de Pierre Assouline

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La République des livres
A la recherche des lecteurs de Proust

A la recherche des lecteurs de Proust

Il n’y a pas que Faulkner : de Proust aussi on pourrait dire qu’il est devenu un écrivain pour écrivain. Car qui de nos jours, hors de cette catégorie qui comprend aussi des intellectuels, des universitaires, des critiques, qui a vraiment lu la totalité de la Recherche du temps perdu et la relit encore ? C’est là que git le paradoxe de Proust particulièrement aiguë en cette année anniversaire du centenaire du prix Goncourt attribué à A l’ombre des jeunes filles en fleurs. Il est partout présenté comme l’écrivain de langue française, le plus important et le plus prestigieux du XXème siècle. Le plus commenté, analysé, disséqué si l’on en juge par les montagnes de thèses consacrées à sa cathédrale de prose, fût-elle, à l’égal de tout livre selon Proust, l’œuvre de la solitude et l’enfant du silence. Le plus plébiscité par les lecteurs : en 1999, quand le Monde a proposé à ses lecteurs d’élire les cent livres du siècle tous genres confondus pas seulement en France mais partout ailleurs, la Recherche arrivait en deuxième position après L’Etranger. Et au début de ce mois encore, à l’occasion du salon du livre de Genève, le quotidien Le Temps a publié un palmarès concocté auprès de libraires, de bibliothécaires, de professeurs, de critiques sur les 50 meilleurs livres de langue française de 1900 à nos jours, le Recherche est arrivée en première position, devant le Voyage au bout de la nuit.

Or sa popularité est inversement proportionnelle de la diffusion de son œuvre. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. On les connaît mieux depuis la récente parution de Proust, prix Goncourt (256 pages, 19,50 euros, Gallimard), un essai aussi savant, précis que cruel tant pour Proust, ses petites manoeuvres, son milieu que pour l’Académie Goncourt. Thierry Laget, un spécialiste de la question, qui avait naguère consacré un mémoire au sujet sous la direction de Jean-Yves Tadié avant de collaborer à ses côtés à la nouvelle pléiadisation de la Recherche, insiste sur la réception du prix ; il y commente brillamment le dossier de presse de l’époque des années 1919/1920 et réussit même la prouesse d’en faire un récit palpitant et plein d’humour. Or à la fin, ayant eu accès aux inviolables archives Gallimard, il publie en annexe les chiffres des tirages cumulés de l’opus magnum toutes éditions confondues de 1919 à 1980, date du 60 ème anniversaire de l’attribution du prix à Marcel Proust (après, à partir du milieu des années 80, l’oeuvre de Proust est dans le domaine public et l’on ignore les résultats des diverses éditions). Deux choses y apparaissent : d’une part près de deux millions d’exemplaires des sept volumes composant la Recherche ont été vendus en langue française (poche et clubs compris), ce qui est relativement peu sur une telle durée et compte tenu de la notoriété maximum de l’auteur (et par rapport au Petit prince et à L’Etranger, les deux plus grand succès du fonds Gallimard) ; d’autre part, Du côté de chez Swann, le premier tome, est celui qui a eu le plus de succès, après cela n’a cessé de décliner. Ce qui fait écrire à Thierry Laget :

« On peut donc estimer à un sur trois le nombre des lecteurs qui se contentent du premier volume et que le prix Goncourt ne convainc pas d’acquérir le deuxième (…) »

Vu d’en face et d’ailleurs, Proust c’est la France, la Belle époque, le snobisme, une langue précieuse, un certain raffinement intellectuel, esthétique, émotionnel. Le paradoxe entre les étincelles de la notoriété et la réalité crue des chiffres est renforcé encore par la fortune de laRechercheà l’étranger. Celle-ci a été traduite dès 1920, partiellement (et pour cause) puis intégralement dans des dizaines de  langues et de pays. Le « spécial Proust » de la Nrf paru en 1923, avec des contributions de Virginia Woolf, Ernst Robert Curtius, Ortega y Gasset etc, a beaucoup fait pour ce rayonnement. Dans le sillage des traductions, des clubs Proust, des sociétés des amis de Proust, des sociétés d’études proustiennes, des laboratoires de recherches sur le corpus proustien ont surgi. L’école japonaise notamment a produit des travaux remarquables et récemment encore, à l’université de Kyoto, un Index général de la correspondance de Marcel Proust.

Pour les besoins d’une conversation à laquelle je participais avant-hier à Chartres dans le cadre sur Printemps proustien, sur « Proust et le monde » avec l’américain William Carter et le japonais Kazuyoshi Yoshikawa, chacun d’eux ayant parlé de son pays, j’ai été modestement chargé de m’occuper du reste du monde, excusez du peu. A l’issue de ma petite enquête sur les traductions et la réception de la Recherche, plusieurs invariants ont surgi d’un pays à l’autre.

Le premier écueil que les traducteurs ont eu à contourner n’est autre que la longueur des phrases. Bien souvent, la solution a consisté à les segmenter ; c’est particulièrement frappant en chinois. Dans le chapitre « Combray » de Du côté de chez Swann, aux pages sur la description de la chambre de tante Léonie, une phrase de 56 lignes contenant force tirets et points virgule, devient 18 phrases brèves aérées par quatre paragraphes. Puis les problèmes posés par les nombreuses métaphores, l’intertextualité, la polysémie et les ruptures de registres de la langue parlée. Puis la question du temps, le passé composé étant par exemple source de problème dans de nombreuses langues. Enfin, la nécessité d’ajouter au roman de nombreuses notes, non pour donner du travail aux universitaires, mais, comme pour le style, par souci de clarté, de lisibilité. En effet, nombre de noms propres et de références historiques typiquement français (affaire Dreyfus, scandale de Panama etc), d’allusions bibliques ou mythologiques, ne disent rien à nombre de lecteurs étrangers – et la vérité oblige à dire qu’elles doivent laisser sur le carreau également nombre de lecteurs français, et pas seulement chez les jeunes.

Avant-guerre en Pologne, Boy-Zelenski avait éclairci le texte-source en segmentant les phrases trop longues, en créant des respirations avec les alinéas, en disposant les dialogues à la ligne. Il se justifiait ainsi : « J’ai sacrifié le précieux pour l’essentiel ». C’est ainsi que dans son poignant récit Proust contre la déchéance (2011), Jozef Czapski dit que Proust se lit si facilement en polonais qu’il faudrait le retraduire en français pour le rendre enfin vraiment populaire en France ! Longtemps, l’édition allemande de Contre-Sainte Beuve (Gegen Sainte-Beuve) du suisse Luzius Keller a fait autorité y compris chez les éditeurs portugais, espagnols etc par sa manière de reconstituer les fragments ; ainsi il était plus chic chez les étudiants français de s’y référer plutôt qu’à celle de la Pléiade. Proust est communément perçu comme un auteur d’une telle complexité que cela fait dire à certains que si les lecteurs anglais ou américains ont du mal à entrer dans la Recherche en anglais., c’est signe… que la traduction est bonne !

Qu’est-ce qu’ils gardent et qu’est-ce qu’ils jettent ? En fait, lorsqu’on assiste à des colloques de traducteurs proustiens, on s’aperçoit qu’ils peuvent passer la journée à s’opposer uniquement sur le titre et sur l’incipit. En anglais déjà, il y a trois manières de traduire le titre de l’ensemble : Remembrance of Things Past (qui fait écho à un sonnet de Shakespeare), In Search of Lost Time et A Search for Lost Time. Parfois, pour le titre aussi, ils simplifient. L’édition roumaine de Du côté de chez Swann s’intitule simplement Swann !

Quant à la première phrase, en norvégien par exemple, « longtemps » ne peut s’accorder avec le passé composé. En créole haïtien, le traducteur s’est demandé si « longtemps » voulait dire « souvent », « depuis longtemps » ou « pendant une longue période de temps ». Et dans toutes les langues, l’homophonie entre « bonheur » et « bonne heure » ne peut être conservée.

Comment rendre la voix de Françoise en anglais quand on se souvient qu’elle est à la fois frustre, plébéienne, peu cultivée mais qu’elle contient également des tournures de la langue du Grand Siècle ? Comment traduire le moi obscur, l’oreille fine, la musique en dessous, les paroles sous l’air de la chanson (cf Contre Sainte-Beuve) du texte source ? Comment s’en sortir avec un écrivain qui définissait son style comme « un ver à soie tissant de longues soies de sa phrase » (1905) ?

Pas évident. D’autant que tout n’est pas à l’origine en français. La Recherche contient quelques deux cents mots anglais ou considérés comme des anglicismes. Mais qu’on se le dise, « mousmé », que l’on retrouve souvent dans la bouche d’Albertine, n’est pas de l’arabe chu de la bouche de Pépé le Moko, mais du japonais (musume signifie « jeune fille)

On n’oubliera pas que Proust lui-même a traduit sans être traducteur. Il ne parlait pas un mot d’anglais, le déchiffrait à peine mais maman y a pourvu comme en toutes choses ; ce qui lui faisait dire que, à défaut de connaître l’anglais, il savait fort bien le Ruskin, lui permit de restituer en français Sésame et les lys et La Bible d’Amiens, et de s’approprier une esthétique qu’il sublimera bientôt dans la Recherche.

Le terrain est fertile pour les erreurs d’interprétation. Il est plus facile de les débusquer dans les traductions pionnières car l’on dispose de nos jours d’études génétiques sur les manuscrits, de biographies détaillées et de l’ensemble de la correspondance. N’empêche, on imagine le traducteur islandais ou arménien s’arrachant les cheveux pour essayer de rendre dans sa langue sans trop de dommages « décaduc », l’un des nombreux néologismes proustiens, « faire catleya » ou alors dans la bouche d’Albertine (La Prisonnière) « se faire casser le pot » – cette dernière expression ayant été victime d’un contresens dans une traduction en castillan où elle est traduite par un verbe signifiant « dépuceler » ; en chinois, l’expression « Débats roses » est devenue « jardins de roses » alors que c’était une allusion au papier rose et blanc du Journal des débats

Les Espagnols ont été parmi les premiers à tirer. Dès 1920, le poète Pedro Salinas se voyait confier la traduction de Por el camino de Swann suivi de A la sombra des las muchachas en flor. Après, les volumes s’espacèrent ; pendant la guerre et après, la censure franquiste, scandalisée par Sodome et Gomorrhe, mit fin à l’entreprise. Alors l’Argentine prit le relais en confiant le travail à Marcelo Menaché ; mais quand dès les années 50, l’éditeur barcelonais Plaza y Janès lança sa propre traduction d’En busca del tiempo perdido, une rivalité naquit et s’installa durablement ; aux uns on reprocha d’avoir traduit Un amour de Swann par Unos amores de Swann, ce qui est un contresens ; on dénonça chez les autres leurs argentinismes. ; les uns et les autres se renvoyèrent leurs idiotismes à la figure.

Comme toute grande œuvre de portée universelle, la Recherche est un miroir. Elle reflète les évolutions et l’esprit de l’époque : il y a vingt ans, alors je recherchais en vain au rayon « Littérature française » la légendaire traduction de Scott Moncrieff de la Recherche dans une bonne librairie de Brooklyn, le libraire m’amena au rayon « Gay » où elle se trouvait (cela dit, à la librairie Delamain où je cherchais en vain Paris au mois d’août de René Fallet, on a fini par m’indiquer le rayon « Tourisme » où le livre était niché, en effet…) ; de nos jours, les facs américaines ont annexé Proust aux Gender studies et à écouter certains débats, même en France, c’est à se demander si l’homosexualité et le judaïsme ne sont pas les thèmes dominants de la Recherche… Air du temps. Les Allemands, eux, ont le plus souvent tiré l’œuvre vers la philosophie et l’esthétique (voir le Proust de Walter Benjamin) quand les Italiens, qui l’ont traduit à partir de 1945 avec une équipe au sein de laquelle oeuvrait Natalia Ginzburg (La strada di Swann), ont été sensibles aux développements sur Giotto, Botticelli…  Quant aux Chinois, ils ont mis en valeur les Proust psychologue, sceptique, symboliste dans la traduction qu’ils ont diligentée entre 1923 et 1949, ils l’ont proscrit de 1949 à 1978, et on relancé deux traductions rivales en 1989/91, l’une étant un travail d’équipe (quinze personnes, donc quinze styles difficiles à unifier), l’autre étant assurée par une seule personne.

A ce sujet, il faut préciser que souvent, eu égard à l’énormité du travail, il arrive que le traducteur meurt en route et que son travail soit poursuivi par un autre ; le cas de l’édition arabe, échelonnée de 1977, à la demande du ministère de la culture à Damas qui la commanda à Elias Bdéoui, puis à la mort de celui-ci fut poursuivi au Caire par Jamal Chehayed jusqu’en 2005. Si le traducteur ne meurt pas toujours, il lui arrive d’être empêché : en Roumanie, Radu Cioculescu qui avait commencé sa Recherche en 1946 ne continuer car il fut emprisonné en raison de son activisme politique ; il reviendra bien plus tard à Irina Mavrodin, dans les années 1987-2000, de traduire l’intégrale.

Malgré tout, si Proust est le plus admiré des écrivains français en France et dans le monde, il est peu lu. Combien sont-ils depuis un siècle à avoir lu son roman dans son son intégralité ? Car autrefois en douze volumes ou désormais en sept si ce n’est en quatre dans la Pléiade ou en une brique Quarto de 2408 pages, c’est bien d’un seul roman qu’il s’agit avec A la recherche du temps perdu. Et les mystères de ce paradoxe ne seront pas épuisés lorsqu’on se souviendra que, comme l’a énoncé quelqu’un de bien, les beaux livres donnent l’impression d’avoir été écrits dans une sorte de langue étrangère…

(« Le cercle de la rue Royale », 1868, huile sur toile de James Tissot, musée d’Orsay (Charles Haas, qui a inspiré le personnage de Charles Swann, se tient debout à l’extrême-droite) ; « Proust par Nadar » ; « Proust avec ses amis Robert de Flers et Lucien Daudet vers 1894 », « Edition correspondant aux deux-tiers du Temps retrouvé, avant-dernier volume de la Recherche en japonais par le professeur Yoshikawa », photos D.R.)

Cette entrée a été publiée dans Histoire Littéraire.

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1 487 Réponses pour A la recherche des lecteurs de Proust

Delaporte dit: à

« Sans défendre aucunement Polanski, reconnaître que sa vie a été tragique serait juste. »

C’est vrai, et je ne dis pas autre chose. Mais, pour l’histoire de ce viol en Amérique, c’est quand même lui qui l’a bien voulu. Polanski a réussi à synthétiser tous les délires de l’histoire humaine du XXe siècle, en sauvant sa peau de justesse, mais non sans y laisser des plumes. Sait-on au juste ce qui s’est passé dans le ghetto polonais ? Et ce n’est pas son film, Le Pianiste, absolument lamentable à mon avis, qui apportera quelques éléments véridiques. Tout est comme ça, avec Polanski, l’évitement, l’évitement absolu. Quand la justice lui demande des comptes, il se sauve. Parce que, comme tout êtyre humain, mais lui, Polanski, plus que d’autres, évidemment, il est absolument coupable. C’est cela son drame et se tragédie, dans lequel a puisé innocemment et gratuitement Tarentino…

et alii dit: à

«L’Université a en effet du mal à s’emparer des auteurs contemporains parce qu’il y a toujours quelqu’un pour dire, avec un petit sourire en coin, que Proust c’est mieux que Houellebecq. Oui et non; et surtout, ce n’est pas la question. Je trouve très dommage qu’un lecteur de Houellebecq ne lise pas aussi Proust; et je trouverais dommage qu’un lecteur de Proust méprise a priori Houellebecq sans le lire. Mais il faut un œil très acéré, et en même

et alii dit: à

“[Proust] était alors le grand sujet de conversation, sinon presque le seul, un peu partout. La consigne était d’aimer Proust sous peine de se rabaisser au rang des sauvages et des concierges.” Julien Green, Jeunes années 2 (Points Seuil n°R172, p.274).

Janssen J-J dit: à

@ avoir une mémoire d’éléphant est à la fois un don et aussi une malédiction.

***tous les hypermnésiques ont expliqué avoir été affligés d’une véritable malédiction, un « don » dont ils se seraient bien passés.

et alii dit: à

‘Homme dont le monde volait en éclats
Alexandre Luria
Un homme, doué d’une mémoire monstrueuse, devient peu à peu prisonnier des souvenirs qu’il est incapable d’oublier ; un autre, à la suite d’une blessure à la tête, ne peut plus organiser ni utiliser sa mémoire qui a volé en éclats – tels sont les cas exceptionnels dont traitent les deux monographies d’Alexandre Luria rassemblées ici. On y verra – outre l’évocation bouleversante de deux destins – une entreprise théorique originale et novatrice, dont Olivier Sacks devait plus tard s’inspirer : analyser une lésion, et au-delà d’elle une fonction (ici la mémoire), en la replaçant dans le contexte global de la personnalité, et poser ainsi les jalons d’une science unitaire, qui réconcilie neurologie et psychologie – pour reprendre les termes mêmes de Luria : une science romantique.

et alii dit: à

Il y a une école Marcel Proust rue du faubourg Bannier, certainement en souvenir du chercheur de temps perdu.
Quand à la rue Saint Euverte, si Charlus y est passé le jour ou il a suivi quelqu’un jusqu’à Orléans pour engager la conversation, il a du la fuir à toutes jambes, par crainte que quelque fosse d’aisances n’y soit crevée.
“Traces proustiennes à Orléans”
ça, ça fait des lecteurs en nombre sur plusieurs générations

et alii dit: à

*[Charlus :] Je change ainsi jusqu’à trois, quatre fois de « voiture ». Je m’échoue parfois à onze heures du soir à la gare d’Orléans, et il faut revenir ! Si encore ce n’était que de la gare d’Orléans ! Mais une fois, par exemple, n’ayant pu entamer la conversation avant, je suis allé jusqu’à Orléans même, dans un de ces affreux wagons où on a comme vue, entre des triangles d’ouvrages dits de « filet », la photographie des principaux chefs-d’œuvre d’architecture du réseau. Il n’y avait qu’une place de libre, j’avais en face de moi, comme monument historique, une « vue » de la cathédrale d’Orléans, qui est la plus laide de France, et aussi fatigante à regarder ainsi malgré moi que si on m’avait forcé d’en fixer les tours dans la boule de verre de ces porte-plume optiques qui donnent des ophtalmies. IV

Bérénice dit: à

20h22 je découvre l’écrivain dont je me demande s’il n’a pas transposé ses désirs sur le personnage féminin. C’est assez sensuel et très libre.

Janssen J-J dit: à

6 posts en moins de 45 minutes, et conséquents…, et tous plus inspirants les uns que ls autres (Houellebecq, Green, Darlu, Luria, Sacks, Charlu…) mais comment fait et alii pour ainsi proliférer avec tous ses RV du soir ? Une AI qui ne va jamais au bal des 3 fermiers ? Une machine désirante, dévorée par ses célibataires, même.

renato dit: à

Dans Funes ou la mémoire Borges fait de l’hypermnésie une métaphore de l’insomnie ; cela bien à part, il souligne que bien q’étant doté d’une mémoire infaillible, Funes, n’est pas capable de penser correctement.

et alii dit: à

grayson perry a lu proust

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Proust said something to the effect that we only see beauty when we’re looking through an ornate gold frame, because beauty is very much about familiarity and it’s reinforcing an idea we have already. It’s like when we go on holiday, all we really want to do is take the photograph that we’ve seen in the brochure. Because our idea of beauty is constructed, by family, friends, education, nationality, race, religion, politics, all these things. When somebody chooses curtains, I’m sure they just think, “Oh I like those curtains, they’re nice,” but when you are thinking “What art do I like?” it’s a nightmare!

One of Perry’s illustrations to accompany his talks
Self-consciousness is crippling for an artist. As a schoolboy, I liked Victorian narrative painting and I’ve had to go through all sorts of contortions to justify my liking of this. I like paintings by people such as William Powell Frith and George Elgar Hicks because they’re very English, have lovely craftsmanship, social history
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hamlet dit: à

vous écouter parler de Proust me fait penser à un ami qui demandait à sa mère très âgée, très malade, très souffrante, si elle priait Dieu, sa mère lui a répondu que oui elle priait, son fils lui a demandé ce qu’elle demandait à Dieu dans ses prières, et sa mère lui a répondu qu’elle demandait à Dieu qu’il veille sur ses enfants.

hamlet dit: à

dans l’Idiot de Dostoïevski il y a ce passage où un gamin très malade, dont les jours sont comptés, veut en finir avec la vie, sauf que son révolver foire et il rate son suicide.

Toutes la communauté autour de lui, au lieu de prendre pitié, se moque de ce gamin et son suicide raté.

Passage d’une extrême cruauté et pourtant d’une grâce infinie, Dieu est là, dans ces rires cruels et moqueurs, c’est dans ce genre de passages que Dostoïevski atteint les plus hauts sommets.

et alii dit: à

” A concerto of barbs and silences, the Monty Python skit is funny because it assaults the very possibility that Proust’s dreamy, exhaustive, sensual, magnificent book could be adapted into a fleeting performance on stage. Or, to put it more crudely, it’s funny because it stands to reason that the menacing Pinter is the opposite of the meandering Proust.

But this is wrong. As a rare staging of Pinter’s adaptation of Proust’s masterwork last week at the 92nd Street Y proved, the two men seemed to have understood each other very well—the playwright capturing the novelist’s thrusts on stage without any of the anguish that befell Monty Python’s miserables. Seeing the play—aptly titled
sur tablet

hamlet dit: à

j’ai commencé à détester Proust quand j’ai remarqué que ceux qui l’aimait étaient des personnes centrées sur elles-mêmes, incapables d’empathie, à l’instar de Prosut se servant du monde comme d’un faire valoir, faires valoir qui vont de l’amour du Tibre à celui des abeilles…

Bérénice dit: à

Prosut, c’est un cousin à prosit , n’est ce pas ? Mais il est question de Proust qui n’a rien à voir avec cet individu.

hamlet dit: à

deux types d’auteurs : ceux comme Proust chez qui il y a un soi et un monde autour, et ceux comme Musil chez qui la quête de soi se définit d’abord comme une quête d’altérité, où le personnage est une figure de l’Autre qui fait surgir par réfraction des figures possibles de soi. Dans ce cas la fonction narrative opère une médiation entre pré compréhension de soi et une ré interprétation de soi dans l’expérience de l’écriture / lecture.
un mot suffit à différencier ces deux types d’auteurs : l’empathie.

hamlet dit: à

mais ces considérations sont peut-être un peu trop compliquées pour vous.

et alii dit: à

la littérature israélienne, la mémoire, et Proust
Parfois, le palimpseste n’est ni linguistique ni thématique, mais paradigmatique. C’est le cas dans Palais des vases brisés de David Shahar, qui reprend certaines des techniques narratives de Marcel Proust comme la structure symphonique de l’élaboration littéraire du souvenir enfantin ou bien la contemplation d’œuvres d’art considérées comme des analoga du texte en cours d’élaboration.
https://laviedesidees.fr/La-seduction-israelienne-de-la.html

rose dit: à

L’amour du Tibre versus le Loir palatin .

Janssen J-J dit: à

mais comment prouver notre capacité d’empathie aux autres, alors que nous n’avons aucun Dieu avec nous, et que nous voyons bien souffrir un enfant ou un chien errant ? comment proust aurait-il pu percevoir le mystère du mal s’il n’avait jamais souffert lui-même de la misère matérielle et morale ?

Delaporte dit: à

Sylvester Stallone triomphe à Cannes, avec des manières de chef d’Etat ou de pape : quand la police lui offre un cadeau (un badge professionnel en souvenir) il le contemple et les remet à son garde du corps pour qu’il le conserve avec lui, et qu’il le lui donne plus tard. Le pape François fait exactement pareil. Alors, je me pose la question suivante : qui est le plus connu des deux, le pape François ou Rambo ? Je crains le pire, mais François a ses chances, en tant que pape !!! On dit souvent, expression populaire : « Je ne suis pas le pape ! » On ne dit pas : « Je ne suis pas Rambo ! » A vérifier…

rose dit: à

Mais, pour l’histoire de ce viol en Amérique, c’est quand même lui qui l’a bien voulu.

Euh : les hommes menés par leur sexe le veulent-ils bien ? Je ne le crois. Ils sont dominés.

Polanski a réussi à synthétiser tous les délires de l’histoire humaine du XXe siècle, en sauvant sa peau de justesse, mais non sans y laisser des plumes.

Certes.
Sait-on au juste ce qui s’est passé dans le ghetto polonais ?

Non. Rien.

Et ce n’est pas son film, Le Pianiste, absolument lamentable à mon avis, qui apportera quelques éléments véridiques.
Je ne sais.

Tout est comme ça, avec Polanski, l’évitement, l’évitement absolu.

Mais il a crée pour surpasser.

Quand la justice lui demande des comptes, il se sauve. Parce que, comme tout être humain, mais lui, Polanski, plus que d’autres, évidemment, il est absolument coupable.

Cela, je ne le crois pas.
Je ne crois pas les hommes coupables.

C’est cela son drame et sa tragédie, dans lequel a puisé innocemment et gratuitement Tarentino…

Je crois que son drame et sa tragédie se jouent dans son incapacité totale à reconnaître/admettre ses torts.
Je ne crois Tarantino ni innocent ni capable de gratuité (embaucher côte à côte Pitt et Di Caprio !!!) ; lorsque vous avez soulevé le sujet tout à l’heure, me suis demandée si ce n’était pas un hommage de Tarantino à Polanski.
Faudrait voir le film.

Janssen J-J dit: à

@ son fils lui a demandé ce qu’elle demandait à Dieu dans ses prières, et sa mère lui a répondu qu’elle demandait à Dieu qu’il veille sur ses enfants.

C’est exactement comme pour ma mère, elle prie pour moi et ses autres enfants, et pour sa maman qu’elle cherche partout et appelle à longueur de temps. Je la laisse faire plutôt que de lui expliquer que c’est bien inutile, et que nous ne méritons pas ses prières d’intercession. Lui dis que sa maman n’a pas le temps de trop s’occuper d’elle. Elle le comprend qu’elle doive d’abord s’occuper de faire tourner la boucherie avec son frère aîné durant toute la captivité de son père en Autriche, que tant que la guerre ne sera finie. N’appelle plus papa. Maman, seulement. Elle est triste, elle n’a jamais vraiment eu de joie.

Delaporte dit: à

Il y avait aussi cette série de films sur la boxe : « Rocky », avec des suites et des suites. J’avoue : je n’en ai vu aucun, même à la TV. Cela dépassait mes forces, sans doute. Par contre – j’ai lu beaucoup d’encycliques des derniers papes, et je suis un fan de Jean-Paul II, avec son physique de sportif et sa miséricorde très performative. Pour moi, ce pape aura plus compté que Sylvester, dont je continue à ignorer l’oeuvre. Pourquoi est-il à Cannes ? Aucune idée. On lui rend hommage ? Peu m’importe !

rose dit: à

Pour Delaporte à 20h13

renato dit: à

Touchantes tentatives d’hamlet d’évader — voir L’invention de Morel de la mauvaise éternité et de la mauvaise infinité — voir Blanchot — en imaginant qu’il est déjà dehors.

rose dit: à

Delaporte à 22h07

Les enfants le regardaient.
Me souviens, grâce à vous de ce moment mémorable : à Philadelphie, devant le musée national d art extraordinaire, une statue en bronze grandeur nature de lui.
Les filles devant faisant gestes et cris de victoire.

Plus tard, et plus loin, devant le Mississipi, sur une île, à la jonction entre deux bras, la petite hurlant à tue-tête Tom Sawyer. Un chant de victoire encore avec l Amérique.

renato dit: à

Oups !

L’invention de Morel

D. dit: à

à détester Proust quand j’ai remarqué que ceux qui l’aimait étaient des personnes centrées sur elles-mêmes

…facile à dire mais vous auriez bien du mal à trouver un seul exemple ici.

Delaporte dit: à

Sur les images de Cannes, Sylvester Stallone montre son poing aux journalistes, comme si c’était son sexe. Cela devrait plaire à Ed, spécialiste du fist-fucking espagnol. Je sais que ça la met en rage, mais à quoi bon nier ce qu’on trouve bon sur Terre. Sylvester n’est pas ma tasse de thé, je revendique plutôt le pape François et la chasteté intégrale. Car question poing dans la chatte, ce n’est pas du tout mon fantasme, hélas pour Ed !

rose dit: à

Hamlet à 21h45
C passionnant.
Néanmoins, si je suis votre raisonnement, si qqu’un cela lui fait du bien de lire Proust et lui porte tort de lire Musil, pkoi lui enlever votre estime ? Alors que lui/elle c’est son bien-être qui prime ?

Janssen J-J dit: à

mais moi, libertaire moyen, je pense pourtant que l’homme sans dieu est bon. Un peu comme Capt qui portait haut cette intuition de Virevolte :
« tout cela me confortait dans mon intuition que l’homme était fondamentalement bon – à condition d’être en rapport direct et vital avec d’autre hommes. Impersonnel, un système social écarte l’homme de l’homme. Dans la lézarde ainsi creusée, la plante du ressentiment pousse et nourrit la fraude, le parasitisme et l’abus – puisqu’on ne voit jamais qui paie ni qui souffre de nos abus. On espère que c’est le système qui paie quand lui se contente de répartir les coûts et d’inoculer ce que chacun, par sa rancœur, fait subir de manière diffuse à tous. Les dysfonctionnements s’accroissent, les honnêtes gens s’en prennent aux saboteurs et bientôt les imitent… On se retrouve contraint, pour maintenir la cohésion sociale, d’instaurer un contrôle maniaque et vétilleux sur le moindre petit comportement potentiellement fautif de chaque citoyen. Et çà donne (…) la démocratie comme liberticide collectif ».

Il y avait là comme une pulsion de générosité ou d’empathie que personne ne pouvait nous enlever.

pado dit: à

hamlet 19h35
Un souvenir émouvant et surtout au combien joyeux

Delaporte dit: à

Apparemment, ils viennent de faire un nouveau film avec Sylvester Stallone, une suite de Rambo ou de Rocky, je ne sais pas. C’est hallucinant, ce passé qui resurgit des années 70. Avec un Sylvester parfaitement conservé et confit dans sa propre graisse, grâce à la chirurgie esthétique et tous les produits dopants de la Terre. A en crever !!!

christiane dit: à

hamlet dit: 24 mai 2019 à 21 h 45 min
« un mot suffit à différencier ces deux types d’auteurs : l’empathie. »
Étrange votre pierre angulaire : l’empathie…
Cette capacité à capter les sentiments des autres, leurs émotions, de se mettre à leur place, d’être chaleureux. Cela distinguerait Proust et Musil ? Dans leurs œuvres, pourtant ils se projettent tous les deux dans leurs personnages et tentent de ressentir leurs émotions. (Proust a du mal à comprendre ce que ressentent les femmes – sauf mère et grand-mère – Les hommes, il les comprend à partir de la femme qu’il aimerait trouver en eux, en lui (selon J-Y.Tadié dans le livre que je lis). Pas simple… mais il cherche.
Musil ? empathique ? C’est plutôt un grand solitaire. Ne serait-ce pas vous qui éprouvez une empathie démesurée pour son œuvre et à travers elle pour lui.
La vôtre d’empathie… ici, serait plutôt une attitude intellectuelle, négative envers les autres. Vous vous mettez à leur place pour mieux en rire ou pour dénoncer ce qui vous est étranger à partir de vos hypothèses de lecture : (« ces faire valoir qui vont de l’amour du Tibre à celui des abeilles… » soit P.Edel,Clopine et certainement d’autres commentateurs dont moi). Vous êtes toujours sur la défensive, un peu imbu de vous-même. Ainsi quand vous écrivez : « mais ces considérations sont peut-être un peu trop compliquées pour vous. ».
Peut-être est-ce vous qui êtes un peu trop centré sur vous-même… Vous semblez vous maintenir dans votre zone de confort : Musil et maintenant Dostoïevski, mais Proust, vous ne faites aucun effort pour entrer dans son œuvre. Vous ne lui laissez aucune chance.

pado dit: à

rose 22h22
quand en milieu de soirée hamlet évoque Musil la plus grande circonspection dans les propos s’impose, nous serons à chaque instant au bord de la catastrophe numérique, un mot de trop (ou de moins)et l’éruption peut être fatale, donc « en douceur ».
Bon, vous me direz, sans lui je ne l’aurais jamais lu. Il lui sera donc beaucoup pardonné.

D. dit: à

Solferino c’est plus que bien.

Oui y’a le musée d’Orsay.

Pat V dit: à

« un mot suffit à différencier ces deux types d’auteurs : l’empathie. »
Étrange votre pierre angulaire : l’empathie…
Christiane.

Mais vous devriez savoir que l’empathie est un concept déterminant dans les premières recherches phénoménologiques du XX ème siècle en philosophie occidentale Christiane…
Voyez Edith Stein qui fut un temps la secrétaire de Husserl.

Wiki.
Empathie

L’empathie, ou Einfühlung, est un terme emprunté par Husserl à Theodor Lipps, désignant l’expérience intersubjective. Elle adopte un point de vue différent du philosophe Theodor Lipps5. La thèse d’Édith Stein analyse l’empathie comme le don d’intuition et de rigueur qui permet de saisir ce que vit l’autre en lui-même. L’empathie peut permettre à la personne humaine, considérée comme un univers en soi, de s’enrichir et d’apprendre à se connaître au contact des autres . Ainsi, même si nous ne les vivons pas personnellement par expérience, nous pouvons, par l’empathie, découvrir des choses sur nous-mêmes.

Édith Stein affirme que « par l’empathie, je peux vivre des valeurs et découvrir des strates correspondantes de ma personne, qui n’ont pas encore eu l’occasion d’être dévoilées par ce que j’ai vécu de manière originaire. Celui qui n’a jamais vu le danger de près peut, en réalisant la situation d’un autre par empathie, découvrir qu’il est lui-même lâche ou courageux. En revanche, ce qui contredit ma propre structure d’expériences, je ne peux pas le « remplir » mais je peux me le représenter de manière vide, abstraite » . De cette analyse, Édith Stein affirme que « seul celui qui vit lui-même comme personne, comme unité de sens, peut comprendre d’autres personnes ».

C’est l’ouverture aux autres qui permet ainsi de mieux connaître la réalité. Celle-ci ne peut donc pas se fonder uniquement sur le moi pour atteindre la connaissance mais a besoin d’accepter les choses extérieures comme elles sont, ouvrant ainsi la porte à une plus grande connaissance des choses, sinon « nous nous emmurons dans la prison de nos particularismes ».

et alii dit: à

christiane
sur Ainsi quand vous écrivez : « mais ces considérations sont peut-être un peu trop compliquées pour vous. ».
ça c’est le style internet revu par la RDL.
bizarre que personne ne cite Girard qui a fait des lecteurs

pado dit: à

« Musil et maintenant Dostoïevski »

Mais christiane, hamlet sans eux c’est un peu Paul sans Henry Brulard ou pire Paris sans la Tour Eiffel, une aberration.

christiane dit: à

@et alii dit: 24 mai 2019 à 20 h 49 min
Vous écrivez :
« Un homme, doué d’une mémoire monstrueuse, devient peu à peu prisonnier des souvenirs qu’il est incapable d’oublier »
Je crois que vous aimeriez beaucoup l’essai de Jean-Yves Tadié Le lac inconnu – Entre Proust et Freud, surtout les chapitres VII « Archéologie » et VIII « Mémoire ». Il suit l’itinéraire du narrateur passant de « la mémoire volontaire, au début de « Combray ». Et puis il y aura, soudain, l’irruption de la mémoire involontaire » […], qui est dans un réceptacle, et revient à la faveur d’une sollicitation ». p.66
« Comme conscience et mémoire s’excluent, l’écriture est vitale pour garder la trace du souvenir. L’enfance est la principale source de la mémoire et du rêve. […] On se rappelle en rêve quelque chose qui échappe à la mémoire. » p.75

christiane dit: à

@pado dit: 24 mai 2019 à 22 h 51 min et 23h10
J’aime beaucoup votre humour !

Pat V dit: à

« nous nous emmurons dans la prison de nos particularismes ».
Bon, cette affirmation n’est pas sans poser quelques questions 😉 : un écrivain doit-il faire montre de particularité ou d’universalisme dans son écriture?

christiane dit: à

@Pat V dit: 24 mai 2019 à 23 h 01 min

« Mais vous devriez savoir que… » !!!

vedo dit: à

« Jean-Paul II, avec son physique de sportif  »
L’année avant son élection, en maillots nous sortions tous deux d’un lac, lui athlétique et hâlé, moi maigre et pâle. Lui:
« – Mais **, tu es tout blanc! il faut te bronzer! »
Ce fut son seul conseil.

christiane dit: à

@Et Alii24 mai à 10 h55
je viens de découvrir par votre lien
https://www.youtube.com/watch?v=wE8Inziyj5k

la leçon de Marcel Proust selon Louis René des Forêts (12mn22).
Une émission de Robert Valette diffusée en novembre 1963, avec des textes lus par Pascal Mazzotti. Et sur la droite les autres volets de la série « Marcel Proust selon… » G.Genette, M.Duras, N.Sarraute, F.Ponge, M.Butor, R.Barthes…
Merci pour ce trésor.

christiane dit: à

@et alii dit: 24 mai 2019 à 23 h 01 min

« bizarre que personne ne cite Girard qui a fait des lecteurs »
C’est vrai que le chapitre IX « Les mondes proustiens » pp 220 à285 est très subtil.
Vous me donnez envie de le relire. Ce sera pour demain !
René Girard Mensonge romantique et vérité romanesque (Hachette)

Pat V dit: à

Vraiment désolé. Ne le prenez pas mal Christiane, 😉 c’est pour dissiper les nébuleuses de l’étrange!

christiane dit: à

@Pat V dit: 25 mai 2019 à 0 h 01 min
J’avais écrit « étrange » car ce n’est pas le critère que j’aurais choisi pour comparer ces deux écrivains (qui ne sont ni à opposer, ni à réunir). Mais Pado a parfaitement répondu à cette « étrangeté ».
Peignez-vous toujours ces compositions immédiates comme jaillies de vos couleurs, traversées d’empreintes ?
L’expo actuelle au Centre Pompidou m’a fait penser à vos recherches : Exposition Préhistoire, une énigme moderne
Du 8 mai au 16 septembre 2019, Galerie 1 (niveau 6)
L’exposition Préhistoire propose un voyage dans le temps pour comprendre la relation qui unit la préhistoire à l’art moderne et contemporain.
(Bon, oubliez les !!!)

de nota dit: à

Et alii, merci pour le lien.

Ed dit: à

@rose

Elle est de quelle race Ivy ?

et alii dit: à

On peut tomber amoureux d’un écrivain qui était bien son genre, la preuve avec Daniel Mendelsohn : le grand auteur américain des « Disparus », prix Médicis étranger 2007, explique ici les raisons de sa passion pour celui d’« A la recherche du temps perdu », et notamment pour « Du côté de chez Swann », dans le cadre des rencontres organisés par la GF de Flammarion, au théâtre de l’Odéon, en partenariat avec BibliObs.com

Du-cote-de-chez-Swann_GF.jpg
« A mon sens, il n’y a aucun [passagé raté] dans « Du côté de chez Swann », explique Daniel Mendelsohn dans l’entretien préliminaire à la réédition du roman dans la collection GF ; c’est un livre parfait, où tout « fonctionne » et vous emmène là où il faut aller.

En revanche, il y a de nombreux passages peu crédibles dans « la Prisonnière » : ces longues scènes où le narrateur décrit le corps d’Albertine endormie, on n’y croit pas un instant. Pas seulement parce que Proust était homosexuel et qu’Albertine est un leurre (l’histoire d’amour de Swann et Odette sonne parfaitement juste, de bout en bout) ; mais sans doute parce que le corps d’une femme qui dort ne l’intéressait pas du tout. De toute façon, Albertine est un personnage raté.»

rose dit: à

Ed
Elle est siamoise.
Pas de trace, elle est sauvage.

rose dit: à

Pas de race.
Zyeux bleus, bouts de pattes noires, griffes acérées

rose dit: à

Christiane à 22h44
Cette adresse est à Bérénice.
Hamlet est sauvage. Sensible.Sociable.
Pas lu Proust.
Pas lu Musil
Pas de temps libre
Ne peux me positionner.
Dslée

Garibaldi en résumé wiki un.marin, un bandit,un homme politique.( tous des pourris, tous des bandits).
Hier, me suis trompée d’un mois, prénom
À Supergua grande fête le 24 juin pour la saint jean (mon bébé). Giovanni San’Angelo.
Or, nous sommes le 24 mai.
Y aura des bus pour le funiculaire de 9 heures à 20 heures au lieu de 10h à 18 heures.
J’ai eu cru que nous étions vernies. Mais c’est dans un mois.
Juin, la tête sur les épaules, les cheveux coupés courts, comme Jean amoureuse de Romain.

rose dit: à

le corps d’une femme qui dort ne l’intéressait pas du tout. De toute façon

Pourtant, il dit tout de la femme, son corps qui dort.
À San Diego, quand elle se réveille, son voisin de lit penché sur elle qui la scrute. Elle prend peur.
Cet homme, désespéré la veille, ensâoulé, à la recherche d’une femme à aimer, dans la mauvaise ville pour la trouver, qui la regarde dormir.

rose dit: à

Renato
Antipasti
Fleurs de potiron farcies fromage de chèvre doux & crème d’asperges.
Délicat, délicieux.

rose dit: à

Renato
Primo piatti
Risotto aux fleurs de courge, (hélas) asperges et crevettes de belle qualité.
Parfumé succulent et réussi.

Patrice Charoulet dit: à

LA LANGUE FAMILIERE

Selon les occasions, on peut user du langage courant, soutenu, littéraire, didactique, archaïque, populaire, argotique, familier…Un terme familier est, je cite le Robert, celui qu’on emploie naturellement en tous milieux dans la conversation courante, mais qu’on évite dans les relations avec des supérieurs,les relations officielles et les ouvrages qui se veulent sérieux.

Il peut nous arriver de dire de quelqu’un, en parlant à un ami : C’est un socialo, un coco, un facho, un catho, un alcoolo, un toxico, un dingo, un parano… C’est rapide,imprécis, parfois injuste, il faut en convenir.

Exemple :  « Sur les blogs, les commentateurs qui ne veulent dire ni leur nom, ni leur profession, ni leur ville, ni pour quelle liste ils vont voter aux européennes sont des paranos. »

rose dit: à

Moi, je, rose Garibaldi, épousee hier en grandes pompes au bord du Pô et près de la Dora, espère vivement connaître le jour où l’on pourra dire nègre en se tapant les cuisses (de mouche et taille de guêpe, le chic en Armani) et sans que personne ne vienne iech une pendule. Pas même Spike Lee.
Vu le relais des flics au matin.
Cui qui a passé la nuit.
Cui qui vient vivre dans la voiture.

rose dit: à

Au petit matin.
Et merdum, réveillée depuis 4h. Tu pourrais pas arrêter de penser à moi, que je dorme un peu ?

Moi je, la même pense plusieurs trucs sur le blog d’Anne Lise et Tarantino. Mais ma maman réveillée j’ai fini de veiller et à plus.

hamlet dit: à

Christiane, vous me posez une question « différence entre Musil et Proust » alors que je viens juste de l’écrire, je copie colle :

« chez Musil la quête de soi se définit d’abord comme une quête d’altérité, où le personnage est une figure de l’Autre qui fait surgir par réfraction des figures possibles de soi. Dans ce cas la fonction narrative opère une médiation entre pré compréhension de soi et une ré interprétation de soi dans l’expérience de l’écriture / lecture. »

tout le contraire de Proust !

hamlet dit: à

Christiane, n’y voyez aucune agressivité / animosité de ma part, vous citez le livre de Girard : justement ! encore une belle référence (comme la phrase tirée de la Prisonnière)

quand je vous lis (vous et les autres) comment ne pas penser à ce que dit Girard (j’en profite pour remercier la personne qui m’a fait découvrir ce livre), lorsqu’il évoque le moment où Proust enfant désire plus que tout aller voir la Berma.

pourquoi le désire-t-il ? parce que Cottard lui a dit que la Berma c’est génial !

et comme il admire Cottard, et que tout ce qui sort de la bouche de Cottard fait figure de parole d’évangile, Proust adore le Berma avant même de l’avoir vue jouer.

mais le plus drôle c’est qu’une fois de Proust l’a vue, il en sort déçu !

mais il suffit qu’il lise un article et qu’il entende je sais plus qui (Norpoix ?) en parler pour qu’il chage d’avis.

et voilà comment tout fonctionne : si Tadié a dit c’est que…, si Edel a dit c’est que…, si passou a dit c’est que…., et de cette manière le système idolatrique se met en place !

comme dit Kuhn des sciences, ce n’est pas la vérité qui prévaut c’est juste l’acitivté que cela génère…

alors oui on peut organiser des charters pour des pélerinage, passou peut recenser les traductions, tout ça génère de l’activité.

pour quoi au fait ? pour une petite peste égoïste qui semble tout droit sorti d’une mauvaise interprétation de la cage aux folles !

hamlet dit: à

parce que ce passage dans les escaliers ou Proust engueule Celeste parce qu’elle ne lui a pas dit que la peinture était fraiche, du coup il s’est tâché son joli gant…

comment ne pas le voir comme un passage de la Cage aux folles ?

Christiane comment pouvez-vous comparer ce type avec Musil ?

c’est quoi cette folie collective ?

hamlet dit: à

reste la forme, l’extraordinaire beauté de l’écriture… et l’extraordinaire intelligence…

depuis quand cela suffit-il ?

hamlet dit: à

par contre je reconnais que cette extraordinaire beauté de l’écriture qui lui sert à peindre tous ces tableaux impressionnistes cela le rend « aimable ».

on peut être « amoureux » de Proust.

d’ailleurs il existe un tas de dictionnaires amoureux de la Recherche.

pas de bol je n’aime pas les auteurs dont on peut tomber amoureux, même plus : je m’en méfie comme de la peste, j’y sens de l’escroquerie.

je préfère les auteurs dont on ne peut pas tomber amoureux.

pour moi la lecture doit être une corvée, l’expression même « plaisir de la lecture » est un truc qui m’agace au plus haut point.

je ne considère pas la littérature comme un divertissement !

« plaisir de la lecture »… mon dieu quelle époque misérable.

de nota dit: à

Hamlet, quand Ponge fait l’éloge de Proust, je crois qu’il est bien loin de ce que vous fustigez, mais peut-être n’avez-vous pas de considération pour Ponge?

renato dit: à

Là c’est vraiment La machine de Morel

christiane dit: à

@et alii dit: 25 mai 2019 à 4 h 16 min
Vous évoquez (je recopie) : ‘Daniel Mendelsohn expliquant les raisons de sa passion pour celui d’« A la recherche du temps perdu », où tout « fonctionne ». En revanche, il écrit, dites-vous qu' »il y a de nombreux passages peu crédibles dans « la Prisonnière » : ces longues scènes où le narrateur décrit le corps d’Albertine endormie, on n’y croit pas un instant. Pas seulement parce que Proust était homosexuel et qu’Albertine est un leurre (l’histoire d’amour de Swann et Odette sonne parfaitement juste, de bout en bout) ; mais sans doute parce que le corps d’une femme qui dort ne l’intéressait pas du tout. De toute façon, Albertine est un personnage raté.»

Et Alii, j’aime les confrontations des critiques littéraires. Que dit Jean-Yves Tadié d’Albertine endormie dans « La Prisonnière » ? toujours dans son essai Le lav Endormi dans le chapitre « Femmes » – p. 101 et suivantes :
« Le corps féminin (d’Albertine) est décrit, dans La Prisonnière, comme amputé de l’organe masculin : « Son ventre (dissimulant la place qui chez l’homme s’enlaidit comme du crampon resté fiché dans une statue descellée) se refermait, à la jonction des cuisses, par deux valves d’une courbe aussi assoupie, aussi reposante, aussi claustrale que celle de l’horizon quand le soleil a disparu. » Sur la première dactylographie, Proust avait écrit : : « la place d’un divin puzzle au saillant accidentel dont s’enlaidit l’homme ». Il y a d’abord l’idée de laideur, puis de hasard, de ce qui aurait pu ne pas exister et qui n’est pas beau, crampon resté fiché ou saillant accidentel. Le divin puzzle, brillante expression poétique, mais raturée, fait penser au « corps morcelé » de Lacan, […]. En somme, bien loin que la fille soit un garçon manqué, comme le croyait Freud vers 1920, pour Proust, c’est le garçon qui est une fille manquée.
Le rêve d’être une femme, ou celui de la castration non plus redoutée mais assumée, du garçon comme fille manquée, avec son appendice en trop, se trouve ici avoué. Et sous le rêve d’être une femme, l’identification à la mère. Or le modèle, la clé, d’Albertine chacun le sait, est un homme : l’objet de son grand amour, Proust le rêve ici en femme en le voyant en homme. Cachez ce sexe que je ne saurais voir. Quant à l’organe féminin, qu’on ne voit pas, il est abrité par les deux valves d’un coquillage, dont on a depuis longtemps remarqué qu’il ressemblait à la madeleine. C’est aussi, par un agrandissement symbolique, un effet de miroir, celui qui porte Aphrodite dans le tableau d’un des peintres favoris de Proust, La Naissance de Vénus, de Botticelli. […] Par une remarquable trouvaille de romancier, en faisant d’elle une lesbienne, il a découvert, en inversant les sexes, un merveilleux gisement pour l’imagination. Loin de refléter exactement sa propre vie, il la déployait dans l’imaginaire comme tout inventeur de fiction. »

Savez-vous, Et Alii, J-Y.Tadié me presse la tête comme un citron ! Il est très compliqué et son essai rend La Recherche par cette comparaison entre Freud et Proust, vertigineuse… Je me repose en relisant le chapitre IX « Les mondes proustiens » dans l’essai de René Girard Mensonge romantique et vérité romanesque quand il écrit p.224 : « Il faut prendre garde de ne pas juger Proust sur un terme isolé, et surtout sur le sens particulier auquel tel ou tel philosophe limitera ce terme. Il faut dépasser les mots vers la substance romanesque. » Mais s’il explore les personnages de Swann, Charlus, Mme Verdurin, le monde de Combray et les salons mondains, en nous disant l’insignifiance et l’étroitesse du « grand monde » pour Proust : « Le monde est le royaume du néant. » s’il le classe comme faisant partie « du snobisme transcendé », un « snobisme « qui conduit le romancier vers le lieu le plus abstrait d’une société abstraite », il ne dit RIEN sur Albertine endormie ou réveillée !

christiane dit: à

« Le Lac endormi »

christiane dit: à

Oups ! « Le lac inconnu » (votre Albertine « endormie » finit par m’embrouiller !)

Janssen J-J dit: à

@ « Sur les blogs, les commentateurs qui ne veulent dire ni leur nom, ni leur profession, ni leur ville, ni pour quelle liste ils vont voter aux européennes sont des paranos ».

Qu’est-ce qui nous garantit que ce charmant internaute qui profère ainsi ne soit pas un mytho de la transparence absolue ? (Bonjour Patrice)

Th. Kuhn aurait-il eu l’audace et le courage de réduire les personnages de Proust à ceux de la cage aux folles ?… lui qui ne croyait guère à la logique de la découverte scientifique en histoire de la littérature. Déjà mal à la tête ce matin, je pense que vous attendez trop des capacités de la vraie littérature à transformer le monde à votre idéal d’horizon (bonjour Hamlet)

Il faut dormir plus, vous n’allez pas tenir à ce rythme d’enfer, à force (bonjour rose et d’alii).

Encore une journée qui commence. La Palme va être controversée. Le monde sera sauvé.

christiane dit: à

@hamlet dit: 25 mai 2019 à 8 h 21 min
Alors là ! quand vous écrivez : « Christiane comment pouvez-vous comparer ce type avec Musil ? », je bondis !
Mais c’est VOUS qui les comparez avec votre baromètre de « l’empathie », pas moi.
En fin de compte, je pense que vous êtes un joueur, un contre Edel, un faux naïf. Ce qui vous plaît c’est de semer – avec charme – de la zizanie sur ce blog. Je me souviens de vos batailles avec Pablo ! Pado regarde ces joutes en souriant…
Vous jouez, oui c’est cela, vous jouez comme un chat avec des souris.
Et pendant ce temps, Rose, vous canonise. Pour elle, tout le monde finit par être beau et gentil.
Je ne m’étonnerais pas que vous aimiez lire Proust en secret.
J’aime passionnément Musil ET Proust mais leurs livres ne se côtoient pas sur mes étagères.

Marie Sasseur dit: à

« René Girard, un allumé qui se prend pour un phare » excellente analyse de René Pommier.

Janssen J-J dit: à

@ Ch., bonjour Christiane. Je brûle de vous poser cette question depuis le temps que je vous lis bienveillamment. A la différence de pas mal d’internautes qui paraissent (paressent) passer leur temps à copier-coller à tour de bras des morceaux d’études savantes généralement peu comprises ou mal assimilées à la dernière minute, vous semblez opérer différemment. Vos citations ont l’air d’être toujours impeccablement réécrites par vos doigts agilement correcteurs à partir de vos lectures surlignées dans vos livres de papier, d’autant plus crédiblement que vous y incrustez moultes considérations personnelles à partir de sources toujours vérifiables.
Or, je me dis que vous devez y passer un temps fou. Ou bien alors, hypothèse plus malveillante, on se dit que vous nous dissimulez une méthode abusive risquant de nous rendre à la longue un brin dubitatif.
Bien évidemment, pour en avoir le cœur net, nous aurions la curiosité de la connaître. Mais peut-être ne souhaiteriez vous révéler les secrets de fabrication de votre atelier d’écriture à l’écran. Et cela pourrait parfaitement se comprendre, nulle n’étant jamais obligée à rien.
Le jardin secret, une chambre à soi, comme le pensait Virginia !

christiane dit: à

Renato -8h37
Je pense plutôt au roman L’Invention de Morel de Bioy Casares… qui évoque un monde parallèle inventé par un certain Morel (Passou ?) le lecteur découvre simplement en même temps que le narrateur que l’île (une machine infernale) n’est pas déserte et que des personnages toujours les mêmes, une trentaine de personnes, hôtes et amis d’un certain Morel, s’y promènent régulièrement. Leurs actes, leurs dialogues et les situations se répètent. Une machine projette des images (ici, les billets de Passou) procurant la sensation de l’éternité… Ces personnages sont-ils réels, sont-ils fictifs ? La folie de la répétition est-elle le seul moyen de refuser l’angoisse du temps qui passe ?
« Ne rien espérer de la vie, pour ne pas la risquer ; se considérer comme mort, pour ne pas mourir. Cela m’est apparu soudain comme une léthargie effrayante et très inquiétante ; je veux y mettre un terme. […]
Notre âme est si imparfaite (et peut-être aussi à cause des moustiques), que j’ai eu soudain la nostalgie du passé, quand je vivais […] sans angoisse. J’ai eu la nostalgie de ce moment où je me suis […] maître d’une solitude domestiquée. »

hamlet dit: à

pourquoi ce mot de « zizanie » ?

Pablo c’était différent, c’est lui voulait faire de ce blog un ring de boxe, pas moi !

je le dis sans agressivité, ni animosité.

je dis juste que la culture a toujours été un instrument de domination des classes supérieures.

il faut le garder à l’esprit, surtout quand on voit l’état de notre monde, l’état de la politique, une époque où la question du « bien commun » est totalement bafouée

c’est dans ce contexte que j’essaie de regarder ce phénomène d’idolâtrie, et quand je vous lis (tous) cela m’inquiète.

voilà Christiane, ce que vous appelez « zizanie » est juste l’humble expression d’une inquiétude.

christiane dit: à

@Janssen J-J dit: 25 mai 2019 à 9 h 09 min
Bonjour Jansen (ah, nous allons énerver Rose qui n’aime ni les bonjour ni les bonsoir). Votre question, je vais essayer d’y répondre.
Lisant, surlignant, j’écris par procuration. La feuille blanche ce n’est plus pour moi depuis un certain jour englouti dans l’enfance. Les carnets, à la rigueur, (où se mêlent mots et dessins, passages de livres, certains collages de choses insignifiantes) et faciles à détruire.
La vie m’étonne, m’inquiète, me ravit. J’ai eu la chance de rencontrer des êtres qui ont creusé les énigmes plus que d’y répondre.
Ici, sur ce blog, (et sur trois autres que j’aimais beaucoup et où je n’écris plus) je vis et écris par réaction aux paroles des uns et des autres et mes porte-paroles sont souvent mes livres (surlignés). Tous ces écrivains et philosophes sont mes guides de pensée jusqu’au moment où je rue dans les brancards pour être libre d’essayer de dire quelque chose de plus personnel. (Ce monde du copié-collé que daube Clopine avec juste raison).
C’est ainsi, écrire sans écrire puisque je l’ai promis à un être cher aujourd’hui disparu… mais ça c’est non-partageable. Jardin secret…

christiane dit: à

@hamlet dit: 25 mai 2019 à 9 h 26 min
Que de douceur, soudain, hamlet… Vous me faites songer à Ulrich…

hamlet dit: à

de nota dit: 25 mai 2019 à 8 h 35 min

Ponge s’est pas mal fourvoyé.

il faudrait revoir l’histoire de la gauche en France dans son rapport à la littérature, à partir de la fin 19è jusqu’au fils fils Glusksmann et son épouse, nouvelle égérie du parti socialiste français.

hamlet dit: à

de Nota, en ce sens Prousr incarne à lui seul la meilleure justification de la révolution culturelle chinoise, il peut en effet arriver un moment où ce genre de truc arrive, quand on pousse le bouchon un peu trop loin.

Jazzi dit: à

Pourquoi cette interdiction d’écrire, Christiane ?

de nota dit: à

Hamlet, Ponge s’est fourvoyé? Vous évoquez des fourvoiements littéraires, politiques, ou les deux?
Proust a été longtemps rejeté par « la gauche » quand elle était captive du communisme.

hamlet dit: à

Christiane, il faut surtout se méfier ne pas tomber sous le joug de ce que Girard appelle le « désir mimétique ».

trop de guides, d’admiration, d’idoles, de maitres à penser, tout cela finit par déformer des jugements qui par ailleurs sembleraient évidents.

comme est évident dans l’extrait que vous avez cité de la Prisonnière que le « en étaient dépouillés » est là pour éviter de penser au pourquoi, comment, et qui les a dépouillés.

l’ironie musilienne est le reflet de son empathie : son « si le monde est tel qu’il est il pourrait être autrement » est le summum de l’empathie.

de nous rappeler que ce nous nommons « rélaité » n’est en vérité qu’un aspect « particulier » des possibles.

une réalité n’est qu’un cas particulier des possibles, vous imaginez les conséquences politiques d’une telle pensée ? toutes les voies que cela ouvre d’un point de vue éthique et politique ?

et chez Proust ? c’est l’exact contraire… pour c’est juste le symbole d’une bourgeoisie rassie qui refuse de voir changer le monde autrement que sur le plan de intériorité : trébucher sur un pavé qui dépasse c’est pas ça qui changera le monde, les pavés qui dépassent ils peuvent aussi destinés à être balancer sur ce petit monde bourgeois puant !

christiane dit: à

@hamlet dit: 25 mai 2019 à 8 h 18 min
Vous écrivez : « […]et voilà comment tout fonctionne : si Tadié a dit c’est que…, si Edel a dit c’est que…, si passou a dit c’est que…., et de cette manière le système idolatrique se met en place ! […] »
Vous oubliez ce commentaire à vous adressé le 22 mai 2019 à 20 h 40 min…

hamlet dit: à

de nota dit: 25 mai 2019 à 9 h 45 min

je crois que les deux étaient liés : ses fourvoiements politiques étaient le reflet de ses fourvoiement littéraire.

Proust rejeté par le parti communiste ?

on ose même pas imagine que cela ait pu exister, alors qu’aujourd’hui il fait l’objet d’un consensus généralisé.

de Nota, il faut au moins m’accorder le fait que ce consensus n’a pas de sens ! qu’il est terriblement inquiétant !

que ce consensus est la marque d’un manque d’esprit critique, d’une déliquescence de la pensée critique.

Proust c’est un peu le Game of Thrones de l’élite intellectuelle : en dire du mal c’est être destiné à bruler en enfer.

alors oui, on pense qu’aujourd’hui la subversion est impossible, c’est faux : critiquer Proust est transgressif et subversif !

vous imaginez un peu le niveau zéro de la pensée actuelle ?

christiane dit: à

@Jazzi dit: 25 mai 2019 à 9 h 41 min
Joker !

Janssen J-J dit: à

@ 9.26, Vous êtes trop inquiet des autres alors que vous faites des efforts désespérés pour prouver que vous n’êtes pas vous-même idolâtre. Chacun ne parle bien que de ce qu’il connait (ou veut fait croire). Cela m’intéresse, Proust, mais d’un peu loin, je ne me sens pas vraiment concerné par votre mise en cause, la vraie vie reste ailleurs, aliénée peut-être, mais pas par la tyrannie d’une culture dominante (laquelle ne veut plus dire grand chose depuis des plombes, sauf peut-être à st germain des prés, et encore !)… J’ai surtout tendance à penser que l’ostentation dans la détestation systématique du ‘savoir’ et du ‘plaisir’ des autres est la vraie marque de l’idolâtrie à la « culture imposée par les classes dominantes » à la rdl. Je me demande au fond, hamlet, si vous n’en êtes pas la première victime, avec vos apologies successives de Cervantes, Shakespeare, Dostoïevski, Nietzsche, et maintenant, Musil contre Proust… etc.
L’humilité… ça s’entend et pénètre toujours mieux que l’indignation. J’ai toujours pensé cela, mais ne m’y suis pas toujours tenu moi-même.

hamlet dit: à

@de nota : pourtant l’apparition de cette religiosité autour de Proust en dit bien plus long que celle qui entoure Johnny Haliday ou Céline Dion parce qu’elle réquisitionne tout un dispositif culturel qui relève de l’institution.

pourquoi ? parce que Proust incarne une façon de pensée totalement cohérente avec le système ultra individualiste et ultra libéral de notre époque !

le problème c’est que tout ça, bien que ce soit évident, ça passe comme une lettre à la poste…

hamlet dit: à

Janssen J-J dit: 25 mai 2019 à 9 h 57 min

vous pouvez le me le redire autrement ? j’ai pas trop compris ?

ça veut quoi « inquiet des autres » ?

hamlet dit: à

et on retrouve exactement le même phénomène avec Montaigne, Arendt etc…

hamlet dit: à

pourquoi ? parce que qu’on devient un bon petit soldat de la société actuelle si on aime Proust, Montaigne et Arendt.

et la culture ne sert qu’à ça : fabriquer des bons petits soldats !

Janssen J-J dit: à

@10.04 Oui, pardon je me suis mal fait comprendre. Je vous cite : « c’est dans ce contexte que j’essaie de regarder ce phénomène d’idolâtrie, et quand je vous lis (tous) cela m’inquiète ».
Je voulais dire que vous vous inquiétiez à tort de ce que tous les internautes de la rdl soient des idolâtres de proust, sauf vous… Et je voulais juste vous dire de ne pas trop vous inquiéter pour moi, par exemple.
Est-ce ainsi plus compréhensible, hamlet ?

hamlet dit: à

d’ailleurs je me demande si nous n’avons pas élu Macron président parce que lui aussi a une forme d’intelligence proustienne.

à savoir une grande intelligence, mais totalement décalée du monde social et du monde réel, une intelligence qui ne se perçoit que pour ce qu’elle est, tout en étant totalement déconnectée des problèmes sociaux…

parce que Proust c’est bien ça aussi, comme Macron son intelligence est très utile du point de vue du ressenti de chaque individu, du rapport de chaque individu à ses propres réalités, mais complètement inopérante quant aux rapport du collectif à la réalité sociale.

exactement comme Montaigne !

est-ce un hasard ? certainement pas pour moi !

hamlet dit: à

Janssen J-J dit: 25 mai 2019 à 10 h 15 min

réponse à 10h20 : je m’inquiète pour nous tous, vous aussi.

vous aussi vous êtes proustien sans le savoir : vous pensez que l’inquiétude est un sentiment égoïste qui ne concerne que soi-même ?

misère de misère : vous pouvez essayer de penser à autre chose deux secondes qu’à votre petit nombril !

Janssen J-J dit: à

@ 9.28 « nous allons énerver Rose »
non, elle retient rarement ce qu’elle a dit la veille, l’est trop barrée et trop attentive aux détails nouveaux de chaque jour, en cela l’est comme le grillon du foyer, et tout le monde aime les grillons qui se mettent toujours à chanter la vie on ne sait ni quand ni pourquoi ?

pado dit: à

« alors oui, on pense qu’aujourd’hui la subversion est impossible, c’est faux : critiquer Proust est transgressif et subversif ! »

Critiquer oui, oublier non.
Reprenons le classement de nos cinquante amis suisses
Proust 1er : 30 voix

Principes du jeu : vous citez les 25 livres qui Bla, bla.. chefs-d’oeuvre.

Petite question : combien n’ont pas cité Proust (parmi les 25) ?
20, soit 40% de professionnels de la profession qui l’oublient.
Ils ne critiquent pas (oh non), ils n’en parlent pas.
C’est beaucoup 40% de professionnels, sa relativise un peu.
De l’interprétation des statistiques.

christiane dit: à

@Jazzi
Mes écrivains aimés parlent plus bas que moi, tout bas. Ils disent, écrivent quelque chose que je ne peux ni ne veux dire, que je ne dis pas. Avec eux, par eux j’avance à tâtons dans un labyrinthe, fuyant la ligne de ma plus grande faiblesse : l’enfance.
L’écriture peut trahir l’innommable, la trace d’un évènement qu’il a fallu endurer… J’écrivais, alors, avant de savoir ce qu’il y aurait eu à dire. C’était une écriture prématurée, embrouillée qui essayait de se débrouiller avec un réel difficile. Elle n’aurait pas dû être lue par certains… Écrire maintenant serait une anamnèse faisant revenir ces souvenirs, ce refoulé. Pas envie… Alors je triche un peu avec ces citations, ces toiles qui disent ce que je ne veux pas dire, quelque chose qui ne se laisse pas rendre présent, désaccordée dans mon être intime.
Débrouille-toi avec ça…

Clopine dit: à

Hamlet, Hamlet, vous confondez tout. Le ressentiment que vous portez à notre époque, le mépris que vous professez envers vos contemporains, l’étouffement que vous cause l’individualisme moderne, et l’oeuvre littéraire qui vous semble emblématique, non en elle-même mais à travers la figure de son auteur, de tous ces maux.

Et si vous tentiez de lire la Recherche pour elle-même, non en tentant d’y débusquer les racines du mal que vous attribuez (à tort ou à raison) à vos contemporains, mais à une oeuvre d’art ?

Nous sommes d’accord : Marcel Proust était sans doute un sale type. En tout cas, issu d’une classe sociale, la bourgeoisie richissime, qui n’a pas fait que du bien à l’histoire de l’humanité.

Mais si vous vous appuyez là-dessus pour jeter la Recherche avec l’eau du bain du petit Marcel, vous devenez injuste dans votre récrimination : parce qu’alors, faites table rase de tout. Des pyramides égyptiennes, sortis tout droit du cauchemar d’un monde régi par des potentats prêts à tout pour s’assurer une immortalité, jusqu’à plier un peuple tout entier et utiliser jusqu’à la dernière miette de la vie d’esclaves asservis sous les pierres à transbahuter, dans la tentative, sublime et dérisoire, d’ériger une sorte de sarbacane délirante et pointue, pour envoyer les âmes des pharaons gambader dans l’au-delà…

Ce qui, d’un point de vue sociétal et humain, fait quand même plus de dégâts que de s’enfermer dans une chambre couverte de liège…

C’est un exemple, qu’on peut multiplier à l’infini.

Et je suis sûre que vous, Hamlet, qui aimez tant le bruit du vent dans les saules, (en ayant honte de cet amour), vous vous sentiriez mieux, plus à l’aise avec vous-même, si vous secouiez votre accablement d’être humain. Et donc acceptiez de reconnaître, non la beauté (je ne suis pas Christiane) mais l’art là où il se trouve.

Et même à lui reconnaître (à tort ou à raison) un pouvoir rédempteur…

Quant à moi, j’ai lu avec reconnaissance, dans le « Temps Retrouvé », que si le Narrateur entreprend l’écriture de la Recherche, ce n’est pas seulement parce que c’est le seul moyen pour lui d’abolir le Temps, parce qu’il est poussé par l’envie de la seule immortalité qui lui est accessible, (du fait du vide du ciel), mais parce qu’il a honte, rétrospectivement, de son ancienne honte : jeune mondain, il craignait que ses amis aristocratiques ne fassent état de leurs liens avec Combray. Parce que sa famille de Combray n’était pas assez « chic », à ses yeux, pour eux…

Si la recherche, et spécialement les pages sublimes consacrées à Combray, sont sorties de ce remords, pourquoi ne pas en gratifier l’auteur, et pourquoi ne pas, plutôt que de vouer aux gémonies l’espèce laquelle vous appartenez, ne pas tenter vous aussi de voir une rédemption possible, dans l’oeuvre d’art ?

pado dit: à

Ok « ça relativise »

Clopine dit: à

Mes doigts ont fourché !

« Et si vous tentiez de lire la Recherche pour elle-même, non en tentant d’y débusquer les racines du mal que vous attribuez (à tort ou à raison) à vos contemporains, mais à une oeuvre d’art ?  »

=

Et si vous tentiez de lire la Recherche pour elle-même, non en tentant d’y débusquer les racines du mal que vous attribuez (à tort ou à raison) à vos contemporains, mais en l’appréhendant « en soi », détachée, comme lorsqu’on se confronte à une oeuvre d’art ?

christiane dit: à

@Clopine dit: 25 mai 2019 à 10 h 31 min
Magnifique ! ce grand coup de vent fait du bien. On y voit plus clair.

renato dit: à

La machine est ’Invention de Morel, christiane. Ici, hamlet dans le rôle du fugitif. Voyez mon post du 24 mai 2019 à 22 h 10 min :
« Touchantes tentatives d’hamlet d’évader — voir L’invention de Morel de la mauvaise éternité et de la mauvaise infinité — voir Blanchot — en imaginant qu’il est déjà dehors. »

Janssen J-J dit: à

hamlet dit: 25 mai 2019 à 10 h 23 min
vous voulez voir de l’aliénation individualiste en chacun de nous, je comprends bien votre inquiétude pour les autres en tant que « collectif ». Cela s’appelait naguère de la mauvaise conscience de petit bourgeois déclassé pétri de marxisme mal maîtrisé.
Je pense que vous valez mieux que cela et ne vous ferai pas cette injure en vous renvoyant à votre propre « nombrilisme », à la misère d’une telle philosophie à défaut de posséder en propre une nouvelle philosophie de la misère.
Je pense qu’il serait temps de changer votre logiciel à l’heure de la catastrophe climatique et de l’aliénation collective liée au sentiment de fatalité induit. Proust, pas plus que Marx ou le bon Dieu n’aident à penser ce qu’il faut faire pour survivre collectivement à cela.
L’agaçante Clopine T., proustienne compatible, me semble en cette circonstance bien plus constructive que vous dans sa préoccupation pour le sort des abeilles.
Voyez le genre d’extrémité du propos auquel on en arrive toujours avec vous, dexter l’idéologue instituteur !…

Chaloux dit: à

Nous sommes d’accord : Marcel Proust était sans doute un sale type. En tout cas, issu d’une classe sociale, la bourgeoisie richissime, qui n’a pas fait que du bien à l’histoire de l’humanité.

L’histoire de la famille ou plutôt des familles de Proust est extrêmement mêlée. qu’est-ce qu’elle raconte encore? N’importe quoi du début à la fin. Et l’ambition de se taire?

Chaloux dit: à

Proust un sale type? Peut-être, s’il est jugé par une sale bonne femme.

Jazzi dit: à

« Débrouille-toi avec ça… »

C’est surtout toi qui dois te débrouiller avec ça, Christiane !
Refuser ses souvenirs d’enfance est une attitude intenable, sa propre négation d’être et ça peut rendre fou de haine, voit le cas de ce pauvre hamlet et son transfert sur Proust…

Jazzi dit: à

hamlet, la Révolution culturelle chinoise n’a eu qu’un temps. On pourra toujours envoyer les lecteurs de Proust aux champs, Proust comme Confucius surnageront !
Il est où ton problème ?

renato dit: à

hamlet oublie trop souvent que nous sommes des êtres singuliers et que l’on a le droit d’aimer le sorbet au citron et de ne pas aimer celui à la fraise ; que pour certains les arts sont un passe-temps et pour d’autres un îlot de paix ; qu’il n’y a pas de règles et que l’esthétique vient après l’œuvre ; que l’on peut encore apprécier l’art paléolithique tandis que ses référents politiques sont obsolètes depuis un bon moment déjà ; et ainsi dès suite.

https://blogfigures.blogspot.com/2010/02/marianne-moore-egyptian-pulled-glass_18.html?q=Marianne+moore

et alii dit: à

les couturiers
« Les couturiers doivent lire Proust et draper du taffetas. »

lagerfeld

Jazzi dit: à

Est-on responsable du milieu dans lequel on né ?
Ce qui compte c’est ce que l’on en fait.
Proust aura été un bien mauvais représentant de sa classe sociale, dilapidant son héritage et n’appliquant aucuns des principes de base à toute « bonne éducation bourgeoise » : ne rien dire, ne pas parler de soi et ne rien révéler de son milieu d’origine…

Jazzi dit: à

on est né ou on nait…

de nota dit: à

« Le ressentiment que vous portez à notre époque, le mépris que vous professez envers vos contemporains »

Hamlet n’est pas l’homme du ressentiment, ni celui du mépris. Rabaisser quelqu’un ne nous fait pas plus grand.

et alii dit: à

identification de Lagerfeld
: « Dans Proust, il y a Swann qui vit avec Odette et lui tombe amoureux de quelqu’un qui n’est pas de son genre, voilà mon histoire.

Chaloux dit: à

D’autant que quand on voit la minuscule bicoque de la grand-mère de Proust à Illiers… on se rend compte que la Clopine raconte n’importe quoi, comme d’habitude. Elle ne connait pas Proust. L’idée qu’elle s’en fait lui sert de faire-valoir. Croit-elle.

Jacques R. dit: à

Que reste-t-il de l’originalité et de la force de Proust dans des traductions en langue étrangère ? On peut se poser la même question à propos de tel ou tel classique étranger traduit en français. je n’avais jamais lu « Les aventures d’Alice au pays des merveilles ». Je suis en train de réparer cette négligence dans la traduction de Jacques Papy (Folio). je ne doute pas que Lewis Carroll ait eu beaucoup d’humour, mais il n’en reste pas grand’chose dans cette traduction. C’est une histoire plutôt sinistre. L’intrusion de Disney semble avoir plutôt nui à la vérité de l’oeuvre. Le fantastique de l’auteur anglais est plutôt du genre noir.

Paul Edel dit: à

Il faut relire ce jugement plusieurs fois pour comprendre ce qu’il suggère: « Nous sommes d’accord : Marcel Proust était sans doute un sale type. En tout cas, issu d’une classe sociale, la bourgeoisie richissime, qui n’a pas fait que du bien à l’histoire de l’humanité. » Quand on sait que le père de Proust possède aussi un métier aussi douteux que médecin( puis prof de médecine) et que Robert ,le frère de Marcel, exerce aussi ce terrible métier, si inutile, chirurgien, on voit que cette famille » n’a pas fait que du bien dans l’ ‘histoire de l‘humanité », elle l’a même soigné.. Ajoutons aussi que cette phrase, englobe bien sûr la mère du sale type Marcel Proust, fille d’un agent de change juif ; alors la phrase prend un tour particulièrement désagréable. Ah ! Ces riches qui volent l’argent des pauvres en le soignant.

pado dit: à

« Les couturiers doivent lire Proust et draper du taffetas. »

Bien compliqué ce Lagerfeld, il suffisait de se pointer à Galliera de regarder bien en détail les autours de Comtesse Greffulhe et le tour était joué.

Chaloux dit: à

Adrien Proust s’est occupé de mettre fin à la progression du choléra. Quel sale type!

Clopine dit: à

Moi ça m’a toujours émue la disproportion entre les lieux réels et les lieux d’enfance évoqués par les écrivains.

Comme si, à jamais, les endroits restaient à l’échelle des yeux enfantins qui les ont arpentés. A jamais l’armoire est trop haute, puisqu’il fallait grimper sur une chaise pour en atteindre la clé, à jamais la porte est trop lourde, puisque qu’on n’avait pas la force de la pousser, à jamais le lit est aussi grand qu’une montagne, puisqu’on y creusait, sous les draps, des grottes rêveuses et protectrices.

Et puis l’on y va, non en pèlerinage, mais histoire de respirer les lieux inspirants. On ne devrait peut-être pas, car tout reprend sa place, d’un seul coup, et nos yeux qui, grâce à notre lecture, se situaient à peu près à la hauteur de nos genoux, réintègrent d’un seul coup d’un seul, happés par un ascenseur immédiat et malaucoeureux, leur emplacement adulte et désillusionné.

Chaloux dit: à

Ce qui explique qu’il ait eu de fort beaux tapis, offerts en guise de remerciements par les persans.

Chaloux dit: à

Il faut savoir faire l’enfant. Pas donné à tout le monde.

Delaporte dit: à

C’est Yves Saint Laurent dont la légende voulait qu’il lût Proust passionnément. Dans chaque pièce de son immense appartement d’esthète, il y avait l’oeuvre compète de Proust, pour qu’il ne perde pas de temps quand il passait, par exemple, de la chambre au salon. C’est tout ce qu’on sait sur Saint Laurent et Proust, mais certaines de ses robes sont inspirées de la Recherche, où il y a un personnage, Fortuny, qui oeuvre dans la haute couture, je crois. Sans parler des heures passées par Albertine chez sa couturière. Un monde de l’éphémère et de la beauté, un univers japonais, et digne d’un Mishima.

Clopine dit: à

Pzul etc., je n’ai pas dit « issu d’une FAMILLE qui », mais « issu d’une CLASSE SOCIALE qui ».

je sais que ce terme de « classe sociale » fait mal aux dents. Qu’on cherche à l’oublier. A le vider de son conten… Les « prolétaires » ? il n’y en a plus… (par exemple).

Mauroy, pendant la désastreuse campagne éléctorale de Jospin, avait rappelé à ce dernier que le mot « ouvrier » (pas prononcé une seule fois pendant la dite-campagne) n’était pas une insulte…

Bon, je crois que je ne peux réclamer une lecture objective. Mais au moins reprochez-moi des opinions, non en remplaçant un mot par un autre.

Et en plus, j’ai écrit « la bourgeoisie… ne fait pas QUE DU BIEN ».

Ce qui veut dire a contrario qu’elle ne fait pas que du mal…

M’enfin, au même moment où la classe sociale auquel appartenait Marcel Proust faisait tant de bien à l’humanité, ses représentants et les gardiens de l’ordre social où elle dominait faisait donner la troupe pour réprimer, dans le sang, les révoltes ouvrières du début du siècle…

Et je signale aussi que le régime économique prôné, mis en place et au service de cette classe sociale est le capitalisme.

Qui a les effets que l’on voit aujourd’hui, dans sa version mondialisée et néo-librale, les conséquences qu’on sait sur notre monde…

bref.

je maintiens, donc. Et ne m’excuse pas. Ce serait plutôt à vous de le faire, mais ça, hein ?

Delaporte dit: à

Mishima, ce n’est pas que le seppuku final, n’en déplaise à Yourcenar, qui nous les brisait avec ça. Vous savez que Hamon, dimanche, s’il n’atteint pas les 5 % requis, va peut-être se faire hara-kiri ? Il s’est acheté un sabre et compte faire cela en direct. C’est quelqu’un qui croit à ses idées, il mourrait pour elle. D’où l’idée de seppuku, dimanche. On s’en souviendrait, de ces élections européennes : Benoît Hamon se fait hara-kiri !

Chaloux dit: à

Encore une dose de boldoclopine?
Prudence!

christiane dit: à

@Jazzi dit: 25 mai 2019 à 10 h 44 min
Tu écris :
« Refuser ses souvenirs d’enfance est une attitude intenable, sa propre négation d’être et ça peut rendre fou de haine, voit le cas de ce pauvre hamlet et son transfert sur Proust… »

Cher Jazzi, je n’ai rien refusé. J’ai juste fait la paix avec mes morts et remplacé la peur par la douceur. Ne plus se retourner. Mettre le passé en jachère et regarder les pousses du présent comme une chance.
L’écriture fuit de mille une façon comme l’eau ou le sable : correspondance, paroles, rêveries, couleurs, contemplation, marches vagabondes où elle s’inscrit dans le corps.

Clopine dit: à

Yourcenar avait raison, Delaporte. le suppuku est l’insupportable trait de lumière rasante (ahaha) éclairant Mishima. On ne sort pas de là.

Delaporte dit: à

Si après un mandat électoral, les hommes politiques passait devant un tribunal pour savoir s’ils ont bien géré les affaires, et honnêtement, et que sinon, ils devraient se faire hara kiri, eh bien, il y aurait moins de candidats à la corruption. Sarkozy et Balkany se seraient fait tout de suite hara kiri, on n’en parlerait plus. Le prochain, ce serait Macron. Les traditions japonaises auraient du bon, il faudrait les importer en France.

et alii dit: à

7. Proust joue avec l’ambigüité de la
langue, lorsqu’il met une citation de Shakespeare dans la bouche de SaintLoup : « la question n’est pas comme pour Hamlet d’être ou de ne pas être,mais d’en être ou de ne pas en être18. » Cette citation se réfère à l’inclusion
à une certaine coterie sociale (le clan des Verdurin) mais, dans le contexte
plus général de Sodome et Gomorrhe, la phrase revêt la valeur d’une carte
d’identité homosexuelle.
Le langage intermédiaire du roman de Proust véhicule les oscillations de
l’entre-deux sexuel, social et temporel. Le texte de La Recherche qui navigue
entre le temps perdu et le temps retrouvé est jonché de mots anglais qui
https://hal-univ-paris10.archives-ouvertes.fr/hal-01639987/document
ayant connu des familles encore très anglicisées,et quelqu’ un pas du tout de la haute qui mettait pour
son travail des caoutchoucs-comme ça s’appelait ,là-le lundi et le jeudioù il demandait « où sont mes caoutchoucs » lesquels boots il fallait aussitôt laver le soir même

Clopine dit: à

Qu’il y ait des docteurs Proust n’ôtent rien aux responsabilités de la classe bourgeoise. Des abbés de l’Epée celles du clergé français d’avant la révolution. Des De Gaulle intègres à la prévarication des politiciens détournant leurs mandats: prouvez-moi le contraire !

Delaporte dit: à

« Yourcenar avait raison, Delaporte. le suppuku est l’insupportable trait de lumière rasante (ahaha) éclairant Mishima. On ne sort pas de là. »

Pas du tout, Mère Clopine. Vous n’avez pas lu Mishima. C’était un grand romancier, son seppuku n’a rien ajouté, et a même retiré à son oeuvre, dans la mesure où les lecteurs naïfs comme vous, Mère Clopine, se focalisent dessus. L’essentiel, ce sont les romans, j’en ai lu beaucoup, et ils n’ont rien à voir avec le suicide final.

Chaloux dit: à

Boldoclopine confond le seppuku avec le sudoku. Le soir, avant d’aller dormir dans son étable, il n’est pas rare qu’elle dise à Boldoflorin ainsi qu’à Boldoflorinounet, quand celui-ci n’est pas à ses fantastiques études:
-Bon ! encore un dernier suppuku et j’vas me coucher.

christiane dit: à

Et Alii – 11h26
Tonique le billet de David Caviglioli.
J’aime beaucoup ce passage :

 » Jean-Yves Tadié, le délicieux mamamouchi de la coterie, nous reçoit avec une délicatesse Belle Epoque dans un recoin de la labyrinthique maison Gallimard:
«Cet homme qui savait tellement écouter, c’est comme s’il nous écoutait encore. Il a ce génie de nous avoir compris à l’avance, de savoir mieux que nous ce que nous éprouvons. Cela explique le nombre peut-être excessif de publications. Il provoque un incroyable désir de s’exprimer. Le résultat est parfois catastrophique. Quand on me désigne comme un spécialiste de Proust, ce que j’essaie d’éviter, il y a toujours quelqu’un qui s’écrie: « Ah, moi, j’ai découvert Proust à 27ans en Allemagne, ma tante venait de mourir et j’avais retrouvé un vieil ours en peluche dans la malle de ma grand-mère, c’était bouleversant et tout à coup j’ai découvert ‘Du côté de chez Swann’, je m’y suis retrouvé tout entier ! » Et qui m’explique pendant des heures ce qu’il y a dedans.»

Delaporte dit: à

« Bon ! encore un dernier suppuku et j’vas me coucher. »

Nom de d’là !!!

Chaloux dit: à

Erratum.

Il fallait lire, bien évidemment : Boldoclopin et Boldoclopinounet.

christiane dit: à

renato dit: 25 mai 2019 à 10 h 37 min

« La machine est ’Invention de Morel. Ici, hamlet dans le rôle du fugitif :
« Touchantes tentatives d’hamlet d’évader — voir L’invention de Morel de la mauvaise éternité et de la mauvaise infinité — voir Blanchot — en imaginant qu’il est déjà dehors. »

Je comprends mieux. Belle esquisse.

Chaloux dit: à

Evidemment, Boldoclopine veut dire « sudoku », quand elle emploie le terme inédit « suppuku » (au lieu de seppuku). Car si la pauvre femme apprécie le sudoku elle a beaucoup plus souvent le nord au nez.

pado dit: à

« Yves Saint Laurent dont la légende »

Quand même bien écrite et entretenue par P. Bergé

« appartement d’esthète »
Vous avez déjà vu photos, reportages, ventes Bergé,…. Quelques pièces sublimes rarement mises en valeur dans un univers à ne pas garder son chocolat du matin plus d’un quart d’heure.

‘Fortuny »
Le roi de la soie plissée mais aussi un artiste multiple. Superbe expo à Galliera il y a un an ou deux.

Chaloux dit: à

Je ne sais pas si quelqu’un a lu les mémoires du chauffeur de Bergé et Saint-Laurent, mais ce qu’il raconte est abominable. Malheureusement on n’est pas encore prêt, probablement à casser son mas de Saint-Rémy-de-Provence pour en faire un musée Marie Mauron.

Poldy dit: à

Et Yourcenar s’y connaissait, en sukudu

Jazzi dit: à

A la demande de Ed

« Sibyl » de Justine Triet, avec Virginie Efira.
Autre film en compétition officielle à Cannes et pour lequel la critique enthousiaste crie au génie (cinq étoiles dans les Cahiers du cinéma ) !
A la projection, j’ai longtemps été agacé, tant tout me semblait faux et plein de clichés.
A commencer par Sibyl (Virginie Efira), ex écrivaine devenue psy et qui décide de revenir à son premier métier. Son éditeur improbable, sa vie familiale partagée avec ses deux filles, son mari avec lequel elle ne couche plus (adorable Paul Hamy) et son très charnel et superbe amant (Niels Schneider). Ses problèmes d’alcoolisme, son conflit avec sa mère et sa soeur (Laure Calamy)…
To much pour un seul personnage !
Et comme si cela ne suffisait pas, Sibyl, en panne d’inspiration romanesque, va accepter de prendre en cure une comédienne particulièrement perturbée (Adèle Exarchopoulos) et finir par se retrouver au centre du conflit pervers que celle-ci entretient avec son amant comédien (Gaspard Ulliel) et sa femme (Sandra Hüller) la réalisatrice du prochain film dont ils sont tous les deux les acteurs principaux.
Sibyl a enfin trouvé son sujet de roman et écrit comme jamais alors à Paris ! C’est ainsi que l’on se retrouve en plein tournage à Stromboli et où j’ai abandonné toute idée de film réaliste et psychologique et accepté de glisser à l’intérieur de cette comédie totalement déjantée.
Sous la direction parfaitement maitrisée de Justine Triet, ses personnages, sans plus aucune raison ni structure morale, sont tout entier livrés à leurs seules pulsions. Belles images qui empruntent leur esthétisme à Rosselini, Antonioni et même au Godard du « Mépris ».
Pas forcément nouveau mais bien beau.
Et au milieu de tout cela, Virginie Efira peut déployer toute la gamme des émotions. De la froideur des débuts à l’hystérie paroxystique, pleurant, dansant, chantant, jouant l’ivresse et prêtant généreusement son corps aux positions les plus érotiques, elle y est proprement grandiose (de quoi remporter le prix d’interprétation féminine, ce soir ?)
Cela suffit-il à faire un chef-d’oeuvre ?
J’avoue que malgré tout, le film me laisse un brin perplexe…
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19583570&cfilm=263900.html

hamlet dit: à

hého ! hého !

1/ je n’ai rien contre Proust lui-même

2/ je n’ai rien dit contre la Recherche

je ne parle que :

1/ de l’usage qui en fait

2/ du symbole qu’il représente dans le contexte de nos sociétés actuelles.

hamlet dit: à

Clopine c’est quoi cette histoire de ressentiment contre l’individualisme.

venant de vous qui êtes incapable de faire une phrase sans y coller un « je » ?

avez-vous déjà regardé quelque chose en essayant de vous oublier ?

vous oublier Clopine ! en êtes-vous capable ? même une seconde ?

par exemple parler des abeilles pour elle-même et nos pas pour parler de ce travail admirable que vous accomplissez pour les sauver !

sauf que vous n’êtes pas un cas isolé, vous représentez à vous seule tous les travers de notre société.

et vous êtes une fervente admiratrice de la Recherche.

et ce que je dis c’est pour moi c’est logique : parce uqe Proust non plus ne s’oublie jamais.

vous me suivez ?

vous y voyez du ressentiment ?

hamlet dit: à

Clopine une dernière chose : ne me cherchez pas svp, sinon vous n’allez pas faire le voyage pour rien !

hamlet dit: à

et baroz qui s’en mêle avec son « pauvre hamlet »…

mais regardez-vous !

regardez vos réactions !

qu’est-ce sinon de la religiosité ?

Saint Marcel priez pour nous…

Clopine dit: à

Non, Hamlet, j’y vois une tentative de « démarcation » entre les gens « bien » (= vous, qui n’aimez pas Proust) et les autres (= ses lecteurs parce qui sont d’ignobles individualistes incapables d’empathie et responsables de la perte de notre monde).

Cette démarcation, je veux bien qu’elle soit innocente et placée à une hauteur raisonnable. Mais, voyez-vous, quand on est repoussé ainsi hors d’une limite dont vous contestez le tracé, l’impression qu’on en retire est que celui qui délimite ainsi la vertu et le vice, l’enfer et le paradis, le bien et le mal, se place (même inconsciemment) « au-dessus ». Et même si j’ai, je le sais une certaine tendance à me croire méprisée, il vous faudrait cependant vous relire, pour apprécier (mais pour ce faire, il faudrait que vous veniez rejoindre la troupe de ceux que vous avez repoussés de l’autre côté de la ligne de démarcation) la dureté de vos propos, et la fausseté de la naïveté que vous revendiquez sans cesse.

hamlet dit: à

le pompon c’est quand même de lire ce genre de chose :

« Refuser ses souvenirs d’enfance est une attitude intenable, sa propre négation d’être et ça peut rendre fou de haine, voit le cas de ce pauvre hamlet et son transfert sur Proust… »

hallucinant, mais là encore représentatif de notre monde actuel :

tu critiques l’usage qu’on fait de Proust, normal ça provient de ton refus de tes souvenirs d’enfance et de ta négation d’être qui rend fou de haine…

mais c’est aussi très drôle, à la fois très triste et très drôle.

Chaloux dit: à

Clopine, je ne comprends pas votre point de vue. D’un côté vous n’avez que l’histoire du XIXe siècle à la bouche, de l’autre vous soutenez mordicus Assouline qui est absolument solidaire du système totalitaire qui est en train de se mettre en place. Comment faites-vous?

Clopine dit: à

Je fais ce que vous êtes à jamais dans l’incapacité de faire, Chaloux. Je relativise.

Ce qui me permet, par exemple, de vous écrire ce post, sans vous renvoyer une insulte, une lourde ironie, enfin bref tout ce que vous me destinez à longueur de blog.

C’est bien, la relativité…

hamlet dit: à

Clopine dit: 25 mai 2019 à 12 h 43 min

mais ce que vous dites est évident Clopine.

sous l’effet de l’hyper individualisme notre monde politique et social a perdu toute notion de « bien commun ».

un effondrement de la notion de « bien commun »…

pourtant socle essentiel dans une politique de la cité, depuis les grecs.

alors oui, à terme c’est l’enfer, le vice, la cata….

si vos abeilles disparaissent c’est pour quelle raison selon vous ? ce n’est pas le vice et l’enfer ?

et vos abeilles vous ne pourrez rien pour elles sans ce « bien commun » qui englobe à la fois le monde humain et non humain.

Chaloux dit: à

Ne pas relativiser le XIXe et relativiser le présent? Pardonner au complice de la nouvelle dictature, ne rien dire de sa duplicité, de ses mensonges, de son imposture, du crime historique dans lequel il trempe? Vous appelez ça relativiser? Vous auriez fini bonne copine à Pinochet… tout comme lui.

hamlet dit: à

alors oui : Macron, ultralibéralisme, disparition des abeilles et religiosité proustienne pour moi ça marche ensemble, parce qu’elles font appel à une forme d’intelligence indissociable de soi-même, comme le dit Baroz avec la défense de ses souvenirs d’enfance, voilà ce que nous voulons tous : défendre nos souvenirs d’enfance ! qui d’autre que Proust pour coller sur l’étendard de cette revendication ?

Jazzi dit: à

« mais c’est aussi très drôle, à la fois très triste et très drôle. »

Merci, hamlet, c’est exactement le but que je recherche en écrivant !

et alii dit: à

quelle fleur pour la fete des mères se demandent les fleuristes en lisant PROUST
Odette : une orchidée « cette sœur élégante que la nature lui donnait » (du coté de chez Swann)
Albertine : Une rose, car ses joues sont « d’un rose uni et violacé, crémeux, comme certaines roses qui ont un vernis de cire » (du coté de chez Swann)
Rosemonde : un « géranium au bord de la mer ensoleillée » (du coté de chez Swann)
Andrée : un « camélia dans la nuit » (du coté de chez Swann)
Une inconnue dans le train : Un magnolia car ayant visuellement une « chair de magnolia » (A l’ombre des jeunes filles en fleurs)
dire que j’aime les pivoines!

Chaloux dit: à

Boldoclopine relativise le totalitarisme et ses complices (ceux qui viennent vous parler de courage). Et les abeilles meurent. Oui, et ça ne va pas s’arranger, puisque Macron veut maintenant qu’on passe par-dessus l’avis de l’ONF pour l’entretien de certaines forêts. Relativiser le pillage généralisé et ses complices, et venir ensuite chougner sur le sort des abeilles? Indécent.

Jazzi dit: à

C’est toi, hamlet, qui a fait jurer à Christiane de ne pas écrire ?
C’est aussi aberrant pour moi que de demander à quelqu’un de ne pas respirer !

hamlet dit: à

esthétique, éthique, politique… vous pouvez retourner le problème dans tous les sens autant que vous voulez vous ne pourrez pas dissocier la littérature de son aspect politique !

alors oui, on peut comme vous le faites en rester à la beauté des phrases, de a langues, de la ponctuation, la grammaire etc… mais au delà de ces considérations il y a toujours une conséquence politique !

hamlet dit: à

Jazzi dit: 25 mai 2019 à 13 h 02 min

de quoi tu parles ?

j’ai fait jurer christiane de ne pas écrire quoi ?

poldy dit: à

Que reste-t-il de l’originalité et de la force de Proust dans des traductions en langue étrangère ?

Les traductions sont bonnes mais peu de gens les lisent. Le monde de Lewis Carroll est encore plus sinistre & terrifiant en anglais.

et alii dit: à

Il est à noter que Proust écrit « catleya » avec un seul « t ».

Jazzi dit: à

Belle collection d’orchidées au jardin du Luxembourg, et alii.
(se reporter à mon texte historique)

Jazzi dit: à

C’est écrit dans mon lien : « Ainsi naît en 1824 l’orchidée Cattleya labiata (qui perd un t en passant au français). »

Jazzi dit: à

Je sens que vous mourrez d’envie de me demander de faire cattleya avec vous, et alii !

Jazzi dit: à

« Je ne sais pas si quelqu’un a lu les mémoires du chauffeur de Bergé et Saint-Laurent »

Probablement de la haute littérature nécessaire, Chaloux. Et avec ça tu me traites de concierge…

Chaloux dit: à

Je l’ai acheté 2 euros dans une brocante bourguignonne un samedi où je n’avais rien à lire, Jazzi, et je ne l’ai pas lu complètement, 160 pages environ, mais c’est suffisant. Ensuite, comment l’as-tu deviné, je l’ai filé à mon concierge.
Acheté parce que j’avais été intrigué par certains commentaires au moment de la mort de Bergé, un type que je trouvais (…), ce en quoi, il me serait difficile de me contredire… Mais le livre, réécrit par une québécoise, se tient aussi bien et même beaucoup mieux que bien des Goncourt récents (genre Slimani, Vuillard, Enard -et autres nanards!)!

Hurkhurkhurk!

Ed dit: à

Merci jazouille ! Très très intéressant. Finalement ça m’a refroidie tout ça.

Paul Edel dit: à

En quoi Marcel Proust était »sans doute un sale type. » J attends un début d explication à ce genre d accusation Clopine …on lance pas ce genre de truc sans solides preuves

Paul Edel dit: à

PROUST a du tuer d un coup de journal une abeille en la confondant avec une guêpe
..

Janssen J-J dit: à

malgré tout, michel et natacha, je persiste à penser qu’il existe une différence entre dictature (soft) et totalitarisme (mou), si les syntagmes en usage dans la science politique contemporaine française (i.e hors rdl) ont encore un sens. Un échange complice fort intéressant, au demeurant.

Bérénice dit: à

Paul Edel, je n’avais jamais pensé avant de lire cette affirmation à cette possibilité que de toutes manières j’écarte. Il est certes fidèle à son milieu d’origine, en sort peu , ne donne pas une vision d’ensemble de la société qui fut celle du temps où il a vécu mais qu’il ait pu être un sale type, après réflexion, ne m’apparait pas juste. C’était un bourgeois qui aimait l’aristocratie sans mépriser pour autant bien que dans ce que j’ai lu de lui peu de personnages de l’autre monde, le monde chtonien en quelque- sorte. On rencontre de temps en temps des bourgeois acceptables, le problème consistant plutôt quand on vient d’ailleurs et qu’aucun don particulier ne vous auréole à se faire accepter, voire adopter ou encore entendre et mériter une attention aussi infime soit elle .

Clopine dit: à

Si j’avais des preuves solides, j’aurais tranquillement affirmé, Paul, je n’aurais pas employé une formule de doute.

Bref.

D’abord, il y a dans la Recherche des tas d’endroits où l’auteur n’est pas, à mes yeux, très très sympathiques : quand il « enfonce le clou » de certains a priori, pour ne pas y être associé. Ce qu’on appelle aussi « hurler avec les loups », alors même qu’on en est potentiellement une proie. De ce trait de caractère (qui était, vous allez me dire, la caractéristique de l’hypocrisie de son époque et de son milieu, mais d’autres, au même moment, bravaient l’opinion… Et d’accord, tout le monde n’est pas Condorcet, m’enfin 🙂 on peut tirer une lecture qui rend l’auteur pas trop sympathique de toutes les « charges » contre Bloch, les allusions antisémites, voire -je crois que Proust le déplorait lui-même- une certaine complaisance dans la description des homophobes de l’époque, histoire qu’on ne le range surtout pas, lui, dans le camp des homosexuels.

Par exemple, le Narrateur prétend qu’il finit par coucher avec TOUTES les jeunes filles en fleurs.

L’autre trait de caractère peu « reluisant », à mon sens, est cette non-remise en cause, sinon à demi-mots, de la pratique des bordels et de la vénalité accordée d’emblée aux petites gens. L’épisode peu glorieux, dans la Recherche, où le Narrateur se voit obligé d’acheter le silence des parents d’une « gamine » (euh…) qu’il a « prise sur ses genoux »… Perso ça ne me le rend pas sympathique du tout. Si je connaissais quelqu’un, dans mon entourage, capable de tels agissements, à savoir, clairement, tripoter un enfant et payer le silence des parents, je jugerais que c’est un sale type. Vous allez vous récrier que… la perspective historique… Le courage pour faire état, même en l’amenuisant et en la rendant « innofensive », d’une telle anecdote est déjà à noter ?

Voire… Parce que ces petits traits qui apparaissent ça et là, dans la Recherche, correspondent, nous disent les biographes (Painter), des faits réels. La fréquentation des bordels par Proust, cet usage qu’il fait de l’argent pour acheter des êtres.

Si vous y ajoutez des scènes fort drôles, bien sûr, (comme celle où la mère du narrateur sonne timidement ses domestiques pour qu’ils viennent débarrasser la table et que c’est juste pour eux le signal de « vaquer à leurs affaires »), mais néanmoins bourrées ras la caisse de mépris de classe (le pastiche du courrier du valet qui écrit à sa famille et entremêle les platitudes du courrier familial -je vais bien, je pars avec mes maîtres sur la côte- et des citations grotesques copiées de son maître (poèmes, phrases emphatiques), vous tombez sur Narrateur qui, décidément, a l’arrogance du bourgeois macronien vis-à-vis des classes populaires.

Vous allez me dire que Proust fait de même (un pastiche cruel) avec le langage des diplomates, avec celui des critiques littéraire de son temps, les Goncourt, avec celui des universitaires, Brichot, avec celui des médecins, Cottard… Oui, mais la relation du Narrateur à ses modèles n’est pas une relation employeur-employé. Le regard de Proust, qu’il le veuille ou non, est un regard brouillé par le pognon. Et le célèbre extrait où le Narrateur feint de s’alarmer du peuple pouvant venir le manger, lui et ses pairs, dans la salle à manger-aquarium du grand hôtel de Cabourg, montre en réalité le mépris qu’il a pour lui.

Ce qui ne me le rend pas plus sympathique.

On pourrait noter aussi que la disparition du frère dans la Recherche a comme un parfum de vengeance du sale môme ne supportant pas que l’attention des parents se porte sur un autre que lui.

L’anecdote rapportée par Painter (la « scène » insupportable que Proust, dépité de voir que pour une fois, c’est son frère qui est sur le devant de la scène familiale, joue à l’église, pour « voler la vedette » à son propre frère, le jour de son mariage, scène d’un narcissisme assez dépourvu de toute réelle affection familiale, ne me le rend toujours pas digne d’une amitié quelconque.

Il semble tyrannique jusque dans sa faiblesse, jaloux dans ses affections, il pousse à la vénalité la plus basse les êtres objets de ses désirs, il joue de son pouvoir social et de ses relations, il est compliqué à l’extrême, n’a pas une once de naturel et de sincérité (voir ses rapports amoureux rapportés dans la Recherche : pas un seul abandon sincère avec Albertine, des manoeuvres incessantes pour la contrôler sans en avoir l’air), il conspire et manoeuvre.

Vous le trouvez vraiment sympathique, vous ?

Pas moi.

Et pourtant, je suis une ardent lectrice, une admiratrice éperdue et du style et de l’ambition de cet homme, et mon coeur se serre toujours quand je pense à ce corps étendu, à cette main qui écrit la Recherche, à cet épuisement volontaire de l’intelligence et du talent…

Mais un brave type, Marcel Proust ? Un être charmant ? Ah là, sûrement pas.

de nota dit: à

PROUST a du tuer d un coup de journal une abeille en la confondant avec une guêpe

Paul Edel, la vérité c’est que Marcel aurait demandé à Céleste de tuer l’abeille… ou la guêpe? Les versions diffèrent, voir sur ce sujet les actes du colloque de Cerisy: Proust entomologiste, Proust entomophobe.

Ed dit: à

@14:20
Entièrement d’accord. J’ai exactement la même sensation à partir de ce que j’ai lu jusqu’ici de la Recherche. Mépris de classe et morale à zéro.

christiane dit: à

Clopine écrit : « On pourrait noter aussi que la disparition du frère dans la Recherche a comme un parfum de vengeance du sale môme ne supportant pas que l’attention des parents se porte sur un autre que lui. »

Dans le chapitre XIV « Frère » (du « Lac Inconnu »), Jean-Yves Tadié cite une citation de Freud 1 – Freud (à propos d’une page de Goethe « Fiction et Vérité ») et la prolonge par une réflexion sur l’écriture de Proust :
 » Quand on a été sans contredit l’enfant de prédilection de la mère, on garde pour la vie ce sentiment de conquérant, cette assurance du succès. » Un sentiment résolument optimiste et même triomphant, efface en apparence le sentiment de culpabilité, la rivalité auprès de la mère, la crainte de l’abandon. […] « Une variante intéressante du roman familial est celle où le héros, auteur de la fiction, tout en éliminant de cette manière les autres frères et sœurs comme illégitimes, fait retour, quant à lui, à la légitimité. »
« Un sentiment résolument optimiste et même triomphant, écrit J-Y.Tadié, qui efface en apparence le sentiment de culpabilité, la rivalité auprès de la mère, la crainte de l’abandon. »
Et dans le chapitre suivant « Actes manqués »
« En fait, Proust ne supprime pas son frère, il ne donne simplement pas de frère imaginaire à son héros narrateur imaginaire. Les grands romanciers n’agissent-ils pas de même ? Où sont les frères de Balzac, de Flaubert, la sœur de Stendhal ?
Ces détails de la création, ces actes manqués, ces lapsus, Freud en a montré l’importance et Proust en a fait l’étude. »

Jazzi dit: à

Quel plaidoirie à charge, Clopine !
L’accusé ne va pas s’en relever !
La grandeur de Proust n’est-elle pas de s’être mis tout entier dans son oeuvre, sans faux semblants et autres embellissements ?

Dans un tout autre genre et une tout autre idéologie, Sartre était connu de tous les serveurs de Montparnasse et de Saint-Germain-des-Près pour ses gros pourboires : il en avait les moyens, contrairement à d’autres, et pouvait ainsi être bien servi…

Bérénice dit: à

Clopine, les Verdurins, Odette , ne sont pas épargnés non plus par son talent d’analyste et d’observateur. Si ce n’est pas du mépris c’est de l’ironie, de même envers celui qui deviendra l’incontournable Cottard. Je ne possède pas vos souvenirs précis mais mon impression est qu’il est capable d’une lucidité sans égard aux appartenances sociales.

Jazzi dit: à

C’est exactement ce qui s’est passé avec mon frère, qui a été proprement dépossédé de son droit d’aînesse à mon profit. Sans culpabilité de ma part mais non pas sans ressentiment pour lui…

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