Quel célinéma !
Curieuse chose que le film consacré par Emmanuel Bourdieu à Louis-Ferdinand Céline. Déjà, l’affiche surchargée de sens et de symboles comme ce n’est pas permis. On ne fait pas plus pesant. Vue de loin, elle n’existe que par le nom de l’écrivain en gros caractères. Son prénom en surtitre est invisible ; quant au sous-titre Deux clowns pour une catastrophe, il est inintelligible pour ceux qui n’ont pas encore vu le film, et même absurde après coup ; quant à la photographie représentant l’acteur principal tête baissée prise entre les mains, prête à exploser de matière géniale tandis que les feuillets de son œuvre virevoltent tout autour de lui et de son chat qui veille, le tout sur fond d’étoile de David surplombant la scène, elle annonce déjà le principal défaut du film : l’excès. La vraie catastrophe, c’est l’affiche. D’une lourdeur…
On sait qu’une biographie filmée est une gageure impossible, et que rien n’est plus ingrat pour un réalisateur que de s’attaquer à un écrivain. Quel que soit son genre, un écrivain ca écrit. Et quand ça n’écrit pas, ça lit et ça se promène. Circulez, il n’y a rien à voir ou presque. En tout cas peu à montrer. Rien de spectaculaire sauf à avoir eu la vie d’Hemingway, de Fitzgerald ou de Saint-Exupéry. Si l’on veut s’en tirer, il faut en isoler un moment précis, le plus souvent vers la fin du parcours, et traiter le reste par fragments en flashbacks.
Emmanuel Bourdieu a choisi le moment de l’exil danois de Céline à la fin des années 40. Pourquoi pas ? Après avoir passé une année et demie en prison, il vit durant quatre ans avec Lucette et le chat dans une grande maison près de la Baltique. Il rumine, macère dans son jus, maudit la France et les Français, les résistants comme les collabos, souffre d’être boycotté par le milieu littéraire, se sent persécuté comme jamais, bombarde ses correspondants de lettres incendiaire, édifiantes et plaintives. Pour cadrer ce qui menaçait de déborder de partout, Bourdieu a choisi malgré ces circonstances assez particulières un rituel bien rôdé : la visite au grand écrivain.
Le problème ne vient pas seulement qu’il fasse tenir tout son film sur ce mince, fragile et lassant canevas. Son scénario est adapté, certes librement par Marcia Romano et lui-même, du livre de souvenirs de Milton Hindus, jeune universitaire juif américain qui s’était pris de passion pour Céline, jusqu’à échanger avec lui une correspondance fournie et régulière entre 1947 et 1949 (Gallimard l’a publiée en 2012). Puis il fit le long voyage pour le retrouver afin de s’entretenir plus avant avec l’admiré. Au retour, il publia le fruit de leurs rencontres sous le titre The Crippled Giant (« Le Géant infirme” qui paraîtra en France sous le titre de L.-F. Céline tel que je l’ai vu).
Or Hindus apparait vraiment comme un nigaud, un naïf. Ainsi est-il traité par Céline dans le film. Les premiers temps, Céline se retient, refoule ses instincts, s’emploie à “ne causer que bouquins”. Mais très vite, le naturel reprend le dessus : il commence à balancer des vannes sur les Juifs, le met à l’épreuve un rien pervers, se fait de plus en plus précis avant d’éructer. Et l’autre de tomber des nues, de s’offusquer, de se vexer. Merde alors ! En voilà un expert célinolâtre de faculté américaine ! Après Mort à crédit, L’Eglise et les trois pamphlets, pour ne rien dire de la trentaine de lettres publiées par la presse collabo sous l’Occupation, il découvre que, mon Dieu, les Juifs, non franchement, Céline ne les aime pas trop, il semble même qu’il dise des horreurs à leur sujet, qu’il les rende responsable de tout et tout…
Philip Desmeules est parfait dans son rôle, élégant chercheur confit en niaiserie. Géraldine Pailhas est souveraine en Lucette, toute de retenue et de dignité, surveillant discrètement son chien fou pour qu’il ne les grille pas encore avec ses violences et ses crises, ses provocations et ses mensonges, alors que ce visiteur inespéré pourrait bien, par son livre à décharge, les aider à quitter leur trou pour rentrer en France. Quant à Bébert, il n’en pense pas moins dans son coin. La lumière est belle, l’image léchée. Les dialogues sont habiles et fidèles à la lettre sinon à l’esprit du bonhomme. Le problème, c’est Louis-Ferdinand incarné par Denis Lavant, comédien puissant, troublant, sismique, hanté.
Il a toutes les qualités requises pour le rôle, jusqu’au physique et au visage (qu’il soit bien plus petit que l’original n’est pas gênant, on sait qu’il suffit de filmer en contre-plongée pour grandir les plus petits et de toute façon, outre qu’il est souvent assis, le personnage commence alors à sérieusement tasser sinon recroqueviller son squelette). Toutes choses qui le prédestinent, comme Serge Merlin, comédien de génie lui aussi, à incarner tant Céline qu’Artaud. On s’en était déjà rendu compte il y a un peu plus d’un an lorsque Denis Lavant avait été Céline au théâtre de l’Oeuvre. Seulement voilà, sur les planches comme face à la caméra, de bout en bout il en fait trop. Trop crispé, trop tendu, trop hystérique. Céline l’était, certes. Mais pas tout le temps, on le sait tant par les témoins et les amis que par les interviews. Là, il est d’autant plus convulsif que l’autre est falot. Sauf que Céline, dans la vie, n’était pas en permanence un histrion au registre hyperbolique. Or dans le film d’Emmanuel Bourdieu, que l’on (re)verra volontiers lorsqu’il passera sur France 3 mais dont on imagine mal que des foules se déplacent pour aller le voir au cinéma (dans les salles à partir du 9 mars ), on entend les points d’exclamation à chacune des phrases de ses monologues et dialogues. On les voit aussi. Jusqu’à la caricature. Pour une première, car c’est la première fois que Louis-Ferdinand est incarné à l’écran dans un film à lui entièrement consacré, quel étrange célinéma (!)
(« Les trois acteurs du film » photo Emmanuel Crooÿ ; « Milton Hindus, le vrai » photo D.R.)
659 Réponses pour Quel célinéma !
et pour les porteurs de vieux slips, lola ?
Il me semble qu’une lavandière analphabète comme Emmanuelle pourrait laver les vieux slips et assurer l’essayage à domicile moyennant quelques drachmes …
Ha les palindromes là le robot i se demande… Finalement c’est jamais qu’à 2KП près…
Au sator là il esseplose !
ach ! il est distingué votre copain JC, lola, vous n’avez pas honte ?
Lola ! ne mettez pas la main dans cette histoire de vieux slips qui trainent, on se demande bien pourquoi, dans le cerveau célinien de lavandière ayant loupé le certif malgré leur minizupe langues orientales …
JB,
Est ce que cette merveille d’Annelise Roux ne serait pas boulimique 2D ? Quel appétit, elle a… !
Palindrome…
Seule solution, ruser.
Exemple:
Jibé demande une dure lutte à WGG.
trouillard, la brêle de PQ a peur de perdre ses copines, ce qu ne tarera pas à arriver, cela commence déjà, bientôt foutu le vieil incuculte
Ce soir je me fais des petits poireaux-vinaigrette.
( 16 h 32 min ) ceux qui postent des vacheries, mais y en a-t-il sur ce blog??
non il n’y en n’a pas
si c’est danlcul ça va piquer dédé
La chose a fait de la reptation.
la brêle de PQ a peur de perdre ses copines
on reconnait l’homme de bien à ce qu’il préfère les garder même si ça ne lui rapporte rien
lola, vous n’avez pas honte ?
juste un peu de rouge au front et du chanel sous l’oreille..what else
Madame Verniglia a entendu JC au bistrot le DOJO causer aujourd’hui des droits de la femme : il a braillé « toutes des salopes » avant de se retirer fissa ce qui lui reste de queue entre les jambes, les gens ne rigolent plus, ils sont furieux
et on balance le luturgique message…
tel paul meurisse dans laffair des poisons..
» Cet enculé de Chaloux est le larbin de la Rdl »
je vois que l’on en a déjà beaucoupusé..il est toutavous !
«Parce qu’on ne peut pas être au four et au moulin !»
son moulin à perrec allait fort
le p’tit Court n’est toujours pas sorti de la sacristie ?… il est attendu au Harnon-court !
je vois que l’on en a déjà beaucoupusé..il est toutavous !
Pour ce qui de l’usage de boumou, voir d’abord John Brown pour le montage.
…Avant de vous lancer dans la poche!
@ Emmanuelle 16h34. Je ne suis pas cliente de votre blanchisserie. Triez vos vieux slips vous-même.Avec qui vous voulez.Vos mots et vos slips vous appartiennent intégralement.
@D. ma réponse de 16h10,à vous destinée a été bloquée par le modérateur. Pourquoi ??
Les remarques sur Pérec sont très intéressantes.J’avais pensé à « Passage de Milan » de Butor 12h de nuit dans un immeuble.J’écris au fil du clavier, je garde mes remarques pour moi; pas envie qu’elles passent à la trappe.
Don’t worry , dear Phil, about les coups de soleil, le soleil m’est des plus doux ..
« ’aujourd’hui ils ont le même droit de parole qu’un prix Nobel. C’est l’invasion des imbéciles » »
des imbéciles qui se prennent pour des Nobel
Daaphnée, vous comptez y passer le restant de votre vie ?
Voyons, Jacounet !
Je suis nomade de plus loin que vous ne pouvez l’imaginer ..
Et savez-vous que dès que l’on s’échappe des entre-soi locaux, le monde vous appartient ?
Les 2 orphelines réunies dit: 8 mars 2016 à 18 h 27 min
Séparées, ça doit faire rudement mal.
« dès que l’on s’échappe des entre-soi locaux, le monde vous appartient « (daaphnée)
l’a pas peur d’utiliser les clichés au moins celle-là!..
Ce que vous faites cloche avec votre « codac », Pfff ..!
Je ne sais pas moi … Leica, , Hasselblad ..
et ne manquez de rappeler à tous le besoin d’être admiré par vous
Tsss !
I love U.
« …Parti hiverner avec sa poule au Groenland »
Dédé, aujourd’hui c’est la journée de la femme, vous pourriez vous abstenir de diffuser des propos phallocrates!
OUI, c’est la (!) journée de la FEMME ..
Quand je pense, Bloom, que demain je rencontre UN « auteur » qui se prend très au sérieux- le pauvre- et que je promeus d’une certaine manière !
Il a intérêt à se montrer très aimable parce que qqc me dit que je risque de lui faire avaler son petit chapeau ..
18 h 49 min
il a le droit d’appeler sa poule daaphnée
L’anglais oui, le canard non.
Daaphnée dit: 8 mars 2016 à 18 h 38 min
Ce que vous faites cloche avec votre « codac », Pfff ..!
Je ne sais pas moi … Leica, , Hasselblad ..
–
Nikon, c’est bien aussi.
Certainement .. certainement, D.
Lucette porte des pattes d’ef en 48. Après Céline jivarisé et Hindus botoxé, ce film est une vraie couillonnade.
JC….. à 16 h 55 min
Elle fait son bouleau de critique cinématographique, JC, le problème c’est que je me demande ce que ça peut bien lui rapporter ? Elle doit avoir un Jules friqué…
Moi j’irai le voir dès demain, Phil. On est pas à l’abri d’une bonne surprise !
Vous nous raconterez, baroz. Tous ces fake fatiguent l’homme de bonne volonté.
Et faites une pause avant « Fatima », dear baroz. Vous allez finir en guignol’s band.
Pour la taille il y a un autre exemple, c’est Don Camillo, qui se colletait quand même avec Peppone, rien moins qu’un gringalet non plus, à peu près tous les quarts d’heure ; mais Fernandel avait un tel charisme…
Phil dit: 8 mars 2016 à 21 h 45 min
Lucette porte des pattes d’ef en 48. Après Céline jivarisé et Hindus botoxé, ce film est une vraie couillonnade.
C’est comme ça : y a des machins, une fois que ça commence à prendre l’eau, eh bien ça continue… Quand je dis que les événements, pour marcher sur les traces de Teilhard qui confère une âme aux pierres, peuvent avoir une personnalité…
Et le plus drôle c’est que le film ne sera peut-être pas un four…
Amalgame littéraire. Lucette porte le pantalon de Marguerite Yourcenar.
Sûr, Sergio, si beaucoup de braves types comme baroz vont au moulin
Lucette était restée très alerte au Danemark. Grâce à cette actrice, on sait qu’elle fait le grand écart.
Phil dit: 8 mars 2016 à 23 h 23 min
Lucette était restée très alerte au Danemark. Grâce à cette actrice, on sait qu’elle fait le grand écart.
Ca je crois qu’il le met à peu près partout ; à Zornhof je me souviens plus, mais à Sig, dans le Passou cette fois, dans les combles elle s’entraîne tous les matins, ayant retrouvé une copine pianiste qui lui fait la sono.
Et Ferdine l’explique lui-même, parce que c’est très compliqué, ces combles, seuls s’y retrouvent Bébert et… les femmes, du fait de leur esprit un peu… disons alambiqué ; et c’est le fameux :
« C’est l’ordre qui les interloque ! »
Ordre opposé à désordre, bien sûr…
« Fatima » je l’ai vu en son temps, Phil, sympa sans plus. J’y suis allé en souvenir de Zorah, qui venait faire le ménage dans notre maison et ne rechignait pas à changer nos draps…
Sur la côte d’Azur, la mode des pantalons larges pour les femmes avait été importé par les Américaines durant l’entre deux guerres, notamment par Zelda Fitzgerald !
Le grand écart ça conserve, on n’a pas annoncé la mort de Lucette Destouches, née Lucie Almansor, qui aura 104 ans en juillet prochain !?
La critique de cinéma, ce matin, n’est pas tendre pour le film. Le Figaro et le Canard enchainé n’y vont pas par quatre chemins pour dire l’echec de l’entreprise.
Parfois les films ratés sont plus intéressants que les films réussis, Paul, allons-y voir !
JB
Aller voir un film raté en sachant qu’il est raté, c’est comme draguer une fille qui a la vérole, en le sachant pertinemment…
Il y a de bien belles vérolées, JC !
http://theswedishparrot.com/lirresistible-mrs-frances-fanny-abington-et-le-facetieux-sir-joshua-reynolds/
Sergio, il faudrait retourner à la bibli, car en fait de combles… »une folie portugaise de 40m de long » permettaient à la légitime et à l’ex-maîtresse de laisser à bébert toute la place- euh, vitale- entre elles.
» il vit durant quatre ans avec Lucette et le chat dans une grande maison près de la Baltique. Il rumine, macère dans son jus, maudit la France et les Français, les résistants comme les collabos, souffre d’être boycotté par le milieu littéraire, se sent persécuté comme jamais, bombarde ses correspondants de lettres incendiaire, édifiantes et plaintives. »
C’est précisément TOUT ce que dit l’affiche dont je m’honore d’être l’auteur… Céline se plaignait souvent de la lourdeur des hommes, voyez comme vous n’y échappez pas à votre tour ! Bien amicalement.
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