de Pierre Assouline

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La République des livres
N° 17 Ma tante Hitler

N° 17 Ma tante Hitler

La série Dallas, entreprise par les producteurs américains comme un remake de Scènes de la vie conjugale, mais avec des personnages plus fortunés.

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Les obsolètes : les paquets de Gauloises « troupe », ration gratuite de cigarettes distribuée aux militaires. Les paquets n’avaient pas de papier argent, et ces Gauloises étaient pleines de « troncs », grosses tiges qui brûlaient mal.
(Il y avait aussi les P4, petits paquets de quatre cigarettes, vendues 18 centimes de franc.)

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Sunset Boulevard, sa longueur (39 km), ses stars, ses nids de poule.

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(D’après Philippe Muray)

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Ce type qui veut régulièrement écrire à la RATP pour que la voix synthétique du métro ne prononce plus Miromesnil comme Mireaux-Ménil, presque en deux mots, avec un o long. Il ne le fait pas, arguant qu’on n’en finirait jamais d’écrire à tout le monde.

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Les obsolètes : aller chez l’oculiste. Ou chez la doctoresse – mot qui aurait dû vivre une belle vie, mais qui n’a pas.

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En Inde
L’on donne volontiers Hitler comme prénom aux enfants : on explique qu’il est le symbole de la force et de l’ordre. C’est aussi le nom d’une marque de crèmes glacées, d’une chaîne de magasins, et une série télévisée s’appelle Ma tante Hitler. Là-bas, ce sont les musulmans que les nationalistes radicaux voudraient exterminer.
Le propriétaire d’un magasin de vêtements dont l’enseigne est « Hitler », surmontée d’une croix gammée incrustée dans le point du i, pose pour la photo avec un ticheurte qui reproduit l’image du Mahatma Gandhi.
Certains prétendent que Hitler est un avatar du dieu Vishnou.

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Au Japon
On aime la langue française – un peu employée au hasard, il faut l’admettre, par des boutiques à la mode ou des marques :
« Comme ça blanc d’œuf » (magasin de vêtements)
« Petit bit » (marque de gommes à mâcher)
« Jouir de bijou » (magasins de colifichets)
« Ruisselant de joie » (marque de lait)
« Co-labo » (enseigne de café)
La dernière est assez jouissive :
« Femme fontaine » (marque de perruques).

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Le jour où l’on vous a appris à nouer vos lacets de souliers.

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Pour guérir les escarres (nom féminin, soit dit par parenthèse, comme les carres des skis), un moyen souverain : le miel, dont il faut largement tartiner la plaie. À noter dans un coin, pour plus tard.

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Au retour du marché, vers onze heures… Tous ces étals de nourriture excitent les digestifs, comme dit Saint-Simon. Un petit creux… Le radis qu’on croque, la rondelle de saucisson, la première fraise de la saison… Là-dessus un café serré (seulement du moka, on ne peut pas boire du bourbon pointu tous les jours, au prix qu’il coûte, les salauds).

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Une femme qui, au matin, porte une chemise d’homme, trop grande pour elle, et qui lui arrive à mi-cuisses.

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Personne ne sait.
Comment partager sa vie avec une personne qui aimerait les symphonies de Honegger, ou, pis encore, les pièces de Hindemith ; non seulement les aimerait, mais les écouterait. Ou, pis encore, les jouerait. Le Ludus tonalis, le dimanche après-midi, sur le piano du salon !

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(Ludus tonalis, suite)
Richter en avait joué la moitié à la Grange de Meslay. Il y avait là, dans le public, un ancien président de la république. Sorti de son somme par les applaudissements, il s’était joint à l’enthousiasme général, et généralement simulé. Tourné vers sa femme, il lui dit de son aristocratique voix chuintante : « Cha alors ! Il le mérite ! », sans qu’on sût de quel mérite il parlait exactement. D’avoir joué ça ? De l’avoir joué si bien ? D’avoir pressé le tempo pour que cela dure moins ? Et mérité quoi ? On ne sait même pas s’il faisait allusion aux applaudissements du public en général, ou aux siens exclusivement.

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Le jour où San-Antonio mène une enquête aux États-Unis. Il y mange une « gelée de foutre à la framboise ». Il y a une note en bas de page : « Ne commande jamais de gelée comme dessert dans un restaurant amerlock, non seulement tu ne sais pas ce que tu bouffes, mais c’en est ! »

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(Suite ?)
Le roi de Thaïlande, le vrai, pas un héros de polar : Maha Vajiralongkorn Bodintharathepphayawarangkun. Vous éteindrez en sortant.

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(Solution de la grille de mots croisés publiée la semaine dernière, en cliquant ici.)

 

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Cette entrée a été publiée dans Les petits papiers de Jacques Drillon.

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