Thomas Mann écartelé entre l’intime et l’épopée
Cela parait à peine croyable mais il n’existe pas de biographie en français de Thomas Mann (1875-1955), malgré le statut de l’écrivain et le rayonnement de son œuvre, alors qu’on ne compte plus celles consacrées à des seconds couteaux, des demi-soldes et des personnages du second rayon du XXème siècle littéraire. On trouve en traduction des essais sur son oeuvre ou des enquêtes sur l’ensemble de la famille Mann mais pas de biographie alors qu’elles ne manquent pas en allemand (en 1996, il en parut trois dans la même semaine). Serait-ce que les Français le considèrent comme trop daté ? Qu’ils tiennent ses romans pour trop sérieux, trop pesants ? A moins qu’ils ne le considèrent pas, tout simplement, son Nobel remontant tout de même à 1929. Gardons-nous d’en tirer des conclusions trop définitives. Il suffit de se souvenir qu’il y a une dizaine d’années d’encore, on trouvait difficilement des rééditions de Bernanos en librairie. Vaste et peuplé est notre purgatoire.
Avec le Magicien (The Magician, traduit de l’anglais (Irlande) par Anna Gibson, 608 pages, 26 euros, Grasset), livre hybride à mi-chemin entre le roman et la biographie, Colm Toibin (1955) lui rend justice. Du moins comble-t-il une lacune. Ce n’est pas la première fois qu’il se livre à genre d’exercice. Il y a une quinzaine d’années déjà, l’Irlandais, qui enseigne le Ulysses de Joyce à Columbia University (NY), avait essuyé les plâtres de ce genre hybride à mi-chemin entre roman et biographie en revisitant la vie et l’œuvre de Henry James à travers le prisme de six années considérées comme une période-clé ; le résultat était assez convaincant sinon éblouissant (The Master).
Le procédé est donc par lui éprouvé qui consiste à pousser l’empathie jusqu’à restituer une vie à travers le regard du héros. Il revendique d’imaginer ce que Thomas Mann pense lorsqu’il regarde par la fenêtre de manière à ce que lecteur voie le monde par le regard du héros. Ce qui ramène son livre davantage sur les rives du roman que sur celles de la biographie. Le séjour à Davos qui déclenchera la Montagne magique ? Vite expédié. Celui à l’hôtel des Bains au Lido ? Plus largement traité, mais il est vrai qu’il est le cadre de Mort à Venise… L’œuvre est si peu analysée qu’on en oublierait parfois que c’est d’un écrivain qu’il s’agit.
Son Journal lui est évidemment très précieux. On a souvent dit que Mann était écartelé dans une zone grise d’incertitude entre l’intime et l’épopée, Mort à Venise et les Buddenbrook, toujours en tension entre ces deux pôles. Colm Toibin réussit très bien à brosser le portrait d’un personnage qui abritait deux hommes en lui en permanence, l’un prenant le dessus sur l’autre en fonction des circonstances : d’un côté un démocrate calme et mesuré, maitre de son art, passionné de musique de chambre et de poésie lyrique, solitaire comptant peu d’amis, qui aurait pu s’accommoder de la nouvelle Allemagne en choisissant comme tant d’autres l’exil intérieur ; de l’autre côté, un imprudent, un flamboyant à la sexualité débridée, qui détruisait son entourage et se laissait ronger par ses démons.
La musique, dont l’écoute le déstabilisait tant, contenait en germe sa propre destruction. Rien ne le plongeait dans le doute comme de penser que les dirigeants nazis et lui aimaient le même Wagner. Un homme sans qualités ni conviction ? Le jugement est un peu rapide même s’il a souvent l’air de flotter autant entre ses engagements qu’entre ses préférences sexuelles. Un homme plein d’incertitudes. Imprévisible, gris, froid, dépourvu d’affects, incertain, nerveux. Un homme ordinaire au fond qui aura arpenté l’Europe et le monde pour prononcer des conférences, répondre aux interviews, faire plaisir à sa femme, aider ses enfants et son frère, fuir le nazisme, mais qui ne rêvait que d’une chose : s’éloigner du bruit et de la fureur pour s’isoler du monde afin d’écrire en paix. Bourgeois conformiste et rêveur ambigu, cet ambivalent était rongé par le sentiment de son imposture.
Naïf au point de ne pouvoir imaginer que des gens aussi grossiers et vulgaires que les nazis soient capables de parvenir au pouvoir, de l’exercer et de le garder, il ne doutait pas de leur défaite alors que ses enfants Klaus et Erika prenaient tous les risques à travers leurs articles et leurs conférences pour informer les européens de ce qui se tramait et de ce qui les attendait, et que son frère Heinrich le pressait de s’engager. En ce temps-là, au début des années 30, il vivait pourtant à Munich mais passait le plus clair de son temps à écrire. Il aura assez de lucidité par la suite pour reconnaitre que, pour n’avoir pas vu ou pas voulu voir les signes avant-coureurs de la barbarie, il avait échoué à comprendre l’Allemagne. Toutes choses bien rendues par Colm Toibin qui n’a pas son pareil pour s’insinuer dans les pointillés d’une vie afin d’en débusquer le côté sombre.
Dépourvu de culture politique, Mann n’y entendait rien au fond et manquait de sens politique. Katia était plus subtile, plus fine, plus intelligente que son mari, lequel est parfois déroutant, ainsi lorsqu’il soutient mordicus lors d’une conversation avec ses enfants qu’il est en train de « lire Dante dans le texte, en anglais ». A table c’est un fantôme. Il ne participe pas. Un spectre qui est là sans l’être. Sa femme est du côté de la vie ; lui, du côté de l’absence. Contrairement à lui, d’un naturel austère, elle ne manque pas d’humour : « Si seulement tu te levais de bonne heure, tu pourrais écrire un livre qui intéressera le monde entier » lançait-elle à son fils Klaus alors âgé de 40 ans… On la voit se battre aux frontières en excipant de la qualité de prix Nobel de son mari, ce qui laisse les douaniers anglais aussi indifférents que les réceptionnistes suédois. Il aurait voulu s’installer définitivement en Suisse pendant la guerre car les montagnes lui rappelaient son pays et au moins, dans une bonne partie du territoire, il jouissait d’entendre parler allemand. Las ! Il n’obtint pour lui et sa famille qu’un permis de séjour provisoire. Plutôt qu’un sanctuaire, c’était une forteresse.
« Papa est un magicien ! » : c’était la plaisanterie de ses enfants pour le désigner tant il se plaisait à leur faire des tours de passe-passe mais le sobriquet lui restera. Ils étaient petits alors. Avec le temps, ça s’est gâté entre eux. L’auteur fait état d’une lettre terrible, signé de Michael, le plus équilibré de leur descendance, où tout est dit du couple Mann tel que leurs enfants les voyait. Elle date de 1949, année du suicide de leur fils Klaus. Ils se trouvaient alors en Europe et n’avaient pas daigné se déplacer jusqu’au cimetière du Grand Jas à Cannes :
« Je suis sûr que le monde t’est reconnaissant de l’attention que tu accordes à tes livres. Mais nous, tes enfants, nous n’éprouvons aucune gratitude pour toi, ni d’ailleurs pour notre mère, qui était toujours de ton côté.. Il est difficile de penser que vous êtes restés dans votre hôtel de luxe tous les deux pendant qu’on enterrait mon frère. Je n’ai dit à personne à Cannes que vous étiez en Europe. Les gens ne m’auraient pas cru. Tu es un grand homme. Ton humanité est universellement appréciée et applaudie. Je suis sûr que tu es couvert d’éloges en ce moment même en Scandinavie. Cela ne te dérange probablement pas que ce sentiment d’adulation ne soit partagé par aucun de tes enfants. En m’éloignant de la tombe de mon frère, je voulais que tu saches l’immense tristesse que je ressens en pensant à lui »
Son hésitation à retourner en Allemagne était à la mesure de l’immense ressentiment de la population dont ses amis lui assuraient qu’il se retournerait contre lui, l’exilé, le néo-californien. D’autant que c’est en Allemagne de l’Est qu’il voulait se rendre, ce qui le mettait au ban de la bonne société politique et mondaine de Washington qu’il avait courtisée. Mais sa véritable angoisse se situait ailleurs. Thomas Mann, qui avait a dû abandonner le manuscrit de son précieux Journal derrière lui en quittant l’Allemagne, craignait que, une fois découvert par la Gestapo, il ne soit l’objet d’un chantage eu égard aux confessions intimes qui y étaient consignées. L’idée que ses fameux cahiers soient remis un jour à Goebbels, le ministre de la Propagande, le hantait. Outre l’attirance pour tel ou tel jeune homme croisé au gré des voyages, on y trouvait consignées des pages troublantes sur la séduction qu’exerçait sur lui la beauté du corps de son fils Klaus alors adolescent.
Colm Toibin y accorde une grande importance. Il a ceci de commun avec Dominique Fernandez dans nombre de ses livres ou avec Jean-Luc Barré lorsque celui-ci a consacré trois tomes à la vie de François Mauriac : s’emparant de Thomas Mann découvert dans ses jeunes années, s’empoignant à nouveau avec son œuvre en miroir avec sa vie, il les revisite à travers le prisme dominant de son homosexualité refoulée. Que Mort à Venise soit relu sous cet angle, cela parait évident (encore qu’il s’agisse plutôt en l’espèce de pédérastie) ; mais les autres ? Avant même d’ouvrir son Magicien, il suffit de lire ses interviews pour deviner le sens légèrement orienté de sa démarche. Il revendique toujours sa qualité de gay quel que soit le sujet- et plus encore lorsque le-grand-écrivain-allemand est son centre d’intérêt. Le fait est que depuis une vingtaine d’années, le cas Thomas Mann est un sujet pour les études queer dans nombre d’universités. Lorsque Libération demande à Colm Toibin pourquoi, après Henry James et Thomas Mann il ne consacre pas un livre de ce genre à James Joyce, il répond :
« Parce que sa sexualité est totalement certaine. Il n’y a donc rien à explorer. Il n’y a pas de drame. Et aussi, peu importe ce que vous faites avec Joyce, vous devez faire face au sexe et essayer de décrire son esprit alors qu’il travaille sur Ulysse et Finnegans Wake. Cela demanderait beaucoup de travail littéraire. Mais en Joyce, il n’y a aucun secret. Il n’y a rien d’inconnu. Je ne peux pas travailler avec ça ».
On sait que tout écrivain écrit par rapport à son secret. Mais que Joyce n’en ait pas eu, est-ce si sûr ? L’exactitude n’est pas son propos. « Parfois moins j’en sais mieux c’est » reconnait Toibin. Mais est-ce vraiment un compliment quand un blurb de l’écrivain Richard Ford souligne que le Magicien est « une réussite remarquable de l’imagination » ? Ca se discute.
Mann était père de six enfants. Ah, ses enfants… : deux homosexuels, une bisexuelle et deux filles qui n’aimaient coucher qu’avec des vieux (Erika était la maitresse du chef d’orchestre Bruno Walter). Voilà le tableau tel qu’il se dresse. Mais le plus important, c’était son mariage. Plus encore que le portrait d’un mariage à la Nigel Nicolson, le Magicien est celui d’une famille de la haute bourgeoisie bohème dominée par la figure de Katia Pringsheim. L’auteur imagine ce qu’elle savait des démons qui agitait son mari, lequel avouait juste une relation à 15 ans avec un camarade de lycée. Parfois, elle en fut témoin : à 75 ans, il était tombé amoureux d’un jeune serveur à Zurich, au point d’écrire dans son journal qu’il pourrait échanger sa renommée contre l’attention de cet homme. Erika et Katia avaient même organisé des rendez-vous, du moins selon l’auteur. Alors qu’il travaillait à l’écriture des Confessions du chevalier d’industrie Félix Krull (le roman demeurera inachevé), il fut en effet envahi par un coup de foudre pour un certain Franzl, serveur au Grand hôtel Dolder, près de Zurich ; l’auteur nous apprend solennellement en isolant sa révélation, que non seulement sa présence dans les mêmes murs que lui mais pas au même étage le troublait infiniment, mais que « Chaque matin, il se réveillait avec une érection ». Certes… Dans ses carnets intimes, il l’appelait « mon envoûteur ». N’empêche que de son homosexualité active, on ne sait strictement rien et c’est pour ca que cela intéresse tant Toibin. Il imagine… Mais cette insistance à faire de ce secret-là la clef de son sa vie et de son oeuvre devient de en plus pesante et de moins en moins convaincante à la longue.
Au vrai, il semble que l’incertitude que l’auteur ne cesse d’explorer au cœur de la vie de Mann l’a si bien envahi qu’il en a tiré un livre au statut des plus incertains. Brillant, surprenant, d’une lecture incontestablement passionnante même si on aurait aimé en savoir plus par exemple sur la transformation du militariste pangermaniste en démocrate, d’autant qu’il n’est pas tombé dans le piège classique qui l’aurait entrainé à imiter le style de son héros. L’ensemble souffre d’être parfois nourri d’informations, comment dire, incertaines. La loi du genre élu par l’auteur. C’est à se demander si par instants, Toibin ne se trouve pas dans la même situation que le procureur anglais au proçès de Nuremberg : celui-ci croyait citer Goethe alors qu’en réalité, il citait le Goethe und Tolstoï (1932) de Thomas Mann.
Colm Toibin s’est rendu sur les lieux de mémoire de l’écrvain, à Lübeck bien sûr, le berceau de la famille qui a inspiré les Buddenbrook, mais aussi à Pacific Palisades (Californie), au Brésil d’où venait sa mère, sur la Baltique où il s’était fait construire une maison grâce à l’argent du Nobel. Ses sources ? Outre les œuvres de Thomas Mann et celles de ses enfants, les principales biographies consacrées à l’écrivain et traduites en anglais ainsi que quelques livres sur des musiciens, sur le IIIème Reich ainsi que le précieux Weimar en exil de Jean-Michel Palmier. Il n’a évidemment pas été voir du côté des archives.
Après avoir lu son Magicien, et passé d’excellents moments en sa compagnie, on est pris d’une soudaine curiosité qui nous pousse à aller chercher ailleurs ce qu’il en est de l’exactitude de tout ce qu’il a raconté sur le grand écrivain. Pour le reste, pour l’intime vérité d’un homme, Toibin c’est encore ce qu’il y a de mieux en français. D’autant qu’il n’y a rien d’autre. Rendre passionnante la vie de cet austère qui ne se marrait pas relevait du miracle. Au fond, le vrai magicien, c’est lui.
(« Thomas Mann et sa famille sur la plage de Nidden (Nida) en 1930 » photo D.R.; « Thomas Mann » photo D.R.:; « Klaus et Erika Mann », Photographie de Lotte Jacobi ; « Thomas et Katia Mann » photo D.R.)
938 Réponses pour Thomas Mann écartelé entre l’intime et l’épopée
Extrait d’un interview d’Elisabeth Lévy à Sud Radio. Parfaite, comme d’habitude:
« Cependant, n’est-ce pas trop tôt pour poser ces questions alors qu’une famille est endeuillée?
Non, c’est trop tard! Si on se les était posées avant et si on y avait répondu, Lola serait encore vivante. Comme tous les Français tués ou agressés par des étrangers en situation irrégulière.
L’indécence, c’est celle du gouvernement qui méprise ses opposants au lieu de s’interroger sur son impuissance.
L’indécence, c’est celle d’Emmanuel Macron qui avait promis aux Français de faire exécuter 100 % des OQTF.
L’indécence, c’est celle de Madame Borne qui va en Algérie avec la moitié du gouvernement et n’obtient pas du gouvernement algérien qu’il reprenne ses clandestins.
L’indécence, c’est cette gauche qui met genou à terre pour un Américain tué en Amérique par des policiers américains mais qui s’étrangle parce qu’on veut comprendre le martyre d’une gamine.
Bien sûr, des milliers de sans-papiers ne font aucun mal. Mais la France n’est pas un droit de l’homme. Alors, ras-le-bol de ces gouvernants qui n’assument aucune responsabilité et sont incapables de faire respecter nos lois.
Si la famille de Lola souffre, ce n’est pas parce qu’on se demande comment une telle atrocité s’est produite mais parce qu’elle s’est produite. Dupont-Moretti dénonce la petite politique. Il serait temps que notre gouvernement fasse de la politique pour répondre aux légitimes attentes des Français. »
Thomas Mann n’est pas le premier génie à être un sale type dans sa vie privée. C’est même peut-être plutôt la règle. Mon critère numéro un est évidemment le comportement vis-à-vis des enfants. S’il n’était pas capable de les aimer, il ne fallait pas les faire. La lettre de son fils sur l’enterrement de son frère est accablante!
Lisons Mann, lisons Céline, lisons Aragon et bien d’autres et foutons-nous de savoir quels étaient leur goûts sexuels, politiques, s’ils préféraient le thé ou le café, le vin rouge ou blanc, la mer ou la montagne et ainsi de suite. Rien de toute cette sale cuisine pour voyeur ne nous empêchera de lire et relire « La montagne magique » ou « Le voyage au bout de la nuit ».
Très heureux de votre nouveau billet, PA. J’ai lu le bouquin il y a un mois, et suis exactement resté sur votre longueur d’onde, in fine… Charmé tout au long, quasi envoûté même, mais assez vite exaspéré par un sentiment obsidional, analogue au vôtre – (je vous cite) « Cette insistance à faire de ce secret-là la clef de sa vie et de son oeuvre devient de plus en plus pesante et de moins en moins convaincante à la longue ». Exact ! Toibin n’a fait que projeter ses propres fantasmes homo sur Mann, quand il ne savait pas trop à quoi s’en tenir. Il brode beaucoup de ce côté « en pointillé » quand il ne sait pas à quoi s’en tenir. Il ne s’intéresse surtout jamais aux romans moins connus d’où il ne saurait pas tirer la moindre projection sexuelle possible. J’en suis ressorti avec la conviction d’une oeuvre de fiction habilement troussée pour faire accroire au lecteur français à une biographie novatrice. J’ai la chance d’avoir lu toute son oeuvre romanesque que j’admire, et de n’avoir pas eu besoin de résumés « expédiés », mais en effet, cela constitue un vrai manque parfois. A ‘exception de son journal qui ne me semble pas avoir été traduit en français, je crois
Cela dit, cette (auto)biographie (?) de Mann-Toibin mérite vraiment le détour. Mann est toujours à relire, me semble-t-il, et si les « considérations d’un apolitique » n’ont plus qu’une valeur documentaire pour les quelques spécialistes, l’ignorance de l’immense « saga des Joseph » (nous sommes certes en 1939) à peine mentionnée dans le bouquin, reste tout de même un comble inadmissible !
Bien à vous (21.10.22_10.25)
Dans les archives, Thomas Mann et Hermann Hesse
Reste plus qu’à aller à Zurich pour la conférence …
stupéfait par le commentaire de « closer » sur elisabeth levy qu’il trouve « parfaite »lorsqu’elle exprime son « raz le bol »sur le déplacement en Algérie de ministres français « qui n’ont rien obtenu »(!)alors qu’elle parle du crime de la malheureuse Lola …Encore et toujours l’Algérie qui,ce 17 octobre,se souvient du massacre de 1961 de dizaines de Lola.A dégoûter, bien sur encore plus de levy mais aussi,hélas, de ce détournement de la rdl
Lettre de Michael (je crois qu’il y a erreur):
« … en pensant à lui » et non « … en pendant à lui ».
nb / Je me permets quand même de vous signaler l’essai de Marianne Krull traduit et paru il y a qq années en France, sur la famille Mann…
https://livre.fnac.com/a997009/Marianne-Krull-Les-Magiciens-Une-autre-histoire-de-la-famille-Mann
Or très curieusement, dans son immense bibliographie, Toibin a totalement ignoré cette source. Est-ce la raison pour laquelle cette essayiste allemande, très en phase avec son approche, lui aurait porté quelque ombrage ? Je me le demande un brin.
Bàv.
tout écrivain écrit par rapport à son secret
du smoltolc de critique en conférence qu’a repéré un baroz encore fringuant au premier rang..
faire le coucou dans le nid d’un kador pour y pondre son oeuf..mais voilà lassouline les macab pour couver c’est pas ça..et puis se rtrounant il pourrait tle casser ton oeuf..mais dans la tiédeur des troudbals des lecteurs et les lectrices..ça va enfin donner quekchose quelle dirait bonne clopine
le scret de ton homme splité..schizofrène..duplice..c’est que coté pile il est ordinaire et que coté face il est quelconque..l’estordinaire du suspens insoutenabe de lhomme desseption qu’il est c’est qu’il peut tomber sur la tranche..hé houi..et la ça donne un truc pas popo..je ménage mes effets attation..j’ai envie dune blonde..50c..c’est ventredi
Il aurait voulu s’installer définitivement en Suisse pendant la guerre car les montagnes lui rappelaient son pays et au moins, dans une bonne partie du territoire, il jouissait d’entendre parler allemand. Las ! Il n’obtint pour lui et sa famille qu’un permis de séjour provisoire.
le scret bien gardé c’est que cqui distingue ce plouc de rénateau c’est qului l’a définitif..
la blonde 50c mets du temps a arriver bordel!
Toibin a bien des mérites, mais c’est l’écrivain irlandais qui m’intéresse le moins, de par son style, le choix de ses sujets, sa personnalité à l’affut de toute opportunité de médiatisation. Il est vrai qu’avec Claire Keegan, Sally Rooney, Anna Burns, Sebastian Barry, Roddy Doyle, John Banville, Paul McVeigh, Jan Carson et Wendy Erskine, pour ne citer que quelques-un/e/s des grand/e/s Irlandais/e/s d’aujourd’hui, la concurrence est plus que rude.
Cela dit, sa production régulière vaudrait au natif d’Enniscorthy (à vos cartes) bien des prix de ce côté-ci de la Mer d’Irlande, devenue frontière douanière entre la GB & l’Irlande du Nord, et donc ‘merde d’Irlande’ pour les Brits, comme à chaque fois qu’ils touchent à l’Histoire des relations entre les deux îles. Il semblerait que les Anglais (majoritaires) n’apprennent rien et désapprennent ce qu’ils pensaient savoir…
Les voilà auto-condamnés à vivre en regardant dans le rétroviseur, alors qu’ils écrivaient naguère la modernité.
Coup de blues à la John Mayall…
La télé teutonne avait réalisé une merveilleuse série sur la famille Mann, totalement déjantée, avec le grand Sebastian Koch dans le rôle de Klaus le toxico dégénéré…
« Cela parait à peine croyable mais il n’existe pas de biographie en français de Thomas Mann (1875-1955), malgré le statut de l’écrivain et le rayonnement de son œuvre, alors qu’on ne compte plus celles consacrées à des seconds couteaux, des demi-soldes et des personnages du second rayon du XXème siècle littéraire. On trouve en traduction des essais sur son oeuvre ou des enquêtes sur l’ensemble de la famille Mann mais pas de biographie alors qu’elles ne manquent pas en allemand (en 1996, il en parut trois dans la même semaine). »
Ce n’est pas tout à fait exact (dans l’ordre de parution en français):
Mayer, Hans, Thomas Mann, PUF, 1994 (trad. de l’allemand, non cité par Toibin)
Wisskirchen, Hans, TM et les siens: une dynastie d’écrivains, Bartillat, 2002 (trad. de l’allemand, non cité par Toibin)
Möller, Hildegard, TM, une affaire de famille, Tallandier, 2007 (trad; de l’allemand, non cité par Toibin)
Godé, Maurice (germaniste français, univ. Montpellier), Thomas Mann, Belin 2013.
Petite remarque: dans sa bibliographie, Toibin cite, bien évidemment, la biographie de Herman Kurzke (1999), aussi celle de Prater (1995), plus quelques biographies anglophones. Publié en 2021, Le magicien n’a peut-être pas pu profiter de la dernière biographie de TM, celle de Rolf Füllmann, parue en 2020. Il se peut aussi que Toibin ne lisse pas l’allemand et que ses sources soient exclusivement en anglais. Peu importe: c’est un romancier, non un historien, mais…
Stimulante brillante notule dear passou, qui tord le cou-ille aux gendres des studies renvoyés à leurs études. A lire au bar du george V sur moquette dix centimètres. Aucune archive consultée pour biographer le grapho-Mann ! Mazette, il en faut de solides au Toibin. Lit-il l’allemand wenigstens ? L’envoûteur ? Mandez-nous la vo, bitte sehr, la traduction sent l’enchanteur raté.
Well, tout est dit dans votre considérable notule pervero-péderastique. Ou presque, hurkhurk
Katia était plus subtile, plus fine..que son mari
A voir… Elle fournit le premier modèle incestueux qu’il mettra dans Sang réservé, Wälsungenblut, écrit vers 1900, republié vingt ans plus tard, autocensuré, sans la conclusion germanico-yiddish du premier jet qui éclaire les tares du sang pouacre Pringsheim. Quand les mathématiques vous tournent de travers.
Schade, le considérable TKt en villégiature sous le Kichelberg a quitté la scène des ébats thomasmanniens
Pour ne rien changer bouguereau se regarde dans un miroir et dit : « Je suis un autre », mais cela se comprend, car étant donné sa parole pourrie la pensée qui la produit ne doit pas sentir la rose.
« Si on se les était posées avant et si on y avait répondu… »
Deux conditionnels et on la prends au sérieux… non, mais !
le précieux Weimar en exil de Jean-Michel Palmier
—
Deux tomes essentiels, à l’instar de tout ce qu’a écrit Jean-Michel Palmier, hélas trop tôt disparu. Je songe en pariticulier à sa foisonnante étude de Walter Benjamin, »Le chiffonnier, l’Ange et le Petit Bossu », chez Klincksiek.
Pas d’homosexualité rentrée chez Benjamin. C’est grave, docteur? En revanche, l’attitude dégueulasse d’une majorité des germanistes français à son égard lorsqu’il vint se réfugier en France, révèle une lèpre de l’intelligence bien partagée.
homosexualité rentrée
haprés lityfalique teutonique..léxogéne français..ouat else qu’il va dire bientôt bodjo
le considérable TKt en villégiature sous le Kichelberg
c’est pour rigoleye..mais il mourira à maubeuge..ses os himmergés dans un fût de bière d’abbaye..henterrés bien profond..au cas ou un sarmat viendrait déranger son héternel repos
« lire Dante dans le texte, en anglais »
ce gars thomas savait mettre les jardiniers et les cuisinière à l’aise..on l’imagine bien soufflant la mousse de sa bière sur le décolté dla serveuse dla brassrie..y’a pas mort d’homme qu’il dirait djack lang
il y a un mot de balzac que polo va me retrouver j’en suis sûr sur ses talents dont il avait une conscience bien plantée le fort bonhomme..il les énumère un peu comme nonchalamment..comme lui ayant été servi comme sur un plateau..sil en est digne ou pas il s’en moque..et il dit en conclusion ‘d’où viennent elles? je m’en sers épicétou’..
J’au lu cette bio-roman au statut si bizarre et suis resté perplexe et parfois un peu en colère devant les élucubrations de Toibin. Oui, Sartre avait raison, « on entre dans un mort comme dans un moulin. » Si vous voulez approcher au plus prés la vie de Thomas Mann ,et ses tourments lisez son « Journal », lisez ses lettres
(tout ça est traduit) et aussi les œuvres de Klaus ou d’Erika , vous aurez au moins des faits et des informations de première main sur cette famille .Oui, je n’aime pas trop ce livre de Toibin.
Et visiblement Toibin n’a pas lu ce que Reich-Ranicki a écrit sur la famille Mann ainsi que de tres nombreux journalistes dans les grands journaux allemands.
amoureux d’un jeune serveur à Zurich
CE SONT DES AMOURS ANCILLAIRES? NON?
« un blurb de l’écrivain Richard Ford »
Aïe, aïe, aïe…
« Colm Toibin réussit très bien à brosser le portrait d’un personnage qui abritait deux hommes en lui en permanence, l’un prenant le dessus sur l’autre en fonction des circonstances : d’un côté un démocrate calme et mesuré, maitre de son art, passionné de musique de chambre et de poésie lyrique, solitaire comptant peu d’amis, qui aurait pu s’accommoder de la nouvelle Allemagne en choisissant comme tant d’autres l’exil intérieur ; de l’autre côté, un imprudent, un flamboyant à la sexualité débridée, qui détruisait son entourage et se laissait ronger par ses démons. »
Rien de plus normal: Thomas Mann était Gémeaux (avec la Lune en Cancer).
Le fait est que depuis une vingtaine d’années, le cas Thomas Mann est un sujet pour les études queer dans nombre d’universités.
LE ZEITGEIST?
@dirfil… cher, vous vous bougrisez aussite, non ?
(qui tord le cou-ille aux gendres des studies renvoyés à leurs études) /// pas mal, hein 🙂
Mann s’entichait aussi de rejetons d’éditeurs, pas uniquement de laquais, rien à voir avec les Losey/Pinter. Les études « cuirs » ne comprennent rien à Mort à Venise, faute de culture classique. Geneviève Bianquis, germaniste morte dans les années 70, a donné une des meilleures analyses.
» Déjà, en 1929, Thomas Mann, très sensible à la résistance qu’une certaine vision de la psychanalyse pouvait opposer à l’irrationalisme bientôt triomphant en Allemagne, insistait sur la continuité entre la psychanalyse et le rationalisme de l’Aufklärung. Écrivant un hommage à l’occasion de l anniversaire de Freud, il décrivait le climat culturel résultant de « la singulière conjonction psychologique d incroyance à l égard de l esprit et de la haine contre lui » qui accompagnait la montée du nazisme en Allemagne. « De nos jours », écrivait-il, « s’affirme partout une volonté anti-idéaliste et anti-intellectuelle, une volonté de briser la primauté de l’esprit et de la raison […], de rétablir en triomphe dans leur droit vital primitif les forces des ténèbres et des profondeurs abyssales, l’instinctif (Das Instinktive), l’irrationnel ». À cette tendance, Thomas Mann opposait la psychanalyse, dont l exploration « du démoniaque et des domaines nocturnes de l âme » ne procédait pas d’« un intérêt servile pour l’instinct (für den Trieb) ». Elle lui paraissait au contraire guidée par un élément d’ordre spirituel qui la préservait d’être déformée « dans une intention hostile à l’esprit » et qui limitait « son anti-intellectualisme à la connaissance, sans lui permettre d’empiéter sur la volonté ». Selon Thomas Mann, Freud conférait à la sexualité « une spiritualité révolutionnaire » qui révélait l’étroite parenté unissant psychanalyse et philosophie de la connaissance, dont la psychanalyse partageait les visées et, notamment, la recherche « d’un ordre de vie nouveau, fondé sur la prise de conscience, la liberté et la vérité » (1929).
3Cette description un peu lyrique de la psychanalyse correspondait plus à un souhait qu’à une constatation de la part de Thomas Mann. Malgré l’admiration qu’il éprouvait pour Freud et pour sa méthode de recherche, il était tout aussi préoccupé par la facilité avec laquelle la psychanalyse pouvait s’inscrire dans le courant contemporain d’apolitisme antirationaliste, héritier d’une atmosphère romantique « de croix de mort, de tombe » (1938), dont il redoutait les conséquences sur la culture et la vie sociale. Un passage de La Montagne magique (1924), où s’exprime d’ailleurs un personnage dont les positions progressistes sont souvent caricaturales, rend cependant bien compte de cette opposition : »
inhttps://www.cairn.info/revue-psychologie-clinique-et-projective-2006-1-page-231.htm
. Ses lettres témoignent de la sévérité croissante de ses jugements sur les événements qui ensanglantaient l’Allemagne. Cet exil, qui à l’origine ne fut pas un acte volontaire, il dut le revendiquer lorsqu’un journaliste suisse Eduard Korrodi s’en prit en janvier 1936 à un article de Léopold Schwarzchild, éditeur du Neue Tage – Buch à Paris, qui le comptait au nombre des exilés. Thomas Mann dut sortir de sa réserve officielle et affirma son appartenance à l’émigration. Les nazis réagirent immédiatement en le privant de sa citoyenneté allemande et en interdisant ses livres tandis que toute la presse des émigrés applaudissait à son courage et reconnaissait en lui son chef spirituel. » Contraint à la politique « , comme il le confiait lui-même, il assurera ce rôle jusqu’à la fin de l’exil, faisant preuve d’une générosité extrême envers ses confrères moins célèbres et surtout moins fortunés, multipliant les actions pour leur venir en aide et surtout en usant de son crédit, de son immense prestige, pour qu’ils puissent gagner l’Amérique et sauver leur vie, lorsque, après son occupation, la France était devenue une véritable souricière et que l’obtention d’un visa américain, d’un sauf-conduit par le consulat de Marseille représentaient l’ultime espoir de liberté.
http://stabi02.unblog.fr/2009/11/21/j-m-palmier-thomas-mann-journal-du-dr-faustus-13/
Paul Edel, Le livre de Reich-Ranicki est pourtant cité dans la bibliographie…
Dino, merci pour la correction. Mais les livres que vous citez ne sont pas des biographies: soit de brefs essai sur l’oeuvre, soit des ouvrages sur la famille Mann. Mais « la » bio à la Donald Prater, il n’y en a pas
Phil, non, Toibin ne lit pas l’allemand. Toute sa Biblio est en anglais.
d’Alfred Döblin, l’auteur de Berlin Alexanderplatz , qui ne cachait pas son hostilité à l’égard de Thomas Mann, sa jalousie de Leonhard Frank, mais aussi de Heinrich Mann, le frère aîné de la famille Mann, réfugié dans son petit appartement de Los Angeles, subsistant grâce à la générosité des plus riches – dont son frère – et au travail à l’hôpital, comme infirmière, d’une femme déséquilibrée et alcoolique qui finira par se suicider. Leur situation en Amérique, ils la vivaient comme le symbole de leur déchéance.
Rescapés d’un monde englouti par le nazisme, représentants d’une culture assassinée, ces émigrés allemands fréquentaient peu les Américains – en dehors de Charles Laughton ou de Charlie Chaplin – et se rencontraient souvent avec méfiance. Leur colonie était constituée de petits cercles que seules quelques figures faisaient communiquer entre eux. Le Journal du » Docteur Faustus » est aussi le miroir de ces tensions, de ces conflits toujours ouverts. Il y avait le cercle constitué par Franz Werfel et Alma Malher, que fréquentait aussi Thomas Mann, Bruno Walter, Arnold Schönberg, celui de Thomas Mann qui accueillait des écrivains comme Léonhard Frank ou Franz Werfel, des musiciens comme B. Walter, H. Eisler et A. Schönberg mais aussi Theodor Adorno. Brecht ne fréquentait assidûment que Döblin, F. Kortner, Fritz Lang et Eisler. Ce dernier pouvait être fier d’entretenir des relations amicales, aussi bien avec Brecht, qu’avec Th. Mann, Th. Adorno ou Schönberg. Brecht n’avait aucune estime pour Thomas Mann, ne voyait en lui qu’un » écrivain bourgeois « , prétentieux et guindé. Thomas Mann supportait mal la mauvaise éducation de Brecht et n’avait guère de sympathie pour ses idées politiques.
http://stabi02.unblog.fr/2009/11/21/j-m-palmier-thomas-mann-journal-du-dr-faustus-13/
Donakd A. Prater, Thomas Mann. Deutscher und Weltbürger Eine biographie, Hanser, 1995
les hallemands en noeud pape ça me fait caresser mon luguère d’une main et rmonter la trompe de laute qu’il disait herman..c’est même pas dans la bio chparie
ta gueule keupu
Les études « cuirs » ne comprennent rien à Mort à Venise, faute de culture classique
les laquais c’est au motul 15w40 au bacroume et les culture classique c’est au lido à lhuile dolive crétoise première pression à froid..je traduis pour les bouseux..hors rénateau il y en a qui se cachent
Toujours amusant de lire un bouseux qui voit des bouseux partout.
Encore des histoires de pederaste, pour les gender studies. Les enfants Mann ont bien trinqué.
Oui, je n’aime pas trop ce livre de Toibin.
il y a du rétrojugment..un genre de tanatopraxie..disons qu’il faut comprende la rage que peuvent dévlopper nos contemporain de pus pouvoir faire marcher des tutur et des tataves grecques sur 300 pages..halors on est obligé de phinasser..polo il veut pas comprende que c’est la litterature elle même qui se fait dépecer dses souffrances..sinon le 12 à pompe..poutine ou térezoune qui se fait mettre par son chien je vois pas cqui peut la sauver
Ce n’est pas moi qui vais vous distraire de vos histoires de vieux clebs en rut. Je n’aime pas le bonhomme, très antipathique, le père Mann; et tout cela très surfait, une attitude de poseur.
Mais ça revient périodiquement comme les marrons chauds.
Et vous savez si bien inverser la charge de preuve,qu’on ne pas s’y coller.
Gardez votre Mann « écartelé » entre son intimité de fond de slip et son épopée d’emigré si prompt à donner des leçons sur ce que lui même n’a pas fait.
J’en veux pas.
Une rencontre avec la famille Mann
elle m’a ete racontée par quelqu’un qui l’avait vecue
C’etait en 1954 ,j’etais en seconde, notre prof d’allemand une agrégée debutante, nous a longuement raconté sa « visite au Grand écrivain » à Zurich
Nous avons eu droit avec moult details à la maison avec la vue sur le lac, et au thé apporté au cours de l’entretien par Katia
Elle lui avait écrit pour obtenir des renseignements utiles à son diplôme -cette mini thèse obligatoire pour passer l’agreg-dont le sujet concernait son oeuvre, et il l’avait invitée à venir lui en parler.
A l’époque les gamines que nous étions n’avaient pas été sensibles au caractère exceptionnel de cette rencontre, qui avait apparemment beaucoup marqué notre prof
Une info, confirmée , sur billetprécédent :
« Sophie Lesiewicz, 43 ans, a mis fin à ses jours le 18 octobre, au lendemain de la parution dans Le Monde d’une longue enquête titrée « L’affaire « Doucet » : mystérieuses disparitions d’œuvres rares dans une bibliothèque parisienne ».
Et le petit (en sens propre et figuré) qui squatte le Kremlin continue à provoquer les pays limitrophes : à chacun son bouguereau.
non, Toibin ne lit pas l’allemand
Le coup de grâce, dirait Marguerite. Ne vaut pas la taxe non plus.
Regrettons la perte des carnets de jeunesse, pour le quotidien d’une famille du grand commerce, dans la Hanse avant première guerre, les coulisses des « Buddenbrook ».
Le chauffeur, resté à Munich, reçut l’ordre de détruire ces carnets.
Mann, contemporain de Gide, dut compter avec les mêmes inimitiés du landerneau imbécile. Exclu d’une histoire littéraire allemande du début des années 30, parce qu’il n’était pas juif (écrit il dans ses carnets).
Votre professeur, deash, doit figurer dans le Journal à la date.
c’est comme kabloom havec ses souscheffes de préfecture de calcuta drh..on est bien trop jeune
Envahi par un auteur , lui aussi.
Olivier Mannoni, le traducteur qui a mis dix années à traduire la littérature d’oncle wolf, pour les ed Fayard, a non seulement fini par s’auto-intoxiquer, mais a littéralement pourri la vie de sa famille.
Il sort un essai pour vous expliquer:
https://actualitte.com/article/108198/edition/olivier-mannoni-comment-historiciser-mein-kampf
Et Alii, ce que vous dites est assez juste sur les exilés allemands en Californie et à Hollywood pendant la guerre. il faut préciser que le FBI plaçait des voitures devant les villas de Brecht, de Thomas Mann, de Peter Lorre, de Feuchtwanger ou de Fritz Lang pour savoir qui allait et venait chez ces artistes-là et pourquoi Charlie Chaplin les fréquentait assidument… . Un livre a été publié il y a pas mal d’années aux Etats unis et il donnait des extraits des procès-verbaux des flics qui surveillaient les allées et venues de ces exilés allemands. C’est hilarant, : les noms sont mal orthographiés et les flics ne comprenaient rien à ce qui séparait idéologiquement les uns et les autres. le FBI avait trouvé un nom pour ces émigrés antinazis et les nommait entre eux les « commu-nazis.. » On voit que tout ceci était assez confus et surtout paranoïaque. Dans leurs rapports, les flics ne faisaient aucune distinctions entre les positions de Brecht et celles de Thomas Mann ! Brecht fut protégé par Fritz Lang qui le fit travailler sur le scénario de « Les bourreaux meurent aussi » excellent film. Dans son « journal de travail », Brecht méprisait en secret le travail de Lang et trouvait qu’il faisait trop de « concessions » auprès des studios.
La comédienne Hélène Weigel, épouse de Brecht, qui avait pris sa carte du parti communiste avant-guerre en Allemagne n’a jamais pu travailler dans les studios d’Hollywood entre 1941 et 1947, alors que tout le monde du théâtre à Hollywood savait que cette Hélène Weigel était une comédienne exceptionnelle. Le 30 octobre 1947 Brecht passa devant la commission des activités anti américaines, après le passage de l’écrivain Ring Lardner. Le 31, il s’envole pour Paris. Il faut aussi noter que la presse Hearst s’acharnait sur ces émigrés considérés comme trop à gauche.
Votre professeur, deash, doit figurer dans le Journal à la date
si ça lui faisait une belle jambe elle irait voir..mais là..fume..les vieux c’est que des jeunes qui viellissent qui dit lassouline
On voit que tout ceci était assez confus et surtout paranoïaque
tu crois qu’la factory a dream n’était pas flicé polo..qu’cetait dla rigolade sans relecteur et qu’mcarty est vnu dlalaska comme un saumon..
alors que tout le monde du théâtre à Hollywood savait que cette Hélène Weigel était une comédienne exceptionnelle.
t’es un bon cordonnier..tu sais y faire..le soleil tourne autour de toi..entre lartisanat et lhindustrie polo..c’est copernicien
Et les explications du traducteur français d’hitler font apparaître, formellement, des distorsions volontaires, qui sont pour le moins, bizarres.
Comme si les conséquences d’un tel « programme » de mort n’étaient pas factuelles, et avérées, quelle mouche a piqué les éditeurs de faire modifier oui, vous avez bien lu: modifier, le texte d’origine.
C’est énorme :
« Le traducteur explique cette nécessité : « Très concrètement, la langue d’Hitler est extraordinairement chargée, comme un fleuve qui charrierait des débris de tous les côtés, jusqu’à rendre invisible le fleuve lui-même. Dans ma première traduction, j’ai réalisé un travail de traducteur standard : générer un texte le plus lisible possible à un lecteur classique, corrigeant notamment les incorrections de langage. » L’historien lui propose « de revenir au plus près du texte », afin de restituer sa réalité, non pas mot à mot, mais avec la totalité des défauts « qui précisément rendait la lecture confuse et difficile. »
Olivier Mannoni remet l’ouvrage sur le métier : il enlevait par exemple deux ou trois adverbes « inutiles » sur les six que contenait une simple phrase, afin de s’approcher d’une certaine vérité du texte. Un travail « très long, minutieux, pénible, pointilleux », et au bout une révélation : Hitler n’était pas (seulement) un écrivain brouillon, confus, « en résumé mauvais ». Il portait surtout une volonté, plus ou moins consciente, de noyer le propos dans un brouillard épais. Les mécanismes s’exhibent. »
dear Bougreau, soyons reconnaissant aux vrais diaristes. A Pacific Palissade, Mann reçoit l’ami de Klaus à déjeuner. Dans le journal, le même soir: « l’ami, recht blöd » bien idiot.
dur pour ceux qui n’avaient pas de réseau..qui avait le profil de taupe..aux acteurs qui avaient ne serait ce qu’un petit accent..aux clans qui devaient se former naturelment..mais les américains les ont accueilli..en frait « on » hautant de russes aujourdhui
non, Toibin ne lit pas l’allemand.
Tous des pros, je vous dis.
Tous des pros, je vous dis
t’es une sotte térezoune..cqui compte en littérature c’est la foi qui tfait bouger l’cul..pas lcontraire comme toi..tiens prend dante..langliche..traduit dson patois..en français y’a des trucs à sauver
Du schleuh a l’anglais et tout ça retraduit en französisch. Sont forts.
Cette biographie semble « vice qu’on tienne ». Visconti, qui desservit Mann.
Paraît que traduire à partir d’une traduction est une faute.
M’enfin, hein, pour Mann, on s’en tape.
« vice qu’on tienne ». Visconti, qui desservit Mann
les fautes et les erreurs c’est pour les ptites mains et les bonnes a fesser comme térezoune qu’elle taurait dit yourcenar..non nsert personne..nous hon -se- sert
Lecteur hypocrite, te rends-tu compte de cette énormité et de ce qu’elle veut dire, à part 10 ans de foutus à faire un faux ?
« Olivier Mannoni remet l’ouvrage sur le métier : il enlevait par exemple deux ou trois adverbes « inutiles » sur les six que contenait une simple phrase, afin de s’approcher d’une certaine vérité du texte. Un travail « très long, minutieux, pénible, pointilleux », et au bout une révélation : Hitler n’était pas (seulement) un écrivain brouillon, confus, « en résumé mauvais ». Il portait surtout une volonté, plus ou moins consciente, de noyer le propos dans un brouillard épais. Les mécanismes s’exhibent »
L’un de mes amis, britannique, mari d’une galeriste digne de considération, lissait Dante en italien. Je me souviens que nous avons avions ri de cœur un soir qu’un type qui se vantait de connaitre l’italien comme ses poches nous cita le moment où le dialogue Virgile/Dante est soudainement interrompu par Farinata degli Uberti — condamné en tant qu’épicurien — qui a reconnu Dante comme un concitoyen à cause de son accent, pour enfin poser la question de savoir pourquoi Farinata interpelle le poète en le traitant de venin*…
*O Tosco che per la città del foco
vivo ten vai così parlando onesto…
@ « Si seulement tu te levais de bonne heure, tu pourrais écrire un livre qui intéressera le monde entier » lançait-elle à son fils Klaus alors âgé de 40 ans…
Par Saint Thomas … Une mère juive, la mère Mann ?
Mère juive ashkénaze contre mère juive séfarade ? Des différences, mais aussi beaucoup de points communs.
https://larchemag.fr/2017/05/09/3212/les-meres-juives-selon-michel-boujenah-et-jean-francois-derec/
Voilà longtemps que j’ai envie de me payer la tête d’aussi grands imposteurs que T.S. Eliot et Thomas Mann.
(Vladimir Nabokov dans une lettre de 1949).
comme faut pas hinsulter par procuration pédro..chais pas.. tu dis comme ça qu’a deux aussi con qu’un parisien..et tu signes pédro le hic et nunchacou
la mère de Thomas… une brésilienne au sang chaud, issue de Parati, que le père déporta à Lubeck au grand dam de la famille… La saga Mann était mal barrée, les décadent Buddenbrock allaient le démontrer…
OK kokor, j’apprends qu’un morceau du journal de Mann est traduit depuis longtemps, bon alors j’allons tâcher de me le procurer; – Merci pour le lien sur le regretté JM Palmier, et la réf. à l’indécontournab’ Weimar en exil, je sais pluki…
J’aimerais bien parler de Tonio Kroger plus que de Sang réservé, (de ce qu’il a représenté de stupéfiant dans ma jeunesse), mais comme tout le monde s’en ouf, je le ferai pas.
Bàv, tchin’z… Le commentarium est intéressant pour le moment (one shot)
rénato..c’est un con..mais un tiptop pro quelle dirait térezoune..
mais comme tout le monde s’en ouf
tu te trompes..bonne clopine en a beaucoup a péter
Ah ! Ce pauvre bouguereau, toujours se prendre pour un autre.
de ce qu’il a représenté de stupéfiant dans ma jeunesse),
mais faites donc, dear JJJ, les ébats eros thanatos de Mann échappent aux queers depuis l’expulsion du closet, misère littéraire. Prenez un gin chez renato et revenez nous en causer.
C’est juste tard pour le gin, Phil, on est presque à l’heure de quelque chose de plus chaud, un très bon whisky japonais, par exemple.
whisky japonais…de surcroît très bon, vous êtes à Zurich dear Renato, c’est du luqche à la tkt, Küsnacht, adresse Mann
lissait Dante en italien.
Toujours dans le sens du poil!
A propos de » Sang réservé »
Finis Gloriae Mundi
Encore et toujours l’Algérie qui,ce 17 octobre,se souvient du massacre de 1961 de dizaines de Lola.A dégoûter, bien sur encore plus de levy mais aussi,hélas, de ce détournement de la rdl
Ce n’est ni le moment ni le lieu, ce drame pourra dans un futur proche et dans l’enceinte des offices qui sont dédiés à ces problèmes interroger sur les suites données à des décisions de justice ou découlant du droit français.
Exil californien : tiens, on a perdu (oublié) Hermann Broch…
Traduire en retranchant ? Un grand précurseur dans la nouvelle de Kosztolányi Dezsö, « Le traducteur kleptomane »
Kosztolányi Dezsö ????
il vaut mieux inverser le nom et le prénom, Je PENSE…. N’est pas Oe Kenzaburo qui veuj…
BN à vous, il faut dormir un peu, un poil, un brin sur le whiskeyjap de O.29 !
Samedi 22 octobre 2022, 4h55
Annie Ernaux
@Traduire en retranchant ?
Non. Le lien montre : Traduire Hitler, à destination de « chercheurs », en faisant un faux.
__________
Pour le fun, voir plutôt Brice Matthieussent, in » la vengeance du traducteur « , ed P.O.L, 2009
« T. Mann et la représentation de l’inceste : fascination distanciée ou distanciation fascinée ? »
21/10/2022, 8h32
Nisi Dominus per chalumeau e B.C., RV 608 « Cum dederit » · Giovanni Antonini · Il Giardino Armonico
Vivaldi: Concerti per flauto
J’ai vu sur Arte le très beau film « Mephisto » d’Istvan Szabo. C’est tiré d’un roman du fils Mann, Klaus. J’aurais voulu savoir si le roman était aussi fascinant que le film ? Bloom ou Edel sauront me dire certainement. Merci d’avance. Sinon, je suis dans « Les Idiots d’abord » de Malamud. Ce sont d’extraordinaires nouvelles, qui s’améliorent encore plus à la relecture. Rien à voir avec Klaus Mann, certes, mais j’ai des goûts variés !!! — L’article de Passou est excellent, comme toujours. J’avais repéré ce livre déjà, mais compris que l’auteur mettait en avant son obsession homosexuelle. Cela m’avait dissuadé de le lire, non que je sois homophobe, évidemment, mais la vérité de Thomas Mann réside sans doute ailleurs, son génie aussi. Bonne journée.
Samedi 22/10, un peu plus tard
Aux auditeurs allemands de l’université :
https://pandor.u-bourgogne.fr/archives-en-ligne/ark:/62246/r2341zxpfzh91k/f10
Bonne journée.
la vérité de Thomas Mann réside sans doute ailleurs
keupu y rgarde trop la télé
« Mephisto » d’Istvan Szabo. C’est tiré d’un roman du fils Mann
trop fumeux..mon colo rideul ça c’était dla balle..dailleurs tiens..en fait de castorp en zinc ya miyazaki aussi..en zéro..zéro comme lavion attation pas comme le satellite rénateau
térezoune et ses liens comme caution de pertinence..elle pisse encore plus loin que renfield qu’il dirait ce wokisss de meussieu courte
les ébats eros thanatos de Mann échappent aux queers
chtement le sujet à lassouline c’est pas mann mais les queers qui comprennent pas ton débat..le débat est ailleurs qu’il dirait keupu..tu tmets pas dans l’sujet pasque c’est compromettant..c’est pas sportif
Non. Le lien montre : Traduire Hitler
chaplin a fait ça trés bien en volapuk syntone instantané..y’a un jeux vidéo ou ya un itlère qui sort d’un placard qui te cours aprés et que tu dois descende fissa quest super bien haussi..le reste c’est dla besogne térezoune
L’exactitude n’est pas son propos. « Parfois moins j’en sais mieux c’est » reconnait Toibin
si polo l’avait ltemps il écrirait bien sa bio à toybine..qu’est ce qu’y lui mettrait..le mal ne vient pas forcément de l’hignorance qu’il dit r2d2
tkt longtarin, j’ai compris ton » problème sororal » depuis a long time.
Une villégiature balnéaire allemande, dans les parages…en temps de nazisme.
Der Lehrer prépare ses Berichte pour une Akademie.
Dis le keuf, respecte !
Le propos est le suivant:
Le lien montre : Traduire Hitler en faisant un faux.
C’est énorme.
Traduire Hitler en faisant un faux.
C’est énorme.
Tobin, l’allemand et l’Allemagne:
Article du Irish Times passable sur la réception du livre de Toibin en Allemagne. On remarquera la vulgarité crue de la métaphore ‘sell back’ qui résume ce que la République d’Irlande, autrefois théocratique, est devenue, une franchise de la Silicon Valley obsédée par le fric. De Rome à Mammon…
https://www.irishtimes.com/culture/books/colm-toibin-sells-thomas-mann-back-to-the-germans-not-everyone-s-buying-1.4712862
‘Germans may have problems with his surname – toy bean, toy bin and tow bin – but they love his writing.’
En Irlande, au Leaving certificate (équivalent du Bac) le français demeure la première langue étrangère, loin devant l’allemand…Dans le Nord, les langues étrangères ne sont plus obligatoires et disparaissent, comme en GB. Les départements de Modern Languages ferment les uns après les autres (lien avec Brexit évident)
Plus de librairie allemande indépendante à Paris, des profs d’allemand sur 3 établissements, l’apprentissage de langue de Benjamin se meurt… Qui la lit ici? La langue de Benjamin est devenue une langue rare…
Attention ! document :
« Les Mann, impressionnés par une telle concentration artistique dans un « petit port de pêche intime comme il y en a beaucoup sur la Riviera », qualifièrent alors Sanary de « lieu de rencontre estival du Café du Dôme » . Quand ils affirmèrent que « les étés à Sanary vont entrer dans l’histoire des arts », ils ne savaient pas encore qu’ils allaient en réalité faire partie de l’Histoire. »
http://exilsanaryen.over-blog.com/s%C3%A9quence-2-intellektuelle-im-exil
kabloom fa renier bodjo et satan et feu pien se faire konfertir mais que par josef ratzinger au crédit suisse à genèfe
..artung artung..papir bitteu
gouteune tag.
langue:
bonjour:
http://librairieallemande.com/fr/
le roman était aussi fascinant que le film ?
Bien sûr, Mephisto, probablement le meilleur livre de Kl Mann, meilleur en tout cas que son Tournant, vanté en France. Le père n’a jamais félicité le fils, à cette époque on attendait pas le goncourt.
« ou encore l’on niait qu’il y eût même un problème à l’instar de Thomas Mann qui déclarait que la langue allemande avait élu domicile là où lui-même se trouvait, »
L’exil dans l’exil Les stratégies linguistiques contradictoires des exilés aux États-Unis (Thomas Mann, Klaus Mann, Hans Sahl, Oskar Maria Graf)
Daniel Azuélos
Dans Études Germaniques 2008/4 (n° 252), pages 723 à 735
https://www.cairn.info/revue-etudes-germaniques-2008-4-page-723.htm
Incidemment
Meurtre de Lola : les parents demandent d’arrêter d’utiliser « le nom et l’image de leur enfant à des fins politiques »
https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/meurtre-de-lola/meurtre-de-lola-les-parents-demandent-d-arreter-d-utiliser-le-nom-et-l-image-de-leur-enfant-a-des-fins-politiques-selon-leur-avocate_5431972.html
Mephisto un roman admirable que j’ai lu et même plus tard relu a pour sujet la derive nazie nazi de cet acteur -du nom de Gründgens je crois ,, etait le premier mari d’Erika et dont la glissade idéologique du côté du manche, pour sauvegarder sa carrière, est présentée dans le livre comme une trahison
J’ai lu que la réalité était moins glauque, et que Gründgens a largement mis son statut dans la vie culturelle d’alors au service de ses amis pourchassés par le regime
Thomas Mann et les siens (Die Manns – Ein Jahrhundertroman), titre du docufiction que j’avais évoqué plus haut, coproduit par Arte.
Les Mann vus d’Allemagne, cette fois-ci, sans prélèvement de la taxe Toibin.
on a dit aussi que klaus MAN était l’amant de GRUNDGENS .
une famille assez « incestueuse »
Toibin c’est encore ce qu’il y a de mieux en français. D’autant qu’il n’y a rien d’autre.
—
Mais que font les germanistes? Où sont les germanistes? Qui sont les germanistes?
Peut-être la bio ne les intéresse-t-elle pas. C’est un genre méprisé par l’Université qui n’a que cure à foutre des petits secrets des grands & ne s’intéressent qu’à ce qui est disponible à tous et pour tous, les textes et leur dynamique interne.
La bio d’un écrivain, c’est un truc pour journaliste ou pour auteur…
Chapitre 8. La place de Thomas Mann dans l’émigration
https://books.openedition.org/psn/6203?lang=fr
la bio ne les intéresse-t-elle pas.
La biographie n’est pas nécessaire pour Mann qui a tout dit dans ses carnets publiés en deux belles éditions commentées, à raison d’un volume de près de 500 pages pour deux années, entre 33 et 45, plus les années 1918 1920.
Il est probable aussi que le clair obscur de Mephisto échappe au ventre mou des spectateurs habitués aux productions surlignées hollywoodiennes.
le regard de T M sur lui-même:
« Il y a là quelque chose qui ne va pas, quelque chose qui va à l’encontre de ma nature, laquelle se sent effectivement davantage marquée par une tradition de représentativité goethéenne qu’elle ne se sentirait destinée à remplir le rôle d’un martyr. »
SLOTERDIJK R2PONDIT AU MONDE/
» l’entrée en crise de la novella : la littérature prend conscience que la volonté de vivre est menacée. Elle s’engage à apporter la preuve que les humains possèdent un talent fou pour survivre. Il y a là un nouvel Evangile, ou plutôt un essaim de micro-évangiles, de petites bonnes nouvelles, qui célèbrent l’intelligence humaine et sa capacité à faire face à la mort généralisée. Depuis ce moment-là, la littérature séculière est, selon Thomas Mann, la résistance contre la séduction frivole de la régression et de la mort. »
https://www.lemonde.fr/livres/article/2010/05/20/sloterdijk-pour-etre-philosophe-il-faut-devenir-un-personnage-de-roman_1360628_3260.html
Les nazis ne savaient pas lire – Chronique pour la correspondance entre Stefan Zweig et Klaus Mann (1925-1941)
http://www.le-poulailler.fr/files/2014/07/les-nazis-ne-savaient-pas-lire-chronique-pour-la-correspondance-entre-stefan-zweig-et-klaus-mann-1925-1941/
La biographie n’est pas nécessaire pour Mann qui a tout dit
—
Une connaissance un peu plus poussée de ce que qui fait un individu ne doit-elle pas inclure ce qu’il tait ainsi que ce que les autres savent & disent de lui/d’elle, pour le meilleur ou pour le pire?
Rien de plus intéressant pour certains que le refoulement chez les autres.
Toibin n’a rien d’intéressant à dire sur Ulysses (est-ce parce qu’il n’existe chez Joyce aucune trace d’une quelconque homosexualité?).
Il est juste un des rouages d’une vaste industrie irlandaise de récupération de celui qui a tourné le dos au pays qui lui a interdit de s’exprimer librement; une industrie qui s’imagine qu’elle possède un droit ‘national’ quasi-exclusif à discourir interminablement sur un texte que personne ne lit en Irlande; une industrie qui passe commodément sous silence la détestation de son pays & de ses ‘élites’ qu’éprouvait cette figure de l’exilé absolu.
Toibin est partie intégrante de cette industrie irlandaise de la récupération ‘écran’ qui occulte la théocratie retrograde et archaique qu’est devenue l’Irlande entre son indépendance politique (1922) et la fin des années 80. Ses plus grands auteurs ont fui un pays qui s’apparentait au tiers monde (Beckett, Brendan Behan, Edna O’Brien, John McGahern).
Allez vous promener du côté des notices bios concernant l’archevêque de Dublin John Charles McQuaid entre décembre 1940 et janvier 1972 & vous aurez une petite idée de l’horreur qu’était ce pays qui a couvert des milliers d’infanticides au nom d’une morale mortifère.
Rien de plus intéressant pour certains que le refoulement chez les autres.
Bien sûr dear Bloom. La mort de Klaus n’apparaît pas dans le journal de TM à cette date mais les lecteurs des années précédentes ne s’étonneront pas de l’absence du père à l’enterrement du fils. Golo, autre fils, est enterré dans le carré familial le plus loin possible de la tombe de son père, selon sa volonté.
Toibin, comme vous l’écrivez, est bien passé à côté de l’homme (Mann).
Fils de l’homme
https://jesus.catholique.fr/wp-content/uploads/sites/3/2013/08/L-incr%C3%A9dulit%C3%A9-de-saint-Thomas-Le-Caravage-1024×741.jpg
c’est un tableau que j’aime beaucoup, avec la fente du vêtement dans la lumière du côté droit, qui renvoie , dans l’obscurité,à la fente dans la chair!
Dear Phil, Golo était non seulement un Mann, mais aussi un Mensch (comme Klaus d’ailleurs).
Je songe, entre autres, à son combat des dernières années contre le révisonisme de Ersnt Nolte qui relativisait la destruction des Juifs d’Europe en invoquant la folie stalienne et les bombardements des villes allemandes…
C vrai ça fait deux lignes parallèles.
J’avais jamais vu ça.
Louis Ferdinand Céline
Je ne veux pas y retourner.
Je suis étonnée de n’avoir trouvé aucune référence à l’essai de Marguerite Yourcenar « Humanisme et Hermetisme chez Thomas Mann. Ce n’est pas une biographie mais elle arrive à dégager des traits de la personnalité de Mann à partir de ses écrits et romans.
Exilé volontaire plus qu’absolu.
Et, ce n’est pas la peine de mettre sur le dos d’un catholicisme intransigeant ce qui est le fruit absolu de la pauvreté et de la famine.
Relisez Swift pour les enfants à nourrir.
Et au Pérou c’était contenter les dieux ou bien réguler les naissances les sacrifices d’enfants au sommet de la cordillère des Andes ?
Si on observe encore les plus de ce vêtement sous la seconde ligne parallèle, il y a comme une conque, un coquillage des îles qui pourrait contenir le sang.
Ce qui me surprend dans cette toile du Caravage c’est la blancheur. De la chair du supplicié, de sa tunique.
encore les plis,
Fils de l’homme
c’est encore plus crade que villemin..à faire peur à choron dans sa tombe
Je discute avec mon médecin d’Hazebrouck. Je lui dis « quand même vous les hommes ce que vous êtes marqués ».
I’m’répond « non, on n’y était pas ».
(À la guerre).
J’lui rétorque « mais si vos parents ou vos grands -parents, c terrible ».
Après, on a parlé de l’acharnement. Il me dit que sans cela, c vrai, cela irait beaucoup mieux. »
Puis, j’lui ai demandé si je pouvais lui dire une vulgarité. M’a répondu oui.
Alors, j’lui ai parlé des femmes qui montent les hommes, qui les dominent, qui règnent. Et j’lui ai expliqué combien c’était difficile car l’homme rajeunit de vingt ans à soixante ans, qu’il est fringant tout mince. Et que pendant ce temps, sa femme, qui ménopause, a le cul plus large que la porte d’Aix.
Il a éclaté de rire.
Le contact y est. Sur ses 1300 patients, il sait qui je suis.
En tout cas, il a compris la violence que je subis.
caravage c’est pire que mann en noeud pap..du goudron et des plumes dans le desert et tu le finis au colt..qu’il danse mais pas trop longtemps..tant il fait honte au soleil qu’il dirait léon
à hazbrouc y soigne à la claque..c’est ça que je dirais au commissaire si qui me dit que j’ai rien tenté
Louis Ferdinand Céline
Je ne veux pas y retourner.
y fait des manières..2-3 claques et y désoule..et tayo vive la france qu’il dit le maréchadéogi
Ouais les beignes ont grande part dans le récit. C la méthode des macs.
Toibin, comme vous l’écrivez, est bien passé à côté de l’homme (Mann)
tsss tout ça pour montrer qut’es plus en hintimité qu’lui et que t’en fais pas des romans..en gros ça srait ça la démo..et ça thonore..si si..pas de fausse modestie..faut boire la coupe sacrénom
une victime qui fait des tunes..c’est lavnir qu’il disent a hazbrouc..jles connais ces marchands d’frites
Rien de plus intéressant pour certains que le refoulement chez les autres
toujours a éventer papa freud ce kabloom..mauvais fils épicétou
Enfin, c le grand pied cette lecture à cause de tout ce qu’il dit de vachement important.
Là, chui en train de penser que c’est y a plus de cent ans qu’il a écrit cela, chapeau l’écrivain.
Chui aussi en train de penser qu’avec mes grands zamours de Kessel Gary et Saint Ex.j’en ai pas autant appris sur les milieux interlopes des bas-fonds londoniens.
Toujours à planter a dix mille ces trois là ! Autre chose qu’être au ras du trottoir !
Mais, à la page 220, outre le fait que, quelle bande de copains ces mafieux !, je ne le trouve pas du tout antisémite ce Ferdinand et même tout a fait dans l’éloge avec Yugenbitz.
Peacock, c le paon.
La coupe c jusqu’à l’hallali.
Et, ce n’est pas la peine de mettre sur le dos d’un catholicisme intransigeant ce qui est le fruit absolu de la pauvreté et de la famine
le « fruit absolu »..ça sonne..c’est pas mal rosy
chapeau l’écrivain
à elvis les filles envoyait leur culotte..toujours à chipoteer rosy
Voilà, je l’ai retrouvée cette phrase :
« Plus que je bois moins moins que je me trompe en pressentiments…mais j’abuse pas. Je suis ainsi. »
Et c’est tout de cet acabit.
une industrie qui passe commodément sous silence la détestation de son pays & de ses ‘élites’ qu’éprouvait cette figure de l’exilé absolu
y’a qu’avait vnir à sigmaringueune..là daccord y srait absolu qu’il dirait lassouline
Elvis a mal fini le boug. J’ai vu son biopic. Triste à pleurer.
lagressivité sur la gnôle à ferdine..c’est ça qui subrepticment le fait pétainiss..pasque c’est lui..en désalcolisant la france il l’a acculturé..voilà le fond dma pensée rosy..tiens c’est ptête bien ça le sale secret à ferdine qu’a tourné en encre sur ses pages..mais chus pas dirfilou..j’arrive pas a sa chville
dans les biopics y savent pas quoi hinventer pour se rende hinteressant..kabloom sait bien que l’itlère se dore au brésil..aprés la samba..mais du papier on veut vende du papier qu’il dit polo
Les jeunes gens
En désalcoolisant la France, les français, le Pérou et les péruviens, jamais on n’acculture.
C bien le contraire qui se passe.
Et pareil pour les tapins.
Où on voit quand même l’énorme évolution en cent ans.
Quand il écrit encore
« […] mais je vais vous dire encore une bonne chose. J’aurais réfléchi moi, avant de commencer une guerre…et je me serai dit…voilà des gens qui baisent sûrement pas assez… »
Etc.
..bon rozy nos chmin se sépare..faut une chute
ol dze people giving m! orders..kik dze boss in the head..épicétou
https://www.youtube.com/watch?v=3EWW1nPQAGY
et je me serais dit
Kevin Spacey pas coupable, donc le voleur qui dans Heartburn aperçoit Meryl Streep dans le métro puis la braque a été accusé à tort par un acteur sans épaisseur.
Golo Mann a longtemps vécu en France ; il était lecteur d’allemand à l’Ecole Normale Superieure de Saint Cloud; j’ai eu en 1970 un prof d’allemand (un autre) qui avait été un de ses familiers.
P.atrick Dewaere
Patrick Dewaere était un de mes acteurs de cinéma préférés. Je savais qu’il s’était suicidé à 35 ans.
J’imaginais qu’une femme qu’il aimait l’avait quitté.
Or, à la télé, vendredi soir, une émission lui a été consacrée. J’ai commencé à comprendre ce que je ne comprenais pas.
J’ai eu l’idée ce matin de lire la notice Wikipédia relative à Patrck Dewaere.Cette lecture m’en a appris beaucoup plus encore que l’émission télé.
Quelle enfance ! Quel parcours sentimental ! Quel parcours cinéma ! Que de malheurs !
J’étais sensible à l’acteur. Je ne savais pas ce qu’il y avait derrière l’acteur. Je préfère ma vie à la sienne. Et je n’ai jamais eu envie de me suicider ni à 35ans ni dans toutes les années qui ont suivi.
je croirais aujourd’hui assez volontiers que tous les hommes ont un « secret »
Je préfère ma vie à la sienne
–
C’est certain. Rien ne vaut un tour de pâté de maison après l’oeuf au plat du mardi.
qut’es plus en hintimité
Ja wohl dear Bougreau, ne jamais sortir sans son Mann en sac, comme la Sévigné dans celui de la grand-mère Proust. Le décompte quotidien, implacable, du thé bu, cigares fumés, déjeuners avec Einstein, Roosevelt ou ses vieux (beaux parents), sa turbine à correspondance mondiale rédigée par sa femme, la lecture, « Lesung », à voix haute !
du nouveau paragraphe de l’œuvre en progress, une visite au dentiste marathon man, vous donne la vérité de l’homme plus sûrement que le pince fesse ancillaire pour buzz queer. Streicher déculotté pour recevoir Erika Mann dans sa cellule en savait plus que Toibin.
Thomas Mann est sur Facebook. Pour communiquer avec Thomas, inscrivez-vous sur Facebook dès maintenant.
Why Thomas Mann’s family had a Facebook mentality
https://www.dw.com/en/why-thomas-manns-family-had-a-facebook-mentality/a-18780414
It’s a common thing to keep a diary – but the Manns would make everything public, even very private and intimate aspects. This can be transposed in some way to our present Instagram and Facebook mentality. That’s how the magazine « Der Spiegel » portrayed them this week, surrounded by selfie sticks, just like we do nowadays – with the only difference that they made their artistic public appearances through literature.
« le secret exemplaire de la littérature, c’est qu’il y a une chance de tout dire,sans aucune censure, pour tenir la passion en haleine sans toucher à ce secret.
https://www.idixa.net/Pixa/pagixa-1703131018.html
H.James:
« « Si un écrivain eut affaire avec le secret, ce fut Henry James. Il a toute une évolution à cet égard, qui est comme la perfection de son art. Car le secret, il le cherche d’abord dans des contenus, même insignifiants, entrouverts, entraperçus. Puis il évoque la possibilité d’une forme infinie du secret qui n’aurait même plus besoin de contenu et qui aurait conquis l’imperceptible. Mais il n’évoque cette possibilité que pour poser la question : le secret est-il dans le contenu, ou bien dans la forme ? – et la réponse est déjà donnée : ni l’un ni l’autre. C’est que James fait partie de ces écrivains pris dans un devenir-femme irrésistible.
le lien excuses
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-chemins-de-la-philosophie/henry-james-l-art-du-secret-2773956
…dimanche 22 octobre 2022 à 2 h 07 min.
…
…çà va , se savoir,!…
…
…les femmes sont comme les hommes, en groupe et par curiosités,!…le viol collectif médical,!…( infirmières )
…des touchés » turgescent « , du pénis,!…
…çà à exister,!…
…une collège de chambre avec qui, je m’était pris d’amitié, dans notre chambre,d’hôpital!…
…à vu, et m’a dis, ce qu’elles ont fait sur moi,!…
…conclusions, l’occasion fait se faire la larron ,!…satisfaction,!,!…
… » etc,!.chanson » et les femmes aiment les cochons,!…
… et , pourtant je n’ n’n’avait rien ressenti,,!…, ce matin- la,!…
…
…les ,!…yeux d’une de mes voisines,!…
…ne pas s’en faire, une souris accouchée de la montagne,!…
…sérénité,!…avant tout,!…etc,!…
…et les moustaches , à côté du bikini,!…
…pourquoi, c’était pas rasées?,!…
…mystères et boules de gommes,!…Go,!…
…
Dimanche 23 octobre 2022
6h19
Et je n’ai jamais eu envie de me suicider ni à 35ans ni dans toutes les années qui ont suivi.
Patrice Charoulet
Que cela ne vous empêche pas e respecter autrui. Personne ne vous demande de chercher à comprendre.
Les hommes ont un secret ?
Les écrivains, on dirait.
Un gros malheur, un énorme non-dit.
Et les femmes ?
Les profs.d’allemand cotoyés étaient agrégés ; le meilleur que j’ai connu et qui m’a emmenée en voyage scolaire à Berlin en hiver était un type d’envergure un berlinois de l’est qui m’a montré le pont par lequel ils ont pénétré dans l’ouest après avoir abattu le mur et lui n’a pas osé franchir, le parc du château Sans-Souci qui abritait les premières amours ,(la cuisine de mes rêves à l’entresol au petit château 🏰), et la bibliothèque de Frédéric II. Et tout, check point Charlie, le musée communiste avec la bagnole des berlinois de l’est, l’île aux Musées, et l’église en ruines et rénovée « je ne veux pas y retourner ».
En France, il a épousé une gendarme métaphorique et a participé grandement à la réconciliation France Allemagne.
Renato
Tellement ravie qu’il ne soit pas coupable : si vous pouviez éclaircir la situation.
« Il y a plus de choses qui nous font peur que de choses qui nous menacent réellement, et nous souffrons souvent plus de nos peurs que de la réalité. »
Sénèque, Lettres à Lucilius
23.10 — 6.34
C’est que James fait partie de ces écrivains pris dans un devenir-femme irrésistible.
Et bien, je commence à peine à commencer à comprendre sur comment on peut désirer être dans notre monde à nous les femmes et à quitter ce monde atroce des hommes.
Moi, je, j’aurais préféré des hommes qui restent des hommes avec leurs qualités si particulières et qui changent les choses de l’intérieur de leur groupe sociétal.
Apparemment trop de boulot.
Certains le font pourtant. Je leur tire mon chapeau.
En lisant Londres, j’amorce cette compréhension. Comment les hommes leurs instincts basiques l’emportent sur la réflexion.
(Spacey : un jury a décidé ainsi, car d’après les reconstructions, il n’y a aucune preuve que le harcèlement a eu lieu.)
Lui n’a pas osé franchir ce soir là.
Pas osé lui demander pourquoi.
Plus tard, il a tellement franchi qu’il est venu vivre en France, Uwe.
J’imagine qu’il n’y a pas cru.
Aujourd’hui, j’ai fait un pot au feu. C’est pour ma prof de gym. À la fin de chaque cours, elle nous demande ce que l’on mange ce soir. Dernière fois, ai dit soupe de légumes : elle a demandé mais lesquels ? Il y avait navet carottes, pdt bout de céleri, chou, etc.
Elle était catastrophée ; ah l’odeur du navet et des carottes du pot au feu de sa mère qui envahissait la maison le dimanche.
Alors, j’ai fait un pot au feu.
Et hier soir, j’ai appris que mon tonton par alliance ne mangeait pas de légumes. Et surtout pas de navets, ni de poireaux ni de carottes. Un souvenir d’enfance où sa tante maraîchère l’obligeait à, etc.
Moi, je, je me pose la question de comment à, respectivement 81 et 87 ans, tu peux encore te trimballer des souvenirs d’enfance tellement traumatisants que tu as rayé les légumes de ta vie. Où les hommes.
renato dit: à
(Spacey : un jury a décidé ainsi, car d’après les reconstructions, il n’y a aucune preuve que le harcèlement a eu lieu.)
(Entre harcèlement et acharnement, il y a un pas. À la Poste il y avait harcèlement moral. Quand tu as la cadre de santé qui te sautes dessus le vendredi matin à 9 heures pour t’arracher le pilulier du mardi matin, que tu lui reprends, il y a a acharnement devant ma mère qui a tout vu.
Entre dormir sans pyjama et le pilulier arraché, je vais faire une déposition à la gendarmerie sans porter plainte pck une curatrice est sous l’autorité d’un juge des tutelles qui la protégera forcément sauf que, lorsque sa violence sera avérée, on dira, y a eu un antécédent. Je suis l’antécédent. Ceci dit, j’ai coupé les ponts. Cela s’est passé avec une immense brutalité dont je ne suis pas fière ; mais c’est parti des récits de mon tonton.
Ceci dit, je suis stupéfaite de comment, lorsque tu es toi-même dangereuse, tu t’évertues à faire passer l’autre pour dangereuse : c’est mon toubib qui m’a dit « mais quelle violence ! »
Maintenant, j’ai tout lâché, mais pas encore compris l’histoire de Kévin Spacey, parce que pas suffisamment de preuves).
Lu jusqu’à analyse du travail d’acteur.
« réservé, pur, honnête, droit… et entier » tout est dit.
2 moments.
Elizabeth Bishop, Invitation To Miss Marianne Moore
From Brooklyn, over the Brooklyn Bridge, on this fine morning,
please come flying.
In a cloud of fiery pale chemicals,
please come flying,
to the rapid rolling of thousands of small blue drums
descending out of the mackerel sky
over the glittering grandstand of harbor-water,
please come flying.
Whistles, pennants and smoke are blowing. The ships
are signaling cordially with multitudes of flags
rising and falling like birds all over the harbor.
Enter: two rivers, gracefully bearing
countless little pellucid jellies
in cut-glass epergnes dragging with silver chains.
The flight is safe; the weather is all arranged.
The waves are running in verses this fine morning.
Please come flying.
Come with the pointed toe of each black shoe
trailing a sapphire highlight,
with a black capeful of butterfly wings and bon-mots,
with heaven knows how many angels all riding
on the broad black brim of your hat,
please come flying.
Bearing a musical inaudible abacus,
a slight censorious frown, and blue ribbons,
please come flying.
Facts and skyscrapers glint in the tide; Manhattan
is all awash with morals this fine morning,
so please come flying.
Mounting the sky with natural heroism,
above the accidents, above the malignant movies,
the taxicabs and injustices at large,
while horns are resounding in your beautiful ears
that simultaneously listen to
a soft uninvented music, fit for the musk deer,
please come flying.
For whom the grim museums will behave
like courteous male bower-birds,
for whom the agreeable lions lie in wait
on the steps of the Public Library,
eager to rise and follow through the doors
up into the reading rooms,
please come flying.
We can sit down and weep; we can go shopping,
or play at a game of constantly being wrong
with a priceless set of vocabularies,
or we can bravely deplore, but please
please come flying.
With dynasties of negative constructions
darkening and dying around you,
with grammar that suddenly turns and shines
like flocks of sandpipers flying,
please come flying.
Come like a light in the white mackerel sky,
come like a daytime comet
with a long unnebulous train of words,
from Brooklyn, over the Brooklyn Bridge, on this fine morning,
please come flying.
*
Visiting Elizabeth Bishop’s Maine
https://lareviewofbooks.org/article/visiting-elizabeth-bishops-maine/
Lu dans le billet :
« Dépourvu de culture politique, Mann n’y entendait rien au fond et manquait de sens politique. »
Il fut pourtant poussé dans ce qui ressemble à une campagne à l’américaine.
C’était un peu le deal ,non écrit, passé avec ses généreuses patronnes. Faut bien vivre.
Un homme d »honneurs » plus que d’honneur.
@ Moi, je, j’aurais préféré des hommes qui restent des hommes avec leurs qualités si particulières et qui changent les choses de l’intérieur de leur groupe sociétal.
——
Comme ne voisj aucune ‘qualité particulière’ chez ces gens-là, préfèrej qu’ils deviennent tous comme des femmes « féminines », tanka croire à un « groupe sociétal » plutôt qu’à groupe biologique distinct. Il resterait anéfé assez de femmes « hommasses » pour remplacer leurs prétendues « qualités » ou leurs vilains « défauts » de domination générale qui ne pourraient jamais être plus pires, DTF.
(nb . pmp et rptv le dimanche ; je sais suisjm petre bin trop en avance sur mon temps, et voi trop bin que la distance s’accentue avec celles qui ont trop de nostalgie mythique en regard bienveillant en arrière, hélas.
Célavi…, apprendre à se mécomprendre, et bientôt l’amore qui n’exigera plus aucun apprentissage. Si ce livre de victorugo pouvait me rapprocher de toi. Bàv les Fouchtras,
23 X 22, 9.49 –
@L »fils de l’homme »(langoncet)
la magie de la traduction techno médicale:
Voici donc Hans Castorp reçu dans cette équivoque communauté médico-religieuse où l’un des termes ne cesse de renvoyer à l’autre, de façon ambiguë et indécidable. Cela tombe bien, puisque lui-même aurait pu – aurait voulu – être médecin ou éventuellement prêtre plutôt qu’ingénieur : « Le corps humain, j’ai toujours eu beaucoup de sens pour cela. Je me suis même quelquefois demandé si je n’aurais pas dû devenir médecin – à certains égards je crois que cela ne m’aurait pas mal convenu. Car quiconque s’intéresse au corps, s’intéresse aussi à la maladie, surtout à elle – n’est-il pas vrai ? D’ailleurs, cela ne prouve pas grand-chose, j’aurais pu également embrasser d’autres professions. Par exemple j’aurais pu me faire ecclésiastique8 ». Rien d’étonnant dans ces conditions si à peine après avoir prononcé ses vœux de tuberculeux, le jeune novice se met d’une part à dévorer tous les livres de médecine disponibles chez les divinités principales du sanatorium (les docteurs Behrens et Krokovski), et si d’autre part il se voue à la compassion et à la charité, ce qui revient en l’occurrence à rendre visite à tous les habitants du sanatorium qui sont sur le point de mourir ou à leurs parents lorsque ses correligionaires sont déjà morts. »
Indécis, indécidable (Thomas Mann)
p. 123-130
TEXTE NOTES
TEXTE INTÉGRAL
1« Seigneur, je vois » : tel est le titre d’un chapitre décisif de La Montagne magique où Hans Castorp, jusque-là simple visiteur au sanatorium de Davos, découvre le résultat positif (c’est-à-dire négatif pour le profane) de la radiographie de ses poumons. Il voit enfin les anormales ombres et taches qui le font basculer définitivement et en toute légitimité du côté des permanents ou des initiés du sanatorium, et plus encore, il s’y découvre en spectre, grâce à la magie de la radiologie. Révélation, fin de la première partie du récit : ainsi s’achève ce qui aura été un long noviciat, dont on suit les progrès ou, selon la perspective adoptée, les ravages, puisque tout porte à croire que Castorp s’abandonne à la maladie comme on cèderait à une passion (d’ailleurs, en cédant à la maladie, c’est bien en même temps à sa passion pour la séduisante Clawdia Chauchat qu’il cède). L’histoire de Hans Castorp, c’est dans un premier temps l’histoire d’un ramollissement, d’un laisser-aller, qui n’est pas sans analogie avec d’autres ramollissements étudiés ci-dessus, à ceci près que Castorp ne devient pas poitrinaire parce qu’il cède à un Faujas ou aux doux chants des sirènes des curés romains. Il serait plutôt saisi par une forme de religiosité parce qu’il contracte la tuberculose. Ce n’est plus la religion qui apparaît comme une maladie, mais la maladie qui apparaît comme une religion et une fois de plus, comme c’était déjà le cas chez Argan, il suffit effectivement d’un peu de croyance pour que l’hypocondriaque tombe vraiment malade ou du moins pour qu’il se découvre, dans le cas de Castorp, une petite humidité pulmonaire médicalement correcte qui va enfin donner un sens à sa vie.
1 La Montagne magique, Paris, Fayard, 1931, éd. Le Livre de Poche (2003), p. 224.
2Révélation, moment de grâce. La maladie, comme Dieu, sait parfois reconnaître les siens. Castorp aura en tout cas tout fait pour mériter sa tuberculose. D’emblée, c’est-à-dire bien avant d’être reconnu officiellement malade, il s’est comporté en patient modèle, il y a mis de l’application, beaucoup de croyance, beaucoup d’hypocondrie. Il est même plus scrupuleux que son cousin Joachim à qui il venait en principe simplement rendre visite et que les médecins considèrent comme un patient malheureusement réfractaire à la maladie (allez vous étonner avec cela s’il finit par mourir). « Seigneur, je vois » : tout est en place pour la récompense à tant de dévotion, pour la grâce divine. Castorp peut prononcer ses vœux la conscience tranquille, il a prouvé qu’il était de bonne foi : « Vous prenez régulièrement votre température ? – Oui, six fois par jour, exactement comme vous tous. Ha, ha, excusez-moi, je ris encore de ce que vous ayez appelé « réfectoire » notre salle à manger. C’est ainsi que l’on dit au couvent, n’est-ce pas ? En effet, cela tient un peu du couvent, ici. Il est vrai que je n’y ai jamais été, mais je me le représente ainsi… Je connais déjà par cœur la « règle » et je l’observe très exactement. – Comme un frère pieux. On peut dire que vous avez terminé votre noviciat, vous avez prononcé des vœux1 ».
2 Ibid., p. 68. Le terme qui permet ici comme dans le chapitre « Seigneur, je vois » de glisser de la (…)
3 Entre les deux récits, les points communs sont nombreux : comme Aschenbach, Castorp, se laisse all (…)
4 Surtout lorsque c’est Clawdia Chauchat qui ne prend pas sa maladie au sérieux, mais il est vrai qu (…)
5 Notamment Settembrini qui enjoint plusieurs fois à Castorp de se reprendre et de s’en aller plutôt (…)
3L’entrée en tuberculose s’apparente à une entrée dans les ordres, ou plus exactement à une entrée dans un ordre qui est sacré – magique – non seulement parce que la montagne magique et son sanatorium ont quelque chose d’ensorcelant (on pourrait dire dans cette perspective que Castorp est la victime d’un envoûtement médical comme d’autres sont victimes de sectes ou de prêtres diaboliques), mais également parce que c’est en fin de compte celui de la mort. Settembrini, le philosophe, l’homme des Lumières, le dit – ironiquement en ce qui le concerne, mais il n’est pas sûr que Castorp reprendra cette ironie à son compte – dès sa première rencontre avec le jeune homme encore « de passage » : « Sapristi, vous n’êtes donc pas des nôtres ? Vous êtes bien portant, vous n’êtes que de passage ici, comme Ulysse au royaume des Ombres ? Quelle audace de descendre dans ces profondeurs où habitent des morts, irréels et privés de sens2 ! » Dans cette perspective, la tuberculose n’est que le vecteur de la mort, le moyen de l’initiation, comme l’est Venise pour Gustav Aschenbach : la mort à venir promise par la tuberculose et visualisée grâce à l’illustre Roentgen vaut la mort à Venise3. Dans cette perspective, la tuberculose ne signifie presque rien d’autre que le détachement de celui qu’elle affecte du monde profane et son exclusif repli sur une réalité purement corporelle, suspendue désormais à la progression de taches pulmonaires. Celle de Castorp reste d’ailleurs assez bénigne pour qu’elle ne soit pas toujours prise au sérieux par certains des autres pensionnaires, ce qui est presque vexant pour lui4, et pour que d’autres réprouvent non seulement la décision du jeune homme de s’installer au sanatorium mais plus encore le plaisir avec lequel il le fait5.
6 La Montagne magique, op. cit., p. 252.
7 Selon les termes utilisés par Behrens lui-même, le médecin-conseiller : « Spectral, hein ? Oui, il (…)
4Ce qui frappe également dans ce chapitre-clé de La Montagne magique, c’est que la confirmation radiographique de la tuberculose est comme escamotée derrière la fascination de Castorp pour la radiologie en tant que telle, c’est-à-dire pour la possibilité de se voir sous la forme d’un spectre, de se contempler dans sa propre tombe : « Et Hans Castorp vit ce qu’il avait dû s’attendre à voir, mais ce qui, en somme, n’est pas fait pour être vu par l’homme, et ce qu’il n’avait jamais pensé qu’il fût appelé à voir ; il regarda dans sa propre tombe. Cette future besogne de la décomposition, il la vit, préfigurée par la force de la lumière, la chaire dans laquelle il vivait, décomposée, anéantie, dissoute en un brouillard inexistant et, au milieu de cela, le squelette, fignolé avec soin, de sa main droite […]6 ». Castorp se rend dans le cabinet de radiologie pour savoir s’il est atteint de tuberculose, mais la révélation, le « seigneur, je vois », c’est la vision de sa main devenue squelette, c’est la vision spectrale, fantomatique de lui-même à laquelle le confronte l’examen radiologique7. Pour peu, il en oublierait sa tuberculose, qui passe en tout cas au second plan, tant elle va déjà de soi après les semaines d’exercices spirituels du novice. On imagine quelle serait sa déception si l’examen montrait qu’il n’avait pas de taches humides : ce serait comme si le bon Dieu refusait de l’accueillir parmi les siens, comme s’il était rejeté dans un monde profane, exclu des initiés à la mort à venir, privé jusqu’à nouvel avis de radiographie et de peep-show spectral. En somme, c’est la radiologie qui est divine, ou du moins magique, et la tuberculose qui est la voie d’accès royale au divin, comme le rêve l’est pour l’inconscient.
8 Ibid., p. 302.
9 Ibid., p. 336.
5Voici donc Hans Castorp reçu dans cette équivoque communauté médico-religieuse où l’un des termes ne cesse de renvoyer à l’autre, de façon ambiguë et indécidable. Cela tombe bien, puisque lui-même aurait pu – aurait voulu – être médecin ou éventuellement prêtre plutôt qu’ingénieur : « Le corps humain, j’ai toujours eu beaucoup de sens pour cela. Je me suis même quelquefois demandé si je n’aurais pas dû devenir médecin – à certains égards je crois que cela ne m’aurait pas mal convenu. Car quiconque s’intéresse au corps, s’intéresse aussi à la maladie, surtout à elle – n’est-il pas vrai ? D’ailleurs, cela ne prouve pas grand-chose, j’aurais pu également embrasser d’autres professions. Par exemple j’aurais pu me faire ecclésiastique8 ». Rien d’étonnant dans ces conditions si à peine après avoir prononcé ses vœux de tuberculeux, le jeune novice se met d’une part à dévorer tous les livres de médecine disponibles chez les divinités principales du sanatorium (les docteurs Behrens et Krokovski), et si d’autre part il se voue à la compassion et à la charité, ce qui revient en l’occurrence à rendre visite à tous les habitants du sanatorium qui sont sur le point de mourir ou à leurs parents lorsque ses correligionaires sont déjà morts. C’est en quelque sorte la phase « Philomène/Barnier » de Castorp, plutôt déplacée dans un tel lieu : « Puis, d’une voix décemment assourdie, il engagea une conversation avec la veuve du « gentleman rider », s’informa du martyre de son époux, de ses derniers jours et de ses derniers instants, du transport du corps en Carinthie qui devait avoir lieu, par des questions qui témoignaient de sa sympathie et de son initiation mimédicale, mi-spirituelle et morale, à ces matières. La veuve, s’exprimant en son langage autrichien traînant et nasillard, tout en poussant par instant des sanglots, trouva surprenant que des jeunes gens fussent disposés à s’intéresser ainsi à la douleur d’autrui9 ».
10 Ibid., p. 114-115.
6La charité de Castorp, qui ne durera d’ailleurs pas, étonne ou provoque un léger embarras chez certains. Mais le seul à réagir vraiment négativement est Settembrini : il soupçonne Castorp de pratiquer la charité pour se donner bonne conscience, c’est-à-dire pour justifier son laisser-aller, sa passion. Ce n’est pas étonnant, puisque bien avant l’entrée dans les ordres de Castorp, le philosophe avait tenté de le dégoûter des charmes magiques de la maladie et même de faire en sorte qu’il la prenne en horreur : « Eh bien, non ! La maladie n’est aucunement noble, ni digne de respect, cette conception est elle-même morbide, ou ne peut que conduire à la maladie. Peut-être éveillerai-je le plus sûrement votre horreur contre elle, en vous disant qu’elle est vieille et laide. Elle remonte à des temps accablés de superstition où l’idée de l’humain était dégénérée et privée de toute dignité, à des termes angoissés auxquels l’harmonie et le bien-être paraissaient suspects et diaboliques tandis que l’infirmité équivalait à une lettre de franchise pour le ciel. Mais la raison et le Siècle des Lumières ont dissipé ces ombres qui pesaient sur l’âme de l’humanité – pas complètement : la lutte dure aujourd’hui encore10. » Settembrini est l’ami des Lumières et l’ennemi des ombres qui attirent les ombres (comme la croyance à la maladie attire la maladie). On rappellera également que pour le compte d’une très laïque Ligue pour l’organisation du Progrès, il est le maître d’œuvre d’une encyclopédique Sociologie de la Souffrance, dont le but est bien évidemment de faire disparaître la souffrance de l’horizon de l’humanité : plus de lumière, plus de connaissance, plus de conscience, et du même coup moins d’inconscience, moins de passivité et moins de passion, tel serait le programme du réformateur que personne au moins n’ira soupçonner d’hypocondrie.
11 Au credo progressiste de Settembrini d’une humanité débarrassée sinon de la souffrance du moins du (…)
7On sait que c’est une des grandes questions qui traverse La Montagne magique : Castorp basculera-t-il du côté de Settembrini ou du côté du redoutable Naphta, l’intégriste catholique, ennemi de toute forme de progrès et d’humanisme ? Tout se passe comme si les innombrables débats entre les deux « intellectuels » avaient pour but implicite d’attirer le jeune homme dans un camp ou l’autre11. C’est donc bien un remake des affrontements chers à un Michelet ou à un Zola entre prêtres et médecins qui se rejoue autour de Castorp, à l’inversion près des termes du débat : Thomas Mann ne demande plus si la religion est une maladie, mais si la maladie est digne d’être une religion, s’il faut y croire. Et comme il s’agit précisément d’un remake dans lequel Settembrini et Naphta ne font en somme que jouer leur rôle, en marionnettes mi-savantes mi-bouffonnes tout droit sorties du XIXe siècle, il est assez rapidement prévisible qu’il n’y aura pas de conclusion à un tel débat. Castorp restera là où il est, il ne se rangera ni d’un côté ni de l’autre, même s’il éprouve moins d’affection pour Naphta que pour Settembrini, qui le lui rend trop bien pour être au-dessus de tout soupçon homoérotique. Ni le suicide de Naphta, ni le départ de Castorp lorsqu’éclate la guerre ne constituent dans cette perspective une résolution qui va vraiment dans le sens de ce que pourrait souhaiter Settembrini. Après tout, Castorp ne rejoint le monde profane et les vivants que pour mourir – peut-être – au champ d’honneur. On ne sort pas de la mort par des moyens de mort. Castorp est le personnage le plus bovaryen de Thomas Mann.
12 Le résumé succinct de la conférence se présente de la manière suivante : « Le symptôme de maladie (…)
13 Ibid., p. 698-699.
8Non, les anciens débats n’ont plus vraiment cours sur la montagne magique, qui doit précisément sa magie au fait qu’elle déjoue les vieux partages, qu’elle représente un « entre-deux », un indécidable mélange médico-religieux, laïque-ecclésiastique. Nietzsche et surtout Freud sont passés par là pour siffler la fin de la partie. La dimension freudienne de La Montagne magique est d’ailleurs tellement explicite qu’on pourrait se demander si du même coup la problématique médico-religieuse telle qu’on la développe ici n’est pas elle aussi périmée, disqualifiée ou du moins privée d’enjeu. Il y a certes une dimension religieuse dans la tuberculose telle que la vit Castorp, mais l’essentiel n’est-il pas dans sa dimension érotique, théorisée par le docteur Krokovski lors d’une de ses conférences12 ? Castorp lui-même ne finira-t-il pas par confier au nouvel amant de Clawdia Chauchat, Peeperkorn, la vérité amoureuse de sa maladie : « C’est pour l’amour d’elle et en défiant Settembrini que je me suis soumis au principe de la déraison, au principe génial de la maladie auquel j’étais, il est vrai, assujetti depuis toujours, et je suis demeuré ici, je ne sais plus exactement depuis quand. Car j’ai tout oublié, et rompu avec tout, avec mes parents et ma profession en pays plat et avec toutes mes espérances. Et lorsque Clawdia est partie, je l’ai attendue, je n’ai cessé de l’attendre ici, de sorte que je suis définitivement perdu pour le pays plat et qu’aux yeux de ses habitants je suis autant dire mort13 ». L’aveu, un des seuls moments véritablement bouleversants du roman, est d’une infinie tristesse et surtout sans illusions. Il conduit à privilégier la piste « freudienne » : La Montagne magique serait l’histoire d’une passion malheureuse, d’un symptôme. Ce qui est parfois décrit, notamment à propos de Krokovski et de son petit business, comme une « dissection d’âmes », semble prendre ainsi définitivement le pas sur la radiologie et les charmes de l’auto-contemplation spectrale. « Seigneur, je vois » : en fin de compte il n’est pas sûr qu’il y avait quelque chose à voir, et encore moins quelque chose à croire.
14 Sous le signe de l’indécidable ou de l’équivoque, on pourrait évoquer notamment : les rapports amb (…)
15 Ibid., p. 770.
9Mais ce n’est pas tout. Ce n’est jamais tout chez le Thomas Mann de La Montagne magique, qui écrit un roman à thèses en donnant l’impression de ne croire à aucune d’entre elles, comme s’il était une sorte de Goethe post-modernisé, passé maître dans l’art du rebondissement équivoque ou indécidable14. Au chapitre intitulé « Seigneur, je vois » répond en effet, presque à la fin du roman, un autre chapitre, intitulé significativement « Doutes suprêmes », au cours duquel un certain nombre de pensionnaires basculent, sous la conduite du ci-devant psychanalyste Krokovski, dans la parapsychologie et des séances de spiritisme avec un médium – une jeune pensionnaire nordique à souhait – capable d’à peu près tout, y compris de dialoguer avec les morts et de les faire revenir. Castorp, encouragé par l’inévitable Settembrini, commence par résister à ces expériences inconcevables pour la raison : il ne saurait s’agir que de mystifications. Mais une fois de plus, il va céder et se décider à assister à une séance. On pourrait presque dire dans cette perspective que ce chapitre répète l’ensemble du scénario de La Montagne magique sous une forme accélérée. Castorp cède une fois de plus à la magie et à la « déraison » (pour reprendre le terme qu’il utilise lui-même dans l’aveu à Peeperkorn). Ou encore à l’obscurité si ce n’est à l’obscurantisme, puisque spiritisme et Cie sont incompatibles non seulement avec la raison mais aussi avec trop de lumière. Il fait d’ailleurs lui-même le rapprochement avec l’obscurité qui régnait dans la salle de radioscopie au moment de son « initiation » : « L’obscurité faisait du bien. Elle atténuait l’étrangeté de la situation dans son ensemble. Au surplus, pour justifier l’obscurité, il se rappela celle où l’on s’était pieusement concentré dans la salle de radioscopie, et dans laquelle on avait baigné ses yeux de jour, avant de « voir »15.
16 Ibid., p. 779.
10Retour de la piété et de la voyance, via Krokovski l’ex-psychanalyste. Mais même dans un roman de Thomas Mann, l’histoire ne repasse pas les plats. La séance de spiritisme, au cours de laquelle les participants décident de faire « revenir » Joachim, le cousin décédé de Castorp, tourne mal, ou court. Tout semblait pourtant bien se passer. La jeune Elly aux talents médiumniques précoces fait honnêtement son travail, elle gémit, tremble, ahane et chauffe tant qu’elle peut. Il est décidément temps pour feu Joachim de faire une apparition assez irréfutable pour que même Castorp ne puisse plus douter. Son cousin est là, avec les cavités pleines d’ombre de ses pommettes, sa barbe et sa souffrance des derniers jours, et il regarde Castorp, il ne regarde que Castorp, comme s’il attendait de sa part un appel pour revivre, pour se mettre lui-même à parler. Krokovski exhorte Castorp à s’adresser à son cousin, mais Castorp refuse de le faire. Il a dans la bouche un goût amer, détourne son regard du revenant, implore à voix basse son pardon et, plein de colère ou de peur, interrompt la séance en rallumant la lumière : « De nouveau le docteur Krokovski prononça son nom, cette fois, sur le ton de sévère admonestation. Mais Hans Castorp, en quelques pas, avait gagné la porte d’entrée et, d’un geste bref, il tourna le commutateur et donna de la lumière blanche. Elly Brand sursauta sous un choc violent. Elle se débattit dans les bras d’Hermine Kleefeld. Le fauteuil, là-bas, était vide. Hans Castorp marcha vers Krokovski qui protestait, debout. Il voulut parler, mais aucune parole ne s’échappa de ses lèvres. Avec un brusque mouvement de tête, il tendit la main. Lorsqu’il eut reçu la clef, il adressa au docteur plusieurs signes de tête menaçants, fit demi-tour et sortit de la pièce16 ».
11Tout avait commencé avec un magique « seigneur, je vois », et tout se termine par le refus de Castorp de continuer de voir, par la rupture du charme – il suffit pour cela de « donner » de la lumière blanche, qui dissipe les ombres, les revenants aussi bien que l’inconscient. Mais quelle conclusion tirer d’une telle scène, presque la dernière racontée dans le roman ? S’il s’agissait d’une conclusion, d’une décision, d’une rupture avec la magie et la croyance, Castorp s’en irait et ne passerait pas de nombreuses années supplémentaires au sanatorium. Le fait est qu’on ne sait absolument pas pourquoi Castorp réagit ainsi pendant la séance de spiritisme. Est-il en colère, a-t-il eu peur ? Est-il convaincu ? Refuse-t-il l’irréfutable ? Absolument rien ne permet d’interpréter cette scène, qui reste équivoque. Le « doute suprême », c’est peut-être celui de Castorp, mais c’est assurément aussi ce qui revient au lecteur. On pourrait même dire que ce doute suprême est la seule certitude qui lui reste au bout des quelques huit cents pages de traversée du médico-magique dans les Alpes suisses. Seigneur, je vois ; seigneur, je refuse de voir : c’est cela qui reste indécidable.
NOTES
1 La Montagne magique, Paris, Fayard, 1931, éd. Le Livre de Poche (2003), p. 224.
2 Ibid., p. 68. Le terme qui permet ici comme dans le chapitre « Seigneur, je vois » de glisser de la tuberculose à la mort, c’est celui d’ombre. La montagne est magique parce qu’elle permet de voir des ombres. Elle est habitée par des morts-vivants qui ne sont que des ombres, et comme l’explique le docteur Behrens au moment de la séance de rayons x, les « taches » qui sur les radiographies signalent la présence de la tuberculose sont en fait des ombres.
3 Entre les deux récits, les points communs sont nombreux : comme Aschenbach, Castorp, se laisse aller, « reste » plutôt que de s’arracher à une passion (à une maladie) au demeurant à peine moins homoérotique que celle qui est au centre de La Mort à Venise. La passion éprouvée pour Clawdia Chauchat trouve en effet explicitement ses racines dans celle éprouvée autrefois pour un camarade d’école. Et dans les deux récits, la maladie est le prix à payer pour « vivre » une passion invivable en tant que telle, elle est le symptôme de quelque chose qui reste inavouable, conformément à la théorie freudienne que Thomas Mann connaît parfaitement, au point d’ailleurs de la faire exposer par un des deux médecins de La Montagne magique (le docteur Krokovski). La Montagne magique, ce serait en somme La Mort à Venise augmentée d’un étage médico-religieux, ainsi que de quelques autres d’ailleurs, mais qui nous intéresseront moins ici.
4 Surtout lorsque c’est Clawdia Chauchat qui ne prend pas sa maladie au sérieux, mais il est vrai qu’elle ne prend pas non plus sa passion au sérieux, alors que c’est sans doute là la principale raison pour laquelle la chute de Castorp dans la maladie s’impose.
5 Notamment Settembrini qui enjoint plusieurs fois à Castorp de se reprendre et de s’en aller plutôt que de se complaire dans une maladie qui reste selon lui largement imaginaire, c’est-à-dire l’effet combiné d’un désir et d’une croyance (ce n’est pas une coïncidence non plus si au moment de la « nuit de Walpurgis » au cours de laquelle aura lieu la seule rencontre – ambiguë – entre Clawdia Chauchat et Castorp, il cherche jusqu’au dernier moment à éviter que cette rencontre ait lieu). En contrepoint on relèvera le rapport presque honteux de Settembrini à sa propre tuberculose (beaucoup plus grave). Pour l’Aufklärer, il n’y a aucun « seigneur, je vois », aucun éclaircissement, aucune aura à attendre de la maladie.
6 La Montagne magique, op. cit., p. 252.
7 Selon les termes utilisés par Behrens lui-même, le médecin-conseiller : « Spectral, hein ? Oui, il y a incontestablement quelque chose de fantomatique là-dedans » (ibid.).
8 Ibid., p. 302.
9 Ibid., p. 336.
10 Ibid., p. 114-115.
11 Au credo progressiste de Settembrini d’une humanité débarrassée sinon de la souffrance du moins du prestige de la souffrance répond, quelques centaines de pages plus loin, celui, inverse, de Naphta, qui fait de la maladie le propre de l’homme : « La maladie est parfaitement humaine, reprit aussitôt Naphta, car être homme, c’est être malade. En effet, l’homme est essentiellement malade, c’est le fait qu’il était malade qui justement faisait de lui un homme, et quiconque voulait le guérir, l’entraîner à faire la paix avec la nature, « à retourner à la nature » (alors qu’en réalité il n’avait jamais été naturel), tout ce qui s’exhibait aujourd’hui en fait de prophètes régénérateurs, végétariens, naturistes, nudistes et ainsi de suite, toute espèce de Rousseau par conséquent ne cherchait pas autre chose que de le déshumaniser et de le rapprocher de l’animal » (Ibid, p. 529).
12 Le résumé succinct de la conférence se présente de la manière suivante : « Le symptôme de maladie était une activité amoureuse déguisée et toute maladie était de l’amour métamorphosé » (Ibid., p. 148).
13 Ibid., p. 698-699.
14 Sous le signe de l’indécidable ou de l’équivoque, on pourrait évoquer notamment : les rapports ambigus entre Castorp et son cousin, ou entre Castorp et Settembrini ; bien entendu ceux entre Castorp et Clawdia (ont-ils passé une nuit ensemble, et qu’ont-ils fait au cours de cette nuit, la plus courte de l’année ?) ; le suicide énigmatique de Naphta lors du « duel » avec Settembrini (celui-ci refusant de se battre) ; la fin du roman (Castorp va-t-il mourir à la guerre ou non ?) ; et enfin, centralement, emblématiquement, le caractère indécidable de la tuberculose même de Castorp, qui n’est peut-être pas vraiment malade – jamais, en tout cas, son état ne semble empirer.
15 Ibid., p. 770.
16 Ibid., p. 779.
© Presses universitaires du Septentrion, 2007
Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540
Main dans la main, variations sur la charité (les Goncourt, Léon Daudet, Albe…
Impressions du Gondar (Leiris)
https://books.openedition.org/septentrion/13879?lang=fr
L’énigme du malaise vagal
On peut, c’est mon cas, avoir un malaise vagal et
Ne jamais fumer, ne jamais boire d’alcool, avoir une analyse de sang annuelle parfaite, un éléctrocardiogramme parfait, des radios parfaites, ne pas avoir un gramme de trop, dormir huit heures par nuit sans insomnies et sans sommifères, des menus diététiquement étudiés, ne pas avoir d’hypertension, n’être jamais malade, n’être ni anxieux ni angoissé, marcher une heure par jour, être parfaitement heureux…
Dans mon gros Larousse médical, de 1200 pages, où certains articles font une page et demie, voici
l’article « vagal » :
« Une syncole vagale est une brève perte de connaissance provoquée par une trop grande activité
des nerfs pneumogastriques. » Point final. Que ceux qui ont compris m’écrivent.
Aux urgences, après une conclusion de « malaise vagal » il m’a été conseillé par écrit de boire un litre et demi d’eau par jour, pour éviter la désydratation.
Or , je bois un litre et demi d’eau par jour avec application depuis des années.
@ »Un livre a été publié il y a pas mal d’années aux Etats unis et il donnait des extraits des procès-verbaux des flics qui surveillaient les allées et venues de ces exilés allemands. » Edel
« Communazis: FBI Surveillance of German Emigré Writers, is published by Yale University Press »
https://www.theguardian.com/culture/2000/sep/22/artsfeatures.history
« The portion of Mann’s career in the US which most alarmed the watchers was an attempt to form a German exile organisation in America, with Mann as its leader and figurehead. In 1943, the office of strategic services (the forerunner of the CIA) tried to frustrate such a move. « Thomas Mann is extremely important and useful for any group which might be needed later, » the OSS recorded, and managed to convey their views to the novelist, who duly backed away from the plan. Mann was in a category of his own. He seems to have been too major a figure to be placed under routine surveillance of the kind to which both his brother Heinrich and his son Klaus – as well as Feuchtwanger and Brecht – were subjected. »
@ »le fils de l’homme »
la magie de la traduction médicale »
Indécis, indécidable (Thomas Mann)
p. 123-130
TEXTE NOTES
TEXTE INTÉGRAL
1« Seigneur, je vois » : tel est le titre d’un chapitre décisif de La Montagne magique où Hans Castorp, jusque-là simple visiteur au sanatorium de Davos, découvre le résultat positif (c’est-à-dire négatif pour le profane) de la radiographie de ses poumons. Il voit enfin les anormales ombres et taches qui le font basculer définitivement et en toute légitimité du côté des permanents ou des initiés du sanatorium, et plus encore, il s’y découvre en spectre, grâce à la magie de la radiologie. Révélation, fin de la première partie du récit : ainsi s’achève ce qui aura été un long noviciat, dont on suit les progrès ou, selon la perspective adoptée, les ravages, puisque tout porte à croire que Castorp s’abandonne à la maladie comme on cèderait à une passion (d’ailleurs, en cédant à la maladie, c’est bien en même temps à sa passion pour la séduisante Clawdia Chauchat qu’il cède). L’histoire de Hans Castorp, c’est dans un premier temps l’histoire d’un ramollissement, d’un laisser-aller, qui n’est pas sans analogie avec d’autres ramollissements étudiés ci-dessus, à ceci près que Castorp ne devient pas poitrinaire parce qu’il cède à un Faujas ou aux doux chants des sirènes des curés romains. Il serait plutôt saisi par une forme de religiosité parce qu’il contracte la tuberculose. Ce n’est plus la religion qui apparaît comme une maladie, mais la maladie qui apparaît comme une religion et une fois de plus, comme c’était déjà le cas chez Argan, il suffit effectivement d’un peu de croyance pour que l’hypocondriaque tombe vraiment malade ou du moins pour qu’il se découvre, dans le cas de Castorp, une petite humidité pulmonaire médicalement correcte qui va enfin donner un sens à sa vie.
1 La Montagne magique, Paris, Fayard, 1931, éd. Le Livre de Poche (2003), p. 224.
2Révélation, moment de grâce. La maladie, comme Dieu, sait parfois reconnaître les siens. Castorp aura en tout cas tout fait pour mériter sa tuberculose. D’emblée, c’est-à-dire bien avant d’être reconnu officiellement malade, il s’est comporté en patient modèle, il y a mis de l’application, beaucoup de croyance, beaucoup d’hypocondrie. Il est même plus scrupuleux que son cousin Joachim à qui il venait en principe simplement rendre visite et que les médecins considèrent comme un patient malheureusement réfractaire à la maladie (allez vous étonner avec cela s’il finit par mourir). « Seigneur, je vois » : tout est en place pour la récompense à tant de dévotion, pour la grâce divine. Castorp peut prononcer ses vœux la conscience tranquille, il a prouvé qu’il était de bonne foi : « Vous prenez régulièrement votre température ? – Oui, six fois par jour, exactement comme vous tous. Ha, ha, excusez-moi, je ris encore de ce que vous ayez appelé « réfectoire » notre salle à manger. C’est ainsi que l’on dit au couvent, n’est-ce pas ? En effet, cela tient un peu du couvent, ici. Il est vrai que je n’y ai jamais été, mais je me le représente ainsi… Je connais déjà par cœur la « règle » et je l’observe très exactement. – Comme un frère pieux. On peut dire que vous avez terminé votre noviciat, vous avez prononcé des vœux1 ».
2 Ibid., p. 68. Le terme qui permet ici comme dans le chapitre « Seigneur, je vois » de glisser de la (…)
3 Entre les deux récits, les points communs sont nombreux : comme Aschenbach, Castorp, se laisse all (…)
4 Surtout lorsque c’est Clawdia Chauchat qui ne prend pas sa maladie au sérieux, mais il est vrai qu (…)
5 Notamment Settembrini qui enjoint plusieurs fois à Castorp de se reprendre et de s’en aller plutôt (…)
3L’entrée en tuberculose s’apparente à une entrée dans les ordres, ou plus exactement à une entrée dans un ordre qui est sacré – magique – non seulement parce que la montagne magique et son sanatorium ont quelque chose d’ensorcelant (on pourrait dire dans cette perspective que Castorp est la victime d’un envoûtement médical comme d’autres sont victimes de sectes ou de prêtres diaboliques), mais également parce que c’est en fin de compte celui de la mort. Settembrini, le philosophe, l’homme des Lumières, le dit – ironiquement en ce qui le concerne, mais il n’est pas sûr que Castorp reprendra cette ironie à son compte – dès sa première rencontre avec le jeune homme encore « de passage » : « Sapristi, vous n’êtes donc pas des nôtres ? Vous êtes bien portant, vous n’êtes que de passage ici, comme Ulysse au royaume des Ombres ? Quelle audace de descendre dans ces profondeurs où habitent des morts, irréels et privés de sens2 ! » Dans cette perspective, la tuberculose n’est que le vecteur de la mort, le moyen de l’initiation, comme l’est Venise pour Gustav Aschenbach : la mort à venir promise par la tuberculose et visualisée grâce à l’illustre Roentgen vaut la mort à Venise3. Dans cette perspective, la tuberculose ne signifie presque rien d’autre que le détachement de celui qu’elle affecte du monde profane et son exclusif repli sur une réalité purement corporelle, suspendue désormais à la progression de taches pulmonaires. Celle de Castorp reste d’ailleurs assez bénigne pour qu’elle ne soit pas toujours prise au sérieux par certains des autres pensionnaires, ce qui est presque vexant pour lui4, et pour que d’autres réprouvent non seulement la décision du jeune homme de s’installer au sanatorium mais plus encore le plaisir avec lequel il le fait5.
6 La Montagne magique, op. cit., p. 252.
7 Selon les termes utilisés par Behrens lui-même, le médecin-conseiller : « Spectral, hein ? Oui, il (…)
4Ce qui frappe également dans ce chapitre-clé de La Montagne magique, c’est que la confirmation radiographique de la tuberculose est comme escamotée derrière la fascination de Castorp pour la radiologie en tant que telle, c’est-à-dire pour la possibilité de se voir sous la forme d’un spectre, de se contempler dans sa propre tombe : « Et Hans Castorp vit ce qu’il avait dû s’attendre à voir, mais ce qui, en somme, n’est pas fait pour être vu par l’homme, et ce qu’il n’avait jamais pensé qu’il fût appelé à voir ; il regarda dans sa propre tombe. Cette future besogne de la décomposition, il la vit, préfigurée par la force de la lumière, la chaire dans laquelle il vivait, décomposée, anéantie, dissoute en un brouillard inexistant et, au milieu de cela, le squelette, fignolé avec soin, de sa main droite […]6 ». Castorp se rend dans le cabinet de radiologie pour savoir s’il est atteint de tuberculose, mais la révélation, le « seigneur, je vois », c’est la vision de sa main devenue squelette, c’est la vision spectrale, fantomatique de lui-même à laquelle le confronte l’examen radiologique7. Pour peu, il en oublierait sa tuberculose, qui passe en tout cas au second plan, tant elle va déjà de soi après les semaines d’exercices spirituels du novice. On imagine quelle serait sa déception si l’examen montrait qu’il n’avait pas de taches humides : ce serait comme si le bon Dieu refusait de l’accueillir parmi les siens, comme s’il était rejeté dans un monde profane, exclu des initiés à la mort à venir, privé jusqu’à nouvel avis de radiographie et de peep-show spectral. En somme, c’est la radiologie qui est divine, ou du moins magique, et la tuberculose qui est la voie d’accès royale au divin, comme le rêve l’est pour l’inconscient.
8 Ibid., p. 302.
9 Ibid., p. 336.
5Voici donc Hans Castorp reçu dans cette équivoque communauté médico-religieuse où l’un des termes ne cesse de renvoyer à l’autre, de façon ambiguë et indécidable. Cela tombe bien, puisque lui-même aurait pu – aurait voulu – être médecin ou éventuellement prêtre plutôt qu’ingénieur : « Le corps humain, j’ai toujours eu beaucoup de sens pour cela. Je me suis même quelquefois demandé si je n’aurais pas dû devenir médecin – à certains égards je crois que cela ne m’aurait pas mal convenu. Car quiconque s’intéresse au corps, s’intéresse aussi à la maladie, surtout à elle – n’est-il pas vrai ? D’ailleurs, cela ne prouve pas grand-chose, j’aurais pu également embrasser d’autres professions. Par exemple j’aurais pu me faire ecclésiastique8 ». Rien d’étonnant dans ces conditions si à peine après avoir prononcé ses vœux de tuberculeux, le jeune novice se met d’une part à dévorer tous les livres de médecine disponibles chez les divinités principales du sanatorium (les docteurs Behrens et Krokovski), et si d’autre part il se voue à la compassion et à la charité, ce qui revient en l’occurrence à rendre visite à tous les habitants du sanatorium qui sont sur le point de mourir ou à leurs parents lorsque ses correligionaires sont déjà morts. C’est en quelque sorte la phase « Philomène/Barnier » de Castorp, plutôt déplacée dans un tel lieu : « Puis, d’une voix décemment assourdie, il engagea une conversation avec la veuve du « gentleman rider », s’informa du martyre de son époux, de ses derniers jours et de ses derniers instants, du transport du corps en Carinthie qui devait avoir lieu, par des questions qui témoignaient de sa sympathie et de son initiation mimédicale, mi-spirituelle et morale, à ces matières. La veuve, s’exprimant en son langage autrichien traînant et nasillard, tout en poussant par instant des sanglots, trouva surprenant que des jeunes gens fussent disposés à s’intéresser ainsi à la douleur d’autrui9 ».
10 Ibid., p. 114-115.
6La charité de Castorp, qui ne durera d’ailleurs pas, étonne ou provoque un léger embarras chez certains. Mais le seul à réagir vraiment négativement est Settembrini : il soupçonne Castorp de pratiquer la charité pour se donner bonne conscience, c’est-à-dire pour justifier son laisser-aller, sa passion. Ce n’est pas étonnant, puisque bien avant l’entrée dans les ordres de Castorp, le philosophe avait tenté de le dégoûter des charmes magiques de la maladie et même de faire en sorte qu’il la prenne en horreur : « Eh bien, non ! La maladie n’est aucunement noble, ni digne de respect, cette conception est elle-même morbide, ou ne peut que conduire à la maladie. Peut-être éveillerai-je le plus sûrement votre horreur contre elle, en vous disant qu’elle est vieille et laide. Elle remonte à des temps accablés de superstition où l’idée de l’humain était dégénérée et privée de toute dignité, à des termes angoissés auxquels l’harmonie et le bien-être paraissaient suspects et diaboliques tandis que l’infirmité équivalait à une lettre de franchise pour le ciel. Mais la raison et le Siècle des Lumières ont dissipé ces ombres qui pesaient sur l’âme de l’humanité – pas complètement : la lutte dure aujourd’hui encore10. » Settembrini est l’ami des Lumières et l’ennemi des ombres qui attirent les ombres (comme la croyance à la maladie attire la maladie). On rappellera également que pour le compte d’une très laïque Ligue pour l’organisation du Progrès, il est le maître d’œuvre d’une encyclopédique Sociologie de la Souffrance, dont le but est bien évidemment de faire disparaître la souffrance de l’horizon de l’humanité : plus de lumière, plus de connaissance, plus de conscience, et du même coup moins d’inconscience, moins de passivité et moins de passion, tel serait le programme du réformateur que personne au moins n’ira soupçonner d’hypocondrie.
11 Au credo progressiste de Settembrini d’une humanité débarrassée sinon de la souffrance du moins du (…)
7On sait que c’est une des grandes questions qui traverse La Montagne magique : Castorp basculera-t-il du côté de Settembrini ou du côté du redoutable Naphta, l’intégriste catholique, ennemi de toute forme de progrès et d’humanisme ? Tout se passe comme si les innombrables débats entre les deux « intellectuels » avaient pour but implicite d’attirer le jeune homme dans un camp ou l’autre11. C’est donc bien un remake des affrontements chers à un Michelet ou à un Zola entre prêtres et médecins qui se rejoue autour de Castorp, à l’inversion près des termes du débat : Thomas Mann ne demande plus si la religion est une maladie, mais si la maladie est digne d’être une religion, s’il faut y croire. Et comme il s’agit précisément d’un remake dans lequel Settembrini et Naphta ne font en somme que jouer leur rôle, en marionnettes mi-savantes mi-bouffonnes tout droit sorties du XIXe siècle, il est assez rapidement prévisible qu’il n’y aura pas de conclusion à un tel débat. Castorp restera là où il est, il ne se rangera ni d’un côté ni de l’autre, même s’il éprouve moins d’affection pour Naphta que pour Settembrini, qui le lui rend trop bien pour être au-dessus de tout soupçon homoérotique. Ni le suicide de Naphta, ni le départ de Castorp lorsqu’éclate la guerre ne constituent dans cette perspective une résolution qui va vraiment dans le sens de ce que pourrait souhaiter Settembrini. Après tout, Castorp ne rejoint le monde profane et les vivants que pour mourir – peut-être – au champ d’honneur. On ne sort pas de la mort par des moyens de mort. Castorp est le personnage le plus bovaryen de Thomas Mann.
12 Le résumé succinct de la conférence se présente de la manière suivante : « Le symptôme de maladie (…)
13 Ibid., p. 698-699.
8Non, les anciens débats n’ont plus vraiment cours sur la montagne magique, qui doit précisément sa magie au fait qu’elle déjoue les vieux partages, qu’elle représente un « entre-deux », un indécidable mélange médico-religieux, laïque-ecclésiastique. Nietzsche et surtout Freud sont passés par là pour siffler la fin de la partie. La dimension freudienne de La Montagne magique est d’ailleurs tellement explicite qu’on pourrait se demander si du même coup la problématique médico-religieuse telle qu’on la développe ici n’est pas elle aussi périmée, disqualifiée ou du moins privée d’enjeu. Il y a certes une dimension religieuse dans la tuberculose telle que la vit Castorp, mais l’essentiel n’est-il pas dans sa dimension érotique, théorisée par le docteur Krokovski lors d’une de ses conférences12 ? Castorp lui-même ne finira-t-il pas par confier au nouvel amant de Clawdia Chauchat, Peeperkorn, la vérité amoureuse de sa maladie : « C’est pour l’amour d’elle et en défiant Settembrini que je me suis soumis au principe de la déraison, au principe génial de la maladie auquel j’étais, il est vrai, assujetti depuis toujours, et je suis demeuré ici, je ne sais plus exactement depuis quand. Car j’ai tout oublié, et rompu avec tout, avec mes parents et ma profession en pays plat et avec toutes mes espérances. Et lorsque Clawdia est partie, je l’ai attendue, je n’ai cessé de l’attendre ici, de sorte que je suis définitivement perdu pour le pays plat et qu’aux yeux de ses habitants je suis autant dire mort13 ». L’aveu, un des seuls moments véritablement bouleversants du roman, est d’une infinie tristesse et surtout sans illusions. Il conduit à privilégier la piste « freudienne » : La Montagne magique serait l’histoire d’une passion malheureuse, d’un symptôme. Ce qui est parfois décrit, notamment à propos de Krokovski et de son petit business, comme une « dissection d’âmes », semble prendre ainsi définitivement le pas sur la radiologie et les charmes de l’auto-contemplation spectrale. « Seigneur, je vois » : en fin de compte il n’est pas sûr qu’il y avait quelque chose à voir, et encore moins quelque chose à croire.
14 Sous le signe de l’indécidable ou de l’équivoque, on pourrait évoquer notamment : les rapports amb (…)
15 Ibid., p. 770.
9Mais ce n’est pas tout. Ce n’est jamais tout chez le Thomas Mann de La Montagne magique, qui écrit un roman à thèses en donnant l’impression de ne croire à aucune d’entre elles, comme s’il était une sorte de Goethe post-modernisé, passé maître dans l’art du rebondissement équivoque ou indécidable14. Au chapitre intitulé « Seigneur, je vois » répond en effet, presque à la fin du roman, un autre chapitre, intitulé significativement « Doutes suprêmes », au cours duquel un certain nombre de pensionnaires basculent, sous la conduite du ci-devant psychanalyste Krokovski, dans la parapsychologie et des séances de spiritisme avec un médium – une jeune pensionnaire nordique à souhait – capable d’à peu près tout, y compris de dialoguer avec les morts et de les faire revenir. Castorp, encouragé par l’inévitable Settembrini, commence par résister à ces expériences inconcevables pour la raison : il ne saurait s’agir que de mystifications. Mais une fois de plus, il va céder et se décider à assister à une séance. On pourrait presque dire dans cette perspective que ce chapitre répète l’ensemble du scénario de La Montagne magique sous une forme accélérée. Castorp cède une fois de plus à la magie et à la « déraison » (pour reprendre le terme qu’il utilise lui-même dans l’aveu à Peeperkorn). Ou encore à l’obscurité si ce n’est à l’obscurantisme, puisque spiritisme et Cie sont incompatibles non seulement avec la raison mais aussi avec trop de lumière. Il fait d’ailleurs lui-même le rapprochement avec l’obscurité qui régnait dans la salle de radioscopie au moment de son « initiation » : « L’obscurité faisait du bien. Elle atténuait l’étrangeté de la situation dans son ensemble. Au surplus, pour justifier l’obscurité, il se rappela celle où l’on s’était pieusement concentré dans la salle de radioscopie, et dans laquelle on avait baigné ses yeux de jour, avant de « voir »15.
16 Ibid., p. 779.
10Retour de la piété et de la voyance, via Krokovski l’ex-psychanalyste. Mais même dans un roman de Thomas Mann, l’histoire ne repasse pas les plats. La séance de spiritisme, au cours de laquelle les participants décident de faire « revenir » Joachim, le cousin décédé de Castorp, tourne mal, ou court. Tout semblait pourtant bien se passer. La jeune Elly aux talents médiumniques précoces fait honnêtement son travail, elle gémit, tremble, ahane et chauffe tant qu’elle peut. Il est décidément temps pour feu Joachim de faire une apparition assez irréfutable pour que même Castorp ne puisse plus douter. Son cousin est là, avec les cavités pleines d’ombre de ses pommettes, sa barbe et sa souffrance des derniers jours, et il regarde Castorp, il ne regarde que Castorp, comme s’il attendait de sa part un appel pour revivre, pour se mettre lui-même à parler. Krokovski exhorte Castorp à s’adresser à son cousin, mais Castorp refuse de le faire. Il a dans la bouche un goût amer, détourne son regard du revenant, implore à voix basse son pardon et, plein de colère ou de peur, interrompt la séance en rallumant la lumière : « De nouveau le docteur Krokovski prononça son nom, cette fois, sur le ton de sévère admonestation. Mais Hans Castorp, en quelques pas, avait gagné la porte d’entrée et, d’un geste bref, il tourna le commutateur et donna de la lumière blanche. Elly Brand sursauta sous un choc violent. Elle se débattit dans les bras d’Hermine Kleefeld. Le fauteuil, là-bas, était vide. Hans Castorp marcha vers Krokovski qui protestait, debout. Il voulut parler, mais aucune parole ne s’échappa de ses lèvres. Avec un brusque mouvement de tête, il tendit la main. Lorsqu’il eut reçu la clef, il adressa au docteur plusieurs signes de tête menaçants, fit demi-tour et sortit de la pièce16 ».
11Tout avait commencé avec un magique « seigneur, je vois », et tout se termine par le refus de Castorp de continuer de voir, par la rupture du charme – il suffit pour cela de « donner » de la lumière blanche, qui dissipe les ombres, les revenants aussi bien que l’inconscient. Mais quelle conclusion tirer d’une telle scène, presque la dernière racontée dans le roman ? S’il s’agissait d’une conclusion, d’une décision, d’une rupture avec la magie et la croyance, Castorp s’en irait et ne passerait pas de nombreuses années supplémentaires au sanatorium. Le fait est qu’on ne sait absolument pas pourquoi Castorp réagit ainsi pendant la séance de spiritisme. Est-il en colère, a-t-il eu peur ? Est-il convaincu ? Refuse-t-il l’irréfutable ? Absolument rien ne permet d’interpréter cette scène, qui reste équivoque. Le « doute suprême », c’est peut-être celui de Castorp, mais c’est assurément aussi ce qui revient au lecteur. On pourrait même dire que ce doute suprême est la seule certitude qui lui reste au bout des quelques huit cents pages de traversée du médico-magique dans les Alpes suisses. Seigneur, je vois ; seigneur, je refuse de voir : c’est cela qui reste indécidable.
NOTES
1 La Montagne magique, Paris, Fayard, 1931, éd. Le Livre de Poche (2003), p. 224.
2 Ibid., p. 68. Le terme qui permet ici comme dans le chapitre « Seigneur, je vois » de glisser de la tuberculose à la mort, c’est celui d’ombre. La montagne est magique parce qu’elle permet de voir des ombres. Elle est habitée par des morts-vivants qui ne sont que des ombres, et comme l’explique le docteur Behrens au moment de la séance de rayons x, les « taches » qui sur les radiographies signalent la présence de la tuberculose sont en fait des ombres.
3 Entre les deux récits, les points communs sont nombreux : comme Aschenbach, Castorp, se laisse aller, « reste » plutôt que de s’arracher à une passion (à une maladie) au demeurant à peine moins homoérotique que celle qui est au centre de La Mort à Venise. La passion éprouvée pour Clawdia Chauchat trouve en effet explicitement ses racines dans celle éprouvée autrefois pour un camarade d’école. Et dans les deux récits, la maladie est le prix à payer pour « vivre » une passion invivable en tant que telle, elle est le symptôme de quelque chose qui reste inavouable, conformément à la théorie freudienne que Thomas Mann connaît parfaitement, au point d’ailleurs de la faire exposer par un des deux médecins de La Montagne magique (le docteur Krokovski). La Montagne magique, ce serait en somme La Mort à Venise augmentée d’un étage médico-religieux, ainsi que de quelques autres d’ailleurs, mais qui nous intéresseront moins ici.
4 Surtout lorsque c’est Clawdia Chauchat qui ne prend pas sa maladie au sérieux, mais il est vrai qu’elle ne prend pas non plus sa passion au sérieux, alors que c’est sans doute là la principale raison pour laquelle la chute de Castorp dans la maladie s’impose.
5 Notamment Settembrini qui enjoint plusieurs fois à Castorp de se reprendre et de s’en aller plutôt que de se complaire dans une maladie qui reste selon lui largement imaginaire, c’est-à-dire l’effet combiné d’un désir et d’une croyance (ce n’est pas une coïncidence non plus si au moment de la « nuit de Walpurgis » au cours de laquelle aura lieu la seule rencontre – ambiguë – entre Clawdia Chauchat et Castorp, il cherche jusqu’au dernier moment à éviter que cette rencontre ait lieu). En contrepoint on relèvera le rapport presque honteux de Settembrini à sa propre tuberculose (beaucoup plus grave). Pour l’Aufklärer, il n’y a aucun « seigneur, je vois », aucun éclaircissement, aucune aura à attendre de la maladie.
6 La Montagne magique, op. cit., p. 252.
7 Selon les termes utilisés par Behrens lui-même, le médecin-conseiller : « Spectral, hein ? Oui, il y a incontestablement quelque chose de fantomatique là-dedans » (ibid.).
8 Ibid., p. 302.
9 Ibid., p. 336.
10 Ibid., p. 114-115.
11 Au credo progressiste de Settembrini d’une humanité débarrassée sinon de la souffrance du moins du prestige de la souffrance répond, quelques centaines de pages plus loin, celui, inverse, de Naphta, qui fait de la maladie le propre de l’homme : « La maladie est parfaitement humaine, reprit aussitôt Naphta, car être homme, c’est être malade. En effet, l’homme est essentiellement malade, c’est le fait qu’il était malade qui justement faisait de lui un homme, et quiconque voulait le guérir, l’entraîner à faire la paix avec la nature, « à retourner à la nature » (alors qu’en réalité il n’avait jamais été naturel), tout ce qui s’exhibait aujourd’hui en fait de prophètes régénérateurs, végétariens, naturistes, nudistes et ainsi de suite, toute espèce de Rousseau par conséquent ne cherchait pas autre chose que de le déshumaniser et de le rapprocher de l’animal » (Ibid, p. 529).
12 Le résumé succinct de la conférence se présente de la manière suivante : « Le symptôme de maladie était une activité amoureuse déguisée et toute maladie était de l’amour métamorphosé » (Ibid., p. 148).
13 Ibid., p. 698-699.
14 Sous le signe de l’indécidable ou de l’équivoque, on pourrait évoquer notamment : les rapports ambigus entre Castorp et son cousin, ou entre Castorp et Settembrini ; bien entendu ceux entre Castorp et Clawdia (ont-ils passé une nuit ensemble, et qu’ont-ils fait au cours de cette nuit, la plus courte de l’année ?) ; le suicide énigmatique de Naphta lors du « duel » avec Settembrini (celui-ci refusant de se battre) ; la fin du roman (Castorp va-t-il mourir à la guerre ou non ?) ; et enfin, centralement, emblématiquement, le caractère indécidable de la tuberculose même de Castorp, qui n’est peut-être pas vraiment malade – jamais, en tout cas, son état ne semble empirer.
https://books.openedition.org/septentrion/13879?lang=fr
Deux infirmières lui ont fait une super fellation sous le regard d’une troisième durant qu’il était total dans le coltar. A même pas eu conscience d’avoir été violé. Saisj point quelle morale en tirer sur les mœurs hospitalières, mais moij si ça m’était arrivé, j’aurais fait emblant de dormir. A la différence de GS’A, beaucoup d’hommes apprécient d’être violés par des femmes à leur insu quand ils sont en position diminuée. Leur honneur (?) est sauf, & ces femmes ont eu leur petite vengeance (?). Célavi, célamore… et rosses et tanatosses, que dirait dirfil à@t jmb.
Bàv,
@ pour éviter la désydratation. sans H, …
il faut plus de 100 dictionnaire et d’un litre et demi par jour… Ca ne suffira jamais à guérir de la stupidité conformiste enracinée les chats qui roulent sur leurs trois pattes. Bàv,
mon clavier a des ratés dans ses touches, christian, mais on s’n ouf ! c enkore lisib’
« Roland Barthes s’inspire de sa récente relecture de La Montagne magique (1924)
pour déclarer, lors de sa Leçon inaugurale au Collège de France : « mon corps est
historique » (45). Il fait le lien entre trois moments de l’histoire de la tuberculose :
celui où se situe le roman (1907-1914), la période de sa tuberculose (1942) et enfin
celle de sa leçon (1977). Barthes s’aperçoit que son expérience de la tuberculose,
marquée par plusieurs séjours dans des institutions sanatoriales, ressemble à celle
du héros de Thomas Mann et n’a plus rien à voir avec la période de sa leçon
inaugurale, où la tuberculose est définitivement vaincue par la chimiothérapie (45).
Avant la découverte de cette technique, la médecine antituberculeuse de l’Entredeux-guerres se concentre, dans toute l’Europe, sur les sanatoriums, dont la
thérapeutique repose sur l’hygiène, la bonne alimentation, le repos et, parfois, le
recours aux techniques chirurgicales. Cette institution préfigure l’hôpital par sa
modernité, tout en renouant avec l’ancienne tradition des léproseries et des asiles
de pestiférés, par sa vocation à isoler autant qu’à soigner (Dessertine, 218). »
in
L’Ère sanatoriale vue par Thomas Mann ou la médecine
comme Weltanschauung
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01886691/document
« la magie de la traduction médicale »
Vaut bien celle de traduction gay, tendance pederaste.
Pas gai, tout ça.
L’existence de La Montagne magique serait-elle due, en grande partie, à une erreur
médicale ? Du moins c’est la conclusion à laquelle arrive le pneumologue Christian
Virchow en s’appuyant sur les radiographies faites à Katia Mann il y a plus d’un
siècle. Avant d’examiner la question, évoquons rapidement les événements qui
conduisent Thomas Mann au Waldsanatorium de Davos en 1912. Grâce aux notes
de la belle-mère de l’écrivain, Hedwig Pringsheim, nous savons qu’à partir d’août
1911 Katia souffre d’une « irritation des poumons » résistante aux efforts
thérapeutiques (Jens, 67). Le médecin traitant de la famille à l’époque était le
Geheimrat Friedrich von Müller qui possède une solide réputation en Allemagne et
à l’étranger, grâce à l’introduction et à la promotion des méthodes biochimiques
(Eigler, 19-20). Müller insiste auprès du couple Mann pour entamer une cure à
Davos (Virchow, Medizinhistorisches, 18).
L’éternel retour des tuberculeux de Davos; grâce à Et Al. c’est chose faite.
Magic place (to be a Mann to be seen, rather than to be a man)
That is the question.
« Kerstin Zilm: In June 2018, black limousines parked on the winding streets surrounding the house announce important visitors. The two-story building is hidden from the streets among eucalyptus and palm trees, oleander bushes and bougainvilleas. The last weeks have been busy and noisy. The house has just been renovated. Now visitors from the United States and Europe mingle in the yard. Students and professors, artists and intellectuals, neighbors, politicians, and journalists are waiting for Frank-Walter Steinmeier, Germany’s federal president. He has travelled to Los Angeles to officially open the property for its new mission. While a DJ entertains the crowd outside, inside Thomas Mann’s grandson Frido Mann shares stories about the place. In a white suit and with animated gestures he talks about the times he spent here as a kid. He visited the place a lot from the age of two until he was nine years old. Frido even went to school in Pacific Palisades before the Manns left for Switzerland. »
avec « les langues »
e la longue amitié entre Thomas Mann et le
docteur Emil Liefmann. Un collègue de ce dernier, Karl Hanses, écrit dans un avis
nécrologique paru en 1955 dans le journal Hessisches Ärzteblatt, que l’attirance de
Liefmann pour les humanités, en particulier les langues anciennes, l’auraient
destiné à d’autres domaines de la connaissance. Selon Hanses, Liefmann choisit la
profession médicale pour les aspects humains plutôt que pour les aspects
biologiques de la médecine (Lang, 13). Liefmann était un fervent admirateur de
Goethe et aussi un homme de plume. Dans une lettre de 1932, adressée à Marie
Liefmann, Mann s’excuse de ne pas lire le roman de son mari, faute de temps7
. Ces
intérêts communs consolident leur amitié, même lorsque le deuxième conflit
mondial oblige les deux couples à quitter l’Allemagne. Les époux Liefmann partent
à New York en 1939 à cause de la quatrième ordonnance de la loi de citoyenneté
du Reich, promulguée le 30 juillet 1938, interdisant à tous les médecins juifs
l’exercice de la médecine (Lang, 19). La nouvelle vie en Amérique s’avère
financièrement difficile pour eux et Liefmann doit obtenir une qualification
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01886691/document
sexuel!!
À ce titre, il édite une revue hebdomadaire « Satanarium » de 1917 à 1918 (Michel,
182) et ensuite la revue « Die Arche » de 1925 à 1927 (Honold). Cette publication
donne l’occasion au directeur du sanatorium de s’attarder tant sur ses conceptions
de la maladie que sur sa méthode thérapeutique. La revue accepte toute contribution
provenant des malades sans se soucier de la forme. Or, les sujets abordés dans ces
textes produits par les patients, qui publient sous pseudonymes, renvoient aux désirs
sexuels. Après presque trois ans d’existence la revue disparaît, faute de trouver un
public plus large (Honold). Thomas Mann connaissait l’existence des revues
sanatoriales, notamment grâce à son séjour chez Bircher-Benner. Ainsi, l’on ne peut
que regretter l’absence d’un organe de diffusion dans le Berghof, où les patients
partagent leurs idées et défendent leurs convictions.
La biographie familiale des Mann se poursuit de manière plus « drôle ».
Frido ( pour Fridolin, c’est pas une blague) Mann, petit-fils de Prix Nobel a épousé la fille d’un Prix Nobel, celui à l’origine du principe d’incertitude, et lui aussi » écartelé « , mais à une puissance nucléaire, si on peut dire.
J’ai un peu de mal à m’expliquer cet engouement (cette curiosité) pour les familles qu’elles soient de personnalités célèbres ou non. Même chose au cinéma : comme j’élimine du programme tous les films qui traitent de ce sujet (famille « normale », recomposée ou décomposée), il ne me reste pas grand-chose à me mettre sous les yeux. Aucune envie d’aller soulever les draps (car il s’agit principalement de cela) à la suite d’un biographe renifleur comme d’une caméra indiscrète. Ce retour triomphant de la famille, s’il est un marqueur de notre époque, est relativement inquiétant.
mais que fait renato?
. Portrait fictif d’Adrian Leverkühn, un musicien en quête de l’œuvre absolue, l’ouvrage révèle l’obsession et la folie de cet artiste qui fait écho au contexte historique de l’Allemagne de l’entre deux guerres.
3La parution en 1949 du Docteur Faustus provoque l’ire d’ Arnold Schönberg. Le musicien y découvre non seulement un exposé simpliste de sa théorie dodécaphonique, mais son nom n’est pas même mentionné. Pas plus d’ailleurs que celui du jeune Theodor Adorno, qui avait servi de nègre à Thomas Mann.
https://www.books.fr/thomas-mann-a-t-il-pille-schonberg-2/
Ce serait d’une banalité dégradante parler du Docteur Faustus, et al., car souvent les écrivains ne comprennent que dalle à la musique… à la peinture non plus d’ailleurs (voir Zola vs Cézanne, pour ne citer que çà).
non plus > AUSSI
AN,les Atrides,c’est quand même un genos foutrement passionnant. Tout comme la famille du Roi Lear, les Sutpen et les Snopes chez Faulkner…
Sans oublier les Medicis, les Borgia, les Bhutto, les Nehru-Gandhi & les Poniatwoski (sic)
—
Aucun rapport, les pérégrinations africaines des trois mousquetaires du génie artistique, Maria Callas, Alberto Moravia et Pier Paolo Pasolini, des jours et nuits sous la tente, dans les voitures & sur les pistes rouges. L’avventura, la vraie!
Plus tard, l’Odeur de l’Inde de Pasolini, joyau ee la littérature de voyage.
Et ne pas mentionner le nom de Schoenberg est pour celui-ci un crime impardonnable…🤫
Cela dit, Argan n’est pas malade ! Il part du principe qu’il l’est, ce qui est tout différent. Ce qui l’entraîne à des choux aussi burlesques que monstrueux. Donner Marianne à Thomas Diafoirus est l’un d’eux. Mais derrière cela, c’est une crédulité naive et magique en la médecine qui est en cause, dénoncée par la cérémonie finale.,,
Arnold Schoenberg op 4, Boulez
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