de Pierre Assouline

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Regarder le sport avec les yeux olympiques

Regarder le sport avec les yeux olympiques

Je me souviens d’Antoine Blondin aux Jeux Olympiques. Du moins à ce qu’il m’en a raconté et à ce que j’ai pu (re)vivre à peu près fidèlement à travers ses chroniques. Sept J.O. au compteur ! Pas mal pour un casanier qui avait tant de mal à se rendre sur la rive droite. Il est vrai que le sentiment de l’exil lui donnait le cafard et ravivait sa mélancolie.

Les Jeux l’ont fait voyager, loin et souvent, ce qui était déjà trop pour celui qui aimait tant les petits endroits intimes où l’on peut se faire rejoindre par ses souvenirs. Trop indécrottablement français pour les lointains horizons, moins curieux des lieux que des personnes. Il glanait des éclats d’interviews dans les vestiaires, des bulles d’informations dans les bars, des choses vécues dans les ascenseurs et des choses vues en pagaille dans les stades. En principe, les résultats des épreuves qu’il rapportait dans sa chronique du jour y étaient, mais pas toujours ; il arrive que l’on se demande de quoi il parle et comment cela s’est terminé mais qu’importe dès lors que c’est lui qui raconte. C’est ce qu’on attend de lui, la touche Blondin, cette valeur ajoutée que nul ne peut lui ravir.

On ne se refait pas. Il aimait trop le Tour de France et le Tournoi des cinq nations pour goûter vraiment les olympiades du bout du monde. De celles de Moscou (1980), il a retenu la capacité inouïe des Russes à boire des litres de vodka. C’est tout ? « Les gens sont tous habillés en flic, c’est frappant ». Quand c’est trop loin de la rue Mazarine, il est paumé, désorienté tant il ne se sent pas chez lui. Le cas aux Jeux de Tokyo (1964). Le soir de la défaite de Michel Jazy, il est aussi bouleversé que révolté : « Il aurait dû gagner ! ». Alors pour oublier, il se noie dans… la Pléiade des Œuvres de Balzac qu’il avait pris soin d’emporter dans ses bagages. Sinon, lorsque je lui ai demandé de me raconter son édition tokyoïte des Jeux, le nom qui lui ai venu spontanément fut celui d’une athlète de… la chanson. Dalida !

Ils s’étaient connus entre deux étapes du Tour de France, Andorre-Toulouse en 1964, et il prétendait que depuis, elle ne le lâchait plus. Il est vrai qu’il avait eu la faiblesse de lui consacrer une grande partie de sa chronique quotidienne aux dépens de la résurrection d’Anquetil dans la descente du Port d’Envalira. A l’en croire, ses assiduités dépassaient « les éruptions de l’Etna » ! (Dalida, pas Anquetil). Il est vrai qu’on les avait vus inséparables durant le Tour où elle se produisait le soir à l’invitation de Jacques Goddet. A tel point que les confrères, las de lui demander s’ils étaient ensemble, avaient fini par le surnommer « Théo Blondino » par allusion à Théo Sarapo, très jeune mari d’Edith Piaf, sinon « Blondino » tout court, clin d’œil au très populaire Bambino (1956) de sa chère « chanteuse des quatre saisons, au sens le plus noble ». Mais les retrouvailles japonaises furent au fond assez sportives, du moins pour lui :

« Un jour, dans sa chambre d’hôtel, elle m’a dit : « Je n’aime pas les hommes beaux, je les aime intelligents, c’est pour ça que je t’aime… ». Je me suis sauvé. On était au 164ème étage. Je me suis réfugié à la cave. Voilà, c’est ça, pour moi, les Jeux olympiques de Tokyo ».

N’empêche qu’à Tokyo, il n’y avait pas que Dalida : il y avait aussi Michel Jazy. A lui seul il valait le déplacement si loin du Bar Bac. Blondin « sait » qu’il va l’emporter dans la finale du 5000 mètres, malgré la pluie et sa baisse de moral. Las ! il arrive quatrième mais Blondin refuse de s’avouer vaincu et reporte ses espoirs sur la prochaine fois. Mais il n’y aura pas de prochaine fois car, malgré la division pentétérique du temps olympique, l’ancien typographe-linotypiste de l’Equipe raccroche peu après.

A « Tokyo-les-bains », tout indique que l’écrivain s’ennuyait. Ce qu’il mangeait lui restait sur l’estomac, un peu comme la fameuse pintade qu’il menaçait de revêtir d’un dossard si elle persistait à leur être servie à chaque étape du Tour. Lorsqu’il allait faire un tour en ville, il se perdait immanquablement ; la transmission de ses articles lui posait des problèmes insurmontables ; les conditions de travail lui paraissent épouvantables ; il éprouvait les plus grandes difficultés à se synchroniser avec les différents envoyés spéciaux de l’Equipe nécessairement dispersés un peu partout en fonction des disciplines couvertes. Quant aux compétitions, de son point de vue, elles n’atteignaient pas en intensité celles de Rome (il est vrai qu’il s’y était bombardé « leader de la French Olympic Drinking Team »). Dans une carte postale à Chantal Déon, il en convient : « Je ne suis décidément pas un produit d’exportation ». Allons, allons !

Sa plume légendaire, cette signature inimitable faite d’humour, et de pas de côté, d’ironie et de décalage, de liberté absolue et, en l’espèce, d’intime connaissance du sport, lui fit rarement défaut. Sa passion de l’athlétisme, légèrement estompée par le culte qu’il voue au vélo, était puissamment ancrée dans son imaginaire comme en témoignait en 1947 déjà les articles qu’il lui consacrait dans Ici France. Combien de comas athlétiques doit-il aux Jeux ! Si l’indispensable Jules Renard pouvait dire d’Henri Desgrange, inventeur du Tour de France : « Sa culture est physique », on ne pourrait l’appliquer à Antoine Blondin qu’en la complétant : « Sa culture est physique, aussi » tant il cite ses maitres en matière de littérature sportive, Montherlant surtout mais aussi Genevoix, Giraudoux, MacOrlan… Il est fasciné par les performances, davantage encore que par le spectacle. Ce recul de la puissance humaine, ces chronos repoussés d’année en année, comment n’en être pas sidérés.

  Pas sûr que les amateurs de judo trouvent leur compte dans les compte rendus de Blondin qui n’y voit qu’un affrontement de bœufs dépenaillés, s’alpaguant au revers sous la férule d’un arbitre lançant « des cris à émouvoir les ultrasons ». Alors l’esprit du budo, certes, mais pas pour lui comme en témoigne son papier intitulé « La semaine des quatre judos » qui parle de tout sauf de ce noble art martial sur la voie de la souplesse qui passe à l’occasion des Jeux de 1964 du statut de sport de combat à celui de sport olympique. Au fond, les J.O. sont les seules occasions où Blondin sort de sa zone de confort, de son Twickenham et de ses étapes de montagne ; journaliste sportif au long cours dans un cadre mondialisé, il lui faut parfois affronter des disciplines auxquelles il n’entend rien ; il en sort quelque chose de tout à fait…. blondinien ! . Qu’importe au fond puisque, dans un cas comme dans l’autre, il fait du Blondin.

Bien sûr il a ses têtes mais ce sont rarement des têtes de Turc. Soit il aime, soit il admire soit il ignore mais ne hait point. On retrouve avec plaisir le fleurettiste Jean-Claude Magnan, le nageur Alain Gottvallès, le rameur Nosbaum, la sprinteuse Chantal Réga qui lui inspire même une parodie de If, le légendaire poème de Rudyard Kipling que Blondin achève par : « … Tu seras un homme, ma fille ! ». On n’oubliera pas sa vision des haltérophiles (« cortège d’obèses en maillots de bain »). Parmi les athlètes olympiques, il en est quelques uns qui retinrent vraiment son admiration. Micheline Ostermeyer fut de ces élus. Aux Jeux de Londres (1948), elle remporta les médailles d’or des lancers du poids et du disque ainsi que le bronze pour le saut en hauteur, peu après que, pianiste de talent, elle fit de même avec le premier prix du Conservatoire. Et tout cela sans se départir de sa discrétion, de sa modestie et de son rôle de mère de famille.

A ceux qui prétendent que l’humanité se divisent entre ceux qui jouent du piano et ceux qui les déménagent, Blondin rappelait l’existence d’une troisième catégorie illustrée par Micheline Ostermeyer. Aux Jeux de Melbourne (1956), il consacra Parry O’Brien, médaille d’or du lancer du poids, comme l’athlète le plus complet et « la figure la plus haute » de cette édition. Des innombrables chroniqueurs sportifs accourus d’un peu partout dans le monde afin d’être présents dans le stade ce jour-là, Antoine Blondin est sans aucun doute le seul qui non seulement brosse le portrait d’un champion qui dort avec son boulet de fonte de 7kgs sous l’oreiller, lui parle, le caresse, mais qui de plus en conclut :

« C’est un cas typiquement américain de gigantisme du nourrisson comme en trouve dans les romans de Steinbeck ».

Sous sa plume, les spécialistes du 400 mètres sont des hommes du Quattrocento. Et il suffit qu’une nageuse japonaise s’ébroue en nage papillon pour qu’il la rebaptise Madame Butterfly. On notera toutefois un certain parti pris inconscient en faveur de Johnny Walker, vainqueur néo-zélandais du 1500 mètres à Montréal, allez savoir pourquoi (il est probable que son nom et son étiquette, pardon : son maillot, noir n’y étaient pas étrangers). Au fond, ses détestations sont plutôt collectives. Ainsi des supporters américains, l’horreur sur pied, la vulgarité incarnée, et envahissante avec ça. L’enthousiasme puéril et sonore qu’il a pu observer dans leur colonie au moindre exploit d’un sportif américain se traduit par des hurlements du type de ceux que soignent les ORL. Un tintamarre odieux aux oreilles bien nées, de quoi offusquer les tympans :

« Là, veuillez croire qu’on ne tient aucun compte de la discrimination raciale : tout est bon dans le poulet, le noir comme le blanc, du moment qu’il est conditionné dans un emballage aux couleurs des stars and stripes ».

   Sa plume vibre quelque que soit le champion lorsqu’Antoine a l’occasion de célébrer « la correspondance entre la grâce et la volonté, le parfait accomplissement du rendez-vous qu’un athlète peut donner à son génie ». On en oublie leurs noms, leurs pays, leurs performances pour n’en retenir au fond que l’étincelante description qu’il en fait. « Le sport fournit l’un des rares spectacles dont la proximité n’altère pas le mystère. Cela provient de ce qu’il ne peut être joué, donc simulé » note-t-il. Comme quoi, malgré les distances à parcourir, les ascenseurs d’hôtels, les pluies diluviennes et la libido de Dalida, parfois les Jeux ont du talent, juste assez en tout cas pour l’inspirer : 

«Au regard des mastodontes du marteau, l’on se demande de quelle aberration est né cet ustensile que les lanceurs promènent comme un yo-yo chargé en fonte avant de le balancer avec le vilain geste de l’ouvrier qui en a par-dessus la tête de trimbaler son outil, véritables forçats ayant découpé un panneau de leur cage pour y projeter le boulet enchainé qu’ils se sont arrachés à la cheville ».

Les athlètes féminines n’en sortent pas grandies (et cela non plus ne passerait plus). A quelques exceptions près, louées pour leurs grâce et leur légèreté, ce ne sont sous sa plume qu’étal de boucher, émeute de jambonneaux, foulées bovines, barbes de trois jours et croupes du style « partie du train restant en gare ». Autrement dit : les mégères ne sont supportables que lorsqu’elles sont apprivoisées. Quant aux escrimeuses, leurs « glapissements hystériques » les rendent irréformables.

Certaines de ses chroniques olympiques sont des pages d’anthologie. Son dialogue québecissime avec un paysan à Montréal, la bénédiction des athlètes par Jean XXIII du haut de son balcon papal avant la confession des pêcheurs, les médailles pieuses gagnées par certains, l’introuvable chapelle quand on tient absolument à y méditer avant toute tentative de record (je cherche après Sixtine, Sixtine ô ma Sixtine et ne la trouve pas…). Mais ce n’est pas parce qu’il vit au loin, envoyé aux prestigieuses olympiades, qu’il va déroger à ses habitudes. Aux Jeux comme sur le Tour, si un grand écrivain vient à mourir (Paul Morand en 1968 pendant Montréal), il a la priorité. Mais quel terrible et triste aveu au passage :

« Disons-le : la France n’est pas un pays sportif ».

Entendez que, si elle sait voler au secours de la victoire en venant encourager des exploits déjà accomplis, elle s’avère incapable d’entretenir la flamme, de stimuler l’émulation, de perpétuer l’esprit du sport tout au long de l’année en remplissant les stades.

Aux Jeux de Montréal, où l’on retrouve de surprenants accents gaulliens dans son commentaire des épreuves de natation (« Vive Montréal ! Vive la nage libre ! »), il comprend et fait comprendre qu’il n’y a pas de petites médailles, celles des disciplines les plus populaires valorisant les autres. Ainsi suit-il à la trace Daniel Morelon au Vélodrome, assez vexé personnellement que le cyclisme sur piste soit traité à l’égal d’une activité secondaire. Hélas, lors de la finale, la grande vitesse fut enclenchée trop tôt et l’enfant de Bourg-en-Bresse partit trop tôt « comme s’il obéissait à un besoin bressan ». On ne se refait pas et certainement pas Antoine qui se permet ce que nul n’oserait de nos jours, en écrivant qu’en athlétisme, à la finale du 100 mètres, il y avait « huit hommes :  5 Noirs et 3 Blancs (on dirait une commande de bistrot) » et qu’à la cérémonie de clôture étaient invités « quelques centaines d’indiens (sous toutes réserves) » et autres « joyeux Hurons ». Aujourd’hui, il se ferait lyncher par les réseaux sociaux à supposer qu’il ne serait pas censuré avant.

Il ne résiste pas à un bon mot, une formule, un calembour- et comment lui en vouloir, c’est sa signature. On sait qu’un tel tropisme rend injuste quiconque s’y adonne. Ainsi lorsqu’en 1964 à Tokyo Antoine récuse l’idée que la médaille d’or de Pierre Jonquères d’Oriola en saut d’obstacles individuel soit « tirée par les chevaux », ce qui eut été, vous en conviendrez, assez cavalier vis-à-vis du champion. Parfois, on a des doutes : il fait de l’humour à sa façon ou ce qu’il dit est vrai ? On ne sait pas toujours à quel degré le prendre. Et si c’était vrai que Mykola Avilov porte une chaussure noire et l’autre jaune pour ne pas se tromper de jambe d’appel avant de sauter et de s’enrouler en ventral autour de la barre ?

A Munich (1972), il se plia à la situation, exécutant un pas de côté lorsqu’il n’est pas à la piscine, aux abords de la piste cendrée ou au vélodrome ; et ce pas le conduit inévitablement au village olympique, chambre d’écho des bruits divers et variés et boulevard à ragots dont il se régale. Jusqu’à la tragédie du 5 septembre : la prise d’otages d’athlètes israéliens par un commando de fedayin. Y consacrant toute sa chronique du jour, Blondin décerne de son propre chef une médaille aux « tueurs pour meurtres sur cibles innocentes et endormies ». Un temps, le journaliste sportif troque son statut pour celui de correspondant de guerre. Avant même que soit connue l’issue tragique de cet acte de terrorisme, il écrit :

« Il faut vraiment violer sa sensibilité pour trouver un semblant de justification à cet acte criminel, mais il faut reconnaitre qu’il s’inscrit dans la logique aberrante du désespoir ».

Puis avant de reprocher au commando palestinien d’avoir commis « un crime beaucoup plus grave, un sacrilège contre l’espèce : ils ont naufragé l’Arche de Noé », il consacre un paragraphe à honorer un athlète quadragénaire, dont la calvitie et le petit bedon ont attendri les spectateurs massés sur le parcours du 50 kms marche, un ingénieur portant lunettes qui avait tout du marcheur de tradition, et dont l’avant-bras (mais qui d’autre que Blondin l’a alors remarqué ?) porte « un numéro matricule qui lui fut tatoué à quelques kms d’ici ».  Le marathonien israélien Shaul Ladany, déporté à 8 ans à Bergen-Belsen, rescapé du génocide et du massacre de Munich. Des lignes qui nous dédommagent d’un éloge sans nuances et sans réserve de cette vieille crapule nazie et antisémite d’Avery Brundage au moment de faire ses adieux au CIO dont il avait été jusqu’alors le président. Puis la fête le spectacle continuent et Guy Drut rapporte une médaille d’or en 110 mètres haies (« une médaille en sautoir »)

Pour être envoyé spécial d’un grand journal sportif, on n’en est pas moins humain. Blondin a des lignes trempées de larmes lorsqu’il évoque celles du champion Roger Moens se jetant sur l’herbe après avoir perdu la finale du 800 mètres à Rome (1960), avec la même empathie manifestée pour dire celles de Colette Besson après sa victoire aux 400 mètres à Mexico (1968). Des Jeux qu’il a couverts depuis… Paris, devant la télévision, dans le salon de Pierre de Ségur « gentilhomme de sport » en compagnie d’un certain nombre de flacons de toutes provenances.

Mais ce qu’il y a de bien et de beau avec Antoine Blondin, c’est qu’il ne lâche pas ses idoles au motif que la France les a oubliées. Ainsi de Colette Besson justement. En 1976, il publie une chronique qui est une vraie déclaration d’admiration éternelle : impressionné par la modestie avec laquelle l’ancienne médaille d’or honore de sa présence de petites épreuves interrégionales au nom de son club bordelais, il dit sa colère contre l’Administration, l’Etat, le ministère, la Fédération qui se sont contentés de lui épingler une légion d’honneur et basta, plus rien après : « Pour solde de tout compte, vous portez votre croix ». A Montréal, en regardant le 400 mètres, il a une pensée pour elle.

Cela dit, c’est à Cortina d’Ampezzo (1956), au froid donc, qu’il écrivit l’un de ses plus beaux papiers : l’autrichien Toni Sailer dévalant les pentes et raflant les médailles vu dans le regard pathétique du grand champion italien Zeno Colò banni des épreuves pour professionnalisme et les suivant caché derrière un arbre, sa manière de « tendre une embuscade au souvenir ». Blondin s’est plu à glorifier les Jeux en leur rendant à leur dimension universelle et intemporelle. Un champion du monde n’est jamais que champion de sa rue alors qu’« un parfum d’éternité » fait escorte à un titre olympique. En posséder un à son palmarès, c’est aussitôt être nimbé d’un laurier au prestige immémorial, même si l’on connait bien les dates des premiers Jeux antiques il y a vraiment très très longtemps en l’honneur de Zeus Olympien.

Ainsi un va nu pied éthiopien peut-il accéder avec le sourire, la grâce et sans souffrance apparente au panthéon des sportifs parmi les dieux du stade. Tout athlète olympique voit son nom gravé dans le marbre de l’histoire du sport. Ce qui ne fait pas oublier que s’il gagne, c’est « sur rendez-vous ». Tout le spectaculaire des Jeux, avec ce qu’il faut de martial et de jovial dans le défilé d’ouverture, d’émotion dans le parcours de la flamme, de fiesta dans le village, de mythologie dans les clameurs, de ferveur dans la célébration des records. Dans l’Antiquité, le temps des Jeux suspendait guerres, querelles et règlements de compte ; Blondin en a la nostalgie, même s’il était petit à l’époque ; si ce Zeitgeist a disparu, c’est selon lui par « manque de foi » ainsi qu’il l’a écrit dans sa préface à La fabuleuse histoire des jeux Olympiques de Guy Lagorce et Robert Parienté (1973). Pas sûr que le serment made in Coubertin suffise à pallier cette lacune. Son épopée avec les J.O. s’acheva à titre personnel en 1980 à Moscou. Mais la relecture de ses chroniques témoigne de ce que le sport et les sportifs lui doivent d’avoir été regardés avec ses yeux olympiques.

(P.S. Ce texte est ma contribution au recueil collectif Je me souviens… de la foulée de Pérec (et autres madeleines sportives) » Vingt-huit écrivains livrent leurs souvenirs, 224 pages, Seuil)

(« Antoine Blondin aux Jeux Olympiques de Tokyo, 1964, photo D.R ; « L’éthiopien Abebe Bikila, médaille d’or du marathon aux J.O. de Tokyo, 1964, photo D.R. ; « Les athlètes américains Tommie Smith et John Carlos, médaille d’or et médaille de bronze du 200 mètres, lèvent le poing du Black Power aux J.O. de Mexico en 1968 pendant l’hymne américain », photo John Dominic ; « L’un des huit terroristes palestiniens sur le balcon de la délégation israélienne aux J.O. de Munich », photo Russell Mcphedran/The Sydney Morning Herald ; « Epreuve du fleuret avec Daniel Revenu, Jeux olympiques de Munich, 1972,  Photo de Michel Pansu et Serge Trevisani, France-Soir)

Cette entrée a été publiée dans Sport.

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commentaires

834 Réponses pour Regarder le sport avec les yeux olympiques

Jazzi dit: à

Et pas une parole historique avant de rendre l’âme, D. ?
C’est beau comme du Bernanos des grands cimetières sous la lune mâtiné de la mort de Robert Brasillach !

J J-J dit: à

Non moi j’aurais plutôt dit qu’il avait enfin pigé quelque chose du cauchemar de FK, et qu’enfin réveillé, il allait reprendre ses esprits avec la réalité fasciste beaucoup moins dangereuse que la réalité gauchiste.
Rendre l’âme de Chaville ? mais à qui, au juste ?…

Jazzi dit: à

Faut-il prévoir de faire des provisions ?

A Paris, on pourra toujours bouffer du rat, grâce à la prévoyance d’Anne Hidalgo, on n’en manque pas et il parait que c’est exquis !

Dans ses « Mémoires de ma vie », signés ex-madame Paul Verlaine, et parus seulement en 1935, Mathilde Mauté nous offre un témoignage de première main sur la vie au temps de la Commune de Paris : « Pour Noël, nous fîmes un réveillon très gai avec les personnes de notre groupe habituel. Chacun avait apporté ses provisions. Je m’étais mise en quête plusieurs jours à l’avance et j’avais découvert, rue du Quatre-Septembre, une modiste qui, renonçant à vendre des chapeaux, faisait commerce de victuailles. Elle venait justement d’acheter plusieurs animaux du Jardin des Plantes qu’on avait tués, dans l’impossibilité de les nourrir. La boutique contenait un peu de tout : du singe, de la girafe, du zèbre (…) elle me montra de jolies petites terrines sur lesquelles étaient écrits ces mots suggestifs : Terrines de perdreau de Nérac. Prix quatre francs. C’était pour rien. J’en achetai tout de suite plusieurs. Le jour du réveillon les terrines obtinrent un succès ; leur contenu était vraiment très bon. Au jour de l’an, j’en portai chez ma mère ; même succès ; mais le docteur Cros trouva quelques petits os qu’il examina avec attention. Il me dit : – Ne vous y trompez pas, madame. Votre perdreau est du rat, mais ce rat est exquis ; je vous en redemanderai un peu. »

J J-J dit: à

@ CT
https://www.en-attendant-nadeau.fr/2024/06/29/edouard-louis-monique-sevade/

au cas où vous seriez toujours un brin branchée sur Edouard Louis et n’auriez point vu ce papier. J’espère qu’il aura voté comme nous autres, les socialo
-communistes, les seuls remparts à la tentation fasciste macronienne et antisémite du seul insoumiste qui reste, s’accrochant encore à son rêve de taré, en 1er ministre.
Bàv, il est 19 heures, allumons la télévision et préparons-nous au meilleur de la soirée des néo-bobos! La FRANCE a gagné la 2e étape, parait-il !
Bàv,

FL dit: à

En attendant de savoir si la bête immonde va bauger au palais Bourbon, prenons le temps de réviser nos insultes républicaines avec Victor Hugo:

« C’est laid, c’est vieux, c’est noir. Cela fait des gazettes »

Eh non ! il ne parle pas du journal Libération.

FL dit: à

« La Haine » est un beau film. Un chef d’oeuvre même.

D. dit: à

Ce soir c’est endives à la chavilloise.

D. dit: à

Nfp n’est pas un parti et donc le second parti de France n’est pas de gauche mais du « centre »

honneur de blog dit: à

la tentation fasciste macronienne

Mais que faut-il lire de la part du crétin du troisième âge aquarelliste du bout du pinceau!

rose dit: à

Des poils de l’écureuil gris sibérien.

D. dit: à

Hayer première ministre !

(Prfffftttt 😄🤣🤣😂 !)

D. dit: à

Je trouve que François Hollande se balladurise physiquement mais en pire.

D. dit: à

Je préfèrais en effet Balladur, chez qui on pouvait compter les mentons (jusqu’à trois en période faste).
Chez hollande, c’est un goître qui gonfle et dégonfle selon les lunaisons.

Jazzi dit: à

« la tentation fasciste macronienne »

De la part d’un enseignant, qui a eu la charge de former et non pas déformer ses élèves, c’est assez déplorable.

Jazzi dit: à

Le RN n’aura vraisemblablement pas la majorité absolue.
Nous aurons probablement une cohabitation, avec un premier ministre de gauche, autre que Mélenchon.
Assisterons-nous à la revanche de Hollande, à Matignon ?
Affaire à suivre…

J J-J dit: à

que vous le vouliez ou non, jouer le sort d’un pays sur un coup de poker équivaut à mes yeux à une pulsion fasciste, analogue à la tentative de putsch au Capitole par un ancien président qui n’admit jamais de reconnaître un attentat symbolique majeur contre la démocratie de son pays. Cela dit, je vous emmerde avec vos leçons de morale, chers amis, qui avez gardé vos cuisses macroniennes si propres !
Pas d’amertume, ni de haine vindicative de ma part, croyez le bien : vous avez « gagné » Marine et Jordan, alors… que grand bien vous en faste !—

J J-J dit: à

N’ai jamais compris pkoij marie masoeur avait tjs ce besoin d’avancer masquée sous les oripeaux d’HDB pour agonir son vieux pote keuf aquarelliste du dimanche, tout fier de ses pinceaux… Bof. L’heure n’est pas si grave, me dit-on. Et demain sera un autre jour, à Paris.

honneur de blog dit: à

Pas d’amertume, ni de haine vindicative de ma part, croyez le bien

C’est votre crétinerie, votre fake news –  » la tentation fasciste macronienne » – qui fait s’ accroître l’ extrême droite. Vous méritez la méluche d’ or et l’autre extrémiste avec son keffieh pour représenter tout le « front » de gauchedans sa diversité.

Jazzi dit: à

« tentative de putsch »

Redonner la parole aux Français ?
Il semble que les mots n’ont plus aucun sens pour vous !

honneur de blog dit: à

En fait c’est toujours la nostalgie du rêve trotskyste qui s’en revient avec cette volonté puérile et idiote ( au sens grec de ce terme) du brutal front contre front, comme on parle de bas du front, de la bêtise à front de taureau.
On casse du « bougnoule » d’ un côté, on casse du faf de l’ autre, mais on veut cogner du front. Même les noms se ressemblent et s’assemblent : front national versus front de gauche, anciens ou nouveaux d’ ailleurs!
Ainsi front, front, front les petites marionnettes.
Assez joué la vieille baderne la trois gige!

Chaloux dit: à

Gayet qui emmène voter le flan de Tulle avec un sac à main en alligator de plus de 20000 euros, si l’information est vraie ça laisse tout de même rêveur, cette gauche.
Lequel flan ne semble pas en très bonne posture.

(Cette fois c’est moi qui n’ai plus d’internet )

J J-J dit: à

@ Vous méritez la méluche d’ or et l’autre extrémiste avec son keffieh

eh bé, chacun mérite ce qu’il a semé : un klarsfeld à l’autre front ? une jeune baderne…

Le maître de céans vous a dit NON ! et le D. menace de s’en aller…

Chaloux dit: à

« Lequel flan ne semble pas en très bonne posture ».

Ce qui fait ma joie.

L’avez-vous vu taper dans la baballe? Le pauvre n’est même plus un sujet de plaisanterie, c’est un sujet d’ébahissement.

Quand au sac à main « H » (pas la préparation), sans compter l’animal assassiné pour faire reluire Madame, il représente pour moi le comble de l’imbécilité dans le luxe. Songez que pour ce prix on a une déjà très belle peinture italienne, par exemple une école de Panini. Une belle peinture à qui faire ses dévotions chaque matin est un des grands plaisirs de l’existence.

et alii dit: à

Prenons Shakespeare : pendant deux siècles, l’auteur britannique le plus connu était Ben Johnson. Pour une personne d’aujourd’hui, c’est un sportif dopé. Mais imaginer une autre possibilité n’est pas simplement ludique, c’est essayer de se mettre à la place de gens comme Voltaire par exemple, ou de gens extrêmement cultivés qui considéraient que Ben Johnson était infiniment supérieur à Shakespeare. C’est aussi une expérience esthétique qui nous permet de sortir de nous-mêmes
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/15-de-plus/15-de-plus-du-vendredi-05-avril-2024-7460678

et alii dit: à

A partir de 18 mois l’enfant prend de l’assurance dans la marche, il est curieux et avance dans la vie. Mais c’est aussi là qu’il apprend à dire systématiquement  » non !  » à ses parents. Rien de dramatique, l’enfant apprend simplement à s’affirmer face à eux. Marie Blanchardon Schott interroge Christine Brunet, Psychologue Clinicienne et Psychothérapeute.

L’âge du non : qu’est-ce que c’est ?
L’âge du non, c’est la possibilité pour l’enfant de s’affirmer. Il dit  » non !  » pour mieux pouvoir dire  » oui !  » après. Il va apprendre à répondre à la demande qu’on lui fait. Le rôle des parents est de rester ferme sur des choses indiscutables :  » On ne met pas les doigts dans les prises « ,  » On ne tape pas l’autre « ,  » On donne la main dans la rue « , etc. Si le parent cède toujours face à son enfant, il ne l’aide pas à se construire. Ça ne le prépare pas à se confronter à la vie, à ses difficultés et à ses contraintes. C’est nécessaire voire même impératif de poser des limites. Les parents sont là pour donner des règles pour que l’enfant puisse se construire. Et c’est aussi comme ça qu’ils transmettent des valeurs, expliquent les choses importantes à leur enfant.

A partir de quel âge ça peut commencer ?
Cela peut débuter vers 18 ou 24 mois et durer jusqu’aux trois ans de l’enfant. En général,  » l’âge du non  » se développe avec la marche, la découverte de l’autonomie mais aussi parce que l’enfant est dans la toute puissance magique de l’enfance : il pense qu’il peut avoir le pouvoir. C’est normal : il est curieux, il avance et il a envie de s’affirmer. Il veut résister à ses parents et exerce sa force. Dire  » non ! « , c’est une possibilité pour lui de montrer sa personnalité. Il est donc nécessaire, en tant que parent, de lui dire  » non !  » tôt et c’est très important qu’il le comprenne.

MC dit: à

Et aujourd’hui, pour certains et certaines, Shakespeare ne saurait être Shakespeare, mais Marlowe, Florio, que sais-je encore? Y avons nous réellement gagné ? J’en doute un peu. Oh , les raisons sont les meilleures du monde: le sieur Shakespeare n’ à pas le niveau d’études requis. Et après? Un génie n’est-il pas un génie?! N’empeche, Je serais Corneille ou Moliere , je me méfierais …. MC

D. dit: à

Moi-même à Chaville, je voterai Front de gauche pour que « Renaissance ensemble » ne passe pas.
Et je n’en fait pas tout un foin.

D. dit: à

Eh oui.

J J-J dit: à

L’a arrêté le compteur suivant à 600. Trop de messages électoraux pour barrer le front national sans doute. Hein ?

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