Familles, je vous hais !
Un siècle et des poussières après le cri lancé par André Gide, « Familles, je vous hais ! » n’a rien perdu de son actualité. Plusieurs témoignages sous forme de récits, parus ces deux dernières années dans le fracas du scandale médiatique, en attestent : Orléans de Yann Moix, Le Temps gagné de Raphaël Enthoven, Le Consentement de Vanessa Springora, La Familia grande de Camille Kouchner… Qu’il s’agisse de maltraitance infantile, de viol, d’inceste ou de pédocriminalité, la même question revient lancinante dans ces récits, formulée implicitement ou explicitement : « Où sont les parents ? ». Familles décomposées, recomposées, redécomposées, explosées. Père parti. Et alors ? Comme si le départ, la séparation, le divorce l’exonéraient d’une présence et le déchargeaient de toute responsabilité. Camille Kouchner n’a de cesse d’interpeller ses parents : « Où étiez-vous ? ». La chronique de la vie quotidienne vue par Yann Moix, enfant martyrisé, terrorisé, humilié, est accablante pour les parents.
La famille est la vraie cible de ces livres derrière celle officiellement désignée urbi et orbi. Au-delà de la dénonciation des coupables, la famille est constamment mise sur le grill de manière plus ou moins précise ou refoulée. L’inceste, crime de lien, touche au patriarcat donc à la domination. Or qu’est-ce que ce lien sinon celui de la famille ? Elle peut détruire l’enfant qu’elle est censée protéger. La maison de vacances est l’héroïne cachée du récit de Camille Kouchner, le lieu géométrique des passions, des bonheurs et des angoisses. Sanary, maison de famille mais de « cette famille de fous ».
« Familles, je vous hais ! Foyers clos ; portes refermées ; possessions jalouses du bonheur » écrivait donc le jeune Gide dans Les Nourritures terrestres, poème en prose si l’on veut car le livre est en réalité inclassable tant il mêle les genres littéraires, a été publié en 1897 par le Mercure de France. Récit initiatique et sensuel, mêlant sensations et réminiscences, il encourageme à se rendre disponible à la vie et ouvert à la beauté du monde. Gide y invite surtout les lecteurs de sa génération à se débarrasser de ce qui les aliène à commencer par la famille. Si les Nourritures terrestres a été et continue à être lu comme un traité de vie, les tensions de notre société crispée célèbrent plutôt dans les livres de Moix, Enthoven, Springora, Kouchner des traités de survie.
La Familia grande, le plus récent d’entre eux, est une ode à une mère qui, à 20 ans, se disait fascinée par le bréviaire de Gide et n’avait de cesse de transmettre à sa fille sa passion pour ce livre. Elle l’enjoignait de « fuir sa famille », ce qui lui était d’autant plus difficile que celle-ci représentait « une sacrée bande ». Jusqu’à sa désintégration. « Liberté, liberté ! ». Tel était son leitmotiv postsoixante-huitard. Sauf que l’inceste n’est pas une liberté. Des Nourritures terrestres, l’histoire littéraire a aussi immortalisé l’injonction lancée par l’auteur à Nathanaël dès la première page : « Et quand tu l’auras lu, jette ce livre- et sors », mais moins les injonctions suivantes à sortir de sa chambre, de sa pensée… De sa famille.
Que d’absences et de silences dans ces livres à explosions, comme on le dirait d’un moteur, avec la colère comme carburant. Quels concentrés de violences enfouies dans ces récits clivants. Impossible de les toucher du doigt sans s’y couper. Le lecteur en ressort en lambeaux, à l’image des auteurs. L’empathie se paie cash. On est autant touché moralement que physiquement. Yann Moix est le seul écrivain des quatre. Pour les autres, on saura plus tard, si l’essai est transformé. Un écrivain écrit par rapport à son secret. Mais s’il mange le morceau d’emblée, que lui reste-t-il ? C’est le risque- à supposer qu’on en calcule les conséquences lorsqu’on a une masse si oppressante à extirper de soi. Alors on verra bien, une fois que le temps aura fait son œuvre et que l’on aura séparé ces livres du bruit qu’ils ont fait. Philip Roth avait prévenu :
« Quand un écrivain naît dans une famille, c’en est fini de cette famille ».
La famille, l’autre tabou, une omerta infracassable. De quoi hésiter entre deux attitudes. Soit lancer un vibrant « Familles, je vous ai ! » tel Hervé Bazin, l’auteur de Vipère au poing, à qui l’on doit ce mot de résistance. Soit paraphraser une fameuse réflexion de Cioran pour l’adapter à la situation : il est incroyable que la perspective de couver peut-être un futur écrivain n’ait jamais fait renoncer un couple à avoir un enfant.
(Édouard Vuillard, Le Déjeuner Hessel, 1899, huile sur carton, musée d’Orsay » et « André Gide en 1893, peu avant de publier les Nourritures terrestres » photo D.R.)
1 486 Réponses pour Familles, je vous hais !
blogjorion:
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Aussi cette crise rend-elle à la fois visible et insoutenable l’exercice de la domination intellectuelle – si habituel dans nos sociétés patriarcales. L’un des leviers bien ancrés de cette domination consiste, par exemple, dans l’adulation des enfances nanties des artistes, intellectuels, savants.
Sartre n’a choqué personne lorsqu’il écrivait dans Les mots cette phrase maintes fois citée : « J’ai commencé ma vie comme je la finirai peut-être : au milieu des livres. » Sans doute parce que c’était un homme, on n’y trouva pas à redire et on ne verra pas de contradiction entre son gauchisme intellectuel et son auto-promotion bourgeoise, fût-elle habilement et ironiquement poétisée. Parler de ses parents, de ses grands-parents, de sa bibliothèque et de sa maison de vacances sont des constantes bourgeoises auxquelles on se réfère pour définir l’intérêt qu’on doit porter à une personne. C’est une coutume dans les interviews d’être invité·e à parler de ses parents, comme pour pouvoir se grandir des valeurs qu’on leur usurpe au prétexte d’en hériter. Pourtant, une telle pratique satisfait à moindres frais notre besoin d’admirer et soutient les discriminations socio-économiques le plus agréablement du monde. Sans doute en raison de mon milieu natal (sans livre, ni foyer, ni vacances), cette violence de notre culture m’a toujours paru non pas tant indécente que stupide. Avoir besoin de circonstances arbitraires (genre, profession des parents, livres lus, sorties culturelles, etc.) pour s’épargner l’attention aux actes et aux idées de quelqu’un témoigne d’une lâcheté intellectuelle dommageable au progrès de nos sociétés.
https://www.pauljorion.com/blog/2020/03/22/2-par-peggy-avez/#more-118688
On peut revoir le film adapté de Diderot ici:
https://www.arte.tv/fr/videos/100184-000-A/mademoiselle-de-joncquieres/
@ »Et pour parler comme Corneille sachez qu’à mon âge vous ne vaudrez guére mieux… et probablement moins bien s’agissant de la courtoisie. »
Encore eût-il fallu que nous nous connaissions pour porter de tels jugements.
D’autre paramètres, dont vous n’avez pas idée, pourraient faire que de très nombreux n’atteignent jamais, à leur tour, l’âge canonique de doyen d’un blog, ni n’envisagent un seul instant, ce futur horrifique.
Pour la courtoisie, madame je ne la pratique ni dans ce lieu, où la plus élémentaire politesse est absente. Ni ailleurs.
Je n’ai pas non plus souvenir que vous ayez trouvé à redire, lorsque des invectives, pour le coup ordurières, ont été proférées, certes pas à vous adressées, mais insupportables dans l’absolu. Comme si cette familiarité était de mise dans votre » famille »
Vieux grison,- comme il vous plaît d’utiliser ce titre cornélien-, a votre mot courtoisie bien mal choisi, je lui préfère celui de civilité.
Il vous remet a votre place, celle de vous voir opposer des quolibets et ricanements, lorsque vos persiflages de basse basse-cour, sont trop grossiers.
Je vous souhaite la bonne journée, j’aurai beaucoup à faire, aujourd’hui, dans mon marquisat.
Ma femme
J’ai rencontré ma femme par hasard. Je me suis marié trois mois plus tard. Elle a transformé ma vie. Certains se marient sept ou huit fois dans leur vie. Je n’aurais pas eu cette idée. J’ai eu bien de la chance de la connaître. J’ai vécu avec elle dans quatre pays d’Afrique, où j’enseignais le français, puis à La Réunion, puis dans ma ville natale, en Normandie. C’était la femme de ma vie. Elle n’est plus. Je ne l’oublierai jamais. Elle n’est pas remplaçable et ne sera pas remplacée.
Jazzi je comprends que ça te plaise : on croirait écouter parler Stephane Bern.
Le hasard a bien fait les choses, Patrice Charoulet.
Monsieur Charoulet, moi ma femme je ne l’ai pas du tout rencontrée par hasard : il ne faut jamais le hasard décider de choses aussi importantes.
Je l’ai rencontrée dans un endroit où l’on pouvait rencontrer de riches héritières, et j’en ai trouvée une et croyez-moi c’était pas la plus pauvre !
Puck
🤣
« notéS sur un bout de nappe que je vienS »
Si la nappe était en papier, ce peut effectivement être le début d’une belle histoire.
Beau commentaire x.
« c’était pas la plus pauvre ! »
Seulement la plus moche. On ne peut pas tout avoir et à voir…
@x qu’importe si ça décourage des lecteurs éventuels de Tristram.
Si Borges nous explique dans son Menard que si un écrivain voulait écrire Quichotte il faudrait qu’il ait lu avant Bertrand Russell et les philosophes du langage c’est bien pour dire que ça se trouve dans Quichotte : comme je disais à je sais plus qui il y a des livres qui disent plus que ce qu’on y lit.
pourquoi ne faudrait-il pas le dire ? Se contenter de faire des critiques qui se résument à des mondanités et des exercices d’admiration religieuses du genre « le dictionnaire amoureux de F… ».
Non ! parfois certains livres c’est du lourd ! et quand on nous pond du lourd avec l’humour et la légèreté de Quichotte, Rabelais, Musil, Swift ou Tristram ça devient grandiose !
on entre dans un autre monde que dire des légèretés de façon légère comme Diderot ou dire des légèretés avec lourdeur comme Camus.
Il me semble qu’il est intéressant de le rappeler, parfois, même souvent, et si les critiques ne le disent pas captivés qu’ils sont captivés par le Style et la Beauté, il faut bien que les petits lecteurs comme moi le disent.
C’est pas Sainte Beuve qui disait que tout lecteur est aussi critique ? ou est-ce un autre ? je sens que je vais encore me faire allumer par MC.
Jazzi dit: à
« c’était pas la plus pauvre ! »
Seulement la plus moche. On ne peut pas tout avoir et à voir…
»
Jazzi tu sais la beauté est une notion très subjective, par contre le chiffre qui noté en bas de ton compte en banque c’est pas du tout subjectif, et quand ce chiffre dépasse un certain seuil ça peut te rendre très belle la femme la plus moche si tu vois ce que je veux dire mon petit Stéphane Bern adoré !
Faut lire ensuite la trilogie allemande !
—
Indigeste, sauf peut-être le début de Un château, logorrhée lassante pour l’œil et l’oreille.
Eu sous la main un’épouvantable traduction du Tristram : se le cose stanno così je comprends qu’il puisse tomber des mains. Il parait qu’il y a une nouvelle et plus cohérente traduction fr., mais pas envie depenser de l’argent pour l’évaluer. L’excellente traduction italienne de 1974 bien à part, pour le plaisir je me contente d’un Pinguin Classics. On trouve maintenant une edition numerique avec annotations pour quelque chose comme 3$, peut-être moins — 2.99 ? —.
Pour qui voudrait se familiariser avec l’humour sternien voir la nouvelle satirique Un roman politique : mieux que l’enseignement de n’importe quel politologue. Pas d’opinion relativement à la tr. fr., car je ne l’ai pas eue sous la main.
« quand ce chiffre dépasse un certain seuil »
A partir de combien tout devient-il beau pour toi, puck ?
Patrice Charoulet,
vous avez rendu une femme heureuse, elle vous a rendu heureux, que cette pensée vous apaise…
@Bloom
j’ai relu la trilogie allemande pendant le premier confinement, alors que tout le monde relisait La peste. Ca n’est pas si lourd, mais ça n’a rien de génial, c’est sûr.
Eh même, ça m’a distrait finalement, entre deux expériences, désastreuses au début, de visioconférences avec des étudiants. Ca ajoutait au côté irréel de la situation. Le soir, un petit cognac était parfois nécessaire avant un bon film.
et même
scusi
@ « a votre mot courtoisie bien mal choisi, je lui préfère celui de civilité ».
Parfois, il faut oser proférer de telles sentences.
@ « Elle n’est pas remplaçable et ne sera pas remplacée ». Souvent, on se résigne à un délai de viduité que l’on a décidé imprescriptible. Il faut cependant imaginer qu’il pourrait ne pas l’être, à cause du hasard.
@ Déduisons en une morale personnelle apaisée : « laissons au hasard le soin de demeurer civil ».
Bàv, (16.2.21_9.16)
« pendant le premier confinement »
D’une débâcle l’autre, Jibé !
Bloom est un peu sectaire et puck est totalement bouché !
Jazzi dit: à
Bloom est un peu sectaire et puck est totalement bouché !
»
et toi mon Jazzi t’es comment ?
tu vas pas te lancer à ton tour dans l’entrve à la liberté d’expression et dire aux autres ce qu’ils doivent dire et ne pas dire, leur comment ils doivent se comporter et ne pas se comporter etc…
sérieux vous êtes lourdingues !
vous devenez tous vieux : laissez donc les gens dire ce qu’ils ont envie de dire et occupez vous donc de vos propres affaires !
occupez vous donc de vos propres affaires !
ça c’est vrai; j’ai fait un pic de tension :zut
« D’une débâcle l’autre, Jibé ! »
ça Jazzi, on ne saurait mieux dire!!!
freedom ! freedom ! freedom ! freedom !
You got my pride
Hanging out of my bed
You’re messin’ with my life
So I brought my lead
You even mess with my children
And you’re screamin’ at my wife, baby
Get off my back,
If you want to get outta here alive
Freedom,
That’s what I want now
Freedom, that’s what I need now
Freedom to live
Freedom, so I can give
Diderot trop léger.. Vuillard et Picasso bons à jeter.. Flaubert dans ses lettres « fait sa petite bêcheuse » « Ravelstein » de Bellow « roman assez bâclé ».. »la nuit des forains » de Bergman..je sors de la salle…La trilogie allemande de Céline « ça n’a rien de génial c’est sûr ».
Eh bien, ce n’est plus la république des livres,mais la caserne des pompiers dans « Fahrenheit 451 » de Ray Bradbury avec le pompier Montag obligé de passer les livres au lance-flammes. Ici on y ajoute les peintures.
merci, P.Edel, mais je ne savais pas le dire
le pompier Montag
—
Dienstag, aujourd’hui. Comme les cryptogrammes dynamiques, ça change tous les jours.
Les contempteurs de Flow-Bear dans l’Obs font pas mal non plus dans leur genre. Mourir pour Flow-Bear, peut-être, mais de mort lente, mais pour Dantzig, NEVER!
Ahmed Omar Saeed Sheikh, diplômé de la prestigieuse London School of Economics, ça vous dit quelque chose?
« La rue était une aire soumise au contrôle diffus des adultes, chaque voisine pouvait ‘jeter un œil’ sur les enfants et surtout, elle se donnait le droit d’intervenir dans ce monde relativement ‘accordé’ par des normes communes. À Seraing encore, les adultes interpellent directement les adolescents qui se livrent à des jeux intempestifs ; chacun connaît les jeunes et ne se prive pas de menacer les plus turbulents d’en parler à leur père’. Ce contrôle social s’étiole dans les nouveaux quartiers. Comment intervenir auprès d’enfants dont on ne connaît pas les parents, dont on souhaite souvent ignorer l’existence et dont on veut se démarquer afin de préserver son image et son quant-à-soi ? Aussi, très vite, les jeunes apparaissent-ils comme des étrangers et comme un groupe plus ou moins menaçant, un groupe dont les réactions sont imprévisibles et face auquel il importe de se protéger. Avec la disparition de la rue, tous les espaces intermédiaires entre le public et le privé s’étiolent. Le privé se replie sur l’appartement qui devient une forteresse, et le public devient hostile. De ce point de vue, les jeunes et les enfants paraissent être les seuls véritables habitants de la cité, les propriétaires des espaces ouverts comme les parkings, les pelouses, les caves et les cages d’escaliers ».
sur
Comprendre le phénomène des bandes et ses évolutions
15 février 2021, 20:38 CET
theconversation.com/comprendre-le-phenomene-des-bandes-et-ses-evolutions-154660?utm_medium=email&utm_campaign=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2015%20fvrier%202021%20-%201863918171&utm_content=La%20lettre%20de%20The%20Conversation%20France%20du%2015%20fvrier%202021%20-%201863918171+CID_4caff7d1cd8e40ac2b48c353eb0e1d45&utm_source=campaign_monitor_fr&utm_term=Comprendre%20le%20phnomne%20des%20bandes%20et%20ses%20volutions
contre la « théorie » et pour guy BEART sur conversation:
. Combat contre la bureaucratie, avec Coucher avec une bureaucrate ou, mieux encore, Lo papel, chanson d’une inventivité étonnante, que seul Béart pouvait écrire : « A forza da bouffa dou papel/On finit par vénir ginnjouille/Bouffa dou papel dou papel dou papel/Chié pas bounn por lé batrachouï ».
« … obligé de passer les livres au lance-flammes. Ici on y ajoute les peintures. »
Il y a de bon que cette observation vient d’un critique qui emploie encore le mot « baroque » comme il etait d’usage avant Wölfflin.
Cela dit, c’est oublier qu’après la révolution dada tout bon artiste sait qu’il y a de pans de son œuvre qui ne sont pas au top — ou alors on entre dans un temps de creation long à dégoûter les soectateurs.
[dada Zurich, evidement]
JJJ
A la brillantissime Marie Sasseur qui écrit » votre mot courtoisie est bien mal choisi, je lui préfère celui de civilité »,vous répondez comme si elle faisait du « belle marquise…. »
« Parfois, il faut oser proférer de telles sentences »
Mais de la part de quelqu’un d’aussi subtil et cultivé ,la distinction doit avoir un sens et sans doute « civilité » et « courtoisie » ne sont pas synonymes comme ils le sont pour nous autres, les ploucs
En cherchant bien en effet, et en prenant le risque de la parer des plumes du paon, on peut créditer M Sasseur d’une délicatesse d’ordre ideologique , qui ,pour dire la même chose, lui fait préférer « civilité » ,qui se réfère aux usages républicains de la cité, à courtoisie qui a pour étymologie les usages de la cour.
Si tel est le cas ,si c’est cela qu’elle a voulu dire en me conseillant « civilité » au lieu de « courtoisie », elle se trompe sur moi.
Car le monde aristocratique me fascine et ne pas en avoir été est un regret cuisant dans ma vie; De sorte sans en être consciente c’est une aspiration profonde que j’exprimais justement en disant « courtoisie » au lieu de politesse ou civilité
En conséquence appliquée à moi la leçon de vocabulaire que donnerait Marie Sasseur est sans pertinence
Oups ! soectateurs > sPectateurs
Paul Edel dit: à
Diderot trop léger.. Vuillard et Picasso bons à jeter.. Flaubert dans ses lettres « fait sa petite bêcheuse » « Ravelstein » de Bellow « roman assez bâclé ».. »la nuit des forains » de Bergman..je sors de la salle…La trilogie allemande de Céline « ça n’a rien de génial c’est sûr ».
Eh bien, ce n’est plus la république des livres,mais la caserne des pompiers dans « Fahrenheit 451 » de Ray Bradbury avec le pompier Montag obligé de passer les livres au lance-flammes. Ici on y ajoute les peintures.
😅🤣😂👹😅🤣😂
et alii dit:
Je tiens à préciser sue je suis lecteur de Ravelstein.
« A forza da bouffa dou papel/On finit par vénir ginnjouille/Bouffa dou papel dou papel dou papel/Chié pas bounn por lé batrachouï ».
Guy Béart
😂🤣😅🤪😂🤣😅
« Je l’ai rencontrée dans un endroit où l’on pouvait rencontrer de riches héritières, et j’en ai trouvée une »
–
…elle s’appelle Maurice ?
Chez nous à Marseille, on dit jobastre.
L’est complètement jobastre celui-là.
Ne peux vous dire si c’est une joyeise combinaison entre Job sur son tas de fumier et un sacré bastringue, mais le mot usité est jobastre.
Deachach ferait bien de consulter un dictionnaire et avant de s’octroyer le ramage du vieux grison de Corneille, d’en bien relire le poème correspondant.
Ce vieux chameau ne va pas m’emmerder bien longtemps, j’ai du travail.
Sonnet LXXVI.
Cent fois plus qu’à louer on se plaît à médire :
Pour ce qu’en médisant on dit la vérité,
Et louant, la faveur, ou bien l’autorité,
Contre ce qu’on en croit, fait bien souvent écrire.
Qu’il soit vrai, pris-tu onc tel plaisir d’ouïr lire
Les louanges d’un prince ou de quelque cité,
Qu’ouïr un Marc Antoine à mordre exercité
Dire cent mille mots qui font mourir de rire ?
S’il est donc permis, sans offense d’aucun,
Des mœurs de notre temps deviser en commun,
Quiconque me lira m’estime fol ou sage :
Mais je crois qu’aujourd’hui tel pour sage est tenu,
Qui ne serait rien moins que pour tel reconnu,
Qui lui aurait ôté le masque du visage.
Joachim du Bellay.
Poète : Joachim du Bellay (1522-1560)
Recueil : Les Regrets (1558).
Par un autre biais, à propos de la petite crise de Paul E., la perception et l’utilisation-jouissance du fait kulturel relève du subjectif, nous pouvons, et devrions, donc comprendre que chacun a ses goûts et ses dégoûts. Je comprends que ce soit dur à avaler, car des années durant nous avons eu affaire avec des pseudo-intellectuels qui prétendaient faire la loi.
LE SAUT DE L’ANGE
Seul un roman pourrait décrire les sensations qu’éprouve celui qui vient de se jeter dans le vide depuis la plus haute tour.
Un beau soir de l’été 1974, je rencontre dans la rue un garçon dont le nom claque comme un fouet aux oreilles du cinéphile en herbe que je suis : Gérard Falconetti.
Petit-fils de l’iconique Jeanne d’Arc de Dreyer, celui-ci est la coqueluche du gay Saint-Germain-des-Près, où nos pas se sont croisés par hasard.
On peut voir alors son image en gros plan sur les affiches publicitaires placardées aux quatre coins de la ville. Celle d’un beau mec, arborant fièrement une crin!ère bouclée et vantant en souriant, le torse nu et musclé, les mérites d’une marque de déodorant.
Plus qu’un simple mannequin, je sais que c’est un jeune acteur côté.
Auparavant, je l’ai vu dans Le Genou de Claire d’Eric Rohmer (1970). Il s’y révèle le pâle rival d’un Jean-Claude Brialy, plus mûr et plus entreprenant (et, à l’évidence, nettement meilleur comédien que lui), qui l’éclipse auprès de sa propre petite amie, l’héroïne évoquée en titre du film.
Après un échange de regards appuyés, il m’invite à venir prendre un verre à son domicile.
Ce que j’accepte bien volontiers.
Il habite à deux pas, un studio spacieux et confortable.
De trois ans mon aîné, n’incarne-t-il pas tout ce que je souhaiterais être ?
Après le corps à corps, nous échangeons quelques confidences.
Un temps flatté d’avoir été distingué par ce demi dieu en devenir, je me retrouve très vite désillusionné.
Il m’apparaît dès lors tel un enfant gâté, infatué et satisfait de sa personne.
J’apprends que sa famille est d’origine corse et qu’il vient juste d’achever la rédaction d’un roman, titré Le Pull-over.
La platitude de ses propos et son air arrogant ne m’incitent guère à lui en demander plus.
D’autant plus que l’heure du dernier métro a sonné depuis un bon moment.
Je le remercie alors pour son hospitalité et, songeant à la route qu’il me reste à faire pour regagner à pied ma couche, je me retire sans plus m’attarder.
Par la suite, je ne le revis plus jamais et le classai définitivement dans la série des amants occasionnels.
Me contentant des seules informations concernant sa trajectoire professionnelle : au cinéma, au théâtre ou à la télévision.
C’est ainsi qu’il fit de distinguées apparitions à nouveau avec Eric Rohmer, dans Perceval le Gallois (1978) ; dans Les Ailes de la colombe (1981) de Benoît Jacquot, adapté du roman de Henry James, avec Isabelle Huppert et Dominique Sanda, ou encore dans La Maîtresse du lieutenant français (1981), réalisé par Karel Reisz, avec Meryl Streep et Jeremy Irons.
Tandis qu’au théâtre on a pu le voir jouer dans Portrait de Dora d’Hélène Cixous, mis en scène par Simone Benmussa, en 1976 ; La Plage de Severo Sarduy, également mis en scène par Simone Benmussa, l’année suivante, ou encore dans Catherine de Heilbronn de Heinrich von Kleist, mis en scène par Éric Rohmer, en 1979.
Certes, il joua aussi dans quelques films érotiques franco-italiens et des téléfilms de moindre importance, mais son cursus s’avérait passablement des plus prometteurs : je l’avais peut-être mal jugé, moi qui de prime abord l’avait trouvé plutôt… con.
Dix ans plus tard, en juillet 1984, alors que je vivais seul dans un studio du quartier Maine-Montparnasse, et sillonnait habituellement la vaste place s’étendant devant la gare, j’appris par la radio que le comédien Gérard Falconetti, âgé de trente-cinq ans, récemment informé de son infection par le virus du sida, venait de se jeter du haut de la tour Montparnasse.
A défaut du corps de l’intéressé, la nouvelle me flanqua un violent coup sur la tête !
http://php88.free.fr/bdff/film/2000/0085/09/Laurence%20de%20Monaghan%20Gerard%20Falconetti%20(2).jpg
Les toiles, on pourrait les mettre pour boucher le poulailler de Georges. Pour que le renard arrête de venir bouffer Monique et Viviane.
Dans 150 ans, quelqu’un sera content.
l’avaiS et sillonnaiS
Ce que dit sa mère, de son fils et de sa propre mère, Renée.
Description de l’ouvrage :
Le nom de Falconetti a été immortalisé par le chef-d’œuvre de Carl Dreyer, « La Passion de Jeanne d’Arc ». Mais une chape de silence est venue recouvrir la personne et l’œuvre de cette prodigieuse interprète, – jusqu’à faire croire qu’elle avait été la femme d’un seul rôle. La fille de « la grande Falco » rompt le silence. C’est la mort tragique de son fils, Gérard Falconetti, qui l’a décidée. Cherchant à retrouver les racines du malheur que les deux comédiens portaient en eux, elle révèle la troublante ressemblance (héréditaire ?) de leurs destins. Elle et lui, Renée et Gérard, possédaient des dons éclatants. Renée, plus heureuse que son petit-fils, put les exploiter pendant les « années folles » dont elle fut l’un des monstres sacrés. Ils eurent cependant le même don de se rendre insupportables à ceux qui les aimèrent. Rançon du génie ? Mère et fille d’artistes, l’auteur, n’a pas voulu ni n’aurait pu rédiger une « biographie », mais porter témoignage du combat des démons et de l’ange auquel, impuissante, elle a dû assister.
Des gens insupportables à la trajectoire d’une météorite ?
C drôle quand même le hasard, jazzi, pck la grand-père de votre amant d’un soir a incarné Juliette dont vous parliez récemment chez Fellini.
Juliette dans Juliette ou la Clé des songes de Georges Neveux,
« Sartre n’a choqué personne lorsqu’il écrivait dans Les mots cette phrase maintes fois citée : « J’ai commencé ma vie comme je la finirai peut-être : au milieu des livres. » »
En quoi est ce choquant ?
j’apporterais volontiers aussi au pompier qui s’occupe de Ravelstein et autres la Peste , ce pavé indigeste, ce roman qui ne sait pas s’il veut être roman réaliste, un roman à thèse ou un apologue sur la montée du nazisme déguisé en épidemie
A preuve du statut bâtard ,de cette oeuvre dont les visées se parasitent l’une l’autre ,une question qui m’a parfois éte posée par des jeunes a qui on faisait lire ce roman ;madame avez vous des souvenirs de la peste a Oran ou étiez vous trop jeune ?
Bien vu dear Baroz, mais Brialy semble moins à l’aise malgré sa barbe avec le genou de Claire que Lucchini dans cette bonne première apparition. « Votre » G. Falconneti fait son Porel, à l’écran comme à la vie. A cette époque la tour Montparnasse n’avait pas de barrières de protection…
faut bien se distraire, maintenant que la trilogie allemande de Céline est jugée « pas bien géniale », tout fiche le camp. Même deashash spécialiste du zeugma en bonzaï cultive le regret aristocratique en causant avec la valetaille.
> PaulEdel : » Yonville est un village sous cloche un village qui s’enfonce.. Sans avenir. Rôles pétrifiés et répétitifs : du pharmacien Homais à Rodolphe « .
Est ce qu’on ne retrouve pas cela chez Simenon, ou Chabrol ?
ça dépend à quel âge vous êtes partie, je pense que les derniers cas de peste bubonique à Oran datent de 1950 ?
Sinon il y a eu aussi une épidémie de typhoïde méningée qui a fait d’énormes ravages dans les écoles début des années 50.
Le vieux palefrenier analphabète, par l’odeur des queutards attiré.
Rien de nouveau dans leur enfer de stupre, hélas, monsieur de la Pérouse.
Tout fiche le camp, pour le vieux vicieux, sauf la nostalgie d’un nihilisme , lâche et passif. J’espère qu’il a dans le futal, les moyens de ses ambitions, et pas à la gide, à moins qu’il ne puisse plus bander, lui non plus.
Barozzi c’est le bellegueule du blogapassou. Encore un effort, et on ouvrir la porte de cette cage aux folles.
@puck
en tout cas ce n’est pas d’une des pestes réellement advenues que parlait Camus
je n’avais jamais entendu parler de peste bubonique a Oran: en revanche je me souviens très bien vers la fin des années 40 quand j’allais encore à l’école primaire de camarades qui étaient mortes de la typhoïde ou de celles qui, guéries avaient perdu leurs cheveux et venaient en classes un turban drapé sur la tête
et je revois aussi aussi l’enterrement gransdiose de la fille du maire du village où je vivais, morte à 20 ans de cette ‘épidémie
Ce qui est curieux, rose, c’est que le patronyme Falconetti se transmet par les femmes. Quid du nom du père de Gérard et du père d’Hélène, sa mère ?
Je ne suis pas assez assidu pour dire ce que j’ai à dire quand c’est le moment ; tant pis.
Mais, Marie Sasseur, vous semblez ne pas avoir bien perçu ma question, hier, ou avant hier ; qu’est ce qu’un livre de bon goût ? Qui saurait délimiter cette qualité — des livres, des peintures, des films de bon goût — sans dire que c’est l’inverse du mauvais goût .
Il fallait bien du cran, ou être totalement désespéré, pour se jeter du haut de la tour Montparnasse. Un plongeon durant lequel les secondes doivent sembler éternelles ? A quoi peut-on penser durant ce temps-là
j’ai connu une femme (en réalité plusieurs) dont le rêve(peu secret) n’était pas la noblesse mais d’être chatelaine;
il y aurait lieu d’ailleurs de s’intéresser aux lieux où il est question « du château » -parfois simplement le 2ème étage, mais pourquoi?
J’ai revu Milou en mai hiet soir, ce film est vraiment un chef d’oeuvre.
Mon moment préféré est quand Dominique blanc montre ses seins.
J’ai toujours eu très peur de mon père, ça, c’est sûr, de sa violence, de beaucoup de choses.
Coline Berry-Rojtman
« parfois simplement le 2ème étage, mais pourquoi ? »
Parce que c’est l’étage noble.
Petit test.
Lequel des deux choisiriez-vous ?
https://www.mercuredefrance.fr/Catalogue/(parution)/a-paraitre
Tiens, puck, vous faites encore votre Zeno ; vous devriez essayer aussi le personnage d’Emilio (Senilità).
Mais toujours à propos du Tristram, je continue de m’étonner, car le problème concerne moins le « que mentionner » que le « comment », la façon de le faire.
À moins que, comme on le fait spontanément vis-à-vis des sales gamins bien décidés à n’écouter aucun conseil (parce que ce sont des conseils et qu’ils ont résolu de « faire ce qu’ils veulent », ou, ce qui est plus désagréable, parce qu’ils tiennent à vous faire savoir que les recommandations n’ont aucun poids à leurs yeux quand elles viennent de vous…), vous n’ayez adopté la bonne vieille stratégie du « même pas cap’! »
Mais 1) ça ne marche pas avec tous les tempéraments et 2) cela vous place malheureusement dans la posture que vous dénoncez si souvent chez les autres : vous risquez d’être soupçonné de transformer le commentaire en faire-valoir du commentateur (capable, lui, de repérer ceci ou cela, vous vous souvenez ?)
Autre aspect du Tristram qui serait susceptible d’intéresser Jazzi, et là il n’est peut-être pas nécessaire d’attendre un Goût du recyclage et de la littérature durable puisque nous avons affaire à un amateur de Perec : dans la tradition de l’Anatomie de la mélancolie de Burton (qui elle-même n’inaugurait pas cette pratique), Sterne emprunte et réemploie.
X on a beaucoup parlé de Tristram sur l’ancienne RDL, avec des accrochages de contributeurs
Le patriarcat est un régime de terreur. Les hommes ont tiré pendant des siècles avantage symbolique et matériel d’une domination qu’ils ont établie par la force brute. Aujourd’hui, grâce à la scolarisation et à leur entrée sur le marché du travail, les femmes parviennent en de nombreux endroits à secouer le joug. Mais cette aspiration à l’égalité, dont le mouvement #MeToo a été une manifestation planétaire, ne va pas sans déchaîner en retour la colère ni sans alimenter un désir de représailles. La lutte pour l’émancipation est âpre. Aucun groupe dirigeant ne renonce à sa position de supériorité sans combattre.
C’est cette résistance acharnée, parfois sanglante, qu’Abram de Swaan documente de manière implacable, d’un bout à l’autre du monde. Djihadisme, fondamentalisme religieux, courants réactionnaires, mouvements d’extrême droite… : son attention se porte sur tous les groupes qui, quand il s’agit des femmes et du féminisme, montrent une parfaite identité de vue. Cette enquête globale et percutante pose les fondements d’une encyclopédie contemporaine de la misogynie.
Contre les femmes SEUIL
La montée d’une haine mondiale
Abram (de) Swaan
Traduit par : Bertrand Abraham
@ DHH, En cherchant bien en effet, et en prenant le risque de la parer des plumes du paon, on peut créditer M Sasseur d’une délicatesse d’ordre ideologique , qui ,pour dire la même chose, lui fait préférer « civilité » ,qui se réfère aux usages républicains de la cité, à courtoisie qui a pour étymologie les usages de la cour.
Une fois de plus, chère DHH, vous avez tapé dans le mille, vu la pauvreté des réactions épidermiques ultérieures suscitées.
Quelle justesse et profondeur d’analyse sur la nature de vos différends ! Et quelle sérénité à déployer vos arguments à fleurets mouchetés face à la brancardière ! Je suis toujours admiratif, vous le savez. Bàv, clôturons…
À propos du Tristram ‘
Mais le postféminisme est dans la déconstruction de la masculinité. S’éloigner d’une définition pénistique et naturelle de la masculinité [6]
[6]
Interview de Bourcier M.-H. (auteur de Queer Zones, Balland) in…. » Dans un second mouvement, un peu paradoxal, elle finit par accepter le concept de « genre », comme une donnée inévitable, mais non souhaitable, pour retourner à la question même de l’identité, plus essentielle. Elle souligne alors que, par le geste symbolique de supprimer le sexe de la carte d’identité, elle remet en cause une anthropologie où l’identité dans sa profondeur est considérée comme sexuée. Le plus intéressant, dans ce type de prise de position, est ce désir de produire soi-même des normes. L’insupportable de la différence des sexes, que ce soit dans son aspect biologique ou symbolique, est qu’elle s’impose à tous. On peut même dire que la différence des sexes est l’exemple même de l’insupportable pour un sujet qui se désire « autofondé ».
10Ce désir « d’androgynéité » de l’identité se manifeste dans toutes les dimensions de la vie. Chacun se trouve désemparé quand il est confronté à une différence fondamentale, parce qu’il s’attend à retrouver du semblable. Cette recherche en chaque couple des repères, des territoires et des différences peut devenir une mine de conflits, et même une occasion de chute. Les conflits autour du territoire de chacun, mais aussi les enjeux d’identité prévalent alors. La définition même de la vie ensemble, la manière dont on va s’occuper des enfants, gérer la vie professionnelle et les tâches domestiques demande ajustement et négociation. Les rôles moins fixés qu’auparavant, plus interpénétrés, tolèrent cette hétérogénéité vivante. Ils naviguent entre tension et proximité, entre défense farouche du territoire personnel et recherche de projets communs, entre tendresse et rivalité. Ainsi, encore et toujours, et plus encore maintenant où cette différence est niée, je rencontre en psychanalyse les mêmesquestions angoissées sur les différences : questionnement des hommes sur la plus grande fréquence de leur désir sexuel par rapport à leur compagne, sur leur capacité à devenir père, sur leur désir de liberté. Interrogations des femmes sur leur désir d’enfant non reconnu par leur conjoint, sur le sentiment que les hommes prennent la fuite, sur le silence des mâles concernant leurs sentiments. Ces questions ne font que souligner des différences dont l’origine, biologique ou culturelle, d’une certaine manière importe peu, mais qui sont à explorer et à reconnaître pourvu qu’elles ne soient pas porteuses d’inégalité, notamment en termes de droit.
11La relation de couple hommes-femmes est prise plus qu’avant dans un cocktail détonnant, où le côtoiement de l’altérité se déploie dans la plus délicieuse et inquiétante proximité. Il existe bien sûr du biologique dans cette différence. Que dire de la perception du temps et du corps chez les femmes en relation avec leur cycle menstruel et son inscription corporelle dans un temps s’imposant comme une horloge, et les livrant aux bouleversements hormonaux ? Que dire aussi du chamboulement de la fin de la fertilité qui se manifeste dans ses bouillonnements corporels ? Comme si l’homme n’avait pas à sa disposition cet outil lui permettant d’ancrer son corps dans le temps, de lui donner un statut de réalité qui lui confère en même temps ses limites. Jusque dans l’engendrement, les voies du corps sont pour la femme, objets et supports de l’élaboration de la pensée. L’homme lui n’a – n’avait [7]
[7]
Jusqu’à la loi du 8 février 2001, conférant à la mère le droit… – que la nomination pour inscrire quelque part sa paternité…Est-il nécessaire pour autant de débattre à l’envie sur l’inné et l’acquis, le biologique et le culturel ? L’exemple de la « gestion » de la parole est significatif. Les femmes ont investi massivement l’espace de la parole intime qui permet, en s’adressant à l’autre, de se défendre contre l’angoisse et les épreuves. À l’inverse, la parole de l’homme pour évoquer son intériorité est difficile comme s’il ne se reconnaissait souvent que dans le langage performatif [8]
[8]
Est performatif un énoncé qui constitue simultanément l’acte…. La raison d’un tel état de fait est complexe. Il est sûr que les femmes, longtemps cantonnées dans le statut domestique ont pu, au cours des siècles, occuper cet espace de « l’intérieur » par une parole qui nomme les microévénements de la vie relationnelle. Longtemps dévalorisée, la parole de l’intimité prend aujourd’hui la place d’honneur, peut-être parce que d’autres langues de l’intériorité – notamment religieuses – sont en voie de disparition. Donnée éminemment culturelle donc. Mais qu’en est-il du rapport au langage engendré par le corps à corps avec les enfants, dès avant la naissance ? Qu’en est-il de ces mots adressés par la mère à son bébé, qui deviennent enveloppe, créent comme un tissu vivant entre les deux protagonistes de la dyade mère-enfant ? Qu’en est-il de la relation toute particulière entre la mère et la fille, où le langage féminin se tisse dès le début dans une proximité plus forte qu’avec le bébé garçon ? Mais, la biologie, n’est qu’un support. Dans le domaine de l’alimentation, par exemple, le besoin biologique est vite dépassé pour devenir fondateur d’une culture de l’altérité : la nourriture devient support du don, de l’ouverture à l’autre, figure première du désir. De la même manière, le biologique est d’emblée débordé dans le domaine de la différence des sexes. L’important est cette dynamique d’altérité à l’intérieur du désir.
Le travail de pensée qui nous est dorénavant donné est de repenser le masculin dans une perspective de différence qui ne soit plus hégémonique. Le concept de la bisexualité psychique constitue une base de travail qui permettra d’élaborer une vue de la différence plus équilibrée. La psychanalyse freudienne s’est constituée sur une dissymétrie où le manque est souligné surtout du côté du féminin. Nous avons à évaluer avec plus de rigueur la symbolique du manque dans sa répartition du côté du masculin et du féminin, et ce dans une démarche plus équilibrée, qui ne recherche pas cependant un équilibre illusoire, une symétrie obsessionnelle. Avec un regard approfondi sur ce qui manque à l’être humain masculin par rapport au féminin, mais en tenant compte aussi de cette angoisse devant le féminin, qui n’est pas seulement liée à un moment culturel de l’humanité, mais aussi à la terreur de l’homme – anthropologiquement indépassable ? – devant le « continent noir » du féminin, selon le mot de Freud.
https://www.cairn.info/revue-imaginaire-et-inconscient-2003-2-page-9.htm
idem
Il a ainsi abordé la question du désir féminin – étudié notamment à travers la mystique – pour évoquer ce désir pluriel, insaisissable, qui ne se satisfait jamais d’un objet déterminé et se perd dans le « pas tout ». « Il y aurait des désirs qui ne se contenteraient pas de l’imaginaire du phallus [9]
[9]
Sédat J. et Jambet C., sous la direction de Cazenave M.,…. » Idée essentielle de cet au-delà du désir phallique que les femmes expérimenteraient.
14Ce serait une erreur, pour repenser le masculin, que de le remodeler sur le schéma du féminin, mais l’au-delà de « l’imaginaire du phallus » peut nous aider à sortir du point d’aveuglement lié à l’omniprésence du modèle phallique.
pour soleil vert:
S.F. versus patriarcat
Directrice du master pro « Métiers culturels du Texte et de l’Image » à Paris 13, historienne de l’Art, peintre, Anne Larue est surtout connue pour ses essais traquant ce qu’elle appelle la Patriarquie[1], partout où elle sévit, c’est-à-dire partout. C’est, dit-elle, « de façon bizarre » qu’elle devint écrivaine de S.F. : « Je voulais montrer aux étudiant.es qu’il y avait des choses bien dans la littérature classique, et également dans la littérature S.F., de fantaisie, policière… ». Anne Larue se passionne pour la S.F., a déjà écrit des nouvelles ; logiquement, son initiative pédagogique donne naissance au roman La Vestale du Calix, publié aux éditions nantaises de l’Atalante en 2011.
https://www.emulsion-photos.com/penser-l-%C3%A9galit%C3%A9e/s-f-versus-patriarcat/
idem
. La S.F., ça a été : “De l’air, de l’air !“ comme crient Deleuze et Guatarri au début de l’Anti Œdipe. Sortons, sortons, même si c’est chez les fous, même si c’est chez les schizophrènes, mais sortons de ce cabinet étouffant de traditions patriarcales et morbides ! »
« Comment s’orienter à la boussole de l’inconscient sans valider la logique patriarcale ? Le travail des normes est-il systématiquement incompatible avec celui de l’inconscient ? »
https://diacritik.com/2016/03/02/pour-un-sexe-post-humain-fabrice-bourlez-deleuze-aujourdhui/
Je ne sais pas si c’est dû au travail de normalisation capitaliste, au triomphe du libéralisme hédoniste et égoïste dans cette partie de l’Occident, mais les nouvelles configurations familiales, les nouvelles formes de parentalités, même si elles diffèrent de la triangulation œdipienne classique, ne correspondent pas forcément au vent de liberté que réclamaient à corps et à cri Deleuze et Guattari. La culpabilité semble avoir encore de beaux jours devant elle…
des devenirs dans Mille Plateaux : tous les moyens y seront bons pour échapper à l’étalon de l’Homme blanc bourgeois hétérosexuel dominant et détenant le pouvoir : l’incarnation même du majoritaire. Les devenirs deleuzo-guattariens sont alors autant de lignes de fuite minoritaires visant à percer l’ordre de la sexualité identitaire et à faire résonner les voix des oppriméEs. Les devenirs se déclinent en devenir femme, animal, enfant, noir, homosexuel… Ils ne reviennent « ni à imiter ni prendre la forme féminine mais à émettre des particules qui entrent dans le rapport de mouvement et de repos, ou dans la zone de voisinage d’une micro-féminité, c’est-à-dire produire une femme moléculaire, créer la femme moléculaire » (Mille plateaux, p.338). Et ils continuent « nous ne voulons pas dire qu’une telle création soit l’apanage de l’homme, mais, au contraire que la femme comme entité molaire a à devenir femme pour que l’homme aussi le devienne ou puisse le devenir ».
à la lettre, on n’en aura jamais fini de devenir autre chose que soi-même. On ne cessera jamais de se transformer au moyen des flux virtuels qui nous entourent et qui sont en mesure de nous empêcher d’actualiser nos êtres de dominateurs et nos identités majoritaires. Le programme de travail s’avère réjouissant
Le chant de la vie est souvent entonné par les femmes les plus sèches, animées de ressentiment, de volonté de puissance et de froid maternage » (p.338). L’attaque est féroce pour celles qui se battent pour obtenir une parité de droits, pour faire entendre leurs voix dans les instances qui régulent leur quotidien en les plaçant sous le joug de la domination masculine. Le ressentiment en question n’était-il pas justifié ? Être taxée de tarie ou d’asséchée a de quoi échauder. Cela ne donne pas forcément envie d’expliciter ce paradoxe selon lequel la femme elle-même aurait à devenir-femme. En effet, selon Deleuze et Guattari, la libération des
« La culpabilité semble avoir encore de beaux jours devant elle… »
Comme tous les problème des gens qui n’ont rien de mieux dans leurs bagages.
J3
Merci de ce chaleureux compliment!
heureusement que vous vous adressez a une très vieille dame sinon ces propos encenseurs pourraient donner matière à interprétation sur vos intentions
BàV
renato dit: À propos du Tristram
https://books.openedition.org/purh/6082?lang=it
Merci, Renato pour ce lien subtil permettant d’explorer la construction incroyable du livre de Laurence Sterne : « Vie et opinions de Tristram Shandy ». (d’autant plus que les notes et citations correspondent à l’édition – un peu trop sage – que j’ai. Flammarion – 1982 (traduction de Charles Mauron).
La vie de Tristram Shandy ne commence jamais, malgré les leurres du début, à cause des digressions, des interpellations au lecteur avec qui il crée une sorte de complicité, (à qui il conseille d’ailleurs de sauter le reste des chapitres dont le premier !), des tirets, des croix, des pages noires ou manquantes, des citations et des… fausses citations (comme Diderot à la fin de « Jacques le Fataliste » incluant des citations de « Tristram Shandy et se les appropriant avec humour), des chapitres inversés, des commentaires, des collages incorporés au récit…
Je pense que cette construction sophistiquée de la narration différée permanente qu’évoquait DHH dans ce commentaire où elle comparait le film « Mademoiselle de Joncquières » au livre « Jacques Le fataliste » et où elle exprimait sa déception pour la fin mélo, trop simple, des aventures de Madame de la Pommeraye, du marquis d’Arcis, de Mademoiselle Duqênoi et de sa mère (les d’Aison).
Comme l’écrit Diderot, qui s’en inspirera pour la construction de « Jacques le Fataliste » : « Ce livre si fou, si sage et si gai est le Rabelais des Anglais. » (Ton repris par x dans ce beau commentaire adressé à Jazzi.)
Votre lien, Renato, me permet de relier Sterne et Diderot par la structure inventive, tourbillonnante, déjantée, géniale, de leur roman (qui ne sont pas des romans…). Deux chefs-d’œuvre, mais celui de Diderot est plus facile à lire !
De plus l’un est libertin, l’autre est pasteur… libertin !
Pour Jacques, tout ne commence pas à la naissance mais dans une errance sans but où il accompagne son maître… mais ils parlent, ils n’arrêtent pas de parler !
C’est pour ces raisons que je pensais « comme un roman » en faisant un beau lapsus quand j’évoquais « L’art du roman » de Kundera.
Le rire interdit, on y revient car Diderot sait être leste… (Ah, Bigre, le parrain de Jacques…) et L.Sterne aussi (les bonnes sœurs du couvent des Andouillettes de Tristram Shandy…). Les paroles gelées du « Quart livre » ne sont pas loin !
Certes…, mais je ne désespère jamais des vieilles « dames indignes », DHH, qu’elles aient nom Emma T., fée Viviane, Momo d’Hippone ou Sylvie. Elles ont tant de ressources cachées en elles, restant à découvrir !… 🙂
NB / Ne suis goute inspiré par « al Dante », le suivant. Mais me donne une idée de pâtes pour ce soir… Auriez-vous une recette spéciale à la carbonifère, pour un vieil homme indigne que soy ?
@ « et en prenant le risque de la parer des plumes du paon, on peut créditer M Sasseur d’une délicatesse d’ordre ideologique »
Ti prego
http://www.lagomaggiore.net/blog/wp-content/uploads/2014/04/isola-madre-pavone-bianco.jpg
Du coq à l’âne : relu Voyage en Arménie de Mandelstam. J’ai émotivement trouvé les mêmes sensations lors d’une vacance archéologique en Grece dans un passé amplement révolu.
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