La loi Lang-Lindon n’a pas de prix
C’était il y a dix ans à Nancy pendant la grande manifestation du « Livre sur la place ». Juste avant de monter à la tribune pour y débattre en public des vices cachées et des vertus publiques du prix unique du livre, l’ancien ministre de la Culture me prit à part et me murmura à l’oreille :
« S’il vous plait, durant notre échange, ne dites pas « Loi Lang » mais « Loi Lang-Lindon » : ce ne serait que justice pour lui… ».
Sur ce plan-là au moins, on ne prendra Jack Lang en défaut de gratitude. « Lui », c’était Jérôme Lindon (1925-2001), directeur historique des éditions de Minuit, qui avait lancé dès 1979 une Association pour le prix unique du livre. Il y eut bien du mérite car même la Fédération Française des Syndicats de Libraires refusait de lui apporter son soutien au motif que tout libraire devait avoir le droit de fixer librement le prix de sa marchandise à l’égal de n’importe quel commerçant. Appelé à la rescousse, l’Etat se manifesta par le biais d’un arrêté Monory, du nom du ministre de l’Economie de l’époque, instaurant « le prix net », lequel non seulement laissait le libraire libre de fixer le prix de vente des livres dans sa librairie mais de plus interdisait aux éditeurs de conseiller un prix au dos du livre.
Il en fallait davantage pour décourager un homme aussi fidèle à ses convictions et aussi tenace dans ses combats que Jérôme Lindon. Comme il échangeait des correspondances avec François Mitterrand depuis 1977, il convainquit le premier secrétaire du Parti socialiste de faire figurer la question parmi les « 110 propositions pour la France » de son programme. Il eut gain de cause :
«100. La libération du prix du livre sera abrogée ».
Outre l’égalité de tous les citoyens face au coût du livre (le prix est fixé par l’éditeur et le rabais ne peut excéder 5%), l’éditeur de Samuel Beckett et de Claude Simon avait plaidé la nécessité de préserver et redynamiser le réseau de librairies indépendantes et exigeantes ; celles-ci proposaient, en sus des best-sellers, dictionnaires et guides de ventes faciles et rapides, des livres de plus faible tirage à la fortune plus incertaine et étalée dans la durée ; surtout, l’absence de risque pour les premiers devait permettre de financer la prise de risque pour les seconds. En ce temps-là, le diable, ce n’était pas Amazon mais la Fnac, grande surface qui faisait perdre 10% de parts de marché aux librairies indépendantes.
En 1974, l’ouverture par la FNAC d’un magasin rue de Rennes, dans le VIème arrondissement de Paris, amorçait le début de la crise car il fut aussitôt vite perçu comme une vaste librairie en self-service offrant un rabais de 20% sur tous les livres, au coeur même d’un quartier réputé pour ses librairies. Dans le même temps, supermarchés et hypermarchés (à commencer par E.Leclerc, le plus pugnace dans ce combat de père en fils) créaient des rayons de librairie surenchérissant sur l’importance de la ristourne (40% !) ce qui aggravait plus encore les inégalités vis-à-vis des librairies traditionnelles même si cela touchait essentiellement la production éditoriale de grande diffusion.
Le ralliement croissant d’éditeurs, notamment Gallimard et Albin Michel, et celui de libraires à l’entreprise de Jérôme Lindon, l’élection de François Mitterrand en mai 1981 et la nomination de Jack Lang comme ministre de la Culture changèrent la donne. Un simple arrêté ne suffisant pas (la liberté du commerce est inscrite dans la Constitution), la loi sur le prix unique du livre fut votée à l’unanimité le 16 août 1981. Une grande première, en Europe en tout cas, car le Net Book Agreement (NBA), qui avait été voté en 1899 au Royaume-Uni stipulait que le prix du livre était déterminé par l’éditeur et non plus par le libraire, et que celui-ci s’engageait à ne pas vendre les livres en dessous de ce montant ; il fut finalement abrogé en 1997 car il était devenu caduc, les grandes chaines n’ayant cessé de le violer.
En 2011, une loi étendit le principe au livre numérique. Aujourd’hui, la France, l’Allemagne, l’Autriche, la Grèce, l’Italie, le Portugal, la Norvège, l’Espagne, la Slovénie, les Pays-Bas, Israël, l’Argentine, le Mexique et la Corée du Sud ont mis en place le prix unique du livre sur le modèle de l’exception française. Dans ses dernières années, Jérôme Lindon s’est battu avec succès pour le prêt payant dans les bibliothèques. Mais quarante ans après, les adversaires de la loi Lang n’ont pas désarmé. A l’heure du bilan, quand d’autres se réjouissent de la résistance du tissu des librairies, eux le déplorent au motif que leur survie est artificielle, qu’elles ne sont pas assez modernisées et que leur existence est obsolète à l’ère d’internet. Ils dénoncent l’« archaïsme corporatiste français ».
Au fond, ils reprochent aux libraires indépendants de s’être reposés sur la loi Lang pour se dispenser de tout ambition, ne pas investir, rater le virage technologique et figer leur activité. Il est vrai que l’échec retentissant du réseau « Mille et Uns libraires » censé rivaliser avec Amazon plaide en leur faveur. Mais quarante ans après, à force de concentrer tous les tirs sur la vente en ligne, on en oublie que lorsqu’un libraire ferme (Castella, place du Capitole à Toulouse il y a quelques années), c’est aussi que la hausse du montant des baux est devenue prohibitive pour des commerces à faible marge. L’algorithme de Google réserve une surprise au chercheur référençant les mots « loi » et Lang » lorsque surgit la couverture du livre du critique Michel Ciment Fritz Lang. Le meurtre et la loi – ce qui, à la réflexion… Au moins, avec la « Loi Lang-Lindon », il n’y aurait pas de risque…
(« Jérôme Lindon à son bureau, 23 octobre 1985 » photo John Vink ; « Jérôme Lindon et Alain Robbe-Grillet, 1961 » photo Henri Cartier-Bresson ; « Jack Lang en Caligula, Nancy 1958 »; Jack Lang annonce son projet de loi sur le prix fixe du livre, 1er juillet 1981, photo Francois Lehr)
1 369 Réponses pour La loi Lang-Lindon n’a pas de prix
J’aimais bien Alba aussi. Parfois.
Alba le Seigneur qui se promenait à vélo!?
Jazzi dit: à
Oh merci Quel ramassis de lieux communs!
Puck, je m’ étais essayé à tenter de découvrir une des voix dans les cantates dirigées par JE Gardiner, ce doit être lui. Merci à vous.
ée? May be?
A velo électrique. Moi je vais m’en offrir un, bientôt.
Oui. À vélo électrique en Sologne. Et qui partait épouser une russe blondissime sur la Volga.
Pour changer de Bach et Vivaldi (et de génération), un peu de Joseph Martin Kraus (attention, « vérolé »)
Tous trois pourtant très au-dessus de TKT et Lavande.
Je n’avais pas encore remarqué votre sens de la hiérarchie. Cha.oux sous cette signature ne laissait qu’une méchanceté qu’on espère jouée. TKT sans prétentions affichées ( en dehors des différents interpersonnels), Lavande m’intriguais avec son théâtre de salon.
Et Jacques Barozzi ? Qui vendait ses bouquins aux journées d’amitié des paroisses… Fichu l’camp luu aussi.
ce qui est intrigant c’est votre conjugaison de l’intrigue.
x, votre parenthèse signifie t elle que vous le connaissez personnellement ou que vous avez pris connaissance des bilans sérologiques de l’ensemble de cette formation?
La série Tchernobyl sur M6, le roman la Supplication, le culte du sacrifice chez les russes …
Et l’autre, là, euh… ah, aidez-moi. Gnagnabis ou qq chose comme ça. Pfuittt… envolée !
D, en plus j’ai corrigé. M..de crotte!
Paul Edel a sûrement copié-collé l’intégralité du commentaire, mais je ne me souviens pas si dans un ou des commentaires précédents Wgg évoquait une autre scène qui me paraît faire « pendant » : celle, plus avant dans l’histoire, où Mme Aubain et Félicité tombent un instant dans les bras l’une de l’autre, brièvement unies par la persistance du chagrin et du deuil de la jeune disparue.
Scène qui ne les met pas sur un pied d’égalité, évidemment, (d’ailleurs la maîtresse se reprend très vite) mais a peut-être une importance dans la structure du texte.
B, je reprenais ironiquement l’amabilité décochée au passage (et rituellement) par MC.
TKT, un avatar de MC qui fit le tour de la Russie en vélo électrique pour vendre des tableaux ultra modernes?
Bof ce n’est qu’un peu de Césium 137.
C pas Alba le seigneur. Il était duc.
Lui aussi.
Et WGG, qui est-ce?
Duc ou Baron, il projetait – si mes archives sont à jour – l’achat d’un château en Espagne qui aurait, parait-il appartenu à ses ancêtres.C’est bien ça, non?
B, voir page précédente : « les qualités intrinsèques de cette musique [celle de Bach], qui la font même résister à la vérole néo-baroque. »
Il me semble qu’on peut en prendre et en laisser, et que toute généralisation est abusive.
Lavande c’est surtout qu’elle cousait des costumes et collectionnait les boutons.
Et quand ses élèves la veille d’un partiel lui téléphonaient, elle leur expliquait le point qu’ils n’avaient pas compris.
Un loufedingue, quoi.
D, dans cette lignée, celle des pollutions, l’an passé Maurice devait balayer une marée noire, hier c’était au tour de Ceylan de faire face à une livraison variée dont des produits chimiques. Quand toutes les îles auront été contaminées visiblement et durablement. Cyniquement, à qui le tour?
Elle a soupiré. “Papa, tu es bavard comme un perroquet.
Comme elle vous connait bien et comme elle est patiente.
Ah l’amour entre le père et sa fille !
Un loufedingue, quoi.
Bon je ne sais si c’est Alba ou Widerganger. Ce n’est pas le même pays qu’ évoque ces deux noms.
Oui racontpatavi, wgw projetait beaucoup et aussi de faire venir Passou dans sa classe.
x, merci. Je n’ai pas pris le temps de lire les commentaires du jour aujourd’hui, d’où cette question.Je me disais que ce genre d’info était un peu indiscret cependant en regard du talent qu’elle importance pour l’auditoire, on s’en fiche.
Passou dans sa classe?
C’est pas vrai?!
L’ampleur du dégât
Tchernobyl inquiète, infiltration d’eau je crois, la fuite n’est pas contenue et ose t on projeter grâce à nos IA les suites de cet accident. France, pays le plus nuclearisé au plan civil du monde, des poubelles en voudras tu il y en aura. Après nous le déluge. Énergie PROPRE. Sans compter que nos ponts, nos barrages mériteraient eux aussi une maintenance sérieuse et une révision .
En cours de gym ?!
Et quand ses élèves la veille d’un partiel lui téléphonaient, elle leur expliquait le point qu’ils n’avaient pas compris.
–
…ça me semble être la moindre des choses.
C’est la première fois que tu le tutoies, Bérénice, je suis terriblement ému.
Si en Allemagne les politiques verdissent plus vite qu’en France c’est parce que les verts ont un poids conséquents. Il est d’ailleurs un peu tard pour que la cdu pense à verdir sa politique pour conserver le pouvoir, les verts en Allemagne ont une chance d’accéder à la chancellerie . Mais eux pensent en terme de politique économique également.
https://www.institutmontaigne.org/blog/la-politique-economique-des-verts-allemands
Tu tu tu toi!
Tiens
rose, c’est le texte de Sven Ortoli(le père bavard, je suppose ) de la lettre de philomag
Alba avait eu une aventure avec une artiste (qui avait un blog)qui commentait sur la RDL
Nous pouvons donc conclure par deux ou trois éjaculations dont nous ne saurons pas si elles ont été précoces, tardives ou normales. Les échanges intellectuels et autres infusions sentimentales resteront elles aussi secrètes. Bref nous ne saurons jamais si WWG embrassa bien.
Paul Edel dit: Flaubert avait tout à fait compris ça. Il avait compris que la « civilisation du cœur » était morte avec la Révolution, lui le grand lecteur de Rabelais qui la met en scène sans arrêt dans ses récits. »
»
tu m’étonnes ! sûr qu’Al.ba aussi l’avait bien compris : l’aristocratie, l’élection, le peuple élu, lui était électionné par son père.
je crois que je commence à comprendre comment ça marche, en fait non je crois que j’ai commencé à comprendre déjà avant, ce truc genre « effet Flaubert », un truc qui sert à montrer qu’on appartient aussi aux « élus ».
je crois que je l’ai compris que j’ai découvert que Nietzsche était un grand fan de Flaubert, en fait j’ai pas compris pourquoi au début, ensuite « lumière » comme dans les bd de géo trouvetou, eurêka ! c’était le truc de l’élection par l’art, un truc qui sert à prouver que l’on peut se montrer différent du troupeau !
alors bien sûr à partir de là tout est possible tout est permis, on peut sortir des truvcs du genre « la civilisation du coeur est morte avec la Révolution française » ça passe comme une lettre à la poste. Pourquoi parce que c’est comme Tintin et les cigares du pharaon, on sort son talisman pour prouver que l’on peut se montrer appartenir à la secte des élus et après ça plus besoin le sens des phrases que l’on écrit !
et à partir de là on peut effectivement dire : la civilisation du coeur s’est arrêtée avec la Révolution et personne ne moufte, personne ne rit, au contraire, silence total, on hoche la tête d’un air entendu : oui ça c’est sûr, Félicité elle aurait eu la vie belle avant la révolution, ça c’est sûr, elle aurait même vu sa fille se faire violer à la puberté par le seigneur du coin, qu’importe ! ce sont les bienfaits de la civilisation du coeur qui sont en marche !
sûr que je l’aimais bien moi aussi A.lba, paraît que c’est pedro qui l’a fait fuir, ce sont toujours les meilleurs qui partent les premiers, et moi je reste fidèle au poste !
c’était comment la phrase : la civilisation du couer est morte avec la Révolution française.
y’a bien que Flaubert pour inciter les gens à sortir ce genre de connerie sans que personne n’ose rire : en fait Homais a 2 faces, comme une pièce, une dont on se moque et une qui ne fait rire personne, c’est juste une affaire de perspective parce que suivant de quel point de vue on se place les 2 sont aussi bidonnantes.
la civilisation du coeur est morte avec la Révolution.
« la civilisation du coeur est morte avec la Révolution » de la métaphore à la périphrase :
l’autre truc insolite est de voir le nom de Rabelais associé à un farouche opposant de l’école pour tous, cela dit je me trompe peut-être vu que je n’ai pas lu ce que Rabelais a écrit sur la Révolution française.
par contre là où cette analyse reste pertinente et qu’il ne laisse pas rouler dans la farine c’est qu’il remarque même si Flaubert met le paquet pour prouver qu’il peut se montrer humain il n’en reste pas moins très élitiste et aristo.
sûr que faire une Révolution pour se libérer d’une servitude pour ensuite retomber dans une nouvelle servitude c’est pas très malin.
après la question de savoir si l’ancienne servitude était plus cool que la suivante parce que faite avec le coeur ça mériterait tout de même une analyse plus approfondie.
reste que les Félicité de 1789 ne se sont posées la question : elles ont guillotiné leurs maitres, alors que les Félicité post révolution ont l’air plus dociles.
ça fait une équation avec pas mal de paramètres, le seul paramètres qu’on voit pas ce qu’il vient faire dans cette affaire c’est ce pauvre Rabelais, lui, l’humaniste qui rêvait d’une éducation pour s’émanciper de toutes ces servitudes et des élitismes réservés à des élites il a pas prévu la suite.
L’ampleur du dégât.
Laissons le pétrole il faudra le pomper soigneusement.
Des milliards de billes en plastique jonchent les plages du Sri Lanka.
Dedtinées à l’isolation thermique de nos greniers fabriquées dans les pays du tiers-monde.
La honte sur nous.
Qu’allons-nous encore inventer de catastrophique ?
Mi-ange, mi-démon, artiste peintre.
Autre chose qu’une amourette.
Ti amo écrit dans la neige en Suisse.
Un qui accompagne l’autre dans la maladie et jusqu’à la mort.
Une urne emmenée jusqu’au cimetière familial en Suisse avec son ordi. portable oublié dans le train et un suisse 🇨🇭 qui a ramené l’ordi.au lieu de le voler❤.
Et aussi sandgirl.
QUAND JE PENSE QU’ON A OUBKIE JE 3TH2OREME DU PERROQUET DE Denis Guedj,j’ai honte
Sandgirl canadienne à l’origine de la double apocope donnant son pseido à Pierre Assouline : passou.
Et aussi Eva Almassy des Papous dans la tête.
Et aussi ce contributeur franco-allemand Cneff ?
Et aussi ce commentateur professeur de mathématiques très remonté à bloc tout le temps.
Soeur Marie des roses.
Et cette femme sur la culture grecque.
voilà le perroquet de Denis
(je cherche autre chose (personnel)
https://images-na.ssl-images-amazon.com/images/I/41cjUWYF2XL._SX210_.jpg
Denis Guedj, pas oublié du tout. Mort trop tôt, cancer vraisemblablement. Il y a aussi le maître du monde dans mon bazar.
Puck, Christiane avait fait une remarque à propos de la prise de conscience de Flaubert, conscience de classe, soudaine, qui aurait vue le jour par l’écriture coeur simple. Peut être à t il laissé ailleurs dans une correspondance les traces de cette dernière. Il était évidemment loin des réalités sociales ou peu préoccupé par la condition des simples et peu concerné. Cela a t il changé? Des mondes séparés hermétiquement continuent de coexister aujourd’hui et la valeur d’une vie pour les uns n’egale évidemment pas la valeur d’une vie des autres, aujourd’hui encore.
Des gueux, des bourgeois, des seigneurs, des aristo d’un genre nouveau et d’ancien régime, des riches, des nouveaux riches, des gens de basses besognes, des experts, tout un cortège dont les membres ne peuvent pas communiquer faute d’une culture commune en plus des préjugés toujours vivants. Des preuves partout. Les medias pour lier le tout et nourrir d’une nourriture commune tout un chacun.
Le 4 juin 1871, naissance de Louis Soutter, musicien, peintre au doigt et suisse :
Louis Soutter peintre au doigt et à l’œil !
Chaque jour notre signal est l’objet d’une dénonciation dans quelques sociétés populaires. I est occasion des bruits les plus ridicules que la malveillance ou la frayeur font courir sur ‘votre compte. » Et pour tout arranger, le 12 l’icône, Delambre reçoit un courrier de Paris:…
Page 155 collection points. Le mètre du monde.
La Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen avait fait les hommes égaux devant la loi, le système métrique les fit égaux devant la mesure des choses. Égalité politique, égalité météorologique.
Nivôse, et non l’icône. Correcteur.
Metrologique, décidément.
Rose, oui, même en n’écoutant que France musique, les nouvelles du monde nous trouent le coeur et rétrécissent le champ de l’espoir.
C’est fou ce que la citation de WGG offerte par Paul Edel a déclenché. Avec Rose comme maître du temps à rebours nous voici plongés dans le passé du blog, de ce que certains disaient ou inventaient de leur vie, des morts ou absences de ceux là qui étaient des familiers du blog. Puis dans un même mouvement l’œuvre de Flaubert mise au crible de sa vie. Pour les contributeurs et les écrivains, les artistes, les musiciens tout est tellement lié de la vie, de ses maux, des œuvres et des mots. Parfois il faudrait pouvoir aller au texte pour ses seules qualités littéraires et laisser la vie et ses méandres pour une autre rencontre, celle chaotique de la vie.
Bloom, excellente votre intervention:
« Vive le scandale, vive David Diop, vive Anna Elizabeth Moschovakis & les éditeurs, le Seuil et Farrar, Straus and Giroux, pour ne ps voir cédé à la racisation de l’acte de traduction.
Frère d’âme, déjà un jeu de mots en français a été traduit par At Night All Blood is Black.
(« Brother in souls » ne devait pas sonner juste…) »
J’avais immédiatement pensé idem pour ce qui concerne la trad. primée également (parce que primée, ouf, on n’oublie pas le traducteur!, et parce que non racisée -quel vocabulaire!)
Excellent aussi de relever la liberté de ladite trad. sur Frère d’âmes.
la trad.
Traduire traduction, mais ça donne le genre de la maison, du genre pressé d’en finir avec les formalités en cours du langage informatif.
Langage d’expert, d’usager, de connaisseur. Si on ne s’ennuie plus à donner le mot en entier il ne faut pas s’étonner que les traducteurs soient trop souvent oubliés à l’affichage audio ou visuel.
Pour Pasolini, Christiane, merci.
Et sur Flaubert, quel plaisir de lire des échanges pareils. Suis en train de lire (de finir) Un automne de Flaubert, d’Alexandre Postel, très belle écriture, montre Flaubert à 53 ans poussif et dépressif, qui cherche ses mots, les bains de mer et les fruits de mer. Et qui sort de son marasme enfin. Une jolie contribution à une bio romancée et critique de Flaubert et de son travail.
Il y a aussi la tradal(e?), un must.
B
« La trad. »
« Le genre de la maison ».
Oui, bon. Ca apporte vraiment de l’eau au moulin de votre cerveau, ce genre d’intervention?
« un must »
je me marre.
Bio romancée. Ne vaut il pas mieux s’arrimer aux correspondances?
Je lirai volontiers des échanges avec Maupassant pour savoir s’il y exprime autre chose que dans celle à GS. Entre hommes l’échange doit être plus musclé. L’auriez vous lue?
Jibe, je ne sais si je dois y lire de l’ironie, mon cerveau quoique pas des plus performants n’est pas tout à fait un moulin.
Tchernobyl suite et fin
Ce que dit le physicien soviétique : au bout du compte, l’origine du cataclysme tient en un mot, le mensonge. Le mensonge qui en éclatant fera tomber le mur de Berlin et l’Union Soviétique
Le mensonge dans l’œuvre de P. K Dick, les fake news des réseaux, le web etc.
Un jour un Historien écrira un ouvrage non plus sur la civilisation du coeur, mais du mensonge au cœur du XXe siècle.
Sapience Malivole.
Soleil Vert
D’où son inutilité patente au mensonge, puisque peu ou prou, tôt ou tard, la vérité finit par éclater, hé hé.
Y a pas à tortiller du cul pour chier droit (redite), le spécialiste de Flaubert, c’était Widergänger. Dans ses écrivains préférés, il l’avait classé number one.
Cneff paysage, je crois. Un géographe ?
je crois que l’amie àlaquelle Alba rendit visite est morte, qu’il l’accompagna, et que son pseudo était avec ange et démon; Alba s’était lié à un musée aux derniers temps
Je l’ai retrouvé
https://cneffpaysages.blog/
je dis aux « derniers temps » parce qu’aux premiers, il évoquait les galeries à St Germain
Les très gros, qui souffrznt parce qu’ils sont très gros.
Tu parles du bonus supplément d’âme !
Une hypothèse :
Ce garde du corps a du pain sur la planche.
* une autre :
Juron canadien.
Nota bene :
Les féministes qui voudraient juste des hommes qui progressent.
Les hommes confits dans leurs certitudes : ben, pourquoi faire ?
Les filles qui aiment les crops : regardez-moi ce ventre plat et cette taille fine.
Wdg devait installer un musée avec les oeuvres de sa compagne, pas de nouvelles.
Il y a quelques jours passait une oeuvre de Brahms à la radio, à chaque fois que j’écoute ce compositeur je ne peux m’empêcher de penser au film aimez-vous Brahms et à chaque fois je me dis que peut être la prochaine fois, oui.
les filles qui aiment les « crops »:
Le mystère des Crop Circles : un examen plus approfondi
https://www.livescience.com/26540-crop-circles.html
la maladie de Goya:
. Mais au milieu de sa carrière, en 1793, il développe une grave maladie qui le laisse alité pendant des mois. Il a eu des maux de tête , des étourdissements, des hallucinations, des problèmes de vision et des bourdonnements d’oreilles. La plupart de ces symptômes ont fini par disparaître, mais la maladie l’a rendu sourd. Il a vécu jusqu’à 82 ans.
» dans une nouvelle analyse, le Dr Ronna Hertzano, chirurgienne et experte auditive à la faculté de médecine de l’Université du Maryland, a déclaré que Goya pourrait avoir souffert d’une maladie auto-immune appelée syndrome de Susac. Dans cette maladie rare, le système immunitaire d’ une personne attaque les petits vaisseaux sanguins du cerveau, de la rétine et de l’oreille interne, selon la Cleveland Clinic. Les symptômes peuvent inclure des maux de tête sévères, des difficultés à penser, des problèmes psychiatriques et une perte de vision, d’équilibre et d’audition.
4 juin 2021 à 11 h 40.
« Suzanna Andler » de Benoît Jacquot, avec Charlotte Gainsbourg et Niels Schneider.
Ainsi qu’il lui en avait fait la promesse, Benoit Jacquot a adapté une pièce peu connue de Marguerite Duras, dont il fut l’assistant, notamment sur son film culte « India song ».
Dans le sillage d’Anne-Marie Stretter, de Lol V. Stein ou de Vera Baxter, Suzanna Andler est une énième incarnation de ses personnages de femmes languides, belles et aisées toute entières accablées par les tourments de leurs sentiments amoureux.
Un hiver des années soixante, Suzanna Andler vient visiter une villa de la Côte d’Azur en vue d’une future location pour les prochaines vacances d’été. Mariée à un riche homme d’affaires, mère d’une fillette de 9 ans, elle semble toujours liée à son mari, avec lequel portant elle n’a plus de lien charnels : il la trompe en toute notoriété, mais avec tact et discrétion.
Suzanna Andler, s’est résignée à prendre à son tour un amant, qui l’accompagne à l’occasion de ce voyage d’hiver.
Dans un mimétisme parfaitement durassien, Benoit Jacquot réalise un film théâtral, entre ombre et lumière crépusculaire, d’une grande et austère villa dont toutes les pièces ouvrent sur la mer. Unité de lieu, de temps et d’action où l’on voit Suzanna Andler rôder en solitaire dans la bâtisse déserte, entre le salon et la terrasse.
Toute la dramaturgie reposant sur les conversations qu’elle a tour à tour avec l’agent immobilier, à qui elle demande de la laisser seule dans la maison afin qu’elle puisse se déterminer à la louer ou non, son amant qui vient la visiter à diverses occasions (ils doivent aller ensuite passer la soirée à Cannes), ainsi que l’une de ses amies qu’elle retrouvera sur la plage privée de la propriété et dont elle sait qu’elle fut la maîtresse de son mari.
Belle variation verbale sur le thème de l’amour : de la persistance des anciens liens, toujours pérennes, d’une renaissance du sentiment, fragile et quelque peu effrayant.
Une belle architecture de mots et d’images, entrecoupée d’un air lancinant de flute indienne, propre à l’univers de Duras et aussi d’Antonioni.
Si Charlotte Gainsbourg se glisse parfaitement dans le ton du personnage, elle n’en a pas, hélas, le physique de l’emploi : dix ans de trop, une allure de femme enfant montée en herbe, sans l’élégance délicate d’une Delphine Seyrig de 40 ans à la féminité assurée et troublante.
Avec ses cheveux courts, moulée dans une robe ultra courte de Saint-Laurent et un manteau léopard en fourrure synthétique, perchée sur de hauts talons, on a du mal à croire que le beau et jeune Niels Schneider puisse être fou d’amour pour elle !
Une erreur de casting qui nuit au charme du film…
https://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19587951&cfilm=44282.html
B., je suis d’accord pour préférer les correspondances, tant qu’à vouloir connaître un auteur, cependant on m’a offert le livre de Postel donc …je le lis, et j’y trouve plaisir. Il l’a d’ailleurs tout entier documenté par la correspondance de Flaubert parue en Pléiade.
Ce que j’ai lu de la correspondance de Flaubert, c’est sur le site du centre Flaubert de l’Université de Rouen
http://flaubert.univ-rouen.fr/correspondance/edition/
je vous invite à aller voir.
De plus, B, je vous accorde que sa correspondance avec Georges Sand est assez terne, la bonne dame lui conseille des tisanes et la marche à pieds, des trucs très grand-mère bienveillante. Je n’ai rien contre, mais c’est sans grand intérêt littéraire…
avec Maupassant, 150 lettres (sur les près de 7000 du site), c’est ici:
https://flaubert.univ-rouen.fr/jet/public/correspondance/feuilletage.php?t=D&sens=T&c=MAUG
B dit: à
Puck, Christiane avait fait une remarque à propos de la prise de conscience de Flaubert, conscience de classe, soudaine, qui aurait vue le jour par l’écriture coeur simple.
»
B. je ‘en doute pas une seconde.
d’autant qu’en écrivant ce livre, il a réussi le tour de force incroyable de prouver, en plus du fait qu’il pouvait se montrer humain, il a réussi à prouver que la civilisation du coeur était morte avec la Révolution française.
Cette Mme Aubain, une sale bourgeoise égoïste et stupide, symbolise ce regret pour un temps miraculeux, mais hélas perdu, où a existé une civilisation du coeur.
Il est toutefois difficile de dater précisément ce temps où régnait une civilisation du coeur. Je veux dire les historiens ne sont trop d’accord entre eux, certains disent que ce serait entre le 7è et le 12è siècle, d’autres la voient plus tardive autour du 16è siècle, d’autres au contraire la voient plus ancienne autour du 3è siècle avant JC.
Qu’importe, cette civilisation représente une espèce de Paradis perdu, un jardin d’Eden, auquel cette nouvelle de Flaubert nous renvoie et nous faire endurer la douleur de cette perte.
Cela dit il ne faut pas être trop pessimiste, il est fort probable que cette civilisation du coeur revoit le jour dans le futur, peut-être pas nos enfants, mais peut-être les enfants de leur enfants revivront, comme nos aïeux, dans cette civilisation perdue : cela doit commencer par une prise de conscience du développement durable.
si seulement, au lei de s’appeler Mme Aubain elle s’était appelée Mme la duchesse de Aubain, les choses eurent été très différentes : les nobles possèdent en eux une noblesse d’âme qu’hélas les bourgeois n’auront jamais.
si on prend un peu de hauteur c’est out de même assez marrant d’assister à ces règlements de compte entre bourgeois et nobles au 19è.
malheureusement ces catégories hautes en couleur ont disparu, il ne reste plus que des riches et des pauvres, c’est nettement moins glamour.
« Une femme meurt défenestrée par son conjoint à Colmar »
(France Bleue)
Comment va votre compagne, Renato?
« …où l’on voit Suzanna Andler rôder en solitaire dans la bâtisse déserte, entre le salon et la terrasse.
Toute la dramaturgie reposant sur les conversations qu’elle a tour à tour avec l’agent immobilier, à qui elle demande de la laisser seule dans la maison afin qu’elle puisse se déterminer à la louer ou non, son amant qui vient la visiter à diverses occasions (ils doivent aller ensuite passer la soirée à Cannes), ainsi que l’une de ses amies qu’elle retrouvera sur la plage privée de la propriété et dont elle sait qu’elle fut la maîtresse de son mari…. »
ça m’a l’air passionnant, JzzB !
« Je lirai volontiers des échanges avec Maupassant »
Je les ai lus, B. GF n’arrête pas de demander des services à GdM, qui se considère un peu comme son filleul. Je me souviens notamment d’un repérage ultra détaillé de la côte près d’Etretat pour permettre au grand Gustave de poursuivre son Bouvard et Pécuchet. GV a aussi un peu aidé son jeune disciple par des lettres de recommandation…
Quelle chienlit !
C’est les vieux incapables de se démerder seuls, chez qui tu rentres le bois, tu allumes la cheminée, tu montes la Billie Ikea, tu pèles tous les légumes pendant qu’elle va chercher Duscnick à la gare. Puisque Duschnok ne conduit pas ne cuisine pas ne met pas de bûches dans la cheminée.
J’aurais été GdM, j’aurais modifié Miss Harriett. Serait partie en road-trip en Andalousie avec un hidalgo de douze ans de moins, au moins.
Puis, j’aurais fréquenté plus régulièrement le bordel, avec des protections adéquates pour éviter de me choper la syphillis, qui rend fou sans que l’on soit vieux.
Et GF, dans ce bronx ?
L’aurait enfourché sa trottinette, accompagné de Wgw qui eût été son fidèle servant, et serait allé voir de ses propres yeux si les falaises du Croisset étaient blanches ou grises.
Quelle chienlit !
C’est les vieux incapables de se démerder seuls, chez qui tu rentres le bois, tu allumes la cheminée, tu montes la Billie Ikea, tu pèles tous les légumes pendant qu’elle va chercher Duscnock à la gare. Puisque Duschnok ne conduit pas ne cuisine pas ne met pas de bûches dans la cheminée.
J’aurais été GdM, j’aurais modifié Miss Harriett. Serait partie en road-trip en Andalousie avec un hidalgo de douze ans de moins, au moins.
Puis, j’aurais fréquenté plus régulièrement le bordel, avec des protections adéquates pour éviter de me choper la syphillis, qui rend fou sans que l’on soit vieux.
Et GF, dans ce bronx ?
L’aurait enfourché sa trottinette, accompagné de Wgw qui eût été son fidèle servant, et serait allé voir de ses propres yeux si les falaises du Croisset étaient blanches ou grises.
appelée Mme la duchesse de Aubain, les choses eurent été très différentes : les nobles possèdent en eux une noblesse d’âme qu’hélas les bourgeois n’auront jamais.
Puck
Les roturiers, pas la peine de rêver. Ceka vous passe au-dessus des oreilles.
mari…. »
ça m’a l’air passionnant, JzzB !
Closer
😆😅🤣😂😂🤣😅😆
Ya bien une partie de crapette quelque part ?
malheureusement ces catégories hautes en couleur ont disparu, il ne reste plus que des riches et des pauvres, c’est nettement moins glamour.
Je n’y crois pas, la société même celles des riches est compartimentée. Et j’imagine que vous ne passez pas si facilement d’un compartiment à un autre. Il y a sûrement des recommandations nécessaires. De plus quand vous écoutez les témoignages de jeunes gens issus de la classe moyenne quand ils parlent des grandes écoles où ils ont été admis beaucoup parlent de codes qu’ils ont acquis pour évoluer au sein d’un monde qui n’était pas le leur. Ça pour le haut, ensuite existent des systèmes de valeurs différents et prédominants selon les groupe sociaux, économiques. Subsistent toujours l’esprit de corps et les coteries.
Le sage Zhu et Daaphnee ? Mais ou sont les neiges d’antan?
Les prés carrés.
Les germano-pratins.
Je suis allée lire un peu de la correspondance avec Maupassant, rien d’édifiant.
Les crops.
https://images.app.goo.gl/Ha994LRJqFgzKYJK7
Les filles qui aiment les crops et se cacher les mains.
Les garçons qui cherchent à comprendre quelque chose, Jacques Drillon.
🙄
Il y a quelques mois, dans un commentaire, Renato conseillait chaleureusement le travail de Giorgio Manganelli.
J’ai acheté un de ses essais : La littérature comme un mensonge, traduit de l’italien par Philippe Di Meo. Bonne maison d’édition : L’Arpenteur et grande confiance en P.Di Meo à qui on doit doit des traductions de Pier Paolo Pasolini, Carlo Emilio Gadda, Andrea Zanzotto…
Dans cet essai son regard sur Lewis Carroll, Stevenson, Hoffmann, Dickens, A.Dumas… et une troisième partie fulgurante en 10 pages : « La littérature comme mensonge ».
Quelques lignes de ce brûlot que j’ai savouré :
« C’est peut-être vrai : la littérature est immorale, s’y consacrer est immoral. Il serait déjà intolérable qu’elle fasse tout à fait abstraction de la douleur humaine, qu’elle refuse de panser les plaies nos archaïques plaies ; mais, avec insolence, avec industrieuse patience, elle fouille, cherche et met au jour des tourments, des maladies, des morts : avec une indifférence passionnée, avec une fureur indignée, avec un cynisme obstiné elle les choisit, les juxtapose, les découd, les manipule, les retaille. Une plaie purulente se gonfle en métaphore, un massacre n’est qu’une hyperbole, la folie, une simple argutie pour déformer irréparablement le langage, lui découvrir des mouvements, des gestes, des issues imprévisibles. Chaque souffrance n’est qu’un agencement particulier du langage, une manière d’agir qui lui est propre.
Il n’y a pas de doute : la littérature est cynique. […]
Dépourvue de sentiments, elle les met tous à contribution. Sa cohérence naît de l’absence de sincérité. […]
Il n’est littérature sans désobéissance, indifférence, refus de l’âme, désertion. Désertion de quoi ? De toute solidaire obéissance, de tout assentiment à sa propre bonne conscience ou à celle d’autrui, à tout sociable commandement. Avant toute chose, l’écrivain choisit d’être inutile. […]
Faire de la littérature n’est pas un geste social. Elle peut trouver un public ; toutefois, dans la mesure où elle est littérature, il n’en est que le destinataire provisoire. Elle est créée pour des lecteurs imprécis, à naître, déjà nés et déjà morts, et même pour des lecteurs impossibles. »
merci d’avoir proposé SOUTTER dontj’avaus vu des expos (centre culturel suisse) il me touche au plus intime de mes jours et mes nuits (rêves) et je connaissais un peu sa biographie (il demandait trop d’encre à la poste, je crois)
si peu que l’on soit sensible à Soutter, il y a toute une psychologie, toute une rhétorique,certes bien intentionnées-qui deviennent insupportables , et qui sont pourtant si « partagées »:évitées malgré tout dans les vidéos
Quand partent les hommes et viennent les dieux
https://www.college-de-france.fr/site/william-marx/course-2020-05-19-10h00.htm
Drillon sait de quoi il parle : « À tout prendre, elles [les féministes radicalisées] préfèrent encore un bon vieux gros macho. » Et pour peu qu’il sache faire la vidange de leur bagnole, la vue de leurs doigts gluants d’huile, les fait sortir les mains des manches de leurs pulls trop larges pour arracher la fermeture à glissière du bleu de chauffe (remontée jusqu’au cou). Torride. Ah, allez donc n’être pas émue par cette apparition néandertalienne !
Cent fois ! Mille fois !
Nous ne le répèterons jamais assez : la littérature ne doit être qu’un passe-temps pour impuissants, bons à rien, une distraction pour causeurs de salle d’attente sorbonnarde.
Seule la vie réelle, non-fantasmée, compte…. Bonne nuit littéraire, les petits !
Je ne pense pas que l’on puisse s’appeler la Duchesse de Aubain, Puck…La Duchesse d’Aubain à la rigueur.
Quel plouc !
Tiens, JC resuscite.
L’autre jour, docu sur Porquerolles à la TV. J’ai bien regardé, pas vu JC sur son scooter rose avec Christiane en croupe.
La duchesse de milbain comme la valse, may be?
B dit: à
malheureusement ces catégories hautes en couleur ont disparu, il ne reste plus que des riches et des pauvres, c’est nettement moins glamour.
Je n’y crois pas, la société même celles des riches est compartimentée
»
B. je n’en doute pas une seconde, et croyez-moi ma chère je n’imagine pas une seconde que ces compartiments soient aussi étanches qu’un sous marin.
toutefois dans un monde flaubertien la mère Aubain ne pouvait être autre chose qu’une bourgeoise, et certainement pas une duchesse ou une comtesse ! et si la Aubain eût-elle été princesse Félicité aurait été la plus heureuse des femmes, car elle aurait vécu dans cette civilisation du coeur qui précéda notre pauvre révolution.
et si par le plus grand des hasards nous tombions sur une bourgeoise au coeur noble et une duchesse mal lunée il s’agirait dans ce monde flaubertien d’une chose qui relèverait d’un bug dans l’espace temps comme il s’en produit dans l’univers car les lois de la physique sont hélas fort déplaisantes à l’esprit.
n’est-il pas ma chère ?
JD se trompe, ni gros ni macho tel est notre combo! Pas plus que de gras dans les plats financés. C’est un obsolète ce bouchon de carter cependant je sais,que les vannes EGR peuvent être de nos jours encore nettoyées au décapfour, j’ai vu un tutoriel.
Vidangés, ce correcteur! Je porte plainte contre lui.
closer dit: à
Je ne pense pas que l’on puisse s’appeler la Duchesse de Aubain, Puck…La Duchesse d’Aubain à la rigueur.
Quel plouc !
»
B vous voyez il suffit d’un rien pour être renvoyée dans une catégorie sociale bien déterminée, en l’occurence celle des ploucs.
et il n’existe point de monde où dans ces circonstances précises le sieur closer aurait, à la place du « quel plouc ! » lancé un :
quel duc !
quel grand duc:
https://zooecomuseum.ca/fr/animaux/grand-duc-damerique/
Oui mais non Puck, vous savez n’est ce pas comme les choses se fouillent mal en général même lorsque l’on a fait son maximum pour les faire aller dans le bon sens. Il arrive même parfois que le tout entier vous tombe dessus pour vous ensevelie dans les ruines de vos châteaux en Espagne et même pire, vous n’aviez songé à rien et le sort vous secoue comme du linge en position essorage dans une machine de lavomatic..
Se goupillent mal, correcteur.
Closer nous montre le bout de son horrible queue, de ses crocs, une mauvaise langue dans une pochette de satin. Un homme étrange mais heureux comme Ulysse.
Alba disait « mes petits chéris »
et alii dit: à
quel grand duc
»
chez les ducs on trouve les petits, les grands et les trous.
B dit: à
Oui mais non Puck, vous savez n’est ce pas comme les choses se fouillent mal en général même lorsque l’on a fait son maximum pour les faire aller dans le bon sens.
»
aller dans le bon sens ?
n’essayez pas de m’embrouiller ! il n’y a pas de bon et de mauvais sens !
il y a juste un sens normal où le noble possède une grandeur d’âme et ou le bourgeois pense bassement !
et il n’y a absolument aucune raison de nous inventer d’autres sens qui ne seraient que des sens contraires ou des sens interdits vis à vis du seul sens qui vaille ! je veux parler bien sûr du sens flaubertien…
quand je pense qu’après cette vsion simpliste des choses certains se permettent de critiquer Dostoïevski…
Le sage Zhu n’est plus de ce monde, comme Sergio et MàC.
maux de tête , des étourdissements, des hallucinations, des problèmes de vision et des bourdonnements d’oreilles
–
mouais. Quel degré, le pinard ?
B.,
Votre commentaire me rappelle que ce vendredi soir sur Arte passe « Les Héritières ». Téléfilm de Nolwenn Lemesle.
Des élèves « méritantes » de banlieue son intégrées au prestigieux lycée parisien « Henri-IV »…
Bourdieusien ? Transfuge de classes sociales ? Échec ou réussite ?
Ploucs ou plouks ?
« Avec tout cela, l’île ne péchait pas toujours à sa suffisance […] Alors de mauvais sentiments attaquaient l’homme, des jalousies envers d’autres îliens, des jalousies envers le continent, envers les « plouks » attachés à leur sol et à leurs seigneurs, mais qui réussissaient toujours, l’un dans l’autre, à manger à leur faim. Le monde n’était sans doute pas établi selon des règles de justice. »
Henri Queffélec
Mon édition porte en note, au cas où le texte ne serait pas assez clair : « Plouk est le terme de mépris dont les marins désignent les paysans. »
(D’autres penchent plutôt pour une étymologie liée à la toponymie, mais on reste en Bretagne.)
renato :
De la musique folk décourageante a été écrite sur le son du silence, mais le son des araignées s’avère être beaucoup, beaucoup plus lourd. Des scientifiques du MIT ont collaboré avec l’artiste sonore berlinois Tomás Saraceno pour créer une expérience virtuelle qui instrumentalise littéralement les toiles d’araignées. Ce projet s’aligne sur plus de deux décennies de la part de l’artiste pour approfondir notre compréhension de la justice environnementale et de la cohabitation interspécifique. Saraceno, Roland Muehlethaler et Ally Bisshop du Studio Saraceno participent tous à la recherche et au développement menés à travers des projets, dont « Arachnophilia ».
https://hyperallergic.com/647201/artist-tomas-saraceno-makes-music-out-of-spider-webs/?utm_campaign=week-in-review&utm_content=20210604&utm_medium=email&utm_source=newsletter
Soutter / Hugo. Leurs dessins réunis à la Maison de Victor Hugo en 2015. C’était tellement évident.
https://bit.ly/3z4lodi
sont intégrées
Christiane
« Faire de la littérature n’est pas un geste social. Elle peut trouver un public ; toutefois, dans la mesure où elle est littérature, il n’en est que le destinataire provisoire. Elle est créée pour des lecteurs imprécis, à naître, déjà nés et déjà morts, et même pour des lecteurs impossibles. »
je n’ai pas lu cet essai, mais pour une phrase pareille je le tiens déjà en estime.
intégrer est effectivement un verbe très « intéressant » puisqu’on dit
qu’un « étudiant intègre » une grande école ; et qu’on entend y résonner le concept d’intégrité; et celui
d »intégrale » pour une oeuvre
« Les objectifs de lecture d’une œuvre intégrale »
https://cotentinghislaine.wixsite.com/parcours-litteraires/de-loeuvre
Christiane, Soutter/ Hugo, c’est vrai…
Quant à l’essai » La littérature comme un mensonge », il rape juste dans son titre déjà. Je ne sais pas trop où me le procurer, j’aimerais feuilleter avant, dans une vraie librairie, la prochaine fois que j’y emmène mes pompes!
Là, j’ai des copies à corriger, en « virtuel », c’est-à-dire de feuilles de copie scannées et que je reçois sur écran, sur lesquelles je ne peux pas intervenir en soulignant ou en écrivant mes habituels signes en marge (du genre ??? ou !!!). C’est une galère, le tout numérique (covid…)
intéressant le sujet du verbe « intégrer »:
1) «Nous n’intégrons que les candidats dont nous sommes convaincus de la réussite dans nos cursus.»
2) des jeunes qui, après le bac, ont souhaité intégrer l’université et ont mûri le projet de devenir ingénieur durant leurs études»,
Le droit à l’intégrité physique est, en droit français, un droit en vertu duquel chacun a droit au respect de son corps.
Le droit à la liberté commence par le respect de l’intégrité physique, de la dignité et de l’autonomie de la personne humaine. Il a valeur constitutionnelle, d’ordre public. WIKI
Le droit à l’intégrité physique s’exprime de façon différente, selon que la personne est vivante ou décédée. Il a fait l’objet de la loi no 94-653 du 29 juillet 1994, qui a créé les articles 16 et suivants du Code civil (Chapitre II : Du respect du corps humain)1. On notera, en particulier, l’article 16-3 qui dispose :
« Il ne peut être porté atteinte à l’intégrité du corps humain qu’en cas de nécessité médicale pour la personne ou à titre exceptionnel dans l’intérêt thérapeutique d’autrui.
Le consentement de l’intéressé doit être recueilli préalablement hors le cas où son état rend nécessaire une intervention thérapeutique à laquelle il n’est pas à même de consentir »
Il a été question de corbeaux (porteurs d’une « idéologie » (-) étonnamment miscible avec le « message » (+) évangélique).
Le livre de Max Aub, Manuscrit corbeau Histoire de Jacobo, se met à la place d’un représentant savant de ces témoins ailés autour du camp du Vernet (qu’il prend pour une sorte d’université à laquelle seuls des privilégiés, des élus ont accès). L’auteur imagine les déductions corvines à propos des agissements des humains prisonniers qu’ils peuvent y observer : animaux compliqués et fragiles, bizarres, illogiques, imprévisibles.
L’argent ?
« Poussé par son impuissance manifeste, l’homme a vite cessé — il y a des milliers d’années — de s’estimer pour ce qu’il était — ce qu’il était en soi, véritablement — pour se mettre à penser à ce qu’il valait. […] Tu vaux ceci. Tu vaux cela. Tu ne vaux rien. Tu vaux beaucoup. Ils ont donné à cette unité le nom d’argent. »
Les papiers ?
« Les hommes, pour se déplacer dans le monde, ont besoin de papiers. Ils ne peuvent naître sans eux. À peine ont-ils été accouchés (les hommes n’ont pas d’œufs), que l’on vérifie leurs antécédents, ce à quoi l’on ajoute une photographie. Mystère incompréhensible ] Les hommes accordent une grande importance au fait de posséder le plus grand nombre de papiers où il est assuré — ô infantilisme! ô pauvreté de l’intellect! — qu’ils sont bien qui ils sont et pas leur voisin. Ils ont pour habitude de prononcer des phrases sacramentaires que l’on entend à tout bout de champ:
— Mais puisque j’ai tous mes papiers!
— Mais puisque mes papiers sont en règle!
Le plus surprenant est qu’ils ne leur servent à rien, ce qui démontre qu’il s’agit d’une manie cabalistique ou d’une superstition idolâtre, fille d’un atavisme totémique. »
Les « fake news » (lol!®)
« Le bobard est le principal aliment des hommes. Il croît avec une rapidité inouïe. Il suffit d’une phrase et c’est bon: il court, [s’]emballe, […] grossit, brasse, entremêle nouvelles réelles et fantasmées, cherche des points d’appui, donne des explications, résout n’importe quelle contradiction: une panacée. […] Il inquiète les plus sceptiques, exalte les découragés […] D’où naît-il? De l’air et toujours avec un arrière-goût de vérité cachée. »
Tony Cragg :masks
https://news.artnet.com/app/news-upload/2021/06/tony-cragg-untitled-2020-3420-1024×768.jpg :
il a dit:
: « L’utilitarisme et la prise de décision au plus petit dénominateur commun qui l’accompagne détruisent les cultures et la nature, et remplissent notre monde de paramètres simples et de géométries stupides. »
En ce qui concerne David Diop, je jubile, Jibé, comme vous pouvez l’imaginez. En plein dans la dimension « oubliée » de la Première guerre mondiale, celle du lourd tribut payé par les troupes coloniales en 14-18 (et après.
[Un petit coté ancien combattant ici, aussi, je trouve]
puck
chez les ducs on trouve les petits, les grands et les anagrammes les scuds ! jouez un peu au scrabble avec votre concierge!
Jibé, c’est un livre passionnant qui fait succéder aux quelques évocations d’écrivains et de leurs oeuvres ce texte final de 10 pages portant le titre du livre et donnant toute sa liberté de création à l’écrivain hors des attentes moralisantes des lecteurs. Il rend à l’écrivain sa passion et son matériau : la langue et éloigne ce qui est le présupposé de la littérature. Mais il faut lire le livre pour comprendre ce qui se cache derrière la surprise du titre.
Je vais vous chercher un autre passage.
Par exemple, Jibé, un chapitre étourdissant dédié au chef-d’œuvre d’A.Dumas Les Trois Mousquetaires que beaucoup ici ont dû lire.
Giorgio Manganelli en dit :
« […] des livres frivoles, complices dispensateurs d’heures de délice, destinés à des lecteurs communs, anonymes, tout autant qu’aux déniaisés, aux « hommes de culture » […]
Les Trois Mousquetaires appartient à cette race irritante et d’une irrésistible séduction. Depuis cent-vingt ans, ce livre que Dumas publia en 1844, ce livre écrit à la hâte, ce faux roman historique bondé d’oublis, d’anachronismes, d’astuces de prestidigitateur, de grossières et élégantes falsifications, ce jeu de société court de lecteur en lecteur, il est la source d’une inépuisable et inconvenante allégresse. Heureux celui qui s’apprête à suivre pour la première fois les traces de d’Artagnan ; heureux celui qui, ayant lu ce livre au cours de son adolescence, comme cela arrive, dans une édition probablement ornée de traumatisantes illustrations, n’en conserve qu’un souvenir confus fait de duels généreux et un tant soit peu balourds, de trames ingénieuses, de meurtres faciles ; ces hommes-là pourront s’adonner à quelques heures de charmante lecture sans défense : dont ils ne sortiront en aucune façon meilleurs, ou plus cultivés, ou plus sages.
Dans cette fable, Alexandre Dumas fait étalage de nombreuses qualités du grand écrivain : et non pas de qualités secondaires.[…] A cela s’ajoute le goût du jeu, de la mystification, une honnête carence morale, qui nous rassure en nous apprenant que dans les labyrinthes de cette exquise machination ne se dissimule à aucun moment la pieuse tromperie d’un message ; un noble cabotinage qui dicte des mouvements exacts, propres à déchaîner la crédulité sagement consentante du public, et qui interdit dans le même temps toute identification émotive : le lecteur est tenu en respect au moment même où il est fasciné ; il est et il doit demeurer spectateur. ».
Dix pages suivent sur ce roman, un pur plaisir !
Je reviens avec du même G. Manganelli un texte sur Murphy / Beckett.
Donc, Jibé, ce regard sur Beckett et son personnage Murphy (G. Manganelli – La littérature comme mensonge (L’Arpenteur).
« Pour raconter cette histoire hilare et angoissante, Beckett recourt à un discours qui oscille entre un murmure à peine reconnaissable et une tension incandescente, marquée par l’apparition de certaines images, particulièrement intenses, significatives : le catalogue inclut, justement, les maladies, les excréments, les difformités, tout indice, enfin, des immondices intrinsèques du réel. Il s’agit d’un catalogue délicieusement ascétique, et le langage qui s’enflamme furieusement au contact de ces présences, a quelque chose d’extatique. A cultiver ainsi sa merveilleuse et très subtile coprophilie, à savourer l’ordure et à s’attarder rhétoriquement sur toute sorte de purin, Beckett déploie une défense accorte et efficace contre tout piège de l’optimisme vital, toute astuce de l’instinct : et c’est justement derrière cette ligne défensive où se mêlent déjections et sanies qu’il situe la digne démence de l’homme. »
Vraiment un chouette livre, Jibé.
Il faut que je remonte le fil, je crois que x a trouvé un corbeau très intéressant.
Ce corbeau de Max Aub ressemble beaucoup au celui de Pasolini. Même sagesse ironique. Merci, x.
Le recours au point de vue du corbeau dans le Manoscrito Cuervo apporte (de manière classique) un « regard éloigné » réagissant aux absurdités humaines que nous ne percevons plus ; mais la satire n’épargne pas l’auteur supposé (Jacobo) pour son « ornithocentrisme » (et à travers lui, bien évidemment, les dégâts que la conviction de sa propre supériorité inflige à la perspicacité). Ce qui n’apparaît pas dans les extraits cités, c’est un 3ème effet : les fausses déductions du corbeau ne sont pas seulement un ressort comique, il leur arrive de remettre en quelque sorte à l’endroit le monde à l’envers du camp d’internement, de revaloriser les prisonniers ; permettre d’évoquer ce camp du Vernet sans pathos c’était aussi, probablement, autoriser cette évocation, la rendre possible pour l’auteur et supportable tant pour les prisonniers que pour le public (on sait que dans l’immédiat les gens du dehors n’ont pas forcément envie d’entendre).
x.,ce linpermet de situer très exactement le rôle du. Orbeau auprès de ce Perry et de ce fils pas très recommandable…
Je ne connais pas l’oeuvre dont vous parlez, le Manoscrito Cuervo (de facture classique) mais le regard que vous portez sur la symbolique de ce corbeau est bien interessant.
Les bêtes sont parfois dans les fictions dotées de sagesse, ce qui devrait être le bien des hommes. Hélas, souvent le monde marché sur la tête. Quelle folie le saisit ces derniers temps…
le rôle du corbeau auprès de ce père et ce fils pas très recommandables-
marche
x.,
grâce à vos deux commentaires, je découvre la vie passionnante et difficile de Max Aub.
Et je retrouve ce beau billet de Passou. Le connaissiez-vous ?
Des commentaires très intéressants et des liens sur Max Aub dans les premières pages sous le billet de Passou.
en revanche, christiane, je ne comprends pas bien votre « [il] éloigne ce qui est le présupposé de la littérature ».
Quel présupposé, et pour qui, quel lecteur ?
Il me semble que tous n’ont pas les mêmes « présupposés », les mêmes attentes, les mêmes définitions de la littérature.
Par ailleurs, comme le travail de traduction est non seulement difficile mais ingrat ! Sur plus de 200 pages sans doute excellemment traduites (et l’écriture de Manganelli ne me semble pas facile à « rendre »), le hasard a voulu que votre citation tirée du chapitre consacré aux Trois Mousquetaires, citation choisie bien sûr pour le « contenu » et non comme échantillon de traduction, révèle une maladresse ou une négligence : « ce faux roman historique bondé d’oublis, d’anachronismes, […] »
Bondé ?
Le « gremito » de la version originale signifie bien « bondé » quand on parle d’un amphi, d’une salle de spectacle ou des transports en commun pleins à craquer.
Mais a priori le français « bondé » n’est utilisé que pour les personnes (et s’agissant d’un espace non seulement à peine suffisant mais à 3 dimensions). Alors que « gremito » peut aussi s’employer pour des encombrements non humains, non animés (meubles, livres, etc.), voire plus « abstraits » : un texte plein/bourré de fautes (ou « criblé » mais on change alors d’image).
Évidemment, c’est un détail, cela n’empêche pas de comprendre la phrase, et l’on sait bien que compte tenu des tarifs, le temps manque toujours aux traducteurs.
x dit: « en revanche, christiane, je ne comprends pas bien votre «[il] éloigne ce qui est le présupposé de la littérature».
Quel présupposé, et pour qui, quel lecteur ? »
Celui-ci : « L’objet littéraire est obscur, dense, corpulent dirais-je, opaque, épais de plis accidentels, il déplace constamment ses lignes de démarcation.» Dans La littérature comme mensonge il décrit la fiction comme provocatrice, mystificatrice.
Cet essai en interroge le mensonge : « Le lecteur n’ignore pas que l’histoire est fictive mais consent à faire comme si elle était vraie. »
Mais aussi qu’en assumant ce mensonge la littérature finit par saisir quelque chose de la vérité, d’une vérité autre, plus cachée, rendue possible par l’écriture. (Le Mentir-vrai d’Aragon ?)
Il s’interroge aussi sur la place de la littérature italienne écartelée entre une identité européenne et une autre, méditerranéenne, plus difficile qui semble avoir, durant les années quatre-vingt, cherché à dire une réalité sans deviner encore de quelle réalité il pouvait s’agir.
Je me suis surtout intéressée à son regard sur toutes les œuvres de fiction qu’il a choisi d’explorer dans cet essai.
Bonne nuit !
Je ne disais pas que Le Manuscrit Corbeau était « de facture classique », mais, sans doute pas assez clairement, que le procédé littéraire du déplacement dans un centre de conscience « dépaysant », inattendu, qu’il soit « persan », « huron », « brobdingnagien » ou animal, le renversement de la perspective, me paraissait « classique » i.e. relevant d’une certaine tradition.
Non, je n’avais pas lu ce billet de 2017.
Après avoir pris connaissance des commentaires : considérer Audiberti, Calet, Gadenne, Perros comme des auteurs « mineurs » en dit long sur le peu d’indépendance d’esprit et l’incapacité à juger sur pièces ((ou la peur de devoir le faire) de ceux qui se règlent sur le « on en parle » (encore) ou pas.
(Je connais le livre, christiane, nous en avons déjà parlé, je crois.)
C’était l’absence de précision quant aux présupposés qui me gênait dans votre formulation (dans la mesure où toutes les lectures ne confondent pas « fiction », invention, imagination, univers « alternatifs » et mensonge/volonté de tromper. Tous les lecteurs n’ont pas demandé aux livres de dupliquer le monde ou estimé davantage les « histoires vraies ». La littérature comme artefact constitue un autre présupposé, sans lequel il serait difficile d’étudier la littérature).
Merci, x.
Très bonne journée, x., et ravie d’avoir croisé vos impressions complexes de lectrice.
Qu’avez-vous pensé de l’essai de Manganelli « La littérature comme mensonge » ?
Grand merci Christiane, d’avoir pris le temps de partager ces critiques, et sur Dumas notamment avec lequel je me sens plus à l’aise -j’ai eu à travailler sur son époque et sur ses conditions d’écriture et d’édition, et, si j’admire et aime Beckett, j’ai plus à apprendre qu’à commenter:
« le goût du jeu, de la mystification, une honnête carence morale », j’adore cette manière de voir, de même que cette idée que le lecteur doit demeurer spectateur, ne pas pouvoir s’identifier. Clefs, je pense, de cette tradition romanesque du XIXème siècle. Le besoin que nous avons tous de nous distraire et de nous extrader de ce monde-ci pour une autre proposition de monde, aventureuse et sans risque cependant. Avec assez de proximité pour nous toucher, une sensation quand même d’être dans l’histoire et aussi d’apprendre la grande Histoire.
Et je suis sûr qu’il faut tout lire pour goûter l’ampleur du raisonnement de Manganelli
Concernant Beckett, vous m’ouvrez une porte, et je vous remercie, avec cette citation très très éclairante: « Beckett déploie une défense accorte et efficace contre tout piège de l’optimisme vital, toute astuce de l’instinct : et c’est justement derrière cette ligne défensive où se mêlent déjections et sanies qu’il situe la digne démence de l’homme. »
Or, voyez-vous Christiane, je n’avait jamais vu ça comme ça, en vérité je ne comprenais pas cette posture de B. avec « cet arsenal coprophage ». Je pensais Rabelais, je ne voyais pas de rapport, je cherchais… Et vous venez de me faire saisir le truc.
Manganelli, je vous assure que j’ai pris bonne note du titre.
PS votre dével. avec x sur le corbeau est très intéressant, merci à vous deux.
je n’avaiS
scusi
L’intérêt que j’ai pris aux différents essais et donc le profit que j’ai pu tirer de leur lecture dépendent tout de même de ma propre familiarité avec leur sujet, le livre dont il est question. Je n’ai toujours pas lu Flatland par exemple…
La perspective, les arguments de la 3ème partie (la littérature comme dispositif, l’ambiguïté de la parole littéraire inépuisable, in-consommable, et donc durable, l’opacité de l’œuvre pour son propre auteur, cette absence de maîtrise totale, cette « nescience ») ne m’étaient pas neufs : mais l’essai date de 1967 et je l’ai lu nettement plus tard, après avoir étudié des textes plus théoriques. L’effet ne pouvait pas être le même sur moi que sur ceux qui l’ont lu au moment de sa parution, si ce n’est le plaisir de son écriture qui fait de ce riff sur les paradoxes de la littérature un objet littéraire en soi.
Jibé,
dans le chapitre réservé aux « Trois Mousquetaires », Manganelli brosse des portraits d’une justesse incroyable, avec un talent fou auquel la plume de Di Meo, le traducteur, est fidèle, et les place dans la structure du roman.
Ainsi celui de Milady, ce personnage qui chamboule le roman dans sa deuxième partie.
« Milady, c’est une cariatide. Comme telle, elle est dotée de dimensions monstrueuses, de formes qui imitent l’humain, mais qui ne cachent pas son intime difformité. Elle est méchante, d’une méchanceté tout à la fois innaturelle et fatale, dénuée de perplexité, dépourvue de motivations ; un dévouement à l’atroce l’inspire, qui possède la dignité secrète, la belle impudeur des vocations. Elle n’a pas été convertie au mal, elle ne l’a pas appris ; elle est née marquée par le privilège d’une très rare iniquité angélique : elle appartient à cette race difficile des Iago. Elle est hautaine, corrompue et corruptrice, capable des arrogances d’une grande dame et des supercheries d’une prostituée. De basse condition, elle sait effarer Athos et le cardinal de Richelieu. Lascive, au-delà de toute luxure elle cultive les voluptés inaccessibles de l’homicide ; elle est moins une séductrice qu’une pourvoyeuse d’âmes pour les séjours infernaux. Elle n’est la complice de personne, mais quiconque l’écoute devient son complice. Il s’agit d’un être solitaire, susceptible de rapides et irascibles convoitises, mais non d’amours ; naturellement destructrice, diabolique, et donc partie prenante d’une divinité difforme, elle sème le désespoir et la mort autour d’elle. Son contact brûle irréparablement. […]
A mesure que Milady s’insinue dans l récit, ce dernier subit une lente transformation : il acquiert une ferveur pathologique. Ce sont, dans les premiers chapitres, de rares et rapides apparitions, âpres, tigresques ; de soudaines et éphémères accélérations. Le fantôme coagule pour la première fois sa propre matière obscure dans le récit d’Athos, discours qui tient de la divagation, du cauchemar, du délire d’ivrogne. Puis, en déchaînant une série d’évènements, son aventure avec d’Artagnan place définitivement Milady au centre du roman. […] Tous, des mousquetaires au duc de Buckingham, roulent dans son orbite, selon les différents degrés d’une condition servile. […]
C’est à elle, à sa ténébreuse splendeur, que Dumas dédie l’entreprise la plus spectaculaire du Livre. »
x.,
vous écrivez :
« […] L’effet ne pouvait pas être le même sur moi que sur ceux qui l’ont lu au moment de sa parution, si ce n’est le plaisir de son écriture qui fait de ce riff sur les paradoxes de la littérature un objet littéraire en soi. »
« Le plaisir de son écriture »… Oui, absolument.
« riff » ? Aimez-vous le jazz ? L’image est hardie mais colle bien au rythme répétitif et presque incantatoire de cette troisième partie.
En pensant à quelqu’un qui parfois se promène sur ce blog, j’apprécie ces lignes de Manganelli :
« La critique aspire donc à être littérature, et à être contemporaine ; mais elle aspire, dans le même temps, à la lucidité impersonnelle de la conscience historique ; le jugement esthétique est une sentence du « goût » : mais cette sentence n’a de sens qu’au sein d’un contexte historique. Passion et conscience : la critique naît de la périlleuse dialectique de ces deux termes. »
(extrait du chapitre « La critique d’Edmund Wilson »)
Wilson est remarquable en lecteur-critique de l’œuvre de Dickens.
Remarquable aussi dans son approche de la litterature :
« Tel est le paradoxe de la littérature : uniquement provoquée par les anomalies de la réalité, ses grincements, le chaos; la souffrance, elle tente, à l’instar de la poésie ou de la métaphysique, d’imposer un ordre à ce chaos, de trouver une solution au conflit, de rendre la douleur tolérable ; de marquer une trace permanente de l’esprit sur le flux mystérieux de l’expérience qui nous glisse des mains. » (The Shores of Light, p.271.)
G.Manganelli ? Un beau cadeau de Renato.
Oui, un beau cadeau de Renato
« Milady, c’est une cariatide », voilà une trouvaille comme je les aime! Un mot, tout est dit. La suite est à l’avenant, si juste.
bonne journée Christiane
Idem.
Comment dire les choses pour faire comprendre l’enjeu sans paraître gratuitement agressive envers son interlocutrice (ni sembler jouer les « pions », les roquets hargneux à l’égard d’un spécialiste) ?
Je n’avais pas fait attention à ceci, écrit par christiane à propos du « talent fou » de Manganelli « auquel la plume de Di Meo, le traducteur, est fidèle ».
Autant je trouve normal et rationnel d’accorder sa confiance à un professionnel reconnu et expérimenté dans un domaine que l’on ne maîtrise pas soi-même (et agréable que quelqu’un prenne la peine d’exprimer sa reconnaissance pour le travail fourni), autant je ne conteste à personne le droit de donner son opinion sur la version que l’on a lue (un lecteur français attentif est apte à juger des qualités de correction, de lisibilité, de fluidité et d’agrément (ou de provocation) de ce qu’il a sous les yeux sans pour autant connaître la langue depuis laquelle le texte a été traduit), autant prétendre qu’une traduction est « fidèle » quand on n’a jamais posé les yeux sur la version originale me paraît téméraire et/ou quelque peu ridicule.
C’est un peu comme si je faisais l’éloge d’un garagiste ou d’un neurochirurgien en assurant que l’un a réparé un véhicule ou l’autre opéré « comme il faut », « dans les règles de l’art ». On peut exprimer sa satisfaction quant au résultat, sa gratitude, son enthousiasme d’une autre façon. Par exemple en réintroduisant la personne qui énonce le jugement (que celui-ci soit favorable ou défavorable) au lieu de le présenter comme un arrêt divin, tombant d’une position de savoir absolu : « il me semble que », « à mon avis », « selon moi » plutôt que « c’est nul » ou « c’est génial » ou « c’est une traduction fidèle ».
C’est sans doute ce dernier mot qui me fait particulièrement tiquer ; sous la forme « talent fou, auquel la traduction me semble rendre justice » ce serait satisfaisant pour tout le monde (me semble-t-il !)
Satisfaisant pour vous peut-être, pas pour moi qui vis dans la proximité d’une amie traductrice de l’italien !
Vous n’en avez pas assez de critiquer les uns et les autres du haut de votre suffisance ? N’avez-vous rien de plus intéressant à apporter à ce blog que votre acrimonie ?
Un entretien avec Philippe di Meo
http://pretexteed.free.fr/revue/entretiens/entretiens-traducteurs/entretiens/philippe-di-meo.htm
Oui, x,vos remarques sont justes, pertinentes et avisées.
La sucrée du blog est en nage et en rage!
Elle ne nous épargne rien de ses détails de bonne fréquentations littéraires. Il faut bien sûr la laisser dans son petit monde.
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