute qu’un texte de Jean d’Ormesson me fasse jamais pleurer, mais qui sait ?
A propos de d’0rmesson, j’ai apprécié l’exactitude de la télévision ;on a parlé de sa naissance enviable (fils d’ambassadeur ,fils de marquis) ,de sa bonne éducation(Normal sup, agrégé de lettres) de son vague job à l’Unesco, de ce parachutage aisé à la direction du Figaro, de son entrée , si jeune à l’Académie, de ses fréquentations innombrables du monde politique de tous bords, de Chirac à Mitterrand-de sa merveilleuse entrée en pléiade,(j’ai même entendu sur LCI un journaliste affirmer qu’il était le seul écrivain français vivant a être entré en pléiade récemment, ce qui n’est pas sympa pour Kundera qui est aussi citoyen français). J’ai également entendu parler de son vaillant combat pour accueillir Marguerite Yourcenar à l’académie française, de l’humidité bleu ciel de son regard, de son esprit, de ses centaines d’articles, de ses multiples conquêtes féminines, de ses vacances en Corse, en Grèce ,dans le Luberon, de sa morale hédoniste, de sa bonne humeur, de ses colères -dixit Ruffin-rares mais terribles, de sa simplicité, de son cœur, de sa générosité, de son bureau mal rangé, de sa familiarité avec Dieu et les plateaux tv.
Je me suis dit qu’il y a des écrivains qui traversent la vie en sleeping, en classe affaires, heureux et gais, et ça m’a rassuré sur cette profession que le pénible cas Houellebecq rend inquiétante.
Un regret : personne n’a abordé franchement, en critique littéraire, la valeur ses romans, si épais et si réputés. Personne n’en a cité le moindre passage. Je me suis dit que la lumière que ses livres dégagent était trop vive pour ces journalistes, à l’abandon dans la pénombre de leur chagrin.
Je suis frappé par la simplicité de ce discours (qui n’en est pas moins beau). C’est un trait des auteurs anglo-saxons que de parler de leur métier comme le feraient des artisans, loin de formules transcendantales et effets de manche auxquels se sentent obligés nos écrivains.
Bel hommage du meilleur « rocker » espagnol, Loquillo, à son ami Johnny:
« Mick Jagger y él »
https://elpais.com/cultura/2017/12/06/actualidad/1512584637_180909.html
Article avec un lien pour entendre Johnny chantant en espagnol avec lui.
Je ne suis jamais allée à un concert de Johnny et je n’ai aucun de ses disques mais à l’occasion j’écoute sans déplaisir une de ses chansons et suis admirative devant son battant et son courage. A Saint-Barth qui était autrefois une merveilleuse petite île, il sera tranquille… et nous aussi débarrassés de tous les admirateurs voulant aller sur sa tombe.
Sinon, je suis tombée des nues en apprenant que « vestiges du jour » était l’oeuvre d’un japonais, il a merveilleusement ingéré l’esprit de son pays d’accueil, je ne connaissais pas le livre, seulement le film « so british » ! On se croirait chez Jane Austen.
de sa bonne éducation (Normal sup, agrégé de lettres)
–
…aux dernières nouvelles on y éduque pas. On y rééduque même pas comme à X ou ENA. On y instruit, c’est un peu différent.
Pourquoi parlez-vous de Jacques Chirac au passé, Christiane ? Il est toujours en vie et se passionne toujours pour cela, même si ses sorties sont rares du fait de sa santé.
A propos d’exotisme, passe sur le cable actuellement le beau film d’Atiq Rahimi, d’après son propre roman (Goncourt en 2008), « Syngué Sabour (Pierre de patience) ». Une jeune femme garde son vieux mari dans le coma, elle lui parle et se raconte, ce qu’elle n’aurait jamais pu dire dans d’autres circonstances. Très prenant.
« Un regret : personne n’a abordé franchement, en critique littéraire, la valeur de ses romans »
On compte sur Paul Edel pour nous en parler franchement !
Macron aurait pu être prof de littérature inspiré…
…—…
A défaut il a été élève gonflé.
« Je suis frappé par la simplicité de ce discours (qui n’en est pas moins beau). »
En effet, radioscopie. A part la chute, qui est… grandiloquente ou naïve, au choix !
« Les écrivains de la génération à venir vont inventer toutes sortes de manières nouvelles, parfois déroutantes de raconter des histoires essentielles et merveilleuses. Nous devons nous montrer ouverts à leur égard, en particulier en ce qui concerne le genre et la forme, afin de les stimuler et de rendre hommage aux meilleurs d’entre eux. En un temps où s’accélère dangereusement la division, nous devons écouter. Des écrits et des lectures de qualité briseront les barrières. Nous trouverons peut-être même une idée neuve, une grande vision humaine, autour de laquelle nous rassembler (…) »
Paul Edel dit: 8 décembre 2017 à 12 h 45 min
si il y a les honneurs de la cour des invalides pour un d’Ormesson..que fera le Gouvernement à la mort de nos prix Nobel de littérature?
–
Roôôh le jaloux!
« Macron aurait pu être prof de littérature inspiré… »
Et pourquoi pas de littérature expirée ?
Montrons nous donc « ouverts à leur égard, en particulier en ce qui concerne le genre et la forme, afin de les stimuler et de rendre hommage aux meilleurs d’entre eux. »
Que voyez-vous à redire là-dedans ?
Qu’il serait vain d’y chercher « une idée neuve, une grande vision humaine, autour de laquelle nous rassembler », l’Ombelle…
c’est un jugement bien péremptoire
« Un regret : personne n’a abordé franchement, en critique littéraire, la valeur ses romans, si épais et si réputés. »
En général, lorsqu’on parle d’un écrivain, c’est l’oeuvre qui est essentiel. Mais, avec d’Ormesson, il s’est réalisé ce prodige, ce tour de passe passe, que d’Ormesson a fait oublié son oeuvre, très médiocre, et a fait triomphé une image complètement virtuelle de lui-même qu’il a vendue dans les médias et sur les plateaux télé. C’est aussi con que ça. D’Ormesson aura été un médiatique, un « publiciste », comme on disait autrefois, et rien d’autre. Quant à son « oeuvre », c’est tout au plus un léger alibi, qui aurait pu, aussi, ne pas être. Et qui finalement n’est pas.
A propos de d’0rmesson, j’ai apprécié l’exactitude de la télévision
polo qui devait haller à ulanbator..t’es qu’un menteur polo
L’Ombelle, ma belle, vous y avez cru à l’unanimisme de Jules Romains ?
Depuis quand la littérature rassemblerait-elle ?
c’est un jugement bien péremptoire
qu’est ce tu veux..y’est coincé
Depuis quand la littérature rassemblerait-elle ?
..tu vois..tu travestis
En revanche, tu as raison le boug, il arrive qu’un roman vous décoince…
ouverts à leur égard, en particulier en ce qui concerne le genre et la forme
c’est quand même un ptit hanculé..bob lannée davant c’est raccord
Le discours de Macron aussi était typiquement un discours de peau de zébi, bien au diapason de la non-oeuvre de d’Ormesson. Encore un prodige : le discours politique qui s’habille des oripeaux du non-écrivain, avec sa non-oeuvre, et finalement sa non-personnalité ultra-médiatique. Le délire paroxystique !!!
En 76 Ramses II en momie avait eu droit à une escorte de Chef d’État et un arrêt place de la Concorde, comme pour Johnny demain.
L’initiative était de Christiane Desroches-Noblecourt. Il s’agissait d’honorer le Pharaon qui avait connu de son vivant le temple d’Amon, en pleine activité religieuse, dans l’ancienne Thèbes devenue de nos jours Louqsor.
Ramses y avait fait ajouter six colosses à son nom ainsi que les deux obélisques dont celle de droite se trouve aujourd’hui là où vous savez.
il a merveilleusement ingéré l’esprit de son pays d’accueil
hune histoire de larbin samourai..et dhanculé d’chogoune..c’est un thème de fime de série z des années 60..y’en a même un qu’est parmi les 5 fimes quje préfère
« Je me suis dit qu’il y a des écrivains qui traversent la vie en sleeping, en classe affaires, heureux et gais, et ça m’a rassuré sur cette profession que le pénible cas Houellebecq rend inquiétante. »
Mais, mon cher Paul Edel, vous ne croyez pas qu’être vraiment un écrivain, c’est une sorte de sacerdoce ? Et Flaubert, vous croyez qu’il courait après les hochets ? Quant à Houellebecq, vous verrez, un jour il se fera moine et sera enfin heureux – et ses lecteurs aussi !
les mongoloïdes ont toujours vu plus clair que les gogols pour juger des ormessons, mais parfois faut croiser les deux, là ça fait l’extra-lucide
La première photo l’est prise au zoom sûr et certain…
JAZZI dit: 8 décembre 2017 à 18 h 14 min
Qu’il serait vain d’y chercher « une idée neuve, une grande vision humaine, autour de laquelle nous rassembler », l’Ombelle…
Soit, c’est une manière (à la bonne franquette ?)de légitimer le statut d’écrivain qui publie mais n’écrit pas dont vous sembliez vous satisfaire ;
il arrive qu’un roman vous décoince…
disons qu’on le croit baroz..dlalourde lui va pas tarder a nous fourguer ronubartez
La première photo l’est prise au zoom sûr et certain…
faux! à la poclain!..t’y connais rien
Han tout cas vu la dimension pharaonique du périmètre neutralisé demain samedi (je rappelle que c’est pas un dimanche), ça va mettre un bordel circulatoire du tonnerre! Ah que oui ! Rock’n roll !!!
moi, je croyais qu’un premier obélisque l’emportait toujours sur la deuxième.
Merci pour le souvenir de Cricri Desroches Noblecourt qui était à l’égyptologie savante ce que Christiane est au firmament de la contribution littéraire constructive à la rdl 😉
Rien n’est plus opposé que l’écrivain Houellebecq et le publiciste médiatique d’Ormesson. Il y a là un choix à faire, littéraire, éthique et morale entre le talent et la nullité.
@un bordel circulatoire du tonnerre*
Clernon d’un chien !.. ce soir javal mes rollmops
C’est d’ailleurs pourquoi une des rares chansons de Johnny qui me touche est « Toute la musique que j’aime »
tu dvrais savoir que c’est celle qui fait rire ceux qui ont une prétention a connaitre mieux que lui de ce dont il parle..la musique..sapré jean marron
quand il a un nouvel os à ronger, lui, il le lâche pas d’une semelle, hein…, c du lourd, l’choisit pas sa porte : son camp est toudsuite trouvé. L’sra mort avant d’êt moine à ligugé, l’michel, t’aura l’air malin. Faudra trouver un nouvel os… Ouf Jésus/Benoit H. r’vint bintôt !
@JAZZI dit: 8 décembre 2017 à 17 h 59 min
Ils n’ont jamais été traduits et restent une sorte « patrimoine » français. De bonnes critiques sur les sites littéraires.
Leur succès (gros tirage) me semble lié à la popularité de Jean d’Ormesson, à ses apparitions fréquentes à la télévision, dans des fêtes, postérieures au temps des batailles dans Le Figaro.
Les gens achetaient les livres de cet homme-là, qu’ils avaient vu, entendu, apprécié par son humour, son sens de la répartie, sa « tenue » (ce côté aristocrate accessible) dans une émission de télévision.
Je crois que dans un commentaire, P.Edel a différencié l’homme qui parlait de celui qui écrivait, M.Court aussi.
Une personnalité souriante, agréable à inviter sur un plateau dans des émissions très… différentes, avec un sens de la répartie cinglante et brillante. Il cabotinait et en était ravi.
Sa voix reste dans l’oreille, voix qui a fait le bonheur des imitateurs.
Ses romans c’était son travail « off », quelque chose qui lui tenait à cœur. Une envie tardive pour celui qui, à la fois, ne voulait rien faire mais aussi, étonner son père. Un désir de consigner ses souvenirs de lecture, de voyages et tous ces auteurs qu’il avait admirés bâtissant sa grande culture, en prolongeant ses méditations. Un certain pastiche parfois.
Son questionnement sur Dieu et sur le temps qui passe, m’intéressaient.
C’était aussi un charmeur de personnes âgées. Une très vieille amie qui guettait la parution de ses livres et ses apparitions à la télévision, l’avait un jour, entendu témoigner d’une habitude que beaucoup de son groupe d’amies nonagénaires avaient : il enroulait et pressait son tube de dentifrice jusqu’à ce qu’il soit vide avant de le jeter. Elle était conquise par ce détail (reconnaissance de celles qui ne gaspillent pas… qui ont connu « les privations de la guerre… »).
Elle lisait ses livres, soulignait soigneusement quelques phrases, peu préoccupée par leur construction, s’endormait entre deux chapitres, heureuse de faire durer ce moment privilégié pour passer un temps très long en compagnie de son écrivain préféré…
Un homme encore, que le jeune chanteur J.Doré avait étonné car il avait tatoué son nom sur son épaule.
Un sacré Patchwork…
L’avis d’autres lecteurs (s’il y en a ici) m’intéresse aussi…
@ Kazumoto Kadératé
c’est quand meme pas très digne !… même sergio yamamoto n’aurait pas osé déraper sur le talus des ombellifères blanches de peur de les salir.
Delaporte puisque mon humour ne vous atteint pas ( c’est ma faute..j’ai pas du y aller assez fort et puis j’ai cru que vous lisiez entre les lignes et je me suis planté..) .Mettons les points sur les I .
Houellebecq est un tres grand écricain..ilpporte une sensibilité nouvelle qui balaie pas mal de vieilleries.D’ormesson n’est pas à ce niveau..le malheureux.
Très juste, J d’O. est toujours beaucoup lu dans les EHPAD, si j’en crois les bibliothèques urbaines que j’y parcours, cela dit… moins que dans les rurales, où la palme revient toujours à Emilie Carles, pour qui une serviette à débarbouiller durant la guerre servait à de multiples usages.
Pour Xlew et M.Court (ça ne passe pas chez P.Edel…
Est-ce celle-ci, M.Court ?
Xlew, c’est inouï ce que vous écrivez sur les noms de la neige pour les Inuits et les Maoris.
http://www.musee-orsay.fr/fr/collections/catalogue-des-oeuvres/notice.html?nnumid=302
Quoiqu’il en soit, on ne saurait trop conseiller aux survivants de l’Académie française d’éviter d’élire, au fauteuil laissé vacant par la mort de M. Jean d’Ormesson, la journaliste dépêchée aux Invalides par LCI.
En effet, n’apprenait-on pas, par le truchement de cette suave bouche, que le président allait y prononcer une éloge funèbre, qu’étaient attendus 45 académiciens (je sais bien qu’il existe plusieurs académies, mais tout de même), et qu’ensuite un pianiste dont j’ai oublié le nom entonnerait un concerto de Mozart, probablement une pièce pour tonneau et orchestre, espèce inconnue jusqu’à ce jour.
Il est vrai que trente minutes plus tôt on avait appris par la bouche non moins suave d’un certain Julien Arnaud, que d’Ormesson détestait Le Nouveau Roman, surtout Sartre.
On se demande tout de même ce que des gens de ce niveau-là ont vraiment à nous apprendre sur la marche du monde. Et rien de plus juste que les mots de Macron à propos de l’audiovisuel français, honte nationale.
@ les points sur les I .
I.. ; donc
(vous croyez que c’est générationnel ces références constantes à la ponctuation ?)
@Delaporte dit: 8 décembre 2017 à 18 h 18 min
Oui, c’est un peu cela… aussi.
@ le jeune chanteur J. Doré avait étonné car il avait tatoué son nom sur son épaule
… au point que, toujours minaudant, Jean d’O décida de lui rendre la pareille, en se faisant dorer la julienne. Le fossé des générations venait enfin d’être comblé, pas vrai Margaret M. ?
» Ils sont partis trop vite… l’un a oublié ses livres et l’autre, ses disques.
Chevillard, un homme qui tuerait pour un bon mot, même les morts…
Bouguereau, moi je mens? moi je mens????? va dire ça à ma vieille mère..le mensonge c’est trop sacré pour qu’on en fasse usage n’importe comment..
Paul Edel, La raison pour laquelle les éloges évoquent peu ses livres : Jean d’O était un écrivain mineur. De son oeuvre, il ne restera rien. Et donc de lui, rien non plus car il n’existait que par sa présence médiatique charmante, durable, permanente et devenue si consensuelle avec l’âge qu’elle en faisait oublier le directeur et chroniqueur engagé du Figaro.
Cela dit, il existe une catégorie d’écrivains mineurs que les amateurs continuent à lire.
Après la marche funèbre entonnée par l’orchestre de la Garde républicaine, la Marseillaise a retenti avant que le pianiste Karol Beffa joue le Concerto pour piano numéro 21 en ut majeur de Mozart dont Jean d’Ormesson parlait souvent.. C’est au son du violon de Renaud Capuçon que le cercueil de Jean d’Ormesson quitta la cour d’honneur des Invalides.
(En octobre 2016, Renaud Capuçon, avait, dans l’émission « La Grande Librairie », joué pour Jean d’Ormesson, qui avait semblé émerveillé. « J’ai tant d’admiration pour vous » avait-il dit au violoniste. Tous deux avaient ensemble parlé musique.)
@Passou dit: 8 décembre 2017 à 19 h 24 min
Voilà qui est clair !
Hypothèse : Houellebecq n’est pas plus -et pas moins- écrivain que d’Ormesson. Ce serait plutôt la mienne.
Où, selon vous, vous situez-vous vous-mêmes, Pierre Assouline et Paul Edel? -C’est vraiment une question…
Je dirais même plus, Passou : « chroniqueur enragé du Figaro »
Cela dit, il existe une catégorie d’écrivains mineurs que les amateurs continuent à lire
t’es un con dlarbin qu’a bzoin dalibi de larbin pour justifier cque tu lis..
-C’est vraiment une question…
main courante + recommandé mon larbin
moi je mens????? va dire ça à ma vieille mère..
« c’est certain qu’il regarde trop la télé..quand j’étais jeune le soir fallait écosser les haricots..ça c’était une activité qui poussait a la vraie méditation »
Pour Xlew et M.Court (ça ne passe pas chez P.Edel…
..elle ose tout la cricri
@le lapin à la moutarde (et à tous ces types passés à côté de leur temps, de leur jeunesse, si satisfaits de ce qu’ils sont)
Oui Christiane, c’est bien cette version là.
Confidence, je ne suis pas non plus sur que ce que j’ai envoyé là-bassur Segalen soit passé!
Bien à vous.
MC
Le Post Scriptum est passé, pas le message qui précède!
Chaloux, je respecte et comprends votre opinion,tout à fait, mais je ne la partage pas. Un grand écrivain pose des questions, cruelles, sournoises(je pense à « la place de l’étoile » de Modiano) ou brutales,frontales « la nausée » de Sartre.. sur la société, aujourd’hui façon Houellebecq, » ou le premier Le Clézio » celui du « Proces-Verbal » retenez bien ces mots:.. nausée, procès- verbal,place de l’etoile.. .. et enfin le Celine du « Voyage au bout de la nuit ».. » .. ..un écrivain selon mon coeur s’oriente vers le bout de sa nuit..façon « Journal d’un curé de campagne » de Bernanos.. il va vers les « fleurs du mal ».. le grand écrivain travaille aussi avec SON silence, sa blessure, sa coupure..n’oubliez jamais tout le temps où l’on tourne le dos à la société pour confier au papier son intranquillité..Cauyrol et son « lazare parmi nious » ou Hyvernaud et son « la peau et les os ».etc.. Antelme.
etc..Semprun..
.Un grand écrivain travaille aussi avec son silence, ou prend en charge le silence des autres.. ceux qui ne parlent plus..(« les miserabkles » de Hugo)dans et entre les mots..la part noire, la révolte, l’intranquillité..l’éclair de lucidité,il le traque.. »la chute » de Camus est au cœur de cette problématique..soudain..le manque de boussole…le désarroi total.. . Un « écrivant »,lui, vous endort avec ses clichés et il évacue le silence par du bavardage .
« Un « écrivant »,lui, vous endort avec ses clichés et il évacue le silence par du bavardage . »
Je suis bien d’accord avec vous, Paul Edel. Mais n’est-ce pas aussi et surtout le cas de Sollers ? Sollers qui est pire, si c’est possible, comme écrivain, que d’Ormesson ? D’Ormesson et Sollers, des écrivains qui avaient des points communs, et qui forment une belle brochette de nullités absolues !
Le problème, Paul Edel, c’est que je ne vois pas beaucoup d’authentiques grands écrivains dans votre liste. Sartre et Camus? Des contemporains capitaux mais surement pas de grands écrivains. Modiano? Non. Semprun, certainement pas, ça me parait incroyable qu’on parle de lui comme d’un grand écrivain.
Baudelaire, bien sûr, Céline aussi. Pas lu Hyvernaud mais les extraits lus récemment ici ou chez vous (C.P.) m’incitent à le lire. Les Misérables, oui, révérés comme on peut révérer les images d’Epinal mais Flaubert a réglé le compte littéraire de ce livre dès sa parution.
Je crois surtout qu’un grand livre est une sorte de miracle difficilement explicable. J’ai lu Les Particules élémentaires, pas vu le miracle. Je l’ai vu en revanche en lisant Golovanov et quelques autres.
Je dirais plutôt qu’un grand livre révèle une part supplémentaire de réalité, au moins un coup d’œil inédit sur elle, quelle que soit sa matière, quel que soit le temps qu’il évoque, et sa part visible de contemporanéité, et qu’il est difficile d’aller plus loin. (La littérature comme procès de l’histoire va souvent moins loin qu’on ne croit). Et il y a de grands livres mineurs ( comme deux ou trois bouquins de Sachs, par exemple, les livres des Goncourt, Mirbeau -encore que Mirbeau soit certainement plus important qu’on ne dit-, qu’on gagne tout autant à lire que de prétendus chefs-d’œuvre de premier rayon).
Quant à la blessure de l’écrivain, j’y crois pas plus et pas moins qu’à celle de mon concierge.
un clin d’oeil à waits
https://www.youtube.com/watch?v=jK6meH9z4uA
C’est vraiment une heureuse rencontre que celle des trépas conjugués de Jean d’Ormesson et de Johnny. Rencontre dont on n’a pas fini de découvrir les effets bénéfiques. Par exemple dans le domaine du langage. On sait les efforts louables de nos pédagogues pour simplifier l’ortograf et la rapprocher de la réalité des choses. J’ai souvent été agacé, quant à moi, par l’outrance pompeuse du mot « obsèques ». Et d’abord, pourquoi ce pluriel ? « Les obsèques de Tartempion », que voilà une association ridicule. Comme si une obsèque ne pouvait pas suffire. Tandis qu’à présent, et puisqu’ils sont deux, on va pouvoir parler, d’une façon plus modeste et plus réaliste, des zobs secs de d’Ormesson et de Johnny. On me dira que ça fait un peu momie, mais ça ne devrait pas déplaire à nos deux Ramsès. D’accord, chacun n’en a qu’un, mais pourtant y en a deux!
Jean Richepin, Gabriel Fauré, Au cimetière, par… Barbara.
« Un regret : personne n’a abordé franchement, en critique littéraire, la valeur ses romans, si épais et si réputés. Personne n’en a cité le moindre passage. »
C’est faux Paul Edel. Les participants à la Grande Librairie hier soir ont choisi leurs œuvres préférées, des citations ont été faites. Se détachent « Au Plaisir de Dieu », « La Gloire de l’Empire » et « Dieu, sa vie, son œuvre » (ce titre est à lui seul génial). Prix spécial du jury pour « Casimir mène la grande vie », paraît-il hilarant.
J’ai l’intention de les lire. Quelqu’un qui a été capable de mener à bout « L’histoire du Juif errant », un monument, le seul de ses pavés que j’ai lu, a forcément des choses à nous dire.
Le saviez-vous? Pierre Assouline présenterait les pamphlets de Céline dans une édition en préparation.
Passou, ce discours est interminable et ennuyeux. Pourquoi ne l’avez-vous pas élagué davantage?
(pourtant j’ai déjà proclamé ici mon immense admiration pour « Les vestiges du jour ». Christiane, ne vous contentez pas du film, même s’il est vrai qu’il est excellent).
T. Rex – Get It On
https://www.youtube.com/watch?v=wZkTh_T75QY
On t’aime Johnny.
il existe une catégorie d’écrivains mineurs que les amateurs continuent à lire. Chaloux
et puis finalement personne ne s’en inquiète, à quel âge situez vous la majorité littéraire?
Quant à la blessure de l’écrivain, j’y crois pas plus et pas moins qu’à celle de mon concierge.
du même avis cependant le concierge n’écrit pas .
closer dit: 8 décembre 2017 à 21 h 15 min
Pour raisons médicales (Lucette, 105 ans coûterait cher). Faute avouée, faute à moitié pardonnée.
Il y a belle lurette que les pamphlets peuvent être téléchargés sur Internet…
oui et puis on a réédité « mein kampf il faut bien lui donner un correspondant français dans la vitrine.
« J’espère que vous avez passé une bonne soirée, Miss Kenton.
– Oui, je vous remercie, Mr. Stevens.
– J’en suis ravi. »
Soixante ans de mariage comme ça.
-Mais comment ont-ils fait ?
– Ben ils ont commencé jeunes banane !
-et puis z’avaient l’idole, l’idole.des jeunes. Ça aide bien.
Quand tu as ta femme qui se jette sous un train je comprends que tu aies mal au corps des autres, Henri.
Ai été interloquée nombre de fois. Figée. Dans une béatitude extrême. Ne pense pas avoir pleuré à quelque texte que ce soit. Grave lacune.
C tjrs pluriel.
On dit aussi les funérailles.
@Chaloux dit: 8 décembre 2017 à 20 h 49 min
Bouleversant. Merci.
Barbara Ann (d’outre manche ; pourquoi pas ?)
https://www.youtube.com/watch?v=u8hKo42x-eQ
Oui, Christiane, c’est magnifique, tellement plus juste que les funérailles nationales, et si merveilleusement dit. J’ai toujours aimé Richepin, mineur si l’on veut, mais si juste.
Les pamphlets, je les achèterai par solidarité envers Lucette.
autant acheter des couches- culottes.?
« Le saviez-vous? Pierre Assouline présenterait les pamphlets de Céline dans une édition en préparation. »
Ouf ! on va échapper aux blablablas d’une préface de Sollers.
Closer, vous savez bien que je faisais allusion à des journalistes d ‘information générale qui parlent d’un « grand » écrivain sans dire un mot de l’oeuvre..Je ne parlais pas évidemment d’une émission strictement littéraire.
Chaloux, je ne vais pas faire la liste complète des écrivains qui me passionnent,d’ailleurs je la tiens depuis des années sur mon blog..il suffit de s’y reporter..
Je vous indiquais une de mes pistes de réflexion.Je ne vous demande pas du tout d’acquiescer,mais de comprendre.
« du même avis cependant le concierge n’écrit pas . »
Certes, Bérénice, mais souhaitons-lui de s’émanciper d’une manière ou d’une autre. J’ai parfois l’impression qu’à peu près tous les humains ont une certaine tendance à devenir fous autour de 45-50 ans. Encore faut-il choisir entre être un fou pour soi-même ou un fou contre soi-même. La première voie est évidemment préférable mais elle est plus difficile à emprunter,-elle monte.
@ un fou pour soi-même
go fuck yourself, may you
Juin 1974
Tous ces gens, au même déjeuner Gould, […] Ce n’est pas le temps perdu, ni retrouvé; le temps pourri.
Un seul, encore humain, pimpant, ravi d’être, l’œil bleu ciel, le sourire mordant, tout agité de sa petite personne satisfaite, Jean d’Ormesson. Tel un prestidigitateur, il sort de sa poche une invitation à sa réception, qu’il me tend comme une gâterie, un sucre d’orge.
Au château de ses ancêtres, l’autre jour, la fête était somptueusement anachronique. Des foules de douairières, des jeunes gen à costume rayé, toute l’Académie, des Rolls en pagaie, des chauffeurs. Un ballet de carrosses, comme au bon vieux temps. Au lendemain de la victoire giscardienne, c’est la première sortie des nantis après l’angoisse. Leur pépiement joyeux semble dire ouf, il nous reste encore sept ans de sursis. Ensuite, ô symbole, ils vont tous à Ferrières chez les Roth.schild.
Au retour, je croise une marée de 2CV car c’est une banlieue très petite-bourgeoise. Un autre monde, qui ne connaît pas ses maîtres. Qui a voté Giscard, sans doute…
Matthieu Galey Journal
monterey pop
https://www.youtube.com/watch?v=PqYh-7WZ1Ro
la voix la plus difficile celle qui monte
http://www.google.fr/url?q=https://m.youtube.com/watch%3Fv%3DpMqiTtP1bTU&sa=U&ved=0ahUKEwjznKzxufvXAhXmL8AKHdLWBRcQtwIIETAC&usg=AOvVaw3wwDZKfo1FCHa5-5_GQkbh
@Chaloux dit: 8 décembre 2017 à 22 h 55 min
Le texte est tellement dans notre temps, surtout avec ces photos et vidéos. Barbara est étonnamment sobre dans son interprétation. C’est bien. Pour ceux-là pas d’obsèques nationales ni d’hommage populaire…
Des romans mineurs ? J’en ai lu plus d’un, certainement.
Pour revenir à Jean d’Ormesson, un livre m’a donné le tournis Histoire du Ju.if errant en Folio. Je ne l’ai pas terminé, il y a quinze ans, je le reprendrai peut-être. Est-ce un divertissement ? Un pastiche ? Je m’y suis perdue avec ravissement, puis j’ai perdu le livre !
Je me souviens d’un récit où tout bouge et se transforme. L’histoire reprise de ce « maudit », condamné à vivre jusqu’au retour du Christ parce qu’il lui aurait refusé de l’eau sur le chemin du Calvaire. Ce Simon porte un imperméable et raconte la longue vie de ce Ju.if errant à des jeunes en haut de la Douane de mer, à Venise, qui change de nom, d’identité, de pays, d’époque. Le narrateur, est-ce lui. Il parle de ce personnage à la troisième personne… C’est plein d’aphorismes ! (ça plairait à Pablo). Mais le tourbillon était trop fort. Tant de rencontres, souvent cocasses en 2000 ans : Marie Madeleine, un rabbin, des anges ou des parachutistes, Saint François d’assise, des chinois, des amérindiens, Chateaubriand amoureux, Gutenberg, des pays, des villes, des époques différentes, des découvertes (celle du zéro).
Une question hante tout le livre du moins dans les pages que j’avais lues : le mal, la souffrance, surtout celle des enfants.
Mais pas de Bible, pas d’Hébreu, pas d’Histoire remontant à la dernière guerre mondiale et ses atrocités. C’est un mélange constant entre l’Histoire ancienne et les contes, le réel et l’imaginaire.
Je ne sais dire si c’est un roman mineur.
Et les livres qui m’entourent… Si je les ai gardés c’est que je les aime, que je n’ai pas fini de les interroger…
Oui, Paul Edel, mais j’ai l’esprit d’escalier. Cependant, si vous me lisez avec attention, vous verrez que j’ai commencé de vous répondre. Disons que vous me semblez avoir de la littérature, par le choix même des écrivains de votre liste, une vision qui adhère au fait historique, et que pour moi, même si la littérature est en partie conditionnée par l’histoire (on voit mal comment il pourrait en être autrement puisque les écrivains y sont plongés comme tout le monde, encore que les instants où ils en sortent, comme tout le monde également, soient certainement innombrables), n’est véritablement littérature que la part qui échappe à ce fait historique. D’une part, parce qu’il existe un autre temps, qui est le temps de la terre, ou de l’univers, comme on voudra (c’est celui de certains voyages) totalement indifférent au temps des hommes, qu’il est toujours dangereux de perdre de vue. De l’autre, parce que je ne vois pas d’autre solution pour dissocier littérature et morale que de s’abstraire du temps historique humain. Encore faudrait-il admettre, et c’est très mal porté de nos jours, que la littérature n’est pas d’essence morale. J’ai fait très jeune, je crois, l’expérience de la dureté des faits, de l’amoralité d’une certaine réalité, et je crois que c’est ce qui m’a mené vers les écrivains que j’aime toujours, qu’on qualifierait à tort de cruels, parce qu’ils ont vu très jeune cette amoralité, c’est à dire une réalité par-delà, par-delà, précisément, l’histoire. Tous les écrivains exagérément conditionnés par l’histoire sont pour moi de ce point de vue des esprits secondaires.
Like a Rolling Stone
http://www.dailymotion.com/video/xamacn
(affaire d’adhérer au fait historique)
@rose dit: 8 décembre 2017 à 21 h 58 min
Si j’ai cité ce court échange de paroles entre James Stevens et Miss Kenton, c’est qu’il cache sous sa banalité apparente, un brasier. Ces deux-là sont épris l’un de l’autre mais n’oseront jamais exprimer leurs sentiments.
Je vais lire le roman. Maintenant, j’en ai envie. Avant le film me suffisait et je ne savais pas que Kazuo Ishiguro, était à l’origine du scénario.
Christiane, j’ai lu Le Juif errant de d’Ormesson il y a 27 ans, à sa parution, le souvenir n’en est plus très frais. J’en garde plutôt le souvenir d’un écrivain qui aurait pu écrire de beaux livres et qui ne les écrivait pas. Le vagabond qui passe sous une ombrelle trouée se lit bien, je n’ai pas lu Au revoir et Merci mais c’est celui que je serais tenté de lire et un récent, son livre de mémoires (B. Pivot dit qu’il s’agit de mémoires), je crois : Je dirais que cette vie fut belle. (cette manie des titres tirés d’Aragon me stupéfie). Mais il y a tant de livres à lire, j’en ai tant acheté ces derniers temps (surtout de l’histoire, des romans anglais, la correspondance de Debussy, un tas de trucs sur la Russie, des latins, la première version du Mémorial de Sainte-Hélène et cent autres choses, mais aucun livre de littérature contemporaine) que j’en ai au moins pour un an de lecture. Pas pour demain.
je ne me moque pas malgré les apparences.
l’essence de ma question est comment ont ils fait ?
Retiens la nuit
https://www.youtube.com/watch?v=eOUO84FBZCQ
Clopine dit: 8 décembre 2017 à 10 h 56 min
M. Court devrait courir chez son libraire acheter « Victor Hugo vient de mourir » d’Edith Perignon. Mais comme cela contredirait son opinion, il n’en aura pas la modestie.
Et je ne résiste pas à vous délivrer une citation de notre Johnny national :
« « Les livres qui m’ennuient, que je n’aime pas trop, c’est Proust. Proust, c’est plus pour les femmes que pour les hommes. » (Célébration de Johnny Hallyday, Robert Morel, 1968)
Céline a dit plus tôt et plus définitif à l’endroit de Proust ; s’est-il prononcé sur ses lectrices pour autant ?
https://www.youtube.com/watch?v=GdH30r1IZzs
Le père de Johnny était très fort. Son fils n’en est jamais venu à bout. Cela aurait bien valu une psychanalyse :
« De lui, je n’ai connu que les pires aspects. L’abandon petit, puis les factures ou les frais d’hôpitaux à régler, la déchéance. On le trouvait ivre mort, écroulé au milieu de la rue. C’était dur, douloureux de n’avoir que ça de lui. Le manque de père a hanté ma vie. »
@Papa Don’t Preach
clay court at last
https://www.youtube.com/watch?v=bcnIhzaDTd0
Il m’a été rapporté que le Président Macron prononça dans la Cour des Invalides cette extraordinaire phrase : »Il (jean d’O) avait été un long été auquel, pendant des décennies,nous nous sommes chauffés avec gourmandise. » Serait-ce exact ? Si oui, des 2 Plumes du Président ,lequel faut-il féliciter ?
Si on pouvait souffler à Macron que le Killer court toujours
bolas de fuego
https://www.youtube.com/watch?v=Fw7SBF-35Es
@le manque de père
« Concorde, comme pour Johnny demain.
L’initiative était de Christiane Desroches-Noblecourt. Il s’agissait d’honorer le Pharaon qui avait connu de son vivant le temple d’Amon, en pleine activité religieuse, dans l’ancienne Thèbes devenue de nos jours Louqsor. »
ça avait de la gueule !
La cérémonie à Johnny, à côté, ça fait un peu luna park à Paname ! Avec la grande roue à Campion, c’est parfait. La Madeleine, c’est plus un temple qu’une église. L’escorte en Harley Davidson, c’est le clou !
Je dois avouer n’avoir encore jamais lu un seul livre de Jean d’O, pour la simple et bonne raison que le personnage m’ennuyait terriblement. À chacune de ses apparitions télévisuelles, je le trouvais éminemment sympathique et appréciais son art de la conversation. Pourtant, chaque phrase ne comportait que platitudes et évidences à mes yeux.
Or comme certains l’ont dit précédemment, un écrivain n’est pas sympathique ou maître dans l’art de la conversation et dans celui de faire de belles phrases, un écrivain doit nous bousculer un peu (beaucoup, comme Houellbecq) et DIRE des choses. Je ne sais pas si je lirais d’Ormesson un jour car, comme il l’a dit lors d’une interview donnée avec sa fille, il faut lire les grands livres et ne pas perdre de temps avec le reste.
Vont peut-être mettre le « feu » à la guillotine.
Concorde, nous voilà.
Regardé, après « x » dans le Journal de Matthieu Galey ce qu’il dit de J. d’Ormesson. Mais hormis le passage cité par x, d’Ormesson semble avoir fait partie du paysage sans plus éveiller l’intérêt de Galey.
Une note que je trouve superbe, avec référence à Chardonne :
« 13 aout 1976.
« Tout vient à point à qui sait attendre.
Tout vient à point à qui sait écrire.
Écrire, c’est attendre.
Chardonne disait : un style, c’est un grand âge ».
M. Galey a bien fait d’écrire son Journal.
Mes pauvres chéris, heureusement que l’humour de Popaul est là pour sauver l’insignifiance béate de tant de commentaires. Mais c’est encore chaloux qui tient le pompon avec ses commentaires dont la bêtise le dispute à la componction (dont on se demande bien comment il faut l’écrire…).
Il a fallu quand même quatre bon siècles à la famille d’Ormesson pour engendrer un Jean d’O, et encore ce ne fut pas sans mal, après un premier ratage au bac et deux à l’agrégation de philo en dépit de la bienveillante attention du diable althussérien (devenu halte tu serres…) pour finir écrivain mineur dans La Pléiade, fils cadet de la Sagan de la saga des nobliaux de province et baiseur de première : Bonjour la joie…! Ah!, la France, mes pauvres chéris, quel pays ! Un enterrement de première classe ! avec des commentaires chaloupés de première…
« car, comme il l’a dit lors d’une interview donnée avec sa fille, il faut lire les grands livres et ne pas perdre de temps avec le reste. »
Cependant, ne pas oublier la forte phrase de Valéry:
« Les lions mangent du mouton ».
Un pays pathétique.
Jean Langoncet, Clopine a surtout perdu une occasion de se taire, car, outre que j’ai lu et prise Judith Pérignon, elle dit précisément sur ce point là l’inverse de ce qu’elle lui fait dire. Voir mon renvoi de cet après-midi au fil précédent, et les pages indiquées.
MC
Cordialement
Revu avec un plaisir admiratif le film avec Anthony Hopkins & Emma Thomson. La société de classe dans toute son horreur (la mort du père est moins insupportable que dans le roman, mais puissamment emblématique des « valeurs » de service et de déférence qui caractérisent la société anglaise, plus que britannique).
Le regard distancié que portent sur une société des insiders/outisiders comme Ish ou Goscinny permet l’appréhension juste des caractéristiques profondes d’une société, d’une civilisation – pas plus anglais que les personnages et les situations des Vestiges du jour, pas plus franchouillard qu’Astérix le Gaulois…Des vertus du pluralisme.
Question codes, les Japs en connaissent un rayon ! Ce pourrait-il que les Brits soient les Japs d’Europe…. ?
« Clopine a surtout perdu une occasion de se taire » (MC)
Cela lui arrive souvent : n’oublions pas que c’est un « cas à part », comme on n’en trouve plus que dans nos coins de France les plus reculés …
«Passionnant ce texte»
Tout ce qui est écrit est admirable a écrit un de Tel Quel… bon, des questions restent ouvertes pour certains textes politiques, mais peu importe.
tous les humains ont une certaine tendance à devenir fous autour de 45-50 ans. Encore faut-il choisir entre être un fou pour soi-même ou un fou contre soi-même. La première voie est évidemment préférable mais elle est plus difficile à emprunter,-elle monte. Chaloux.
Littérature! Que faites-vous des fous pour les autres ( qui peut-être sont des fous pour eux même oublieux? ) qui n’entrent certes pas dans votre vision du littéraire, rubrique des faits divers ou inscription dans l’archive historique ou clinique relevant du secret de famille ou de ce qu’il faudra contenir avant si l’on écrit de le retraiter sous cette noble forme que tous affectionnez et qui ajoute une sensibilité nous écartant du réel en l’explorant, le relatant parsemé de poésie, de fantaisie, de belles sentences, de philosophie qu’elle revête une forme ou une autre du questionnement , de tous ces éléments qui ajoutent en la transformant la matière brute en produit raffiné dispensable et combien plus acceptable que ce qui la sous-tend et encore que j’oublie tout ce que des œuvres écrites nous injecte un sentiment de révolte, de découragement ou une conscience qui ne parviendra finalement pas à nous décider à nous engager dans une démarche concrète visant à changer ce qui dans ces reflets nous montrent de l’injuste, l’inacceptable, l’inhumain ou de l’humain et de ses turpitudes inavouées ou inavouables… Mais je n’ai toujours pas lu une ligne de Jean d’Ormesson qui indéniablement serait parvenu à faire rire et intelligemment le plus triste d’entre nous.
Beatrix Potter :
http://contentinacottage.blogspot.fr/2008/12/rabbits-christmas-party-beatrix-potter.html
J’aurais compris, n’importe qui aurait compris …
23h03 pour finir ce n’est pas uniquement la blessure qui décide de qui sera ou ne sera pas artiste, la blessure est insuffisante et réussit souvent à l’opposé, à produire de mauvaises gens, des délinquants, des criminels. Puis, parmi l’Oeuvre que j’explore peu et lentement tout ce qui se situe du l’Adret et sur le versant moins lumineux, l’Ubac.
du, sur
Des vertus du pluralisme. Et du regard de l’intérieur et de l’extérieur, distancié, mais pas éloigné…entre « at a remove » et « belonging ».
«Ce crayon posé sur ce cercueil. Acte fort.»
Rien ne vaut le cure-dents de Jarry…
Cette pose de crayon sur cercueil est puérile. Ce qui n’est pas une surprise compte tenu du poseur de crayon !…
La phrase de Mussolini, Benito pour ses amis fidèles, est excellente. On peut être tueur à gages, pape ou dictateur, et ne pas être complètement stupide….
mes professeurs Malcolm Bradbury et Angela Carter
—
Quelle chance!
Pour les amateurs de sensations fortes, « La compagnie des loups » d’Angela Carter, réécriture féministe et gore des contes de Perrault. Grande écrivaine morte trop tôt.
Et du regard de l’intérieur et de l’extérieur, distancié, mais pas éloigné…entre « at a remove » et « belonging ».
je ne comprends rien à votre propos, pour moi le regard est ce qui permet de relier celui qui regarde à l’objet observé, aperçu, visé parce que remarquable, beau ou laid- incongru, surprenant, interessant…. qu’il soit perception de l’esprit ou des sens; vous me faites s.er avec cette insistance à nous fourguer de l’anglais là où l’on attend du franc et du français.
Bérénice ! Ne reprochez pas cet usage de l’anglais, une merveilleuse langue parlée par les gens les plus simples et les plus raffinés, comme Bloom l’excentré.
N’oubliez jamais : Bloomie le Froggie est un … comment dire ? … un « cas à part ».
puisque vous affectionnez cette langue, bloom, comment dit-on ( un à priori tenace) filer à l’anglaise? en d’autres termes ni vu ni connu en rejetant toutes responsabilités concernant les faits ou l’effet produit?
Dommage que ce n’est pas le Vaurien qui l’a conçue, mais le Comandant Carlo Rigoli 14 juin 1918. Voyez plutôt :
gargarismes de part et d’autre, je me casse, la compagnie est trop souvent infecte ici et si la mienne vous semble culculgnan, au moins elle ne s’assortit pas au KKK et hypocrites consorts.
l’ouverture d’esprit et la générosité spontanée dont cette communauté anglaise ordinaire fit preuve en nous acceptant. (…) cette génération de Britanniques qui avaient réchappé de la Seconde Guerre Mondiale, et bâti un remarquable État-providence dans son sillage (…)/
—
Contraste saisissant avec la société peuplée monstres égoïstes, tatoués au crâne rasé fabriquée par le tas-de-chairisme.
Bollox to Brexit!
https://www.bolloxtobrexit.net/
Alfred Jarry :
filer à l’anglaise = to take the French leave
capote anglaises = French letter
syphilis = French disease
passez-moi l’expression = Excuse / Pardon my French
Widergänger dit: 9 décembre 2017 à 2 h 39 min
Un pays pathétique.
Voltaire, exfiltré de Paris ficelé dans un carrosse, se venge.
Question codes, les Japs en connaissent un rayon ! Ce pourrait-il que les Brits soient les Japs d’Europe…. ?
ça a été dit maint fois jicé..la frankreich..pays de la loi..c’est les chinoua..
attation kabloom..la ligne politique c’est que le pire henemis dlangleterre c’est la germanie..
sans mon larbin j’saurais pas qudracul est passé à médianoche
Le fait que Jean d’O ait été à peine traduit en langue étrangère (je précise, en référence au bon mot de Jules Renard sur Mallarmé, « intraduisible, même en français »), tendrait à donner raison à Passou. Francité franco-française, homme de droite intelligent (comme quoi…), préciosité aimable, absence d’aspérité, gendre idéal, art consommé de la conversation de salon. Un salonard chez les salopa.ds…
Encore une minute de Monsieur Cirrhosepède… ça n’en finit pas…
absence d’aspérité ne me semble pas convenir à Ormesson.
Chaloux dit: 8 décembre 2017 à 23 h 54 min
Je découvre votre commentaire ce matin. (Soudain, il me faut éteindre l’ordinateur et retrouver mon univers, hors internet. Cela redonne à ces conversations morcelées leur juste poids.)
Oui, vous aussi, vous avez oublié ce livre lu il y a longtemps (27 ans). Cette mort, cette abondance d’extraits d’émissions redonnent une actualité à des livres lus puis oubliés. Vous écrivez qu’il « aurait pu écrire de beaux livres et qui ne les écrivait pas. ». Une vie trop médiatique et superficielle, peut-être… et vous ajoutez : » Mais il y a tant de livres à lire, j’en ai tant acheté ces derniers temps (surtout de l’histoire, des romans anglais, la correspondance de Debussy, un tas de trucs sur la Russie, des latins, la première version du Mémorial de Sainte-Hélène et cent autres choses, mais aucun livre de littérature contemporaine) que j’en ai au moins pour un an de lecture. »
J’aime ces passions qui vous tracent un chemin sûr de lecture.
Je ne crois pas, effectivement, qu’il soit semblable à celui de Paul Edel et que vos livres essentiels soient les mêmes. C’est bien ainsi. A chacun ses joies de lecture, ses recherches. Parfois des rencontres littéraires, souvent un chemin solitaire.
Ce qui est redoutable dans ces espaces de quelques blogs littéraires c’est cet étalonnage des lectures selon les habitudes de lecture de celui qui tient blog ou des commentateurs.
Nos bibliothèques, façonnées hors internet, dans la patience d’une vie sont nos portraits intimes. Certains écrivains ont le label « excellence », sortes d’icônes indiscutables, d’autres n’en finissent pas d’alimenter des querelles de clocher… D’autres sont dit mineurs et font notre plaisir (ainsi un cadeau que l’on m’a fait récemment, me permettant de découvrir un écrivain que je ne connaissais pas : Jean Proal.) Et je dois à d’autres rencontres la découverte de P. Michon, de Pavese, d’A.Saumont, de Fajardie, d’Appelfeld, de Gombrowicz, de Salinger, de Suarès, de Moravia, de Brancati, de M.Frisch,… adoptés, bien qu’ils m’ont détournée un temps de mon socle, ces livres qui nous constituent et dont je garde la liste aimée, tue. Mes incontournables…
Donc, au hasard des « départs »… nous voici évoquant d’anciennes lectures imparfaitement mémorisées. Que passe le temps qui fait tri. Bonne journée.
JC….. dit: 9 décembre 2017 à 8 h 39 min
Cette pose de crayon sur cercueil est puérile. Ce qui n’est pas une surprise compte tenu du poseur de crayon !
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Héloïse d’O. espliquait dans LGL y’a deux jours que qu’il écrivait au crayon les articles de presse et à l’encre les romans.
C’était donc un stylo-feutre qu’il fallait poser sur le cercueil.
la ligne politique c’est que le pire henemis dlangleterre c’est la germanie..
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Jawhol, le Boug, t’auras compris qu’entre les frenchies & les angliches c’est l’effet miroir, alors qu’avec les germains, c’est de l’ordre du repoussoir.
Avant de se faire opérer d’une méchante tumeur, une amie allemande, professeur d’université au Royaume Uni depuis plus de 30 ans, a été horrifiée par les propos des infirmières britanniques dont dépendait sa vie, qui déploraient tout haut d’avoir à sauver quelqu’un dont les parents avaient tué les leurs et réduit leurs villes en cendres. Qu’on sauve les nôtres, yes, mais les boches, no way…’tain d’Europe.
tendrait à donner raison à Passou
ha te lire c’était plus pire que cheultitz qu’était maire de paris..baroz aurait tord..hallons..hallons..’raison’..qu’est que ça veut dire havoir raison?
Chaloux dit: 9 décembre 2017 à 9 h 57 min
Widergänger dit: 9 décembre 2017 à 2 h 39 min
Un pays pathétique.
Voltaire, exfiltré de Paris ficelé dans un carrosse, se venge.
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Chouette ! Bientôt une nouvelle série des fous du volant.
http://youtu.be/zMc407gYZa4
Qu’on sauve les nôtres, yes, mais les boches, no way…’tain d’Europe
des propos de cockney kabloom..
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