de Pierre Assouline

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La République des livres

Littérature étrangères

Du cliché en traduction

Du cliché en traduction

WILLIAM DESMOND

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Le traducteur est – doit être – un grand bricoleur de mots. Il est même par définition un bricoleur au sens le plus intime du terme. J’ai lu il y a longtemps cette étonnante définition du bricoleur : un type qui, confronté à un problème pratique à résoudre, va dans son atelier et farfouille parmi les objets ou fragments d’objets qu’il a pu récupérer (et dont il garde certains depuis des années, voire des dizaines d’années) pour fabriquer ou réparer quelque chose ou changer la destination du bidule d’origine. Étant bricoleur moi-même, je confirme que cette définition est tout à fait […]

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Vikram Seth est-il encore un auteur convenable ?

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Aviez-vous lu Un Garçon convenable (A Suitable Boy) à sa parution ? C’était il y a vingt ans, HarperCollins en était l’éditeur anglais et Grasset l’éditeur français dans une traduction pleine de nuances de Françoise Adelstain. Il n’est pas trop tard car les grands livres peuvent toujours attendre. Celui-là se plaçait d’emblée, par sa puissance d’évocation et les thèmes qu’il charriait, dans la lignée des Enfants de minuit de Salman Rushdie. A ceci près que Vikram Seth, un indien du Penjab né en 1952 à Calcutta, frotté d’humanités anglaises dans les meilleures écoles et universités, avait choisi de situer son action […]

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Subalterne de Stephen King

Subalterne de Stephen King

WILLIAM DESMOND

4

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 « … ma production […] est simple, guère littéraire, et quelquefois carrément maladroite (ce que j’ai horriblement de mal à reconnaître). » Voici ce que Stephen King dit de son écriture, dans une postface passée à peu près inaperçue à Différentes saisons, recueil contenant quatre novellas (1). Bien peu d’auteurs sont capables d’un tel aveu. Quelque chose me dit que jamais un écrivain français (moi pas plus que les autres) ne le ferait, même sous la torture. J’ai traduit plus de vingt textes de King (2), essentiellement des romans, mais aussi des nouvelles et un essai. King faisant un telle confession, je peux bien […]

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Giovanni Verga, héraut des vaincus

Giovanni Verga, héraut des vaincus

Phiippe Godoy

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Il faut saluer l’heureuse initiative des Editions des Belles Lettres de publier les nouvelles siciliennes de Giovanni Verga, pour plusieurs raisons. Tout d’abord la personnalité exceptionnelle de l’écrivain dans le panorama de la littérature italienne. Puis, la force d’inspiration et d’écriture des nouvelles siciliennes, et le silence  en France, autour de l’œuvre de Verga. Giovanni Verga (1840-1922) est surnommé en Italie le Zola italien. Ses romans les Malavoglia et Mastro Don Gesualdo sont étudiés dans les écoles, plus de cent vingt ans, après leur publication. Ses écrits font partie du patrimoine littéraire italien au même titre que Manzoni (auteur des […]

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Dix courts à l’A.S. Dégel

Dix courts à l’A.S. Dégel

NICOLAS RICHARD

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        Se runiss à l’A.S. Dégel au Mine Stère. Rituel au fissiel à l’A.S. Dégel.   On cause pas tes horries de rat duction à vancée. On cause pas la nalyse des mol écul de la lang d’Anterre ce soir.   Enig Marcheur est seul dans sa carte et gorie. Avec Enig Marcheur je prends à lire et à crire. Avec Enig Marcheur on peut tendre le bruyt du parlénigm. Avec Enig Marcheur on peut coute les sylences. Avec Enig Marcheur on peut coute ce qu’on est à l’in terrieur du noir.   Des couvertes Mysteur Touss […]

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L’Antivie d’Italo ou la conscience de Svevo

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On peut passer toute une vie à se demander quel sera le bon moment pour demander la dernière cigarette à l’instant de sa mort. Surtout si comme Ettore Schmitz dit Italo Svevo (1861-1928), on a fumé soixante cigarettes par jour pendant toute une vie d’homme. On entend déjà le chœur des passéophobes ? Quoi, encore un mort dans la « République des livres » ? Encore un classique ? Sus à la naphtaline ! De l’air ! Du jeune et de la fiction ! A quoi l’on rappellera, comme il est devenu désormais rituel à la veille de l’été, que ce site est dédié à l’actualité des […]

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Un cheminement « spécial »

Un cheminement « spécial »

JEREMY ORIOL

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Auteur de cinq romans, Roopa Farooki est régulièrement citée en compagnie de Zadie Smith, de Monica Ali, ou encore d’Andrea Levy en tant que femme auteur de fables contemporaines ancrées dans une métropole londonienne multiethnique et multiculturelle. Son œuvre jalonne mon parcours de traducteur depuis l’origine puisque c’est en master que j’ai traduit les premières pages de son deuxième roman, Corner Shop. Au fil du temps, ma perception de son œuvre et de mon travail s’est naturellement enrichie et c’est ce cheminement que je souhaiterais faire ressentir au travers d’un exemple qui, quoique mineur (ou peut-être justement à cause de […]

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Maugham & Floc’h & Rivière : Tremendous !

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L’anglophilie est-elle une maladie textuellement transmissible ? Si c’est le cas, alors ça craint à la lecture de Villa Mauresque du duo Floc’h & Rivière (104 pages, 20 euros, La Table ronde) car l’album est irrésistible. Il n’est pas indispensable de bien connaître la langue de Maugham (prononcez « Môôôme » si vous ne voulez pas passer pour un froggie) pour succomber à son charme. Car c’est bien de lui qu’il s’agit ainsi que l’annonce le bandeau « Somerset Maugham  et les siens » pudiquement placée par l’éditeur non au bas, comme il est d’usage, mais au centre de la couverture représentant l’écrivain nageant saisi […]

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A lui seul bien des John Irving

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Mais que deviendraient-ils tous sans Shakespeare ? Il est partout, ce qui n’a rien d’étonnant car tout y est déjà. Sans lui, le treizième roman de John Irving ne serait rien. Pas d’esprit, pas d’âme, pas de colonne vertébrale. Il tient du début à la fin A moi seul bien des personnages (In One Person, traduit de l’anglais par Josée Kamoun et Olivier Grenot, 480 pages, 21 euros, Seuil), à commencer par le titre échappé de Richard II : « Je joue donc à moi seul bien des personnages/ Dont nul n’est satisfait » citation en épigraphe qui éclaire déjà à elle seule les zones […]

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Légère considération de Robert Walser pour ses traducteurs

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Quel écrivain n’a pas rêvé de faire face l’ensemble de ses traducteurs réunis pour décortiquer son œuvre dans de multiples langues ? C’est sûrement une épreuve, mais si enrichissante, et probablement édifiante, qu’elle vaut l’épuisant marathon que l’exercice suppose. Car il s’agit bien d’un échange intense sur l’art et la manière de déporter des mots et une pensée d’une langue d’origine à une langue d’accueil. Rien à voir avec ce que vivent depuis deux mois les onze traducteurs venus de onze pays enfermés dans un bunker près de Milan : chargés de traduire de l’anglais, dans le plus grand secret et dans […]

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