de Pierre Assouline

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La République des livres
Michel Houellebecq ravi par ses ravisseurs même

Michel Houellebecq ravi par ses ravisseurs même

Cette fois, c’est sûr : Jean-Luc Godard a été dépassé par son meilleur élève. Michel Houellebecq l’a supplanté, du moins médiatiquement. Il est celui que l’on veut interviewer car on guette ses provocations, ses débordements. Avec eux, il y a une chance sur deux qu’ils laissent passer un trait de génie, avec un sens de l’humour et un comique de situation irrésistibles, au milieu d’un certain nombre de banalités solennellement énoncées. L’un et l’autre sont les plus attendus des inattendus. Ils avancent par explosions de pensée et plus encore quand un micro leur est tendu. Leurs personnages chétifs sont assez semblables, jusque dans le débraillé, l’élocution, le bafouillage et l’enfumage. Là s’arrêtent les analogies. Car les romans de l’écrivain sont lus par presque tous depuis ses débuts, alors que presque plus personne ne voit les films du cinéaste depuis des lustres. On n’ose rêver d’une interview de Godard par Houellebecq…

Ceux qui douteraient des capacités d’acteur de l’auteur des Particules élémentaires ne doivent à aucun prix rater L’enlèvement de Michel Houellebecq ce mercredi soir à 22h15 sur Arte. J’aurais peut-être hésité à vous le recommander s’il avait été diffusé en salles : certains ne m’auraient peut-être pas pardonné le déplacement, le prix de la place, la difficultés à se garer etc pour… « ça ». Alors qu’à la télévision, il serait impardonnable de le rater. Acteur, lui ? Ce n’est pas la première fois et probablement pas la dernière car il semble qu’il y ait pris goût. Attiré par l’expérience (qu’est-ce que cela fait non d’être acteur mais de faire l’acteur ?), il brûle de recommencer, encore que « brûler » soit trop passionnel pour quelqu’un d’aussi amorphe.Image 1

Il avait déjà incarné un patron des services secrets dans le précédent film de Guillaume Nicloux sur l’affaire Gordji. Ce qui a donné envie au réalisateur de lui demander d’aller plus loin en s’incarnant lui-même. Non pas le Michel Houellebecq épouvantail à médias mais le Michel Thomas de tous les jours, placé dans une situation extrême : des gugusses décident de l’enlever et de le séquestrer en espérant obtenir un bon prix. Des branquignols à la dégaine invraisemblable, aussi costauds, épais, lourds, impressionnants qu’il ne l’est pas. Un petit chose fragile et toujours prêt à tomber au milieu de pieds nickelés à la carrure de déménageurs. Mais il les manipule tellement avec son verbe, son rire, ses métaphores, ses litotes, ses références qu’il finit pas les kidnapper moralement. Le spectacle irrésistible de leur stupéfaction face à sa causticité et son flegme en toutes situations donne une idée de ce renversement qui baigne dans la fumée des cigarettes et les vapeurs alcoolisées. Les dialogues fleurent bon l’improvisation, ce qui est une prouesse. Tout y passe : la littérature et les écrivains bien sûr, le sexe beaucoup, le free-fight, l’architecture selon Le Corbusier, l’Union européenne, la Pologne (un couple de Polonais exilés est leur hôte) ; on y apprend que notre héros est « vierge du cul » (amis du club des poètes, bonsoir !), que le milieu littéraire est peuplé de pédophiles et autres considérations artistiques (son interview vidéo au point en donne une idée) ; c’est parfois brillant, souvent digne du café du commerce mais dans un quartier très défavorisé, convient-il de préciser depuis que les « Brèves de comptoir » ont anobli le genre. En pleine forme, si l’on peut dire, on le sent ravi par ses ravisseurs même. Ce rôle témoigne avec brio d’une extension du domaine du comique.

Il occupe l’image en permanence, ce qui laisse le temps d’examiner la qualité de ses implants capillaires, ou de son lifting ; mais malgré ces miracles de la chirurgie plastique, au lieu d’en être rajeuni, il en est sorti abîmé, délabré et recru d’années. A 58 ans à peine, il en paraît 70. Rien n’est pathétique (au sens propre du terme : « qui émeut ») comme de le voir, la lippe pendante, s’exprimer et manger tel un vieillard édenté.

Ca été fait avec un budget de 500 000 euros et deux caméras numériques. C’est une sympathique pochade tant qu’ils ne se prennent pas au sérieux. Le cas des acteurs mais pas sûr que ce soit celui du réalisateur. De son propre aveu, marchant sur les brisées du théoricien de la sémiologie du cinéma Christian Metz, celui-ci a voulu mélanger le documentaire et la fiction pour mieux dire la vérité même si le postulat de départ est faux. Par moments, on ne sait plus si c’est du lard ou du cochon, ce qui n’a d’ailleurs aucune importance tant le résultat est hilarant. On habillera ce méli-mélo avec les pirouettes et faux-nez habituels : mise à nu, mise en abyme etc

ImageNicloux est paraît-il prisé chez les producteurs et dans les chaînes. Son film n’en est pas moins foutraque au possible. Du filmage à la va comme je te pousse, le degré zéro du montage, et pourtant on rit, on s’émeut, on est sensible à la sensibilité du héros. A tout instant, on croit qu’il va tomber tant il vacille, plane de Bourbons en whiskies, la clope au bec, si naturel en Droopy dépressif et alcoolo-tabagique. Le chien Freddy joue très bien aussi. La pute est très vraie, comme le hasch qui circule parfois. La Bentley roule vraiment à 300km/h. Chacun dans son rôle. Des tas de gens passent par là, s’arrêtent sur le plateau pour bavarder et même l’agent littéraire François-Marie Samuelson, à peine échappé d’un chapitre du Royaume d’Emmanuel Carrère. Dommage que ce film d’une heure et trente minutes en ait vingt de trop ; resserré, en coupant notamment lorsqu’une discussion s’échauffe et tourne au conclave de beaufs avinés, il aurait conservé son rythme de bout en bout.

Il se trouvera toujours des sectateurs du grand Michel pour trouver du génie à cette queue de comète du cinéma-vérité. On aurait tort pour autant de bouder son plaisir. Au fond, ce qu’on n’ose imaginer, ce serait plutôt le prochain film de Godard avec Houellebecq dans le rôle principal.

(Photos Uly Martin et D.R.)

Cette entrée a été publiée dans cinéma, vie littéraire.

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commentaires

833 Réponses pour Michel Houellebecq ravi par ses ravisseurs même

Cherche pas mes pseudos renato, même moi....... dit: à

renato dit: 29 août 2014 à 21 h 56 min
« le grand pote de djedla »
Et voilà une nouveauté.

Ben oui, yaquetoi qu’y cause.

obus, obtus, zobtus dit: à

renato dit: 29 août 2014 à 21 h 56 min

ben non, zobtus ça marche pas, c’est pas vrai, ou faut pas.
Choisis.

renato dit: à

« Ben oui, yaquetoi qu’y cause. »

Mauvaise information.

Daaphnée dit: à

Si c’est vrai on pardonne.

Mais allez vous faire ..
Non mais c’est pas vrai, cette inculte sans cervelle !

des journées entières dans les arbres dit: à

Que ce soit bien clair, à propos du banquier, je ne cause qu’à ma pote Betty.

renato dit: à

« Choisis. »

Je n’ai rien à choisir : vos remontées acides ne regardent que vous.

vol-alma -lama dit: à

j’ai lu dans le monde que Hamon était resté 147 JOURS rue de Grenelle !
encore un quaranteseptièmisé
jai rencontré deux fois la même psy quine m’avait pas dit qu’elle ét’

Fantasme pas Djedla t'as aucune chance dit: à

Djedla elle supporte pas Macron.

Depuis qu’elle a appris que ce jeunot a épousé une femme de vingt ans plus agée que lui, elle trépigne.
Pourquoi pas elle ? Mais pourquoi ?

Il faut absolument lui dire.

Ma chère Djedla, la raison :
parce que tu en as encore vingt de plus qu’elle.

Tu t’imagines dînant avec Lagarde,
elle paraîtrait pimpante.

bouguereau dit: à

macron fait un peu eddy d’auteuil neuilly passy..

bouguereau dit: à

je préfère uelbeque..tant pire pour lassouline

Giovanni Sant'Angelo dit: à


…l’or caché,…personne ne pourra le trouver,!…et les satellites,!…
…Ah,!…c’est pour le platine,…en Alchimie,!…

…en Inde,!…ils sont dans le niveau d’intelligence d’avaler l’or,!…
…pour des propriétés médicale ?,…
…l’or est réduits en poudre infime et recuit une centaine de fois dans de la glaise renouveler,…
…la chimère de se muer en or,…éternité, mental, corps,!…
…en somme des gauloiseries de bon  » à riens « ,…
…franchement, analyser les moeurs actuels,…y a de quoi se foutre du monde,!…
…Ah,!Ah,!…à chacun ses vertus d’or,!…
…etc,!…envoyez,!…

bouguereau dit: à

ta gueule raclure de keupu

Quoique, comme dirait l'autre dit: à

P’tain Alma-bravo a encore son ordi qui déconne.

Investit H.R. merdre, c’est plus possible.

des journées entières dans les arbres dit: à

Chère Betty,
Vous qui avez épousé votre oncle de plusieurs dizaines d’années votre aîné n’allez aps comprendre cette triste  » bizzare, vous avez dit bizzare » nouvelle.
Le banquier a officialisé devant monsieur le curé des relations gérontophiles avec sa vieille prof de français. Vous qui êtes sigmundienne en diable, ne pensez-vous pas qu’il ait ainsi donné vie à son fantasme: épouser un substitut de sa mère ?

Daaphnée dit: à

Mais qu’t’es conne dafnoz.

Merci pour le compliment .
Il suffit de croiser ici de vieilles merdes humaines comme vous pour se sentir ..
comment dire,
tellement différent,
heureux .

Fantasme pas Djedla t'as aucune chance dit: à

des journées entières dans les arbres dit: 29 des relations gérontophiles

Finalement Djedla vous n’êtes qu’une petite versaillaises qui suivait Frigide dans les manifs.
A côté de vous JC est un monstre de permissivité sexuelle.

Aouting dit: à

Daaphnée dit: 29 août 2014 à 22 h 31 min
heureux .

Je t’avais prévenu ueda, nous y sommes.
Tu n’as jamais voulu me croire, t’aurais du.

Enfin, tout cela fera au moins un heureux, un vrai.
Baroz sait enfin pourquoi il frétillait.

des journées entières dans les arbres dit: à

Chère Betty,

Votre salon est fréquenté par des frustrés du cul, je m’excuse de vous le signifier ainsi.
En ce sens ce brave Michel Houellebecq aurait à leur en apprendre.
Non, ma chère Betty, ce qui me préoccupe encore c’est votre  » bizarre, vous avez dit bizarre » intérêt soudain pour ce faquin qui va manager l’économie du pays. Alors que le roué Manuel saura bien calmer ce jeune loup qui a les dents qui râclent le plancher.
Que vous lui prêtiez Ricoeur comme caution, alors qu’il ne faut pas oublier son intérêt philo dans cette affaire,- l’individualisme,- ne saurait vous aveugler sur l’essentiel. Faut-il en arriver à la dernière extrémité et vous faire lecture de Blaise, et je sais le vertige vertiginueux qu’il vous procure, mais quand même !
C’est le moment de relire les provinciales.

« Mon Père, ce mot de grâce actuelle me brouille ; je n’y suis pas accoutumé : si vous
aviez la bonté de me dire la même chose sans vous servir de ce terme, vous m’obligeriez infiniment.
Oui, dit le Père ; c’est−à−dire que vous voulez que je substitue la définition à la place du défini : cela ne change jamais le sens du discours ; je le veux bien. Nous soutenons donc, comme un principe indubitable, qu’une action ne peut être imputée à péché, si Dieu ne nous donne, avant que de la commettre, la connaissance du
mal qui y est, et une inspiration qui nous excite à l’éviter. M’entendez−vous maintenant ? »

Sergio dit: à

Daaphnée dit: 29 août 2014 à 22 h 31 min
tellement différent,

Je me demande… La vie c’est une espèce de concrétion inexpliquée, indifférenciée, finalement on est tous comme des sortes de pythons bicolores ou n’importe quelle bête qui sert à pas grand-chose…

A partir de "concrétion", faut se méfier dit: à

Sergio dit: 29 août 2014 à 23 h 02 min

Fais gaffe ueda,
c’est pas du Chaloux celui-là,
c’est un perfide, un sournois, mais un dangereux, un fractal je dirais.
Il s’approche au ralenti, mine de rien, et il te la lève sur sa Yam alors que t’as encore ton bouquet de fleurs à la main.

à de nota dit: à

de nota dit: 28 août 2014 à 23 h 10 min

« Si tu avais lu la Bible,tu aurais remarqué quelque chose.
Dieu il a d’abord crée Adam. Puis il a crée le Paradis. Puis il a mis Adam dans le Paradis. Alors Adam, il était surpris d’être dans la Paradis. Ce ne lui était pas naturel, non?Tandis qu’Eve, c’était autre chose. Elle a été crée plus tard qu’Adam. Elle a été crée dans la Paradis. C’est une indigène du Paradis. Alors quand ils ont été chassés tous les deux du Paradis, ce n’était pas la même chose pour Adam et pour Eve. Adam, il revenait à son point de départ. Il rentrait chez lui. Eve au contraire, elle était exilée de sa terre natale. Si on oublie cela, on ne comprend rien aux femmes. Les femmes sont des exilées du Paradis. Toutes. »

Michel Tournier,extrait de « Les météores »

c’est dingue,je relis justement ce « quel bouquin » ! (1ère lecture fin/début 70/80 ; 2ème, des coups de griffe « diplomatiques » malicieux. tenez, ajoutez, de nota, la plume, courante, alerte, et que sais-je encore de Tournier ! … et je ne suis qu’à peine au 1/4 des météores, hein !

well ! c ‘était une p’tite anedocte partagée avec vous, en toute simplicité.
(le personnage familial qui s’occupe des ordures ménagères de quelques communes, stat etc … le père Tournier : chapeau !)(j’ai du coup en mémoire le roi,et vendred, les relire aussi ?)
clin d’oeil, de nota

bérénice dit: à

desjournées ce matin je ne vous cherchais pas de poux ni à votre ami musulman, horreur des parasites et des insectes. Merci pour le costume, n’oubliez pas le vôtre, agent affecté à la circulation des idées, ne vous manque que le sifflet. J’attaque à peine la MONTAGNE de liens et commentaires.

bérénice dit: à

23h quelle coincidence, je me demandai à 21h30 précise, si entre deux mots il ne valait mieux pas choisir le plus excitant, le melon m’inspirait.

anachorète en son nid dit: à

J’attaque à peine la MONTAGNE de liens et commentaires.

Tu ferais mieux d’aller te balader. une crotte de plus à la montagne ça ne fait jamais qu’une montagne de crottes hé béréré!

Clopine dit: à

… Je sais pourquoi la scène de l’engueulade m’a fait instantanément penser à la RDL : les participants groupés autour de la table y sont tous masqués – ce qui permet d’entendre Houllebecq serrer ses petits poings en hurlant que oui, il est intolérant. De jolis masques, d’ailleurs, vénitiens ?

… Daaphnée : wouarf. Mes goûts de chiotte musicaux valent bien les vôtres, et vous ne savez décidément pas apprécier l’ironie. Au fait, un de mes tout premiers essais vidéo s’appelait « Chat Baker » : j’avais remarqué combien mon chat aimait s’installer sur le radio-cassettes de l’époque, et battre doucement de la queue, pendant que la trompette bakerienne lançait à l’assaut du plafond ses volutes, aussi suaves, épaisses et fourrées que le poil de mon gentil animal. Ca avait « rendu » si bien que Télérama avait sélectionné le petit film, vainqueur d’un atelier vidéo… Je sens que je vous horrifie, là : une brayonne stupide, oser poser ses grosses mains rougeaudes sur ce qu’une ravissante et intelligente créature comme vous ose aimer ? Eh bien, votre horreur me réjouit, voilà, car moi non plus je trouve que vous ne méritez pas ce que vous écoutez. Je vous conseillerais plutôt « pomp and circumtance » d’Elgar, qui me semble correspondre bien plus à votre personnalité, notamment le sentiment triomphal d’être vous-même…

Daaphnée dit: à

Ma pauvre Clopine, mais tout le monde s’en fiche pas mal de vos chats, cochons et autres âneries !
Ce n’est pas parce que Pierre Assouline a le mauvais goût de céder à l’avachissement intellectuel ambiant – mais après tout ce serait un vrai sujet de discussion – en promouvant Houellebecq qui se promeut très bien tout seul, qu’il y aurait à supporter votre bonne conscience populote qui se pousse du col.
Désolée, mais j’attends plus et mieux d’un blog littéraire quand bien même l’époque serait à se pâmer devant des nullités confondantes !

Au fait, Pierre Assouline, votre
« Godard avec Houellebecq dans le rôle principal »:
Vous seriez bien aimable de ne pas mélanger les torchons et les serviettes.

D. dit: à

promeuh, pas promeut

D. dit: à

Monsieur Macron vous rend jaloux parce qu’il est bel homme, intelligent, ambitieux et écrira votre prochaine feuille d’impôts.

Clopine dit: à

Oh, Daaphnée, il y a bien quelques amateurs de mes chats, cochons et autres âneries. Ce n’est pas parce que, dieu merci, vous n’en faites pas partie (ce qui m’inquièterait, car je n’ai nul goût pour les snobinardes pseudo-intellectuelles se trémoussant du popotin, dans les trains ou ailleurs), qu’il faut vous croire autorisée à en appeler au « monde entier » pour vous accompagner dans votre petite détestation.

û ouelss dit: à

daaaaphnée, tout comme bougras, relève le niveau, clopine, à tous points de vue. C’est écrit, un fait universellement reconnu. Il faut s’incliner

Auto portrait réussi de Clopine ! dit: à

« les snobinardes pseudo-intellectuelles se trémoussant du popotin »

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