de Pierre Assouline

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La République des livres

N° 128 Bourrage des urnes

Par Jacques Drillon

Ne pas répondre, ne pas regarder ; seulement tourner le dos et partir.

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« Concerto pour sonotone de Beethoven » (San-A.)

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Nicolas Gombert, qui écrit une déploration sur la mort de Josquin des Prés, qui écrit une déploration sur la mort de Jean Ockeghem, qui écrit une déploration sur la mort de Gilles Binchois. Mais qui a regretté Nicolas Gombert ?

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Les drogués véganes qui prennent leurs doses en gélules végétales, pour ne pas consommer de gélatine de porc.

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L’éjaculathon. C’est un concours : record de vitesse, de distance, de quantité. Les femmes sont gagnantes : la femme-fontaine championne éjacule en deux secondes, à sept mètres de distance, et des litres.

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L’absurdité, pour un mortel : être collectionneur.

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La veuve d’un célèbre sociologue, portant l’urne funéraire de son mari sur ses genoux : « Il est encore chaud. »

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Certaines éoliennes qu’on enfonce dans le fond de la mer à coups de marteau, comme des clous.

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La bonne paire de baffes, proprement assenées sur les joues de la jeune judokate par son entraîneur, juste avant qu’elle ne commence un combat.

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Les langoustines, désormais grosses comme des crevettes.

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Certains pianos, qui ne se donnent entièrement qu’à ceux qui savent les faire jouir.

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« Coucou je m’appelle Naoko j’ai 24 ans je suis genderfluide, pansexuel-le et polyamoureuxse  en relation avec quatre personnes adorables, Clément-ine qui a 21 ans et qui est pansexuelle polyamoureuxe et genderfluide ellui aussi, Loukas homme cis bisexuel polyamoureux de 22 ans, Lassia femme cis pansexuelle polyamoureuse qui a 25 ans et Spiritus, mec trans pansexuel et polyamoureux de 19 ans, on est toustes polyA car depuis mon expérience catastrophique avec mon ex monoamoureux polyaphobe je préfère éviter les monoA même si iels se disent poly acceptant car les relations entre polyA et monoA se passent rarement bien… souvent des problèmes pointent leur nez et la relation dégénère… »

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L’ennui
Entendre deux mères qui se parlent de leurs enfants.

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Les obsolètes : la première classe du métro, wagons rouges, avec ses sièges de cuir marron, presque noir (ou vraiment noir?), à peine rembourrés, pour le principe, alors qu’en seconde on n’avait droit qu’à des bancs de bois verni. La mine et la mise des voyageurs de première, des dames surtout, crois-je me souvenir, actrices résolues de la lutte des classes. La tête qu’elles faisaient, quand on entrait dans leur wagon, avec des cheveux longs crasseux, avec à la main la « Cause du peuple ».

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Le plaisir des médecins, dont la journée se passe à donner des ordres à leurs patients. Quelle joie, pour eux, de se lever matin ! Comme ils sont importants !

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(Suite)
Le médecin qui vous dit que vous vous portez comme un charme, que tout va très bien. Vous lui dites que vous allez sûrement mourir dans les quinze jours si l’on ne se remue pas. Il ne veut pas le croire. Il y a vraiment des gens qui ne comprennent rien.

j.drillon@orange.fr
(Tous les vendredis à 7h 30)

 

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La troisième série de petits Papiers (Papiers découpés), parus sur Bibliobs.com, fera l’objet d’une publication en volume et n’est plus en ligne. La première (Papiers décollés) a été publiée sous le titre Les fausses dents de Berlusconi (Grasset, 2014), la deuxième (Papiers recollés) sous le titre Le cul rose d’Awa (Du Lérot 2020, disponible sur commande, en librairie ou chez l’éditeur.

Cette entrée a été publiée dans Les petits papiers de Jacques Drillon.

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