
Aragon, combien de divisions ?
Louis Aragon (1897-1982), combien de divisions ? Cinq Pléiades pour les romans, deux pour la poésie et désormais une pour les Essais littéraires (sous la direction d’Olivier Barbarant avec la collaboration de Marie-Thérèse Eychart et Dominique Massonnaud, 2064 pages, 80 euros, Gallimard), tous les Aragon étant ainsi consacrés sur papier bible en huit tomes. Autant de divisions. Peu peuvent en dire autant. La réunion de son œuvre critique presque complète dans sa dimension littéraire propose un peu d’inédit, quelques introuvables et surtout d’indispensables retrouvailles avec des textes lus, connus et reconnus. Préfaces, chroniques, fragments, articles, et même, convenons-en, des essais en bonne et due forme car ainsi décrétés par l’auteur même quoique d’une veine nettement pamphlétaire tel le fameux Traité du style dont l’énergie étincelle comme en 1928 même si l’effet de souffle d’une provocation surréaliste s’est quelque peu émoussé entre temps.
L’essai littéraire apparait en l’espèce comme un genre un peu fourre-tout, tant et si bien que l’on y aurait volontiers inclus l’un de ses chefs d’œuvre parmi les moins considérés et, partant, comme des plus méconnus : je veux parler d’Henri Matisse, roman qui est tout sauf un roman et qui, à vrai dire, ne ressemble à rien de répertorié sinon à un défi lancé à la biographie ; mais il est vrai que le volume annonce la couleur et que ses maitres d’œuvre ont resserré la focale sur les essais littéraires ce qui permet par exemple de ne retenir que la moitié littéraire de L’Homme communiste à l’exclusion de son autre moitié politique. Parfois, même lorsque l’essai était à dominante littéraire, il a été exclu de la sélection par crainte de demeurer inintelligible au lecteur du XXIème siècle, le cas de Littératures soviétiques (1955) dont la plupart des noms, pour ne rien dire des enjeux et des références, sont désormais inconnus du public, ce qui aurait exigé un appareil critique étendu qui aurait alourdi un volume fort déjà de deux mille pages. Aragon n’était pas seulement très cultivé en grand lecteur vorace qu’il ne cessa jamais d’être, il demeurait particulièrement informé- ce qui rend plus impardonnable encore tout ce qu’il savait du totalitarisme soviétique et qu’il a longtemps tu.
Pas toujours facile de s’y retrouver dans le maquis des réécritures et le souci de contextualisation après coup mais les maitres d’œuvre de cette édition se portent garants de la « stabilité » du sens des textes. Les corrections de l’après coup ne sont pas dissimulées, ni les regrets et repentirs. Encore ne s’agit-il que d’une sélection tant l’auteur fut prolixe. Un tel écrivain décourage l’exhaustivité. Tous ses articles des Lettres françaises sur un demi-siècle ne s’y trouvent pas tant il en a écrit mais Olivier Barbarant, à la tête de cette édition, assume le choix subjectif de la sélection. Au fil des pages, Aragon apparait plus que jamais saisi dans une tension sur une ligne de crête entre deux fidélités : avant-garde surréaliste et réalisme socialiste. Il s’en trouva même pour lui fabriquer un oxymore sur mesure à défaut d’être à sa mesure : « le surréaliste réaliste-socialiste ». Contrairement à Gide, si Aragon n’a pas écrit de Retour d’URSS, c’est que lui n’a pas cessé d’aller et venir dans la patrie de l’avenir radieux. Libre à chacun d’éprouver la sincérité ou la mauvaise foi d’Aragon lorsqu’il se livre à l’autocritique dans Pour expliquer ce que j’étais (1943)
En toutes choses il ne cesse d’écrire en poète puisqu’elle irrigue toute son écriture- et l’on comprend que ce soit difficile à admettre face à certains textes du militant. Mais tous les Aragon en lui sont convoqués dans chacune des lignes qu’il a tracées. Jamais il ne cessa au fond d’être surréaliste, communiste, poète, romancier, essayiste, journaliste. L’œuvre poétique se laissait lire aussi lire aussi en la décryptant comme des Mémoires qu’il se refusait de donner comme telles. Ne prévenait-il pas :
« Tout m’est également parole » ?
Allez ranger, classer après cela… Pas facile d’être éditeur pour la Pléiade avec un auteur qui s’est plu à dynamiter les genres (Le Paysan de Paris est proprement inclassable). Il serait vain, comme ce fut longtemps la règle académique, de le découper en tranches et en autant de périodes successives. La leçon qui se dégage par exemple de Je n’ai jamais appris à écrire ou Les Incipit (1969) n’a rien perdu de sa pertinence ; tout handicapé de l’insurmontable première phrase du roman à écrire y trouvera un signalé service (à la relecture des textes originaux de Blanche ou l’oubli ou de La Mise à mort, par exemple, la chercheuse Julie Morrison avait été frappée de ce que la phrase d’incipit ne soit pas la seule à enclencher l’écriture, chaque parcelle du roman en faisant tout autant, poursuivant une relance sans fin). J’abats mon jeu, réflexions sur les relations aussi complexes qu’ambiguës que le roman entretient avec l’Histoire. Une vague de rêves (1924) résonne comme son propre manifeste du surréalisme. Quant à Hugo dont il se sert (Hugo, poète réaliste) tout en voulant le servir (Avez-vous lu Victor Hugo ?), on dira que le génie national n’en avait pas vraiment besoin même en des temps où une vision marxiste de la société dominait dans l’Université.
« C’est avec les jeunes sots qu’on fait les vieux cons » (Aragon)
Barrès (mais oui ! évoqué même en 1948 comme un « « extraordinaire ouvrier de la prose française » ! ), Lautréamont, Stendhal, Desnos, Châteaubriand y côtoient Desbordes-Valmore, Eluard, Lewis Carroll, Sand et même Christie (parfaitement, Agatha). Une sacrée bousculade à laquelle se mêlent également Colette, Rimbaud, Racine et Guillevic. Sur une durée de plus d’un demi-siècle, différentes visions du monde et conceptions de la littérature s’y succèdent mais in fine, ce qui en fait l’unité et le ciment, c’est bien son art poétique qui ne s’interdit aucune digression, aucune ressource de la liberté de l’esprit, bien loin des dogmes du Parti dont il fut membre du comité central officiellement de 1950 à sa mort. En aura-t-il avalé des couleuvres en se taisant pendant les grandes crises (crimes du stalinisme, complot des blouses blanches, rapport Khrouchtchev, révolte polonaise, insurrection hongroise, révélation sur le Goulag…) et en pratiquant de grands écarts pour soutenir des dissidents soviétiques ou d’Europe centrale. On se demande parfois s’il ne s’appliquait pas à se rendre incompréhensible. Il est vrai que le casier est également lourd qu’il s’agisse du pacte germano-soviétique (et son fameux « Vive la paix ! »), de son rôle au Comité national des écrivains ou de son attitude durant l’épuration. Pas facile avec un écrivain qui plaide pour le mentir-vrai sans jamais sacrifier son souci du réel. On se souvient comment son biographe Philippe Forest a montré ce que le personnage peut avoir de « tordu », cynique et calculateur, joueur fasciné par le pari, accumulant des contradictions qui ajoutent à sa complexité.
« Sa façon simpliste de se référer au marxisme, le ton exalté, lyrique et excessivement enthousiaste doivent s’expliquer par le contexte historique, la personnalité d’Aragon, ce en quoi il croyait. On sait que beaucoup d’écrivains avaient la même optique que lui ou s’en rapprochaient. Plus difficiles à faire comprendre sont les références à Staline qui, pour Aragon, et d’ailleurs beaucoup d’autres, n’était pas le personnage que nous connaissons. Il était l’homme qui conduisait tout un peuple sur la voie révolutionnaire. Ce qui est maintenant présenté comme stalinien avec tout ce que ce mot peut comporter de négatif, était à ses yeux et l’est longtemps resté, la voie révolutionnaire » (Marie-Thérèse Eychart)
Pas sûr qu’on lui rende service, et qu’on rende justice à son œuvre, en louant si souvent sa virtuosité, jusques et y compris dans ses essais. Une anaphore passée à la postérité (« Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant/ Vingt et trois… ») ne suffit pas à faire oublier son appel aux « Soviets partout ! » dans la France de 1934. Mais refuserait-on de lire Flaubert en raison de ses positions politiques sur la Commune, Baudelaire sur le second Empire, Victor Hugo parce qu’en 1832 il était monarchiste libéral etc ? Longtemps, Aragon fut l’alibi pratique d’une droite excipant de son ouverture d’esprit en louant haut et fort son œuvre poétique pour mieux mépriser le reste. François Nourissier, qui fut de ses fidèles, se sentait tenu, lui, de monter au front pour clamer la puissance subversive de Blanche ou l’oubli de « cet aîné magnifique et déroutant ». C’était un duelliste dans l’âme (son père l’amena jeune à la salle d’armes) qui montrait une grande capacité à réagir positivement à l’impossible, quitte à vivre en permanence au bord du chaos. C’est peu dire qu’il aimait foutre le bordel : il n’était jamais meilleur que dans les situations de crise, de débâcle et de débandade.
On trouvera aussi dans cette ultime Pléiade quelques utiles piqures de rappel sur des faits méconnus tout à son honneur. Ainsi sa préface à La Plaisanterie de Milan Kundera, texte et auteur qu’il avait apportés à Gallimard en plein « printemps de Prague » par lui soutenu. Alors, que faire d’Aragon en 2025 ? Le lire, pardi ! Les enjeux liés au communisme ayant été emportés avec l’effondrement du mur de Berlin, Aragon et son œuvre souffrent désormais de l’indifférence, ce qui est pire. Il est temps que le monument sorte du purgatoire. Mais tout est à prendre dans cette « œuvre mosaïque » et les Essais littéraires ajoutent à son génie pour le meilleur et, parfois, pour le pire.
(« Louis Aragon » photo D.R. dessins Henri Matisse, 1943)
552 Réponses pour Aragon, combien de divisions ?
La Casa Batlló de Gaudí, restaurée, retrouve ses couleurs d’origine
Huit volumes de médiocrités variées. Aragon n’est pas un bon romancier, c’est un exécrable poète, auteur de milliers de vers, plus lourdement rhétoriques les uns que les autres, faisant la glissade sur un océan de mélasse.
C’est toujours une énigme pour moi d’apprendre qu’on le réédite. Sans doute une concession de la France au Parti communiste, pour le remercier d’avoir été trop mou pour faire une vraie révolution. Et j’ai du mal à croire que ceux qui s’ingénient à le faire lire le lisent également. La lecture d’Aragon est une perte de temps.
Quant au reste de l’article, je ne vois pas le rapport entre les propos de Flaubert sur la Commune, ou ceux de Baudelaire « sur le Second-Empire », avec une fidélité obstinée et complice à un parti politique responsable de cent millions de morts. Angelo Rinaldi, récemment célébré ici, a écrit sur le sujet un article que tout français épris de littérature devrait savoir par cœur.
Épris de littérature et d’histoire.
https://www.pierre-a.fr/lire-aragon-a93206635
Un P.A qui n’est pas P.A. mais qui trousse bien les mots.
Pierre Assouline avant en janvier 2013 écrit un long billet sur Aragon, intitulé Les chutes d’une oeuvre.
DHH/Rosanette avait pris la balla au bond dans ce commentaire qui conviendrait parfaitement à ce nouveau billet sur Aragon.
DHH dit: 18 janvier 2013 à 12h50
Les » chutes d’une oeuvre »
Ce titre, autour d’une métaphore de couturière me semble particulièrement bienvenu pour montrer la richesse et le devenir des scories laissées en passant par l’activité créatrice d’Aragon.
En effet en couture ,quand on parle de chutes ou de tombées c’est ce qui reste de tissu , ,lorsqu’on a coupé le vêtement à partir d’un patron ,puis , qu’éventuellement, on a donné quelques coups de ciseaux supplémentaires, pour adapter exactement au produit fini qu’on veut obtenir les éléments découpés et destinés à être assemblés .
Et les morceaux éliminés, ces tombées, qui gardent en creux le souvenir des formes utiles dont ils sont l’inverse , se retrouvent réutilisés appelés ainsi à une existence nouvelle
https://larepubliquedeslivres.com/aragon-les-chutes-dune-oeuvre/#comments
Voilà le billet. Le commentaire de Rosanette / DHH est en page 1 des commentaires.
Qui tolérerait cela en Ukraine ?
Gaza. Plus 500 personnes déjà mortes en allant chercher de l’aide alimentaire
Alors que la population gazaouie est menacée de famine, l’ONU dénonce l’instrumentalisation de l’aide humanitaire par Israël. 500 Gazaouis auraient été tués dans l’enclave, en moins d’un mois, lors de fusillades autour des centres d’aide. Un « crime de guerre » pour l’ONU.
410 personnes tuées en allant chercher de la nourriture. C’est le chiffre avancé par Thameen Al-Kheetan, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH). Elles seraient victimes des tirs de l’armée israélienne pendant qu’elles tentaient de rejoindre les quatre sites de distribution alimentaire de la très controversée Fondation humanitaire pour Gaza (GHF) depuis son déploiement, fin mai.
Après le très léger assouplissement du blocus mis en place autour de Gaza début mars, les fusillades s’enchainent autour des sites. Téléguidée par Israël et les États-Unis, la « Fondation » a été conçue pour contourner l’ONU en tant que principal fournisseur d’aide à Gaza.
À ce décompte macabre, le HCDH ajoute, ce mardi, que 93 personnes auraient été tuées par des tirs israéliens alors qu’elles tentaient de rejoindre les rares convois humanitaires de l’ONU ou d’autres organisations non gouvernementales (ONG). Son porte-parole se base sur des chiffres obtenus auprès des autorités sanitaires palestiniennes et des ONG. Selon lui, il est possible que le décompte soit plus lourd encore. Il ajoute également 3 000 Gazaouis auraient blessés durant ces fusillades.
46 morts ce mardi
Rien que ce mardi, la Défense civile gazaouie a recensé 46 morts près des centres d’aide, 21 à proximité du corridor de Netzarim, dans le centre de l’enclave, et 26 dans le sud. Interrogé par l’AFP, un porte-parole de l’armée israélienne a dit avoir « identifié », dans la nuit, un rassemblement à proximité des positions de soldats israéliens. Des informations, qui parlent de blessés à la suite de tirs israéliens, font « l’objet d’un examen ». La sécurité des centres de distribution est cependant censée être assurée par des sociétés américaines privées de mercenariat. (…)
« ses maitres d’œuvre »
Exit le travail de Jean Ristat, l’exécuteur littéraire d’Aragon ?
« Après la mort d’Elsa, vécue comme un anéantissement, Aragon renaît de ses cendres en veuf joyeux.
Gay, forcément gay.
Une manière de rester fidèle à Elsa, qu’il rejoindra finalement dans la tombe ? Indéniablement la femme de sa vie : « Elsa », « Les yeux d’Elsa », « Le fou d’Elsa », « Il ne m’est Paris que d’Elsa »…
Elsa, sa muse, son inspiratrice, sa stimulatrice (il la poussait à écrire pour pouvoir écrire à son tour), son tuteur, sa gaine, sa ceinture de chasteté.
La sexualité d’Aragon est encore un grand mystère : sous l’homme à femmes, n’a-t-il pas dissimulé, toute sa vie, l’homme-femme qu’il était ?
Elevé par ses « trois grandes soeurs » dont sa véritable mère, Aragon, enfant adulé au sein d’un gynécée, aimait les femmes, avait besoin de leur présence, de leur amour.
Son homosexualité était-elle refoulée ou jusqu’alors cachée ?
Dans Le paysan de Paris, le bordel à femmes du passage du Panorama d’Anicet devient un établissement de bains pour messieurs, ancêtre des saunas gays actuels.
Ses lettres à Breton sont celles d’une amoureuse à son amant. Et lorsque celui-ci s’entiche de Jacques Vaché, on sent poindre une jalousie chez le jeune Aragon, qui n’a rien de strictement littéraire.
Sans parler de son amitié particulière avec Drieu la Rochelle, qui se suicidera avec le roman Aurélien ouvert à ses côtés !
Le couple formé par Aragon et Triolet n’obéissait pas à la norme habituelle. Leur fidélité réciproque ne se réduisait pas à la sexualité. Elsa avait des aventures avec d’autres hommes et Aragon ne l’ignorait pas. En était-il de même pour lui, qui en 1927 rejoint le Parti communiste et en 1928 rencontre Elsa ? Les camarades, d’un côté, sa « régulière » de l’autre… »
https://www.lelezarddeparis.fr/un-mariage-de-deraison
magnifique article !!!
autant on a tout pardonné aux allemands, autant les russes non.
d’un côté on dit bien aimer Pouchkine, mais de l’autre on envoie des obus pour alimenter une guerre dans le seul but de se faire des ruskoffs…
Aragon, le père sinon le pape du surréalisme ?
LOUIS ARAGON
Le retour des rêveurs
« J’exige que les rêves qu’on me fait lire soient écrits en bon français », réclamait péremptoirement Louis Aragon dans son Traité du style (1928). Quatre ans auparavant, en pleine émergence du surréalisme, il saluait, avec éclat, la place prépondérante du rêve à la base de toute création artistique. Renouant ainsi avec une tradition qui était précédemment retombée en… sommeil ! Dès lors, toute une nouvelle génération allait renouveler en profondeur les thèmes et la forme du roman, de la poésie, mais aussi de la peinture, du cinéma, alors en pleine croissance, ou encore de la photographie. Témoignage de première main.
« Une idée qui s’est formée ne se borne pas à être, elle se réfléchit : elle existe. Ainsi le concept de la surréalité pendant deux années revint sur lui-même entraînant avec soi un univers de déterminations. Et dans ce repliement il retrouve d’abord les images qui présidèrent à sa genèse, comme un fils ses parents alors que tout son corps est assemblé et mû dans ses parcelles, prêt à de grands mystères et déjà tout oublieux de ces vieillards. Il retrouve à son point de départ le rêve, d’où il est sorti. Mais maintenant le rêve, à la lueur du surréalisme, s’éclaire, et prend sa signification. Aussi André Breton, s’il note alors ses rêves, ceux-ci pour la première fois depuis que le monde est monde, gardent dans le récit le caractère du rêve. C’est que l’homme qui les recueille a accoutumé sa mémoire à d’autres rapports que les pauvres réalités des veilleurs. Aussi Robert Desnos apprend à rêver sans dormir. Il parvient à parler ses rêves, à volonté. Rêves, rêves, rêves, le domaine des rêves à chaque pas s’étend. Rêves, rêves, rêves, le soleil bleu des rêves enfin fait reculer les bêtes aux yeux d’acier vers leurs tanières. Rêves, rêves, rêves sur les lèvres de l’amour, sur les chiffres du bonheur, sur les sanglots de l’attention, sur les signaux de l’espoir, dans les chantiers où se résigne un peuple auprès des pioches. Rêves, rêves, rêves, tout n’est que rêve où le vent erre, et les chiens aboyeurs sortent sur les chemins. Ô grand Rêve, au matin pâle des édifices, ne quitte plus attiré par les premiers sophismes de l’aurore ces corniches de craie où t’accoudant tu mêles tes traits purs et labiles à l’immobilité miraculeuse des statues ! Ecarte ces clartés intolérables, ces saignements du ciel qui éclaboussent depuis trop longtemps mes yeux. Ta pantoufle est dans mes cheveux, génie au visage fumé, ténebre éclatante enroulée à mon souffle. Empare-toi du reste de ma vie, empare-toi de toutes les vies, marée montante à l’écume de fleurs. Des présages par-dessus des tours, des visions au fond de mares d’encre, dans la poussière du café, des migrations d’oiseaux sur la latéralité des devins, des cœurs consultés par des doigts sanglants, des rumeurs, annoncent – les temps se déroulent des draperies – ton règne et ton cyclone, adorable sirène, clown incomparable des cavernes, ô songe adossé au corail, couleur des chutes, odeur du vent ! 1924 : sous ce nombre qui tient une drague et traîne après lui une moisson de poissons-lunes, sous ce nombre orné de désastres, étranges étoiles dans ses cheveux, la contagion du rêve se répand par les quartiers et les campagnes. De grands exemples se lèvent des champs purs. […]
Saint-Pol Roux, Raymond Roussel, Philippe Daudet, Germaine Berton, Saint-John Perse, Pablo Picasso, Georges de Chirico, Pierre Reverdy, Jacques Vaché, Léon-Paul Fargue, Sigmund Freud, vos portraits sont accrochés aux parois de la chambre du rêve, vous êtes les présidents de la République du rêve.
Et maintenant voici les rêveurs. »
(« Une vague de rêve », Editions Seghers, 2006)
Publié en octobre 1924, Une vague de rêve, de Louis Aragon, rédigé durant l’été précédent, quelques semaines avant Le Manifeste d’André Breton, serait, selon son auteur, le premier texte fixant définitivement le mot « surréalisme ». Lyrique et théorique tout à la fois, ce texte fondateur sera suivi d’une mise en pratique tout aussi magistrale, puisque Aragon publiera, deux ans plus tard, Le Paysan de Paris, un roman poétique et onirique qui nous permet de découvrir les arcanes du Passage de l’Opéra, désormais disparu, et d’aller méditer sur le sentiment de la nature à l’occasion d’une promenade nocturne dans le parc des Buttes-Chaumont.
Par acquis de conscience, je viens de relire quelques poèmes et en effet c’est vraiment pas terrible et même moins que ça, Chaloux.
Ça par contre c’est vrai : « C’est avec les jeunes sots qu’on fait les vieux cons ». J’ai quelques exemples ici.
Drieu dit: « Aragon me hait parce que je l’ai percé à jour ».
Cité de mémoire. Je serais curieux de savoir ce que font les biographes de Drieu de cette phrase.
renato dit: 24 juin 2025 à 19h16
La Casa Batlló de Gaudí, restaurée, retrouve ses couleurs d’origine
https://barcelonesite.fr/images/casa_batllo_tickets
Comme c beau !!! Couleurs de l’été ❤️
Communiste et gay, deux raisons pour haïr cette crapule stalinienne d’Aragon.
Aragon est un géant.
Aurelien est un des plus grands romans du 20e siècle ( avec son jumeau Gilles).Sa poésie ne cesse de nous bouleverser.A l’issue de ce précieux volume on s’apercevra qu’Aragon a dit beaucoup moins de bêtises que ses contemporains,Sartre ou Mauriac.J’aime cet homme d’un amour littéraire,comme j’aime Barrès et Valery ( sans parler de Proust).Gallimard lui devait cette Pléiade.
@Gallimard lui devait cette Pléiade.
+ 1
ARAGON ?
Piège à cons …..un héros de BD pour enfants attardés.
Ne perdons pas notre temps.
Next ?
« La première fois qu’Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. »
On ne peut oublier la première phrase de ce roman. Aragon l’a inscrite sur le papier et elle va l’entraîner vers une aventure que seul écrire rendra possible.
Roman magnifique de l’amour impossible – Il n’y a pas d’amour heureux… – Comme cette chanson évoquée dans la préface.
Et justement, certe préface renvoie aux multiples essais sur le roman qu’Aragon a laissés. Qu’est-ce qu’écrire ?
Assimiler Aragon à Barrès, Proust et Valéry est une insulte ridicule adressée à ces trois écrivains.
Ce qui serait intéressant, ce serait de savoir comment Aragon est perçu à l’étranger.
En fait, en dehors de sa complicité criminelle avec une idéologie largement aussi assassine que le nazisme, le reproche qu’on peut faire à Aragon, est celui que lui fait Elsa Triolet dans une lettre devenue fameuse: « jamais d’érection complète ». Sans aucun doute également le profil majoritaire de ses lecteurs.
Tout cela transposé dans le domaine littéraire, cela va sans dire.
Puisque le billet mentionne les incipits, pour ma part jamais lu Aragon sauf la première phrase de « Aurélien », qui peut rivaliser avec celles de Jane Austen, Kafka ou Mme de La Fayette. Mais un mot me vient en pensée, toujours présent, mais ici plus particulièrement, et il ne figure pas dans ce texte, c’est le mot de mensonge. Vasily Aksyonov (qui en connaissait un bout sur l’Union Soviétique), dans son livre sur son expérience d’immigration aux US, un livre si drôle, s’amusait de lire sur les camions d’ordures qu’il voyait de sa chambre à Washington la marque « Aragon ».
La bouguelasse est aragonophile. Rien d’étonnant.
Je ne voudrais pas accabler les lecteurs de ce site par des article du Guardian (journal d’autant plus remarquable qu’il ne reflète pas forcément les opinions que je pourrais avoir), mais dans celui-ci, une photo du Panthéon au Paraguay peut faire rire. (Il y a aussi un détail notablement différent–on pense à Mitterand et son affiche électorale). Probablement construit du temps où la France avait une influence.
Est-ce ceJean Ristat qui a fait retirer du livre consacré à Aragon dans la collection « L’un et l’autre », chez Gallimard, le fameux chapitre oú l’on voit Aragon, à soixante-dix ans, apparaître à l’auteur, quasi dans le plus simple appareil, puant la vaseline, dans un but parfaitement identifiable, même par les plus naïfs? Le même auteur qui eut bien raison de publier ce chapitre sur Internet où il doit encore se trouver.
Notre ami « Marcel », alias Jean Calbrix, qui écrivait de si délicats poèmes sur les merles de son jardin et des romans policiers, a quitté cette vallée de larmes en 2023. Je ne l’ai appris qu’hier. Que la terre lui soit légère.
L’œuvre d’Aragon ce n’est que l’assemblage de choses qui étaient déjà là. Autant puiser aux sources.
Tout dépend où elle figure. Si c’est dans le Journal, sa publication a été très tardive …Pour le reste, ces messieurs avaient des points communs qui les faisaient se haïr autant que s’ attirer….
Zohran Kwame Mamdani
Date de naissance 18 octobre 1991 (33 ans)
Lieu de naissance Kampala (Ouganda)
Nationalité Ougandaise
Américaine (depuis 2018)
Parti politique Parti démocrate
Socialistes démocrates d’Amérique
In wiki
33 ans, ce n’est pas un plus. Année de tous les engagements à hauts risques. Sinon, beau profil, naissance, papa, maman, études, un de ses fils nommé comme un homme politique ghanéen.
Pierre de Ronsard a souffert, sans moi. D’autres, plus autonomes, ont trouvé leur expansion.
Je reviens à « Aurélien ». Le désastre de la guerre qui sépare le temps de l’homme et celui de la femme. Même si le roman évoque les années 20, ce sont celles de la guerre de 39/45 qui sont sous-entendues. Et par ce roman le rapport au réel, l’énigme des personnages. N’a-t-on pas vu dans Aurélien Leurtillois la présence de Dieu ? Comment Aragon s’écarta du réel pour entrer dans l’imaginaire, ce domaine de l’écriture où il conduisait la vie par sauts et gambades.
L’homme réel a été ce qu’il a été avec ses failles, ses aveuglements, son militantisme exacerbé, sa sexualité complexe, son couple où deux écrivains cohabitaient, mais l’œuvre reste, flamboyante. « Matisse, Roman », une plongée mystérieuse dans l’art… d’écrire. Michel Alba a laissé des analyses époustouflantes de cette œuvre sur la RdL, il y a quelques années.
Et cet essai sur les incipit, comme un regard sur l’écriture de tant d’écrivains qu’il connaissait parfaitement.
Un billet qui annonce par cette collection Pléiade imposante un retour possible en bibliothèque pour relire ces essais.
Dieu / Drieu
Il n’existe qu’un seul panthéon, vedo.
Christiane en vous lisant un souvenir me reviens à l’esprit, il y avait sur ce blog autrefois une femme charmante du nom d’Hélène Leurtillois qui était vive, espiègle et particulièrement discrète sur ses savoirs … J’imagine que son pseudo provenait du personnage masculin d’Aragon. Du temps où c’était possible encore de changer de pseudo comme de chemise il m’est arrivé de lui voler son pseudo par facétie, mais elle était tellement dans son monde qu’elle n’a pas moufté. Ce doit être une salicorne des mers ou une coquille d’huitre à présent, à force de dézoommer ce ne sera plus qu’une miette de paillette dans mon souvenir …
Aragon est un homme coupé en 3 périodes :
1) Le révolté surréaliste majeur avec Breton.
2) Un communiste devenu un stalinien pur jus , un notable du PCF jusqu’ à sa mort. Pathétique.
3) Enfin l’homme des aveux entortillés, des remords à facettes, des confessions virtuoses d’un narcissisme exacerbé et souvenirs théâtralisés, soigneusement classés dans des tiroirs qu’on soupçonne truqués, celui des années 6O avec « La mise à mort », « Blanche ou l’oubli » et cet étonnant « Théâtre/Roman « de 1974.
Là il balance le naufrage et la détresse de la vieillesse au moment même où il est photographié et se révèle le veuf joyeux à panama et jeunes gens au bord de la piscine .Enfin l’homme de la « scie » Elsa ne cache plus sa bisexualité qui remonte aux années 2O. Il est diaboliquement éblouissant de style au moment même où il nous embobine avec son « mentir-vrai ». Allez donc vous y reconnaître dans ce fatras de vie! Pas la peine de monter sur vos grands chevaux Chaloux, Aragon restera un immense romancier., un prosateur hors classe
Relisez « Le paysan de Paris » « Aurélien » ou « Blanche ou l’oubli » . François Furet a bien défini la terrible faiblesse d’Aragon dans son essai « Le passé d’une illusion » quand il écrit : » En France comme ailleurs, le communisme fait appel chez les individus, en même temps qu’à l’idéalisme et à l’ ignorance, à un goût caché du pouvoir qui peut être joint à une passion masochiste de la force. Aragon en est, dans la culture française, à la fois la victime la plus illustre et le manipulateur le plus accompli. »
Écrivain éblouissant et manipulateur exécrable. Pas facile d ‘admirer Aragon.
Alors, qu’est-ce qui l’attire chez Bérénice ?
« La seule chose qu’il aimait d’elle, ce fut sa voix. Une voix de contralto, chaude, profonde, nocturne. (…) Bérénice parfait avec une certaine lenteur. Avec de brusques emballements vite réprimés…. »
Mystère de l’écriture. Il l’a pense en écrivant, il l’a créée en écrivant.
parlait
pensée
Je l’ai vu, le Panthéon. Plus bas, la Sorbonne.
Sur le trottoir d’en face, après « Paul », un mendiant très abimé qui vit dehors. Pas eu le courage de lui parler. Ai filé. La main gauche a vu et su la main droite.
Martin Scorsese en Sicile, avec Francesca, aimée, l’épouse a la maladie de Parkinson, las. Se baladant dans les temples d’Agrigente, peu de temps après vedo.
Ne participerai pas au billet sur Aragon.
Jazzi, pas aidé par celui qui écrit le billet.
Ai vu cela dans un des grands magasins, un jeune homme en délire sexuel. C’était dégueulasse. Autant que les deux femmes qui affichaient leur goût du cul publiquement au musée. Exhibitionnisme. À gerber.
Je ne participerai à couler personne.
Le lisant, j’ai revu le Moulin, sa sœur qui était sa mère, le sous préfet de Forcalquier en goguette, sa maîtresse espagnole en tête.
Chronologiquement suivant, en tête, ce merveilleux film iranien, l’excellence du cinéma iranien, de Raha Amirfazli & Alireza Ghasemi, Au pays de nos frères.
L’enfant afghan, qui est déjà un homme, quinze ans, seize, se fait violer par un des soldats iranien. Il s’automutile pour échapper à l’engrenage et retrouver la jeune fille aimée, qui l’aide dans la cueillette des tomates. La tristesse infinie dont il témoigne. Outre la vie dure d’exilés qu’il mène. In Au pays de nos frères.
Et en //, l’infinie pudeur dans Cadences de Jacques Drillon, lorsqu’il raconte l’attirance sexuelle de l’homme mûr envers l’enfant qu’il fut, adolescent, les grandes virées en voiture, et l’immense respect témoigné envers lui.
L’enfant.
Mon jardin m’appelle.
Téléphone maison, maman rentrée.
Le truc de la phrase première, en dirait plus, pour les riches apprenants. Ou pas. En dissertation, on ne fonctionne pas comme ça, puisque l’on commence par la conclusion et on remonte à l’introduction lorsque le corps de la démonstration est faite.
Renato, oui, c’est vrai, et il n’est pas à Paris et vous faites bien de le rappeler… mais la coupole d’Asunción me paraît plus proche de celle de Paris que de Rome.
Hélène Leurtillois… Chantal. Voilà une énigme de lectrice. Oui, de belles voix se sont succédées sur ce blog à nul autre pareil, venues de la brume des pseudos. Ce qui est formidable c’est passant et repassant ces billets qui éveillent la mémoire d’un écrivain, d’une œuvre. Au delà des rageux, il y a les connaisseurs au rendez-vous. Les futiles passent, les essentiels restent…
Dans ton monde.
Troisième pique de l’amie d’enfance.
Non c’est sa vie à elle. Sa pleine vie, totalitaire sûrement.
À lui peut-être.
Ai quasiment fini Big Sur. Il dit tout. Tout sur tout.
Ai commencé à enregistrer des passages. Micro en panne. Tél.agité.
Etc.
Tout y passe. Les américains, la guerre, la pauvreté, la générosité, le choix du rien, tout.
Pousser quelqu’un dans ses retranchements, voire dans ses vices, jamais. Pour obtenir des infos. encore moins.
Enfin, moi, j’ai eu mon grand-père, Aimé, communiste jusqu’à sa mort, et s’il y a bien un qualificatif qui ne lui convient pas, c’est pathétique.
Cet homme admirable.
Paul Edel écrit : « Aragon restera un immense romancier., un prosateur hors classe.(…) »
Oui.
Ainsi le portrait d’Aurélien.
« Son oisiveté se nourrissait d’une inquiétude assez semblable à celle qu’il avait connue dans les longs loisirs des tranchées. Celle-ci, sans doute, avait ouvert les voies de celle-là, rendu en lui naturelle cette attente sans objet, cette absence de perspectives. Avec cette essentielle différence qu’il pouvait maintenant se croire le maître de sa vie. (…)
Il avait trouvé tout cela à son retour et même son appartement (…)
Si l’on songe que ces trois années-là étaient au fond toute sa vie, après huit années de service, et les jours irresponsables du Quartier Latin au sortir du lycée, on comprendra qu’il eût trente ans et qu’il fût si peu entré dans l’existence, qu’il se sentit encore à trente ans dans les vêtements d’un autre, comme un intrus dans le monde et un peu un enfant qui s’est introduit dans les pièces de réception d’une demeure de province avec ses persiennes baissées et les housses sur les meubles. »
15 septembre 2023. Une belle chronique de ce roman que j’ai relu partiellement grâce à ce billet de Pierre Assouline.
Rose bien sur il y eut des communistes exemplaires mais un parti communiste qui mene a la révolte hongroise au mur de Berlin aux chars de Prague.. un avenir radieux Stalinien qui fabrique le goulag..
Merci pour l’info sur Jean Calbrix dit Marcel, Chaloux.
Adorable erdélien, Normand, ancien prof de math à l’université de Rouen, il écrivait des polars dont « Mon cadavre normand n’a pas ri à Paris », qu’il m’avait fait parvenir avec une chaleureuse dédicace…
« Le révolté surréaliste majeur avec Breton. »
« révolté » il me semble excessif Paul, car le Surréalisme fut une tentative stupide et maladroite de s’approprier Dada dans le but de l’académiser.
Le « « Congrès international pour la détermination des directives et la défense de l’esprit moderne », en est la preuve. Tzara refuse de participer et déclare : « Je préfère me tenir tranquille plutôt que d’encourager une action que je considère comme nuisible à cette recherche du nouveau que j’aime trop, même si elle prend les formes de l’indifférence. »
Laissons de côté la réaction lamentable de Breton.
Enfin, Paul Eluard, Théodore Fraenkel, Benjamin Péret et Jacques Rigaut, Jean Cocteau, Erik Satie, Georges Ribemont-Dessaignes, et quelques autres soutiennent Tzara. Seulement Aragon, opportuniste notoire — voir son communisme —, reste avec Breton.
LOUIS ARAGON
Cimiez* ou la colline occupée
Durant la dernière guerre, Louis Aragon et Elsa Triolet se réfugièrent à Nice. A cette occasion, le couple put rencontrer tout à loisir Henri Matisse (1869-1954), qui demeurait alors à l’hôtel Régina, dans les hauts de Cimiez. Dès cette époque, le poète décida de consacrer une monographie au peintre et, pour cela, vint lui rendre régulièrement visite dans son appartement-atelier. Finalement, le livre, Henri Matisse, roman, ne sera publié que vingt-neuf ans plus tard, alors que Matisse reposait depuis longtemps au cimetière de Cimiez. De cet ouvrage foisonnant, et illustré de dessins de Matisse, nous extrayons, ici, un érudit résumé de l’histoire de cette colline, depuis la haute antiquité jusqu’à… Henri Matisse. Un roman, certes, mais un roman-vrai !
« Sur cinquante ans passés à peindre, il y a dans la vie d’Henri Matisse, du Cateau-Cambrésis, vingt-cinq années à Nice. Et il est vrai qu’il y a dans sa peinture, dans tout son art, quelque chose de méditerranéen, à commencer par la lumière. Ainsi se fait en lui la synthèse de la France, sans Charles Martel. Le Nord et le Midi. La raison et la déraison. L’imitation et l’invention. La brume et le soleil. L’inspiration et la réalité. Mais les contrastes sont dans l’homme, son attitude, ce qu’il dit : l’œuvre déjà est équilibre des contraires, la France.
Et c’est ainsi que Matisse, Cambrésien, est devenu le Maître de Cimiez. »
LES FANTÔMES DE CIMIEZ
« Quand, vers le soir, je prends congé d’Henri Matisse, je descends dans l’énorme Régina où il habite, dont, suivant les règlements de cet hiver 41-42, les pièces communes sont à peu près plongées dans l’ombre, je traverse ce hall-péristyle-véranda aux colonnes de forêt, et je glisse, sur la route froide et noire à l’entrée de Cimiez, je tourne en remontant un peu, et je fais le pied de grue dans ce lieu désert, au bas d’une propriété aux murs élevés où s’arrêtera l’autobus en direction de Nice. C’est une manière de carrefour, la route s’y divise pour entourer une masse sombre et bizarre, ronde et déchirée : les ruines des arènes de Cimiez. A côté de ce palace en lotissement qu’est le Régina, quel étrange rappel de l’histoire. J’ai tout le temps d’y rêver : l’autobus se fait désirer.
C’est pour des troupes d’occupation que furent bâties ces arènes : il fallait bien meubler les loisirs des vainqueurs, et Cimiez, la ville des monts Céménéliens, avait une forte garnison parce qu’elle avait été la capitale des Védiantiens, Ligures aux cheveux longs, et le centre de leur résistance, face à Antibes. Les Ligures de par ici, comme les Nerviens, étaient les fantassins des armées gauloises. Au fond, Matisse s’est à peine dépaysé. Les Védiantiens, pour moins cruels qu’ils fussent que les Nerviens coupeurs de têtes (est-ce pour cela que j’ai toujours un peu peur de Matisse ?), passaient aussi pour fort sauvages, précisément à cause de leur indocilité, qu’ils fussent envahis par les soldats de Rome ou par ceux de Carthage. Et les bons auteurs qui, bien entendu, sont romains ou puniques, nous racontent avec horreur qu’ils attaquaient vilainement les troupes de César ou celles d’Hannibal.
Comme son Cambrésis, cette région en a vu de dures : après les Romains, ce furent les Wisigoths, puis les Lombards, puis les Sarrasins…, jusqu’à ce qu’enfin au Xe siècle, le premier Grimaldi de ces Grimaldis qui furent à travers les âges le parti français de Fréjus à Gênes, Guelfes ou Garibaldiens, vînt libérer l’ancien pays ligure et donner son nom au golfe de Grimaud. Il se trouve qu’il descendait de Grimoald, fils de pépin d’Héristal et frère de Charles Martel. Comme on se rencontre !
Voilà mon autobus. »
(« Henri Matisse, roman », Editions Gallimard, 1971 et 1998)
*Cimiez, du grec Cemenelum, signifierait la colline du Bois Sacré !
« bien sur il y eut des communistes exemplaires »
je crois même qu’on vient d’en panthéoniser un dernièrement ?
Enfin rose, mon grand-père maternel était communiste ; il participa même au XVIIe congrès du Parti Socialiste Italien (Livourne 1921), où eut lieu la scission qui donna naissance au PCI. Mais avec les événements de Hongrie (1956), qu’il a vécu comme une trahison, il quitta le parti — à la grande satisfaction de grand-mère qui, anarcho-syndicaliste (USI) jusqu’à la suppression fasciste du syndicat, n’avait jamais vu d’un bon œil les idées politiques de son mari.
Paul,
Pour des raisons précises, je suis la première ici à avoir lu les Récits de la Kolyma de Varlam Chalamov, né huit ans après mon grand-père, un homme de haute tenue, qui jamais n’aurait renié ses idéaux. Sur son lit de mort, je lui ai promis « on parlera de toi » et je le fais avec ma fidelité coutumière. Crénom.
Lea Massari nous a quittés.
Le surréalisme, un mouvement plus abouti que le dadaïsme, renato.
ANDRE BRETON
« Je crois à la réalisation future de ces deux états, en apparence si contradictoires, que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, de surréalité, si l’on peut ainsi dire. C’est à sa conquête que je vais, certain de n’y pas parvenir mais trop insoucieux de ma mort pour ne pas supporter un peu les joies d’une telle possession.
(…)
Dans le domaine littéraire, le merveilleux seul est capable de féconder des œuvres ressortissant à un genre inférieur tel que le roman et d’une façon générale tout ce qui participe de l’anecdote. (…)
Le merveilleux n’est pas le même à toutes les époques ; il participe obscurément d’une sorte de révélation générale dont le détail seul nous parvient ; ce sont les ruines romantiques, le mannequin moderne ou tout autre symbole propre à remuer la sensibilité humaine durant un temps. Dans ces cadres qui nous font sourire, pourtant se peint toujours l’irrémédiable inquiétude humaine, et c’est pourquoi je les prends en considération, pourquoi je les juge inséparables de quelques productions géniales, qui en sont plus que les autres douloureusement affectées. Ce sont les potences de Villon, les grecques de Racine, les divans de Baudelaire. Ils coïncident avec une éclipse du goût que je suis fait pour endurer, moi qui me fais du goût l’idée d’une grande tache. Dans le mauvais goût de mon époque, je m’efforce d’aller plus loin qu’aucun autre. (.…) Pour aujourd’hui je pense à un château dont la moitié n’est pas forcément en ruine ; ce château m’appartient, je le vois dans un site agreste, non loin de Paris. Ses dépendances n’en finissent plus, et quant à l’intérieur, il a été terriblement restauré, de manière à ne rien laisser à désirer sous le rapport du confort. Des autos stationnent à la porte, dérobée par l’ombre des arbres. Quelques-uns de mes amis y sont installés à demeure : voici Louis Aragon qui part ; il n’a que le temps de vous saluer ; Philippe Soupault se lève avec les étoiles et Paul Eluard, notre grand Eluard, n’est pas encore rentré. Voici Robert Desnos et Roger Vitrac, qui déchiffrent dans le parc un vieil édit sur le duel ; Georges Auric, Jean Paulhan ; Max Morise, qui rame si bien, et Benjamin Péret, dans ses équations d’oiseaux ; et Joseph Delteil ; et Jean Carrive ; et Georges Limbourg, et Georges Limbourg (il y a toute une haie de Georges Limbourg) ; et Marcel Noll ; voici T. Fraenkel qui nous fait signe de son ballon captif, Georges Malkine, Antonin Artaud, Francis Gérard, Pierre Naville, J.-A. Boiffard, puis Jacques Baron et son frère, beaux et cordiaux, tant d’autres encore, et des femmes ravissantes, ma foi. Ces jeunes gens, que voulez-vous qu’ils se refusent, leurs désirs sont, pour la richesse, des ordres. Francis Picabia vient nous voir et, la semaine dernière, dans la galerie des glaces, on a reçu un nommé Marcel Duchamp qu’on ne connaissait pas encore. Picasso chasse dans les environs. (…)
On va me convaincre de mensonge poétique : chacun s’en ira répétant que j’habite rue Fontaine, et qu’il ne boira pas de cette eau. Parbleu ! Mais ce château dont je lui fais les honneurs, est-il sûr que ce soit une image ? Si ce palais existait, pourtant ! »
(« Manifeste du surréalisme », Société Nouvelle des Editions Pauverts, 1979)
D’autres compagnons de route, et de rêve, les avaient rejoints, tels les frères Prévert, René Char, Georges Bataille, Raymond Queneau ou encore Julien Gracq.
« un parti communiste qui mene a la révolte hongroise au mur de Berlin aux chars de Prague.. un avenir radieux Stalinien qui fabrique le goulag.. »
je crois que vous faites la même erreur épistémologique que passou dans son article, ce qui l’entraine dans cette impasse où il dit que Breton est « inclassable ».
en fait ce n’est pas Breton qui est inclassable, c’est nous qui avons gommé les catégorises qui permettraient de le classer.
pour le dire autrement : en réduisant le marxisme au goulag, à Staline, au goulag et à la Hongrie nous avons jeté le bébé avec l’eau du bébé parce que le marxisme est évidemment bien plus que le goulag et la Hongrie.
oupss: où il dit qu’Aragon est « inclassable ».
cette façon de simplifier les idées est une des raisons que expliquent que nous soyons arrivés dans des sociétés qui ont atteint le stade ultime du nihilisme.
Le 23 octobre 1956 éclatait le soulèvement de Budapest contre l’URSS au nom de la démocratie. Pour l’Union soviétique, cela devait durer trois jours : il en a fallu sept pour noyer dans une mer de sang le rêve de liberté de la Hongrie insurgée, qui a laissé 20 000 morts sur le terrain et envoyé 250 000 Magyars en exil dans 54 pays du monde.
le fait que ce vide occupe une large place dans nos sociétés occidentales est principalement dû à cette paresse d’esprit.
« Le surréalisme, un mouvement plus abouti que le dadaïsme »
C’est juste une opinion.
j’ai quand même vu que les habitants de Venise se sont mobilisés pour empêcher le mariage de Bezos dans leur ville.
sympa de voir ce type de sursaut populaire qui prouve que les gens sont pas tous des zombies.
« Je suis le ludion de mes sens et du hasard. Je suis comme un joueur assis à la roulette, ne venez pas lui parler de placer son argent dans les pétroles, il vous rirait au nez. Je suis à la roulette de mon corps et je joue sur le rouge »
(Le paysan de Paris)
Merci, Jazzi, d’évoquer la rencontre de Matisse et d’Aragon à Nice.
Un livre tout fouillis en naîtra mais quel livre. Jamais je crois l’art et l’écriture se sont liés comme dans cet énorme livre de 800 pages.
La fenêtre à Collioure ouvre cette rencontre. Terrible. Toute de noir, la vue qui aurait dû être un de ces paysages inondé de lumière et de couleurs éclatantes. Là, loe se heurte à un mur noir impénétrable. Je suis souvent retournée à Beaubourg pour l’interroger. Je. Si pas trouvé de réponse, hors la mort et son néant.
Heureusement après ce passage à vide les couleurs somptueuses reviendront le solliciter. Ecsera l’époque des papiers peints et decoupesi : la tristesse du roi, la danse, les nus bleus, la chute d’Icare. Lui immobilisé dans son fauteuil et l’étudiante punaisant les morceaux qu’il découpait dans ses gouaches monochromes. Il dirigeait tout cela avec une longue baguette.
Il y eut aussi ‘a chapelle des dominicaines à Saint-Paul de Vence, ces vitraux aériens, ces dessins épurés dont le saint Dominique.
Mais Aragon a fait de son regard sur l’œuvre de Matisse une interrogation profonde sur l’écriture.
aujourd’hui, pour commencer de parler d’Aragon, il faut rappeler la place du marxisme chez les intellectuels et les artistes au cours 20è siècle.
quitte à aller de Merleau Ponty à Gramsci, même l’équipe Bourdieu, Deleuze, Foucault, Derrida, Badiou, ou Luckazs et Bloch, ou même l’école de Francfort : Adorno, Benjamin, Horkheimer etc.. et j’en passe…
si on réduit tout ça au goulag et à la Hongrie forcément c’est que soit c’est idéologiquement prémédité, soit c’est jsute de la paresse intellectuelle.
Le poète et le psychanalyste
« Il y a un parallèle entre Freud et Breton, qui explique leur mésentente par la trop grande similitude de leur personnalité, et qui justifie en même temps la double fascination complémentaire qu’ils exercent. L’un et l’autre sont les maîtres d’une discipline qui domine le siècle ; la psychanalyse a révolutionné les sciences psychologiques, le surréalisme a bouleversé les arts poétiques, d’une manière irréversible et définitive, si bien qu’on ne saurait les ignorer ou se tenir à une conception antagoniste sans régresser, et qu’au contraire tout ce qui peut se faire de nouveau s’appuie sur leur acquis respectif. L’un et l’autre ont été l’objet d’une malveillance passionnée, parce qu’ils ont achevé leur initiation et obtenu des succès personnels. L’un et l’autre ont postulé que les racines des états normaux étaient à chercher dans l’humus des états anormaux : de même que Freud est parti d’une description des perversions sexuelles pour expliquer la sexualité courante, Breton s’est référé à la psychopathie, à la phénoménologie des délires schizophréniques et paranoïaques, pour définir la mentalité poétique. L’un et l’autre ont considéré le rêve comme une révélation chiffrée du désir, et non comme une anomalie psychique sans signification ou assimilable à une prémonition. L’un et l’autre étaient matérialistes et athées, hostiles par tempérament à l’invasion du mystique dans les domaines où ils régnaient, et ne s’intéressant au sacré qu’en tant qu’il était indépendant du sentiment religieux. L’un et l’autre appuyèrent leurs théories, non sur des vues invérifiables de l’esprit, mais sur l’expérience vécue : Freud sur les faits cliniques qu’il observait, Breton sur les « faits-glissades » et les « faits-précipices » qu’il remarquait dans sa vie et celle de ses amis. »
(Sarane Alexandrian, « Le surréalisme et le rêve », Editions Gallimard, 1974)
réduire ce qu’a représenté le communisme au 20è siècle au stalinisme et à la Hongrie c’est de la pensée à la pedro genre vision de supporter de foot.
Breton s’appropriait tout, jazzi, mais il n’était pas assez intelligent ni cultivé pour le faire bien.
Incidemment, Duchamp avait déjà créé ce qui est important pour l’art du XX siècle bien avant que Breton parle de lui.
là, il se heurte à – Je n’ai pas trouvé de réponse – Et ce sera – découpés –
Le dadaïsme, combien de divisions, renato ?
Pour le rêve Wittgenstein est plus précis et moins stupide.
Inutile de jouer Staline, jazzi, l’art est une question de qualité, pas de divisions.
LOUIS ARAGON
Le beau printemps poignardé des jardins de France
Conformément à l’ordre chronologique de leur rédaction, Louis Aragon a placé le poème Les lilas et les roses en fin de deuxième partie de son recueil Le Crève-cœur, publié pour la première fois, en tirage limité, le 25 avril 1941. Ce poème, ainsi que les suivants, ont été écrits en effet après l’armistice signée le 22 juin 1940 entre le Maréchal Pétain et Hitler. Tandis que tous les précédents poèmes étaient consacrés à « la drôle de guerre » et à « la campagne de France ». Malgré la thématique printanière de son titre, et sa double symbolique florale : le lilas est le symbole des premiers émois amoureux et la rose la fleur de l’amour par excellence, Aragon signifie clairement ici, que pour lui, la signature de l’armistice marque la fin de la joie et de la liberté. Deux fleurs d’amour et de résistance, en somme !
LES LILAS ET LES ROSES
O mois des floraisons mois des métamorphoses
Mai qui fut sans nuage et Juin poignardé
Je n’oublierai jamais les lilas ni les roses
Ni ceux que le printemps dans les plis a gardés
Je n’oublierai jamais l’illusion tragique
Le cortège les cris la foule et le soleil
Les chars chargés d’amour les dons de la Belgique
L’air qui tremble et la route à ce bourdon d’abeilles
Le triomphe imprudent qui prime la querelle
Le sang que préfigure en carmin le baiser
Et ceux qui vont mourir debout dans les tourelles
Entourés de lilas par un peuple grisé
Je n’oublierai jamais les jardins de la France
Semblables aux missels des siècles disparus
Ni le trouble des soirs l’énigme du silence
Les roses tout le long du chemin parcouru
Le démenti des fleurs au vent de la panique
Aux soldats qui passaient sur l’aile de la peur
Aux vélos délirants aux canons ironiques
Au pitoyable accoutrement des faux campeurs
Mais je ne sais pourquoi ce tourbillon d’images
Me ramène toujours au même point d’arrêt
A Sainte-Marthe Un général De noirs ramages
Une villa normande au bord de la forêt
Tout se tait L’ennemi dans l’ombre se repose
On nous a dit ce soir que Paris s’est rendu
Je n’oublierai jamais les lilas ni les roses
Et ni les deux amours que nous avons perdus
Bouquets du premier jour lilas lilas des Flandres
Douceur de l’ombre dont la mort farde les joues
Et vous bouquets de la retraite roses tendres
Couleur de l’incendie au loin roses d’Anjou
(« Le Crève-cœur – Le Nouveau Crève-cœur, » Poèsie/Gallimard, Éditions Gallimard, 1980)
plus que ce mariage de Bezos à Venise ce qui incarne le mieux le nihilisme dans lequel nos sosicétés sont plongées c’est quand Macron a fait son discours à la télé, habillé d’un costume noir et d’une cravate noire, il a dit quela France entrait dans une économie de guerre, parce que la Russie représentait une menace pour l’existence de la France et qu’il allait envoyer à tous les français des kits de survie.
d’ailleurs on devrait recevoir nos kits de survie durant l’été, j’ai essayé de chercher sur internet, mais je n’ai pas trouvé la date exacte à laquelle je devrais le recevoir.
je ne sais pas si le fait de ne pas encore avoir reçu leur kit de survie plonge une partie des français dans été d’angoisse existentielle ?
Pas facile d ‘admirer Aragon.
En effet. Côté poësie, « n’envoyez rien, nous n’y connaissons rien », disait le comte de Mun qui n’a pas connu Aragon. en prose, des passages stimulants dans « le paysan de Paris, le reste poussif, aussi difficile à finir que le Gilles de Drieu. Sans doute plus de brio en journaliste que romancier. Ces « Galant » d’une époque, ajouter Montherlant, avaient des accointances dans les parti(e)s, dixit les concierges de Paris.
cela dit j’adore ces équations :
Aragon = communisme = Staline = goulag = Hongrie.
pour le coup c’est une vision assez stalinienne des choses.
J’argumente et vous anathématisez, renato.
Hélas je n’ai que le Quarto de l’édition compilée de « Matisse Roman » cette oeuvre d’Aragon. Et Matisse en noir et blanc demande de de reporter aux œuvres en couleur. J’avais heureusement aperçu l’œuvre originale à Beaubourg lors de l’exposition Matisse- Roman. L’occasion de revoir les créations de Matisse intelligemment disposes en trois périodes. Des tableaux rares venus de loin comme l’atelier aux aubergines qui écrase la perspectives en superposition d’aplats colorés évoquant murs,
paravents, fenêtres, table, miroirs…
ça fait penser à ces journalistes qui expliquent qu’Israël a bombardé l’Iran pour supprimer la menace terroriste.
alors que le pays qui actuellement tue des centaines de civils chaque jours avec des dizaines d’enfants etc… c’est Israël.
j’écoutais un humanitaire qui disait qu’il avait retrouvé dans les décombres d’une maison un gamin de 8 ans qui avait survécu par miracle.
il était maigre comme un clou parce qu’il n’avait pas mangé pendant des semaines où il était là sous les décombres avec les cadavres de sa famille !
en fait je ne sais pas bien quelle définition les gens donnent au mot « terrorisme » ?
mais bon c’est encore une preuve du nihilisme dans lequel nos sociétés ont sombré.
disposées – perspective
d’ailleurs c’est drôle de voir adopté ces postures morales où l’on fait le décompte des intellectuels qui se sont trompés durant le 20è siècle.
pour le faire il faut se trouver soi-même dans la position d’une personne qui elle, dans son époque, ne se trompe pas.
en fait c’est surtout une façon de dire : vous voyez moi je sais fais la différence entre ceux qui se trompent et ceux qui ne se trompent pas, et du coup mon regard acerbe sur ces choses signifie que moi je ne me trompe pas !
là le seul truc que l’on répondre c’est « wow trop fort ! »
quand Peul Edel écrit « un parti communiste qui mene a la révolte hongroise au mur de Berlin aux chars de Prague.. un avenir radieux Stalinien qui fabrique le goulag.. »
le seul truc qu’on puisse faire c’est applaudir !
Paul Edel vient de nous prouver en quelques mots que c’est un type d’une grande perspicacité.
Paul Edel est même plus perspicace que Maurice Merleau Ponty, Gramsci, Deleuze, Adorno etc…
ce qui le place en très haute position dans la catégorie des perspicaces !
pareil pour passou : c’est aussi un type d’une grnade perspicacité.
surtout quand il se félicite de l’entrée de la Finlande dans l’otan.
parce qu’autant tous ces communistes se sont plantés autant tous ceux qui veulent étendre l’otan à l’infini sont des types d’une intelligence extrême.
une société nihiliste est peut-être une société où les intellectuels remplissent leur vide intérieur en faisant la comptabilité de l’Histoire : toi je te donne un bon point, toi je te donne un mauvais point…
Vous n’argumentez pas jazzi, vous citez simplement des trucs qui vous semblent être de l’art.
Cela dit, quand je parle de qualité, je me réfère à la qualité de la pensée subjacente, et en ce sens, Dada reste inégalé, tandis que les surréalistes sont une perte de temps. Certes, ils donnent aux petits bourgeois l’illusion de comprendre l’avant-garde, mais ce n’est qu’une illusion, justement.
Faux filets,
1 – 1913 / La première impression de Franz sur Felice : « il la trouva franchement laide »
2 – 1944 / Aurélien poursuivit ainsi son souvenir, dès le deuxième phrase : « elle lui déplut, enfin. Il n’aima pas comment elle était habillée. Une étoffe qu’il n’aurait pas choisie. Il avait des idées sur les étoffes », etc.
3 – Aragon, « je n’en parlerai pas », car c’est avant tout La Semaine Sainte (1958). Et cette feuille maladroite glissée dans le bouquin, une vieille trace jaunie datée du 25 août 2004. Je me cite : « roman pluvial de la boue, de la déroute et du bordel généralisé, de la géographie picarde (Béthune, ville ancienne et future cité ouvrière). Roman de l’Histoire où l’histoire bascule, où les « hommes qui comptent sur le moment » hésitent à faire le bon choix de leur destin. Roman balzacien quasi picaresque décalé au mitan du 20e, scrutant une vieille semaine de l’Histoire de France (mars 1815), le retour d l’Empereur et la fuite des royalistes derrière Louis le XVIIIe. Occasion de méditer sur la débâcle de 1940 et les impressions engagées de l’auteur (la soixantaine). Des officiers et sous-off en débandade fraient et renouent avec le peuple ; Théodore Géricault, une figure-lien capitale figurant les contradictions parcourant des « engagés » anciens mêlés aux « hommes de l’avenir » (/// Pas mal d’élans lyriques lourdingues sur la jeunesse à qui appartiendra le monde de demain. Mais quand même, une profonde médiation de l’écrivain sans doute préconscient d’avoir à devenir une future star déchue de l’Histoire « Sainte » du communisme. Qui se joue, joue et surjoue, gagne et perd, quand rien n’est peut-être encore écrit d’avance ? ». La Hongrie vient d’être foudroyée !… Quelles affres mentales, chez Louis, malgré l’aveuglement et le déni, qui sait ce qui le parcourait alors ? »
-> *** Etonnante découverte de l’an 2004, après une première visite littéraire au Moulin de Villeneuve à St Arnoult en Yvelines
Bàv @ Elsa @ Big Sur -> ce n’était pas dans le sujet mais à => 6.11, on a ressenti de l’amour pour un communiste pap’éthique 🙂
Tous le monde était stalinien à l’époque, renato…
https://chantiersdeculture.com/wp-content/uploads/2023/07/aps.jpg
renardo et Chaloux sont sur la même ligne de conclusions hâtives et un peu raide, sinon stalinienne ; j’ai simplement indiqué mon accord avec un commentaire qui plaçait Aragon en témoin littéraire important du siècle passé ayant toute sa place dans la Pléiade
Enfin, jazzi ! « Le pape, combien de divisions ? » demandait Staline.
Cela dit, Breton était trotskiste, si mon souvenir est bon, un manière come une autre pour se différencier… que c’est tout ce qu’il savait faire.
Note. Le mot de 4h 36 était à l’origine une réponse à la citation de Chaloux. Mais il s’est déplacé pendant la nuit…. MC
Il y eut aussi ‘a chapelle des dominicaines à Saint-Paul de Vence
Christiane, à Vence, au-dessus de Saint Paul
Pas encore lu ce roman sur Matisse écrit par Aragon.
Remarques
Breton, tout le monde s’est fâché avec lui. Il devait être obstiné.
Le dadaïsme, un mouvement important, même si confidentiel.
Renato,
La mienne de grand-mère votait ce que lui disait son mari. Lui lisait le journal, La Marseillaise, elle pas.
Je suppose que « renardo », c’est moi, alors soyons clairs. Je ne suis pas du tout contre la publication d’Aragon dans la Pléiade. Cela représente une époque, faiblement, mais c’est suffisant pour lui donner une visibilité sur le papier bible. Nous vivons à une époque où l’on gratte le fond des tiroirs, alors pourquoi pas lui ?
JJ-J
Amour, admiration, respect, un trio gagnant. J’enlevais les cailloux de son jardin.
c’est tout ce qu’il savait faire
bien sévère avec Breton, dear Renato. Il me semble aujourd’hui plus lisible que Tzara
Renato, ma réponse à vous adresser est en attente de modération. Ne me demandes pas pourquoi.
demandez
adressée, crénom.
Tristan Tzara
renato, c’était avant tout un clin d’oeil à Passou, qui commence son papier par : « Louis Aragon (1897-1982), combien de divisions ? »
Amour, admiration, respect et goulag, rose !
Aussi comique que renato, petit-fils d’un communiste historique italien et d’une anarchiste…
Ce n’est pas une question de lisibilité, dear Phil, mais de cohérence avec le moment historique. S’il ne s’était agi que d’académiser la loyauté envers Valéry, aurait été plus décente et avec des résultats probablement de meilleure qualité imaginative.
Je suis peut-être comique, jazzi, mais je ne manque pas de sens historique. Or, le « Congrès international pour la détermination des directives et la défense de l’esprit moderne » est un fait honteux à plus d’un titre, si vous pouvez prouver le contraire je suis preneurs.
Primaires de New York : Zohran Mamdani (33 ans) a pris une avance significative sur l’ancien gouverneur Andrew Cuomo, qui a concédé la victoire.
renato a raison en tous points.
Rose 9h12
Merci. Je n’y suis jamais allée mais j’ai vu des vidéos, des photos et lu quelques articles. Vence , donc.
pour le petit peuple non lettré dont je suis toute la poésie d’Aragon réside dans ses erreurs, si tant est que ce fut des erreurs.
il a 17 ans quand14-18 éclate, il a dû comprendre très vite toutes les injustices de ce monde.
son communisme n’est jamais joyeux, il sait qu’il ne sera jamais du côté des vainqueurs, d’un côté ses erreurs, de l’autre une injustice du monde dont il sait qu’elle est inévitable.
Aragon vécut un temps déraisonnable où l’on avait mis les morts à table, où l’on faisait des châteaux de sable et on prenait les loups pour des chiens.
Un temps où tout changeait de pôle et d’épaule, la pièce en était-elle ou non plus drôle ? Lui, s’il y tenait mal son rôle c’était de n’y comprendre rien.
quelle humilité, qui peut prétendre aujourd’hui mieux comprendre ?
j’en ai tellement croisé de ces communistes malheureux, comment ne pas aimer ce type ?
de quel droit le faire passer devant le grand tribunal de l’histoire pour le juger ?
notre époque est tellement présomptueuse.
comme disait l’autre les cons ça se reconnait au fait qu’ils ne doutent de rien, pas vrai renato ?
je déteste l’anti communisme primaire.
l’anti communisme primaire est une vulgarité de l’âme.
quand vous défendez quelqu’un de « honni », vous redevenez simple et vrai. Vous écrivez juste et sans la moindre familiarité. On vous croit. Alors.
Il s’adressait @ 10.02, c’est clair.
« Il est temps que le monument sorte du purgatoire ». Et moi qui croyais que les monuments étaient faits pour être déboulonnés! Demandons son avis à Voltaires
en général, chacun entend rester sur son kant à soie, ne pas se déprendre si facilement de soi-même. Il est bien naturel de ne pas se vouloir assimilé à une girouette moyenne. Voilà un ressort qui unit des gens aux sensibilités littéraires par ailleurs si dissemblables.
le nazisme c’est Auschwitz
le communisme ce n’est pas le goulag.
Christiane
C’est une vallée, la route monte, monte, en haut Vence
https://maps.app.goo.gl/JzJrQfhhbqc1tqTi6
En face, la fondation Maeght
Grâce à vous, je découvre la tombe de Marc Chagall, plus bas à Saint Paul (la colombe d’or : Yves Montand et Simone Signoret, ces communistes primaires eux aussi).
Il y a bien longtemps que Voltaire en son fauteuil a pardonné à l’Aragon, et essayé de lui reboutonner sa statue, un temps déboulonnée. L’a sorti du purgatoire pour lui retrouver le chemin du paradis et ne point l’empêcher de rechuter en enfer. Evidemment, il y eut la « rechute Jean-Jacques » pas très charitable. M’enfin quoi,… hein ?
Oui, le communisme ce n’est pas QUE le goulag.
Adieu Volodia, la nostalgie est redevenue ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être, Simone.
Ici, on semble oublier que Tristan Tzara était communiste. Il a adhéré au parti en 1936 et y est resté jusqu’à l’invasion soviétique de la Hongrie, en 1956. On semble aussi oublier qu’il a fait partie de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Je ne suis donc pas anticommuniste, juste anti-idiot.
Ce n’est pas vous qui êtes comique, renato, mais la situation généalogique.
Le sanglot de l’homme rouge, Slvetana A.
anti-idiot primaire alors, just’un ? (Quant-à-soi)
« Oui, le communisme ce n’est pas QUE le goulag. »
Non, seulement la voie royale qui y conduit, JJJ.
« Oui, le communisme ce n’est pas QUE le goulag. »
toi l’intello essaie rendre compréhensible l’incompréhensible à passou parce que j’ai comme l’impression qu’il est passé un peu à côté :
« En aura-t-il avalé des couleuvres en se taisant pendant les grandes crises (crimes du stalinisme, complot des blouses blanches, rapport Khrouchtchev, révolte polonaise, insurrection hongroise, révélation sur le Goulag…) et en pratiquant de grands écarts pour soutenir des dissidents soviétiques ou d’Europe centrale. On se demande parfois s’il ne s’appliquait pas à se rendre incompréhensible. »
En quel sens une situation généalogique peut-elle être comique ?
Jzmn, on ne comprend pas toujours où vous voulez en venir. Même si vous n’aimez pas trop les endives bouillies à la sauce tzara, faites en goûter à la petite chienne. Il semblerait que leur race les apprécie.
Les premiers mots par lesquels commence un ouvrage. L’incipit. Aragon est très fort en ce domaine, pas seulement pour « Aurélien ». Il a écrit un livre intéressant sur ces incipit : je n’ai jamais appris à écrire. Les incipit. Je le prends comme un essai bien qu’il le nomme roman… Pour lui donc entre langage et pensée, un lien, l’écriture. Sa pensée n’existerait dans ses romans que par l’écriture qui la génère. Il utile dans cet essai l’image d’un jongleur qui lancerait d’une main à l’autre une balle. Elle serait transformée pendant son parcours. Arc-en-ciel…ainsi l’écriture comme lieu des métamorphoses, des transformations.
Cela m’avait frappée dans le commentaire de DHH / Rosanette que j’ai recopié dans l’espace des commentaires d’un billet de Passou sur Aragon (2013) : Les chutes d’une œuvre.
Il y a toujours cette sous-couche dans les romans d’Aragon. Comme s’il se regardait écrire entre deux inventions de personnages ou d’histoire. Un vrai casse-tête. Un peu comme dans « Matisse Roman » ou un dialogue entre Matisse et lui se transforme au fil des années en interrogation sur le songe et l’imaginaire.
Le reste, son caractère, sa vanité, ses ombres est loin de mon attention quand je suis face à ces textes.
Il utilise
Oui moi l’intello primaire, j’essaie d’expliquer à la ridelle, mais quand ils ne veulent pas comprendre, autant ne pas aller pisser dans le prochain violon. Advienne qui voudra bien le comprendre, lcé. Rien n’a aucune importance au regard de la dialectique vie/mort.
Amélie Nothomb a beaucoup de succès de par le monde, et on nous dit qu’elle n’est pas heureuse pour autant. En tant que graphomane invétérée qui ne sait pas faire autre chose avec son stylo, elle n’a pas le temps de jouir de sa célébrité. Même ses coupes de champagne ont un arrière-goût d’amertume sous ses papilles. /// Le film d’animation tiré de sa « métaphysique des tubes » est formidable///.
Je suis toujours contre (anti) les gens qui adhèrent à une pensée politique ou artistique sans aucune réflexion de leur part, JJ-J. On peut penser mal, mais avec sa propre tête, sans répéter un catéchisme ni des mots d’ordre, donc.
Du coq à l’âne, la qualité de l’eau :
Retour au livre d’Aragon « Je n’ai jamais appris à écrire ou les incipit ». Je voulais comprendre, alors j’ai commencé à lire. Tout au début, il s’explique.
« Je crois qu’on pense à partir de ce qu’on écrit et pas le contraire. »
C’est comme s’il voyait surgir sur le papier son écriture. Une écriture font le sens lui échappe. Il ajoute : « Je n’ai jamais écrit mes romans. J’étais le lecteur du déroulement du texte. »
Bon, là, il pousse un peu !
font/ dont
« il a 17 ans quand 14-18 éclate »
Et qu’il apprend que sa vie est un énorme mensonge, puck !
« D’origine, Aragon est une fiction !
Son nom n’était ni celui de son père ni celui de sa mère et l’on ne connait avec certitude ni sa date ni son lieu de naissance.
L’adresse mentionnée sur son acte d’état-civil correspond en fait à celle de son géniteur, le préfet de police de Paris, Louis Andrieux, qui demeure alors avec sa femme légitime et ses trois enfants au 42 rue Scheffer, dans le 16e arrondissement de la capitale.
Tandis que sa mère, Marguerite Toucas, habite avec sa propre mère, ses deux soeurs puinées et son frère cadet rue Vaneau, dans le 7e arrondissement, à deux pas des magasins du Bon Marché, pour lequel elle peint, la nuit, des motifs décoratifs sur des éventails et des pièces de vaisselle.
A la naissance de l’enfant, la mère ayant dissimulée sa grossesse à Toulon, berceau de la famille maternelle, où il serait peut-être né, celui-ci est placé en nourrice en Bretagne, durant treize mois.
Afin de mieux « brouiller les pistes » avec le voisinage, au retour à Paris du bambin, sa famille maternelle s’installe au 11 bis rue de Villars, à l’autre extrémité de l’arrondissement, côté Seine, où, dès qu’il est en mesure de comprendre, on lui sert la fable consistant à le faire passer pour l’enfant d’amis de sa grand-mère, qui l’aurait adopté, peu de temps après la mort accidentelle de ses parents, à Madrid, où ils étaient censés résider. Sa supposée vraie mère se serait alors appelée Blanche. Blanche ou l’Oubli…
Beaucoup plus tard, dans son livre Je n’ai jamais appris à écrire ou les Incipit (1969), Aragon affirme être venu au monde quelque part « sur l’esplanade des Invalides ».
Bien des années auparavant, dans son premier ouvrage, Anicet ou le Panorama, roman, commencé au Chemin des Dames, en 1918, il écrit : « Je suis né l’année où il a fait si grand vent, d’un père inconnu et d’une revendeuse à la toilette. »
Son père, Louis Andrieux, a cinquante-sept ans, quand sa mère, de trente-deux ans sa cadette, se retrouve enceinte. Ce n’était pas vraiment un inconnu pour lui, comme il l’avoue dans Le Mentir-vrai (1964) : « Pendant mon enfance, le dimanche et le jeudi matins, nous allions, ma mère et moi, le rencontrer au bois de Boulogne, lui venant de Passy, nous de Neuilly (où sa mère tient alors une pension de famille). Je l’appelais parrain, c’était la version pieuse des choses. »
Quant à sa mère, ce n’était pas à proprement parler une midinette de mélodrame. Elle était d’ascendance aristocratique, apparentée du côté maternel aux Massillon.
Le jour du départ d’Aragon pour le front, à vingt ans, en l’accompagnant à la gare de l’est, le 26 juin 1918, sa mère, à la demande de son père, lui révèle le secret de sa naissance : « parce qu’il ne voulait pas que je pusse être tué sans savoir que j’avais été une marque de sa virilité » !
Son nom a été choisi arbitrairement par son père, en souvenir de la province d’Aragon, qu’il connut lorsqu’il était ambassadeur en Espagne.
Aragon n’a jamais appelé sa mère « maman », ainsi qu’il le dit dans son poème Le domaine privé – le mot, écrit après la mort de cette dernière durant la Seconde Guerre mondiale : « Le mot n’a pas franchi mes lèvres/Le mot n’a pas touché son coeur/(…)Jamais je ne l’ai dit qu’en songe/Ce lourd secret pèse entre nous/Et tu me vouais au mensonge/A tes genoux/Nous le portions comme une honte/(…)Te nommer ma soeur me désarme/(…)Que si j’ai feint c’est pour toi seule/Jusqu’à la fin fait l’innocent/Pour toi seule jusqu’au linceul/Caché mon sang » »
Ce soir je me fais des cannellonis gratinés au four.
Veuillez m’excuser, mais vous imaginer en petit-fils d’un communiste et d’une anarchiste, purs et durs, me fait rire, renato !
Chacun met le risible là où il peut.
Si vous voulez, jazzi, c’est encore plus drôle si l’on considère que mon père était de tendance économique libérale (anglo-saxonne) et socialiste en politique sociale. Plus drôle encore, son père était libéral classique et son grand-père social-démocrate. C’est le plaisir des différences.
pour moi, celui qui manque sur le blogapassou c’est MàC.
passou avait pondu un billet lui rendant hommage, à la fin duquel un poème d’Aragon :
y a des choses que je ne dis a Personne Alors
Elles ne font de mal à personne Mais
Le malheur c’est
Que moi
Le malheur le malheur c’est
Que moi ces choses je les sais
Il y a des choses qui me rongent La nuit
Par exemple des choses comme
Comment dire comment des choses comme des songes
Et le malheur c’est que ce ne sont pas du tout des songes
Il y a des choses qui me sont tout à fait
Mais tout à fait insupportables même si
Je n’en dis rien même si je n’en
Dis rien comprenez comprenez moi bien
Alors ça vous parfois ça vous étouffe
Regardez regardez moi bien
Regardez ma bouche
Qui s’ouvre et ferme et ne dit rien
Penser seulement d’autre chose
Songer à voix haute et de moi
Mots sortent de quoi je m’étonne
Qui ne font de mal à personne
Au lieu de quoi j’ai peur de moi
De cette chose en moi qui parle
Je sais bien qu’il ne le faut pas
Mais que voulez-vous que j’y fasse
Ma bouche s’ouvre et l’âme est là
Qui palpite oiseau sur ma lèvre
O tout ce que je ne dis pas
Ce que je ne dis à personne
Le malheur c’est que cela sonne
Et cogne obstinément en moi
Le malheur c’est que c’est en moi
Même si n’en sait rien personne
Non laissez moi non laissez moi
Parfois je me le dis parfois
Il vaut mieux parler que se taire
Et puis je sens se dessécher
Ces mots de moi dans ma salive
C’est là le malheur pas le mien
Le malheur qui nous est commun
Épouvantes des autres hommes
Et qui donc t’eut donné la main
Étant donné ce que nous sommes
Pour peu pour peu que tu l’aies dit
Cela qui ne peut prendre forme
Cela qui t’habite et prend forme
Tout au moins qui est sur le point
Qu’écrase ton poing
Et les gens Que voulez-vous dire
Tu te sens comme tu te sens
Bête en face des gens Qu’étais-je
Qu’étais-je à dire Ah oui peut-être
Qu’il fait beau qu’il va pleuvoir qu’il faut qu’on aille
Où donc Même cela c’est trop
Et je les garde dans les dents
Ces mots de peur qu’ils signifient
Ne me regardez pas dedans
Qu’il fait beau cela vous suffit
Je peux bien dire qu’il fait beau
Même s’il pleut sur mon visage
Croire au soleil quand tombe l’eau
Les mots dans moi meurent si fort
Qui si fortement me meurtrissent
Les mots que je ne forme pas
Est-ce leur mort en moi qui mord
Le malheur c’est savoir de quoi
Je ne parle pas à la fois
Et de quoi cependant je parle
C’est en nous qu’il nous faut nous taire
Moi, renato, j’ai eu une arrière grand-mère pétiniste, deux grands-mères de droite, deux grands-pères de gauche, un père social-démocrate et une mère giscardienne.
IL y a des choses que je ne dis a Personne Alors
Le roman ne serait alors qu’une coulée verbale ? Ce n’est pas l’impression que j’ai eue en lisant « Aurélien ».
Bon, je laisse Aragon , j’ai un beau roman à terminer.
o puck merci pour ce beau rappel à 11h25:
« pour moi, celui qui manque sur le blogapassou c’est MàC.
passou avait pondu un billet lui rendant hommage, à la fin duquel un poème d’Aragon :
« Il y a des choses que je ne dis à Personne Alors
Elles ne font de mal à personne… »
Oui, je me souviens…
JJJ, 8h 50.Faut-il lire « profonde médiation de l’écrivain, « ou « profonde méditation de « ???
Jazzi – 10h55
A connaître pour éclairer sa vie brinquebalante…
« Jzmn, on ne comprend pas toujours où vous voulez en venir. »
Nulle part, JJJ.
Je participe à ma manière au billet Aragon de Passou…
Tu ferais mieux d’aller te recoucher, Puck. Ça se lit que tu as mal dormi. C’est humain.
« Moi, renato, j’ai eu une arrière grand-mère pétainiste, deux grands-mères de droite, deux grands-pères de gauche, un père social-démocrate et une mère giscardienne. »
Et si tu avais eu des enfants ils seraient, au choix, Macronistes, Mélenchoniens ou Le Penistes…
« A connaître pour éclairer sa vie brinquebalante… »
Comme tout poète et romancier, il ne pouvait qu’écrire des mensonges qui disent la vérités, Christiane :
« Comme s’il espérait que d’autres, après lui, et mieux que lui, pourront peut-être y voir plus clair dans son « je » sans cesse mis et remis en « jeu ». Le « je » du narrateur et le « jeu » du comédien, qui s’opposent et se complètent magistralement dans son Théâtre/roman.
Pour lui, le roman restera inévitablement inachevé…
Et c’est comme par défi qu’il (nous) dit : « Il y a là un jeu sérieux, qu’on aura peut-être un jour l’idée d’examiner de près, pour mesurer la marge qui existe entre le réel et l’inventé. Le travail du romancier gomme pour ainsi dire cette marge, afin de ne laisser qu’une image détachée de lui ou de ses modèles, de ses pilotis. Une image nette, un trait précis. » »
la vérité
« J J-J dit: 25 juin 2025 à 10h17
quand vous défendez quelqu’un de « honni », vous redevenez simple et vrai. Vous écrivez juste et sans la moindre familiarité. On vous croit. Alors. »
Oui, c’est ça, mais moi on ne me croit pas !
Jazzi dit: 25 juin 2025 à 11h01
Veuillez m’excuser, mais vous imaginer en petit-fils d’un communiste et d’une anarchiste, purs et durs, me fait rire, renato
Et comment moi, Renato, je trouve cela tellement magnifique, vos ancêtres italiens.
Ciao, Bella !
Léa MASSARI (1933-2025), 91 ans,
née Anna Maria Massatani et morte à Rome.
Actrice Italienne.
« Elle tourne une cinquantaine de films des années 1950 à 1980.
Elle a joué dans les films « Le professeur » avec Alain Delon, « Le silencieux » et « La 7ème cible » avec Lino Ventura, « Les choses de la vie » avec Michel Piccoli, « Le fils » avec Yves Montand », « Violette et François » avec Isabelle Adjani et Jacques Dutronc, « Sale rêveur » avec Jacques Dutronc, « La femme en bleue » avec Michel Piccoli, « L’insoumis » avec Alain Delon, « Peur sur la ville » avec Jean-Paul Belmondo » etc… »
https://www.facebook.com/photo/?fbid=1622203671922597&set=a.1028585614617742
Et bien, j’en apprends de bonnes, je vois qu’avec mon impression dominante de mensonge, mon instinct ne me trompait pas, au moins dans ce cas. Ceci dit, j’apprécie cet incipit (bravo pour l’info de JJ-J sur Franz), et le commentaire de Christiane. Les Lilas et les Roses me rappellent l’atmosphère de la Rose et le Réséda. Cela me donne en effet le sentiment d’une époque. Est-ce le bon? Je ne sais.
Je ne vois pas en quoi les ancêtres de renato seraient plus intéressants que les miens.
« Enfin l’homme de la « scie » Elsa ne cache plus sa bisexualité qui remonte aux années 2O. »
Pour être bisexuel il faut toucher les femmes. Je ne jurerais pas qu’il l’ait touchée, sa stal.
Je ne vois même pas pourquoi, au départ, renato nous parle de ses ancêtres, nous contraignant ainsi à parler des nôtres.
@ Je suis toujours contre (anti) les gens qui adhèrent à une pensée politique ou artistique sans aucune réflexion de leur part (RM)
Moi aussi, mais j’en chercherais en vain, icite, comme je m’efforce de lire scrupuleusement tout le monde… J’observe que « tout le monde » pense librement, dans des interstices personnels intimes irréductibles à la domination verbeuse d’un vernis idéologique bien commode. J’essaie d’interroger avec sympathie ces « interstices » chez chacun.e J’espère de la sorte devenir un peu moins « préjugeant », et je me dis toujours : si je devais prendre un café avec tel. ou telle erdélien virtuel, et notamment parmi celzéceux que je hais ou méprise a priori, comment pourrais-je essayer de détecter chez eux ce qui pourrait ré-unir nos esprits, à défaut de nos corps ?. A vrai dire, cela ne reste guère qu’un fantasme permanent. Il n’y a nulle envie de jamais passer à l’acte de la rencontre, comme un jour avec Passoul.
La flemme surtout… un peu comme quand il faudrait corriger,, sou speine d’induire un quiproquo de la pensée… @ 11.32 (MC), par exemple, bien sûr il fallait lire « méditation » et non pas « médiation ». Je l’ai vu après coup, mais eus la flemme de me corriger, me disant que personne n’aurait remarqué la bévue. En quoi me suis-je trompé. Alors, merci, MC, d’avoir cherché à comprendre. Voilà une attitude qui m’a toujours troublé chez vous, de là, mon respect relatif, malgré des sautes d’humeur quand vous m’agacez un brin. Jamais définitives au demeurant, depuis le temps qu’on se cause à fleurets mouchetés, mais pas fleurdelysés, de ma part un brin anarcoco. Vous le savez.
Bàv,
« Et qu’il apprend que sa vie est un énorme mensonge, puck ! »
Que d’histoires parce qu’un notable a été tremper son biscuit ailleurs !
Mon Dieu la stal a eu le prix Goncourt.
C’est vraiment n’importe quoi !
Vous n’avez pas suivi, JJJ. Il l’a touchée avec une élection partielle.
Ça commence ici, D.
https://larepubliquedeslivres.com/aragon-combien-de-divisions/#comment-1471893
En tout cas combien, hélas, de collèges et lycées, de rues, de square Louis Aragon. Et même une station de métro.
Ciao, Bella !
et bello baroz oublie le principal, « Le souffle au coeur »
Tout ça à cause des communes communistes.
@ Oui, c’est ça, mais moi on ne me croit pas !
Non moi je vous crois très souvent… Trop, même, au point que plus rien de vous ne peut advenir d’étonnant. Dès que vous prenez la plume (en dhors des vos inonmbrables CC), on sait qu’on va invariablement tomber sur une affaire de cul pédérastique ou lesbien chez quiconque. Jamais de surprise… La RDL attend avec impatience le moment où dans votre propre « mentir-vrai », vous allez enfin nous révéler votre passion torride pour une jeune femme rencontrée un bordel célèbre, que vous n’auriez jamais révélée à personne tellement vous en seriez encore à en chérir le secret trop bien gardé jusqu’à présent. Or, il ne vous reste plus beaucoup de temps.
« Cela dit, je n’ai rien dit », Copine, et je sors
Enfin, bref. L’orage menace les coussins des chaises du jardin. Bàv
Cette nuit j’ai fait un songe : des élections présidentielles en janvier 2026. Il neigeait. Bardella était battu de justesse par Bayrou qui annonçait engager le processus pour fonder une sixième république française.
@ D. (12.19) Vous confondez FL et JJJ. Pas très grave, mais je vous mets en garde, cependant : vous bouffez trop d’endives avec n’importe qui et quoi. Bàv
Ferrat chantant Aragon, ce n’est pas à jeter, quand même. C’est beau à condition de prendre du recul.
Aragon se met bien en musique. Mettre un texte en musique est d’ailleurs bien plus difficile que d’écrire le texte pour une musique.
Le Chikungunya circule à un nibeau jamais vu en France metropolitaine et en Corse. La maladie commence à s’attraper sur place, et non pas de retour d’un voyage, dans le Var, le Gard, l’Hérault, la Drôme, la Corse du Sud. Le vecteur de transmission est bien sûr le petit moustique tigre, se développant en quelques jours à peine dans presque rien d’eau, comme celles d’un sous-pot, d’un siphon extérieur etc.
Quand je pense qu’on va se taper la bobine d’Aragon sur la photo pendant une dizaine de jours, je me demande bien ce qu’on a pu faire pour mériter ça.
Il suffit que le moustuque ait piqué un étranger arrivant en France avec le virus pour que ce birus soit transmis à un Français indemne qui sera susceptible lui aussi de le transmettre à un autre Français indemne.
Jazzi, tu as pris un parapluie, j’espère ? Sinon ton bermuda sera tout mouilla ce soir.
Ne pas oublier que, parmi les admirateurs d’ Aragon , on compte De Gaulle, qui fit passer un de ses poèmes à la BBC, et Claudel. Pour le poème, ce doit être Nymphée: « Nymphée, est-ce Nymphée ou brillent les trompettes ». Ce sont la suffrages de poids, en un temps où le français n’était pas melanchonise….
» Dès que vous prenez la plume (…), on sait qu’on va invariablement tomber sur une affaire de cul pédérastique ou lesbien chez quiconque. »
C’est un mythe, qui n’a rien à voir avec la réalité, JJJ.
» oú l’on voit Aragon, à soixante-dix ans, apparaître à l’auteur, quasi dans le plus simple appareil, »
Il y est fort bien décrit avec un string ficelle en cuir de couleur rouge.
Même dans les positions les plus scabreuses, notre auteur reste fidèle à la couleur traditionnelle stalinienne! 🙂
Le débat dada versus surréalisme est passionnant et d’ une réelle complexité.
Littéraire et égotique à la fois…
Il faut quand même admettre que le dadaïsme est prétexte au vice ou du moins à se tenir éloigné de la vertu alors que le surréalisme beaucoup moins.
Des visions de l’art incompatibles
» Surréalisme et dadaïsme sont étroitement liés, tant dans leurs histoires que dans leurs démarches. Un des points les plus clivants qui oppose ces deux mouvements réside probablement dans leurs visions de l’art.
Le mouvement dada recherche de nouvelles techniques et formes d’expression créatives mais le but de ces démarches repose bien souvent sur une volonté d’automatisation ou de désacralisation de l’art.
Cf. Man Ray, Cadeau, 1921
Les surréalistes vont utiliser de nouvelles méthodologies et techniques de création pour transcender l’art et le processus qui accompagne sa création, mais sans volonté aucune de le désacraliser. Au contraire, les surréalistes veulent mettre leur art en avant et que ce dernier ait un impact.
L’organisation structurelle de ces mouvements est, elle aussi, très différente. Dada est un groupe à la hiérarchie anarchique. Si quelques rares noms du mouvement sont passés à la postérité, le mouvement dada est plus porté par des collectifs d’artistes qui évoluent en groupuscule, alors que le mouvement surréaliste est bien plus structuré. On y trouve un chef de file clairement identifié avec André Breton, et des artistes emblématiques porteurs du mouvement.
Cette structure stricte entraînera des mouvements d’artistes au fil de l’histoire du surréalisme. Si des artistes ont été invités à rejoindre les surréalistes, surtout lorsque le mouvement perdait en influence, d’autres ont été exclus comme Philippe Soupault en 1926 et cela malgré le rôle majeur de l’auteur dans le développement du surréalisme.
Des positionnements d’artistes opposés
Cette différence structurelle des deux mouvements tient aussi à la place accordée aux artistes dans chacun d’eux.
Comme évoqué précédemment, l’artiste n’occupe pas une position centrale dans l’art dada. Beaucoup d’œuvres ont été détruites par le régime fasciste qui considérait l’art dada comme “dégénéré” mais ce n’est pas à ça que tient cette absence de postérité chez les artistes emblématiques du mouvement.
En effet, dans la conception de l’art dada, l’artiste n’est pas mis en avant, les œuvres sont souvent collectives ou anonymes. Des artistes qui ont eu une forte influence sur le mouvement utilisaient des pseudos pour signer leurs créations. Ce positionnement des artistes participe à la désacralisation de la notion d’art.
L’approche de la place de l’artiste chez les surréalistes ne pourrait être plus différente de la conception qu’en ont les membres de dada. Ici, le propos n’est pas de désacraliser l’art, mais de le transcender. Ainsi la position de l’artiste est remise au centre du mouvement, certains sont utilisés comme ambassadeurs et participent à son rayonnement, quelques artistes à succès seront portés aux nues par le mouvement ce qui leur donnera un statut particulier.
Des figures du surréalisme parfois problématiques
L’un des meilleurs exemples de ces figures atypiques du surréalisme est probablement Salvador Dali. A son arrivée dans le mouvement en 1929, l’artiste fait une forte impression, mais son appartenance est remise en question à cause de l’intérêt de l’artiste pour le fascisme, idéologie fortement rejetée par les surréalistes.
Cependant l’importante renommée de l’artiste lui permettra de garder son affiliation au mouvement dont il est l’un des représentants les plus connus à l’époque moderne.
Une autre figure très controversée du mouvement est celle de Frida Kahlo. Lorsque André Breton découvrira le travail de l’artiste mexicaine en 1938, il sera aussitôt fasciné par ses œuvres et son univers et l’invitera à Paris dans le cadre d’une exposition sur le Mexique à l’occasion de laquelle, il lui présentera plusieurs membres du mouvement surréaliste.
Si André Breton considère Frida Kahlo comme une surréaliste, c’est loin d’être le cas de l’artiste qui méprise la plupart des membres du mouvement dans lequel elle ne retrouve pas son travail qui relève de sa réalité et non de ses rêves ou de son inconscient.
Malgré son rejet total du mouvement et de ses membres, la postérité a affilié Frida Kahlo au surréalisme.
Ce choix de mise en avant d’artiste emblématique affiliée au surréalisme a participé à l’amalgame entre les deux mouvements dans leurs postérités, ainsi qu’à la prépondérance du surréalisme dans cette dernière. En effet, les œuvres et les artistes, les plus connus aujourd’hui, issus de ces mouvements sont liés au surréalisme. Même les artistes ayant participé aux deux mouvements sont souvent plus affiliés au surréalisme dans leur postérité comme Man Ray et Marcel Duchamp.
Une postérité commune
Avec le temps les deux mouvements se sont confondus, les divergences ont été gommées pour se fondre dans une postérité commune.
La volonté de faire évoluer l’art, par le questionnement ou la recherche de nouvelles formes de création et techniques sont des éléments qui marqueront profondément les mouvements et artistes qui suivront le surréalisme et cela dans de nombreux domaines et courants artistiques jusque dans l’art contemporain.
On retrouve par exemple l’héritage surréaliste dans les créations de l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) et leur expérimentation du texte. Le pop art est aussi un héritier de ces mouvements dans son intérêt porté à l’objet, ou à travers la désacralisation des œuvres qu’on retrouve aussi dans l’arte povera. Le Fluxus et le punk sont très influencés par le mouvement dada. Beaucoup de courants postérieures au dada et au surréalisme portent l’influence de ces mouvements qu’on retrouve encore dans de nombreuses créations aujourd’hui.
Outre cette recherche permanente de l’art et de la représentation de l’abstrait, les thèmes de ces mouvements ont traversé les années jusqu’à nous. La littérature s’en fait un très bon exemple, la porosité de la frontière entre rêve et réalité, grand thème surréaliste, est au centre d’œuvres emblématiques comme celle de Boris Vian, ou plus récemment Haruki Murakami. »
Boris Vian, L*’Ecume des jours,* édition Le Livre de Poche 2013, première publication 1947
chez
Haruki Murakami, Kafka sur le rivage, Edition Belfond 2022, première édition 2002 japonHaruki
Aragon à poil à 70 ans…
Du Prolétariat international au Branlétariat mondial et toujours le marteau et la faucille dans le cul !
Avez-vous des exemples de vice et de vertu, D. ?
Au fait, qu’est-ce que le vice et qu’est-ce que la vertu ?
En découvrant l’article si utile de Pierre Assouline, je me demandais:mais quels sont les écrivains du XX° siècle qui sont encore lus par les jeunes générations ? Proust et Céline. Mais qui achète et lit les romans de Martin du Gard, de Gide, les romans de Drieu la Rochelle, les récits de Saint Exupéry, de Montherlant ? Qui lit Cocteau ? Et Giraudoux ? Quasiment personne. Il faut savoir que des pans entiers de ces auteurs du XX° siècle disparaissent des rayons. On les trouve pour quasiment rien dans les foires du Livre d’occasion. Quelques étudiants en lettres les étudient, quelques blogueurs brulent un cierge devant leurs photos. Les écrans remplacent la Littérature classique. Giono plaît encore un peu aux écologistes et Bernanos résiste (grâce aux cinéastes Bresson et Pialat ?) avec son côté Dostoïevski et son petit curé de campagne anxieux. Une curiosité : Duras triomphe. Mais Céline avec ses deux guerres mondiales vécues dans sa chair, son ahurissante invention verbale , cette saoulerie verbale qui charrie aussi bien le meilleur (dégâts du colonialisme ,misère des banlieues) que l’immonde, ( ses pamphlets antisémites) Céline c’est le spectre, il nous hante comme un prophète de malheurs à venir ! Notre époque ressemble de plus en plus à la sienne, antisémitisme compris. Il nous avertit que le monde est sorti de ses gonds.
Renato, entre nous je vous trouve bien sévère avec André Breton et le mouvement Surréaliste. Mais bon, chacun son Dada.
Robert Rauschenberg
Automobile Tire Print, 1953
@ C’est un mythe, qui n’a rien à voir avec la réalité, (14.09). /// Pourriez-vous être plus explicite, je ne suis pas sûr de vous avoir compris sur ce coup-là. Merci, lcé.
Autrefois on disait qu’elle était tombée enceinte Aujourd’hui, on ne dit plus « qu’elle s’est fait violer », on dit qu’un homme a violé une femme ». Au procès Pélicot, une juge d’Avignon a reconnu que certaines formes passives du langage témoignaient d’un réflexe inconscient de considérer le viol, chez pas mal de monde, hommes ou femmes. Pourrait-on surveiller son langage, à défaut d’utiliser un langage plus neutrement adéquat sur cette chaîne. Merci, lcé.
Ce haï-kaï de Shiki cité par Kerouac @ Ch. P :
« le moineau sautille sur la terrasse
il a les pattes mouillées »
Bàv.
renato, si vous ne savez pas ce que so nt vertu et vice, empruntez un dictionnaire à M. Charoulet.
Ce n’est pas parce que ce thèmes vous dérangent énormément qu’il faut les effacer pour autant.
« Et qu’il apprend que sa vie est un énorme mensonge, puck ! »
Jazzman je te rappelle que je suis en train de rédiger un excellent ouvrage dont le titre est :
« comment je suis devenu conspirationniste »
donc si c’est « comment je suis devenu… » ça veut dire que maintenant ça y est je le suis et je veux dire que c’est pas un truc genre « roman initiatique à la con » c’est du brutal, donc à partir de là la notion d’ « énorme » mensonge pour un type qui décvouvre que sa soeur est sa mère c’est limite un problème totalement périphérique par rapport au fait que le monde dans lequel nous vivions est en lui-même un énorme mensonge où si un type découvre que sa soeur est sa mère limite c’est un truc qui le laisse totalement indifférent comparé à tous les mensonges qu’il se bouffe dans les médias.
tu me suis ?
« Dans le meilleur des mondes, l’art serait inutile. Son offre thérapeutique réparatrice et apaisante serait une quête pour le patient. La spécialisation professionnelle impliquée dans sa création serait une présomption. Le public serait l’artiste et sa vie serait une œuvre d’art. »
Glenn Gould
@ Quand je pense qu’on va se taper la bobine d’Aragon sur la photo (FFI)
Bouh…, elle est pas si désagréab’ à regarder cette bobine de phil. Bin sûr, on aurait préféré que la RDL le fit apparaitre en string rouge. Mais cette « légende urbaine » a-t-elle jamais eu quelque consistance réelle, marie S. ?
imaginons qu’un véritable conspirationniste comme moi mange au resto avec sa soeur qui est en vérité sa mère et que celle-ci lui avoue la vérité.
que fait un vrai conspirationniste dans ce cas ?
dans ce cas il demande à la personne qui est en face de lui « tu veux prendre un café ? et basta !
« Mais cette « légende urbaine » a-t-elle jamais eu quelque consistance réelle, marie S. ? »
voilà ça c’est le genre de question où l’on sent naitre le début de ce qui pourrait devenir un complotiste !
j’encourage à poser ce genre de question !
Rauschenberg, c’était pas de l’art conceptuel, par hasard ?… quelle différence établiriez-vous chez ce peintre incomparable avec l’œuvre de Cy Twombly, RM ? Merci de nous éclairer, nous autres du public, qui sommes une peu l’artiste inculte du monde flottant, dans l’affaire, lcé. Bàv,
Ce ne sont pas des thèmes qui me préoccupent D. Le vice n’est rien d’autre que l’incapacité à faire le bien, et l’habitude et la pratique du mal ; le concept de vice, sur le plan moral, est donc strictement corrélatif à celui de vertu, dont il constitue la négation. Mais cela ne s’applique absolument pas à votre message et à ma relative question : pourquoi le dadaïsme est prétexte au vice ? et dans le contexte de votre déclaration, qu’est-ce que le vice ?
La provocation délibérée, vice du Dadaïsme, et l’absence de limites, toutes deux choisies, peuvent facilement ouvrir la porte à l’injustice lorsqu’elles méprisent ce qui est dû aux autres : respect, dignité, vérité.
@ puck… (15.54) euh, Sacha, compelote pas, hein !?
https://www.youtube.com/watch?v=9x23gafgxJM
C’est pourtant très simple. Cela s’est par exemple illustré par l’offense volontaire et gratuite aux symboles catholiques et particulièrement la Sainte croix.
Mais vous avez toujours eu difficulté à appréhender cela. C’est l’une de vos grandes faiblesses.
@ l’article si utile de Pierre Assouline (P.E.)
N’exagérons rien, tout de même. Sa première utilité reste l’incipit caché dédié au royal cachet de la maison de Gaston Gallimard (?). Il n’y a pas là matière à complot, juste un banal retour d’ascenseur. « Le nageur » vient d’ailleurs de sortir en livre de poche, en folio. Bàv,
Bàv.
15.56 / Le vice n’est rien d’autre que l’incapacité à faire le bien, et l’habitude et la pratique du mal (?) ; le concept de vice, sur le plan moral, est donc strictement corrélatif à celui de vertu, dont il constitue la négation /
Cela reste quand même « préoccupant » sur un plan didactique, entre nous autres, RM. Bàv,
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