de Pierre Assouline

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La République des livres
Pour Boualem Sansal

Pour Boualem Sansal

L’écrivain Boualem Sansal, 80 ans, a été arrêté le 16 novembre à son arrivée à l’aéroport d’Alger en provenance de Paris. Des agents de la Direction générale de la sécurité intérieure (la DGSI algérienne) l’ont emmené et on ne l’a plus revu depuis. Le prétexte : une récente interview rappelant un point d’histoire selon lequel une partie de l’Algérie était autrefois rattachée au royaume du Maroc (Tlemcen, Oran, Mascara).

Au début des années 30, ils n’étaient qu’une poignée d’écrivains à inquiéter leurs lecteurs sur les dangers à venir annoncés par la montée du nazisme. Ils manifestaient là un devoir d’intranquillité correspondant à l’idée qu’ils se faisaient se leur vocation d’écrivain. Dans l’Europe d’hier, ils s’appelaient André Suarès, Klaus Mann… Dans l’Europe d’aujourd’hui, ils s’appellent Kamel Daoud, Boualem Sansal… Des lanceurs d’alerte contre l’islamo-fascisme.

L’armée algérienne qui tient les rênes du régime ne les lâche pas bien que désormais leur qualité de Francais les protège. Ils méritent notre soutien, celui de leurs pairs, des intellectuels, des politiques et du peuple de leurs lecteurs. On a voulu invisibiliser Boualem Sansal en le faisant disparaître, les livres du romancier et de l’essayiste l’étant depuis longtemps en Algérie où ils sont censurés. L’inverse s’est produit. Nombreuses sont les réactions du monde de la culture qui manifestent leur soutien et la solidarité avec l’écrivain, timide est encore celles du milieu politique.

Il est emprisonné par un régime affairé à lui préparer un lourd dossier à charge pour trahison, atteinte à l’intégrité nationale, intelligence avec les ennemis (français, marocain, sioniste etc, Alger n’en manque pas dès lors qu’il faut distraire le peuple des vrais problèmes du pays). Nul doute qu’y figureront également ses nombreuses chroniques dénonçant l’autoritarisme, le fondamentalisme islamiste, l’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques et sociales et revendiquant tant son attachement à la démocratie et à la laïcité qu’à son propre athéisme. Des convictions qu’il n’a cessé de marteler depuis la parution de son premier roman Le Serment des barbares (1999) et réitérées avec constance comme autant de jalons d’une oeuvre riche, dense et puissante.

Nous non plus, nous ne le lâcherons pas. La littérature est par excellence le territoire de la liberté de l’esprit. Ses geôliers n’ont pas idée de la puissance de la fiction lorsqu’elle est portée par une telle voix. Ils n’ont pas fini de l’entendre. On peut le juger courageux ou inconscient, téméraire ou imprudent. N’empêche que Boualem Sansal est de ces hommes qui disent non quand la rumeur alentour se résigne au oui par prudence. “Fais ce que dois, advienne que pourra”. La devise n’est pas de lui mais elle est pour lui.

(Photo Passou)

Cette entrée a été publiée dans vie littéraire.

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commentaires

1 369 Réponses pour Pour Boualem Sansal

D. dit: à

Ceci est le 1001ème commentaire.

Chaloux dit: à

Notre Dame c’est la cérémonie des adieux pour Néron-Néron petit patapon.

D. dit: à

Ce qui est amusant c’est que 1001 en binaire, c’est : 1111101001. Ça se termine par 1001 !

D. dit: à

Et 1111101001 en décimal correspond à 1000011001001101101001 en binaire.

Ça se termine par quoi ? Par 1001n

Christiane dit: à

La Ruche est devenue silencieuses.

vadeboncoeur dit: à

Mais qui donc fait l’ abeille ici? 🙂

Jean Langoncet dit: à

@Maintenant nous voulons que Macron, qui du haut de son mépris a plongé la France dans le chaos, démissionne. On ne peut plus le garder. Le point de non-retour est atteint.

Stigmatiser micron le caméléon absolutiste pour tenter de s’exonérer de ses responsabilités de parlementaire ? Calimero législateur fait des émules et confond les genres avec les aptitudes

Jean Langoncet dit: à

Slim Harpo – I’m a King Bee

Jean Langoncet dit: à

@Clopine dit: à
Depuis cinq ans, la dérive de ce blog, miroir microscopique d’une société française, lettrée et civisqtionelle, me terrifie. On dirait, grâce à Macron, qu’on ouvre la porte aux MC. Soit à des individus capables du pire.

J’y vois l’expression d’une mère désemparée ; la possible figure d’un fils et surdiplômé et parfait barbare y est-elle pour quelque chose … ?

Jean Langoncet dit: à

… ils se comptent à la pelle

MC dit: à

Christiane, j’ai lu en son temps les lettres de cette Sévigné Germanopratine, avec un sentiment d’accablement pour Nelson Algren. Depuis j’ai donné ce volume , précieux jusqu’au ridicule et mignard comme il n’est pas permis. Ce manque ne génère pas beaucoup de regrets… Il paraît que Clopine doit encore apprendre a lire pour comprendre un texte. Que demander de plus? Souhaitons-lui bon courage! Bien à vous. MC

Christiane dit: à

Eh bien, MC,il ne manquait plus que vous ! Vous me faites rire. J’adore vos réactions. Pour sûr ce n’est pas l’univers de la vieille maîtresse de Barbey d »Aurevilly ! Mais je suis plus sentimentale dans mes lectures que vous. Ce glacony qui fond m’attendrit. Ne changez pas, je ne m’ennuie jamais à vous lire et parfois nos joutes ma réjouissent ! Ainsi pour La Chute de Satan chez notre ami Soleil vert, nous ne pouvions plus nous arrêter ! Et puis vous mettez de l’ambiance par vos griffures de chat jouant avec certaine souris… Bonne soirée.

Bloom dit: à

La Famiia s’aggrande:

Donald Trump nomme l’Américano-libanais Massad Boulos, père d’un de ses gendres, comme conseiller pour le Moyen-Orient

Républicain de longue date, M. Boulos a construit sa fortune dans la vente d’automobiles au Nigeria. Le mariage en 2022 de son fils avec Tiffany Trump, l’a propulsé dans le cercle intime du milliardaire fraîchement élu à la Maison Blanche.

LM

Tout est en place pour la transtion démocratie-> kletocratie.
Et les gogos trumpiens hexagonaux de s’ébaudir: « Ils font comme notre bonne maitresse de Montretout-Donne-Rien »

Christiane dit: à

glaçon – me

Bloom dit: à

kleptocrassie….

Patrice Charoulet dit: à

Langue française 

Dans le livre, très intéressant, d’Alain Minc, « Dictionnaire amoureux de la politique », Plon/Grasset, 2023, dont je recommande la lecture, je lis avec surprise, p. 301 :
« Mais l’auteur du « Gai savoir » règne aussi sur la gente politique… ». Vous avez bien lu « gente » !
Alain Minc n’a pas pas lu La Fontaine.Chez le fabuliste, le mot « gent », où le « t » de ne se prononçait pas, signifiait « nation ou race ». Chez ce fabuliste « gent trotte-menu » désigne les souris, « la gent qui porte crête » désigne les coqs et « la gent marécageuse » designe les grenouilles.

Bill Evola dit: à

@ Bloom,
Ce n’est certes pas très nouveau ces cooptations intra-familiales.
Cela se nomme historiquement parlant le népotisme.
Les papes italiens et français le pratiquaient déjà au 13è et 14è siècle…

Christiane dit: à

Mais qu’est devenu J J-J ?

D. dit: à

Tiens, oui ? Et Pablo ?

D. dit: à

Je suis content que Christiane soit revenue. Je vais être tout gentil avec elle pour la garder très longtemps ici.

MC dit: à

Un fils surdiplome, on veut bien, parfait barbare , on demande à voir. Disons qu’il Bourdieusise comme sa Moman…MC

rose dit: à

D. Je vais être tout gentil avec elle pour la garder très longtemps ici.

À peine croyable.
Deux miracles à Hanoukkah, est-ce donc possible ?

Christiane dit: à

Merci, D. Ça me fait chaud au cœur.

rose dit: à

Bloom dit: à
La Famiia s’aggrande:

Donald Trump nomme l’Américano-libanais Massad Boulos, père d’un de ses gendres, comme conseiller pour le Moyen-Orient.

Il a déjà nommé le père d’un de ses cendres, repris de justice ambassadeur des États unis d’Amérique à Paris.

Avant de faire tout ça, il s’est assuré qu’il pourrait nommer qui il voulait, quand il voulait, comme il voulait sans empêchement aucun venu de qui que ce soit.
Mais, ne dirait-on pas macron bis ?

rose dit: à

Il a déjà nommé le père d’un de ses gendres, repris de justice, ambassadeur des États unis d’Amérique à Paris.

Jean Langoncet dit: à

Lead Belly – Mr. Hitler (1942)

rose dit: à

Vu la vidéo de Edan Alexander.

Lu trois fois ci-dessus « les hommes aussi sont violés ».

Jean Langoncet dit: à

@une couverture universelle

Merci à celles et ceux qui s’y opposent de bien vouloir se signaler (!) et d’avancer leurs arguments

Donna Ricaud-Veyre dit: à

Qui est cette Christiane qui débarque ici sans prevenir et se croit en territoire conquis ?

rose dit: à

Christiane est chez elle ici, madame haricot vert.
Elle était en déplacement.

renato dit: à

Question : Êtes-vous surpris de la folie qui règne ici ? C’était déjà le cas lors de la dernière tournée, mais cette fois c’est pire !
Debbie : Oui, c’est vrai, et beaucoup de choses me surprennent. Je ne sais pas, je pense que plus personne ne sait vraiment ce qui se passe. Je pense que tout le monde est tellement abruti et lutte tellement pour survivre qu’il ne peut pas être rationnel. Je pense que plus personne n’est très rationnel. La critique a de moins en moins de sens pour moi, alors qu’elle devrait en avoir de plus en plus. Lorsque je vois un article dans un journal qui me dit quelque chose sur la musique, l’éclairage ou des choses qui sont vraiment importantes pour moi, je le lis. Mais quand il s’agit de me traiter de salope… ce ne sont pas les raisons pour lesquelles je fais ce que je fais !

https://lust4live.fr/wp-content/uploads/2020/01/Face-it.jpg

📷Chris Stein, circa 1982

renato dit: à

surprisE !

renato dit: à

« Les idées mènent le monde »

C’est bien là le problème, et ce n’est pas un hasard si le futur président des USA a l’intention d’abolir le département de l’éducation.

Marie Sasseur dit: à

« S’opposer à la laideur des idées par un verbe solide comme le roc »

Marie Sasseur dit: à

Heureusement qu’on a encore le droit de dire ce qu’on a retenu d’une lecture.

J’ai récemment écrit sur ce blog que les lecteurs qui avaient indiqué avoir lu ce roman Goncourt ne savaient pas lire, ni n’avaient manifesté la moindre curiosité pour ce qu’ils disaient avoir lu.
Et sur une malentendu avec un baratineur comme Daoud, ça peut faire illusion.

Mais pas longtemps.

On ne lâchera rien

« Le qamis est le vêtement que portent les hommes musulmans, en règle générale, pour se rendre à la mosquée prier. Les buts religieux de ce vêtement sont de couvrir les parties intimes de l’homme (appelées en arabe awra العورة qui signifie parties cachées), de ne pas être ostentatoire dans sa tenue mais également d’imiter le prophète de l’islam qui est le modèle des musulmans. Si le qamis est confectionné de manière large et ample, c’est aussi dans le but de respecter la règle religieuse qui est de ne pas dévoiler les formes de son corps. »
Wiki

Exemple :

https://cdn.lapatrienews.dz/wp-content/uploads/2024/11/kd-ancien-1.jpg

Marie Sasseur dit: à

Et j’espère que le procès, pour un vulgaire vol de données personnelles, sera exemplaire Exemplaire.

Jean Langoncet dit: à

Smog – Dress Sexy At My Funeral

MC dit: à

« Heureusement qu’on a encore droit de dire ce qu’on a retenu d’une lecture » . Oui, et après? L’obsession de Sasseur touche à la Kameleonite…,

Jean Langoncet dit: à

Avant dire droit, Mr. Short, avant

Marie Sasseur dit: à

Paraît qu’on peut être heureux sans lire, qu’il y en a qui vivent très bien sans lecture, que la lecture n’est pas nécessaire au bonheur.
J’espère que cette considération ne concerne que les romans.
Comme il y a des romans tout à fait inutiles.

Marie Sasseur dit: à

Le MaCaque qui pratique la lecture ad personam , et qui n’a pas lu ce roman de Daoud, peut toujours japper, la rage ne passe pas.
La colère de constater que le promotion de ce texte politique passe par une complicité avec des thèses réactionnaires et plutôt extrémistes.
La colère de constater que la doxa médiatique peut encore penser pouvoir abuser les lecteurs

Eh bien, pas cette fois.

closer dit: à

« Un père gracie son fils. L’intime, la justice et la politique se confondent. Le père, Joe Biden, se voulait un président exemplaire, respectant l’Etat de droit. Dimanche 1er décembre, confirmant l’atmosphère crépusculaire de cette fin de mandat, le démocrate a annoncé qu’il accordait une grâce « pleine et inconditionnelle » à Hunter Biden, le protégeant contre toutes poursuites judiciaires actuelles et à venir. »

On croirait du Trump…

JC..... dit: à

ART DE VIVRE

« Paraît qu’on peut être heureux sans lire, qu’il y en a qui vivent très bien sans lecture, que la lecture n’est pas nécessaire au bonheur. »( Ma Soeur)

Ce qui est nécessaire au bonheur ? Euh, non !…Rien.

(Rien d’universel. Tout, absolument tout est strictement personnel.)

rose dit: à

Ai rêvé de Boualem Sansal
À une table rectangulaire où tout le monde était contre le provocateur, le traître, un se tournait vers moi pour me demander et toi ?
Je répondais « c’est un écrivain ».

Marie Sasseur dit: à

@(Rien d’universel. Tout, absolument tout est strictement personnel.)

Yeah, pour niquer le système à son profit personnel, faut quand même s’en donner les moyens.

Christiane dit: à

Un crime se déroule sur le terrain littéraire. Ecrire transforme la victime en personnage imaginaire. Les
romans, les films ont tant de
racines dans le réel. Le
romancier observe, écoute,
oublie, retrouve un jour
quelque chose qui l’obsède,
un personnage devenu une matière littéraire lui permettant d’exprimer sa nature profonde, sa sensibilité, ses effrois, ses rages. Je pense at « Vipère au poing » d’Hervé Bazin.
Le procès virtuel que certains intentent à Kamel
Daouda confondent l’éthique d’une enquête journalistique avec son problème de consentement et la matière devenue imaginaire des romans où l’on entend une voix, celle de l’écrivain comme le dit très bien Pierre Assouline dans un entretien écouté ce matin.
J’aime beaucoup quand il dit : si j’arrache une page d’un roman de Marguerite Duras et que la fais lire. On reconnaîtra vite la voix de Marguerite Duras.
La question que je me pose pour « Houri » est Kamel Daouda a-t-il une voix reconnaissable ? Je n’ai lu de lui que la contre-enquête concernant L’Étranger de Camus. Cette voix allait au-delà d’une réponse à Camus. Elle donnait à entendre la voix de ses personnages.
Je n’ai lu jusqu’à présent très peu de citations de ce roman pour peser la qualité de cette écriture.
D’habitude, j’attends que l’effervescence baisse pour lire un livre primé. Là, je vais peut-être modifier mes habitudes
Sansal… Daoud… Mais avant tout des écrivains, des écrivains.
C’est sur ce critère qui est le sens de leur vie que je veux les rencontrer.

Christiane dit: à

Daoud, évidemment !

Christiane dit: à

Oui, Rose, c’est un écrivain.

rose dit: à

Donc, ai fini de visionner les 20 dernières minutes.
Effrayant.
Quelques remarques :
L’interviewer : on a récupéré les pires.
Non, les pauvres. Comme pour tout immigré.
À aucun moment, il ne soulève la dichotomie entre le pays natal et la terre d’accueil.
Hyper, archi intéressant.
Je ne développerai pas les autres points.

Je note, en passant, que sa femme est malade & hospitalisée en France, et lui hospitalisé en Algérie suite à son incarcération.
Qu’il n’était pas journaliste mais ingénieur.
Je suis pour la libre circulation des individus et pour le respect absolu des gens différents de nous.
Pour ma part, je n’ai aucune crainte du grand remplacement ni de la mixité.

Bon lundi !

rose dit: à

Christiane ♥️

Marie Sasseur dit: à

Pour l’instant on a compté 4 personnes sur ce blog, qui ont lu ce texte de Daoud. 3, sans compter Passou. Ça fait pas bezef.

Passou n’a pas trop d’influence sur son blog…lol

Il faut lire Daoud! Il faut vous documenter sur la guerre civile algérienne, ne subissez pas l’histoire qu’on vous trafique.

Marie Sasseur dit: à

Et dans les 3 on compte pas Edel, lui a lâché l’affaire au bout de 70 pages.

Marie Sasseur dit: à

Sansal a été haut fonctionnaire à la direction de l’industrie , il a a ce titre travaillé sous plusieurs administrations gouvernementales algérienne, il a commencé à écrire, il était déjà assez vieux.
Mais avant cela ?

Qu’a-t-il fait ?

Marie Sasseur dit: à

Sansal a été haut fonctionnaire à la direction de l’industrie , il a à ce titre travaillé sous plusieurs administrations gouvernementales algériennes.

Marie Sasseur dit: à

Sa parole dans l’espace public, peut donc avoir bien plus de poids que celle d’un rastignac…

Christiane dit: à

Je comprends bien que les juges cherchent l’équilibre entre la liberté de création et la protection de la vie privée, affirme le romancier Fabrice Humbert. Mais ne sont-ils pas en train de sacrifier la littérature? On met toujours en scène des personnes réelles, qui peuvent se reconnaître et être reconnues, même dans les fictions les plus échevelées. Sans parler des relectures d’avocat et des menaces de procès, on court le risque d’amener l’écrivain à s’autocensurer. »

Propos rapportés par David Cavigioli, le4/08/2016, pour le NouvelObs.

Christiane dit: à

Cette judiciarisation de la littérature est un grand scandale. Mme de Warens aurait donc dû poursuivre Rousseau, qui révélait le ménage à trois des Charmettes et divulguait qu’elle avait suborné un mineur? Voudrait-on voir Proust crouler sous les procès de Montesquiou et de la comtesse de Chevigné? Faut-il rappeler que les contemporains de Stendhal ou de Balzac savaient tout à fait qui se cachait derrière leurs personnages? On nage en plein ridicule.»
(Citation de Jean-Marie Rouart dans le même article
du NouvelObs )

Marie Sasseur dit: à

Et la liberté d’expression n’a rien à voir avec la liberté de raconter n’importe quoi.

Même si cela peut mener loin, regardez Elon Musk.

Ciao Passou, et merci de permettre la diversité, même si c’est pour dire comme en démocratie de psychorigides, « cause toujours.. »

Bloom dit: à

Biden serait bien sot de ne pas utiliser des sseur dans le viseur. Pas très glorieux mais réaliste.
Demander aux Afghans qui ont bossé pour les Américains la valeur de la parole donnée.
Qu’on ne vienne pas nous parler de démocratie exemplaire.
La GB et surtout les pays scandinaves sont des références en la matière. Certainement pas les USofA.
Le pays du pire et du meilleur  ne produit plus que le pire. Silly conne vallée.

Bloom dit: à

Biden serait bien sot de ne pas utiliser les prérogatives qui sont les siennes en faisant du trumpisme car sinon fils chasseur est dans le viseur du 47e. Pas très glorieux mais réaliste.
Demander aux Afghans qui ont bossé pour les Américains la valeur de la parole donnée.
Qu’on ne vienne pas nous parler de démocratie exemplaire.
La GB et surtout les pays scandinaves sont des références en la matière. Certainement pas les USofA.
Le pays du pire et du meilleur  ne produit plus que le pire. Silly conne vallée.

Christiane dit: à

Premiers pas dans Houris de Kamel Daouda. Une quarantaine de pages offertes par l’éditeur de la maison Gallimard.
C’est une voix de femme. Une voix intérieure offerte par une femme enceinte à lembyon qu’elle porte. C’est elle qui le nomme l’embryon. Mais elle le sent fille.
Elle s’adresse donc à une future fille pour lui dire qu’elle hésite à la mettre au monde à cause du sort des femmes dans son pays. Le même dilemme se pose aux femmes enceintes suite à un viol ou vivant dans un pays devastey par la guerre, ou la famine.
Heureuses les femmes qui portant un enfant se réjouissent de sa venue.
Le monde de demain fait peur. Et pas seulement à Aube, l’héroïne de Kamel Daoud.
Dans son roman, il y a une présence du sang, dès les premières pages. On égorgé les moutons. Mémoire de ce qu’elle a subi lors d’une guerre, disons un massacre, où les siens ont été exterminés. Survivre après un massacre, pour une jeune enfant tient de l’impossible. Une peur intériorisée doit inciter l’enfant ay se cacher, ay disparaître. Épreuve aussi de la solitude quelque soit la cueillette protecteur de celle qui l’a recueillie. Dilemme, également, car c’est une guerre interne au pays. Frères contre frères. Enfin frère meurtrier. Je pense à l’Afrique sub-saharienne qui a connu des horreurs semblables.
L’écriture est précise et lyrique, intrusive pour le lecteur car il a du mal à échapper à ce long monologue pétri de violence, de peur, de mémoire, d’empêchement de dire et de ke dire quand même. C’est impressionnant de penser à cet écrivain qui parle par une voix de femme, muette qui plus est.
J’ai un peu de mal at supporter l’horreur sanglante qui est évoquée et qui pourtant est la même dans bien des actions meurtrières ( guerres, attentats, crimes…). Les femmes sont en premières lignes pour être les victimes d’hommes devenus barbares et meurtriers.
Je. Pense au « Kaddish pour l’enfant qui ne naîtra pas » d’Imre Kertesz qui se termine par ces mots :
« Sombrer
mon Dieu !
faites que je sombre
pour l’éternité. »

Christiane dit: à

Toujours l’impossibilité de relire le texte avant envoi. Donc encore un a à Daoud, des à qui deviennent ay. Desoleet !

Christiane dit: à

l’embryon…

MC dit: à

Non nous n’avons pas lu Daoud, et n’avons jamais prétendu l’avoir fait. (Suivez mon regard)…Nous avons cependant lu un jugement qui compte beaucoup, ici, et qui n’est pas de Pierre Assouline. Nous avions lu aussi, sans enthousiasme, un Meursault contre Enquête , et deux essais bien meilleurs, mais ce sont des essais. Je ne vois donc pas pourquoi l’on vitupère de manière insane sur le pauvre Daoud, qui, voyant passer un beau sujet, l’a pris. Il ne sera ni le premier ni le dernier à le faire, et en effet, « on écrit presque toujours sur du vrai », n’en déplaise aux Sasseurs de France et de Navarre. Cela dit, il semble que l’excellence d’un écrivain se mesure pour elle à la force de ses liens avec le Gouvernement Algérien…ce qui lui permet de renvoyer dos à dos, pour des raisons fort peu littéraires, et Sansal et Daoud. Le problème est qu’ils ne boxent pas dans la même catégorie. Sansal a un public que n’a pas Daoud, et réciproquement. Le premier est un vrai littéraire, le second reste un bon journaliste. Faut-il donc, comme la pire Extrême Droite, vilipender les deux, au besoin sans lire le second? Ce sont procédés inquisitoriaux, qui excluent toute critique vraiment littéraire. Vous me direz que ça ne la dérange pas, non plus que Clopine et ses babouins. C’est à ce degré de lecture la qu’on mesure où elle est tombée…

Christiane dit: à

l’accueil et non la cueillette ….

Christiane dit: à

Très intéressante réflexion de M.Court. Merci.

Christiane dit: à

Bien sûr je pense à Gaël Faye pour « Jacaranda » (Grasset), qui a reçu le prix Renaudot. Il évoque aussi le massacre auquel il a assisté au Rwanda.

Marie Sasseur dit: à

Si causer d’un bouquin sans l’avoir lu a pu faire le succès d’un Pierre Bayard, c’est pour de mauvaises raisons : les cons en sont restés au titre.

Causer du texte de Daoud, sans l’avoir lu , c’est ce qui a fait que Daoud est passé des profondeurs du box office à la une du torchon le point.

Ça y est, et n’a pas traîné, la vieille maîtresse 80 balais ? est en plein orgasme littéraire.
Il l’a trouvée sa houri, le Kamel.

Christiane dit: à

« Houris et Jacaranda, ce sont des livres qui parlent des années 1990, c’est aussi des conflits […] Donc est-ce que les trente ans qui nous séparent de l’événement étaient un temps nécessaire pour pouvoir, nous en tant qu’écrivains, […] mettre des mots sur cette violence qui est arrivée ? »
Gaël Faye

Marie Sasseur dit: à

Gael Faye n’a jamais assisté à un massacre, elle délire la vieille voyeuse.

Marie Sasseur dit: à

J’ai lu les deux bouquins.
En son temps, j’ai commenté ce qui en faisait la grande différence, dans les intentions respectives de leurs auteurs.
Faye peut aller vivre au Rwanda, la tête haute. D’ailleurs, il y vit désormais.

L’autre retournera en Algérie, en rasant les murs de la honte.

Rosanette dit: à

@christiane
Tout à fait d’accord avec vous sur ce que vous écrivez et sur ce que vous citez à propos des personnages de roman inspirés de personnes et /ou d faits réels
L’art du romancier c’est précisément de les transformer en personnages et situations romanesques, d’utiliser ce qu’il veut en retenir, en ignorer ou en modifier, pour en faire les matériaux d’un travail créateur ,
Un travail qui va faire vivre à son personnage une vie autonome , celle qui ne concerne plus le modele de reference mais correspond à son projet d’écrivain .
Alchimiste de cette transmutation, il appartient à un auteur de choisir librement dans l’histoire vraie du personnage source ,ce qu’il veut utiliser de sa vie et de son destin pour incarner le héros à naître de son ecriture et de son imagination , et qui désormais va lui appartenir de manière exclusive
Pour vous un conseil que j’ai déjà donnéici :lisez sur le sujet le post de X a la fin du fil précédent

Marie Sasseur dit: à

Je reviendrai commenter ces affaires si peu littéraires dès que les procédures judiciaires auront avancé un peu.

Ps.
Au fait Passou, et cette catabase, vous en avez compris le concept ?

Marie Sasseur dit: à

L’art du romancier n’est pas de voler données personnelles, ni de contrevenir à une volonté qui lui a été fermement exprimée de ne pas se servir d’éléments biographiques, lesquels permettent sans aucune ambiguïté, aucune ambiguïté ! d’identifier Saâda Arbane.
L’art du romancier n’est pas d’être un prédateur et un voleur pour assouvir une ambition personnelle.

Marie Sasseur dit: à

Moment de franche rigolade.
Mine de rien deachach vient de neutraliser la vieille routarde des blogs.
Elle ne pouvait lui faire pire injure que de la contraindre à lire petitix, laquelle prétendant à un enseignement niveau Master 2 discipline enculage de mouche en comparaisons foireuses, avait fait fuir de ce blog sa plus grande rivale, une donneuse de leçon à dormir debout sous extase niveau mat- ernelle sup-erieure, grande section.

MC dit: à

Oh, vous croyez que Flaubert aurait écrit la Bovary, sans Delphine Delamare? Que la « laitière Sand ne s’est pas gênée pour reprendre ses Lettres à Musset et en tirer sa version? Qu’il ne s’est pas joué un Rouge et Noir dans la Region Grenobloise? Sancta Simplicitas! Le vol de donnees est à la base de la création romanesque, après, l’on est bon ou l’on est mauvais, on est Sansal ou on est Daoud. Mais je m’excuse, qui n’a pas piraté qui , ici? Sasseur peut-être parce qu’elle ne sait rien faire?

MC dit: à

Et tenez, on n’a jamais su si petit x etait bien cette fois là petit x. Mais ceci est un autre problème, et on ne voudrait surtout pas vous dispenser de répondre au précédent….

Marie Sasseur dit: à

Je ne pense pas que les juges qui vont lire le texte de Daoud et le dossier de Saâda Arbane, vont se livrer à des conjectures absolument démentes comme ce blog en charrie.
En revanche, ils vont plutôt s’attacher à ce que balance l’avocate de la plaignante. Elle envoie du lourd. Si Daoud a la parlotte, elle, a les preuves.

Marie Sasseur dit: à

Pour ce qui concerne la violation de l’article 46 de la charte de réconciliation algérienne, là il faudra voir les arguments des associations de victimes du terrorisme et associations des familles de disparus.
Moi j’y ai vu surtout vu des compilations de données wikipedia, avec des erreurs que je trouve scandaleuses, concernant les assassinats de Had Chekala, au mépris de toutes les personnes qui ont été tuées.
Il y a d’ailleurs un personnage qui a tous les attribus d’un sociopathe , et je sais pas, mais ce personnage là ne portera pas plainte, vu qu’il écrit.

Rosanette dit: à

Remarquable interwiew de Mohamed Sifaoui à propos de l’incarcération de Boualem Sansal ,où il dénonce avec brio la procédure stalinienne dont relève une arrestation arbitraire ayant pour origine l’expression publique d’un point de vue sur la géographie de l’Algérie s’écartant de la doxa officielle
Puis il a élargi son propos au naufrage de ce pays sucé par une nomenclatura corrompue, avide et prédatrice, qui année après année par sa cupidité et son incurie a privé de manière irréversible ce pays, du développement auquel ses ressources naturelles lui permettaient d’ aspirer
j’ai remarqué dans son propos n que faisant allusion aux appuis en France et en Algérie auquel ce gouvernement voyou a recours pour mener sa campagne médiatique mensongère contre Boualem Sansal, il mentionne entre autres des »mégères plus ou moins lettrées »
Sous quel pseudo Mohamed Sifaoui poste-t- il sur la RDL

Marie Sasseur dit: à

Le caractère arbitraire de l’arrestation de Sansal, fait évidemment l’unanimité.
Je ne sais pas quel imbécile irait contester ce fait.

Clopine dit: à

Bon,ben salut la Compagnie. Je m’enfuis. On dirait que ma bonne volonté culturelle, mon respect pour le savoir, mes tentatives de communication, se heurtent désormais à cette constatation : l’impossibilité d’une conversation.

Marie Sasseur dit: à

En revanche, ce qui est inquiétant, c’est que les chefs d’accusation ne sont toujours pas énoncés précisément.
Le fait que le parquet anti-terroriste soit saisi nécessite de la réserve.

Christiane dit: à

Merci, Rosanette. Je vais lire son commentaire. Vous avez une façon de dérouler votre pensée, très agréable. Précise et calme.
Dans chaque histoire sinserenty d’autres histoires.
La lecture ouvre tant d’espaces de questionnements, de médiation. Elle m’aide à questionner le comportement de l’homme, ma position morale face aux événements.
La manière de Daoud de raconter son histoire me conduit à me souvenir de ce que je ressentais lors de mes deux grossesses. Je pense aussi au drame vécu par une amie qui avait décidé de ne pas mener la sienne à terme.
Ce livre dont je n’ai lu que les quarante premières pages offertes par l’éditeur acquiert pour moi une signification spéciale certainement différente de celle que l’auteur a voulu y mettre. Deux lectures paradoxales dont celle de l’auteur. Pour lui une identification morale, éthique, idéologico-politique. Pour moi, le sort des femmes que j’ai connues où dont j’entends parler.
C’est une sacrée responsabilité de mettre un enfant au monde. Être grand-mère reporté l’inquiétude sur la génération des jeunes adultes que sont nos petits-enfants.
Aujourd’hui, des guerres monstrueuses ont lieu dans l’indifférence générale. La logique de l’écrasement du plus faible envahit l’actualité. Criminalité politique ou sexuelle teintent l’histoire dans une inflation d’images. Ce livre a une voix, une toute petite voix, celle d’une femme brisée chuchotee à l’enfant qui peut-être ne naîtra pas. Merci de votre présence

Christiane dit: à

s’insèrent

Pablo75 dit: à

Question aux proustiens du blog: dans la phrase de « Du côté de chez Swann »: « Ce grand jeune homme blond qui est tellement snob, il a toujours une fleur à la boutonnière, une raie dans le dos, des paletots clairs », quelle est la signification de la « raie dans le dos »? Dans ce site, on en discute:

Avoir une raie dans le dos
https://forum.wordreference.com/threads/avoir-une-raie-dans-le-dos.3412200/

Marie Sasseur dit: à

« Sous quel pseudo Mohamed Sifaoui poste-t- il sur la RDL »

Yalla, c’est pique-nique à l’ehpad , les vieilles font la teuf à donf. Elles ont fumé un tarpé, du marocain, mon vieux, pas la peine de te refaire faire un dessin des frontières…

et Et Alien qu’est pas toujours pas revenu du cantou.
Passou, faut embaucher.

Christiane dit: à

Voilà, je lis et j’approuve.
« Mais c’est précisément la « dimension purement littéraire », passée inaperçue aux yeux d’une bonne partie du public contemporain, qui fait la différence et pas seulement le passage du temps. Là il y a eu transmutation par l’écriture, mais il faut garder à l’esprit que cela ne se produit pas avec

toute (n’importe quelle) transcription, reprise d’une « histoire vraie ».

Je n’ai mis qu’un extrait de son commentaire, lucide et pertinent, vous avez raison.

Marie Sasseur dit: à

Petitix n’a pas lu Daoud, mais plus c’est gonflé plus les les vieilles bigotes se plaisent à croire.

MC dit: à

Donc Sasseur, comme on connaît l’estime que vous avez pour Paul Edel, il n’y a que vous et PA à l’avoir lu? Je ne sais pas si ´Pierre Assouline sera heureux du rapprochement, mais puisqu’il vous tolère…

Marie Sasseur dit: à

Le MaCaque, vieux dément, harceleur immonde, continue de se pignoler en lisant mon pseudo.
Mais je dois ranger la boîte à gifles, time is over, now.

______

A bientôt Passou, et n’oubliez pas, interro sur la catabase, la prochaine fois.

Bloom dit: à

Comic relief/Willing supsrension of hostilities, disbelief/Coming up for air…

La plus belle ode au Brie de Meaux accompagné d’un Pinot noir est l’oeuvre d’un grand romancier anglais contemporain. Savez-vous de qui il s’agit et dans quel ouvrage (MC nous le dira peut-être un peu plus tard, mais pas tout de suite, svp).

== A l’orée de la silly season, la période de bombance, connaissez-vous l’insolite roman de
Takeshi Kaikô, « Romanée-Conti 1935 », est entièrement consacré à ce produit du terroir que les jeunes ne goûtent plus trop, dit-on de source sûre…(« Un dimanche d’hiver, tard dans l’après-midi, deux hommes étaient assis face à face dans le restaurant d’un gratte-ciel d’acier et de verre. »)==

Bloom dit: à

qui est entièrement…

D. dit: à

Je préfère le brie de Melun au brie de Meaux, sincèrement. Quant à l’accompagner de Pinot noir…? Il faudrait que j’essaye. Je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure idée qui soit.

D. dit: à

Wikipedia dit que le brie se marie très bien avec les Bourgogne. Ils sont à base de Pinot noir, en effet. Ou bien Côte du Rhône ou Gaillac.
Faudrait faire des tests.

Christiane dit: à

Merci, Jazzi. C’est si simple en regardant ces photos : que de la joie ! Vous faites un beau couple. Bravo. Soyez heureux.

Bloom dit: à

En fait il s’agit d’un « Brie de Melun ». J’avais le souvnir de Meaux…

Le « I » est une narratrice, née grecque mais devenue anglaise.

« ‘This’, said the farmer, ‘is a ‘Brie de Melun’; We sell it here but it’s actually made a few miles away, on my wife’s father’s farm. Still form the Seine-et-Marne region, as every genuine Bire musdt be. It has a strong flavour, rather salty. If you ripen it for too long ot becomes bitter; This cheese has bee ripened for five weeks’. (…)
I took my first bite, not knowing what to expect. At once a complex blend of flavours began invading my mouth. The cheese was smooth and milky but it had distant overtones of walnut and a distinct earthy quality. To my unformed tastebuds, it was a strange flavour but also immensely pleasant. Also the creamy texture of the cheese, combined with the crustiness of the bread, was amazing (…)
I held the wine glass up to the evening sunlight.Shafts of light were reflected back from its rich, ruby depths. I drank a large sip and allowed its dark, berry-flavoured notes to blend with and then overtake the lingering flavours of the cheese and bread. »

Ayant vécu deux très belles années à Coulommiers, je suis très sensible à l’hommage rendu aux produits de cette très belle région.

Bloom dit: à

Still from…

D. dit: à

Vous aimez le brie, Christiane ?
A mon avis, non.

Christiane dit: à

Pablo 75,
Excellente devinette. Pour moi, un pli ou une couture dans le vêtement.
Je vous en pose une autre.
C’est dans le premier volume de La Recherche, deuxième chapitre, « Du côté de chez Swann.
Le narrateur évoque sa tante Léonie : « Elle me présentait son triste front pâle sur lequel, à cette heure matinale, elle n’avait pas encore arrangé ses faux cheveux et où les vertèbres transparaissaient comme les pointes d’une couronne d’épines ou les grains d’un rosaire. »
Alors, que pensez-vous de ces vertèbres ?

maestri dit: à

Avec un brie, un blanc demi-sec.

Christiane dit: à

Je ne suis pas Zola, D, mais je le déteste pas s’il n’est pas trop fait ! Il décrit dans Le ventre de Paris, superbement, ce fromage décrit les Halles d’alors, qui nourrissaient tout Paris, avec un formidable passage à propos des fromages. Le voici : « Trois brie sur des planches rondes, avaient des mélancolies de lunes éteintes ; deux, très secs, étaient dans leur plein ; le troisième dans son deuxième quartier, coulait, se vidait d’une crème blanche, étalée en lac, ravageant les minces planchettes, à laide desquelles on avait vainement essayé de le contenir. »

puck dit: à

Joe Biden vient de gracier son fils alors qu’il avait promis juré de ne pas le faire.
Qui dit mieux ?

Jean Langoncet dit: à

Moi : Poutine et Netanyahu viennent de gracier le procureur général de la CPI, Karim Khan

vedo dit: à

Le Brie de Meaux, pour les cocktails américains; le Brie de Melun pour ceux qui savent ce que doit être un fromage.

Bloom dit: à

Quid du Coulommiers?

En tous cas, personne n’a répondu à ma petite devinette…

Marc Court, je vous laisse le faire, si vous êtes OK.

Bye-bye au Dati Show (laquelle pourra toujours se reconvertir comme gardienne de jour dans une boite de nuit) et au Retailleau Circus (Desolation Row – la sortie de l’état de droit, c’est tout droit en face, direction le Sénat où on n’oubliera pas ce passage éclair comme les studios du même nom, pas comme l’arme d’un Zeus de la profession).

Au secours, Balkany le sparadrap revient!

D. dit: à

Ça me donne faim, tout ça.
Ce soir, je vais me faire des endives au Brie et me descendre l’Yquem tout seul, pour fêter la motion de censure.

Bloom dit: à

La descente de l’Yquem se termine en slalom…

Jean Langoncet dit: à

Smog – Hit The Ground Running

x dit: à

Désolée, Bloom, mais l’extrait de Billy Wilder and me/et moi fait hélas partie de ce qui m’a déçue dans ce livre (et plus généralement dans les derniers romans de Jonathan Coe).

Patrice Charoulet dit: à

ONFRAY VU PAR ALAIN MINC

Dans son dernier livre , « Dictionnairre amoureux de la politique », 2023 , Alain Minc parle notamment d’Onfray en ces termes : « Venant de l’extrême gauche, se reconnaissant héritier de Proudhon plus que de Marx,très antilibéral, très hostile à la construction européenne, Onfray devient dee plus en plus nationaliste, mais son nationalisme glisse peu à peu de gauche à droite, voire à l’extrême droite. Avec un point fixe, voire une obsession : une hostilité viscérale aux élites, ce qui transforme peu à peu Onfray en intellectuel de référence du populisme .
Son agressivité à l’égard d’Emmanuel Macron touche au délire, mêlant attaques du physique, des mœurs, autant que des idées. Et quiconque incarne à ses yeux les élites fait l’objet du même déchaînement. Je me souviendrai toujours des yeux exorbités de haine d’Onfray lors d’un débat nous opposant. (p.314-315)

Jean Langoncet dit: à

Bill Callahan – The Breeze / My Baby Cries [A tribute to the songs of Kath Bloom]

D. dit: à

Triste fin de carrière pour Barnier.
Tenir Matignon était manifestement bien au dessus de ses capacités.
Ce soir, il se fait dézinguer en off par TOUS les partis. Y compris le sien. « Fallait-il attendre le vote pour négocier »… »Marine Le Pen en ressort grandie »…etc.

Seulement voilà : qui a nommé Barnier ? Et au bout de combien de temps ?! Et pourquoi ? L’irresponsabilité et l’incompétence se trouvent surtout au plus haut niveau, celui de l’Élysée.
Finissons-en. Qu’il s’en aille tout de suite. 3 mois suffisent largement pour organiser l’élection du successeur. Et Larcher pendant 3 mois, ce n’est pas bien grave.

D. dit: à

Quant à Charoulet, il ferait mieux de s’enduire de cendre, s’habiller d’un vieux sac et pleurer.
Ce serait la moindre des choses, après avoir tant soutenu Macron et sa présidence désastreuse pour lz France.

D. dit: à

Hein, Langoncet ? Que j’ai raison ?

Jean Langoncet dit: à

Plaît-il ?

D. dit: à

Ô noble Brie de Melun, trésor des champs,
De lait subtil jailli des doux troupeaux tremblants,
Ton cœur crémeux, caresse aux palais délicats,
Fait vibrer l’âme en mille éclats délicats.

Sous l’écorce légère aux teintes d’ivoire,
Se cache un goût qui parle d’humble victoire.
Affinage patient, l’œuvre du temps secret,
Donne au fromage son éclat et ses attraits.

Compagnon des festins, des nobles repas,
Tu trônes en maître sur la table en émoi.
Un vin rouge t’accompagne avec tendresse,
Et dans l’accord parfait, s’élève l’ivresse.

Ô Brie de Melun, des terroirs l’héritier,
À ton parfum discret, nul ne peut résister.
Longue vie à ton art, subtil et généreux,
Ô roi des fromagers, au goût si merveilleux !

D. dit: à

Ô fier Brie de Meaux, roi des mets souverains,
Fruit des prés verdoyants, des paisibles matins,
Ta croûte ivoirine, au reflet éclatant,
Protège un cœur onctueux, tendre et captivant.

Dans ton parfum léger, le terroir se dévoile,
Chants des plaines fertiles et souffle des étoiles.
Affinage parfait, patience des savoirs,
Tu livres aux gourmets l’éclat de tes pouvoirs.

Sur la table dressée, des festins fastueux,
Tu inspires les chants des cœurs audacieux.
Complice d’un vin blanc ou d’un rouge puissant,
Tu lies les âmes par ton charme éclatant.

Ô Brie de Meaux, trésor des champs dorés,
Tu gardes l’héritage des anciens vachers.
Que ta gloire perdure, des siècles en festin,
Toi, noble délice des palais citadins.

D. dit: à

Ô terres de Melun, ô champs de Meaux rivaux,
Deux bries s’élèvent fiers, maîtres de leurs troupeaux.
Sous leurs croûtes d’ivoire, au cœur tendre et subtil,
Se cachent des saveurs, des éclats imbéciles.

Le Brie de Melun, puissant dans ses accents,
Affirme son arôme aux parfums éclatants.
Il clame aux alentours : « Je suis roi des festins,
Je règne sans partage sur les cœurs et les mains ! »

Mais le Brie de Meaux, fort de ses doux apprêts,
Répond avec fierté : « Qui donc peut m’ébranler ?
Mon onctueux éclat, ma finesse infinie,
Ont fait plier des rois et conquis des duchies ! »

Ainsi gronde le feu, la rivalité crie,
Entre ces deux seigneurs du royaume des bries.
Leur duel se prépare, la table devient champ,
De bataille acharnée sous un ciel flamboyant.

À grands coups de saveurs, d’arômes exaltés,
Chacun frappe l’autre, se sent dévasté.
Le Melun, plus intense, attaque en profondeur,
Mais le Meaux réplique avec suave douceur.

Dans un ultime choc, dévastant les palais,
Le combat se conclut dans un cri de ballet.
Le Meaux s’effondre, le Melun chaviré,
Leur gloire à jamais tombe, dans l’oubli sacrée.

Ô fins connaisseurs, pleurez ces héros perdus,
Leur guerre insensée fut leur chant ingénu.
Ainsi deux Bries rivaux, par l’orgueil emportés,
S’unirent dans la chute, à jamais regrettés.

Chaloux dit: à

L’histoire des vertèbres de la tante Léonie est très célèbre. Gide, qui n’a pas compris qu’il s’agissait des « vertèbres » d’une perruque, déclarait avoir refermé le manuscrit avec dégoût sur cette notation. Il faudrait localiser la mention de cette « raie » pour voir ce qu’en dit l’édition du génial Jean-Yves Tadié.

Bloom dit: à

C’est votre droit le plus strict, x. Perso, je trouve ce roman infinment satisfaisant, dans sa capacité à capter des moments d’humanité profonde et vraie, notamment sur le thème des relations parents-enfants, la brilliance des dialogues, et le leitmotif de la disparition à la Perec de la mère dans les camps de la mort que Wilder ne cesse de rechercher dans les images d’archives qui lui parviennent à la tonne après la libération.
Jonathan Coe a un rapport sain à la vie, l’amour, la mort.
J’ai tout lu de lui sauf Bournville que je vai m’empresser d’acheter cette semaine. Il se trouve que j’ai visité avec grand plaisir l’usine Cadbury il a 15 mois, une de ces utopies dont les Anglais ont le secret. Et ce roman est la suite de Middle England, mon roman sur le Brexit préféré, dont je donne le chapitre sur la cérémonie des JO de Londres à lire à mes étudiants de 3e année de civ brit contemporaine. Je m’en pourlèche déjà les babines…
Mon pote John, originaire de Leeds, a rencontré Coe lors d’un événement littéraire au British Council je crois, qu’il a trouvé extrêmement sympathique et d’un humour irrésistible…
Son oeuvre est un moment important de la littérature anglaise. Un Trollope en mille fois plus léger, drôle, satirique et pénétrant (insightful).

Bloom dit: à

Mon pote John, originaire de Leeds, a rencontré Coe lors d’un événement littéraire au British Council je crois, et l’a trouvé extrêmement sympathique et d’un humour irrésistible…

Sorry, aujourd’hui, trop de gymnastique traductive qui nuit à la syntaxe…

On se met à ressembler à l’Angleterre sous Johnson. Qui jouera le rôle de Sir Keir Starmer KC?

Chaloux dit: à

Il y a trente ans, il n’y avait plus qu’une ferme fabriquant du Brie de Meaux au lait cru.
Le merveilleux Coulommiers au goût de noisette, si plein de douceur, qu’on trouvait sur les marchés de Seine et Marne, mon préféré.

Le Brie de Melun, on le dégustait dans la belle maison de Blandy.

Souvenirs…

Christiane dit: à

Il est dit aussi, Chaloux, que ce serait une erreur de typographie. Le mots qui aurait dû apparaître serait « véritables », ce qui paraît plus logique. Enfin, il n’est plus là, comme pour la ligne droite pour donner la solution. Merci.

Chaloux dit: à

« Le grain de chapelet fait partie d’un ensemble de grains similaires réunis par un fil de cuivre ou une cordelette pour former un chapelet, un objet de dévotion servant à la pratique individuelle de la prière dans le culte chrétien. »

Pour moi, l’allusion au « rosaire », comparé aux vertèbres, autrement dit à l’armature des faux cheveux, ou le contraire, me semble lumineuse et me dispense de chercher plus loin.
Là où on peut se demander si Proust n’aurait pas commis un lapsus ou une erreur jamais corrigés, c’est que le rosaire est une pratique de dévotion et non un objet, l’objet étant bien le chapelet.

Chaloux dit: à

En ce moment, je fais le plein des livres de Jean Grenier que je n’ai pas encore lus. Ce serait une belle initiative, et l’honneur de son éditeur historique, que de le faire entrer dans la Pléiade*, pour contrebalancer d’Ormesson, sur lequel d’ailleurs semble déjà tombée une parfaite chappe d’oubli. Même chose, dans un tout autre ordre d’idée, pour José Cabanis.
Je me demande toujours pourquoi des écrivains de valeur sont portés au pinacle tandis que d’autres, qui n’auraient pourtant pas grand-chose à leur envier, sont aussi négligés. Peut-être à cause d’un grain d’universalité dont seraient énigmatiquement doués les premiers et non les seconds. Mais l’absence de ce grain (son refus peut-être) compte aussi, et fait les écrivains avec lesquels nous nous sentons absolument seuls, ceux avec lesquels nous ne cessons jamais de dialoguer, quasi jusque dans le fond de notre sommeil. Il y en aurait toute une liste à établir. En littérature, j’ai toujours apprécié les marginaux.
Il me semble évident que si Albert Camus n’était pas mort prématurément, l’évidente présence de Jean Grenier dans le champ littéraire du XXe siècle aurait été davantage célébrée. Il n’est tout de même pas si courant, et c’est même d’une rareté prodigieuse, qu’il soit permis à un homme de s’aventurer sur les derniers contreforts du langage pour y contempler silencieusement les espaces infinis où aucune parole ne saurait pénétrer.

*Pléiade ou au moins Quarto.

Chaloux dit: à

La fin de Néron-Néron petit patapon promet bien des soubresauts. la curée n’est pas bien loin.

Chaloux dit: à

Evidemment, « rosaire » est plus baudelairien que « chapelet ». Et il existe des chapelets de saucisses, tout autant que des chapelets de sottises. Il se peut que Proust ait reculé devant l’horreur des associations ou « correspondances » auquel ce pauvre chapelet peut être soumis, et ait préféré une imprécision poétique à un désastre par trop prosaïque.

Chaloux dit: à

… Ou à un prosaïsme par trop désastreux …

x dit: à

Rapidement, pour MC : aucune usurpation ; je suis bien responsable de la réponse adressée à Rosanette sur le fil précédent et signée « x ».
Je savais qu’il y avait de la marge pour l’amélioration de mon petit topo, mais je crains maintenant un malentendu.
L’accent ne portait pas sur le « projet » (les intentions) de l’auteur mais sur le texte écrit et publié — à moins que Rosanette n’ait utilisé ce terme pour désigner le « système » ou l' »organisme » que constitue un texte, c’est-à-dire le tout dans lequel ses divers éléments (entre autres l’histoire telle qu’elle est racontée (ordre, durées relatives, ellipses, point de vue…) et les personnages) fonctionnent, interagissent — et au sein duquel seulement ils prennent sens.
L’idée n’était pas non plus d’accorder à n’importe qui un blanc-seing, toute liberté de s’emparer d’éléments biographiques de la vie des autres pour en faire ce qui l’arrange. S’il suffisait d’invoquer Stendhal, Flaubert, Tchekhov ou Dostoïevski pour les égaler, nous serions noyés sous les chefs-d’œuvre.
Certains rapprochements me font (involontairement) le même effet que celui souvent visé (délibérément) par l’onomastique bloyenne : nobles aspirations du prénom, catastrophiquement ridiculisées par le voisinage du patronyme.

Bloom, rapidement : c’est bien parce que je lis J. Coe depuis le début que cette évolution me désole. Oui, ses romans « cochent toutes les cases » désormais, et c’est bien le problème (littérairement parlant). Et je n’ai pas non plus envie ni besoin de lire dans un roman ce que je pourrais trouver dans un magazine au cours d’un vol direction Charles de Gaulle Airport, jolies photos pleine page à l’appui.
Alors que les odes au lait ou à la tomate de Joseph Delteil m’enchantent.

Pablo75 dit: à

[Sur l’expression « Avoir une raie dans le dos »]

Excellente devinette. Pour moi, un pli ou une couture dans le vêtement.
Je vous en pose une autre.
Christiane dit:

Tiens, Christiane de retour… Bonne nouvelle pour cette République qui est de moins en moins intéressante, puant comme elle pue de plus en plus le radotage des vieillards cacochymes.

Quant à l’expression de Proust, il ne s’agit pas d’une devinette mais d’un problème de traduction. J’ai dû regarder de près quelques pages de celle du grand poète mais piètre traducteur Pedro Salinas (marié à Alger avec une espagnole qui a passé son adolescence et jeunesse à Oran et avec laquelle il a vécu à Paris, où il a découvert Proust) et me suis trouvé avec cette phrase, dont je ne connais pas la signification.

Sur l’histoire des vertèbres de tante Léonie on a déjà parlé ici en 2018, dans cette page et la suivante:

https://larepubliquedeslivres.com/des-violences-faites-aux-femmes-et-aux-hommes/comment-page-3/#comments

Pablo75 dit: à

Il faudrait localiser la mention de cette « raie » pour voir ce qu’en dit l’édition du génial Jean-Yves Tadié.
Chaloux dit:

C’est Odette dans « Un amour de Swann » qui l’utilise en décrivant le snob Herbinger.

« Sauf en lui demandant la petite phrase de Vinteuil au lieu de la Valse des Roses, Swann ne cherchait pas à lui faire jouer plutôt des choses qu’il aimât et, pas plus en musique qu’en littérature, à corriger son mauvais goût. Il se rendait bien compte qu’elle n’était pas intelligente. En lui disant qu’elle aimerait tant qu’il lui parlât des grands poètes, elle s’était imaginé qu’elle allait connaître tout de suite des couplets héroïques et romanesques dans le genre de ceux du vicomte de Borelli, en plus émouvant encore. Pour Ver Meer de Delft, elle lui demanda s’il avait souffert par une femme, si c’était une femme qui l’avait inspiré, et Swann lui ayant avoué qu’on n’en savait rien, elle s’était désintéressée de ce peintre.
[…]
Et en effet elle trouvait Swann intellectuellement inférieur à ce qu’elle aurait cru. « Tu gardes toujours ton sang-froid, je ne peux te définir. » Elle s’émerveillait davantage de son indifférence à l’argent, de sa gentillesse pour chacun, de sa délicatesse. Et il arrive en effet souvent pour de plus grands que n’était Swann, pour un savant, pour un artiste, quand il n’est pas méconnu par ceux qui l’entourent, que celui de leurs sentiments qui prouve que la supériorité de son intelligence s’est imposée à eux, ce n’est pas leur admiration pour ses idées, car elles leur échappent, mais leur respect pour sa bonté. C’est aussi du respect qu’inspirait à Odette la situation qu’avait Swann dans le monde, mais elle ne désirait pas qu’il cherchât à l’y faire recevoir. Peut-être sentait-elle qu’il ne pourrait pas y réussir, et même craignait-elle que rien qu’en parlant d’elle il ne provoquât des révélations qu’elle redoutait. Toujours est-il qu’elle lui avait fait promettre de ne jamais prononcer son nom. La raison pour laquelle elle ne voulait pas aller dans le monde, lui avait-elle dit, était une brouille qu’elle avait eue autrefois avec une amie qui, pour se venger, avait ensuite dit du mal d’elle. Swann objectait : « Mais tout le monde n’a pas connu ton amie.
[…]
Et si Swann lui demandait ce qu’elle entendait par là, elle lui répondait avec un peu de mépris :
« Mais les endroits chics, parbleu ! Si, à ton âge, il faut t’apprendre ce que c’est que les endroits chics, que veux-tu que je te dise, moi ? par exemple, le dimanche matin l’avenue de l’Impératrice, à cinq heures le tour du Lac, le jeudi l’Éden Théâtre, le vendredi l’Hippodrome, les bals…
— Mais quels bals ?
— Mais les bals qu’on donne à Paris, les bals chics, je veux dire. Tiens, HERBINGER, tu sais, celui qui est chez un coulissier ? mais si, tu dois savoir, c’est un des hommes les plus lancés de Paris, ce grand jeune homme blond qui est tellement snob, il a toujours une fleur à la boutonnière, UNE RAIE DANS LE DOS, des pantalons clairs ; il est avec ce vieux tableau qu’il promène à toutes les premières. Eh bien ! il a donné un bal, l’autre soir, il y avait tout ce qu’il y a de chic à Paris. Ce que j’aurais aimé y aller ! mais il fallait présenter sa carte d’invitation à la porte et je n’avais pas pu en avoir. Au fond, j’aime autant ne pas y être allée, c’était une tuerie, je n’aurais rien vu. C’est plutôt pour pouvoir dire qu’on était chez Herbinger. Et tu sais, moi, la gloriole ! Du reste, tu peux bien te dire que sur cent qui racontent qu’elles y étaient, il y a bien la moitié dont ça n’est pas vrai… Mais ça m’étonne que toi, un homme si “pschutt”, tu n’y étais pas. »

(Dans l’édition en pdf que je manie, c’est la page 306 de 537).

On peut la télécharger d’ailleurs gratuitement dans la Bibliothèque numérique romande (et plus de 1300 autres livres):

https://ebooks-bnr.com/proust-marcel-le-temps-retrouve-a-la-recherche-du-temps-perdu-7/

Pablo75 dit: à

En ce moment, je fais le plein des livres de Jean Grenier que je n’ai pas encore lus. Ce serait une belle initiative, et l’honneur de son éditeur historique, que de le faire entrer dans la Pléiade*, pour contrebalancer d’Ormesson, sur lequel d’ailleurs semble déjà tombée une parfaite chape d’oubli. Même chose, dans un tout autre ordre d’idée, pour José Cabanis.

*Pléiade ou au moins Quarto.

Chaloux dit:

Totalement d’accord avec toi. Surtout pour Quarto, où il y a bien d’auteurs très inférieurs à Grenier ou Cabanis (Philippe Labro, Yasmina Reza, Ionesco, E. Carrère, J.C.Rufin, Camille Laurens, François Weyergans, Erri De Luca, Paule Constant,
Tahar Ben Jelloun, etc, etc, etc).

Cela montre que les « conseilleurs » de Gallimard ne sont plus ce qu’ils étaient…

Bloom dit: à

Vous êtes un peu sévère,x. I beg to differ mais vous sais gré des guillemets que vous mettez à cette expression que je conchie, comme je conchie les « typiquement », « mais pas que », etc.
Je ne vois aucun équivalent chez nous d’un auteur qui posséderait un sens du « plot » si fluide, sans parler de un humour qui fait si cruellement défaut dans la patrie du Brie et de l’esprit de sérieux. A cet égard, Perec nous manque plus que jamais.

Et puis, ne connaissant rien de la vie de Billy Wilder, je suis maintenant un peu plus au fait et ai emprunté plusieurs de ses films qui me ravissent, notamment Sunset Boulevard où surgissent cet horrible réac de Cecil B.de Mille, l’inquiétant von Stroheim, et l’étrange figure de Buster Keaton…Une critique vitriolique de l’industrie hollywoodienne.
Je trouve les romans qui ont pour thème le cinéma mieux réussis que bien des adaptations filmiques des romans. Je songe à The Dead Republic de Roddy Doyle sur le tournage de l’Homme tranquille, ou encore à Cinéma de T.Viel, sur Sleuth de Mankiewicz…
Bien à vous.

Bloom dit: à

de cet humour qui

Bloom dit: à

(…) Durant sa tournée mondiale de rock-star, de l’Oural au Nouveau Monde, le gamin de Géorgie hypnotise les foules, les dames, de Lily Brik à Tatiana Iakovleva. Harpe laser ou lyre électrique ? Le poète bolchevique voue un amour fou à la femme, à la poésie, à la Révolution d’Octobre, avant qu’il ne se tire, à l’âge de trente-sept ans, une balle en plein cœur, le 14 avril 1930, dans son appartement de Loubianskyi Prospekt, à Moscou.
– La Règle du jeu

Vladimir Maïakovski, « Du monde j’ai fait le tour » Poèmes et proses
Vladimir Maïakovski
Les Belles Lettres
6 septembre 2024

Christiane dit: à

C’est bon de vous lire. Ça pétille de partout. Que des lecteurs prêts à défendre le plaisir de lire, de réfléchir, de comparer. Vous revenez en arrière reanimant l’intérêt pour tel ou tel. Jean Grenier, oui quelle intelligence. Et ces « vertèbres », l’occasion de relire encore et encore, Proust. Jonathan Coe… Ça faisait si longtemps quony nelavait évoqué… La pluie avant qu’elle ne tombe… Ah, je vais bien dormir… Ça pétille !

rose dit: à

Il me semble évident que si Albert Camus n’était pas mort prématurément

Ce n’était pas un choix de sa part.
Gallimard conduisait, lui était à la place du mort.

rose dit: à

Son manuscrit inachevé, Le premier homme, derrière son siège dans un cartable en cuir. Publié par sa fille Catherine, qui vit avec un Gallimard, en 1994. Ce n’est pas la mort prématurée qui fait la valeur des gens, c’est leur aura. Sans L majuscule. Avec un a.

rose dit: à

Rien de pire que la concurrence, la domination, le goût du pouvoir.

rose dit: à

Il lui offre, deux petits oignons, une petite gousse d’ail.
Qq. heures et événements plus tard, sous le choc, elle me dit
« Il m’offre ça, il’m’offre ça, comme si »
Et elle ne trouve pas la suite.
« Comme si c’était une rivière de diamants ? » complété-je.
« Exactement. »

Christiane dit: à

Rose,
Bonjour. Impossible d’écouter Grenier et Camus. Votre lien ne s’ouvre pas sur mon ordi. Dommage ! Mais j’ai sur ma table « Albert Camus – Soleil et ombre » de Roger Grenier (Gallimard) – 1987.
Page 54, Roger Grenier cite un passage dune lettre que Camus adressa à jean de Maisonseul, à propos de l’accueil réservé à « L’Envers et l’Endroit »
« Voyez-vous, Jean, j’ai eu des critiques dans les journaux, je n’ai pas à me plaindre ; l’accueil qu’on a fait à ces pages a été inespéré. Mais je lisais chez ces gens les mêmes phrases qui revenaient : amertume, pessimisme, etc. Ils n’ont pas compris – et je me dis parfois que je me suis fait mal comprendre. Si je n’ai pas dit tout le goût que je trouve à la vie, toute l’envie que j’ai de mordre à pleine chair, si je n’ai pas dit que la mort même et la douleur ne faisaient qu’exaspérer en moi cette ambition de vivre, alors je n’ai rien dit. »
Et Roger Grenier ajoute : « Dans cette lettre, il évoque son œuvre future et ne la voit pas différente de ce premier livre.
Soleil et ombre. si j’emploie ces deux mots, écrit Roger Grenier dans son introduction, c’est en pensant bien sûr aux origines espagnoles de Camus, et à son goût pour l’Espagne, qui ne s’est jamais démenti (….) Dans une plaza de toros, le soleil est à la place des pauvres. L’auteur de « Noces » a dit lui-même qu’il a passé sa jeunesse « à mi-distance de la misère et du soleil. »

PS : heureuse de retrouver mon ordi pour écrire sur la RdL. Là pas de problème du défilement du texte, donc des corrections antérieures à l’envoi du commentaire.

JC..... dit: à

PANTHEON CIRCUS

Deux cinglés, dépravés jusqu’à l’os, livrés au Temple dans le même cercueil pourri ? Excellente idée.

On ne rit pas !

Christiane dit: à

Rose,
j’ai aussi sur ma table, « Le premier homme », cette œuvre à laquelle travaillait Albert camus au moment de sa mort, et que vous évoquez, émue. Grâces soient redues à Francine Camus qui a dactylographié le manuscrit trouvé dans sa sacoche, le 4 janvier 1960.
144 pages manuscrites parfois sans ponctuation et fait parvenir ces lignes à l’éditeur.
Pour vous, Rose, ce passage (notes en annexes) qui m’évoque votre lien avec votre mère…
« Je veux écrire ici l’histoire d’un couple lié par un même sang et toutes les différences. elle semblable à ce que la terre porte de meilleur, (…) lui, jeté dans toutes les folies de notre histoire ; elle traversant la même histoire comme si elle était celle de tous les temps. Elle silencieuse la plupart du temps (…), lui parlant sans cesse et incapable de trouver à travers des milliers de mots ce qu’elle pouvait dire à travers un seul de ses silences… La mère et le fils. »

Marie Sasseur dit: à

« L’idée n’était pas non plus d’accorder à n’importe qui un blanc-seing, toute liberté de s’emparer d’éléments biographiques de la vie des autres pour en faire ce qui l’arrange. » Petitix
Dame, quelle utile addendum !

Surtout que cette prérogative d’accorder un tel droit n’existe pour personne.

Sauf en dictature
Ou
Sauf si c’est la personne en cause qui a donné son consentement.
Et il faut bien sûr que cette personne soit vivante. ( pour les morts: voir toutes les biographies…)

Là encore, il faut un oui exprimé.
Toute autre option, c’est : non.

Marie Sasseur dit: à

Ok, OK, on dit un addendum

Marie Sasseur dit: à

Toute autre option, c’est : non.

Et Saâda a dit non.

Marie Sasseur dit: à

« JC….. dit: à
PANTHEON CIRCUS

Deux cinglés, dépravés jusqu’à l’os, livrés au Temple dans le même cercueil pourri ? Excellente idée.

On ne rit pas ! »
______

Dans quelle ordure s’enfonce ce blog ?

Marie Sasseur dit: à

J’espère que Passou fera un billet à l’occasion de l’entrée au Panthéon de Marc Bloch et son épouse.

JC..... dit: à

PANTHEON CIRCUS (suite et fin)

Précisons pour les égarées de la RDL: les cinglés sont l’ignoble VERLAINE et le dingue RIMBAUD !

Marie Sasseur dit: à

@porc’n roll

Non, on ne suit pas tous les small talks des trolls de la ferme, sur ce blog.

Une précision sur les « dépravés » ( sic) , les  » cinglés  » (sic) qui reste dans le registre de l’ordure.

Marie Sasseur dit: à

Encore que..
Je suis OK pour dire « l’ignoble VERLAINE »
Mais pas pour insulter Arthur.

Et d’ailleurs…Ça m’y fait penser…

« Nascitur Arabiis ingens in collibus infans
Et dixit levis aura : « Nepos est ille Jugurthae… »

Fugit pauca dies ex quo surrexit in auras
Qui mox Arabiae genti patriaeque Jugurtha
Ipse futurus erat, quum visa parentibus umbra
Attonitis, puerum super, ipsins umbra Jugurthae,
Et vitam narrare suam, fatumque rejerre :
« O patria ! ô nostro tellus defensa labore ! »
Et paulum zephyro vox interrupta silebat.
« Roma, prius multi sedes impura latronis,
Ruperat angustos muros, effusaque circum
Vicinas scelerata sibi constrinxerat oras :
Fortibus hinc orbem fuerat complexa lacertis
Reddideratque suum ! Multae depellere gentes
Nolebant fatale jugum : quaeque arma parassent
Nequidquam patriâ pro libertate cruorem
Fundere certabant ; ingentior objice Roma
Frangebat populos, quum non acceperat urbes !… »

Nascitur Arabiis ingens in collibus infans
Et dixit levis aura : « Nepos est ille Jugurthae… »
(…) »

Marie Sasseur dit: à

Le tifinagh (en néo-tifinagh : ⵜⵉⴼⵉⵏⴰⵖ ; en tifinagh traditionnel : ⵜⴼⵏⵗ ; en alphabet berbère latin : tifinaɣ) est l’écriture utilisée par les Berbères pour écrire leur langue, le tamazight. Elle est dérivée des écritures originelles des langues berbères du Sud algérien et du Niger chez les Touaregs, le libyque initialement désigné sous le terme de numidique — tombée en désuétude pour les langues berbères du Nord dès l’Antiquité — probablement par le biais du tifinagh ancien du Sahara, dont il garde les caractéristiques morphosyntaxiques2. Au cours des siècles, l’aire linguistique touarègue (Sahara algérien, libyen, malien et nigérien) est la seule à avoir conservé ce système de codification.
Wiki

Jazzi dit: à

ALBERT CAMUS

Mère Méditerranée

L’ « Algérien », Albert Camus (1913-1960), qui repose pour l’éternité au cimetière de Lourmarin, en Provence, était originaire, du côté maternel, d’une famille des Baléares : sa grand-mère, Catherine Sintès, née Cardona, chez laquelle il a passé toute son enfance dans le quartier populaire de Belcourt à Alger (son père étant mort durant la Première Guerre mondiale), était native de San Luis de Minorque. C’est dire que l’auteur de L’Etranger, qui se sentait plus ou moins en exil partout, est désormais, au minimum, triplement méditerranéen ! Parmi ses premiers textes, écrits à vingt-deux ans, et réunis dans le recueil L’Envers et l’Endroit, il en est un particulièrement émouvant, titré Amour de vivre, où Camus chante ses retrouvailles, en 1935, avec le pays de sa mère. On y découvre déjà, en germe, tous les thèmes propres au futur philosophe de l’absurde, qui avait toujours réussi à conserver, grâce à la mer et à la lumière originelles, joie de vivre, énergie et sensualité. Ici, après une scène de nuit dans un café de Palma de Majorque, où l’on assiste au spectacle hallucinant d’une jeune fille de cent-cinquante kilos se dandinant langoureusement devant un parterre d’hommes en rut hurlant avec elle des chants andalous, le narrateur goûte, le lendemain, sous le soleil de midi, à une certaine sérénité métaphysique.

« Et jamais peut être un pays, sinon, la Méditerranée, ne m’a porté à la fois si loin et si près de moi-même.
Sans doute c’est de là que venait mon émotion du café de Palma. Mais à midi au contraire, dans le quartier désert de la cathédrale, parmi les vieux palais aux cours fraîches, dans les rues aux odeurs d’ombre, c’est l’idée d’une certaine « lenteur » qui me frappait. Personne dans ces rues. Aux miradors, de vieilles femmes figées. Et marchant le long des maisons, m’arrêtant dans les cours pleines de plantes vertes et de piliers ronds et gris, je me fondais dans cette odeur de silence, je perdais mes limites, n’étais plus que le son de mes pas, ou ce vol d’oiseaux dont j’apercevais l’ombre sur le haut des murs encore ensoleillé. Je passais aussi de longues heures dans le petit cloître gothique de San Francisco. Sa fine et précieuse colonnade luisait de ce beau jaune doré qu’ont les vieux monuments en Espagne. Dans la cour, des lauriers-roses, de faux poivriers, un puits de fer forgé d’où pendait une longue cuiller de métal rouillé. Les passants y buvaient. Parfois, je me souviens encore du bruit clair qu’elle faisait en retombant sur la pierre du puits. Pourtant, ce n’était pas la douceur de vivre que ce cloître m’enseignait. Dans les battements secs de ses vols de pigeons, le silence soudain blotti au milieu du jardin, dans le grincement isolé de sa chaîne de puits, je retrouvais une saveur nouvelle et pourtant familière. J’étais lucide et souriant devant ce jeu unique des apparences. Ce cristal où souriait le visage du monde, il me semblait qu’un geste l’eût fêlé. Quelque chose allait se défaire, le vol des pigeons mourir et chacun d’eux tomber lentement sur ses ailes déployées. Seuls, mon silence et mon immobilité rendaient plausible ce qui ressemblait si fort à une illusion. J’entrais dans le jeu. Sans être dupe, je me prêtais aux apparences. Un beau soleil doré chauffait doucement les pierres jaunes du cloître. Une femme puisait de l’eau au puits. Dans une heure, une minute, une seconde, maintenant peut-être, tout pouvait crouler. Et pourtant le miracle se poursuivait. Le monde durait, pudique, ironique et discret (comme certaines formes douces et retenues de l’amitié des femmes). Un équilibre se poursuivait, coloré pourtant par toute l’appréhension de sa propre fin.
Là était tout mon amour de vivre : une passion silencieuse pour ce qui allait peut-être m’échapper, une amertume sous une flamme. Chaque jour, je quittais ce cloître comme enlevé à moi-même, inscrit pour un court instant dans la durée du monde. Et je sais bien pourquoi je pensais alors aux yeux sans regard des Apollons doriques ou aux personnages brûlants et figés de Giotto*. C’est qu’à ce moment, je comprenais vraiment ce que pouvaient m’apporter de semblables pays. J’admire qu’on puisse trouver au bord de la Méditerranée des certitudes et des règles de vie, qu’on y satisfasse sa raison et qu’on y justifie un optimisme et un sens social. Car enfin, ce qui me frappait alors ce n’était pas un monde fait à la mesure de l’homme – mais qui se refermait sur l’homme. Non, si le langage de ces pays s’accordait à ce qui résonnait profondément en moi, ce n’est pas parce qu’il répondait à mes questions, mais parce qu’il les rendait inutiles. Ce n’était pas des actions de grâces qui pouvaient me monter aux lèvres, mais ce Nada qui n’a pu naître que devant des paysages écrasés de soleil. Il n’y a pas d’amour de vivre sans désespoir de vivre. »

(« Amour de vivre » In L’Envers et l’endroit, Œuvres complètes I, Bibliothèque de la Pléiade, Editions Gallimard, 2006)

*C’est avec l’apparition du sourire et du regard que commencent la décadence de la sculpture grecque et la dispersion de l’art italien. Comme si la beauté cessait où commençait l’esprit [note d’Albert Camus].

Jazzi dit: à

Non, Verlaine et Rimbaud n’iront pas au Panthéon !

Les noces barbares

Tout commence par la lettre que Verlaine trouve au retour de son escapade, à la fin du mois d’août 1871. Employé à l’Hôtel de Ville et ayant soutenu la Commune de Paris après la semaine sanglante et la victoire des Versaillais, il craint d’être arrêté. Dès lors, en juillet, accompagné de sa jeune épouse Mathilde, enceinte, il part, tremblant, se cacher à Fampoux, un village de la région d’Arras d’où est originaire sa mère.
Parmi le courrier adressé à son intention chez Lemerre, passage Choiseul, à Paris, – l’éditeur de ses deux premiers recueils publiés à compte d’auteur : Poèmes saturniens et La Bonne Chanson -, une enveloppe l’intrigue. Postée de Charleville et traversée d’une écriture fine et nerveuse, celle-ci renferme une longue missive accompagnée de plusieurs poèmes. Elle est signée d’Arthur Rimbaud, un parfait inconnu de seize ans, qui, néanmoins, a déjà écrit, entre autres, Le Dormeur du val et Ma Bohême !
Concernant la correspondance de cette époque entre Verlaine et Rimbaud, il ne reste pratiquement rien des lettres du second. Mathilde Mauté, l’épouse de Verlaine, trompée, battue et humiliée, a par la suite détruit toutes celles sur lesquelles elle a pu mettre la main. De cette première missive, aujourd’hui disparue, on connaît l’essentiel grâce au témoignage de Delahaye, l’ami d’enfance de Rimbaud, qui, d’une écriture plus sage et pour une meilleure lisibilité, apporte son concours, en recopiant en petite-ronde, c’est-à-dire en lettres bien régulières avec les verticales bien perpendiculaires aux lignes, l’ultime production poétique de Rimbaud, -hormis le dernier poème, écrit l’année précédente- : Accroupissements, Les Douaniers, Les Assis, Le Cœur volé et Les Effarés. Rimbaud, de son écriture toute en zébrures, y déclare son admiration pour Verlaine, et avoue avoir trouvé « fort bizarre, très drôle » Les Fêtes galantes. Après quelques phrases de présentation, il en vient à sa requête : Il est aussi poète mais le plus urgent pour lui est de fuir Charleville au plus vite ! Que lui conseille-t-il ?
Verlaine, tout à la fois perplexe et séduit, soumet les poèmes à ses amis parnassiens. Mais où héberger le jeune-homme, songe-t-il, vivant lui-même chez ses beaux-parents ? La réponse se faisant par trop attendre, Rimbaud envoie, trois ou quatre jours après, une seconde missive. Plus directe et précise. Il lui demande carrément l’hospitalité, l’argent du voyage en prime ! Noircissant le tableau et mentant un peu, à l’occasion : « Ma mère est veuve (faux !) et extrêmement dévote. Elle ne me donne que dix centimes tous les dimanches pour payer ma chaise à l’église. » Et Rimbaud fait valoir aux yeux de son illustre aîné qu’il lui faut terminer un grand poème (Le Bateau ivre), et que cela lui est impossible à Charleville. (Pour le coup, le brave Delahaye dut recopier : Mes petites amoureuses, Les Premières communions, Paris se repeuple).
Verlaine, enthousiasmé, lui répond par retour de courrier : « Venez vite, chère âme, on vous désire, on vous attend. » Profitant de l’absence de son beau-père, parti chasser en Normandie, Verlaine convainc madame Mauté et Mathilde d’héberger le poète en herbe. La mère et la fille donnèrent leur consentement, sans se douter qu’elles introduisirent ainsi le loup dans la bergerie.
Rimbaud n’avait-il pas écrit, peu auparavant, à son ancien professeur Izambard : « Maintenant je m’encrapule le plus possible. Pourquoi ? Je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant : vous ne comprendrez pas du tout, et je ne saurais presque vous expliquer. Il s’agit d’arriver à l’inconnu par le dérèglement de tous les sens. Les souffrances sont énormes… » ?
Voyant, prophète, pour Rimbaud le poète, avant tout, se doit d’être « objectif », se contentant de transmettre un message qui ne fait que transiter par lui : « Je est un autre ». Un sacerdoce auquel n’est pas du tout préparé Verlaine, qui, depuis quelques temps, s’est passablement embourgeoisé. Ce dernier, révoqué le 11 juillet 1871 de son emploi à l’Hôtel de Ville, pour cause de « participation à l’insurrection », vit alors aux crochets de sa mère et de sa belle famille, chez qui le couple s’est replié, faute de ne plus pouvoir payer son loyer, au 14 rue Nicolet, une étroite artère au pied de la Butte Montmartre. C’est là que déboule vers le 10 septembre 1871 le jeune trublion, le manuscrit du Bateau Ivre en poche. Il a cheminé depuis la gare de l’Est où Verlaine, accompagné de Charles Cros, est allé l’attendre et où ils l’ont raté. Rentrant, dépités, rue Nicolet, ils découvrent Rimbaud installé au salon entre Mme Mauté, toute froufroutante, et sa fille, enceinte jusqu’aux yeux. Mathilde relatera plus tard cette première rencontre, décrivant le jeune homme d’alors : « Solide garçon à la figure rougeaude, dans un pantalon écourté qui laissait voir des chaussettes de coton bleu tricotées par les soins maternels (…) Des cheveux humides, une mine négligée, les yeux étaient bleus, assez beaux, ils avaient une expression sournoise que, dans notre indulgence, nous prîmes pour de la timidité ».
Surpris de prime abord par le physique de son protégé, Verlaine, qui s’attendait à voir un adolescent à la face d’ange déchu en place du vigoureux paysan à la chevelure hirsute qui lui fait face, tombe, contrairement à sa femme, totalement sous le charme de ses beaux yeux myosotis aux rayons magnétiques. Les yeux de Rimbaud, à propos desquels son confident et ami Delahaye écrira : « Sa seule beauté était dans ses yeux d’un bleu pâle irradié de bleu foncé, les plus beaux yeux que j’ai vus, avec une expression de bravoure prête à tout sacrifier quand il était sérieux, d’une douceur enfantine, exquise, quand il riait, et presque toujours d’une profondeur et d’une tendresse
étonnante. ».
Rimbaud, qui ne goûte guère à l’art de la conversation, répond par monosyllabes aux questions posées par les divers membres de l’assemblée. Charles Cros tente, en vain, de le faire parler de poésie. Plus tard, à table, servi par la bonne, il fait honneur à la soupe, sans lever les yeux de son assiette. La dernière bouchée du diner avalée, il tire une pipe de sa poche et enfume la tablée sans plus de façon. Puis il se lève, dit qu’il est fatigué, et demande à être conduit à sa chambre. Tout le monde reste pantois, mais dans son for intérieur Verlaine exulte.
Au matin, Rimbaud, qui s’est écroulé sur son lit et endormi aussitôt, se réveille l’œil clair et inspecte la chambre qui lui est allouée. Le petit poucet rêveur et semeur de rimes de grands chemins, le jeune bohémien qui aime tant dormir à la belle étoile, en est tout déconcerté. Sur un mur de cette bonbonnière est accroché un « portrait d’ancêtre », au pastel, où le personnage arbore un front dégarni, piqué de taches de moisissures. Dès que Verlaine se présente, il le prie instamment de le débarrasser de ce « cerveau lépreux ! ».
https://www.lelezarddeparis.fr/les-amants-terribles


Chaloux dit: à

Le poids évident de @PA sur l’édition par le biais du Goncourt, pourrait certainement lui permettre de plaider la cause de Jean Grenier au moins en Quarto.

Chaloux dit: à

L’assasseure, cervelle de mouche et procureur universel.

ZZZZ ZZZZ ZZZZ. Sans fin.

Marie Sasseur dit: à

L’huissier véreux , crissian, a été dégagé de ce blog pour diffamation publique. Nihil novi sub sole.

Marie Sasseur dit: à

@Non, Verlaine et Rimbaud n’iront pas au Panthéon !

Ouf !

Jazzi dit: à

« Cela montre que les « conseilleurs » de Gallimard ne sont plus ce qu’ils étaient… »

C’est-à-dire que les conseillers commerciaux priment désormais sur les conseillers littéraires, Pablo 75.
Chaque fois que j’ai proposé un titre pour la collection Le goût de… à Isabelle G., ils étaient les premiers consultés pour avis !

Chaloux dit: à

L’Assasseure n’aurait jamais été virée de nulle part? Etonnant, non?

Marie Sasseur dit: à

« Le libyque – du nom « Libye » que les Grecs donnaient à l’Afrique (et sans rapport avec l’actuelle Libye) – a peut-être précédé l’installation des Phéniciens dans l’actuelle Tunisie et la fondation de Carthage au 9e siècle avant J.-C. Ce que l’on en connaît provient d’inscriptions funéraires et monumentales retrouvées en grande quantité dans la Numidie antique (actuelle Tunisie septentrionale et Algérie orientale) et dans les Maurétanies (Algérie occidentale et centrale, et Maroc septentrional).

L’inscription la plus anciennement datée est une dédicace de la dixième année du règne de Micipsa, roi des Numides, soit 138 avant J.-C. Hormis ce cas privilégié, les autres inscriptions n’ont pu être datées. Mais les travaux des préhistoriens font remonter cette écriture au 7e ou au 6e siècle avant J.-C. »

https://essentiels.bnf.fr/fr/livres-et-ecritures/les-systemes-ecriture/0fbe83e7-4501-412b-890f-4147d5eac6de-ecritures-continent-africain/article/0d294391-de87-47a1-a387-4bf26e9e99e0-ecritures-lybico-berberes-tifinagh-apercu-cinq-siecles-ecritures

Chaloux dit: à

Le Panthéon serait un affront pour Verlaine, et plus encore pour Rimbaud.

Quelle idée àlac.

Rosanette dit: à

@marie sasseur
combien sommes nous sur ce fil à savoir traduire ces vers latins de Rimbaud qui superposent JugurHta et Abdelkader
donnez la traduction de ce texte qui vise à aussi magnifier la grandeur de Napoleon III

Marie Sasseur dit: à

@combien sommes nous sur ce fil à savoir traduire ces vers latins de Rimbaud qui superposent JugurHta et Abdelkader

Je plaide coupable, j’ai tout oublié.

Rosanette dit: à

la Kabylie a toujours été une terre de résistance , résistance aux romains quand ils s’appelaient les Numides de nos versions latines, ,résistance aux arabes quand il les affrontaient derrière leur jeanne d’archal Kahena,,résistance à l’envahisseur français derrière Abdelkader (qui n’était pas kabyle mais entouré de kabyles ),berceau enfin de la guerre d’indépendance contre la puissance coloniale
Le souvenir de ce passé de résistance est encore assez vivace pour que dans un lycée de seine saint Denis j’aie pu rencontrer des élèves nommés Jugurtha et Massinissa

Marie Sasseur dit: à

Ce qu’il en reste de ces langues berbères ?

Peut-être le dz.

Enfin, j’aime le croire.

Christiane dit: à

Rose, j’ai fini par trouver votre vidéo et je viens de l’écouter. Belle mémoire commençant par la lecture de L’Etranger par Camus. Mais il s’agit de Jean Grenier, son professeur de philosophie alors que je me reportais à la biographie de Camus écrite par Roger Grenier, son ami journaliste au journal Combat. Deux hommes différents et tous deux de belles personnalités qui ont côtoyé Albert Camus.

Marie Sasseur dit: à

@donnez la traduction de ce texte qui vise à aussi magnifier la grandeur de Napoleon III
___________

II

Napoléon !… Oh ! Napoléon !… Ce nouveau Jugurtha
Est vaincu !… Il croupit, enchaîné, dans une indigne prison !
Voici que Jugurtha se dresse à nouveau dans l’ombre devant le guerrier
et d’une bouche apaisée lui murmure ces mots :
« Rends-toi, mon fils, au Dieu nouveau ! Abandonne tes griefs !
Voici surgir un meilleur âge… La France va briser
tes chaînes… Et tu verras l’Algérie, sous la domination française,
prospère !… Tu accepteras le traité d’une nation généreuse,
grand aussitôt par un vaste pays, prêtre
de la Justice et de la Foi jurée… Aime ton aïeul Jugurtha
de tout ton cœur… Et souviens-toi toujours de son sort !

III

Car c’est le Génie des rivages arabes qui t’apparaît ! »

Rimbaud Jean-Nicolas-Arthur,
Externe au collège de Charleville.
Professeur : M. Duprez.

Chaloux dit: à

@Rosanette.
Sélection du texte , clic à droite, « traduire », c’est fait.

Marie Sasseur dit: à

Jugurtha est le petit-fils du roi numide Massinissa, dont le tombeau se trouve à Cirta, actuelle Constantine en Algérie, et qui fut un grand allié de Rome durant les guerres puniques ; il reçut le titre d’« ami de Rome ».

Son père est Mastanabal, frère de Micipsa, tandis que sa mère est une esclave concubine. Comme il s’agit d’un successeur potentiel — le fils légitime de Mastanabal, Gauda, étant maladif —, Micipsa, roi de Numidie à l’époque, veut se débarrasser de Jugurtha en l’envoyant en Hispanie (actuelle Espagne) combattre avec les troupes auxiliaires de l’armée romaine. Jugurtha se montre brave et courageux et les armées numides et romaines sont victorieuses lors du siège de Numance en 133 av. J-.C3. Jugurtha se fait beaucoup d’amis à Rome (notamment le général Scipion Émilien) — non seulement grâce à sa valeur mais aussi, quand il le faut, grâce à son argent — et c’est peut-être à la suite de pressions des Romains que Micipsa finit par l’adopter trois ans avant sa mort, ce qui en fait l’un des héritiers du pouvoir. Après la mort de Micipsa, le royaume est partagé entre ses fils Adherbal et Hiempsal ainsi que son fils adoptif Jugurtha.

Wiki

MC dit: à

Rimbaud: Aussi Premier prix de vers latins, ceci dit accessoirement pour cette langue si méprisée . X je note que c’était bien vous. Cordialement. MC

Marie Sasseur dit: à

On peut charrier deachach sur ce blog, et je ne suis pas la dernière, exaspérée souvent.
Mais jamais, non jamais, je n’aurais osé lui suggerer de recourir à un clic sur Google trad, ou autre, pour cette composition latine originale de Rimbaud, collégien, et ce d’autant que cette personne a reçu un enseignement pour le latin et le grec , qui sont bien supérieurs à la moyenne de ce blog.

Tout ça pour dire, que ce délinquant verbeux, le crissian qui déménage les pauvres et les jette à la rue, a un niveau intellectuel et des capacités cognitives qui ne dépassent pas ceux d’un collégien en classe aménagée ,affecté d’un retard.
Que ce malfrat aille vider son seau de nuit a cinq francs ailleurs.

Christiane dit: à

Pablo75 dit: à
L’affaire des vertèbres de Proust se complique: je viens de regarder le « Dictionnaire amoureux de Proust » d’Enthoven père et fils. Il y a une entrée « Vertèbres (du front) », et pour eux la conclusion de l’affaire est qu’il s’agit d’une coquille pour « véritables ». Ce qui donnerai:

« Elle tendait à mes lèvres son triste front pâle et fade sur lequel, à cette heure matinale, elle n’avait pas encore arrangé ses faux cheveux, et où les véritables transparaissaient comme les pointes d’une couronne d’épines ou les grains d’un rosaire. »

Merci, Pablo , vous êtes la mémoire de ce blog.

Chaloux dit: à

Assasseure, le contenu de mon seau c’est toi.

Marie Sasseur dit: à

Le crissian et son vase de nuit a cinq francs, huissier véreux, pauvre loque, qui vient faire la danse du ventre devant Passou après l’avoir copieusement sali, comme beaucoup d’autres, est pathétique.

Christiane dit: à

propos des vertèbres, ce qui complique un peu l’explication des faux cheveux, c’est surtout ceci:
L’énigme est-elle tout à fait résolue cependant? Des « vertèbres » ornaient le front de la tante Léonie dès la première version du passage, alors même que ce front était encore dépourvu de toute perruque (Cahier 8, 1909) (…).
Dictionnaire Marcel Proust, article « vertèbres »

C’est Chaloux qui répond dans un long commentaire.
Une histoire sans fin…

Christiane dit: à

Il manque le début : « A propos….

Chaloux dit: à

Dire qu’elle n’avait pas arrangé ses faux cheveux signifie évidemment qu’elle les avait sur la tête sans être encore coiffée . Sinon Proust aurait évidemment précisé que les faux cheveux étaient encore la table de nuit. On demande des auteurs de dictionnaires qui sachent lire.

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