de Pierre Assouline

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Proust version Fallois, proustien capital

Proust version Fallois, proustien capital

A la mort de Bernard de Fallois (1926-2018), on a si bien rendu hommage à juste titre au grand éditeur qu’il fut  et au flair qui marqua l’ultime époque de sa carrière tout en étant aux antipodes de son univers littéraire (la révélation internationale du jeune romancier Joël Dicker) que cela a éclipsé son travail de pionnier au service de deux écrivains qu’il admirait : Georges Simenon, dont il fut l’éditeur et l’ami, et à qui il consacra en 1961 l’une des toutes premières monographies parues sur son œuvre, (Simenon, « La Bibliothèque idéale », Gallimard) ; et Marcel Proust. Non pas sa biographie, genre qu’il ne goûtait guère du moins s’agissant de cet écrivain, mais son œuvre, rien que son œuvre. D’ailleurs, la première de ses Sept conférences s’intitule : « La vie de Proust est-elle si intéressante que cela ? »… pour ne plus en reparler et se consacrer à l’unique objet de ses pensées : comment la cathédrale est sortie de terre, double exercice de exhumation et de résurrection que Fallois accomplit non sans génie tant son esprit est clair, pédagogique, informé et terriblement perspicace.

On ignore qui a eu l’idée de le baptiser « le proustien capital » mais c’est bien vu, même si quelques autres (Philip Kolb, Jean-Yves Tadié…) pourraient prétendre au titre. C’est peu dire que Fallois voit dans A la recherche du temps perdu un massif romanesque sans exemple et sans précédent malgré La Comédie humaine et les Rougon-Macquart, cycles romanesques qui sont pourtant eux aussi « plus qu’un roman ». Introduction à la Recherche du temps perdu (318 pages, 18 euros, éditions de Fallois) rassemble les préfaces qu’il avait écrites pour l’édition du roman par France-Loisirs, fameux club de livres avant l’invention d’Amazon. Elle avait ceci de remarquable qu’elle était vierge de notes infrapaginales, ce qui faisait la joie de Fallois, dont le propre commentaire en était également dénué. Manière de signaler au lecteur qu’il s’aventurait là dans un domaine où il ne risquait pas de croiser l’un de ces innombrables universitaires dont les tonnes d’exégèses n’ont pas réussi à ébranler la cathédrale de prose. On peut dire qu’il y a une « version Fallois » de la Recherche, comme s’il l’avait traduite d’une langue étrangère. Il n’est pas de plus claire initiation au monde de Proust que ce livre d’un écrivain sur le livre d’un écrivain, bien que Bernard de Fallois ne se soit jamais considéré comme tel. D’ailleurs, dans le No 1 du Bulletin de la société des amis de Marcel Proust et des amis de Combray (1950), il était présenté parmi les membres de fondation comme “Fallois, archiviste”…Marcel-et-Antoinette-mai-1886

En lisant en écrivant, Bernard de Fallois agit comme un guide très sûr et jamais dépaysé entre le boulevard Haussmann et le Grand Hôtel de Cabourg. Lorsque le narrateur dans le prologue de Combray navigue entre le sommeil et le réveil dans un état de semi-conscience,  il ne sait plus où il est et le lecteur tout autant. Lorsque l’auteur se fait le peintre des vices, défauts et travers humains, à commencer par le mensonge et la vanité, en poursuivant par le snobisme et l’hypocrisie, c’est de nous tous qu’il parle à travers quelques uns tant ce qu’il pointe est universel que l’on soit maître ou esclave. Lorsqu’il cerne implacablement la jalousie comme la maladie de l’amour, et la solitude, la souffrance et donc l’échec comme consubstantiels à l’amour même, c’est à notre intimité la plus enfouie qu’il s’adresse. Chaque volume de la Recherche est dominé par l’un de ses traits qui lui donne son unité, sa couleur, sa sonorité : l’oubli (Albertine disparue), la jalousie (La Prisonnière) etc

Tous les Proust, le comique, le poète, le créateur de personnages, le dialoguiste, se trouvent rassemblés dans le moraliste en lui.

« Jamais d’une histoire aussi « particulière » ne sont sorties autant de vérités générales, de lois profondes et universelles du cœur humain, rassemblées, inscrites et comme enchâssées dans les maximes d’un grand moraliste à la Pascal »

Parfois, bien que son enthousiasme soit si argumenté et son intelligence de la chose proustienne si aiguë, on se dit qu’il en fait trop. On hésite à le suivre lorsqu’il fait de son héros l’auteur d’une sorte de révolution copernicienne du roman et le plus grand génie comique “peut-être” depuis Molière. Ou lorsqu’il fait de la pédérastie « le grand sujet de son livre et la grande question de sa vie » à l’égal d’un prisme exclusif de sa vision du monde.Ou qu’il juge comique la scène si pathétique des souliers rouges, les Guermantes accordant tant d’importance à leur alliance avec la couleur de la robe alors que leur cher Swann vient de leur faire discrètement comprendre qu’il est condamné à brève échéance

Jeune diplômé (il fut reçu premier à l’agrégation de Lettres classiques), il visita André Maurois, l’un des rares biographes de Proust (A la recherche de Marcel Proust, 1949), à avoir côtoyé certains de celles et ceux qui inspirèrent ses personnages lequel intervint aussitôt auprès de Suzy Mante-Proust, nièce de l’écrivain et responsable moral et patrimonial à la mort de son propre père, afin qu’elle l’autorise à fouiller dans ses papiers pour la thèse qu’il préparait. Il s’agissait de quelques 70 carnets et cahiers d’écolier et d’un grand nombre de feuillets empilés dans un grand désordre et qui dormaient dans un garde-meubles. Un sacré foutoir, un vrac étourdissant, rêve et cauchemar de tout chercheur, l’écriture de Proust étant tout sauf linéaire, plutôt proliférante.

breyer_1-110713Fallois se mit au travail, s’immergea dans cette masse à la recherche du vrai Proust, découvrit un puzzle inconnu des proustiens, le reconstitua et révéla Jean Santeuil. Le scoop, reçu avec scepticisme sinon mépris par nombre de sorbonnards mais comme un heureux coup de théâtre par les familiers de Proust, fut suivi d’un autre publié en 1954 avec une préface d’une soixantaine de pages : des essais critiques inédits qu’il rassembla sous un titre de son crû : Contre Sainte-Beuve, intitulation qui a longtemps suffi à orienter nombre de ceux qui n’avaient pas pris la peine de le lire alors qu’un « Sur Sainte-Beuve » eut semblé plus approprié, plus nuancé mais doté certes d’un éclat moindre. Qu’importe puisque là encore, malgré sa nature non-fictionnelle, cet ensemble allait se retrouver absorbé dans la future Recherche. 

Nombre de ceux qui ne le connaissent que par son titre (certes tiré d’une lettre mais portant sur la préfiguration du roman et non sur ces textes précisément) en ont acquis la conviction que Proust était contre Sainte-Beuve, tout simplement ; elle a été il est vrai renforcée par l’analyse de ceux qui l’avaient lu et en ont déduit le syllogisme suivant : Proust distingue et oppose radicalement le Moi social du Moi créateur, l’un étant superficiel et l’autre profond ; il reprochait à Sainte-Beuve d’expliquer une œuvre par la biographie de son auteur ; Proust était donc contre la biographie. Ce qui a découragédes vocations de biographes, et singulièrement de biographes de Proust qui l’ont lu comme un bref traité de disqualification par anticipation. Il n’aurait pas aimé qu’un inconnu fouillât dans ses papiers, établît des concordances entre sa vie privée telle que exposée par sa correspondance et des pages de son roman, révélât son homosexualité, inventa des serrures etc

Jean Santeuil, écrit à la troisième personne, est d’un intérêt tout aussi puissant puisqu’il peut être lu comme un livre quasi autobiographique de Marcel Proust de vingt-quatre ans à vingt-neuf ans ; il livre ici ses souvenirs d’enfance et de jeunesse, la description des lieux qu’il a fréquentés, ses idées et sa vision de l’art. Non un roman, mais plutôt un essai sur l’âme d’un jeune homme, qui est de façon assez transparente Marcel Proust lui-même (il fait d’ailleurs une fois un lapsus et écrit Marcel au lieu de Jean). Proust l’a écrit à 25 ans, il y a renoncé quelques années plus tard sans que l’on sache au fond pourquoi et n’en a plus reparlé alors que c’est la matrice de son grand œuvre, sa genèse et l’annonce de son unité, celle à laquelle il faut revenir si l’on veut en déchiffrer certains des signes qui agitent secrètement cet avant-texte.

Par cette découverte, Bernard de Fallois a été de ceux qui ont permis de dissiper la fausse image d’un Proust mondain, la légende du oisif esthète et dilettante, drogué de mondanités et esclave de conversations brillantes et superficielles, qui se serait retiré du monde à la fin de sa vie pour écrire son œuvre. A l’inverse, le manuscrit de Jean Santeuil témoigne de ce que son auteur avait commencé bien en amont ce qui allait devenir la Recherche, ce que deux lettres de 1908 évoquaient. En dépit des interruptions, jamais il ne cessa d’être habité par l’invention de son long poème en prose. Sur une page de l’ours manuscrit d’un bon millier de pages de Jean Santeuil qui tenait de la préface, le jeune chercheur fut frappé par cette phrase qui sonnait comme un aveu, un signal et un encouragement à creuser encore :

« Puis-je appeler ce livre un roman ? »Proust1-1024x508

Entre Jean Santeuil et la Recherche, vingt années se sont écoulées. Le narrateur a pris de la bouteille : l’ironie l’a gagné un rien désabusé, ce qui lui paraissait tragique le fait sourire désormais, il est devenu « stupéfiant de lucidité ». Aux yeux de Bernard de Fallois, la Recherche est évidemment tout sauf un roman à clés. Plutôt un roman à lois : en lieu et place de jugements moraux, une recherche de la vérité qui vise à l’universel, gratte le masque des personnages pour trouver l’essence derrière l’apparence, se donne comme loi d’airain le relativisme en toutes choses, tente d’embrasser une totalité à travers une seule histoire qui en contient des centaines comme Balzac avant lui. En dehors de cette commune ambition, et sans reprendre la scie de « l’absence de style » reprochée à celui-ci,  tout les oppose à commencer par l’importance de la métaphore comme manière poétique d’exprimer une vérité et le génie comique qui caractérisent l’écriture proustienne.

Certaines des vues exprimées par Bernard de Fallois paraissent aujourd’hui évidentes tant on en a publié et lu sur le sujet ; mais il faut se replacer dans le contexte de la parution de ces commentaires, en un temps où cela n’allait pas de soi. Proust n’avait pas son pareil dans la mise en scène de la bêtise des gens intelligents, du néant abyssal de la vie mondaine ; il s’y entendait comme peu d’autres pour infiltrer dans son récit les infimes détails qui marquent le passage du temps ; dans son propre registre d’exégète éclairé mais non savant, Fallois n’a pas son pareil pour les relever. On a cru que Proust observait les gens en entomologiste au microscope alors qu’en réalité, c’est au télescope qu’il les regardait. Sous la sécheresse de cœur d’Oriane de Guermantes, Fallois croit déceler de la « méchanceté douce » nourrie de malveillante mondaine ; mais eu égard à sa jouissance au spectacle de la souffrance qu’elle déclenche chez l’autre, ne serait-il pas plus sûr de parler de perversité ? Sous la loupe bienveillante de Fallois, on voit Proust mitonner ses morceaux de bravoure (le magnifique monologue de Charlus bavardant avec le narrateur sur les boulevards, le bal de têtes où chacun porte son masque grimé d’un autre âge à la fin du Temps retrouvéetc) comme Françoise son bœuf en gelée.

manray-portrait-of-marcel-proust-480x365Fallois, qui en son temps a relancé les études proustiennes bien endormies au lendemain de la guerre, tient que la proustologie est généralement décevante :

« Une page de Proust, lue de près et « dans le mouvement », nous en apprend plus sur lui que toutes les thèses qui lui ont été et qui lui seront consacrées ».

Or on peut en exclure cette Introduction à la Recherche du temps perdu, consacrée moins à l’auteur qu’à ses livres. N’étant pas universitaire, sa démarche s’excluant d’emblée de ce champ au cahier des charges si contraignant, et bien qu’il n’ait jamais cessé de chercher sur, dans et au sujet de la Recherche mais en faisant bande à part, en marge, ailleurs, il s’est mis à son service, en humble serviteur, avec ses propres armes de grand lecteur et d’écrivain.

La Recherche, c’est l’aventure d’une vocation. En trois mots : « Marcel devient écrivain » comme Gérard Genette avait résumé ces quelques trois mille pages. Les professeurs en ont fait un classique, ce qui est bien le moins. Mais leurs louanges et leur admiration ont ceci de paradoxal qu’elles risquent souvent de dissuader le lecteur d’entrer dans cette somme romanesque, de s’y frotter, tant elle impressionne par ce qui lui est communément reproché : son extraordinaire densité, la longueur de ses phrases, l’emberlificotage des situations, l’absence d’intrigue romanesque, la complexité des sentiments, et surtout les analyses qu’elle a suscitées. Fallois tenait que Proust est peu lu tant il fait peur. Il inspire la crainte autant qu’il impressionne, ce qui tient à distance. C’était peut-être vrai autrefois mais l’est-ce encore ?

La thèse sur la Recherche que le jeune Bernard de Fallois avait entreprise en débarquant dans le grenier de Mme Mante-Proust, en un temps où nombre de témoins étaient encore visitables (Morand, Cocteau, Halévy, Colette etc), ne fut jamais achevée. Il y renonça au bout de dix ans au moment de quitter l’enseignement (il était prof au collège Stanislas) pour l’édition dont il fera son métier avec le succès que l’on sait – et, titre de gloire méconnu à son palmarès, l’entrée de la Recherche au Livre de poche dont il était le directeur général dans les années soixante… Ce fantôme de thèse surgit au fond opportunément à travers cet ensemble de préfaces lumineuses qui vient de paraître et qui, de l’histoire du roman fait un roman ; et un autre, Sept conférences sur Marcel Proust, qui paraitra au début de l’année prochaine. Deux recueils proustissimes de Bernard de Fallois publiés in abstentia aux éditions de Fallois, à la veille de 2019, année du centenaire du prix Goncourt attribué à A l’ombre des jeunes filles en fleurs

 

 

(« Vue du balcon de la chambre 414, celle que Proust occupait au Grand Hôtel de Cabourg » photo D.R. ; « Proust jeune puis avec ses amis » photos D.R. : « Sur son lit de mort » photo Man Ray)

Cette entrée a été publiée dans Histoire Littéraire.

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commentaires

1 287 Réponses pour Proust version Fallois, proustien capital

D. dit: à

On ne profane pas la sépulture du Pharaon.
Que la malédiction éternelle les poursuive.
Et j’ai autorité pour le dire.

Ed dit: à

23:55
Tout de même, les Liminanas sont supérieurs aux Brian Jonestown Massacre.

vedo dit: à

Cette photo en tête de l’article. Et personne ne mentionne la dernière image des « 400 coups », ou Lelouch?

jazzi dit: à

« Morbihan : le jaloux surveillait son ex avec une balise de géolocalisation »

Proust n’aurait pas fait mieux !

rose dit: à

D à 16h55

je crois qiu’ il n’ y a plus de Prisinic. Depuis qq années 😑
bises

rose dit: à

Prisunic

Giovanni Sant'Angelo dit: à


…débrouillons-nous,!…

Passou dit: à

Delaporte, Une condamnation à payer 375 000 euros pour le multimilliardaire Ladreit de Lacharrière, vous appelez ça « une amende phénoménale » ? c’est du cinquième degré ?

rose dit: à

Ed

pour vous, sur l’écriture :

« Sait-on ce que c’est qu’écrire? Une ancienne et très vague mais jalouse pratique, dont gît le sens au mystère du coeur. Qui l’accomplit, intégralement, se retranche. »

rose dit: à

Ed

de Mallarmé et à propos de Villiers de L’Isle Adam, » écrivain épris d’absolu et que dégoûtent les vulgarités de l’existence quotidienne. Villiers professe une doctrine littéraire, qui est un sacerdoce. »

in Berthe Morizot de Dominique Bona (je le finis 😩 ; l’est pourtant passionnant).

jazzi dit: à

« un homme et une femme on simulé une fornication sur le sommet de la grande pyramide »

Un hommage d’éros à thanatos, D. ?

et alii dit: à

LITÉS
ÉCONOMIE

VIDÉOS

OPINIONS

CULTURE

M LE MAG

SERVICES
RECHERCHE
SCIENCES
Face aux enfants tyrans, des parents en détresse se forment à la non violence
Au CHU de Montpellier, un programme inspiré de Gandhi aide pères et mères à désamorcer les comportements agressifs de leur enfant.

et alii dit: à

Les Serments de Strasbourg (Sacramenta Argentariæ), datant du 14 février 842, signent l’alliance militaire entre Charles le Chauve et Louis le Germanique, contre leur frère aîné, Lothaire Ier. Ils sont tous trois les fils de Louis le Pieux, lui-même fils de Charlemagne. Ces serments précèdent d’un an le traité de Verdun, lequel sera d’une importance géopolitique considérable.

Louis le Germanique prononce son serment en langue romane pour être compris des soldats de Charles le Chauve, et Charles le Chauve récite le sien en langue tudesque pour qu’il soit entendu des soldats de Louis.

Le texte en roman des Serments a une portée philologique et symbolique essentielle, puisqu’il constitue, pour ainsi dire, « l’acte de naissance de la langue française »1,2,3 dans le cadre d’un accord politique d’envergure historique.

et alii dit: à

père et fils
le chant de hildebrand
Dans le « Hildebrand Sterbelied», tiré d’une saga nordique du xiiie siècle, le héros rappelle qu’il a tué au combat son propre fils.

Pour autant, d’autres sources ultérieures font varier l’issue de rencontres semblables : Dans la Þiðrekssaga norvégienne, le motif du combat entre le père et le fils apparaît également. Dietrich, de retour du massacre des Nibelungen, combat son fils, mais le combat s’achève cette fois dans la réconciliation. Le « Jüngeres Hildebrandslied », retrouvé dans plusieurs manuscrits du xve au xviie siècle, propose lui aussi cet heureux dénouement6.

Ce motif n’est pas exclusivement germanique, on le retrouve dans de nombreux pays sous différentes variantes, en Perse, en Russie, en Irlande, dans lesquelles le fils meurt de la main du père. L’issue tragique semble en conséquence plus probable dans la version du bas Moyen Âge, la réconciliation passant pour révélateur d’une époque aux mœurs plus douces7.

jazzi dit: à

Les gilets jaunes ne sont pas une affaire, Lavande !

jazzi dit: à

Vous postulez pour un poste d’assistant-documentaliste auprès de Passou, et alii ?

Rayman dit: à

Nicolas Dupont-Aignan serait pour moi et à n’en pas douter le meilleur président.
Gaulliste, réformateur de l’Europe et identitaire modéré. N’est-ce pas exactement ce qu’il faut à la France ?

Non.

et alii dit: à

art. 110. Que les arretz soient clers et entendibles Et afin qu’il n’y ayt cause de doubter sur l’intelligence desdictz arretz. Nous voulons et ordonnons qu’ilz soient faictz et escriptz si clerement qu’il n’y ayt ne puisse avoir aulcune ambiguite ou incertitude, ne lieu a en demander interpretacion
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordonnance_de_Villers-Cotter%C3%AAts

Clopine dit: à

Closer, ajustez vos lunettes… Je n’ai pas dit que j’ETAIS LE PEUPLE, j’ai dit J’EN SUIS.

Je suis DU peuple, par mon origine sociale modeste, la modestie de mes revenus, l’absence de patrimoine, la vie aux champs, et parce que j’ai longtemps trimé pour gagner ma vie.

Les « élites », elles, vivent dans l’aisance voire la grande aisance, ont du patrimoine, et ne triment pas. Elles peuvent avoir du travail (créatif si possible), des responsabilités, être utiles à la société, faire « ruisseler » leurs revenus, mais elles ne savent pas ce que c’est que le calcul mental, au supermarché, pour savoir si oui ou non on peut acheter le paquet de pepitos réclamé par les enfants. Moi, je sais.

Clopine dit: à

… Et tous les gens du peuple ne votent pas Marine Le Pen et consorts, le savez-vous ?

Certes, il est vrai que depuis la quasi-disparition du parti communiste et l’abandon du parti socialiste, (un plus que remarquable documentaire sur la prise d’Henin-Beaumont par Le Pen retrace cet abandon pas à pas, c’est accablant mais réel), seul l’extrême-droite s’est faite le porte-parole des revendications du « peuple », et c’est vrai que le gros des bataillons lepénistes vient des classes populaires défavorisées (pléonasme). Mais il y a aussi des gens qui pensent, chez les prolétaires, le savez-vous ?

Jacques R. dit: à

La fusillade de Strasbourg montre qu’il est relativement aisé de liquider impunément des gens dans les espaces publics. Je m’étonne, pour ma part, que des anti-gilets jaunes ne soient pas déjà passés à l’action pour assassiner massivement des gilets jaunes sur leurs lieux d’attroupement habituels. Ce serait là, sans doute, une méthode beaucoup plus efficace pour résoudre la crise que les gesticulations macronesques.

jazzi dit: à

Le Scarlati est plus enlevé chez Chaloux que chez renato. ça doit tenir à la queue de pie !

jazzi dit: à

Scarlatti…

Ed dit: à

rose,

Je partage cette vision de l’écriture, même si je ne peux malheureusement l’appliquer. Woolf avait raison.

jazzi dit: à

Le peuple c’est tout le monde, riches et pauvres, bourgeois, paysans et prolétaires, actifs et oisifs, hommes et femmes, enfants et vieillards, non ? A l’exception du Roi. Mais comme il n’y a plus de roi…

Ed dit: à

Toujours aussi sexy Castaner. Qu’en penses-tu jazzi ?

D. dit: à

Je viens de visionner l’une des prises de vues de l’attentat effectuée par un particulier depuis un balcon.
Toujours cette énorme différence entre l’imagination qui travaille confortablement installé un mardi soir devant une image fixe de BFM et la réalité, horrible : hurlements, gosses traumatisés à vie, souffrance physique parfois indicible des agonisants et blessés, larmes, personnes siderées errantes et au milieu un chien, celui de l’une des victimes peur-être.
Depuis cette nuit, des familles dans le malheur et la détresse psychologique.

Espérez-vous que je m’y habitue un jour ?
JAMAIS.

Strasbourg, ville française devenue en quelques décennies d’incurie un haut-lieu de l’immigration et du salafisme agressif et militant, par des politiques inadaptées et abjectes.

Jacques R. dit: à

Le peuple c’est tout le monde (Jazzi)

Parfaitement juste.

jazzi dit: à

Je ne l’avais pas envisagé sur cet aspect-là, Ed. Mais il lui faut être costaud. A peine en poste, il doit affronter une révolution et la reprise des attentats terroristes !

jazzi dit: à

Et quand quelqu’un prétend parler au nom du peuple, je me demande toujours de quel droit il parle pour moi !

jazzi dit: à

« sur cet aspect-là »

Ou plutôt sous…

Jacques R. dit: à

Conseil de défense… Ce voyou radicalisé offrirait-il l’occasion inespérée d’en finir par la force avec la crise des gilets jaunes ? Bien sûr, pour que ce soit efficace, il faudrait quelques attentats supplémentaires dans quelques grandes villes : Toulouse, Nantes ou Marseille par exemple, où la présence de fichés S est proportionnelle au nombre de gilets jaunes locaux.

Clopine dit: à

Ah, Jazzi, ce que ce serait bien si ce que tu disais était vrai, qu’il n’y ait qu’UN peuple, « tous ensemble ». Mais hélas, ça ne marche pas comme ça. Parce qu e dans ce cas, on se demande bien d’où sortent les gilets jaunes, dans la société idyllique que tu décris, et les gilets jaunes ne sont qu’un exemple…

Par exemple, un certain Marx a démontré l’existence d’une certaine « lutte des classes » qui explique l’évolution historique des sociétés humaines. Or, si les prédictions marxistes se sont révélées fausses, (comme l’a démontré un certain Raymond Aron), si historiquement les théories communistes s’appuyant sur les thèses marxistes ont conduit à des régimes politiques et économiques particulièrement désastreux, les concepts fondamentaux du marxisme, dont cette « praxis » qui était révolutionnaire en philosophie, sont restés et demeurent la clef de voûte de la compréhension du monde.

Et je crois, Jazzi, que nous aurions tous intérêt à nous servir de cette clef, si nous voulons comprendre -et résoudre- les tensions de notre société. Et arrêter l’angélisme, of course, qui à mon sens ne résout rien.

Enfin, ce que j’en dis, hein. J’ai peu de lumières, ne possède pas les bases culturelles des « élites » façon Finkielkraut, certes. M’enfin j’ai un cerveau moi aussi, et tente de m’en servir…

Clopine dit: à

Jazzi, dieu me tripote si jamais j’ai voulu « parler pour toi », ou pour quiconque, d’ailleurs. Ca m’agace même tous ces gens qui savent mieux que les gilets jaunes ce que les gilets jaunes veulent vraiment. Encore une fois, « pendant la mue, le serpent est aveugle »… Non ?

jazzi dit: à

J’ai entendu des gilets jaunes parler pour eux, de leurs cas personnels. Ce qui est respectable. Mais j’en ai aussi entendu d’autres parler au nom du peuple. Dès que quelqu’un parle au nom du peuple, la grande spécialité de Mélenchon (un des plus gros salariés de la République), je trouve ça suspect. Autrefois, il n’y a pas si longtemps, on opposait le peuple de gauche au peuple de droite. Tout ça ne veut plus dire grand-chose, et ce n’est pas de l’angélisme que de le dire. A la rigueur, on peut parler de catégories sociales. Ce qui est sûr, c’est qu’il y a deux grosses entités : une toute petite entité de riches, de plus en plus riches, et une très grosse entité de pauvres ou en voie de paupérisation.

jazzi dit: à

D’ailleurs, Marine Le Pen, comme Mélenchon, n’a plus que le mot peuple à la bouche !

Clopine dit: à

.. Mais bien entendu, on peut dépasser les clivages sociaux. Ce lieu-ci, virtuel mais néanmoins terriblement ancré dans le réel, en est la preuve : on y croise des membres des classes sociales les plus aisées (je crois, sans lui faire offense du tout, qu’une DHH n’a pas trop de problèmes de fin de mois, par exemple), des intellectuels aux salaires confortables et partageant la quiétude de « niches », comme l’université, à l’abri (peut-être pas pour trop de temps encore, m’enfin…) des vicissitudes du marché, comme M. Court, de l’intelligentsia comme notre hôte ou Paul Edel, et des revenus bien plus modestes, comme le tien ou le mien, Jazzi. Et si tu es « le parisien », je suis « des champs », en plus. C’est dire la diversité dont notre présence ici témoigne. Je serais notre hôte, d’ailleurs, j’en tirerais, sinon de la fierté, du moins une sincère satisfaction : car cela prouve que son ombre couvre donc un large territoire, ce qui est la caractéristique des beaux arbres aux houppiers circulaires, comme les chênes, les noyers et les marronniers !

Clopine dit: à

Ben moi, j’ai surtout entendu les gilets jaunes refuser toute représentation d’eux-mêmes, au point de ne pas vouloir aller parler à l’Elysée, par exemple. C’est d’ailleurs une des caractéristiques intéressantes de ce mouvement, que de remette en cause le système représentatif qui est devenu si inopérant. Mais le remplacer par quoi ? That is the question, of course.

Berenice dit: à

Clopine,sans même revenir sur la fortune du clan Le Pen qui pour partie s’est aussi construite sur des détournements de fonds et d’héritages qui étaient destinés au parti. Ils sont , je crois, comme les autres, mûs par une ambition politique. La defense des intérêts du peuple est un prétexte qui sert aussi leur idéologie raciste et s’en sert pour parvenir quand elle n’était pas antisémite pour le père.

Ed dit: à

Il y a aussi des gens hors sol qui s’en b.ranlent. Des poètes dans l’âme.

renato dit: à

Voyons plutôt.
Lorsqu’un démocrate-chrétien veut conduire une politique liberale et un ex-68-prétentieux-et-ignorant l’appuie, ça sent les moisi et on ne peut qu’assister à un spectacle où « les erreurs en chaîne » sont le personnage principal. Cela n’absout pas les socialistes qui précédemment se plierenz aux lois du marché sans en connaître les tenants n’ai les aboutissants, ni les soi-disant communistes incapables de penser le présent, et ainsi de suite. Enfin, l’explosion des populismes s’explique toujours par une absence comique de culture politique.

jazzi dit: à

« au point de ne pas vouloir aller parler à l’Elysée »

Ou de menacer de mort ceux qui voudraient y aller… ce qui est plus inquiétant. J’ai aussi entendu des gilets jaunes réclamant l’arrivée au pouvoir du général de Villiers, d’autres se disant favorables à Nicolas Dupont-Aignan…

Ed dit: à

Entièrement d’accord avec Bérénouche. Le racisme, c’est caca bouda.

Clopine dit: à

… Et l’attentat de Strasbourg, est-il revendiqué par Daech ?

Ce n’était pas la première fois que Strasbourg était ainsi menacé. La ville et son marché de noël, ce christianisme « ostentatoire », en faisait une cible de choix pour les islamistes haineux…

renato dit: à

P.S. à 12 h 27

Un démocrate-chrétien qui veut conduire une politique liberale sans connaître le libéralisme, naturellement.

Clopine dit: à

Bien sûr, Jazzi, que la dérive de l’extrême-droite est à craindre dans un mouvement comme celui des gilets jaunes. C’est bien pourquoi il ne faut pas laisser faire, nom de zeus. Et s’engager résolument, je ne dis pas comme Mélenchon parce que, franchement, y’a trop à redire (notamment les attaques contre la liberté de la presse que je lis derrière ses théories anti-journalistes) mais comme Ruffin, par exemple.

Au rond-point de Mauquenchy, ce que j’ai entendu surtout, c’est avant tout des histoires de respect. Etre respecté. Comme si le populo se rendait compte du jeu de dupes auquel il joue, de tout temps. Avec des dés pipés…

renato dit: à

Parce qu’il a une difference entre Mélenchon et Ruffin ? Un brin d’analyse S.V.P. : quelques nuances ne sauront cacher un réactionnaire.

jazzi dit: à

Les poètes ne s’en branlent pas, Ed. Ils chantent la ballade des plus démunis, des pauvres, des malheureux, mais aussi la beauté du monde, de l’amour : souffrance et joie nourrissent leurs plus beaux chants, entre cris et harmonie…

renato dit: à

Le « christianisme « ostentatoire » » ?! Il faudra chercher quelque chose de moins fascinant, car Rome, plus qu’ostentatoire et clairement menacé n’a pas connu d’attentats.

jazzi dit: à

Un poème de saison

Chanson d’automne

Les sanglots longs
Des violons
De l’automne
Blessent mon coeur
D’une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l’heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure

Et je m’en vais
Au vent mauvais
Qui m’emporte
Deçà, delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Paul Verlaine

jazzi dit: à

Un chant plus harmonieux

Chœur d’amour

Ici l’on passe
Des jours enchantés !
L’ennui s’efface
Aux coeurs attristés
Comme la trace
Des flots agités.

Heure frivole
Et qu’il faut saisir,
Passion folle
Qui n’est qu’un désir,
Et qui s’envole
Après le plaisir !

Gérard de Nerval

et alii dit: à

qui se souvient des cathos zombis d’emmanuel Todd ?

Ed dit: à

Moiii. Je m’en souviens.

jazzi dit: à

Un de mes chants préférés

Je meurs de soif auprés de la fontaine

Je meurs de seuf auprés de la fontaine,
Chault comme feu et tremble dent a dent,
En mon pays suis en terre loingtaine,
Lez ung brasier frisonne tout ardent,
Nu comme ung ver, vestu en president,
Je riz en pleurs et attens sans espoir,
Confort reprens en triste desespoir,
Je m’esjoys et n’ay plasir aucun,
Puissant je suis sans force et sans pouoir,
Bien recueully, debouté de chascun.

Riens ne m’est seur que la chose incertaine,
Obsucur fors ce qui est tout evident,
Doubte ne fais fors en chose certaine,
Scïence tiens a soudain accident,
Je gaigne tout et demeure perdent,
Au point du jour diz « Dieu vous doint bon soir ! « ,
Gisant envers j’ay grand paeur de chëoir,
J’ay bien de quoy et si n’en ay pas ung,
Eschoicte actens et d’omme ne suis hoir,
Bien recueully, debouté de chascun.

De rien n’ay soing, si mectz toute m’atayne
D’acquerir biens et n’y suis pretendent,
Qui mieulx me dit, c’est cil qui plus m’actaine,
Et qui plus vray, lors plus me va bourdent,
Mon ami est qui me faict entendent
D’ung cigne blanc que c’est ung corbeau noir,
Et qui me nuyst, croy qu’i m’ayde a pourvoir,
Bourde, verté, au jour d’uy m’est tout ung,
Je retiens tout, rien ne sçay concepvoir,
Bien recueully, debouté de chascun.

Prince clement, or vous plaise sçavoir
Que j’entens moult et n’ay sens ne sçavoir;
Parcïal suis, a toutes loys commun.
Que sais je plus ? Quoy ! les gaiges ravoir,
Bien recueully, debouté de chascun.

François Villon

jazzi dit: à

Quelqu’un a demandé la traduction ?

Je meurs de soif auprès de la fontaine,
Chaud comme feu, et tremble dent à dent ;
En mon pays suis en terre lointaine ;
Près d’un brasier frissonne tout brulant ;
Nu comme un ver, vêtu en président,
Je ris en pleurs et attends sans espoir ;
Confort reprends en triste désespoir ;
Je me réjouis et n’ai plaisir aucun ;
Puissant je suis sans force et sans pouvoir,
Bien recueilli, débouté de chacun.

Rien ne m’est sûr que la chose incertaine ;
Obscur, sauf ce qui est tout évident ;
Doute ne fais, sauf en chose certaine ;
Science tiens à soudain accident ;
Je gagne tout et demeure perdant ;
Au point du jour dis : « Dieu vous donne bon soir ! »
Couché sur le dos, j’ai grand peur de choir ;
J’ai bien de quoi et si n’ai pas un (sou) ;
Succession attends et d’homme ne suis hoir (héritier),
Bien recueilli, débouté de chacun.

De rien n’ai soin, si mets toute ma peine
D’acquérir biens et n’y suis prétendant ;
Qui mieux me dit, c’est celui qui plus m’atteigne (me nuit),
Et qui plus vrai, lors plus me va bourdant (plus me ment) ;
Mon ami est, qui me fait entendent (entendre)
D’un cygne blanc que c’est un corbeau noir ;
Et qui me nuit, crois qu’il m’aide à pourvoir ;
Bourde (mensonge), verité, aujourd’hui m’est tout un ;
Je retiens tout, rien ne sait concevoir,
Bien recueilli, débouté de chacun.

Prince clément, or vous plaise savoir
Que j’entends moult (beaucoup) et n’ai sens ni savoir ;
Partial suis, à toutes lois commun (je ne m’oppose).
Que sais-je plus ? Quoi ? Les gages ravoir,
Bien recueilli, débouté de chacun.

rose dit: à

Ed à 11h15

pourquoi Ed, ne pouvez- vous pas ?

Berenice dit: à

ED, inutile de ridiculiser mon propos, faites un tour dans la comptabilité de cette famille qui si elle continue d’exploiter la crédulité et la xénophobie à su profiter des obsoles de ses admirateurs pour devenir riche, elle aussi
PEu d’hommes politiques ne le sont pas, tous des nantis à quelques exceptions. Ce qui n’ôte rien à leur talent, leur intelligence, leur endurance.

jazzi dit: à

Voilà ce que donne la traduction automatique, renato !

Chant XIV

Io venni in luogo d’ogni luce muto;
La puanteur du charbon humide, les politiciens
. . . . . . . . . . e et. . . . . n, leurs poignets liés à
leurs chevilles,
Debout nu,
Des visages maculés de croupe,
œil large sur la fesse plate,
Bush suspendu pour la barbe,
Adresser les foules à travers leurs trous du cul,
S’adressant aux multitudes dans le sol,
tritons, limaces d’eau, mouches de l’eau,
Et avec eux. . . . . . . r,
une serviette de table scrupuleusement propre
Caché sous son pénis,
et. . . . . . . . . . . m
Qui n’aimait pas le langage colioquial,
colliers raides, mais souillés
circonscrire ses jambes,
Le boutton et la peau velue
pousser sur le bord du col,
Profiteers boire du sang sucré avec sh-t,
Et derrière eux. . . . . . f et les financiers
les attachant avec des fils d’acier.

Et les traîtres du langage
. . . . . . n et le gang de presse
Et ceux qui avaient menti pour la location;
les pervers, les pervers du langage,
les pervers, qui ont mis le désir d’argent
Devant les plaisirs des sens;

hurlant, comme d’un poulailler dans une imprimerie,
le cliquetis des presses,
le soufflage de poussière sèche et de papier égaré,
fretor, la sueur, la puanteur d’oranges rassis,
crottin, dernier bassin de l’univers,
mysterium, acide de soufre,
les pusillanimes, furieux;
plonger des bijoux dans la boue,
et hurlant de les trouver non colorées;
des mères sadiques conduisant leurs filles au lit avec la décrépitude,
les truies mangeant leurs portées,
et voici la pancarte ΕΙΚΩΝ ΓΗΣ,
et ici: LE PERSONNEL CHANGE,

fondant comme de la cire sale,
bougies cariées, les brûlures s’enfonçant plus bas,
visages immergés sous les jambons,
Et dans le suintement sous eux,
inversé, pied contre pied,
main à main à main, les agents provocateurs
Les meurtriers de Pearse et MacDonagh,
Le capitaine H. le principal tortionnaire;
La merde pétrifiée qui était Verres,
bigots, Calvin et Saint Clément d’Alexandrie!
coléoptères noirs, creusant dans le sh-t,
Le sol une décrépitude, le vase plein de morceaux,
contours perdus, érosions.

Au-dessus de l’enfer
le grand trou du cul,
cassé avec des piles,
stalactites pendantes,
gras comme le ciel sur Westminster,
l’invisible, beaucoup d’anglais,
l’endroit qui manque d’intérêt,
dernière misère, la décrépitude totale,
les vice-croisés, traversant la soie,
agitant les symboles chrétiens,
. . . . . . . . branlant un sifflet en argent,
Des mouches qui portent des nouvelles, des harpies qui ruissellent dans l’air.

Le marais des menteurs indéniables,
tas de bêtises,
des bêtises malveillantes et des bêtises,
le pus vivant du sol, plein de vermine,
asticots morts engendrant des asticots vivants,
propriétaires de taudis,
les usuriers réduisent les poux de crabe, les pandars à
pets-de-loup, assis sur des piles de livres de pierre,
obscurcir les textes avec la philologie,
en les cachant sous leurs personnes,
l’air sans refuge de silence,
la dérive des poux, la dentition,
et au-dessus, la bouche d’orateurs,
le cul-rots des prédicateurs.
Et Invidia,
le corruptio, fretor, mycète,
animaux liquides, ossifications fondues,
pourriture lente, combustion frétide,
mégots de cigares, sans dignité, sans tragédie
. . . . .m Episcopus, agitant un préservatif rempli de dendroctones,
monopoleurs, obstacles à la connaissance.
obstructeurs de la distribution.

jazzi dit: à

On dirait du Lautréamont ?

Phil dit: à

« Christianisme ostentatoire »…dame..Dame Clopine n’y va pas de main morte en bolchévisme bouffe-curés. combien de générations pour un tel aveuglemement ?
Depuis des années, Bruxelles a supprimé l’appellation « Marché de Noël » pour « Plaisirs d’hiver ». Première fabrique européenne de barbus enragés.

Clopine dit: à

Phil, je n’y vais pas de main-morte, certes, j’y consens… Mais « bolchevique bouffe-curés » pour me qualifier, là, euh… Est-ce bien, à votre tour, un propos mesuré ?

Clopine dit: à

… D’autant que ce n’est pas à vous que je vais expliquer le concordat alsacien…

(mais vous devinez sans peine ce que je peux en penser.)

Clopine dit: à

… Tiens, d’ailleurs, ça me fait penser… La carrière de Christiane qu’elle a retracée ici, elle l’a parcourue dans l’école républicaine ou bien dans des écoles confessionnelles ? Allez, devinez pour quoi je parie, wouarf !

jazzi dit: à

Phil, je ne suis pas sûr que Clopine ne se pâme à la lecture de ce chant de Paul Eluard ?

Ode à Staline (1950)

Staline dans le coeur des hommes
Sous sa forme mortelle avec des cheveux gris
Brûlant d’un feu sanguin dans la vigne des hommes
Staline récompense les meilleurs des hommes
Et rend à leurs travaux la vertu du plaisir
Car travailler pour vivre est agir sur la vie
Car la vie et les hommes ont élu Staline
Pour figurer sur terre leurs espoirs sans bornes.

Et Staline pour nous est présent pour demain
Et Staline dissipe aujourd’hui le malheur
La confiance est le fruit de son cerveau d’amour
La grappe raisonnable tant elle est parfaite

Staline dans le cœur des hommes est un homme
Sous sa forme mortelle avec des cheveux gris
Brûlant d’un feu sanguin dans la vigne des hommes
Staline récompense les meilleurs des hommes
Et rend à leurs travaux la vertu du plaisir
Car travailler pour vivre est agir pour la vie
Car la vie et les hommes ont élu Staline
Pour figurer sur terre leur espoir sans bornes.

renato dit: à

Et les soi-disant réseaux sociaux avec leur liberté d’expression à deux vitesses. Tu publies un nu un brin explicite :
https://blogfigures.blogspot.com/2012/01/alfred-stieglitz-georgia.html
… et t’es immédiatement censuré ; la racaille publié n’importe quoi dans la plus complète indifférence. Il est évident que de par le niveau kulturel de leur perbenisme les religieux et les visceral-gauchistes volent au ras des pâquerettes.

renato dit: à

… il y a un moment où arrêter de ronger son os serait souhaitable…

jazzi dit: à

Dans son nouveau billet, Passou nous parle de… poésie. Uniquement pour ceux qui auront touché la prime !

et alii dit: à

Me blesse donc la déclaration préliminaire du Congrès : « la pratique de la langue régionale, l’affirmation par les Alsaciens de leur identité et de leur culture, l’espace régional ont contribué à forger un « vivre ensemble ». Cette phrase me rappelle que je suis un Français de l’intérieur : je ne parlerai jamais l’Alsacien, je n’aurai jamais une identité et une culture alsaciennes. Trop tard ! Trop vieux ! J’aurais donc aimé que la déclaration affirme que l’Alsace excelle comme terre d’accueil !
https://histoiresduniversites.wordpress.com/2011/12/02/lalsace-de-fusion-en-fusion/

christiane dit: à

Je relisais ce matin les 123 pages de la préface de L’Autodictionnaire Proust de P.Assouline (Omnibus). Il est presque dommage que cette préface soit écrasée par la somme d’informations offertes par l’autodictionnaire qui suit (600 pages), offrant des ouvertures sur la correspondance – des passages de La Recherche – des citations diverses – des articles de revues… Ouvertures qui permettent de revisiter Proust et ses écrits, différemment, car l’essai est vraiment intéressant qui interroge cette « énigme » que rien n’a réussi à entamer.
La Recherche et des axes de lecture :  » Tout est dans la sensation, la mémoire n’est qu’un moyen. », l’humour noir de l’œuvre, les « nuances », l’histoire mouvementée de l’édition de son (ses) livre(s), les avis d’écrivains, l’évocation de son Journal, de sa correspondance, la polysémie et l’ambiguïté de ses mots, le rôle des parenthèses, des tirets, des apartés, le « Je » du Narrateur (qui offre une vision « cubiste  » du monde), les biographies de P.Kolb et de G.D.Painter, les essayistes qui l’ont affrontée, les biographes dont Bernard de Fallois, la contiguïté entre l’auteur et le Narrateur, le Contre Sainte-Beuve, la différence entre le roman qui « n’est évidemment pas autobiographique » et Jean Santeuil qui l’est, l’interrogation sur la beauté, l’œuvre d’art… cette sensation d’enveloppement « ouaté » que procure sa lecture…
Cet essai est passionnant.
J’ai souri en feuilletant l’autodictionnaire, à la lettre D comme DIEU de trouver cette citation extraite de Jean Santeuil : « Si beau que soit l’ostensoir, ce n’est qu’au moment où on ferme les yeux qu’on sent passer Dieu. » et dans l’épigraphe de ce livre :
JEAN SANTEUIL
« Puis-je appeler ce livre un roman ? C’est moins peut-être et bien plus, l’essence même de ma vie recueillie sans y rien mêler, dans ces heures de déchirure où elle découle. Ce livre n’a jamais été fait, il a été récolté. » ou encore dans la préface : « C’est un distrait que la société distrait. Mais rien ne lui échappe de la misère d’un milieu falsifié par le snobisme. Non celui des altesses qui en sont naturellement dépourvues, mais celui des autres, lesquels se trouvent dans la situation de ceux qui n’en ont pas. Sous son regard, la mondanité cesse d’être frivole dès qu’elle sert de révélateur et que les êtres y apparaissent dans toute leur complexité. […] Et ces pantins qui rêvent d’en être se retrouvent soudain démasqués. […] sans aucune noblesse. »

jazzi dit: à

Tu es de plus en plus grande sur ton piédestal, Christiane, tandis que la pauvre Clopine ne cesse de s’enfoncer !

renato dit: à

Les traductions automatiques, Jacques, forment des plis là où on aurait intérêt à bien repasser la chemise. Cela dit, métrique bien à part, c’est plutôt le Dante le plus imprecateur ; mais personne ne vous empêche d’y voir-entendre une autre voix.

D. dit: à

la pauvre Clopine ne cesse de s’enfoncer !

Peut-être qu’en chaussant des raquettes pour répartir la masse ?

et alii dit: à

j’ai entendu quelqu’un-un-e étudiant-e dire un jour pied d’estrade pour piédestal;c’était bien trouvé!

DHH dit: à

@clopine 12h 15
puisque vous m’avez citée ce post en réponse
C’est vrai Clopine que je n’ai pas de problèmes de fins de mois, ce qui d’ailleurs ne signifie pas que je n’en ai jamais eus.
Et c’est évidemment un confort dont je mesure le prix; car même si ce confort résulte aussi de goûts marqués par la simplicité et la sobriété,j’ai bien conscience que j’ai une grande chance, de n’avoir jamais à me priver par manque d’argent de ce que je peux désirer
Ce que ce que vous mettez au crédit de la RDL , les rencontres et les rapprochements qu’elle permet entre gens de niveaux de vie divers n’a rien d’exceptionnel. Il y a d’autres espaces , nombreux dans la vraie vie ,où ceux qui n’ont pas de problèmes de fin de mois peuvent côtoyer ceux qui en ont , et avoir avec eux des relations riches et chaleureuses, Car Il y a heureusement pour tout le monde d’autres raisons de nouer des amitiés et de se sentir des affinités que l’appartenance à ma même CSP. D’’ailleurs compte tenu de ce que sont les goûts et les préoccupations d’un trop grand nombre de riches ,il y pas mal de riches qui préfèrent dans leur vie de tous les jours, évitera les riches qui les entourent , et se rapprocher de moins riches dont ils partagent la culture et les valeurs .

rose dit: à

> Clopine

quant aux pierres pour le piédestal

À Yves qui évoque des blessures si anciennes que je les croyais cicatrisées ;, elle réplique, indignée : Tu reconnaitras toi-même, quand l’apaisement se sera fait dans ton esprit, ta profonde injustice.

Berthe Morizot in autobiographie de D. Bona

rose dit: à

> Passou

Jeanne et Emma Baudot […]
Renoir les a connues par Paul Gallimard -le père de Gaston Gallimard, fondateur de la maison d’édition qui porte leur nom, est un grand collectionneur d’Impressionnistes. Il possède notamment plusieurs Cygnes de Berthe Morizot -l’un des thèmes qu’il préfère chez ce peintre – ainsi qu’une Jeune fille en robe rouge, mais sa collection est surtout riche en Renoir. Le père des petites Baudot, médecin-chef des Chemins de fer de l’Ouest, est un ami de Paul Gallimard et ainsi va la ronde.

Berthe Morizot in autobiographie de D. Bona

concernant votre autobiographie sur Gaston Gallimard, son père Paul.

eric-jean levergeois dit: à

A propos du Jean Santeuil, on découvre en le lisant qu’assistant au procès Dreyfus, le jeune Proust — si ma mémoire ne me trompe pas trop — fait l’éloge d’un tribun de gauche en qui il faut sans doute reconnaître Jaurès; également, grâce au récit de certaines atmosphères familiales, que les prises de bec entre les parents et le jeune littérateur (au destin encore plutôt flou pour papa et maman, comme on l’imagine) donnent lieu à de vives et sévères « scènes de famille », abordées de biais, mais on sent que les murs ont dû vibrer et que les propos furent vifs. Et puis, déjà, des envols extraordinaires tels que celui-ci, impossible à citer correctement après des années : « On devine chez certaines femmes qu’elles ont été un temps habitées par des fées et que même si la fée les a quittées depuis, il reste en elles la présence d’une charme qui n’eût jamais existé sans cela. » (la citation n’est pas correcte mais je ne me suis pas privé de l’offrir telle quelle à de belles inspiratrices d’un genre sublime) — la phrase océanique et sa vaste longue mélodie d’analyse psychologie n’est pas mûre encore, certes, mais les proustolâtres et/ou simples amateurs qui n’ont pas été dégoûtés par l’université et ses interminables dissections y trouveront leur bien.
PS (je mets un lien vers un pastiche pas trop mauvais, je crois, qui a amusé trois lecteurs)

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