Vous êtes sûr que ça va, Jean-Claude Grumberg ?
– Pas des masses, figure-toi que…
– Stop attention, je te signale que tu t’apprêtes à franchir la ligne jaune.
– Quelle ligne jaune ?
– Je te dis en passant « ça va », et toi, au lieu de me dire « pas mal et toi ? », tu t’arrêtes et tu t’apprêtes à me raconter ta vie.
– Je m’apprête à répondre à ta question, oui.
– Je ne t’ai pas posé de question, je t’ai dit « ça va », comme j’aurais pu te dire « bonjour ».
Avec deux petits mots faciles comme un coup de fil (et le bonjour qui va avec), Jean-Claude Grumberg a composé vingt-sept variations dialoguées qui, toutes, commencent par « ça va ? ». Vingt-sept variations inspirées de la vie quotidienne réunies dans Ca va ? (96 pages, 12,20 euros, Actes sud), puis dans Si ça va, bravo ! (Actes sud – papiers, 72 pages, 10,90 euros), petite musique du mal être, un théâtre, dit-il, « pour rire et tendre la main, un théâtre bon enfant qui ne se pousse pas du col et ne se mouche pas du pied »… Oui, combien de « ça va » faudrait-il pour que ça aille vraiment ? Un seul suffira à notre bonheur de spectateur, bonheur partagé, au Théâtre Vidy-Lausanne, par un public conquis et un auteur comblé le soir de la première, le 26 février.
Alors qu’on l’interrogeait sur le nonsense des deux personnages beckettiens qu’il met en scène, Jean-Claude Grumberg a eu cette réponse : « Je suis né en 1939, je suis Juif, l’humour est arrivé très vite »… Pour la première fois depuis la parution de ces textes qui, souvent, évoquent des situations dont les hommes sont les héros involontaires, ce sont deux…comédiennes magnifiques qui les interprètent, Marilù Marini et Clotilde Mollet. Pour la première fois également, le spectacle représenté est l’œuvre d’une création collective, réalisation tout à la fois musicale (Vincent Leterme a composé la musique qu’il interprète en direct au piano), chorégraphiée par Cécile Bon, éclairée par Michel Beuchat, scénographie et costume d’Oria Puppo, dans une régie d’Anouche Setbon. Cette version de « Ca va ? », festival burlesque d’une ironie dévastatrice, est ici revisitée par des comédiennes dont le jeu décalé et subversif est très directement inspiré de l’art des clowns. Portant des faux nez aussi minimalistes que discrets, Marilù Marini et Clotilde Mollet entraînent ces « Ca va » dans l’univers du cirque et de la fantaisie. De l’absurde lorsqu’elles s’en prennent à l’auteur lui-même qui, disent-elles, les diablesses, (…) » nous écrit sans finesse, sans contraste, sans profondeur, sans perspective »…
Elles réclament Hugo et Beckett qu’admire Grumberg mais à quoi bon l’attendre puisque Godot ne viendra pas. La scène a ému Gilles Privat qui, deux jours avant la création de « Ca va ? », à Lausanne, jouait dans « Fin de partie », au TNP de Villeurbanne, en compagnie d’Isabelle Sadoyan, Serge Merlin et Michel Robin. Oui, que d’émotions et de mélancolie dans ce spectacle où le langage est le lieu même de la création. Quant à la mélancolie, c’est, selon le mot de Victor Hugo, le bonheur d’être triste.
« Ca va ? ». Bravo !
PATRICK FERLA
Théâtre Vidy-Lausanne, jusqu’au26 février. Rencontre avec l’équipe artistique le 14 mars à l’issue de la représentation. http://www.vidy.ch/spectacle/%C3%A7a-va
Si ça va, bravo », Actes Sud-Papiers, 2011.
9 Réponses pour Vous êtes sûr que ça va, Jean-Claude Grumberg ?
Cette variante y est-elle ?
— Ça va ?
— Bah, comme hier et comme demain.
Grumberg maître du texte court ! « Michu », « Les Rouquins » « les Gnoufs », et tant d’autres. Bonheur à Grumberg. Si en plus Marilu s’en mêle, je file à Lausanne !
une anecdote authentique :
en voiture une petite fille de 4 ans malade dans les bras de sa mère qui lui disait « ça va » de temps à autre ,( pour prévenir et arrêter à taemps la voiture )
se retourna soudain et lança furieuse à sa mère « tu n’as pas fini de me dire ça va «
…
…elle est bonne cella,…on dit ce qu’on pense,…vu les circonstances à angles aigus,…
…et on vous targue de Céline,…incroyables et merveilleuses,…a trouver le fil à couper le beurre,…
…çà va,…Oui,…je reviens d’Acapulco,…toute ces cartes postales,…ces vues plongeantes des paysages,…
…çà va,…la part du rêve » stimulé « ,…
…etc,…à la bonne heure,…ainsi-soit’il.
Eh, mais justement : le rôle devrait lui aller comme un gant, car cette folle n’a rien d’exubérant ni de gouailleur ; elle est fort distinguée, au contraire. On n’a pas dû lire la même pièce.
Mon précédent commentaire s’est égaré. il s’agit évidemment de « la Folle de Chaillot »
histoire juive ressassée mais amicale
Comment ça va mal aujourd’hui ?
Kak dila, gospodin-monsieur Ferla ?
(si vous me répondez, « les affaires ne vont pas trop mal, merci », je demande au gouvernement de la parole russe de vous faire immédiatement un procès car j’empruntais juste une formule de politesse de ce pays. Et vous savez bien que les histoires d’amour avec les emprunts russes, si elles commencent bien, finissent mal en général, et je ne vous dis que ça, qu’ça va qu’ça va kssa…)
les aides-ménagères disent « bonjour,vous allez bien? »………..que répondre!!!!
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