de Pierre Assouline

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La République des livres

Littérature étrangères

Ugo Foscolo et l’écriture d’un « problème italien »

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En octobre 1796, alors que le général Bonaparte apporte en Italie le germe de la révolution, la vieille République de Venise refuse l’alliance avec les Français et proclame sa neutralité. Empreint de convictions démocratiques, le jeune poète Ugo Foscolo s’indigne de voir la Sérénissime reculer devant ce qu’il considère comme un combat pour la liberté. La composition, au même moment, du sonnet À Venise (A Venezia), marque l’avènement en Europe d’une poésie à la fois historique et patriotique et donne le ton héroïque et civique des poèmes politiques qui vont suivre : Aux nouveaux républicains (Ai novelli repubblicani) et Bonaparte libérateur […]

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Stratégie des deux-points chez Gadda

Stratégie des deux-points chez Gadda

Jean-Paul Manganaro

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(…) Quels sont le noyau et le développement du Pasticciaccio (Quer pasticciaccio brutto de via Merulana qui paraît ces jours-ci en français sous le titre L’affreuse embrouille de via Merulana) ? La question est à la fois simple et compliquée. Elle est simple par son « histoire » : deux crimes sont au centre des événements, le vol des bijoux d’une comtesse d’origine vénitienne et, deux jours plus tard, l’assassinat de madame Liliana Balducci, romaine, perpétrés sur le troisième palier d’un immeuble, sis au 219 de via Merulana, où vivent confortablement des gens et des familles de la nouvelle bourgeoisie romaine, le « […]

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Coup d’oeil en « Enfer »

Coup d’oeil en « Enfer »

Jean-Pierre Pisetta

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Pourquoi traduit-on un texte ? La plupart du temps, bien sûr, parce qu’on nous le demande. Les traductions sont donc majoritairement des commandes. Dans le domaine littéraire toutefois, l’initiative revient souvent aux traducteurs et les éditeurs ne manquent pas de rester ouverts à leurs propositions. Mais certaines traductions se font aussi pour le plaisir, comme on peint un tableau, le dimanche, ou comme on cultiverait ses choux le temps de la retraite venu. Une fois la besogne menée à bien, elle devient quelquefois « rentable », c’est-à-dire que le tableau est vendu, que les choux sont dégustés et que la traduction atterrit dans l’étalage d’une […]

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Elena Ferrante en proie à son nouveau nom

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On gagne à séparer les livres du bruit qu’ils font. Les scoops aussi. Et pourquoi pas les livres des auteurs qui les ont faits. Quelques jours après que Claudio Gatti, un journaliste italien spécialisé dans les grandes enquêtes sur les trafics d’être humains entre l’Afrique et l’Europe, les pots-de-vin versés par des multinationales en Algérie et au Nigeria, ou le soutien logistique de la CIA aux avions turcs et quataris transportant des armes en Libye et en Syrie, ait révélé urbi et orbi grâce au relais de Mediapart, d’Il Sole 24 Ore, de la Frankfurter Allgemeine Zeitung et de la New […]

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« Impossible ici ! »

« Impossible ici ! »

THIERRY GILLYBOEUF

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À la fin de l’année 1931, Dorothy Thompson, la plus brillante journaliste américaine de son temps, première femme à diriger une rédaction à l’étranger, en l’occurrence celle du New York Post à Berlin, réussit enfin à décrocher une interview d’Adolf Hitler. Il y a huit ans qu’elle cherche à l’obtenir, depuis que ce dernier avait été arrêté et jugé pour la tentative ratée du Putsch de la Brasserie le 9 novembre 1923. Depuis son poste en Allemagne, cette amie de Ödön von Horváth, Thomas Mann, Stefan Zweig et Bertolt Brecht assiste à la « montée démocratique » à marche forcée […]

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Quoi de neuf? « La Montagne magique »

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Médiocre, la rentrée littéraire ne peut pas l’être en France. Risquons même : jamais ! Passons sur le rituel d’autoflagellation bien français qui consiste à mépriser systématiquement la production nationale au motif qu’elle manquerait d’air, de hauteur, d’ambition. Passons sur le fait que l’on trouve toujours des pépites à la surface du tamis, du côté des romans attendus d’auteurs consacrés comme parmi les manuscrits inattendus d’auteurs inconnus. La rentrée étrangère est par définition un gage de qualité. D’autant que la France est le pays au monde qui traduit le plus : environ 20% de ce qui paraît chez nous en […]

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Le charme trop discret du judéo-espagnol

Le charme trop discret du judéo-espagnol

François Azar

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Alors que la littérature en langue yiddish est aujourd’hui universellement célébrée bien au-delà du monde juif, la littérature en judéo-espagnol n’a jamais été reconnue au-delà du cercle étroit des linguistes et des philologues. Faire connaître au plus grand nombre les classiques de cette langue et à travers eux, la culture et l’histoire des judéo-espagnols, c’est le défi que se lance Lior éditions qui vient de publier coup sur coup deux albums de contes et trois autobiographies[1]. Qui sont ces Judéo-espagnols qui cultivent la discrétion mais dont l’influence, de Spinoza à Elias Canetti, va bien au-delà de leur faible nombre ? Ce […]

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Une traduction « à trois temps »

Une traduction « à trois temps »

Jean-Pierre Pisetta

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Giovanni Verga (1840-1922), écrivain sicilien que l’on considère comme le père du vérisme (du mot italien vero, « vrai » ou « vérité »), mouvement littéraire comparable au naturalisme français (on appelle parfois Verga « le Zola italien »), a tiré plus d’une fois des œuvres théâtrales de ses productions en prose. C’est notamment le cas de la célèbre Cavalleria rusticana (titre jamais traduit mais que l’on pourrait rendre en français par un Code de l’honneur rustique). Cette nouvelle, publiée dans le recueil Vita dei campi[1] (1880), fit l’objet d’une adaptation théâtrale, opérée par Verga lui-même, en 1884 ; le musicien Pietro Mascagni en tira aussi, en […]

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Comment calculer un texte

Comment calculer un texte

Claro

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Dès septembre prochain, je vous propose de m’accompagner dans la traduction de Jérusalem, d’Alan Moore, à paraître aux éditions Inculte à la rentrée 2017. Mais avant de vous parler de ce roman et de sa « translation », commençons par le commencement. Une des premières choses que doit faire le traducteur, face à un texte qu’on lui propose, c’est le « calculer ». Avant d’en devenir le lecteur obsessionnel et assidu, avant même de le déplier, de le décortiquer comme un curieux et croquant crustacé, il doit s’assurer du volume qu’occupe ledit texte dans le temps. Ce crabe a un poids avant d’être une démarche. […]

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Que faire de Rudyard Kipling ?

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L’affaire embarrasse les Anglais. Bien plus grave que le Brexit or not Brexit, l’affrontement Shakespeare-Cervantès pour leur anniversaire ou que… . C’est de l’âme d’une nation qu’il s’agit car l’écrivain Rudyard Kipling (1865-1936) fait partie de ceux qui l’incarnent encore pour le meilleur et pour le pire. Que son nom reviennent actuellement dans les débats est un signe des temps. Son spectre porte comme un fardeau la paternité de l’expression « le fardeau de l’homme blanc », titre d’un poème de 1899 dans lequel il enjoignait les Etats-Unis à assumer leurs responsabilités dans leur politique impérialiste, et notamment dans leur guerre contre […]

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