À propos du « style » de Flaubert
En ce premier jour de l’année, qu’il me soit permis, en écho à l’éclairant texte de Flaubert sur Balzac que publie mon camarade Paul Edel sur son blog, de laisser à mon tour la place à Marcel Proust exposant ses vues sur Flaubert il y a cent ans exactement dans la Nrf :
» Je lis seulement à l’instant (ce qui m’empêche d’entreprendre une étude approfondie) l’article du distingué critique de la Nouvelle Revue Française sur “le Style de Flaubert”. J’ai été stupéfait, je l’avoue, de voir traiter de peu doué pour écrire, un homme qui par l’usage entièrement nouveau et personnel qu’il a fait du passé défini, du passé indéfini, du participe présent, de certains pronoms et de certaines prépositions, a renouvelé presque autant notre vision des choses que Kant, avec ses Catégories, les théories de la Connaissance et de la Réalité du monde extérieur.[1]
Ce n’est pas que j’aime entre tous les livres de Flaubert, ni même le style de Flaubert. Pour des raisons qui seraient trop longues à développer ici, je crois que la métaphore seule peut donner une sorte d’éternité au style, et il n’y a peut-être pas dans tout Flaubert une seule belle métaphore. Bien plus, ses images sont généralement si faibles qu’elles ne s’élèvent guère au dessus de celles que pourraient trouver ses personnages les plus insignifiants. Sans doute quand, dans une scène sublime, Mme Arnoux et Frédéric échangent des phrases telles que : “Quelquefois vos paroles me reviennent comme un écho lointain, comme le son d’une cloche apporté par le vent. — J’avais toujours au fond de moi-même la musique de votre voix et la splendeur de vos yeux”, sans doute c’est un peu trop bien pour une conversation entre Frédéric et Mme Arnoux. Mais, Flaubert, si au lieu de ses personnages c’était lui qui avait parlé, n’aurait pas trouvé beaucoup mieux.
Pour exprimer d’une façon qu’il croit évidemment ravissante, dans la plus parfaite de ses œuvres, le silence qui régnait dans le château de Julien, il dit que “l’on entendait le frôlement d’une écharpe ou l’écho d’un soupir”. Et à la fin, quand celui que porte St. Julien devient le Christ, cette minute ineffable est décrite à peu près ainsi :
“Ses yeux prirent une clarté d’étoiles, ses cheveux s’allongèrent comme les rais du soleil, le souffle de ses narines avait la douceur des roses, etc.”
Il n’y a là-dedans rien de mauvais, aucune chose disparate, choquante ou ridicule comme dans une description de Balzac ou de Renan ; seulement il semble que même sans le secours de Flaubert, un simple Frédéric Moreau aurait presque pu trouver cela. Mais enfin la métaphore n’est pas tout le style. Et il n’est pas possible à quiconque est un jour monté sur ce grand Trottoir Roulant que sont les pages de Flaubert, au défilement continu, monotone, morne, indéfini, de méconnaître qu’elles sont sans précédent dans la littérature. Laissons de côté, je ne dis même pas les simples inadvertances, mais la correction grammaticale ; c’est une qualité utile mais négative (un bon élève, chargé de relire les épreuves de Flaubert, eût été capable d’en effacer bien des fautes). En tous cas il y a une beauté grammaticale, (comme il y a une beauté morale, dramatique, etc.) qui n’a rien à voir avec la correction.
C’est d’une beauté de ce genre que Flaubert devait accoucher laborieusement. Sans doute cette beauté pouvait tenir parfois à la manière d’appliquer certaines règles de syntaxe. Et Flaubert était ravi quand il retrouvait dans les écrivains du passé une anticipation de Flaubert, dans Montesquieu, par exemple :
“Les vices d’Alexandre étaient extrêmes comme ses vertus ; il était terrible dans la colère ; elle le rendait cruel.”
Mais si Flaubert faisait ses délices de telles phrases, ce n’était évidemment pas à cause de leur correction, mais parce qu’en permettant de faire jaillir du cœur d’une proposition l’arceau qui ne retombera qu’en plein milieu de la proposition suivante, elles assuraient l’étroite, l’hermétique continuité du style. Pour arriver à ce même but Flaubert se sert souvent des règles qui régissent l’emploi du pronom personnel. Mais dès qu’il n’a pas ce but à atteindre les mêmes règles lui deviennent complètement indifférentes. Ainsi dans la deuxième ou troisième page de l’Éducation Sentimentale, Flaubert emploie “il” pour désigner Frédéric Moreau quand ce pronom devrait s’appliquer à l’oncle de Frédéric, et, quand il devrait s’appliquer à Frédéric, pour désigner Arnoux. Plus loin le “ils” qui se rapporte à des chapeaux veut dire des personnes, etc. Ces fautes perpétuelles sont presque aussi fréquentes chez Saint-Simon. Mais dans cette deuxième page de l’Éducation, s’il s’agit de relier deux paragraphes pour qu’une vision ne soit pas interrompue, alors le pronom personnel, à renversement pour ainsi dire, est employé avec une rigueur grammaticale, parce que la liaison des parties du tableau, le rythme régulier particulier à Flaubert, sont en jeu :
“La colline qui suivait à droite le cours de la Seine s’abaissa, et il en surgit une autre, plus proche, sur la rive opposée.
Des arbres la couronnaient, etc.”
Le rendu de sa vision, sans, dans l’intervalle, un mot d’esprit ou un trait de sensibilité, voilà en effet ce qui importe de plus en plus à Flaubert, au fur et à mesure qu’il dégage mieux sa personnalité et devient Flaubert. Dans Madame Bovary tout ce qui n’est pas lui n’a pas encore été éliminé ; les derniers mots : “Il vient de recevoir la croix d’honneur” font penser à la fin du Gendre de Monsieur Poirier : “Pair de France en 48”. Et même dans l’Éducation Sentimentale (titre si beau par sa solidité, — titre qui conviendrait d’ailleurs aussi bien à Madame Bovary — mais qui n’est guère correct au point de vue grammatical) se glissait encore ça et là des restes, infîmes d’ailleurs, de ce qui n’est pas Flaubert (“sa pauvre petite gorge”, etc.). Malgré cela, dans l’Éducation Sentimentale, la révolution est accomplie ; ce qui jusqu’à Flaubert était action devient impression. Les choses ont autant de vie que les hommes, car c’est le raisonnement qui après assigne à tout phénomène visuel des causes extérieures, mais dans l’impression première que nous recevons cette cause n’est pas impliquée. Je reprends dans la deuxième page de l’Éducation Sentimentale la phrase dont je parlais tout à l’heure :
“La colline qui suivait à droite le cours de la Seine s’abaissa, et il en surgit une autre, plus proche, sur la rive opposée.”
Jacques Blanche a dit que dans l’histoire de la peinture, une invention, une nouveauté, se décèlent souvent en un simple rapport de ton, en deux couleurs juxtaposées. Le subjectivisme de Flaubert s’exprime par un emploi nouveau des temps des verbes, des prépositions, des adverbes, les deux derniers n’ayant presque jamais dans sa phrase qu’une valeur rythmique. Un état qui se prolonge est indiqué par l’imparfait. Toute cette deuxième page de l’Éducation (page grise absolument au hasard) est faite d’imparfaits, sauf quand intervient un changement, une action, une action dont les protagonistes sont généralement des choses (“la colline s’abaissa”, etc.). Aussitôt l’imparfait reprend : “Plus d’un enviait d’en être le propriétaire”, etc. Mais souvent le passage de l’imparfait au parfait est indiqué par un participe présent, qui indique la manière dont l’action se produit, ou bien le moment où elle se produit.
Toujours deuxième page de l’Éducation :
“Il contemplait des clochers, etc. et bientôt, Paris disparaissant, il poussa un gros soupir.”
(L’exemple est du reste très mal choisi et on en trouverait dans Flaubert de bien plus significatifs. Notons en passant que cette activité des choses, des bêtes, puisqu’elles sont le sujet des phrases (au lieu que ce sujet soit des hommes), oblige à une grande variété des verbes. Je prends absolument au hasard et en abrégeant beaucoup :
“Les hyènes marchaient derrière lui, le taureau balançait la tête, tandis que la panthère bombant son dos avançait à pas de velours, etc. Le serpent sifflait, les bêtes puantes bavaient, le sanglier, etc. Pour l’attaque du sanglier il y avait quarante griffons, etc. Des mâtins de Barbarie… étaient destinés à poursuivre les aurochs. La robe noire des épagneuls luisait comme du satin, le jappement des talbots valait celui des bugles chanteurs”, etc.
Et cette variété des verbes gagne les hommes qui dans cette vision continue, homogène, ne sont pas plus que les choses, mais pas moins : “une illusion à décrire”. Ainsi :
“Il aurait voulu courir dans le désert après les autruches, être caché dans les bambous à l’affût des léopards, traverser des forêts pleines de rhinocéros, atteindre au sommet des monts pour viser les aigles et sur les glaçons de la mer combattre les ours blancs. Il se voyait, etc…”
Cet éternel imparfait (on me permettra bien de qualifier d’éternel un passé indéfini, alors que les trois quarts du temps, chez les journalistes, éternel désigne non pas, et avec raison, un amour, mais un foulard ou un parapluie. Avec son éternel foulard, — bien heureux si ce n’est pas avec son foulard légendaire — est une expression “consacrée)” ; donc cet éternel imparfait, composé en partie des paroles des personnages que Flaubert rapporte habituellement en style indirect pour qu’elles se confondent avec le reste (“L’État devait s’emparer de la Bourse. Bien d’autres mesures étaient bonnes encore. Il fallait d’abord passer le niveau sur la tête des riches. Tout était tranquille maintenant. Il fallait que les nourrices et les accoucheuses fussent salariées par l’État. Dix-mille citoyennes avec de bons fusils pouvaient faire trembler l’Hôtel de ville…”, tout cela ne signifie pas que Flaubert pense et affirme cela, mais que Frédéric, la Vatnaz ou Sénécal le disent et que Flaubert a résolu d’user le moins possible des guillemets) ; donc cet imparfait, si nouveau dans la littérature, change entièrement l’aspect des choses et des êtres, comme font une lampe qu’on a déplacée, l’arrivée dans une maison nouvelle, l’ancienne si elle est presque vide et qu’on est en plein déménagement.
C’est ce genre de tristesse, fait de la rupture des habitudes et de l’irréalité du décor, que donne le style de Flaubert, ce style si nouveau quand ce ne serait que par là. Cet imparfait sert à rapporter non seulement, les paroles mais toute la vie des gens. L’Éducation Sentimentale[2] est un long rapport de toute une vie, sans que les personnages prennent pour ainsi dire une part active à l’action. Parfois le parfait interrompt l’imparfait, mais devient alors comme lui quelque chose d’indéfini qui se prolonge : “Il voyagea, il connut la mélancolie des paquebots, etc. il eut d’autres amours encore”, et dans ce cas par une sorte de chassé-croisé c’est l’imparfait qui vient préciser un peu : “mais la violence du premier les lui rendait insipides”. Quelquefois même, dans le plan incliné et tout en demi-teinte des imparfaits, le présent de l’indicatif opère un redressement, met un furtif éclairage de plein jour qui distingue des choses qui passent une réalité plus durable :
“Ils habitaient le fond de la Bretagne… C’était une maison basse, avec un jardin montant jusqu’au haut de la colline, d’où l’on découvre la mer.”
La conjonction “et” n’a nullement dans Flaubert l’objet que la grammaire lui assigne. Elle marque une pause dans une mesure rythmique et divise un tableau. En effet partout où on mettrait “et”, Flaubert le supprime. C’est le modèle et la coupe de tant de phrases admirables. “(Et) les Celtes regrettaient trois pierres brutes, sous un ciel pluvieux, dans un golfe rempli d’îlots ; (C’est peut-être semé au lieu de rempli, je cite de mémoire.)
“C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar”. “Le père et la mère de Julien habitaient un château, au milieu des bois, sur la pente d’une colline.”
Certes la variété des prépositions ajoute à la beauté de ces phrases ternaires. Mais dans d’autres d’une coupe différente, jamais de “et”. J’ai déjà cité (pour d’autres raisons) : “Il voyagea, il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, l’étourdissement des paysages et des ruines, l’amertume des sympathies interrompues”. Mais cet “et” là, le grand rythme de Flaubert ne le comporte pas. En revanche là où personne n’aurait l’idée d’en user, Flaubert l’emploie. C’est comme l’indication qu’une autre partie du tableau commence, que la vague refluante, de nouveau, va se reformer. Tout à fait au hasard d’une mémoire qui a très mal fait ses choix :
“La place du Carrousel avait un aspect tranquille. L’Hôtel de Nantes s’y dressait toujours solitairement ; et les maisons par derrière, le dôme du Louvre en face, la longue galerie de bois, à droite, etc. étaient comme noyés dans la couleur grise de l’air, etc. tandis que, à l’autre bout de la place, etc.
En un mot, chez Flaubert, “et” commence toujours une phrase secondaire et ne termine presque jamais une énumération. (Notons au passage que le “tandis que” de la phrase que je viens de citer ne marque pas, c’est toujours ainsi chez Flaubert, un temps, mais est un de ces artifices assez naïfs qu’emploient tous les grands descriptifs dont la phrase serait trop longue et qui ne veulent pas cependant séparer les parties du tableau. Dans Leconte de Lisle il y aurait à marquer le rôle similaire des “non loin”, des “plus loin”, des “au fond”, des “plus bas”, des “seuls”, etc. La très lente acquisition, je le veux bien, de tant de particularités grammaticales (et la place me manque pour indiquer les plus importantes que tout le monde notera sans moi) prouve à mon avis, non pas, comme le prétend le critique de la Nouvelle Revue Française, que Flaubert n’est pas “un écrivain de race”, mais au contraire qu’il en est un. Ces singularités grammaticales traduisant en effet une vision nouvelle, que d’application ne fallait-il pas pour bien fixer cette vision pour la faire passer de l’inconscient dans le conscient, pour l’incorporer enfin aux diverses parties du discours !
Ce qui étonne seulement chez un tel maître c’est la médiocrité de sa correspondance. Généralement les grands écrivains qui ne savent pas écrire (comme les grands peintres qui ne savent pas dessiner) n’ont fait en réalité que renoncer leur “virtuosité”, leur “facilité” innées, afin de créer, pour une vision nouvelle, des expressions qui tâchent peu à peu de s’adapter à elle. Or dans la correspondance où l’obéissance absolue à l’idéal intérieur, obscur, ne les soumet plus, ils redeviennent ce que, moins grands, ils n’auraient cessé d’être. Que de femmes, déplorant les œuvres d’un écrivain de leurs amis, ajoutent: “Et si vous saviez quels ravissants billets il écrit quand il se laisse aller ! Ses lettres sont infiniment supérieures à ses livres.” En effet c’est un jeu d’enfant de montrer de l’éloquence, du brillant, de l’esprit, de la décision dans le trait, pour qui d’habitude manque de tout cela seulement parce qu’il doit se modeler sur une réalité tyrannique à laquelle il ne lui est pas permis de changer quoi que ce soit. Cette hausse brusque et apparente que subit le talent d’un écrivain dès qu’il improvise (ou d’un peintre qui “dessine comme Ingres” sur l’album d’une dame laquelle ne comprend pas ses tableaux) cette hausse devrait être sensible dans la Correspondance de Flaubert. Or c’est plutôt un baisse qu’on enregistre.
Cette anomalie se complique de ceci que tout grand artiste qui volontairement laisse la réalité s’épanouir dans ses livres se prive de laisser paraître en eux une intelligence, un jugement critique qu’il tient pour inférieurs à son génie. Mais tout cela qui n’est pas dans son œuvre, déborde dans sa conversation, dans ses lettres. Celles de Flaubert n’en font rien paraître. Il nous est impossible d’y reconnaître, avec M. Thibaudet, les “idées d’un cerveau de premier ordre,” et cette fois ce n’est pas par l’article de M. Thibaudet, c’est par la Correspondance de Flaubert que nous sommes déconcertés. Mais enfin puisque nous sommes avertis du génie de Flaubert seulement par la beauté de son style et les singularités immuables d’une syntaxe déformante, notons encore une de ces singularités : par exemple un adverbe finissant non seulement une phrase, une période, mais un livre. (Dernière phrase d’Hérodias : “Comme elle était très lourde (la tête de Saint Jean), ils la portaient alternativement.”)
Chez lui comme chez Leconte de Lisle, on sent le besoin de la solidité, fût-elle un peu massive, par réaction contre une littérature sinon creuse, du moins très légère, dans laquelle trop d’interstices, de vides, s’insinuaient. D’ailleurs les adverbes, locutions adverbiales, etc. sont toujours placés dans Flaubert de la façon à la fois la plus laide, la plus inattendue, la plus lourde, comme pour maçonner ces phrases compactes, boucher les moindres trous. M. Homais dit : “Vos chevaux, peut-être, sont fougueux”. Hussonnet : “Il serait temps, peut-être, d’aller instruire les populations.” “Paris, bientôt, serait été.” Les “après tout”, les “cependant”, les “du moins” sont toujours placés ailleurs qu’où ils l’eussent été par quelqu’un d’autre que Flaubert, en parlant ou en écrivant. “Une lampe en forme de colombe brûlait dessus continuellement.”
Pour la même raison, Flaubert ne craint pas la lourdeur de certains verbes, de certaines expressions un peu vulgaires (en contraste avec la variété de verbes que nous citions plus haut, le verbe avoir, si solide, est employé constamment, là où un écrivain de second ordre chercherait des nuances plus fines : “Les maisons avaient des jardins en pente.” “Les quatre tours avaient des toits pointus.”). C’est le fait de tous les grands inventeurs en art, au moins au xixme siècle, que tandis que des esthètes montraient leur filiation avec le passé, le public les trouva vulgaires. On dira tant qu’on voudra que Manet, Renoir, qu’on enterre demain, Flaubert, furent non pas des initiateurs, mais la dernière descendance de Vélasquez et de Goya, de Boucher et de Fragonard, voire de Rubens et même de la Grèce antique, de Bossuet et de Voltaire, leurs contemporains les trouvèrent un peu communs ; et, malgré tout, nous nous doutons parfois un peu de ce qu’ils entendaient par ce mot “commun”. Quand Flaubert dit : “Une telle confusion d’images l’étourdissait, bien qu’il y trouvât du charme, pourtant” ; quand Frédéric Moreau, qu’il soit avec la Maréchale ou avec Madame Arnoux, “se met à leur dire des tendresses”, nous ne pouvons penser que ce “pourtant” ait de la grâce, ni ce “se mettre à dire des tendresses” de la distinction. Mais nous les aimons ces lourds matériaux que la phrase de Flaubert soulève et laisse retomber avec le bruit intermittent d’un excavateur. Car si, comme on l’a écrit, la lampe nocturne de Flaubert faisait aux mariniers l’effet d’un phare, on peut dire aussi que les phrases lancées par son “gueuloir” avaient le rythme régulier de ces machines qui servent à faire les déblais.
Heureux ceux qui sentent ce rythme obsesseur ; mais ceux qui ne peuvent s’en débarrasser, qui, quelque sujet qu’ils traitent, soumis aux coupes du maître, font invariablement “du Flaubert”, ressemblent à ces malheureux des légendes allemandes qui sont condamnés à vivre pour toujours attachés au battant d’une cloche. Aussi, pour ce qui concerne l’intoxication Flaubertienne, je ne saurais trop recommander aux écrivains la vertu purgative, exorcisante, du pastiche. Quand on vient de finir un livre, non seulement on voudrait continuer à vivre avec ses personnages, avec Madame de Beauséant, avec Frédéric Moreau, mais encore notre voix intérieure qui a été disciplinée pendant toute la durée de la lecture à suivre le rythme d’un Balzac, d’un Flaubert, voudrait continuer à parler comme eux. Il faut la laisser faire un moment, laisser la pédale prolonger le son, c’est-à-dire faire un pastiche volontaire, pour pouvoir après cela, redevenir original, ne pas faire toute sa vie du pastiche involontaire.
Le pastiche volontaire c’est de façon toute spontanée qu’on le fait ; on pense bien que quand j’ai écrit jadis un pastiche, détestable d’ailleurs, de Flaubert, je ne m’étais pas demandé si le chant que j’entendais en moi tenait à la répétition des imparfaits ou des participes présents. Sans cela je n’aurais jamais pu le transcrire. C’est un travail inverse que j’ai accompli aujourd’hui en cherchant à noter à la hâte ces quelques particularités du style de Flaubert. Notre esprit n’est jamais satisfait s’il n’a pu donner une claire analyse de ce qu’il avait d’abord inconsciemment produit, ou une recréation vivante de ce qu’il avait d’abord patiemment analysé. Je ne me lasserais pas de faire remarquer les mérites, aujourd’hui si contestés de Flaubert.
L’un de ceux qui me touchent le plus parce que j’y retrouve l’aboutissement des modestes recherches que j’ai faites, est qu’il sait donner avec maîtrise l’impression du Temps. À mon avis la chose la plus belle de l’Éducation Sentimentale, ce n’est pas une phrase, mais un blanc. Flaubert vient de décrire, de rapporter pendant de longues pages, les actions les plus menues de Frédéric Moreau. Frédéric voit un agent marcher avec son épée sur un insurgé qui tombe mort. “Et Frédéric, béant, reconnut Sénécal !” Ici un “blanc”, un énorme “blanc” et, sans l’ombre d’une transition, soudain la mesure du temps devenant au lieu de quarts d’heure, des années, des décades (je reprends les derniers mots que j’ai cités pour montrer cet extraordinaire changement de vitesse, sans préparation) :
“Et Frédéric, béant, reconnut Sénécal.
Il voyagea. Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, etc. Il revint.
Il fréquenta le monde, etc.
Vers la fin de l’année 1867, etc.”
Sans doute, dans Balzac, nous avons bien souvent : “En 1817 les Séchard étaient, etc.”. Mais chez lui ces changements de temps ont un caractère actif ou documentaire. Flaubert le premier, les débarrasse du parasitisme des anecdotes et des scories de l’histoire. Le premier, il les met en musique.
Si j’écris tout cela pour la défense (au sens où Joachim du Bellay l’entend) de Flaubert, que je n’aime pas beaucoup, si je me sens si privé de ne pas écrire sur bien d’autres que je préfère, c’est que j’ai l’impression que nous ne savons plus lire[3]. M. Daniel Halévy a écrit dernièrement dans les Débats un très bel article sur le centenaire de Sainte-Beuve. Mais, à mon avis bien mal inspiré ce jour-là, n’a-t-il pas eu l’idée de citer Sainte-Beuve comme un des grands guides que nous avons perdus. (N’ayant ni livres, ni journaux sous la main au moment où j’improvise en “dernière heure” mon étude, je ne réponds pas de l’expression exacte qu’a employée Halévy, mais c’était le sens.) Or je me suis permis plus qu’aucun de véritables débauches avec la délicieuse mauvaise musique qu’est le langage parlé, perlé, de Sainte-Beuve, mais quelqu’un a-t-il jamais manqué autant que lui à son office de guide ?
La plus grande partie de ses Lundis sont consacrés à des auteurs de quatrième ordre, et quand il a à parler d’un de tout premier, d’un Flaubert ou d’un Baudelaire, il rachète immédiatement les brefs éloges qu’il leur accorde en laissant entendre qu’il s’agit d’un article de complaisance, l’auteur étant de ses amis personnels. C’est uniquement comme d’amis personnels qu’il parle des Goncourt, qu’on peut goûter plus ou moins, mais qui sont en tous cas infiniment supérieurs aux objets habituels de l’admiration de Sainte-Beuve. Gérard de Nerval qui est assurément un des trois ou quatre plus grands écrivains du xixe siècle, est dédaigneusement traité de gentil Nerval, à propos d’une traduction de Goethe. Mais qu’il ait écrit des œuvres personnelles semble avoir échappé à Sainte-Beuve.
Quant à Stendhal romancier, au Stendhal de La Chartreuse, notre “guide” en sourit et il voit là les funestes effets d’une espèce d’entreprise (vouée à l’insuccès) pour ériger Stendhal en romancier, à peu près comme la célébrité de certains peintres semble due à une spéculation de marchands de tableaux. Il est vrai que Balzac, du vivant même de Stendhal, avait salué son génie, mais c’était moyennant une rémunération. Encore l’auteur lui-même trouva-t-il (selon Sainte-Beuve, interprète inexact d’une lettre que ce n’est pas le lieu de commenter ici) qu’il en avait plus que pour son argent. Bref, je me chargerais, si je n’avais pas des choses moins importantes à faire, de “brosser”, comme eût dit M. Cuvillier Fleury, d’après Sainte-Beuve, un “Tableau de la Littérature Française au xixe siècle” à une certaine échelle, et où pas un grand nom ne figurerait, où seraient promus grands écrivains des gens dont tout le monde a oublié qu’ils écrivirent. Sans doute, il est permis de se tromper et la valeur objective de nos jugements artistiques n’a pas grande importance.
Flaubert a cruellement méconnu Stendhal, qui lui-même trouvait affreuses les plus belles églises romanes et se moquait de Balzac. Mais l’erreur est plus grave chez Sainte-Beuve, parce qu’il ne cesse de répéter qu’il est facile de porter un jugement juste sur Virgile ou La Bruyère, sur des auteurs depuis longtemps reconnus et classés, mais que le difficile, la fonction propre du critique, ce qui lui vaut vraiment son nom de critique, c’est de mettre à leur rang les auteurs contemporains. Lui-même, il faut l’avouer, ne l’a jamais fait une seule fois et c’est ce qui suffit pour qu’on lui refuse le titre de guide. Peut-être le même article de M. Halévy — article remarquable d’ailleurs — me permettrait-il, si je l’avais sous les yeux, de montrer que ce n’est pas seulement la prose que nous ne savons plus lire, mais les vers. L’auteur retient deux vers de Sainte-Beuve. L’un est plutôt un vers de M. André Rivoire que de Sainte-Beuve. Le second :
Sorrente m’a rendu mon doux rêve infini
est affreux si on le grasseye et ridicule si on roule les r. En général, la répétition voulue d’une voyelle ou d’une consonne peut donner de grands effets (Racine : Iphigénie, Phèdre). Il y a une labiale qui répétée six fois dans un vers de Hugo donne cette impression de légèreté aérienne que le poète veut produire :
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.
Hugo, lui, a su se servir même de la répétition des r qui est au contraire peu harmonieuse en français. Il s’en est servi avec bonheur, mais dans des conditions assez différentes. En tous cas, et quoi qu’il en soit des vers, nous ne savons plus lire la prose ; dans l’article sur le style de Flaubert, M. Thibaudet, lecteur si docte et si avisé, cite une phrase de Chateaubriand. Il n’avait que l’embarras du choix. Combien sont nombreuses celles sur quoi il y a à s’extasier ! M. Thibaudet (voulant, il est vrai, montrer que l’usage de l’anacoluthe allège le style) cite une phrase du moins beau Chateaubriand, du Chateaubriand rien qu’éloquent, et sur le peu d’intérêt de laquelle mon distingué confrère aurait pu être averti par le plaisir même que M. Guizot avait à la déclamer. En règle générale, tout ce qui dans Chateaubriand continue ou présage l’éloquence politique du xviiime et du xixme siècle n’est pas du vrai Chateaubriand. Et nous devons mettre quelque scrupule, quelque conscience, dans notre appréciation des diverses œuvres d’un grand écrivain. Quand Musset, année par année, branche par branche, se hausse jusqu’aux Nuits, et Molière jusqu’au Misanthrope, n’y a-t-il pas quelque cruauté à préférer aux premières :
À Saint Biaise, à la Zuecca
Nous étions, nous étions bien aise,
au second les Fourberies de Scapin ? D’ailleurs nous n’avons qu’à lire les maîtres, Flaubert comme les autres, avec plus de simplicité. Nous serons étonnés de voir comme ils sont toujours vivants, près de nous, nous offrant mille exemples réussis de l’effort que nous avons nous-mêmes manqué. Flaubert choisit Me Senard pour le défendre, il aurait pu invoquer le témoignage éclatant et désintéressé de tous les grands morts. Je puis, pour finir, citer de cette survie protectrice des grands écrivains un exemple qui m’est tout personnel. Dans Du côté de chez Swann, certaines personnes, mêmes très lettrées, méconnaissant la composition rigoureuse bien que voilée, (et peut-être plus difficilement discernable parce qu’elle était à large ouverture de compas et que le morceau symétrique d’un premier morceau, la cause et l’effet, se trouvaient à un grand intervalle l’un de l’autre) crurent que mon roman était une sorte de recueil de souvenirs, s’enchaînant selon les lois fortuites de l’association des idées. Elles citèrent à l’appui de cette contre-vérité, des pages où quelques miettes de “madeleine”, trempées dans une infusion, me rappellent (ou du moins rappellent au narrateur qui dit “je” et qui n’est pas toujours moi) tout un temps de ma vie, oublié dans la première partie de l’ouvrage.
Or, sans parler en ce moment de la valeur que je trouve à ces ressouvenirs inconscients sur lequels j’asseois, dans le dernier volume — non encore publié — de mon œuvre, toute ma théorie de l’art, et pour m’en tenir au point de vue de la composition, j’avais simplement pour passer d’un plan à un autre plan, usé non d’un fait, mais de ce que j’avais trouvé plus pur, plus précieux comme jointure, un phénomène de mémoire. Ouvrez les Mémoires d’Outre-Tombe ou les Filles du Feu de Gérard de Nerval. Vous verrez que les deux grands écrivains qu’on se plaît — le second surtout — à appauvrir et à dessécher par une interprétation purement formelle, connurent parfaitement ce procédé de brusque transition. Quand Chateaubriand est — si je me souviens bien — à Montboissier, il entend tout à coup chanter une grive. Et ce chant qu’il écoutait si souvent dans sa jeunesse, le fait tout aussitôt revenir à Combourg, l’incite à changer, et à faire changer le lecteur avec lui, de temps et de province. De même la première partie de Sylvie se passe devant une scène et décrit l’amour de Gérard de Nerval pour une comédienne. Tout à coup ses yeux tombent sur une annonce : “Demain les archers de Loisy, etc.” Ces mots évoquent un souvenir, ou plutôt deux amours d’enfance : aussitôt le lieu de la nouvelle est déplacé.
Ce phénomène de mémoire a servi de transition à Nerval, à ce grand génie dont presque toutes les œuvres pourraient avoir pour titre celui que j’avais donné d’abord à une des miennes : Les Intermittences du Cœur. Elles avaient un autre caractère chez lui, dira-t-on, dû surtout au fait qu’il était fou. Mais, du point de vue de la critique littéraire, on ne peut proprement appeler folie un état qui laisse subsister la perception juste (bien plus qui aiguise et aiguille le sens de la découverte) des rapports les plus importants entre les images, entre les idées. Cette folie n’est presque que le moment où les habituelles rêveries de Gérard de Nerval deviennent ineffables. Sa folie est alors comme un prolongement de son œuvre ; il s’en évade bientôt pour recommencer à écrire. Et la folie, aboutissant de l’œuvre précédente, devient point de départ et matière même de l’œuvre qui suit. Le poète n’a pas plus honte de l’accès terminé que nous ne rougissons chaque jour d’avoir dormi, que peut-être, un jour, nous ne serons confus d’avoir passé un instant par la mort. Et il s’essaye à classer et à décrire des rêves alternés. Nous voilà bien loin du style de Madame Bovary et de l’Éducation Sentimentale. En raison de la hâte avec laquelle j’écris ces pages, le lecteur excusera les fautes du mien ».
Marcel Proust
in La Nouvelle Revue Française No 76, 1er janvier 1920 (repris dans le recueil Pastiches et mélanges), publié en réponse à un article dans la même revue d’Albert Thibaudet (lire ici le dossier de leur échange)
- ↑ Je sais bien que Descartes avait commencé avec son “bon sens” qui n’est pas autre chose que les principes rationnels. On apprenait cela autrefois en classe. Comment M. Reinach qui, différent au moins en cela des Émigrés, a tout appris et n’a rien oublié, ne le sait-il pas et peut-il croire que Descartes a fait preuve d’une “ironie délicieuse”, en disant que le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. Cela signifie dans Descartes que l’homme le plus bête use malgré soi du principe de causalité, etc. Mais le XVIIme siècle français avait une manière très simple de dire les choses profondes. Quand j’essaye dans mes romans de me mettre à son école, des philosophes me reprochent d’employer dans le sens courant le mot intelligence, etc.
- ↑ L’Éducation Sentimentale à laquelle, de par la volonté de Flaubert certainement, on pourrait souvent appliquer cette phrase de la quatrième page du livre lui-même : “Et l’ennui vaguement répandu semblait rendre l’aspect des personnages plus insignifiant encore.”
- ↑ Les exceptions se rencontrent quelquefois dans de grands livres systématiques, où on n’attendait pas de critique littéraire. Une nouvelle critique littéraire découle de l’Heredo et du Monde des Images, ces livres admirables et si grands de conséquence de M. Léon Daudet, comme une nouvelle physique, une nouvelle médecine, de la philosophie cartésienne. Sans doute les vues profondes de M. Léon Daudet sur Molière, sur Hugo, sur Baudelaire, etc. sont plus belles encore si on les rattache par les lois de la gravitation à ces sphères que sont les Images, mais en elles-mêmes et détachées du système elles prouvent la vivacité et la profondeur du goût littéraire.
(« Victor Prouvé, reliure de Salammbô, 1893, Nancy, Musée de l’École de Nancy ; « Marcel Proust », « Flaubert », Sainte-Beuve », « Balzac », « Stendhal », « Gérard de Nerval » photos Nadar et D.R.)
935 Réponses pour À propos du « style » de Flaubert
Flaubert par Proust !
L’ogre par le lutin.
Merveilleux!
j’ai pas voulu poser la question sur l’article précédent pour ne pas passer pour un idio, mais est-ce que c’était un jeu de mot « voeux à volonté » pour « feu à volonté » ?
« il n’y a peut-être pas dans tout Flaubert une seule belle métaphore. »
quand c’est moi qui l’ai dit sur ce blog je me suis fait allumer, limite lyncher et quand c’est Proust tout le monde applaudit.
allez comprendre…
« Ce n’est pas que j’aime entre tous les livres de Flaubert, ni même le style de Flaubert. »
à défaut d’avoir été un grand écrivain, Proust aura au moins été un excellent lecteur…
« sans doute c’est un peu trop bien pour une conversation entre Frédéric et Mme Arnoux. Mais, Flaubert, si au lieu de ses personnages c’était lui qui avait parlé, n’aurait pas trouvé beaucoup mieux. »
à la différence de Flaubert, Proust, lui au moins, avait de l’humour.
« Il n’y a là-dedans rien de mauvais, aucune chose disparate, choquante ou ridicule comme dans une description de Balzac ou de Renan ; seulement il semble que même sans le secours de Flaubert, un simple Frédéric Moreau aurait presque pu trouver cela. »
2020 démarre sur d’excellents auspices.
que cette année soit celle où l’on finisse enfin par sortir toutes les vérités sur Flaubert !
« Ce qui étonne seulement chez un tel maître c’est la médiocrité de sa correspondance. »
génial !!!!!!!
Quelquefois vos paroles me reviennent comme un écho lointain, comme le son d’une cloche apporté par le vent.
Dear Marcel, c’est surtout hilarant
« Ce qui étonne seulement chez un tel maître c’est la médiocrité de sa correspondance. »
Cet article a généré un échange de lettres entre Proust et le grand spécialiste de Flaubert de l’époque – son nom m’échappe-, ce dernier expliquant à Proust que ce qui est médiocre, ce n’est pas la Correspondance de Flaubert mais le choix des lettres publiées.
Tout le monde sait ça sauf ce crétin de Hamlet qui n’en rate pas une.
Le grand spécialiste de Flaubert est évidemment Albert Thibaudet.
Dans Les 400 coups de Truffaut, Antoine fait un deal avec sa mère. Fainéant, distrait, agité, il ne fait rien à l’école. Sa réputation, mauvaise est actée par le maître.
Sa mère lui dit » je te donnerai 1000 francs, si à la prochaine rédaction tu es dans les cinq premiers ». Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Passionné par sa lecture, dans un des tomes de la Comédie humaine (?), il retient le « Eurêka, j’ai trouvé », construit un autel à la gloire de Balzac, manque de faire brûler la maison, et arrive le jour fatidique.
Le maître -ce parfait abruti- incapable de déceler en ce petit agité la graine du talentueux cinéaste qu’il deviendra ensuite, le morigène (Eugène, orogénèse) publiquement à cause du « Eurêka j’ai trouvé », et lui colle un zéro.
C’était l’antique méthode, débilitante, las.
Cela partira en vrille, pour la plus grabde satisfaction du spectateur complice que nous fûmes.
Pensionnat & tout le tintouin, la mère dépassée, le beau-père pire, et cocu, le surveillant d’internat violemment qui le gifle et le copain magnifique, avec le cheval Belléforon (?) empaillé au pied du lit, ses parents riches et totalement allumés lui laissant moins d’espace de liberté que ceux d’Antoine, in fine.
C’est par et pour Balzac, par l’injustice vécue- les petits enfants sont extrêmement sensibles à l’injustice, que Truffaut est devenu cinéaste.
HUMOUR TEUTON
Nos voisins germains nous feront toujours bien plus rire (entre deux guerres) que Tatave Flaubert ou Marcelito Proutprout ! Pour exemple, ce qui se passe à Hambourg, en ce 2 janvier 2020…
« Bruno D., petit auxiliaire de mort dans le camp nazi du Stutthof, est jugé dans un procès à Hambourg pour sa participation à la Shoah. Ancien garde du camp d’extermination où périrent 50.000 personnes en Pologne, montre les limites d’une justice tardive qui s’intéresse aux seconds couteaux de la Shoah trois quarts de siècle après leurs crimes. » (Figaro)
Il avait alors 17 ans…. il en à 92 aujourd’hui, rouillé dans son fauteuil roulant !
On attend le verdict des clowns.
Si ce n’est pas une preuve de l’humour longue durée de la magistrature d’outre-Rhin, ça !…
Bonne année !
STYLE
Il me semble que, question style, celui de Carlos Gone est magnifique en ce début d’année. Sois le bienvenu parmi nous, Carlos ! …
ACTUALITE
Il est dommage que l’actualité entropique de la vie réelle vienne perturber l’actualité la plus importante en ce 2 janvier 2020, un texte admirablement centenaire traitant de la « lourdeur des verbes » de « la beauté grammaticale » ou de « l’usage de l’imparfait » chez Tatave ou autres.
J’enrage que l’on ne distingue plus, en ce monde actuel, le grand du petit, le noble de l’insignifiant, le vivant du mort … !
Enrager, c’est pas terrible pour le za-zen.
Une verveine le matin, c’est pas mieux.
Bonjour JC,
Rose,
Avez vous pris de bonnes décisions, pour l’an nouveau, que vous ne tiendrez pas, comme il se doit ? Moi, c’est fait ….
Toute cette deuxième page de l’Éducation (page grise
ne serait-ce pas « Prise » « au hasard »?
Pur le fan club d’Elena Ferrante :
https://www.theparisreview.org/interviews/6370/elena-ferrante-art-of-fiction-no-228-elena-ferrante
Thibaudet , critique litteraire, sur l’oeuvre de Flaubert :
https://fr.m.wikisource.org/wiki/Gustave_Flaubert_(Thibaudet)/Le_style_de_Flaubert
JiCé
Je ne sacrifie pas à ce rite, ceci depuis nombre d’années, et, lorsque je orends une bonne décision, ce qui peut, incidemment, m’arriver, je m’y tiens.
Et vous ?
Je ne prends que de mauvaises décisions, Rose, c’est plus facile à tenir ….
JiCé
Vous ai lu.
Balzac aussi, en ses débuts tâtonna, vers le tragique, tout ce fourbi, puis, à force le métier se remettre à l’ouvrage, son style est, le sien propre.
Quelquefois vos paroles me reviennent comme un écho lointain, comme le son d’une cloche apporté par le vent.
L’outil de liaison « comme », semblable à, tel, pareil à, etc. classe cette proposition en comparaison. Dans la métaphore, il y a suppression de l’outil grammatical d’articulation.
Le soleil noir de la mélancolie est une métaphore.
En complément de lecture,
Jacques Neefs, Professeur émérite Professeur émérite Paris VIII, sur Flaubert, Borges et Queneau
« Ces singularités grammaticales traduisant en effet une vision nouvelle, que d’application ne fallait-il pas pour bien fixer cette vision pour la faire passer de l’inconscient dans le conscient, pour l’incorporer enfin aux diverses parties du discours ! »
Partant du style de Flaubert, Proust n’aboutit-il pas au sien propre ?
Intéressant de voir comment Marcel procède généralement. Ici, à partir de 6 feuillets, il en arrive à 60 ! A force d’ajouts et de réflexions. On pourrait dire en somme qu’il pratique l’écriture de l’artichaut. Depuis le coeur, qu’il entoure des feuilles les plus tendres jusqu’aux feuilles les plus épaisses et les plus protectrices. Ainsi qu’il le fait dans son roman avec ses fameuses paperolles.
Parfois, le « copinage » a du bon : Proust adoube Léon Daudet, meilleur critique que Thibaudet et Sainte Beuve. Le même Léon Daudet qui, l’année précédente, lui a fait obtenir le prix Goncourt…
Certaines personnes (…) crurent que mon roman était une sorte de recueil de souvenirs, s’enchaînant selon les lois fortuites de l’association des idées. »
What else ?
JC arrête donc de faire le zouave ! sinon tu vas encore te faire lourder ! ici c’est un blog sérieux, alors essaie donc d’être sérieux au moins deux minutes !
Comment peut on perdre son temps à lire Marcelito Proutprout !? Un encule.ur de mouches mortes comme on en fait peu ! Cela reste pour un homme normal, un mystère inexplicable…
Hamlet, mon frère, je te souhaite de bonnes lectures ! Sur le sujet :on peut être zouave et lire Marcelito ! Hélas, je ne suis pas zouave.
JiCé, Proust est le plus intelligent écrivain français. Une intelligence impressionnante, qui vient doubler une sensibilité hors pair ! Tu devrais pouvoir y arriver (à le lire) ! Prends exemple sur JJJ, qui a soixante ans passés s’y est enfin mis, avec plaisir et profit…
« Je ne me lasserais pas de faire remarquer les mérites, aujourd’hui si contestés de Flaubert.
L’un de ceux qui me touchent le plus parce que j’y retrouve l’aboutissement des modestes recherches que j’ai faites, est qu’il sait donner avec maîtrise l’impression du Temps. »
Proust passe aux aveux !
les propos de Thibaudet passionnants, la critique de l’époque c’était sacrément perché, ça nou chnge avec celle d’aujourd’hui.
le tout début et la toute fin de son texte :
« Flaubert ou le style, ou la religion du style. Religion qui a eu chez lui son élément de terreur et de fanatisme, et pour laquelle certains peuvent croire que l’heure de Voltaire est venue. »
pour finir par une interrogation :
« Mais une nation, c’est ce qui ne saurait tenir dans une formule unique, ni comporter un seul point de perfection ; il faut aimer la littérature française dans ses incompatibilités, pour l’aimer dans sa richesse et dans sa vie. »
cette conclusion questionne tout en répondant à cette question : la richesse (beauté ?) ne peut comporter qu’un seul point de perfection.
dans ce cas (qu’elle ne comporte qu’un seul point de perfection comme le style chez Flaubert) on se doit de l’additionner avec d’autres points de perfection présents chez d’autres auteurs pour que celui puisse constituer une richesse.
cette conclusion (constat d’échec) relativise tout ce qui précède, c’est le signe d’un esprit critique puissant et lucide, dans la mesure où il ne cède pas à une religiosité qui l’empêcherait d’admettre, malgré toute son admiration pour l’auteur, que l’élément de perfection dans lequel il excelle ne se suffit pas à lui seul, à savoir que le style permet d’organiser les idées, mais ne permet pas de faire naitre une pensée : la pensée est antérieure au style et les idées n’en sont que l’aboutissement.
sur ce point Flaubert et Proust se rejoignent, ils n’écrivent que ce qu’ils voient et perçoivent, cela fait d’eux des auteurs intelligents, riches en idées et en organisation de ces idées, mais pauvre en pensée créative et conceptuelle.
la littérature russe et allemande (parfois américaine) nous donnent l’exact contre exemple : le style est second et la pensée est première.
si dans cette perspective on place côte à côte un Flaubert, un Proust, un Mann et un Dostoïevski, on se rend compte que l’intelligence et l’excellence du style ne parvient jamais à combler la pauvreté de pensée, sans doute Thibaudet en avait-il l’intuition.
ceci est très facilement perceptible chez Flaubert : dès qu’il tente de confronter à des concepts ou des pensées il sombre toujours dans la facilité et la caricature, idem chez Proust.
cela entre dans les caractéristiques définissant l’esprit français : perfection, élégance, raffinement, précision etc… le tout couronné par une extrême légèreté.
on le retrouve dans tous les arts : la peinture, la musique etc…
après certains peuvent aimer ça, et d’autres pas.
qui est cet hamlet qui trouve tous les jours la force d’écrire des stupidités ? même moi je n’y arrive pas
Le plus étonnant est que Proust fasse si peu de cas de la Correspondance de Flaubert !
Correspondance tout aussi passionnante et « libérée » de tout effort de style, où, justement, nous retrouvons, sous forme de confidences, les réflexions sur l’art littéraire de Flaubert.
Ce dernier, prenant bien soin de séparer les deux : d’un côté, les romans et nouvelles, et de l’autre la théorie, le travail, la recherche réflexive, l’intelligence en oeuvre, en deux parties distinctes et complémentaires tout aussi passionnantes.
Là, où Marcel Proust mélange, mixte, les deux dans La Recherche…
Mais que dire du style de Proust ?
http://www.academie-francaise.fr/marcel-proust-le-genie-litteraire-du-xxe-siecle
« Quelle était donc la nouveauté si extraordinaire de l’œuvre proustienne en ce début de notre XXe siècle pour qu’elle soulevât à la fois tant d’enthousiasme chez les meilleurs lecteurs et tant de refus chez le plus grand nombre ? »
JiBé,
Si un auteur me fait chier, je passe à autre chose. Ce que tu appelles intelligence chez Proutprout n’en est pas pour moi; ce que tu appelles sensibilité génère de l’ennui pour moi : c’est de la branlettes pour branleurs !… Aucune raison d’insister : tu peux comprendre ça, non ?
2 janvier 2020 à 13 h 45 min
« Séjour dans les monts Fuchun » de Gu Xiaogang.
Premier film et premier volet d’une trilogie à venir de ce jeune cinéaste chinois de 31 ans particulièrement prometteur.
Natif du sud de la Chine, celui-ci est revenu à Fuyang, sa ville natale et balnéaire située sur la rivière Yangtsé, pour y tourner durant deux ans et quatre saisons un film choral orchestré autour de quatre frères et de leur vieille mère.
Le résultat est magistral, qui oppose la Chine éternelle à la Chine contemporaine, en pleine mutation économique et sociale.
Beauté du cadre et des cadrages, où les personnages voient leurs vielles demeures inexorablement démolies et laisser la place nette aux reconstructions modernes.
Comment s’adapter aux nouvelles conditions de vie tout en maintenant les repères familiaux et les notions de solidarité traditionnels quand ceux-ci volent de toute part en éclats ?
Heureusement que l’on a pas encore songé à déplacer les monts Fuchun, se dit le spectateur enchanté par les paysages qui lui sont donnés à découvrir, mais inquiet sur le devenir des hommes et des femmes qui s’y débattent, tels des poissons sortis hors de l’eau…
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19585919&cfilm=273659.html
« c’est de la branlettes pour branleurs ! »
Mais nous ne demandons qu’à t’accueillir dans notre club de bien branlés, JiCé : cela est pour nous une grande pitié que de te voir frustré dans ton coin !
« Enfin, pour peu que nous soyons heureux et fiers d’être français, notre joie est grande de penser que notre pays a fait au monde entier, et pour longtemps, cet inestimable cadeau : l’œuvre géniale de Marcel Proust. » (Jean Louis CURTIS)
…on ne rit pas !….
JiBé,
Tu inverses les situations ! C’est moi qui plaint les frustrés se raccrochant à Marcelito comme les adeptes naïfs d’un gourou inepte et bancal…
« Tu inverses les situations ! »
Parce que nous on t’aime, on te veut du bien, et toi pas, JiCé !
Scarlatti, K141, Argerich :
Proust critiquant Flaubert.
La jeune tapette persiflant le vieux célibataire.
Bonne année la RDL. (Je lirai l’article plus tard. Une fois n’est pas coutume, il m’intéresse.)
bonne année à vous et à la RDL, Assouline. vous avez le moral. dans le ‘contexte’,il vaut mieux.
Pas bête, la trêve du ‘style de Flaubert’ au milieu du matraquage antipédo. Ce matin sur France cul. dès le réveil, tsunami sur les réseaux, radio, tablettes,partout !!
Libé ressort la pétition de 77. faudrait demander à bouguereau sur la RDC ce qu’il en pense ? Tison ETC ne plaident pas dans le sens libéral. La fille de 5 ans, jambes ouvertes à côté du lit où ça baise,qu’on soit parent ou pas un truc coince. Pas de quoi pleurer dans le retour du bâton.chalandon tente la passe de la patate brûlante aux coéquipiers.
Pivot a évité de justesse le discrédit en démissionnant. Bombardier passe en boucle le web. les vieux singes auront beau faire la grimace, le gerbant ne se dissipera pas comme ça;
Beigbeder n’en est pas à une idiotie près. Après la chronique bourrée qu’il a essaye de faire avaler en putsch surréaliste,il soutient matzneff, ‘paske il fo s’interroger sur le consentement’.
Haaaa, ils sont vernis au Renaudodo. défenseur de la liberté. Sade, sollers, il les a TOUSSE lus aux toilettes à la prépuberté. Quand après on rigole jaune en prépa, pas facile de défendre la littérature française contemporaine d’un mépris fatigué.
@dubruel.
On n y echappe pas. Commente aux infos. Ou qu on aille parmi le monde des lecteurs, cela alimente les conversations. j.M Bouguereau n a pas reparu sur la RDC depuis mi decembre. ALR non plus.(vacances scolaires ?)
Frederic Beigbeider a soutenu g.Matzneff.
quelle reference !je ne lirai pas le livre de V.springora, pas plus que je n ai lu celui de F.Flamand abusee par D.Hamilton. Toutefois AUCUNE solidarite envers les predateurs.
Pour operer une bonne transition : mon mari m a offert des livres d Annelise Roux pour noel.Le sujet du tourisme sexuel est aborde dans l un d eux sur le bresil. Impressionnante facon de le prendre sans pincettes. Un espece de cynisme glacant domine le recit. Du moins ce qu il semble au debut. La langue magnifique s apparente a une psalmodie enfantine, douloureuse sous la legerete. Petites filles et petits-garcons vendus pour un coca-cola . ils s intoxiquent a la colle. pruderie &complaisance sont absentes. Poetique et cinglant, il ne menage pas d issue. On en ressort secoue. J ai pense au film de B.bertolucci, la sequence traumatisante de D.Sutherland fracassant un enfant sur le mur lors d une ronde.le livre date de DEUX MILLE TROIS. quelle avance.puissant.
Quel délice que ce lien à ouvrir (en fin de billet) permettant de plonger dans l’univers des reliures des romans de Flaubert.
Ainsi pour celle, magnifique, chapeautant le billet, je lis :
« La première reliure artistique des romans de Flaubert concerne Salammbô et fut réalisée en 1893 par Victor Prouvé. Peintre et décorateur de l’École de Nancy et véritable rénovateur de cet art, il s’était déjà essayé plusieurs fois au personnage de Salammbô en réalisant en 1881 et en 1884 deux huiles sur toile et en 1889 un bas‑relief. […]
Le décor, constitué d’un seul bloc, est une mosaïque de cuirs incisés et dorés, avec des traits de pyrogravure. Le lien entre les deux pans de la reliure est assuré par le voile sacré qui recouvre les trois quarts de l’œuvre, en enveloppant symboliquement le texte flaubertien, comme le zaïmph lui-même le fait dans le roman. Au centre, sur le dos, en transparence, la figure de la déesse Tanit, droite comme une statuette sur un piédestal, complètement couverte de son voile, dont les plis s’élargissent vers le bas sur les deux pans de la reliure. De ces plis se détachent, comme des luminescences, des figures de la mythologie phénicienne: le symbole divin de Tanit, des poissons, des étoiles et des serpents. En bas sur le pan de gauche, toujours à l’intérieur du zaïmph, une scène d’accouplement sacré, celle d’un lion (symbole de la force obscure et inconnue) et d’une femme. Hors du voile surgit la séduisante et érotique Salammbô, représentée selon le goût artistique dominant3, mais dans une posture très dynamique, comme si elle affleurait de l’intérieur du livre, entourée d’un serpent, au symbolisme notamment ambivalent, que l’on est autorisé, dans ce contexte, à interpréter comme un véritable totem qui protège l’héroïne de la force agressive du dieu soleil, celui-ci occupant l’autre pan de la couverture, représenté sous la forme d’un dieu-bélier au caractère bipolaire, fécondateur et destructeur en même temps. […]
Mais la force de cette reliure – outre qu’elle se présente comme un mini-récit avec une valeur évocatrice du texte – a bien d’autres mérites. Sa force, en fait, réside surtout dans sa conception même, puisqu’elle entre en complète résonance, tant au niveau sémantique qu’au niveau plus strictement figuratif, avec la matière même dont se tisse le roman. »
Bruna Donatelli (http://www.item.ens.fr/donatelli/) continue son exploration et passe à d’autres reliures avec toujours autant d’érudition pour des éditions illustrées ou non de romans de Flaubert à travers le temps.
Cela me rappelle une visite dans la nef du Grand Palais au Salon International du Livre Ancien, de l’Estampe et du Dessin, au printemps 2014. Fabuleux voyage dans le temps entre manuscrits précieux, livres rares aux reliures somptueuses, cartes anciennes, estampes, dessins, lettres d’écrivains, bibles enluminées.
C’était sur un conseil de M.Court.
J’ai trouvé plus d’intérêt à lire « Des vitrines sur le roman : les couvertures de Madame Bovary et Salammbô » de Bruna Donatelli que cette critique vaniteuse de Proust concernant les métaphores de Flaubert. J’aime l’écriture de Flaubert et celle de Proust mais n’est pas critique littéraire qui veut !
JE crois, Christiane qu’il faut se méfier ne la « psychologie » systématique:n’est pas PROUST, ni FLAUBERT,qui veut;ce dernier a dû apprécier l’interprétation(dans le lien Thibaudet): ». Un bon spécimen en est précisément Maxime Du Camp, qui attribue tout simplement le purisme et les scrupules de style de Flaubert à sa maladie nerveuse. Ainsi, il ne manque pas de médecins matérialistes pour décrire comme des maladies mentales toutes les formes de la vie religieuse.
d’autant qu’il ne cherche pas à cacher ses troubles
« respiratoires », d’oppression etc.
excuses , voilà la citation que je ne retrouvais pas;je suis très fatiguée:
On peut rester indéfiniment sous cette cloche89 qui progresse et ne s’ouvre pas, à moins qu’on n’étouffe et qu’on ne se sauve. J’ai pris autrefois des bai[ns] sous une cloche analogue des “ bains d’air comprimé ” qui m’étaient odieux et m’ont rendu fort malades90. Dans la prose herméti non moins hermétiquement fermée de Flaubert91 je me trouve au contraire on ne peut plus à l’aise. De grands esprits de grands écrivains comme Léon Daudet92 y éprouvent au contraire l’étouffement que je ressentais dans mes bains d’air comprimé.
http://www.item.ens.fr/articles-en-ligne/defense-de-flaubert-1919-1922/
Bonjour Et Alii.
J’ai ri en lisant vos souvenirs d’enfance quant aux obligations d’écrire des cartes de vœux à la chaîne. Cela m’a rappelé bien des souvenirs… notamment, ma passion pour les petites cartes de vœux et de Noël, les « mignonnettes », présentant des villages enneigés dans la nuit ou sous le soleil, encadrés de roses et parsemées de poudre brillante, des enfants glissant sur un lac gelé avec leurs patins d’argent, des sapins et des biches, des bouquets de fleurs, de gui, de houx, des crèches, des cornes d’abondance…
C’était une coutume « obligatoire », une marque d’amitié, de tendresse et de respect. (Il fallait bien former ses lettres avec le porte-plume et l’encrier !)
Était-ce vide de sens ?
Le facteur les emportait, les distribuait, faisait lien (plus que les sms envoyés en tournante…)
Pour Flaubert, le Pierre-Marc de Biasi m’apporte le bonheur nécessaire. Les romans de Flaubert, ses lettres, j’aime aussi les relire. Dans le Pierre Michon Corps du roi le premier texte si beau « Corps de bois » réservé à Flaubert (pp.19 /46) m’émeut comme un crépuscule.
Il écrivit à Louise Colet le 24 avril 1852 : « J’en conçois pourtant un, moi, un style : un style qui serait beau, que quelqu’un fera à quelque jour, dans dix ans ou dans dix siècles, et qui serait rythmé comme le vers, précis comme le langage des sciences, et avec des ondulations, des ronflements de violoncelle, des aigrettes de feux ; un style qui vous entrerait dans l’idée comme un coup de stylet […] »
Flaubert et sa moustache de clown…
n’est pas critique littéraire qui veut !
Flaubert et sa moustache de clown…
Elle l’a dit, bouffique!
et alii c’est même sans oute pour cette raison que l’on trouve dans la Recherche un tas de noms avec phonétiques en « ère » : Bergotte, Guermantes, Pierre, Albertine, Manchester, Berma, Gilberte, Fierbois, Cambremer etc…
un moyen inconscient de trouver de l’air pour respirer.
d’où cette difficulté avec Flaubert bien sûr !
@une main … dit: « n’est pas critique littéraire qui veut ! « Flaubert et sa moustache de clown… »
Elle l’a dit, bouffique! »
Eh non, c’est Pierre Michon qui écrit ces mots, sortant de la salle des masques mortuaires du musée Carnavalet. Tous « ces masques sont jetés en vrac, empilés dans des caisses et des étagères ». Certains sont accrochés. Il reconnaît Flaubert et Nietzsche à leur moustache. A envie de les pulvériser, écrit ces mots.
Il préfère l’imaginer au bord de la Seine, heureux, dans le vent et les peupliers.
Il ajoute :
« J’aimerais pour ma part que s’il revenait, s’il dépliait devant moi les grosses moustaches, il me dise ce que disait sur le tard Lamartine : » […] » (suite page 44.)
« cette critique vaniteuse de Proust »
Moi je la trouve plutôt prodigieuse, cette critique, Christiane !
pourquoi le style n’est-il donc pas suffisant pour faire un grand livre, pais parfois une entrave ?
qu’est-ce qu’il manque donc à Mme Bovary pour que ce soit un grand livre ?
avant de le commencer Flaubert disait vouloir faire scandale, s’opposer à l’ordre moral de l’époque, il y a réussi : il a obtenu procès et censure.
sans doute qu’en écrivant Moby Dick, Anna Karénine, la Montagne, ou les Frères Karamazov leurs auteurs voulaient aussi jeter le trouble dans l’esprit des lecteurs, mais ils l’ont fait sans se préoccuper des bonnes moeurs et des lois du moment, Flaubert a juste oublié un truc : quel les ois et les moeurs évoluent avec le temps, et qu’un grand roman n’est jamais écrit pour les lecteurs de son époque.
Bovary de Flaubert c’est un peu l’équivalent de Lolita de Nabokov : une vue à court terme.
en notes dans le lien:
89 On rapprochera de ce passage de La Prisonnière : « On a beau vivre sous l’équivalent d’une cloche pneumatique, les associations d’idées, les souvenirs continuent à jouer » (III, 534).
manque de courage ? la peur de se confronter à la complexité de l’esprit et des problèmes humains ?
le seul moment où Flaubert ose s’y confronter c’est un coeur simple, alors pourquoi n’a-t-il pas fait la même chose dans Bovary, au lieu de tomber dans une enfilade de caricatures ?
caricatures que le style ne sauve pas, parce qu’il ne peut pas le sauver.
l’autre raison on la trouve dans ce texte de Proust : il ramène tout à lui, c’est incroyable même quand il lit un autre livre il le ramène à lui, Proust est incapable de s’oublier une demi seconde.
et c’est pour ça que Proust n’est pas Tchekhov ! parce que Tchekhov ne s’est jamais préoccupé de lui-même, lui il s’intéresse aux autres.
d’où cette sempiternelle référence à la question du style : le style est une affaire d’élection : on a ceux qui y sont sensibles et les autres.
le style est une histoire faire valoir du lecteur – dire « je suis sensible au style de Flaubert » est une chose qui est sensée non pas parlé de Flaubert mais parler du lecteur, le style est un miroir offert par l’écrivain pour que le lecteur puisse s’y admirer !
rien de plus.
au final la focalisation sur le seul style est aussi un bon moyen d’assassiner l’auteur.
les lecteurs de Moby Dick, de Karenine ou des Frères Karamazov ne mettront jamais en avant le style de l’auteur, ils trouvent d’autres sujets de conversation.
du coup le style est surtout un moyen d’éviter de parler de ce qu’il n’y a pas dans le livre, surtout quand il n’y a pas grand chose.
il me semble que ce débat doit avoir lieu, aujourd’hui, en France, il faut aborder cette question, parce que, le fond et la forme, c’est la source essentielle des problèmes qui se posent à nous, il suffit de relire le texte de passou sur l’ordre moral pour comprendre que ce n’est pas en balançant des mots qui font peur qu’on échappera aux problèmes qui nous guettent !
va falloir se décider à prendre le taureau par les cornes : le style dans ce pays est bien trop souvent le signe d’un manque de courage intellectuel !
Tchekhov était médecin !
mais à une comédienne qui espérait l’épouser, il dit qu’elle ne le valait pas
@Jazzi dit: « « cette critique vaniteuse de Proust » Moi je la trouve plutôt prodigieuse, cette critique ! »
Eh bien tant mieux pour toi, Jazzi. Moi j’ai eu bien du mal à la lire en entier tant je la trouve vaniteuse et ennuyeuse.
Bonne soirée.
« n’est pas critique littéraire qui veut ! «
Et Michon n’est pas Thibaudet?!
@hamlet dit: « l’autre raison on la trouve dans ce texte de Proust : il ramène tout à lui, c’est incroyable même quand il lit un autre livre il le ramène à lui, Proust est incapable de s’oublier une demi seconde. »
Exact. Il me fait penser à quelqu’un qui l’admire beaucoup….
@une main … dit: …
Vous êtes un peu sotte, l’anonyme, non ?
A saute Michon, oui!
voilà par exemple un article où l’on ne parle pas d’un retour de l’ordre moral :
Sorti de ma bibliothèque les œuvres de Clarice Lispector.
Benjamin Moser : « Clarice a posé des questions, et a aussi trouvé des réponses, sur les questions juives les plus typiques : la beauté et l’absurdité de vivre dans un monde où Dieu est mort et ceux qui, d’une manière un peu folle, sont déterminés à Le retrouver. »
https://blogfigures.blogspot.com/2019/01/clarice-lispector_24.html
« la pédophilie a toujours fait partie des moeurs des puissants »
Ouf, un vice que n’aurait pas les classes laborieuses, hamlet !
que n’auraient pas…
Ce qui m’a toujours frappé, ce sont les déclarations d’écrivains qui disent « détester Flaubert ». Etonnant. On se demande à quoi ce dégoût est dû. Récemment, un auteur a déclaré détester les écrits de Flaubert hormis « Bouvard et Pécuchet ». Pourquoi cette exception ? Il ne l’a pas expliqué…
légion d’honneur
. Ecrivain français parmi les plus connus et traduits à l’étranger, Michel Houellebecq, dont le livre «Sérotonine» sera le livre-événement de la rentrée littéraire de janvier, est nommé chevalier. Le poète et académicien René de Obaldia, 100 ans, est promu quant à lui commandeur.bonsoir
Trop vouloir mettre Proust en lumière c’est donner de la confiture à des cochons, comme le prouvent bien des commentaires de ce fil.
Une seule raison : Proust est un écrivain qui se transmet. Il faut qu’on vous ait mené à lui sinon vous n’y comprendrez rien. Comme le montre assez le petit livre inepte de la sous cheffe de bureau et fausse fermière.
« et alii dit: à
Tchekhov était médecin !
mais à une comédienne qui espérait l’épouser, il dit qu’elle ne le valait pas »
et vous en déduisez quoi ? que son amour pour les humains aurait dû le pousser à l’épouser ?
Tchekhov n’est jamais très sympa avec les femmes, mais avec les hommes non plus.
je dirais même plus : Tchekhov est par bien des aspects un très sale type.
mais on ne demande pas aux écrivains d’être des types biens, sauf aujourd’hui.
la différence avec Flaubert est que quand on le lit cet auteur ne prétend jamais se faire passer pour un type bien, meilleur que les autres.
Tchekhov est un sale type pas prétentieux alors que Flaubert est un sale type prétentieux et orgueilleux qui veut donner de lui une image qu’il n’a pas.
mais tout ça vous le voyez quand vous les lise.
Tchkhov a même écrit une version à lui de Mme Bovary, l’histoire d’une femme qui a marre de rester avec son mari médecin parce qu’lle le trouve sans intérêt, du coup elle court derrière les autre mecs.
la différence c’est que le mari meurt le premier, et à son enterrement sa veuve découvre que ce mari qu’elle pensait sans intérêt a sauvé des multitudes de vies, des efnants des vieux, et tout le monde le considère comme un héros, un sauveur.
là encore ça ne marche pas trop en faveur de la gente féminine et ça brosse les chaussures des toubibs comme lui.
vous avez lu cette nouvelle ? je me souviens plus du titre, elle est magnifique, mais par à cause du style.
les Clarisses, à Poligny
https://www.service-des-moniales.cef.fr/ordres-monastiques/clarisses/
sans faire de délit de faciès, ça c’est Tchekhov :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Anton_Tchekhov#/media/Fichier:AChekhov89.jpg
hamlet
non ; en général, n’aime pas trop les bouquins qui ne brossent pas un portrait élogieux de la gent féminine.
et ça c’est Flaubert :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Gustave_Flaubert#/media/Fichier:Flaubert-Giraud.jpg
Faire croire à des gens comme Clopine, Christiane, Hamlet et d’autres qu’ils sont intellectuellement capables d’aborder Proust, c’est du sadisme, de la dérision, c’est très vilain.
Hurkhurkhurk!
ça c’est Tchekhov avec Gorki :
https://www.larousse.fr/encyclopedie/images/Anton_Tchekhov_et_Maksim_Gorki/1003664
« Chaloux dit: à
Faire croire à des gens comme Clopine, Christiane, Hamlet et d’autres qu’ils sont intellectuellement capables d’aborder Proust, c’est du sadisme, de la dérision, c’est très vilain. »
et voilà !
tout est dit ! merci chaloux !
c’est exactement ce que je disais avant : pour avoir accès à Proust et Flaubert il faut des capacités intellectuels et surtout une sensibilité que seuls quelques élus comme Edel, chaloux ou pablito possèdent.
et en disant cela chaloux essaie de prouver que ces capacités, lui, il les possède, et donc il appartient à cette classe d’esprits supérieurs.
sauf que même la personne la plus bas de plafond est capable de comprendre Proust et Flaubert !
pourquoi parce qu’on y trouve rien.
même Clopine est capable d’écrire un livre sur la recherche.
Il n’y a pas d’âge pour y entrer, rose. Je vous y verrais bien !
d’ailleurs il suffit de bien lire les textes de Proust et Thibaudet, ils parlent du style en prenant des exemples de construction de phrases, des courtes, des longues etc…
mais de ce qui est dit dans ces romans ni Proust ni Thibaudet n’en parlent !!!
pourquoi ? parc e qu’ils n’en rien à taper !
et ils ont raison vu que ce qui est dit est inintéressant au possible.
si j’ai tort alors donnez-moi la moitié d’un seul exemple.
ces constructions « musicales » des phrases pourraient parler de n’importe quoi que ça leur passerait au dessus de la tête.
et ça c’est drôle, c’est une espèce de littérature composée uniquement d’un style servant à dire n’importe quoi.
Jazzi dit: à
Il n’y a pas d’âge pour y entrer, rose. Je vous y verrais bien !
vous me connaissez bien mal !
(heureusement) ; (vous n’êtes pas le seul).
« En effet c’est un jeu d’enfant de montrer de l’éloquence, du brillant, de l’esprit, de la décision dans le trait, pour qui d’habitude manque de tout cela seulement parce qu’il doit se modeler sur une réalité tyrannique à laquelle il ne lui est pas permis de changer quoi que ce soit. »
cette phrase est magnifique !
la « réalité tyrannique » à laquelle on ne peut rien changer.
Tout Proust est là : l’écrivain prisonnier de la réalité.
la réponse est donnée par Pessoa : « pour la littérature la vie seule ne suffit pas » !!!
Proust aura été le prisonnier d’une réalité limitée aux contours de son existence.
la tristesse absolue.
Chaloux dit: à
Faire croire à des gens comme Clopine, Christiane, Hamlet et d’autres qu’ils sont intellectuellement capables d’aborder Proust, c’est du sadisme, de la dérision, c’est très vilain.
Hurkhurkhurk!
–
J’osais pas le dire. Merci Chaloux.
J’éprouve une certaine honte à la place de ces gens-là qui n’en ont aucune. Bref, je prends sur moi comme d’hab. C’est mon côté âme réparatrice qui s’exprime.
Rélire Clarice Lispector, donc, pour commencér :
Un souffle de vie ;
Un apprentissage ;
La Passion selon G.H. ;
Le Bâtisseur de ruines.
Moi entre les Flaubert et Balzac, je choisis Balzac. Ça fait pas un pli.
Les précités peuvent singer une lecture de Proust, mais en aucun cas le lire.
Proust aura été le prisonnier d’une réalité limitée aux contours de son existence.
Alors que, tel Vedo, il eût pu dormir une nuit entière au sommet du Stromboli et y regarder le soleil se lever, après avoir grimpé par le sentier raide.
Et lui, Proust, longtemps il s’est couché de bonne heure.
« … la pédophilie a toujours fait partie des moeurs des puissants… »
Nous ne devrions pas subir des pareilles conneries, car si c’était vrai ce vice serait moins répandu.
Aussitôt l’imparfait reprend : “Plus d’un enviait d’en être le propriétaire”,
Me fait penser à « Un cœur simple »
Ce qui m’a toujours étonné, ce sont les écrivains qui disent détester Flaubert. Cela a encore été le cas d’un écrivain connu qui n’aime que « Bouvard et Pécuchet ». Le reste ne l’intéresse aucunement. Bizarre…
@Chaloux
Certainement, Chaloux, ce long, très long texte de Proust offert par Passou aujourd’hui, m’est resté étranger, ennuyeux. Vous avez de la chance s’il vous a comblé.
Proust, pour moi, c’est La Recherche dont je serais bien incapable d’analyser les différents livres. Mais je garde jalousement mon Quarto Gallimard tout plein de signets, de phrases soulignées. Un vrai trésor, une musique de l’âme, une écriture ouatée. Je ne saurais expliquer ce que je ressens quand je m’abandonne à relire certaines pages. Je suis ailleurs, dans l’âme d’un homme qui essaie de comprendre sa jalousie, ses désirs, ce monde frivole qu’il regarde de près de loin avec œil de rapace tournant autour de sa proie ou ce frôlement d’une blondeur de jeune fille mousseline aux cheveux soleil. C’est addictif comme un plaisir que l’on redemande. Magie des mots.
Je n’ai pas retrouvé cette musique, cette délicatesse, cette tristesse en lisant cette autopsie du style de Flaubert.
Bonne soirée.
@hamlet dit: « d’ailleurs il suffit de bien lire les textes de Proust et Thibaudet, ils parlent du style en prenant des exemples de construction de phrases, des courtes, des longues etc…
mais de ce qui est dit dans ces romans ni Proust ni Thibaudet n’en parlent !!! »
Oui, hamlet, c’est vraiment ce que j’ai ressenti. Alors qu’en lisant De Biasi (critique littéraire) ou Michon (romancier et nouvelliste), quelque chose vibrait, me faisait entrer dans l’écriture vivante, charnue, la prose poétique émouvante de Flaubert.
Et ses lettres à Louise Colet et surtout à Mademoiselle Leroyer de Chantepie ou à George Sand : des trésors…
Je ne sais qui vous êtes hamlet, si souvent moqué en ces pages, mais je suis sensible à votre courage. Vous écrivez ce que vous avez sur le cœur et c’est important dans ce bal masqué où tant mentent.
il me semble que le dernier tweet pose la question qui anime le commentarium:
quant à la fin de la médecine, c’est essentiellement de mettre un terme à des fièvres, des infections, de juguler des épidémies, de vaincre des stérilités ;je ne dis pas que le faire soit simple mais le but peut s’énoncer assez simplement ;il n’en va pas de même pour « la littérature » ; et il n’y aura pas d’accord indiscutable entre les débattants sur ce qui est /fait « la littérature «
je ne crois pas qu’il soit à propos de parler de « bal masqué » là où l’objet de la discussion est perdu de vue depuis longtemps: »ce qui est dit » dit Hamlet alors que le style c’est aussi le « comment »(pour faire simple » )cette discussion me choque quand on sait qu’il a été dit que « le style, c’est l’homme même »
Que le style soit une question éminemment cognitive et non une affaire de virtuosité formelle, c’est ce que Buffon soutient tout au long de son écrit et c’est ce qui fait, bien évidemment, l’originalité d’un essai que de grands écrivains tels que Flaubert ou Baudelaire disaient beaucoup aimer. Et lorsqu’il écrit : « Le style n’est que l’ordre et le mouvement que l’on met dans ses pensées », cela vaut comme définition du style. Une formule que le reste du Discours s’emploie à expliciter.
https://journals.openedition.org/rief/228
Il y a des gens qui détestent ce dont il ne sont pas capables.
ça s’appelle de la jalousie, renato !
Arnold Schoenberg, Le Style et l’Idée.
Je me souviens d’une conversation, il y a longtemps, entre Clopin et un maître charpentier de ses amis.
Je ne puis vous la transcrire ici : la charpente, parmi les métiers de la menuiserie, est un art noble, possédant son propre vocabulaire, qu’aucune entreprise générale de travaux, aucun mélaminé, aucun préfabriqué, n’a encore pu tuer, malgré tous les efforts de la modernité. Et du tracé si compliqué de l’épure à la jambe de force, les termes sont si précis et parlants à la fois qu’ils ne peuvent se comprendre qu’avec les outils à la main…
Eh bien, à lire Proust commentant Flaubert, j’ai exactement la même sensation aujourd’hui que lors de cette lointaine conversation. Nous sommes ici chez des gens de métier, qui savent tout bonnement de quoi ça parle, n’est-ce pas, et dont l’opinion ne s’exerce pas sur la valeur finale de la production (Proust n’apprécie guère Flaubert, ben tiens, le contraire eut été étonnant, pas vrai ?), mais sur le savoir-faire.
De plus, Proust, commentant Flaubert, s’éclaircit les idées. Je veux dire que, de la même manière qu’une toux peut dégager la voix, ou qu’un maître charpentier commentant la répartition des charges d’une ferme peut ainsi accroître sa connaissance d’icelles, Proust disséquant le style de Flaubert analyse plus finement le sien propre…
Evidemment, on peut s’y rebuter, comme quand on ouvre un de ces satanés modes d’emploi d’un appareil électro-ménager, rédigé en dix langues diverses, et qu’il faut parcourir en tout sens pour comprendre enfin à quoi sert le gros bouton du bas.
Mais pour peu qu’on veuille s’y pencher, c’est d’autant plus passionnant qu’il n’y a ici, je le répète, aucun jugement de valeur. Simplement une sorte d’ébauche de manuel technique.
Littéraire.
Ca ne m’étonne pas de Proust. Et c’est d’ailleurs ce qui me plaît, chez lui. Point de métaphysique, n’est-ce pas. Point de mysticisme de l’art. Encore moins de quête spirituelle, et surtout pas de vague aspiration à un infini aussi artistique que nébuleux. Pas d’élégie et zéro divin ! De la grammaire, ben tiens. De l’effet, au sens pictural. Allez, disons-le : du pâteux.
Du pâteux dont on fait les meilleures soupes, évidemment, ahaha.
…
Ce qui ne m’empêche de trouver notre hôte un tantinet insolent à notre égard. Se contenter d’un « bis repetita placent » en guise de carte de voeux, bon, d’accord. Soit. Mais poursuivre avec un copié-collé juste agrémenté, en guise d’assaisonnement, d’une amabilité glissée au collègue Edel, voilà qui me paraît commencer l’année avec un poil de désinvolture vis-à-vis de nous, ses vieux grognards. Ne serait-il pas content de nous, par hasard , pour ainsi nous tirer l’oreille ?
2 janvier 2020 à 00 h 10
« Tout le monde sait ça sauf ce crétin de Hamlet qui n’en rate pas une. »
(Chaloux)
Discuter d’art avec le Pétomane c’est comme discuter de mystique avec un porc.
Le Christ le dit:
« Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux… »
(Matthieu 7-6)
« Tu n’invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque son nom pour le mal. »
Le Rijksmuseum ; je vais avoir du mal à m’en remettre, car je n’ai envie de parler que de cela. Une heure que nous sommes rentrés d’Amsterdam, et, bien plus que du nouvel An, des montagnes de pétards (dans tous les sens du terme), de notre péniche ou de la médiocrité de la cuisine hollandaise, ce qui me revient aux yeux, c’est ce musée. Je voudrais y retourner, louer une chambre à deux minutes à pied, et passer une semaine complète à de nouveau arpenter ces salles…
Notez que j’ai bien une petite idée de ce qui m’y plaît tant, hein. Et de cette espèce de familiarité qui m’a envahie, de toile en toile….Et qui ne faisait que grandir…
Bon, mettre de l’ordre dans tout ça. Me glisser dans une couette bien chaude, qui repousse loin les brumes glacées de la cité d’ Amsterdam. Et choisir soigneusement les mots pour le dire, ce sentiment encore confus de jubilation extrême, car il y a de quoi…
Notez que j’ai bien une petite idée de ce qui m’y plaît tant, hein.
–
pas la décadence des mœurs, quand même ?
Pff, un dernier truc, en remontant le fil…
Pourriez-vous tous être assez gentils pour dire, plutôt que « Clopine a écrit un livre sur la Recherche », « Clopine a écrit un livre sur sa lecture de la Recherche » ?
Car mon ambition, si j’en avais une encore, était si modeste qu’elle mérite d’être précisément circonscrite.
Merci d’avance.
@ D
« Tu n’invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal »
D’où tu sors une traduction aussi mauvaise?
« Tu ne prendras point le nom de l’Eternel, ton Dieu, en vain. » (Traduction Louis Segond)
« Tu ne prononceras pas en vain le nom de Iahvé, ton Dieu. » (Bible La Pléiade)
« Tu n’invoqueras point le nom de l’Eternel ton Dieu à l’appui du mensonge. » (Bible du Rabbinat français)
« Tu n’invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour tromper. » (Bible de l’Église Protestante Unie)
(Exode 20,7).
“Tu n’invoqueras pas le Nom du Seigneur ton Dieu en vain. »… signifie que vous ne pouvons pas attirer la force du Créateur afin d’effectuer certaines actions égoïstes car le Créateur est la force du don absolu, l’attribut du don. Vous ne pouvez pas Lui demander, exiger, ou L’utiliser à des fins égoïstes en aucune façon. Cela ne mènera à rien puisque ces actions vous éloignent du Créateur, et ça c’est la punition.
(Michaël Laitman. Fondateur et président de l’Institut Bnei Baruch de recherche et d’étude de la Kabbale).
Bien vu Rose! Jamais lu une ligne de Proust.
Le style c’est l’homme même
Par Dominique Dhombres
Les lecteurs qui admirent l’oeuvre de Mr Proutprout me rappellent ces amateurs de coques, belles à terre dans les shipyard, qui s’extasient sur la forme d’une splendide architecture navale, qui elle aussi a sa grammaire …
Ils connaissent tout de cette beauté, bien entendu !
Enthousiasme qu’ils espèrent naïvement faire partager à d’autres marins qui ne sont pas d’eau douce ! Ridicules pantins de salon ! Car sitôt qu’ils prennent la mer, ils ont vite peur car ils sont incapable de naviguer, d’agir, de vivre hors de leur imaginaire !
Il est impossible de séparer la vie de l’écrivain de son faire-littérature. Marcelito Proutprout n’y échappe pas. Son ouvrage est un simulacre de vie, celle d’un pauvre couillon enfermé, paralysé, inutile, absent du monde réel, essayant d’échapper à l’impuissance par le verbe. Illusion ! Cela sonne horriblement faux pour la plupart des lecteurs…
Beaucoup aiment les textes de cet auteur lourdingue, malade, isolé, car ce dernier a réussi à faire croire qu’une vie par procuration est possible pour les infirmes, les abîmés, les handicapés du vécu réel.
Par la littérature de divan !….
Grand bien leur fasse.
Je ne cherche pas à vous faire partager ce point de vue, je l’exprime sans réserve c’est tout ! Bonne lecture ….
Et le style de Madame ?
En cuisine.
Pour que monsieur bande.
Lettre de rupture à GM.
https://youtu.be/8-lCVMAZBhM
JîCé
Dslée, je l’ai mis en carton, Proust. 😄
La Bible aussi. 😔
Lettre de rupture à GM.
rose, tu es en train de développer un petit talent pour donner des titres aux recettes de cuisine.
Tu l’as regardé deux fois ?
Non, une mais j’ai ri. Surtout quand sa copine dit c’est plus facile le beafsteak. Recto verso dans la poële.
avec macaroni en sauce 🍅
Moins risqué.
Quoique, les tomates en coulis.
Écrasées.
En purée.
Et Madame ?
En cuisine (nota : interdit aux moins de 12 ans, c’est dégoûtant)
https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&url=https://m.youtube.com/watch%3Fv%3DSEPMuyGe7dg&ved=2ahUKEwit0-j70ebmAhXzDmMBHfRvAsMQwqsBMAB6BAgGEAQ&usg=AOvVaw2AgPOixHl8My66AWOpfEst
Horrible, cauchemardesque.
Bérénice et âmes sensibles s’abstenir.
Les autres :
Comment bourrer le cul de la grive, i-e GM, et c’est péché, c’est sacrilège, pour Pablo 75, courage, video hardcore, Rocco Siffredi rhabillez-vous.
https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&url=https://m.youtube.com/watch%3Fv%3DSEPMuyGe7dg&ved=2ahUKEwit0-j70ebmAhXzDmMBHfRvAsMQwqsBMAB6BAgGEAQ&usg=AOvVaw2AgPOixHl8My66AWOpfEst
Second lien, l’intégrale.
Âmes sensibles, et inquiètes, achetez les graines de tournesol en magasin bio, par sacs de 10kg.
Saindoux, polenta, blé, miettes de pain pilées, etc. En hauteur, c’est mieux, peuvent manger tranquilles.
Sur le mur, attention danger, le chat les guette, et Maïté.
Comment avez vous deviné, Rose, que j’avais écrit un livre dont le titre était, justement
COMMENT BOURRER LE CUL DE LA GRIVE
Mémoires d’un garde-champêtre
JiCé
Foie gras et, et JiCé, un gros grain de raisin vert épluché et épépiné.
Je me suis modérée pck j’ai regardé le bêtisier.
Âmes inquiètes.s’abstenir.Une équipe qui a travaillé en se marrant des années durant. Mais pkoi donc supprimer le travail ?
Il y a trente ans, je n’avais rien compris. Pas plus que la fascination poir sa manière, généreuse, de doser l’armagnac.
Paix à son âme et longue vie à Maïté.
Jicé, le style, c’est l’homme lui-même, la femme c’est la stylistique.
L’homme a les idées. La femme exécute.
Le fait de croire donner « sa lecture », comme si elle pouvait exister dans ces conditions d’ignorance, de prétentions et d’arrogance, ne dispense pas de connaître parfaitement l’auteur dont on parle. D’autant que chez Proust, l’oeuvre et la Correspondance -ce n’est qu’un exemple- sont étroitement imbriquées, et de plus en plus au fur et à mesure que les années passent, comme le démontrent les quelques lettres au prince de Polignac qui court encore, publiées il y a quelques années. On ne demande pas -après le forfait livresque- si ça vaut le coup, on lit sauf si on se croit au-dessus de tout, bien entendu, et si l’on est parfaitement dépourvu de probité intellectuelle.
Lorsqu’un livre d’un auteur me tombe des mains, je le ramasse, et je continue à essayer deux trois fois : puis j’arrête, c’est tout. La connaissance parfaite de l’auteur qui me déplaît, de sa correspondance, je m’en secoue la tige de jade : autre chose à foutre, la littérature est pour moi distraction, pas sacerdoce !
Il est donc parfaitement dérisoire de donner des conseils, de tirer des conclusions hors de propos, type : « …. on lit sauf si on se croit au-dessus de tout, bien entendu, et si l’on est parfaitement dépourvu de probité intellectuelle. »
Article éblouissant d’intelligence et de drôlerie. Au-delà de ses remarques – toutes justes, toutes éclairantes – sur Flaubert, Nerval, etc., comment ne pas rire aux éclats lorsqu’il attaque la poésie ridicule de Sainte-Beuve (Sorrente m’a rendu mon doux rêve infini, qu’il faut prononcer avec l’accent bourguignon de Colette ou, encore mieux, avec celui de René Char) ou lorsqu’il épingle les travers journalistiques, tous ces « foulards éternels » et ces « foulards légendaires ». Génie évidemment, génie à chaque ligne, à chaque observation. Proust avait raison : les gens ne savent plus lire, moi le premier, j’en ai peur. Quelle leçon.
Jicé, cher gros cul, vous avez mal lu. Il est question dans mon post de gens qui écrivent des livres sur Proust. Vous n’auriez pas, vous infime petit cerveau, l’outrecuidance de le faire. Vous vous savez amusant histrion mais, dans votre infinie sagesse, vous ne prétendrez jamais à devenir davantage. D(ailleurs, nous le constatons ici depuis des années, quand les choses sérieuses commencent, la porte vous claque au nez.
autre chose à foutre, la littérature est pour moi distraction, pas sacerdoce !
d’où l’on risque de conclere que la lecture des dommentaires de la RDL n’étant pas pour P.Assouline une distraction mais est PRESQUE pour lui comme un sacerdoce n’a qu’un rapport -à préciser- avec la littérature
CONCLURE commentaires ,etc excuses
Chaloux, cher histrion, je n’ai pas l’intention de converser avec vous n’ayant pas l’habitude d’échanger avec les cons ! Bonne continuation et bonne année !
Bien à vous !
La fin du sonnet de Sainte-Boeuf est à hurler de rire, il faut avoir lu ça une fois dans sa vie :
… Et Blanduse et ses flots en mes songes bruiraient,
Si j’avais un plantage où, le soir, s’entendraient
Les rainettes en choeur de l’étang de Ghampblande !
PS. Plantage = jardin potager en Suisse ! Assez daubé pour aujourd hui.
Pour quelle(s) raison(s) le Président des États-Unis d’Amérique Donald Trump a-t-il permis l’assassinat de Qassem Souleymani ?
(étymologie du nom : de Salomon)
Quel rapport entre Flaubert et la philosophie? Il cite parfois les grands auteurs, leurs oeuvres et leurs systèmes. Il lui arrive aussi de faire des déclarations de type philosophique, et l’on peut dire de son oeuvre qu’elle recèle une philosophie en acte, implicite. Jacques Derrida s’interroge sur la loi secrète qui unirait ces trois modes. On pourrait la trouver dans le mot « idée », que Flaubert utilise abondamment :
– l’Idée avec un grand I, issue de Platon et de la grande tradition.
– les idées reçues, avec le fameux Dictionnaire et leur corollaire, la bêtise.
– un autre concept d’idée, non énoncé comme tel mais actif, selon Derrida, dans l’écriture, et qui nous intéresse ici, car on pourrait dire de ce concept qu’il est une sorte d’acte performatif spinoziste.
Alors que l’idée cartésienne est une copie, une reproduction, une déclaration, il y a dans l’idée spinoziste une force affirmative. C’est un acte. Et (toujours selon Derrida) si Flaubert s’est tellement référé à Spinoza, s’il l’a tant admiré, c’est parce que l’acte de son écriture à lui (Flaubert) opérait selon une idée analogue. Il fallait qu’il la mette en oeuvre, cette idée, qu’il s’acharne, pour éviter cette chose impossible, cette colonne de pierre, cette tombe [qu’était pour lui la femme, sa mère morte, sa soeur morte, Caroline].
sur idixa
style
Derrida s’y est toujours intéressé:cgez Levinas,chez Heidegger,
en peinture:
4. Au style unique, il faut une réponse unique.
D’un côté, par principe, tout style est imitable, rien n’est inimitable pas même un style, pas même celui de Derrida. Mais d’un autre côté, un style est l’équivalent d’un idiome. Il ne met pas en œuvre une technique ou une méthode, mais chaque fois, (comme la déconstruction), il est « ce qui arrive quand ça arrive » (unique, singulier, irremplaçable). S’il y a un devoir du lecteur, une responsabilité, c’est de préserver sa singularité. En reconnaissant chaque style comme une exception, on n’efface pas ses inventions verbales, ses images, on ne les noie pas dans la généralité. On y répond par une prière secrète, intérieure, silencieuse. L’idiome de l’autre ne devient pas ma langue, il reste sa langue, absente et incalculable, qui ne trouve d’équivalent dans aucune autre langue. Il faudrait se rendre à cette langue, si c’était possible, sans la posséder ni la garder, avec l’intention de la laisser où elle est, le désir de faire en sorte qu’elle reste aussi éloignée de moi, qu’elle n’en revienne pas.
https://www.idixa.net/Pixa/pagixa-1311172316.html
N’y a-t-il pas eu confusion avec cette personne ? C’est la thèse que j’avance et retiens pour l’instant.
…ou encore avec cette personne ?
MOYEN ORIENT CIRCUS
Que les Iraniens de souche révolutionnaire ne puissent plus tranquillement s’en prendre à une Ambassade américaine en Irak sans que le plus pur diamant de leur Service de Gardiennage de la Révolution, le magnifique Kassam soit retiré de ce monde enchanté, est un SCANDALE !
Quelle pitié…oh qu’il est méchant le blond US ! Le style de l’ami Trump ? Mortel !…
JAPAN CIRCUS
Aux dernières nouvelles, grimé en Carlos Gone (qui paie l’armée d’esthéticiennes pour ce rude travail de pré-substitution) ce serait Gaby Matzneff le Magnifique qui irait se donner entièrement aux jeunes magistrats nippons, bref se rendre !
Prêt à tout pour éviter la taule française, le chauve aux yeux bleus comme ses idées peu claires.
FLAUBERT CIRCUS
On patine…et c’est diablement bon !
JiCé,
Tes commentaires sont d’une nullité apocalyptique, bêtes à mourir avant même la fin du monde, trouve-toi quelque chose à faire d’utile avant que la Faucheuse vienne te cueillir pour de bon.
« Chez lui comme chez Leconte de Lisle, on sent le besoin de la solidité, fût-elle un peu massive, par réaction contre une littérature sinon creuse, du moins très légère, dans laquelle trop d’interstices, de vides, s’insinuaient. D’ailleurs les adverbes, locutions adverbiales, etc. sont toujours placés dans Flaubert de la façon à la fois la plus laide, la plus inattendue, la plus lourde, comme pour maçonner ces phrases compactes, boucher les moindres trous. » Proust évoquant le style de Flaubert…
« A ce stade, certaines représentations sont aussi nettes que si elles émanaient de la réalité physique, d’autres restent plus flottantes et noyées dans une sorte de halo, mais les images les plus abouties restent labiles et suspendues à un vertige : elles ne s’imposent qu’avec l’évidence impondérable des mirages. C’est cette magie de l’incertain, cette dimension de la suggestion qu’il s’agit pour Flaubert de fixer avec la plus grande efficacité possible dans une prose qui deviendra capable, à son tour, de provoquer chez le lecteur une sorte de rêverie ou l’illusion visuelle aussi puissante que l’hallucination. » Pierre-Marc de Biasi
« Ça ne m’étonne pas de Proust. Et c’est d’ailleurs ce qui me plaît, chez lui. Point de métaphysique, n’est-ce pas. Point de mysticisme de l’art. Encore moins de quête spirituelle, et surtout pas de vague aspiration à un infini aussi artistique que nébuleux. Pas d’élégie et zéro divin ! De la grammaire, ben tiens. De l’effet, au sens pictural. Allez, disons-le : du pâteux. » Clopine
Carmen,
vous êtes d’une délicatesse d’iguane géante…Compliments !
Carmen,
les racines lourdes, profondes, enchevêtrées, de votre babil plongent, j’en suis persuadé, dans votre constipation chronique…
Soignez vous, corneculbute !
Je pense modestement et sans aucune prétention de ma part que ce blog ne me mérite pas.
« Frédéric, pour rejoindre sa place, poussa la grille des Premières, dérangea deux chasseurs avec leurs chiens.
Ce fut comme une apparition :
Elle était assise, au milieu du banc, toute seule ; ou du moins il ne distingua personne, dans l’éblouissement que lui envoyèrent ses yeux. En même temps qu’il passait, elle leva la tête ; il fléchit involontairement les épaules ; et, quand il se fut mis plus loin, du même côté, il la regarda. Elle avait un large chapeau de paille, avec des rubans roses qui palpitaient au vent derrière elle. Ses bandeaux noirs, contournant la pointe de ses grands sourcils, descendaient très bas et
semblaient presser amoureusement l’ovale de sa figure. Sa robe de mousseline claire, tachetée de petits pois, se répandait à plis nombreux. Elle était en train de broder quelque chose ; et son nez droit, son menton, toute sa personne se découpait sur le fond de l’air bleu. Comme elle gardait la même attitude, il fit plusieurs tours de droite et de gauche pour dissimuler sa manœuvre ; puis il se planta tout près de son ombrelle, posée contre le banc, et il affectait d’observer une chaloupe sur la rivière. »
Relu le premier chapitre de L’Education Sentimentale. Proust n’a évidemment pas la moindre idée de ce que peut être une « apparition » en amour, lui qui n’a pas la moindre idée de l’amour entre adultes consentants. Il nous tartine des centaines de pages sur la jalousie, une jalousie morbide, malsaine, une jalousie d’impuissant, réfugié sous sa couette faute d’être capable d’affronter le grand air.
J’avais complètement oublié cette image sublime de l' »apparition ». Elle m’a surpris comme un épisode de mémoire involontaire proustien, pour en avoir vécu une ou deux dans ma vie.
Je ne partage pas le dédain global de JC pour Proust. Je l’ai lu et relu en essayant de prendre mon mal en patience dans certaines longueurs qui n’ont rien de « divines ». Mais là, sur Flaubert, il débloque complètement, même s’il peut avoir raison sur des points techniques dont tout le monde se fout. On peut même y déceler une pointe de jalousie, justement, ce sentiment si proustien, qui est l’un des défauts que j’exècre.
Au fait, qui a eu la patience de lire entièrement et attentivement ce pensum? Levez le doigt.
Relu le premier chapitre de L’Education Sentimentale. Proust n’a évidemment pas la moindre idée de ce que peut être une « apparition » en amour, lui qui n’a pas la moindre idée de l’amour entre adultes consentants. Il nous tartine des centaines de pages sur la jalousie, une jalousie morbide, malsaine, une jalousie d’impuissant, réfugié sous sa couette faute d’être capable d’affronter le grand air.
J’avais complètement oublié cette image sublime de l’ »apparition ». Elle m’a surpris comme un épisode de mémoire involontaire proustien, pour en avoir vécu une ou deux dans ma vie.
Je ne partage pas le dédain global de JC pour Proust. Je l’ai lu et relu en essayant de prendre mon mal en patience dans certaines longueurs qui n’ont rien de « divines ». Mais là, sur Flaubert, il débloque complètement, même s’il peut avoir raison sur des points techniques dont tout le monde se fout. On peut même y déceler une pointe de jalousie, justement, ce sentiment si proustien, qui est l’un des défauts que j’exècre.
Au fait, qui a eu la patience de lire entièrement et attentivement ce pensum? Levez le doigt.
PS: je pensais que le « vent mou » qui fascinait tant MàC se trouvait dans le premier chapitre. Apparemment pas. Quelqu’un a-t-il une idée?
Quel style, quel feu, quelle passion, cette Carmencita ! Mais le style, désolé de vous l’apprendre, c’est une notion vieillotte, dépassée – out of style -, ce qui compte maintenant, c’est le swag. Avez-vous le swag, christiane ? C’est très important d’avoir le swag. Sans le swag, vous n’arriverez à rien, je le crains.
ce blog ne me mérite pas.
Je suis convaincu du contraire, après avoir lu un échantillon de votre style rapicolant comme dirait, comme dirait, comme dirait… zut, son nom m’échappe !
Closer,
joie de vous lire.
« Elle avait eu, comme une autre, son histoire d’amour.[…]
Un soir, au mois d’août (elle avait alors dix-huit ans), ils l’entraînèrent à l’assemblée de Colleville. Tout de suite elle fut étourdie, stupéfaite par le tapage des ménétriers, les lumières dans les arbres, la bigarrure des costumes, les dentelles, les croix d’or, cette masse de monde sautant à la fois. Elle se tenait à l’écart modestement, quand un jeune homme d’apparence cossue, et qui fumait sa pipe […]
Il lui paya du cidre, du café, de la galette, un foulard, et, s’imaginant qu’elle le devinait, offrit de la reconduire. Au bord d’un champ d’avoine, il la renversa brutalement. Elle eut peur et se mit à crier. Il s’éloigna. […]
Un autre soir, sur la route de Beaumont […] elle reconnut Théodore.
Il l’aborda d’un air tranquille […] et du bras gauche il lui entoura la taille. Elle marchait soutenue par son étreinte ; ils se ralentirent. Le vent était mou, les étoiles brillaient, l’énorme charretée de foin oscillait devant eux, et les quatre chevaux, en traînant leurs pas, soulevaient de la poussière […] »
Gustave Flaubert, Un cœur simple , chapitre II.
Oui MaC, aimait ce vent mou traduisant l’émoi de Félicité.
prouve à mon avis, non pas, comme le prétend le critique de la Nouvelle Revue Française, que Flaubert n’est pas “un écrivain de race”, mais au contraire qu’il en est un.
ce qui est bizarre, c’est que les contributeurs ne semblent pas s’intéresser à une question qui a ,je crois, passionné Proust:ce qui relève de « l’inné » et ce qui relève de l' »acquis », et dans ce dernier cas ne serait pas « le vrai » Flaubert;
il me semble que « de race » serait ce qui relève de l’inné, comme pour un animal « de race »,bref pour Proust , quoi qu’on y souligne, Flaubert est un écrivain né, comme les nobles sont de telle lignée;
Flaubert, pour Proust, et non pour don »distingué confrère » a l’écriture ,le style dans le sang, ou dans « l’inconscient » (c’est écrit);ce n’est pas un effet de l’imitation, comme chez les gens de « salon »,ni même de l’étude -provenant de l’enseignement de tel ou tel maître;
Deux mots. ce n’est pas parce que Flaubert choisit le camp du livre sur Rien qu’il n’y a rien Flaubert. le Livre sur rien, c’est la réaction contre l’idéalisme romantico-rédempteur dont Lamartine est parfois une des plus grotesques affirmations.
On peut trouver curieux qu’un philosophe s’en prenne à la Recherche, qui est tout de même le seul roman ou se retrouvent quelques idées philosophiques , et pas de n’importe qui, d’ Henri Bergson!
Quant aux critiques de Proust sur Flaubert, elles sont à prendre en tenant compte d’un coté « Ote-toi de là que je m’y mette ». La référence aux pastiches est de ce point de vue éloquente, puisqu’elle renvoie aux siens sur l’affaire Lemoyne.
Pour le reste, vous faites bien de souligner la reliure cloisonnée, Christiane, et vous Rose, méfiez-vous de Mirecourt, grand fabriquant d’anecdotes devant l’éternel. Consulter, d’un de ses nègres, Maison Eugène de Mirecourt et Cie, on en apprend beaucoup sur les coulisses des Biographies. je ne crois pas non plus Closer, que l Education soit un Pensum. C’st un des grands romans d’apprentissage de notre littérature, c’est déjà beaucoup;
Bien à vous.
MC
@ « Proust n’a évidemment pas la moindre idée de ce que peut être une « apparition » en amour, lui qui n’a pas la moindre idée de l’amour entre adultes consentants »
Suis troublé par cette remarque. J’étais sur les Mémoires d’un jeune garçon d’Henry James (publiés en 1913 à la veille de sa mort), et comme l’avait finement observé D. de Margerie, je note d’étranges similitudes dans ses efforts de remémorations dans leur façon respective de mobiliser les strates de leurs souvenirs. Ceci par exemple :
« Je sens qu’à ce rythme je me souviens de trop de choses, et pourtant ce doux « apparitionnisme » [NDR : néologisme de l’auteur] n’en est qu’une partie. Se tourner vers le passé c’est en fait rencontrer l’apparition et trouver dans son visage spectral le regard silencieux d’un appel » (…)
Belle fin de journée aux amis de la rdl à Bruay en Artois (3.1.20 à 15.37).
il est exact par ailleurs de dire, comme le relève Chaloux, que la première édition de la Correspondance, effectuée par Caroline et publiée par le bien nommé Conard, est une édition parfaitement calamiteuse qui censure et déforme le texte.
MC
@Closer
Enfin, quand Emma attend puis rencontre Rodolphe, puis se laisse séduire, le vent semble aussi… très mou ! Mais c’est plus… long !(chapitre VI et suivants) :
« On était au commencement d’avril, quand les primevères sont écloses ; un vent tiède se roule sur les plates-bandes labourées, et les jardins, comme des femmes, semblent faire leur toilette pour les fêtes de l’été. Par les barreaux de la tonnelle et au delà tout alentour, on voyait la rivière dans la prairie, où elle dessinait sur l’herbe des sinuosités vagabondes. La vapeur du soir passait entre les peupliers sans feuilles, estompant leurs contours d’une teinte violette, plus pâle et plus transparente qu’une gaze subtile arrêtée sur leurs branchages. […]
Madame Bovary avait ouvert sa fenêtre sur le jardin, et elle regardait les nuages.
Ils s’amoncelaient au couchant du côté de Rouen, et roulaient vite leurs volutes noires, d’où dépassaient par derrière les grandes lignes du soleil, comme les flèches d’or d’un trophée suspendu, tandis que le reste du ciel vide avait la blancheur d’une porcelaine. |…]
Emma était accoudée à sa fenêtre (elle s’y mettait souvent : la fenêtre, en province, remplace les théâtres et la promenade), et elle s’amusait à considérer la cohue des rustres, lorsqu’elle aperçut un monsieur vêtu d’une redingote de velours vert. […]
La campagne était déserte, et Rodolphe n’entendait autour de lui que le battement régulier des herbes qui fouettaient sa chaussure, avec le cri des grillons tapis au loin sous les avoines ; il revoyait Emma dans la salle, habillée comme il l’avait vue, et il la déshabillait.
– Oh ! je l’aurai ! s’écria-t-il en écrasant, d’un coup de bâton, une motte de terre devant lui.[…]
Rodolphe lui serrait la main, et il la sentait toute chaude et frémissante comme une tourterelle captive qui veut reprendre sa volée ; mais, soit qu’elle essayât de la dégager ou bien qu’elle répondît à cette pression, elle fit un mouvement des doigts ; il s’écria :
– Oh ! merci ! Vous ne me repoussez pas ! […]
Emma, silencieuse, se blottissait doucement contre l’épaule de Charles ; puis, le menton levé, elle suivait dans le ciel noir le jet lumineux des fusées. Rodolphe la contemplait à la lueur des lampions qui brûlaient.
Ils s’éteignirent peu à peu. Les étoiles s’allumèrent. Quelques gouttes de pluie vinrent à tomber. |…]
Six semaines s’écoulèrent. Rodolphe ne revint pas. Un soir, enfin, il parut. […]
Elle était seule. Le jour tombait. Les petits rideaux de mousseline, le long des vitres, épaississaient le crépuscule, et la dorure du baromètre, sur qui frappait un rayon de soleil, étalait des feux dans la glace, entre les découpures du polypier.[…]
– Bonne promenade ! cria M. Homais. De la prudence, surtout ! de la prudence ![…]
Rodolphe et Emma suivirent ainsi la lisière du bois. Elle se détournait de temps à autre afin d’éviter son regard, et alors elle ne voyait que les troncs des sapins alignés, dont la succession continue l’étourdissait un peu.[…]
D’autres fois, pour écarter les branches, il passait près d’elle, et Emma sentait son genou lui frôler la jambe. Le ciel était devenu bleu. Les feuilles ne remuaient pas. Il y avait de grands espaces pleins de bruyères tout en fleurs. […]
Mais sa robe trop longue l’embarrassait, bien qu’elle la portât relevée par la queue, et Rodolphe, marchant derrière elle, contemplait entre ce drap noir et la bottine noire, la délicatesse de son bas blanc, qui lui semblait quelque chose de sa nudité. […]
Elle respirait d’une façon saccadée. Rodolphe jetait les yeux autour de lui et il se mordait la moustache.[…]
– J’ai tort, j’ai tort, disait-elle. Je suis folle de vous entendre.
– Pourquoi ?… Emma ! Emma !
– Oh ! Rodolphe !… fit lentement la jeune femme en se penchant sur son épaule.[…]
Elle renversa son cou blanc, qui se gonflait d’un soupir ; et, défaillante, tout en pleurs, avec un long frémissement et se cachant la figure, elle s’abandonna.
Les ombres du soir descendaient ; le soleil horizontal, passant entre les branches, lui éblouissait les yeux. Çà et là, tout autour d’elle, dans les feuilles ou par terre, des taches lumineuses tremblaient. Le silence était partout ; quelque chose de doux semblait sortir des arbres ; elle sentait son cœur, dont les battements recommençaient, et le sang circuler dans sa chair comme un fleuve de lait. […]
Elle se répétait : «J’ai un amant ! un amant !» se délectant à cette idée comme à celle d’une autre puberté qui lui serait survenue. Elle allait donc posséder enfin ces joies de l’amour, cette fièvre du bonheur dont elle avait désespéré. »
René Girard dans Mensonge romantique et vérité romanesque suggère que « Mme Bovary pourrait changer indéfiniment d’amant sans jamais changer de rêve. » ajoutant que « c’est là ce qui donne au bovarysme sa tonalité particulière. il est essentiellement contemplatif. Emma rêve beaucoup et désire peu tandis que les héros de Stendhal, Proust et Dostoïevski rêvent peu et désirent beaucoup. »
Petit Rappel dit: « […]Quant aux critiques de Proust sur Flaubert, elles sont à prendre en tenant compte d’un coté « Ote-toi de là que je m’y mette ». La référence aux pastiches est de ce point de vue éloquente, puisqu’elle renvoie aux siens sur l’affaire Lemoyne.[…]
Délicieux, comme toujours !
closer dit: « Ce fut comme une apparition :
Elle était assise, au milieu du banc, toute seule ; ou du moins il ne distingua personne, dans l’éblouissement que lui envoyèrent ses yeux.[…] »
Vous souvenez-vous du dialogue magique de DHH et Gisèle à propos de cette scène ?
(AVERTISSEMENT : vous n’y couperez pas, donc résignez-vous ou sautez directement au commentaire suivant. Ce message d’avertissement sera-t-il suffisant pour m’éviter les reproches ? La mauvaise foi de ce blog étant aussi épaisse que la quantité de gouache nécessaire à Van Gogh pour peindre un tournesol, rien n’est moins sûr…)
allons-y :
Il faut peut-être raconter, avant toute chose, d’où je suis partie et comment j’en suis arrivée là, à franchir la porte de Rijksmuseum, veux-je dire.
Je suis un presque parfait exemple de cette « bonne volonté culturelle » dont parlait Bourdieu (*), qui est à la fois soumission à la domination culturelle et reniement de l’habitus (**) d’origine (hélas !) , d’une part, mais aussi,(chic !), comme un pied qu’on coincerait dans la porte d’une demeure jusque là interdite, histoire de la laisser entrouverte, de l’autre.
Bon, si l’on tente d’éviter le jardon sociologique, on va dire que je ne disposais pas, dans mon berceau, des outils suffisants pour apprécier (autrement que par assentiment à la norme, qui enjoint de trouver « beau » l’opéra qui, pour de vrai, vous laisse froid comme le marbre, « sublime » une littérature qui vous tombe des mains, et « géniale » une peinture à laquelle vous ne comprenez que pouic) la musique de Debussy, la peinture abstraite et le goût du caviar.
Mais j’étais toute prête à faire semblant, bien sûr. Ou plutôt : j’étais déterminée à comprendre, à défaut de ressentir.
C’est dire si j’ai fréquenté les musées. Grands dieux ! J’ai même fait plus : pour pouvoir « déchiffrer » les sujets de la plupart des tableaux que j’y voyais, je me suis tapée la bible, moi l’athée convaincue. Mon éducation religieuse, catholique, était bien entendu insuffisante, puisque basée presqu’ exclusivement sur le nouveau testament. Or, les peintures les plus vigoureuses, dirons-nous, du baroque au néo-classicisme, se réfèrent souvent à des épisodes de l’ancien, à côté des pieta et des innombrables descentes de croix issues du nouveau…
Et puis, consciente de mes limites, pénétrée du sentiment de mon ignorance, j’avais bien entendu l’humilité requise pour faire de moi la parfaite cliente des audio-guides et des brochures explicatives.
Evidemment, cela me désignait du doigt, automatiquement. Car aujourd’hui encore, malgré le tourisme culturel de masse qui fait se multiplier les entrées de manière exponentielle, on peut distinguer les différentes postures des arpenteurs de musée…
Il y a ainsi les amoureux :
(la suite à plus tard)
(*) : La bonne volonté culturelle, dixit Bourdieu, s’exprime entre autres choses par un choix particulièrement fréquent des témoignages les plus inconditionnels de docilité culturelle (choix d’amis « ayant de l’éducation », goût des spectacles « éducatifs » ou « instructifs »)
(**) : l’habitus est le produit du travail d’inculcation et d’appropriation nécessaire pour que ces produits de l’histoire collective que sont les structures objectives (e. g. de la langue, de l’économie, etc.) parviennent à se reproduire, sous la forme de dispositions durables, dans tous les organismes (que l’on peut, si l’on veut, appeler individus) durablement soumis aux mêmes conditionnements, donc placés dans les mêmes conditions matérielles d’existences. » Pierre Bourdieu
@bouguereau.
regardé sur google pour voir les dates. Me faire traiter de ‘merdeux’ parce que j’ai l’âge d’être votre fils, je veux bien.Confondre votre parole et celle de la torah parce que vous pourriez être mon père par contre, on va y aller doucement.
La gauche visée en premier par la descente matzneff, la blague!Pierre Lassus avait lancé une alerte auprès des vieux cons de l’Académie française .tombée aux oubliettes.
Le gros des Etonannts voyageurs, Gabriel lebris s’est fendu d’une tribune dans ouest -france. il s’est énervé contre le blacklistage des contraires à la ‘liberté’. M’a pas l’air trop macroniste, ou pas plus que Jeanne balibar gratifiée de la légion d’honneur.Elle aurait dû refuser ?
Ne présagez pas de mon bord.
Peux pas développer à cause des trains. faut jongler. paris-marseille paris-lyon paris-Lille ça va, pour les banlieusards bonjour.
à 17H38.’raclure de minis se demandant sil ny a pas ‘dans les livres’ matière à poursuivre..phumier..matznef était un judicabe’ ou pivot qui aurait dû contresigner.
mouai. pas difficile d’être d’accord sur ça.Le contenu d’un livre, pas matière à déposition. ‘Libérez balkany’ par contre est un coup bas facile.
‘allez vous faire enculer par un plus vieux’. sympa, merci.Comme nos jeunots ,si j’ai envie je ne vous demanderai pas votre avis.
erreur de destinataire. pardon.pour la rdc.
Michel lebris et non ‘gabriel’.
Halte MC! Ce n’est pas L’Education que je qualifiais de pensum, loin de là! C’est l’article de Proust que nous inflige Passou ci-dessus…
Vincent Van Gogh utilisant de la gouache pour ses 🌻🌻. Merci Clopine.
je crois que la première rencontre que l’on a depuis quelques décennies avec l’Education sentimentale a lieu au lycée , guidée par des professeurs, parfois ceux-là mêmes qui organisaient des sorties au théâtre et même au musée ; c’est l’occasion pour les jeunes avec les cours suivants de partage d’impressions, de reves, en présence du prof de découvrir et se découvrir désirants,et désirant savoir , connaître
Merci Christiane! Le « vent mou » était donc dans Un Cœur Simple et non dans l’Education…Quelle mémoire!
Cela m’étonnait aussi, Closer!…
clopine, j’ai vu il y a plus d’une dizaine d’années des enfants de primaire en visite dans des expos d’art contemporain, aussi bien au musée que dans des galeries ,et à Paris comme en province et les accueillants incitaient les enfants à parler, commenter selon leur regard
Dubruel,sérier les contempteurs actuels de Gabriel matzneff en pour et contre dresse un paravent dérisoire. Les gesticulations/postures de Frédéric beigbeder n’engendrent que le mépris.
P.Lassus a parlé quant au livre de V.springora de « scandale d’opportunité ». L’opportunisme du battage médiatique n’en dit pas plus sur le fond. Remarquer que michel Foucault avait refusé de faire partie des signataires fournit matière à réflexion sur l’intuition ,ou absence de, chez les intellectuels.
Parfum faisandé de compromissions &corruptions, auquel quelques rares sont soustraits. J’ai apprécié le soutien sans faille de V.Despentes à Adèle haenel. Raison supplémentaire d’espérer l’arrivée de sang neuf au goncourt éclaboussé. Anne-lise Roux serait parfaite pour contrebalancer la perte de confiance.
Clopine révolutionne l’analyse de Van Gogh. Si les Tournesols sont une gouache, on apprendra bientôt que la Joconde est sans doute une aquarelle!
En ce qui me concerne, les TGV ont fonctionné(depuis Marseille, arrivée le 31) .Tout s’est bien passé !bon courage, bonne rentrée.
Il y a plusieurs façons d’aborder la Peinture, y compris celle classique avec ses scènes religieuses, bibliques, historiques, ses portraits etc…
La façon audioguide, c’est à dire en gros scolaire, est la pire, bien que nécessaire.
Disons qu’elle devrait venir à la fin.
Voir la Peinture (je n’ai pas écrit comprendre : une peinture ne demande pas à être comprise, on ne gagne rien à trop penser la comprendre) c’est avant tout s’isoler avec elle et la laisser vous parler. Le musée est bien entendu le pire endroit pour y parvenir.
Il est certainement meilleur d’en projeter une bonne reproduction sur son écran de télévision. Longtemps plus tard on pourra aller au musée.
Une peinture n’a pas d’autre finalité que plaire, quelqu’en soit le mécanisme.
Ainsi passez ce qui ne vous plaît pas, vous n’avez aucun compte à rendre.
Une peinture qui vous plaît est celle que vous avez peine à quitter, que vous aimeriez avoir chez vous, ou quelque part mais pour vous, que vous aimeriez tenter de reproduire, ou décliner. On cherche ensuite à mieux la connaitre.
vous devenez déprimants:bonne continuation
Domenico Gnoli :
Ce portrait de Stendhal, bien qu’inversé, me suffit presque ici. J’aimerais juste un peu plus de définition. Facile à trouver sur le net. Aucun besoin d’aller voir ça dans un musée. C’est une bonne reproduction de peinture, vous en avez ici 97 % du bénéfice. Remettez-là à l’endroit en symétrie verticale avec photo-machin si vous voulez. Pourquoi aller voir ça en vrai si ce n’est pour donner du travail à des gardiens de musée ou autres professions dites culturelles ?
Les parquets cirés qui craquent vous attirent ? Mais c’est alors un tout autre sujet. Vous pensez trouver l’artiste dans sa toile originale ? C’est une forme de viol.
Das Opfer
Merci, Renato. Qui penserait qu’il s’agit d’une toile hyper réaliste peinte méticuleusement par l’artiste italien Domineco Gnoli, à cause du rendu des détails en vue rapprochée ? un dessin épuré et précis, une matière si bien rendue, (ici, ce tissu gaufré et ses boutons). Création poétique et mystérieuse…
Il m’évoque les sculptures de Ron Mueck, ce sculpteur australien hyper réaliste dont j’ai vu en 2013 les œuvres à la Fondation Cartier pour l’art contemporain.
https://www.youtube.com/watch?v=4pnho_wtM18
Mais lui est un peu morbide alors que Domineco Gnoli est tout en élégance.
michel Foucault avait refusé de faire partie des signataires
Vous connaissez mal le dossier, Natalie. Il s’est rattrapé en signant la pétition suivante :
« Le 23 mai 1977, dans les pages « Opinions » du Monde, 80 intellectuels français parmi lesquels Jean-Paul Sartre, Michel Foucault, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Alain Robbe-Grillet, Jacques Derrida, Philippe Sollers et même Françoise Dolto, signent un autre texte pour demander que la loi décriminalise les rapports sexuels entre les adultes et les enfants de moins de 15 ans. »
Donc ce que vous dites tombe à l’eau. Plouf. Réservez donc votre « mépris » de vieille conne prétentieuse à ces gens-là. En tout cas, le mien c’est à eux qu’il va. Et à vous incidemment. Pas au misérable Matzneff ou à l’insignifiant Beigbeder.
Voilà pour Domenico Gnoli :
https://www.textile-art-revue.fr/artistes/artistes-ayant-fait-lobjet-dun-article-important-dans-nos-revues/dominico-gnoli/
TousNotés |Les chauffeurs de VTC, les restaurants, les produits alimentaires, les locations de vacances, les élus, les professeurs, leurs élèves… Les notes sont partout dans notre société : bonne nouvelle ou abus ? Focus sur trois secteurs : la restauration, la politique et l’éducation.
ils vous ont oubliés
…un dessin épuré… elle ne sait même pas ce que ça veut dire ni à quoi l’épure s’applique mais elle cause…
Du coup ce soir je mange saucisses épurées.
Avec des gaufres. Merci Christiane !
Warfff !!
Une bonne façon d’aborder la peinture est d’en faire soi-même. Il faut commencer modestement : un petit mur uni, puis un us grand, enfin un plafond.
Ensuite on peut passer à la gouache et faire quelques tournesols, comme Van Gogh Vincent.
La gouache n’est pas à délaisser. J’en ai beaucoup fait, c’est pratique, ça sèche vite. Sinon la peinture acrylique est très pratique, relativement bon marché et performante en terme de possibilités de mélanges et de teintes. Elle sèche moins vite mais quand même vite. Très bonne invention.
Le top reste la peinture à l’huile mais c’est bien ianch comme dirait la jeune Ed.
Ça sèche beaucoup plus lentement, ça pue la térébenthine, ça fait des tâches très difficilement nettoyables, et ça coûte quand même assez cher si vous voulez des pigments de qualité.
Mais rien n’est plus à la fois délicat, naturel et brillant.
Aux yeux des animaux, l’homme est être malade et sa maladie s’appelle la conscience.
🐕
Aux yeux des animaux, l’homme est un être malade et sa maladie s’appelle la conscience.
🐕🐢🐥🐐🐃🐤🐱🐶🐏🐦🐹🐇🐓
Ah j’ai compris Christiane, mille excuses.
Vous vouliez parler d’un dessin dont les lignes sont epurées. Pardon.
C’est trop meugnon tous les petits zanimaux.
Je vais en mettre aussi.
😻🙉🐏🐖🐸🐧🐳🐙🐌🐞🐿🦁
Sur ce, excédé, je quitte ce blog, et pour longtemps.
D. dit: à
Une bonne façon d’aborder la peinture est d’en faire soi-même. Il faut commencer modestement : un petit mur uni, puis un us grand, enfin un plafond.
Ensuite on peut passer à la gouache et faire quelques tournesols, comme Van Gogh Vincent.
Et si on ose, comme Raoul Dufy, ensuite, exalté on peint directement sur le mur.
Là, on a une idée du nirvana 💭
christiane dit: à
« Qui penserait qu’il s’agit d’une toile hyper réaliste peinte méticuleusement par l’artiste italien Domineco Gnoli, à cause du rendu des détails en vue rapprochée ? un dessin épuré et précis, une matière si bien rendue, (ici, ce tissu gaufré et ses boutons). Création poétique et mystérieuse…
Il m’évoque les sculptures de Ron Mueck, ce sculpteur australien hyper réaliste dont j’ai vu en 2013 les œuvres à la Fondation Cartier pour l’art contemporain.
Mais lui est un peu morbide alors que Domineco Gnoli est tout en élégance. »
***
Oui, qu’est-ce, en l’occurrence, dans cet exemple précis, qu »un dessin épuré?
Domenico (et non pas Domineco..)doit s’en retourner les boutons de culotte!
Et puis cette comparaison qui voudrait faire l’analogie toute superficielle d’un hyperréalisme entre les deux artistes alors que tout stylistiquement les sépare. Effet volontaire de sculpture avec tous les détails réalistes chez l’un et volonté de relief matériel tout en assumant l’à plat pictural chez l’autre.
Cerise sur le gâteau, comparer un trait de psychologie tout subjectif ( l’effet morbide ressenti) et un déterminant de style, élégance (du trait?).
Enfin, le noyau dans la gorge : qu’est-ce que le » poétique et le mystérieux » viendraient-ils faire dans cette galère?
Closer,
après vous avoir situé « le vent mou » dans Un cœur simple, j’ai relu quelques chapitres de Madame Bovary car, bien qu’ayant lu votre belle citation de « la rencontre » dans L’Education sentimentale, je faisais une fixation sur cet autre roman dont je relisais la fine analyse offerte par René Girard et Pierre-Marc de Biasi dans les livres précédemment cités. (d’où la cascade de citations de la rencontre d’Emma et de Rodolphe).
Mais ce n’est jamais du temps perdu.
J’ai pu repérer ainsi à quel point Emma suit ses rêves littéraires (sa médiation due à l’éducation qu’elle a reçue) dont Rodolphe profite pour arriver à ses fins avant de s’éloigner. C’est un roman qui relève de l’absurdité et des illusions de cette femme vouée aux ravages… onéreux de l’adultère sur fond d’un portrait acide de cette bourgeoisie de province. Emma poursuit un modèle né de ses lectures, impuissante. Quel scénario !
Flaubert n’écrit-il pas à Louise Colet : « Tout ce qu’on invente est vrai. » (Puissance de la suggestion.)
Là, Proust a raison, l’œuvre de Flaubert marque une rupture dans l’histoire du genre romanesque. Premier roman de notre modernité.
Pierre Michon dans son évocation de Flaubert (autre livre cité) part d’un fragment d’une lettre que Flaubert envoya à Louise Colet de Croisset le 18 juillet 1852, heureux d’avoir terminé son roman : « Le vendredi matin, quand le jour a paru, j’ai été faire un tour de jardin. Il avait plu, les oiseaux commençaient à chanter et de grands nuages ardoise couraient dans le ciel. j’ai joui là de quelques instants de force et de sérénité immense. » pour imaginer un Flaubert heureux.
Pat V toujours aussi désagréable et prétentieux. Mangez des carottes !
Madame Crislèche nous raconte sentencieusement des banales conneries sur la peinture hyperréaliste, et sur deux peintres en particulier qu’apparemment elle ne connait pas, nous relevons calmement ses grossièretés.
Un point c’est tout.
935
commentaires