Les ténèbres au coeur de l’univers de Joseph Conrad
Le rituel des célébrations a parfois du bon. Une fois lambris, flonflons et autres salamalecs mis de côté, il engage à revisiter une œuvre et un écrivain. A la fin de l’année, à l’occasion du 160 ème anniversaire de sa naissance, hommage sera rendu à Joseph Conrad. La Pléiade ne pouvait laisser passer pareille occasion. Un volume est annoncé pour le 28 septembre intitulé Au Cœur des ténèbres et autres écrits, ceux-ci regroupant sous un titre désinvolte rien moins que Le Nègre du « Narcisse », Lord Jim, Typhon, Amy Foster, Le Duel et la Ligne d’ombre, excusez du peu. Des œuvres composées dans une grande audace narrative entre 1897 (le manifeste artistique du Nègre) et 1917 (sa confession de la Ligne) à une période de sa vie où, terrifié par la perspective d’avoir stérilisé sa plume, il se méfiait de ce qu’il appelait « les obscures impulsions » de l’imagination. Cette édition, dirigée par Marc Porée qui la préface, reprend notamment des anciennes traductions de Sylvère Monod, G. Jean-Aubry, André Gide…
J’avoue un attachement personnel pour celle d’Odette Lamolle paru il y a une quinzaine d’années chez Autrement, surtout si on la complète par la lecture de deux courts textes de Conrad qu’Olivier Frébourg avait eu l’idée d’exhumer et de réunir en un volume en 2007 Du goût des voyages suivi de Carnets du Congo (traduits de l’anglais et présentés par Claudine Lesage, 121 pages, 12 euros, Equateurs). Je ne suis pas convaincu qu’ils soient vraiment la matrice de Coeur des ténèbres comme annoncé ; en tout cas, ça ne m’a pas sauté aux yeux. Le second, journal de voyage de l’année 1890, est assez pauvre et décevant de par sa sécheresse factuelle. En revanche, le premier est emballant car l’auteur y montre en 1924, soit un an avant sa mort, à quel point une vie de renoncements manifestes (à la langue natale, à un destin de grand voyageur, à une carrière d’officier de marine, à des femmes) a été en fait tenue du début à la fin par le point fixe de la littérature considérée comme un absolu indépassable, et à « cette oisiveté apparente d’un homme hanté par la quête des mots ».
Conrad n’a jamais cessé d’être écrivain, même lorsqu’il était capitaine de l’Otago ou qu’il remontait le fleuve Congo à bord du steamer Roi-des-Belges. L’éditrice du texte Claudine Lesage a bien raison d’insister sur le « J’irai là ! » (en Afrique, au Congo, au fleuve) qui a secrètement rythmé sa vie. Ce que je retiens de ce petit livre inconnu ? Un passage sur la mer « qui garde le sens de son passé, le souvenir des exploits accomplis par sagesse ou par audace… » Et puis, in fine, cette reconnaissance de dettes aux récits des explorateurs et des géographes qui ont bercé sa jeunesse, et qui est la vraie justification d’un texte écrit par un grand écrivain gagné par le sentiment de l’ultime départ :
« C’est ainsi que, grâce aux livres de voyages et de découvertes, tous peuplés des ombres inoubliables des maîtres d’une pratique qui, en toute humilité, devait être un jour la mienne, la mer a été un endroit sacré pour moi… »
De toute façon, de quels moyens dispose un traducteur s’il veut se distinguer de ses prédécesseurs lorsqu’il s’attaque à classique ? Soit il les dézingue, soit il innove en revisitant le chef d’oeuvre, soit il découvre une autre voie révélant une autre voix, soit il annonce le rétablissement du texte dans toute sa vérité, soit il réussit une version exceptionnelle qui s’impose d’évidence, … La traduction de Coeur des ténèbres (c’est le titre choisi) parue aux éditions des Equateurs offre la particularité d’être un bouquet d’un peu de chacune de ces options. On la doit justement à Claudine Lesage. Si toute nouvelle traduction est un coup d’Etat, il doit opérer, s’il veut s’inscrire durablement dans les esprits, un subtil mélange d’orgueil et d’humilité. C’est le cas puisque dès la présentation, dès la première ligne de la première page, la traductrice décrète que « l’ennui » régnait jusqu’à ce jour dans la lecture française de Coeur des ténèbres toutes éditions confondues. Il ne nous avait pourtant pas semblé que l’ennui nous gagnait en lisant le chef d’oeuvre de Conrad tel qu’il nous a été transmis, d’André Ruyters (1925) à Odette Lamolle (1995) en passant par Georges-Jean Aubry, Sylvère Monod et Jacques Darras. Sinon comment Coeur des ténèbres aurait-il acquis depuis si longtemps chez nous le statut de livre-culte, même s’il s’est longtemps intitulé Au coeur des ténèbres, ce qui n’est pas tout à fait pareil (mais c’était fidèle au titre originel The Heart of Darkness dans Blackwood’s Magazine en 1899 ?
On ne se livrera pas ici à un charcutage des différentes versions afin de comparer la valeur des points-virgule, les allitérations et la concordance des temps. Le simple lecteur, entendez par là celui qui n’est pas prêt à substituer la technique de traduction au plaisir du texte, accorde sa confiance à toute nouvelle version, par principe, quitte à la lui retirer si la traversée n’a pas été bonne. Seul compte le texte. Voilà pourquoi l’analyse d’Apocalypse now que Claudine Lesage juge nécessaire d’exposer dans sa présentation ne nous paraît pas indispensable; d’autant que, tout de même, Francis Coppola n’a fait que s’inspirer de la trame de la nouvelle, la déshumanisation de l’homme au fur et à mesure de la remontée initiatique du fleuve, la débarrassant de sa dénonciation du colonialisme, de l’esclavage et de la brutalité de l’Administration pour lui substituer une charge contre la folie barbare de la guerre. Coppola a signé le scénario de son film avec John Millius, et Michaël Herr le récit, mais Coeur des ténèbres n’est même pas crédité au générique du script tant l' »adaptation » s’est voulue libre, alors pourquoi y revenir ? Voudrait-on nous obliger à constamment superposer le film au livre, et un chef d’oeuvre à l’autre, que l’on n’y prendrait pas autrement.
Plus stimulante et novatrice nous paraît être la volonté de la traductrice d’ancrer sa version du roman dans une dimension philosophique, Conrad étant alors soupçonné d’avoir récrit et détourné la notion d’Idée chère à Platon pour l’appliquer au colonialisme et en faire « matière à romance ». Platon plutôt que Platoon, La République et Le Banquet à l’appui. Le pointage lexical opéré par la traductrice, et destiné à relever les coïncidences entre le Polonais et le Grec, englobe des mots tels que « l’âme », « la croyance », « la retenue », « le mystère », « la connaissance », « l’ignorance », « l’éducation », « la folie », « la vertu »,, « la réminiscence », « l’obscurité », « le bourbier », « la lumière », « le fleuve »…
« Sans doute faut-il simplement en retenir que Conrad adapte Platon à des fins littéraires… » écrit-elle en conclusion, après nous avoir promis que sa traduction dépoussiérante rendait enfin justice à la modernité du texte. On n’a alors qu’une envie, se glisser dans le récit, se laisser envelopper dans le filet de sensations sur les rives de la forêt obscure, les battements du tam-tam pareils aux battements d’un coeur, puis se laisser emporter par le fleuve, simplement. …
« Ici même, régnaient autrefois les ténèbres » dit soudain Marlow. Seul parmi nous à « prendre » encore la mer, le moins que l’on pût dire de lui, c’est qu’il était atypique. c’était un marin, mais un marin qui avait le goût de l’aventure, contrairement à la plupart de ses congénère qui, leur bateau pour maison et la mer pour patrie, sont d’un naturel plutôt casanier. Tous les bateaux ne se ressemblent-ils pas et la mer n’est-elle pas toujours la même? Si bien que dans un environnement aussi immuable, les rivages inconnus comme les visages étrangers, la vie même dans son immensité toujours changeante, tout glisse devant leurs yeux, non pas tant voilé d’un sentiment de mystère que d’une indifférence légèrement dédaigneuse puisque le seul vrai mystère pour un marin c’est la mer elle-même qui, telle l’imprévisible Destinée, règle sa vie. Pour le reste, le labeur du jour achevé, une balade à terre ou une bordée occasionnelle ont tôt fait de dévoiler pour lui les secrets de tout un continent; après quoi, il en tire généralement la conclusion que cela n’en valait pas la peine » » (le texte original anglais se trouve ici, et l’extrait à partir de « And this also, » said Marlow suddenly, « has been one of the dark places of the earth…)
On y est enfin, l’heure de gloire de la sauvagerie au coeur de la wilderness. On n’en a pas fini avec Conrad.
(« Kotya libaya » Photo Leonora Baumann ; portraits de Joseph Conrad, photos D.R.)
1 081 Réponses pour Les ténèbres au coeur de l’univers de Joseph Conrad
« lorsqu’il s’attaque à UN classique »
Certaines mouches tournent autour du miel, magnifique par lui-même, ne sachant quoi faire de ce mets inhabituel à leur goût habituel bien plus prosaique.
On se passera des mouches, pour garder le goût du miel. Indémodable.
« Au Coeur des ténèbres » c’est bien mieux que « Coeur des ténèbres » !
Il est fort ce » Passou » !
« Cette édition, dirigée par Marc Porée qui la préface, reprend notamment des anciennes traductions de Sylvère Monod, G. Jean-Aubry, André Gide… »
C’est dans les vieilles traductions qu’on fait les nouvelles soupes, Passou ?
« Conrad étant alors soupçonné d’avoir récrit et détourné la notion d’Idée chère à Platon pour l’appliquer au colonialisme et en faire « matière à romance ». »
Vous pourriez développer, Passou ?
« Voilà pourquoi l’analyse d’Apocalypse now que Claudine Lesage juge nécessaire d’exposer dans sa présentation ne nous paraît pas indispensable »
Pourtant il est exceptionnel qu’un tel livre ait inspiré un tel film, même si c’est seulement dans sa trame, et peut-être sa folie. Désormais, les deux oeuvres sont liées pour l’éternité.
« Pourtant il est exceptionnel qu’un tel livre ait inspiré un tel film, même si c’est seulement dans sa trame, et peut-être sa folie. Désormais, les deux oeuvres sont liées pour l’éternité. »
Je vois pas vraiment le rapport, Delaporte, entre le bateau de l’un et les hélico de l’autre, ni entre les esclaves Noirs et les Jaunes rouges !
« Je vois pas vraiment le rapport, Delaporte »
Jacuzzi, vous êtes soit de mauvaise foi, soit stupide…
Probablement stupide, car de toute bonne fois, Delaporte !
Franchement, je vois rien de semblable entre le roman de Conrad et le film de Coppola…
Le rapport aux Idées de Platon, c’est du marketing. C’est totalement farfelu !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
NUL à CHILLER !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
C’est Jazzi qui a raison, évidemment ! Le film n’est qu’une piètre adaptation de prisunic d’une œuvre autrement plus subtile et complexe que ce film de merde qui dénonce une guerre de merde avec des moyens de merde !
C’est sûr que rameuter platon, ça mange pas de pain. Cela frise l’insensibilité caractéristique du psychopathe. Mais à l’akadémie de paris, sont friands de ce pathos.
Non, Marc, ici, l’article zéro signifie que Passou pense catégorie abstraite, concept littéraire ! Eh oui, Passou, il lui arrive aussi de penser (pas toujours correctement mais il pense…) aussi…!!
D’ailleurs pour lire » heart of darkness » comme une balade au long cours, faut pas avoir grand’chose dans la calebasse.
« Le film n’est qu’une piètre adaptation de prisunic »
Voilà un jugement rapide qui n’est pas très objectif. Le film a marqué les consciences, malgré ses défauts. Il fallait ça pour tenter d’exorciser une guerre immonde, comme toutes les guerres. En ce sens, c’était un grand film.
Moi, j’aimerais bien voir comment ils ont traduit : « He cried in a whisper at etc. »
C’est un film populaire à destination des ploucs dans ton genre, Delaporte. C’est tout ce que ton cerveau est capable de comprendre et d’apprécier, la sauce hollywoodienne. T’es pas fait pour la littérature, mon pote, c’est tout. Ça te dépasse. On le voit bien à tes commentaires.
@Franchement, je vois rien de semblable entre le roman de Conrad et le film de Coppola…
Alors circulez.
Il s’agit d’avoir de la conscience ou pas. Et quand on n’en a pas, c’est qu’on est néo-platonicien. Juste un stream d’inconscience.
« Voilà pourquoi l’analyse d’Apocalypse now que Claudine Lesage juge nécessaire d’exposer dans sa présentation ne nous paraît pas indispensable »
J’aime bien quand Passou a recours au « Nous » de majesté !
« Pointage lexical » mon cull oui !!!!! Non, mais quelle époque de cornards !!!!
Faut-il en conclure que WWG serait du genre moucham ?
En fait je me suis aperçue récemment de la vaine entreprise de Conrad, qui nous est présentée ici comme » littérature totale »; celle qui se nourrit de littérature, comme Conrad se nourrit d’expériences qui ne sont pas les siennes. Issues de lectures de géographes et d’explorateurs, avant lui. N’oublions pas que son expérience du Congo, c’est quelques semaines à bord, malade, et sans mettre pied à terre.
musca dermi, peut-être ?
Wgg a des idées bornées, qui, s’il en avait été capable, l’empêcherait de faire des analyses dignes de ce nom. On tourne en rond.
« musca dermi, peut-être ? »
C’est le menu de ce soir, VicD.oria !
Je dirai même que ce renvoi tel quel à Platon est un parfait contre-sens, et gravissime en plus !
Pourquoi ? Eh bien parce que Kurtz dans le roman n’existe que par sa voix. C’est la Voix du Mal. Or, il existe toute une tradition occidentale de
la voix ; c’est le Logos grec comme le « wayomer » (dire en hébreu) de Dieu : « Et Dieu dit :… », qui ordonne le monde, proclame l’unité vibratoire du monde, l’harmonie entre les règnes (animal, végétal, humain) qui n’est pas un cri, mais le contraire d’un cri, le contraire même du cri de Kurtz, « Horror ! Horror ! », tiré de Shakespeare en effet comme l’ont souligné Marc et Bloom.
C’est donc totalement aberrant de voir dans ce roman une sorte de mise en roman du Banquet de Platon ou de je ne sais quelle République !!!!!! C’est une injure à la tradition occidentale de la Voix, une injure à la culture, une injure à la civilisation occidentale ! une saloperie de plus de ce monde de trouducus qui ont perdu tout repères, ce monde barbares patentés et payés grassement pour nous emm.erder au sens propre !
Pour avoir lu le film et vu le livre, c’est du pareil au même : excellentissime dire. Pour une seule raison : il secoue notre cocotier, funeste lieu où nous murissons, lentement mais surement…
On ne va pas discuter avec Delaporte qui a trois neuronnes qui se battent en duel derrière son occi/pute
Delaporte…. mais …. toute idée est bornée !
On ne va pas discuter avec Delaporte qui a trois neuronnes qui se battent en duel derrière son occi/put/e
« Conrad étant alors soupçonné d’avoir récrit et détourné la notion d’Idée chère à Platon pour l’appliquer au colonialisme et en faire « matière à romance ». »
Cette phrase est ce qui va plaire et délecter wgg.
Son Heideggerianisme flageolant pourra-t-il dès lors laisser place à son platonisme moutonnant…
?..l’ interrogation est d’ importance!
C’est bien d’ailleurs ce que proclame le discours de Calogrenant dans Yvain de Chrétien de Troyes, ce rappel du Logos grec et du « wayomer » de la tradition hébraïque ! Et c’est bien pourquoi Conrad, qui est polonais donc chrétien, utilise cette tradition pour stigmatiser son héros Kurtz, qui l’a totalement inversée et pervertie !
Allez, tout ça ne vaut un pet de lapin ! Nul à chiller ! Je m’en vais me balader.
@ Le simple lecteur, entendez par là celui qui n’est pas prêt à substituer la technique de traduction au plaisir du texte…
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Me sentant un poil interpelé par cette sentence comme lecteur simpliste mû par le plaisir infantile, j’ajouterais que n’ayant encore jamais fréquenté de ma vie « Au cœur des ténèbres », je serais bien incapable de dire si la nouvelle traduction écologique de Corinne Lepage gagne vraiment sur la verte et pas mûre d’André Ruyters, la trop sucrée de Georges-Jean Aubry, l’emberlificotée de Sylvère Monod, la capilotractée de Jacques Darras, pour ne rien dire de la très raide d’Odette Lamolle. J’imagine que tout ce qui précédait Mlle Lepage ne valait pas triplette, vous le comprenez bien, même si l’ennui ne fut pas toujours au rencart, et il n’y a guère raison d’en douter.
J’ajoute vouer sincèrement une immense admiration à toutes celzéceux de nos internautes grands spécialistes de Conrad, de se montrer capables de comparer 6 traductions d’un même roman, et de nous en parler aussi savamment ici. Voilà pourquoi je me permets de demander à toussent : dites-moi juste laquelle de toutes les traductions disponibles de « Coeur de clarté » votre plaisir a franchement préféré, chere-s ami-es. Une seule réponse me suffira pour peu qu’elle émane d’un cœur simple et bienveillant. Car je me sens à vrai dire un peu demeuré et diminué par cette impardonnab’ lacune de lecture. Mais, comme on dit, faute avouée, hein… est toujours réparable grâce à la solidarité collective. Merci pour votre salvatrice compréhension.
d’André Ruyters (1925) à Odette Lamolle (1995) en passant par Georges-Jean Aubry, Sylvère Monod et Jacques Darras
Quittons nous rapidement : compétition de baby-foot professionnel à 15h.
Ami Wiwi, soyons humains, soyons fraternels avec Delaporte Trois Neurones, tendons lui la main :
« Ami Delaporte, si vous souhaitez vous fournir en neurones fraiches, nous sommes là tous les deux et, franchement, 1 euro la neurone de Wiwi ou de JC, c’est une affaire*.
Envoyez l’argent en espèces à la Rédaction qui transmettra »
* si vous souhaitez du Bloom, c’est moins cher, évidemment !
de la très raide d’Odette Lamolle.JJJ
Personne n’ aura osé la faire, celle-là, côté traduction on rentre dans le dur…
« Il eut un cri murmuré envers une image, une vision – il eut par deux fois un cri qui n’était qu’un souffle : »
« He cried in a whisper at some image, at somevision — he cried out twice, a cry that was no more than a breath:
« `The horror! The horror!’ »
« To cry » peut parfaitement vouloir dire crier, bob. Ici c’est évident.
Cependant, la traduction de WG est nulle à ch… comme d’habitude. « Avoir un cri murmuré envers une image »!!! N’importe quoi.
Comme d’hab également le mot à mot est souvent le moins mauvais: « Il cria dans un murmure devant une image, devant une vision ». La répétition de « some » est remplacée par celle de « devant » pour garder le rythme.
On peut être moins direct: « il émit un cri dans un murmure devant une image, devant une vision »…
Pas d’illusion: la nuance entre « shout » et « cry » est impossible à rendre en français, sauf à alourdir le texte de façon insupportable.
La suite: « – il cria deux fois, un cri qui n’était qu’un souffle: »
Traduire « he cried out twice » par « il eut par deux fois un cri » ne sert à rien, sauf à alourdir le français, spécialité de WG.
à la lecture de ce Josef je suis resté en rade comme un con
le rapport c la métaphore
je vais partir
moi je suis de toute bonne foie.
je oeux en donner la moitié.
Pourtant adepte de masturbation intellectuelle, Gide n’aurait supporté de voir sa traduction de Conrad remaniée six fois. D’autre part c’est un écrivain belge (le nom se trouve chez les spécialistes du BAAG) qui a précédé Gide dans la première traduction en français de Conrad.
Gide s’en est inspiré, sans lui rendre grâce profitant de la première guerre qui engloutit les réclamations et les ayant-droits. Vive le Congo belge, sapré Gide.
« – il cria deux fois, un cri qui n’était qu’un souffle: »
il expira deux fois en un souffle qui se voulait cri
horreur, horreur ( d’outre-tombe)
Phil, pour remplacer votre « innocence » en respectant votre contexte est-ce que « neutralité » n’irait pas mieux pour éviter la culpabilité ?
prêle, mélisse, valériane, aubépine blanche, romarin, rue et thé vert.
excellent
en infusion, prêle etc.
sinon
si-oui
à privilégier, notamment quand on a tendance à manquer de fer (en mg/100 g) :
Entre 22 et 14 mg : Levure alimentaire, boudin noir cuit.
Entre 13 et 19 mg : Poudre de cacao sans sucre, palourde crue, bigorneau cuit, lapin en ragoût, foie de volaille cuit, farine de soja, biscottes complètes, germes de blé.
Entre 8 et 6 mg : Foie de veau cuit, lentilles crues sèches, moules cuites, coeur de boeuf cuit, pistaches, huîtres crues, foie gras.
Entre 4 et 6 mg : Jaune d’oeuf, bavette de boeuf grillée, persil frais, abricots secs, boeuf rôti.
Entre 2 et 4 mg : Noisettes, pâté de foie de porc, crevettes, lait de coco, lentilles cuites, concentré de tomate, soupe de légumes, chocolat.
(onmeda.fr)
la neutralité, Bérénice, en littérature comme en politique, paye rarement.
« Voilà pourquoi l’analyse d’Apocalypse now que Claudine Lesage juge nécessaire d’exposer dans sa présentation ne nous paraît pas indispensable »
Je reviens sur cette assertion à mon avis assez contestable de Passou. Un tel refus de faire des liens, pourtant nécessaires, entre deux formes d’art paroxystiques, entre deux oeuvres dont l’une est quand même inspirée par l’autre, produit une sorte de blocage dans la réflexion. On comprend mieux le livre et le film quand on les met vis à vis l’un de l’autre, comme ferait cette discipline reine de la faculté, je veux parler de la littérature comparée. Comparons, tel est notre seul salut !
Grâce à Apocalypse now, le livre de Conrad a pris une dimension fulgurante, jusque dans l’inconscient de ceux qui rejettent le film.
J’écoute le charmantissime entrepreneur d’origine portugaise qui rénove la maison expliquer à l’apprenti ce qu’il fait et pourquoi il le fait. Comme tout cela coule de source. Ah, avoir un tel maître, ou en avoir eu un… Nous sommes bien loin des angoisses conradiennes, aussi valables furent-elles. Mon beau lusitanien rentrera chez lui plus tard pour entendre la mégère qui lui tient lieu de copine se plaindre, pleurnicher, puis, se rendant compte de son erreur, le prendre par la main et, sur l’oreiller, bon, vous devinez le reste.
Comme Conrad l’aurait envié. Mais l’aurait-il? Je ressens presque un début d’angoisse. Mais inspirons-nous plutôt du Régent pour qui après huit heures seul le menu du dîner comptait. Alors, gaspacho, saumon à l’échalote aux petits légumes, dessert surprise…
D’ailleurs, il me semble bien qu’Apocalypse now s’est inspiré non seulement du livre de Conrad, mais d’autres livres contemporains. Ils ont fait un travail scénaristique grandiose, pour arriver effectivement à ce résultat imposant. Biffer le film d’un trait de crayon n’est pas raisonnable.
Même le simple titre est une référence à l’un des livres de la Bible (le dernier). Quand on aime la littérature, on ne peut qu’être impressionné par ce film.
Quelqu’un comme Wgg qui voit dans ce film une pacotille de prisunic est tout simplement un plouc et un horrible pédant, en plus d’être un imposteur.
Cosmo’s Factory
« To cry » peut parfaitement vouloir dire crier, bob. Ici c’est évident. »
Oui oui, et là ça colle avec le contexte
« la traduction de WG est nulle à ch… comme d’habitude. »
Il se prend pour un génie
« Janssen J-J dit: 4 août 2017 à 14 h 37 min »
Tu peux juger sur le long extrait que j’ai mis hier dans la billet précédent. C’était la précédente édition de la pléiade, dans laquelle j’ai lu le roman, et qui est encore signée d’un autre nom de traducteur !
« N’oubliez pas que Conrad écrit dans une langue qui n’est pas la sienne, magnifiquement d’ailleurs. Beaucoup d’anglophones natifs contestent son style, ce qui n’est pas une surprise »
dixit dear Bloom, dans la pièce d’à côté.
Voilà, JJJ
« Un léger tintement de métal, derrière moi me fit tourner la tête. Six Noirs avançaient à la file, montant péniblement le sentier. Ils marchaient lentement, très droits, gardant en équilibre sur la tête de petits couffins emplis de terre, et le tintement rythmait leurs pas. Un chiffon noir leur ceignait les reins, et ses pans, noués derrière, se balançaient comme des queues de chien. Je voyais chacune de leurs côtes, les articulations de leurs membres saillaient comme les nœuds d’un cordage ; chacun avait au cou un collier de fer, et ils étaient tous reliés par une chaîne dont les ballants oscillaient entre eux, et cliquetaient en mesure. […] Ils passèrent à six pouces de moi, sans un regard, avec cette totale indifférence, semblable à la mort, qui est celle des sauvages quand ils sont malheureux. Derrière cette matière première, l’un des ex-barbares, produit des forces nouvelles à l’œuvre, marchait d’un pas morne, portant son fusil par le milieu. Il avait une vareuse d’uniforme, à laquelle manquait un bouton, et, voyant un Blanc sur le chemin, il hissa son arme sur l’épaule avec empressement. Simple prudence, les Blancs se ressemblant tellement vus de loin qu’il ne pouvait pas discerner qui j’étais au juste. Il fut promptement rassuré, et d’un large sourire éclatant et canaille et avec un coup d’œil à ceux dont il avait la garde, il parut m’associer à son exaltante mission. Moi aussi, après tout, j’étais au service de la noble cause de ces mesures de haute justice.
« Au lieu de continuer à monter, je tournai et descendis vers la gauche. Mon idée était de laisser cette équipe d’enchaînés disparaître avant de gravir la colline. […] J’ai vu le démon de la violence, et le démon de l’avidité, et le démon du désir brûlant, mais par tous les dieux du ciel ! c’étaient des démons pleins de force et d’énergie, à l’œil de feu, qui dominaient et menaient des hommes – des hommes, vous dis-je. Mais là, sur ce flanc de colline, j’eus la prémonition que, sous le soleil aveuglant de cette contrée, je ferais la connaissance du démon avachi, hypocrite, au regard fuyant, d’une sottise rapace et sans pitié. […]
« Je contournais une énorme excavation que l’on avait creusée à flanc de coteau, dans un dessein qu’il me parut impossible de deviner. Ce n’était pas une carrière, en tous cas, ni une sablière. C’était simplement un trou. Il n’est pas exclu qu’il ait eu un rapport avec le désir philanthropique de donner quelque chose à faire aux criminels. Je n’en sais rien. Puis je manquai choir dans un ravin très étroit, à peine plus qu’une saignée dans la pente de la colline. Je m’aperçus qu’on y avait jeté une quantité de tuyaux d’évacuation des eaux usées, importés tout exprès pour l’établissement. Il n’y en avait pas un qui ne fût brisé. C’était un jeu de massacre délibéré. J’arrivai enfin sous les arbres. Mon intention était d’y venir chercher de l’ombre un moment ; mais à peine y fus-je entré qu’il me sembla que j’avais porté mes pas dans le cercle ténébreux de quelque Inferno. […]
« Des formes noires étaient recroquevillées, couchées ou assises entre les arbres, appuyées à leur tronc, s’agrippant à la terre, à demi soulignées, à demi estompées dans la lumière indécise, selon toutes les attitudes de la souffrance et du désespoir. […]
« Ils mouraient à petit feu – c’était très clair. Ce n’étaient point des ennemis, ce n’étaient point des criminels, ce n’était plus rien de ce monde-ci désormais – plus rien que des ombres noires de maladie et d’inanition, gisant pêle-mêle dans l’ombre verdâtre. Amenés de tous les recoins de la côte, dans toute la légalité de contrats temporaires, perdus dans un cadre hostile, nourris d’aliments auxquels ils n’étaient pas accoutumés, ils dépérissaient, perdaient leur capacité de travail, et avaient alors le droit de s’éloigner en rampant et de se reposer. Ces silhouettes moribondes étaient libres comme l’air, et presque aussi ténues. Je commençai à distinguer des yeux qui luisaient faiblement sous les arbres. Puis, abaissant mon regard, je vis près de ma main un visage. Le squelette noir gisait de tout son long, une épaule contre l’arbre, et les paupières s’ouvrirent doucement, laissant monter jusqu’à moi le regard des yeux enfoncés, immenses et atones, une sorte de bref éclat blanc et aveugle dans la profondeur des orbites, qui s’éteignit doucement. L’homme semblait jeune – un adolescent presque – mais, vous savez, chez eux c’est difficile à dire. Je ne trouvai rien d’autre à faire que de lui tendre un des biscuits de mer que j’avais en poche, cadeau de mon bon Suédois. Les doigts se refermèrent dessus doucement et le tinrent – il n’y eut ni d’autre mouvement ni d’autre regard. Il s’était noué un brin de laine blanc autour du cou – Pourquoi ? Où se l’était-il procuré ? Était-ce un insigne – un ornement – une amulette – un acte propitiatoire ? Avait-il seulement une quelconque signification ? Il faisait un effet surprenant autour de ce cou noir, ce bout de fil blanc venu d’au-delà des mers.
« Près du même arbre, deux autres paquets d’angles aigus étaient assis, les jambes ramenées près du corps. L’un, le menton reposant sur les genoux, fixait le vide, d’une façon intolérable et épouvantable : c’est le front qu’appuyait, comme vaincu par une grande lassitude son fantôme jumeau ; et d’autres gisaient de toutes parts, en une variété infinie de postures de prostration convulsées, ainsi qu’en un tableau figurant un massacre ou une épidémie de peste. Tandis que je demeurais là, frappé d’horreur, l’une de ces créatures se dressa sur les mains et les genoux, et partit vers le fleuve à quatre pattes pour y boire. Il lapa l’eau dans sa main, puis s’assit au soleil, les tibias croisés devant lui, et laissa au bout d’un moment sa tête laineuse tomber sur son sternum.
« Je n’avais plus aucune envie de m’attarder à l’ombre, et repris à la hâte le chemin du poste. Arrivé près des bâtiments, je rencontrai un Blanc, accoutré avec une élégance si inattendue que je le pris d’abord pour une vision. Je découvris un haut col empesé, des manchettes blanches, une légère veste d’alpaga, un pantalon de neige, une cravate claire et des bottines vernies. Point de chapeau. Les cheveux séparés par une raie, brossés et pommadés sous le parasol doublé de vert que tenait une grosse main blanche. Il était stupéfiant, et avait un porte-plume derrière l’oreille.
« Je serrai la main de ce miracle, et appris qu’il était le chef comptable de la Compagnie, et que c’est dans ce poste que se faisait toute la tenue des livres. Il était sorti un moment, me dit-il, « pour respirer une bouffée d’air pur ».
(« Au cœur des ténèbres », Œuvres II, Bibliothèque de la Pléiade,
traduit par Jean Deubergue, Editions Gallimard, 1985)
@« N’oubliez pas que Conrad écrit dans une langue qui n’est pas la sienne, magnifiquement d’ailleurs. Beaucoup d’anglophones natifs contestent son style, ce qui n’est pas une surprise »
Et pourtant la langue littéraire de Conrad est celle des livres qu’il a lus, à commencer par Shakespeare.
C’est ce qu’indique la très longue introduction de » Au coeur des ténèbres », du traducteur J-J. Mayoux, initialement pour les éditions Aubier-Montaigne, dans la version GF Flammarion, que j’ai été obligée de ressortir, alors que je n’ai plus trop le temps.
Enfin pour closer, à la comprenette un peu lente, lui signaler que la traduction mise en ligne par le poltergeist , sur le billet précédent, et que closer critique ,n’est bien EVIDEMMENT PAS du poletrgeist !
Et bien sûr que Platon, dans ce contexte, est complètement à côté de la plaque.
Puisqu’à la base il s’agit bien » d’images ». Et non d’idées.
Et oui, la morale est bien au coeur de ces » ténèbres ».
Mais comme dit bob la zonarde, il faudrait le temps que je n’ai pas. Et puis il y a ici d’éminents akadémiciens, alors…
à 17 h 27 min burk la poissarde (la citerne à pus disait màc) toujours aussi c. et givrée
L’Aubier-Montaigne est intéressante parce qu’on voit le travail du traducteur sur la syntaxe de Conrad face à l’original. Elle est en outre conçue pour obtenir un équivalent en style classique de la prose de JC.
Il faut bien dire que cette illusion de clarté à la française s’obtient au prix de phrases refondues, de structures modifiées, c’est le prix à payer.
Ici, j’avoue ne pas comprendre la modification du titre,la mobilisation de Platon,et cette guerre de tranchées autour de Coppola qui n’a qu’hollywoodianisé Conrad, histoire de créer une aura culturelle autour de son film et du role de Brando. Celles et Ceux qui ont parlé de Conrad dans cette affaires sont sans doute ceux et celles qui ne l’ont pas lu!
Quand on aime la littérature, on ne peut qu’être impressionné par ce film. (Delaporte trois neuronnes)
_______________
Excellent !!!!!!!
Ce soir je mange du poisson pas né.
closer, il a toujours pas compris que ce n’était pas ma traduction!
Dylan is Dylan, closer is closer…!!!
« Enfin pour closer, à la comprenette un peu lente, lui signaler que la traduction mise en ligne par le poltergeist , sur le billet précédent, et que closer critique ,n’est bien EVIDEMMENT PAS du poletrgeist ! »
J’ai une excuse en béton lvdb: Quand on voit une mauvaise traduction, forcément on pense à WG.
Bien à tort, mon pauvre chéri ! Mes traductions de l’allemand sont excellentes. Mais t’es trop con pour t’en rendre compte.
“It had been a bad trip … fast and wild in some moments, slow and dirty in others, but on balance it looked like a bummer. On my way back to San Francisco, I tried to compose a fitting epitaph. I wanted something original, but there was no escaping the echo of Mistah Kurtz’ final words from the heart of darkness: “The horror! The horror! … Exterminate all the brutes!
― Hunter S. Thompson, Hell’s Angels: A Strange and Terrible Saga
bob la zonarde, tu vois bien que faire le ventriloque d’un disparu ne peut te mener à rien. T’en as retenu que les saloperies, remarque, cela risque de ne pas d eporter chanche non plu.
Tu devrais aller prendre une douche, les vieilles hippies c’est déjà insupportable par temps clément, alors avec cette chaleur, même ta syntaxe s’en ressent.
_________________
D’accord avec Court, cette présentation de l’édition Aubier-Montaigne de » Au coeur des ténèbres » est remarquable. Avec une introduction de J-J Mayoux, traducteur, comme on en trouve plus beaucoup. Qui fait sens, koi.
Je signale à closer, que la trad’ de J-J. Mayoux est identique pour le passage mis en ligne par videurgangueur.
I’m’font marrer de toute façon les cornards comme closer. I s’institue expert en traduction du haut de sa médiocrité comme si il était capable d’en juger…! Non, mais j’te fou.trais ça au gnouf, moi…! Un gros coup pompe dans le culte que ça mérite c’est tout, cette canaille !
J’attends toujours une tradale satisfaisante du passage en question tas de de nullités…!
bob la zonarde va shouter la trad’ dans le poste.
On va attendre.
Docteur Livingstone, je (p)résume ?
André Gide
André Ruyters
Georges-Jean Aubry
Sylvère Monod
Jean-Jacques Mayoux
Jacques Darras
Jean Deubergue
Odette Lamolle
Mich.el A.lba
Claudine Lesage.
Je pense me laissez guider par J. Deubergue exhumé par Jazzman, merci. Sinon, chassez l’intrus et complétez la liste !
le poltergeist devrait commencer par citer ses sources, mêmes sur le web. On l’a déjà vu piller des trad’ en allemand affirmant que c’était les siennes.
Là il fait des progrès, non dans la langue de Shakespeare, car plus nul que lui tu meurs, mais il reconnait que pour le passage traduit de » Au coeur des ténèbres » qu’il a mis en ligne sur le billet précédent, il en ignore le nom du traducteur.
En tout cas, celle-ci, est mot pour mot, celle de J-J. Mayoux.
http://www.kongo-kinshasa.de/dokumente/lekture/conrad.pdf
Substitute
https://www.youtube.com/watch?v=wIWpfS_MFHw
Qu’est-ce qu’on se marre sur ce blog!
le livre de l’Apocalypse écrit par jean sur l’île Patmos, la plus au nord du Dodecanèse
https://www.google.fr/maps/place/Patmos/@37.324766,26.4998477,12z/data=!3m1!4b1!4m5!3m4!1s0x14bda50db4bd8ab5:0xc4ed84fc66418137!8m2!3d37.3129763!4d26.5468773
Indeed, Phil…Ce qui n’empêche pas les préparateurs aux concours de proposer des texte du grand Korzienowski. Je me souviens avoir planché sur le début d’une de ses grandes nouvelles, ‘The Secret Sharer’ (qui fait référence à un bateau) et avoir complètement séché sur le sens de « crazy » dans la première phrase:
« On my right hand there were lines of fishing stakes resembling a
mysterious system of half-submerged bamboo fences, incomprehensible in its division of the domain of tropical fishes, and crazy of aspect as if abandoned forever by some nomad tribe of fishermen now gone to the other end of the ocean. »
« crazy » dans « crazy of aspect », signifie « détérioré », « disloqué », en référence à l’acception en vigueur au 16e (« full of cracks or flaws »).
L’anglais était pour Conrad une langue apprise non par imprégnation, mais au cours d’un apprentissage rigoureux et systématique.
Quand on pense qu’il a hésité à écrire en français….!
Je n’ai que la traduction de JJ Mayoux:
Jean-Jacques Mayoux est un critique littéraire et professeur de littérature anglaise à la Sorbonne de 1951 à 1973. Résistant (CDLR), directeur de l’Institut International de Coopération Intellectuelle de 1945 à 1946 , il fut aussi signataire du Manifeste des 121.
A votre avis, qu’est-ce qu’elle vaut de la part d’un inconnu?
joliment ce serait aspect inimaginable
sinon c’est un aspect dingue mais c’est populaire ; il sort le 28 septembre.
J-J Mayoux fait une analogie intéressante, entre le Péquod de Melville, et le rafiot raccommodé dont Marlow devient le capitaine.
Mais c’est Kurtz qui a beaucoup à voir avec Achab.
Ce qui est mis en évidence par ailleurs c’est cette horreur, qui est en fait la sauvagerie, que même le mot « remember » ne parvient à juguler. C’est cette solitude spirituelle qui transparait. Et le défaitisme de Conrad.
Oui, c’est bien dommage de faire table rase de toute la richesse des analyses de traducteurs disparus. C’est une sorte de macronisation de la pensée. Horrible.
Sinon, dans cette introduction de J-J Mayoux à l’oeuvre de Conrad, il y a une magnifique définition de l’art en littérature, et puis, et puis, j’y viens, vu que je pars avec H-D. Thoreau en vacances, pour d’autres rivages, un petit clin d’oeil au « transcendantalism ».
@‘The Secret Sharer’ (qui fait référence à un bateau)
pas tout à fait exact. C’est à la base l’affaire du Cutty Sark, l’assassinat d’un matelot noir par le second du navire.
je partirai probablement accompagnée de Cervantès, pourvu qu’il n’y ait pas trop de citations latines . Vers d’autres rivages aussi, là où les super-marchés n’ont pas réussi à coloniser le paysage.
sauf pour horse
alors crazy a une autre acception
Tu vas aller vivre dans une cabane en bois, LVDLB ? Avec ou sans internet ?
d’ailleurs la photo illustre à la perfection la perception de J Conrad:
» Conrad voit la Nature comme un fleuve de vie coulant sans trêve, hors duquel le minuscule atome de la vie individuelle de chaque homme surgit à la vue, se détache de l’atmosphère qui l’entoure, pour se perdre à nouveau . » S Garnett Conrad’s préface 1937.
dingue, déglingué, détraqué, cinglé
maboul, louf .
18h20 du caviar?! dites donc vous ne vous refusez rien, ces boîtes que je n’ai pas encore eu l’occasion d’ouvrir font penser aux boites de cirage. Car chez nous Vicdoria nous cirions nos chaussures ‘ pas celles des autres) et c’était un travail joyeux quand venait le moment de les faire briller.
Bloom a raison pour crazy of aspect, disloqué .
Manifestement vous n’avez plus rien à dire sur le roman de Conrad.
L’importance de la voix de Kurtz dans le roman :
« Kurtz discourait. Une voix ! une voix ! Elle retentit, profonde, jusqu’au bout. »
« C’est pourquoi je suis resté fidèle à Kurtz jusqu’au bout et même au-delà, quand longtemps après j’ai entendu une fois de plus non sa voix à lui mais l’écho de sa magnifique éloquence jeté vers moi à partir d’une âme d’une pureté aussi transparente qu’une falaise de cristal. »
C’est toute l’ambiguité du roman. On entend Kurtz à travers Marlow, qui est visiblement fasciné par la Voix de Kurtz, qui n’est pourtant plus le logos grec ni la Voix ordonnatrice du « wayomer » hébraïque.
Marlow tient d’ailleurs le rôle de l’aède dans l’Odyssée d’Homère. Ici, il est devenu suspect, l’ambiguité même. Et la situation d’énonciation, sur une barque sur l’eau, chancelante au grès des vagues et des courants renforce cette idée d’une miseen question, d’une corruption du Logos à cause de l’argent qui corrompt tout et du colonialisme, son expression politique.
Charles Bukowski – Rien à faire à ça (No Help For That, 1986)
il y a un endroit du cœur qui
ne sera jamais rempli
un espace
et même aux
meilleurs instants
et
aux plus fabuleux
moments
nous le saurons
nous le saurons plus que jamais
il y a un endroit du cœur qui
ne sera jamais rempli
et
nous attendrons
encore et
encore
dans cet
espace.
*
there is a place in the heart that
will never be filled
a space
and even during the
best moments
and
the greatest times
times
we will know it
we will know it
more than
ever
there is a place in the heart that
will never be filled
and
we will wait
and
wait
in that space.
***
Charles Bukowski (1920-1994) – You Get So Alone At Times That It Just Makes Sense (1986) – Traduit par Yves Sarda
https://www.amazon.com/Alone-Times-That-Makes-Sense/dp/0876856830
driving through a filling station
« Le prince Henrik (né français, Henri de Laborde de Montpezat) a annoncé qu’il ne souhaitait pas être enterré aux côtés de sa femme, la reine Margrethe II (de Danemark). Une sacrée entorse à la tradition. Vexé de n’avoir jamais accédé au statut de roi, le prince, né en France, estime qu’il n’est pas l’égal de son épouse et refuse donc de l’être dans la mort. »
C’est quand même dingue que des nouvelles de cette importance ne fassent pas la une des journaux et du 20 heures!
Toute l’ambiguité du roman tient au fait qu’il dénonce le mal du colonialisme et qu’en même temps il exprime une fascination pour l’aventurier Kurtz où l’héroïsme rejoint la corruption. C’est ce qui fait toute la tension exaltante du roman et sa profonde ambiguité.
C’est le cœur du monde en effet qui est pourri. On est là très proche de Pascal. La « civilisation du cœur » aboutit à la barbarie. C’est le sens profond du roman de Conrad.
William Eggleston
https://lprocknow.files.wordpress.com/2012/05/gas-station.jpg
…
…pas détective,…mais y voir plutôt,…une façon, d’écrire,… » touche pas au Grisbi « ,…
…la finalité,…
…c’est la réserve , façon, colonie- belge,…
…circulez,!…il y a rien à voir,…on s’occupe de ces ténèbres – las,…
…
…chasse-réservée,…Ouste, du vent,…
…
…façon, le Boa, de la grande Zoa, !…
…des diversions littéraires agglomérées, pour en restez répugner , de ne pas, passez ses loisirs à comptez les mouches,…
…
…aller, ailleurs sur les montagnes, voir , si j’y suis, autrement,…dit, quoi,!…
…
…etc,…ah, bon,!…il a trouvé çà tout seul,…et, pas encore, le point Godwin,…
…Bip, Bip,!…
Pour la barbarie, merci bien!
« C’est le cœur du monde en effet qui est pourri. On est là très proche de Pascal. La « civilisation du cœur » aboutit à la barbarie. C’est le sens profond du roman de Conrad. » Wgg
C’est le genre d’explications à deux balles sans aucun intérêt, d’une nullité sidérante. Et en plus vous êtes prof de français ! Quel mauvais prof ! Pas étonnant que vos élèves vous chahutent et soient lassés de vos boniments ridicules.
WGG et Chaloux
http://4.bp.blogspot.com/-6shQBC9mNPc/UkbmJcclGOI/AAAAAAAACIE/LgAuHADOIBw/s1600/036_014.jpg
Très drôle en effet !
Communiqué de la Résidence de la Pérublique :
http://actus.zoobeauval.com/article/se-faits-desires-enfin-arrives/
Mais modérons notre joie car hélas :
http://actus.zoobeauval.com/article/panda-news-8-joie-tristesse/
Le personnage de Kurz est modelé en partie sur la geste d’un aventurier français que peu de gens connaissent s’ils n’ont pas vécu en Asie: David de Mayrena, ancien soldat de l’armé française et viveur parisien, qui se tailla un royaume aux confins du Siam et de l’Indochine , leva une armée de plusieurs milliers d’hommes (tribus moï, sedangs…), la dota d’un drapeau, créa une douane, et prit comme maitresse une reine tribale .
Malraux en a fait le personnage de Perken dans « La Voie royale ».
Ceux qui ont lu Chatwin (ou Raspail) songeront au dernier roi de Patagonie. Patrick Deville lui consacre un chapitre dans « Kampuchéa ».
Il y a effectivement ambiguité, le Secret Sharer est son capitaine et/ou le bateau. Conrad a confié beaucoup de ses pensées aux navires dans lesquels il a travaillé ou qu’il a piloté (voir les nouvelles de « Twix Land and Sea ».
A lire absolument la nouvelle « An Outpost of Progress ». Je suis un peu moins fana des longs romans « Nostromo », « The Nigger of the Narcissus », à l’exception de « Lord Jim », « The Secret Agent », un polar avant la lettre, sur un complot anarchiste en plein coeur de Londres et de « Typhoon », roman autobiographique ou ‘comment j’ai quitté la marine marchande’.
Le roman de Conrad est une Anabase. C’est d’une certaine façon une réécriture de l’Anabase de Xénophon. On sait que Saint-John Perse a écrit un poème intitulé « Anabase » (1924), et Paul Celan dans La rose de personne.
Ce qui est intéressant c’est que le philosophe Alain Badiou a fait de l’Anabase un concept pour penser le XXè siècle. Il développe cette idée passionnante dans son séminaire, que le XXè siècle s’est pensé comme mouvement, comme Anabase qui peut être une « expédition de la mer vers l’intérieur montagneux d’un pays ». C’est l’histoire du roman.
La grande problématique c’est le nouage de la mémoire et de l’histoire, d’un « je » et d’un « nous » qui font retour ensemble vers le foyer. C’est la structure même du roman avec les personnages au début sur la barque, le « yawl » dans la baie de la Tamise près de Gravesend (le nom évoque les tombes, la mort) qui sont une image de la communauté et l’individu Marlow qui raconte son histoire, que le texte anglais nomme au tout début du mot de « yarn » qui renvoie tout aussi bien au fil d’une pelote de laine, qu’à une longue histoire qu’on raconte, ou à des « salades » qu’on raconte : to spin a yarn : raconter une histoire ; spin yarns : raconter des salades ; le texte de Conrad dit : « Between us there was, as I have already said somewhere, the bond of the sea. Besides holding our hearts together through long periods of separation, it had the effect of making us tolerant of each other’s yarns—and even convictions. » Les autres sont là autour de lui à l’écouter comme dans la tradition du conteur telle que la rapporte Balzac notamment dans Le médecin de campagne.
Au cours du siècle, cette dialectique d’un « je » et d’un « nous » se détraque. Elle commence déjà à se détraquer dans Heart of Darkness. Chez Celan, qui reprend le texte de Xénophon, la séparation est devenue réalité et l’aspiration à une « poignée de main » est devenue à ses yeux l’emblème de la poésie. Mais on pourrait tout aussi bien que l’œuvre de Claude Simon est également, à sa manière, une réécriture de l’Anabse de Xénophon.
Le mot heart est prononcé dès le départ, qui relie le « cœur » des auditeurs, qui joue quasiment du rôle du chœur dans la tragédie grecque, et le « cœur des ténèbres » : « Besides holding our hearts together through long periods of separation… »
Le texte de Conrad utilise le mot « together » dans l’extrait mentionné. C’est précisément le mot par lequel se termine le poème de Paul Celan mais séparé du corps du poème, isolé par la mise en page, après un blanc qui est en fait un abîme, celui qui sépare le sort des Juifs du reste de l’humanité et qui pose le problème de la communauté humaine :
Paul Celan (1963). “Anabase”, in La rose de personne (Die Niemandrose), traduction Martine Broda.
Ecrite étroite entre des murs
Impraticable-vraie,
cette
montée et retour
dans l’avenir clair-cœur.
Là-bas.
Moles
de syllabes, couleur
mer, loin
dans le non-navigué.
Puis :
espalier de bouées,
bouée-chagrin,
avec,
beaux comme secondes, bondissants,
les reflets du souffle ¾ : sons
de la cloche lumineuse (dum-
dun-, un-
unde suspirat
cor),
répétés, rédimés,
nôtres.
Du visible, de l’audible, le
mot-tente
qui se libère :
Ensemble.
« The Secret Agent », un polar avant la lettre, sur un complot anarchiste en plein coeur de Londres
Très beau roman qui met en scène un terroriste particulièrement retors et menaçant qui a une bombe sur lui. La dialectique serrée de ce roman évoque en maints endroits le terrorisme universel, et plus spécifiquement celui des islamistes d’aujourd’hui. Borges révérait ce grand roman, dont je conseille chaudement la lecture.
Une romancière britannique accuse Christopher Nolan d’avoir abusivement « blanchi » les troupes dans son « Dunkerque »
Beaucoup de maladresses dans ce pitoyable Dunkerque, qui raconte glorieusement comment les Anglais n’ont plus eu qu’à rentrer chez eux la queue basse, mais pourtant accueillis comme s’il avait gagné héroïquement une bataille. Héroïsme mal placé, qui ne donne aucune part aux Français, ni aux soldats de couleur (en effet) ni même aux nazis qu’on aurait bien voulu voir dans leur avion ou sur la terre ferme. Une carence scénaristique désastreuse en tout cas, pour un héroïsme artificiel et boiteux, parfaitement révisionniste.
PORT BRETON
« Colonie libre de Port-Breton, terres à 5 Francs l’hectare, fortune rapide et assurée. Pour tous renseignements s’adresser à Monsieur Du Breil de Rays, Consul de Bolivie, château de Ouimerc’h en Bannalec, Finistère ».
C’est par cette annonce alléchante dans les gazettes qu’en 1877, un Breton, Charles du Breil de Rays, lança une entreprise de colonisation dans le Pacifique. En trois ans, depuis son agence installée en Espagne, il expédia quatre navires et plus de six cents colons, hommes, femmes et enfants en Nouvelle-Irlande, une île proche de la Nouvelle-Guinée, en un lieu inhospitalier et sauvage qu’il avait baptisé Port-Breton.
Il ne connaissait cet endroit que par les cartes et les récits de quelques navigateurs.
Plus de cent cinquante personnes y laissèrent la vie, les rescapés s’installèrent dans les îles, en Nouvelle-Calédonie ou en Australie. Peu revinrent en Europe. Ces émigrants étaient Français, Italiens, Belges et Allemands.
Accusé d’escroquerie, Charles du Breil de Rays fut extradé d’Espagne, jugé et condamné à Paris en 1884. Son procès suscita à l’époque des controverses passionnées et divisa profondément la presse et l’opinion. »
Plusieurs récits sur cette aventure folle, impossible à oublier après l’avoir découvert !
Documentaire : La section Anderson
https://www.filmsdocumentaires.com/films/3306-la-section-anderson
Roman : L’adieu au roi
Ingeborg Bachmann — Hans Werner Henze
[Jacques, quelques lignes pour vous sous le fil précédent]
…
https://www.newyorker.com/culture/culture-desk/bodies-and-stories-at-a-memorial-to-trisha-brown
Tant pour susciter un brin de nervosité :
http://blogfigures.blogspot.fr/2013/08/marie-darrieussecq.html
Pour retrouver le sujet :
https://www.brainpickings.org/2015/12/03/joseph-conrad-henry-james-appreciation/
Bloom il n’y a pas que la Voie Royale. Laquelle sort aussi partiellement des récits d’un autre aventurier français dont le nom m’échappe. Malraux a projeté et très partiellement écrit un Mayréna.
Et non, Delaporte, la Civilisation du Cœur de Jean Naigle livre auquel il est fait ici référence, est tout sauf une explication à deux balles. La question serait d’expliquer en quoi elle débouche sur la barbarie, JN n’abordant pas cet aspect ni Conrad d’ailleurs. Il faut remercier W quand il signale de tels livres. Je le dis d’autant plus librement que je ne suis pas toujours d’accord avec lui.
MC
MC
J’ai lu « Nostromo » dans la traduction de Philippe Neel. Elle ne m’a satisfait qu’à demi, mais, ne disposant pas du texte original, je suis hors d’état de mesurer un paramètre qui devrait entrer en premier en ligne de compte : sa fidélité à ce texte. Mais, en matière de traduction, quand on parle de fidélité au texte, qu’est-ce qui compte le plus : la fidélité à sa lettre ou la fidélité à son esprit ? Par exemple, la traduction de « Moby Dick » par Giono est sûrement plus fidèle à l’esprit du texte qu’à sa lettre. Une bonne traduction devrait, à mon sens, ménager un juste équilibre entre les deux, sans oublier la qualité de la mise français. Pour en revenir à « Nostromo », je crois qu’il en existe une traduction par Sylvère Monod. Si quelqu’un a le (rare) mérite d’avoir lu les deux, peut-il (elle) me dire lequel est à ses yeux , de Néel ou de Monod, le « bon » traducteur ?
Pour être acceptable, une édition française d’un écrivain étranger de la taille d’un Conrad devrait proposer le texte original en regard de la traduction.
Pour un esprit simple comme le mien, et dieu sait si j’en souffre, un livre traduit est un AUTRE livre dont l’auteur est le traducteur.
Je ne comprends pas que l’on puisse confondre l’écrit en VO, signé Shakespeare, avec sa traduction en ouzbèke, signée Torkovitchi.
Pour être acceptable, une édition française d’un écrivain étranger de la taille d’un Conrad devrait proposer le texte original en regard de la traduction. (mouille)
Il s’ensuit que tout lecteur sérieux d’un auteur étranger se doit de maîtriser la langue de l’original. Car autrement, qu’est-ce qui m’assurera jamais que le traducteur ne me sert pas un érotique chinois de l’époque des Han à la place du Petit livre rouge ? Bonjour les dégâts idéologiques !
JC….. dit: 5 août 2017 à 10 h 09 min
D’accord, mais il ne s’agit pas de confondre, il s’agit de comparer. Par exemple, il s’agit de décider si les qualités érotiques du texte de Mao sont mieux rendues dans la tradale de X plutôt que dans celle de Y
JC, tu as certainement raison pour Shakespeare, mais il ne faut pas forcément voir toujours les choses ainsi. Pour un txte plus moderne, on peut fort bien respecter l’esprit et la lettre sans pour autant n faire un nouveau livre. C’est ça une bonne traduction, c’est celle qui sait respecter l’esprit et la lettre. Autrefois on apprenait à traduire dès l’école en suant sur des versions latines. C’est une excellente école. Jean a raison pour les éditions bilingues, ce serait en effet une bonne idée pour ceux qui sont capables de suivre sur le texte original sans pour autant être capable de le lire dans l’original. Et pour apprendre une langue, il n’y a rien de plus efficace.
Relu l’œuvre la plus obscure de Conrad, ce récit de Marlow adressé aux passagers de la Nellie, donc aux lecteurs : Au cœur des ténèbres. Est-ce un récit d’aventures ? Bien que présenté à l’origine en feuilleton, l’action laisse rapidement place aux signes. Plus que des rebondissements tenant le lecteur en haleine, à la relecture, j’ai été sensible à son inquiétante étrangeté, à ce climat absurde, funèbre.
Que se passe-t-il dans cette jungle africaine où un vieux rafiot est immobilisé dans l’attente d’une réparation ? la photo proposée en tête du billet nous plonge dans cette jungle sombre et impénétrable, nous conduit vers le lieu des ténèbres, une plongée dans le passé de l’humanité à la rencontre du néant et du mal. Lieu impénétrable comme la pensée de Kurtz. Le narrateur, Marlow, nous conduit dans un territoire interdit, « errants sur la terre préhistorique, une terre qui avait l’aspect d’une planète inconnue ». Est-elle celle d’un passé d’une noirceur cauchemardesque, une sorte de descente aux enfers ?
Des silhouettes féminines, gardiennes de secrets, passent et ponctuent le récit de présages comme celles qui tricotent une laine noire « comme pour faire un chaud linceul ».
Donc, ce récit dont le dénouement est annoncé dès le début : « J’eus le pressentiment que sous l’aveuglant soleil de ce pays, j’allais apprendre à connaître le démon, flasque, hypocrite, aux regards évasifs, le démon d’une folie rapace et sans merci. ». A l’horizon de ce voyage : la mort, la folie de Kurtz.
Marlow est fasciné par Kurtz. Le récit nous conduit à nous glisser dans sa pensée, ses questions plus que dans l’action.
Ce Kurtz « était sombre à souhait et lamentable, cependant – dit Marlow – il semblait répandre une espèce de lumière. ». Kurtz appartient à l’obscurité, dans un ambigu jeu de clair-obscur, de disparitions. Il est le centre du récit et pourtant il reste une ombre, une voix. C’est lui le cœur des ténèbres et ce cœur est… vide. Il ne peut que murmurer ces derniers mots avant de mourir « Horreur ! horreur ! ». C’est un héros à la santé mentale fragile, qui a perdu la maîtrise de lui-même, s’aliénant aux pulsions d’une sauvagerie primitive dans l’horreur de passages à l’acte. Un héros perdant son âme dans un silence progressif. Noirceur et vide. L’animalité a ressurgi et envahit l’âme de cet homme.
Donc, j’ai relu ce récit, fascinée par la béance du mal, ce gouffre qui avale tout pour nous conduire au néant.
Ce n’est pas un récit d’aventure, c’est une allégorie. Je comprends que des traducteurs soient saisis par l’opacité de ce texte et en cherche inlassablement les clés dans le langage.
Mais de toute façon, même bonne, une traduction efface forcément des connotations du texte, des sens ici ou là, qui peuvent être d’une grande importance même, sans qu’on puisse dire qu’il s’agisse d’une mauvaise traduction.
Par exemple, pour ce roman de Conrad, il écrit en anglais dès le premier paragraphe :
The Nellie, a cruising yawl, swung to her anchor without a flutter of the sails, and was at rest. The flood had made, the wind was nearly calm, and being bound down the river, the only thing for it was to come to and wait for the turn of the tide.
Dans la traduction française disponible en ligne (j’ignore son auteur), on a traduit and being bound down the river par « et comme nous voulions descendre le fleuve ». C’est une traduction à la fois belle et correcte. Mais elle passe à la trappe une connotation qui a son importance pour le sens même du roman. En effet, le mot bound renvoie aussi à l’idée d’être lié à la rivière. Or, ce lien, cette nécessité est le propre de la tragédie et du tragique, que souligne par ailleurs encore le lieu où stationne la barque, Gravesend, faisant allusion ainsi en passant sans en avoir l’air à la fin tragique du roman et de l’histoire de Kurtz, et dessinant une évidente analogie entre le fleuve Congo et la Tamise, ainsi qu’il est rappelé par le rappel historique de l’époque romaine débarquant dans ce qui allait devenir Londres. Mais il est impossible de rendre ici en français cette connotation du mot bound.
La dialectique serrée de ce roman évoque en maints endroits le terrorisme universel, et plus spécifiquement celui des islamistes d’aujourd’hui.
—
La bande à Bonnot, les anarchistes russes (cf. Les Justes’) sont les références de Conrad. Pour le reste et notamment la référence contemporaine, on est dans l’idéologie, c’est à dire la mort de l’intelligence.
La structure parallèle entre le fleuve Congo et la Tamise a une autre importance quant au sens même qu’il faut accorder au personnage de Kurtz.
En effet, le roman se présente comme une anamnèse. Or, le mot anamnèse a deux autres sens présents dans le roman ou suggérés dans le roman. Ce mot désigne en psychologie « l’histoire du sujet » : le roman est bien l’histoire de Marlow et à travers lui de Kurtz ; mais en médecine il désigne la phase d’agonie d’une maladie : c’est le sens qui est celui de la fin de Kurtz qu’on trouve, à la fin du roman, malade ; dans la liturgie catholique, la religion du Polonais Conrad, le mot fait référence à la mémoire du ressuscité, le Christ, dont la messe ne se contente pas de rappeler la mémoire, mais de l’actualiser dans le geste de l’Eucharistie, en rappelant ses dernières paroles : « Faites ceci en mémoire de moi » (Luc, 22, 19, 1 Cor, 11, 24-25) où, en grec, c’est le mot anamnesis qui est employé dans le texte de l’Evangile de Luc et dans celui de Paul. Il s’agit d’une actualisation en vue d’ici et maintenant. Or, c’est bien là le sens de la présence de cette petite communauté symbolique de la Communauté sur la barque sur la Tamise : une interrogation angoissée et angoissante de la barbarie au sein même de la civilisation la plus évoluée de l’Occident et de la Civilisation du cœur !
Bloom dit: 5 août 2017 à 10 h 38 min
Tout à fait d’accord avec toi, Bloom ! Uniformiser le terrorisme à la façon de Delaporte est tout simplement se refuser à comprendre le terrorisme islamiste. Typique de père Delaporte-Trois-neuronnes !
Dans les éditions bilingues, pour peu que l’on comprenne a minima la langue originale, il apparaît vite que la traduction française est un AUTRE texte.
Je maintiens mon impression de toujours : une traduction n’est pas autre chose qu’une approche particulière du texte initial, faisant ouvrage autonome sur un sujet commun…
On peut même se demander s’il n’y a pas un troisième sens de l’anamnèse dans le roman de Conrad, le sens ésotérique : dans ce sens l’anamnèse est le fait de recouvrer la connaissance totale de ses propres existences antérieures (incarnations précédentes). Or, l’épilogue du roman avec la visite de la veuve éplorée faisant l’éloge de son défunt mari, Kurtz, prend l’allure d’une telle anamnèse après celle, scandaleuse, qui peut voir dans le personnage de Kurtz, une image inversée de celle du Christ, dont Marlow a recueilli les dernières paroles : « Horreur ! Horreur ! » en lieu et place de celle du Christ.
10:49, JC toujours aussi verbeux, niais et nul, quelle couche !
Très intéressantes vos réflexions sur l’anamnèse, Wgg.
Mais vous n’êtes pas à Kiev avec votre Dulcinée?
Attention à la proximité de Tchernobyl. Relisez Svetlana Alexievitch.
J’aime bien les gens qui disent il FAUT lire en VO. Personnellement je peux lire en anglais, italien et espagnol: ça limite sérieusement la vision du monde !
On put dire aussi par ailleurs que le roman de Conrad raconte L’épopée de Marlow. Or, le mot « épopée » vient du grec epos (parole), déverbal de eipon (dire, raconter) et de la famille de ops (la voix, et en latin, os,-oris (la bouche), qui a donné « oral », « oralité », « oraison »). Or, Kurtz est d’abord et avant tout dans le roman une « voix ». C’est la voix de Kurtz qui le caractérise aux yeux de Marlow, qui fait l’éloge de sa « magnifique éloquence ». Quand on sait l’importance de l’éloquence en Occident, dont jadis Marc Fumaroli a raconté la riche histoire ! Et le mot epos vient d’une racine indo-européenne supposée *wek qui a donné en latin le mot voco, vocare, « appeler », qui vient d’un « voco, -voconis », conservé dans præco (pour prævoco), le « hérault », clui qui proclame les noms, or c’est bien le rôle dévolu à Marlow dans le roman. C’est un mot lié aussi au mot convicium, qui signifie « grand bruit de voix, clameurs, vacarme » : c’est le bruit qu’on entend en effet là où vit Kurtz quand y débarque Marlow !
La notion de proximité ou pas, Lavande, n’a guère de sens quand on parl de Tchernobyl. Vous le savez mieux que personne ici !
On voit bien, à la lueur de la plupart des commentaires, qu’avec ce roman de Conrad on est très loin du film de Coppola !
« The secret Agent » est en effet un très grand roman, qui m’a marqué plus profondément que Lord Jim ou Le Coeur des Ténèbres, peut-être parce que je l’ai lu au moment où le terrorisme devenait une obsession quotidienne.
Il montre en tout cas que la palette de Conrad est immense. C’est, je crois, son premier roman « non maritime ». Quiconque ne lirait que ce roman ne pourrait soupçonner une seconde que Conrad n’est pas avant tout un profond observateur de la vie urbaine (Londres) et des conflits politiques et des drames familiaux à la fin du 19ième siècle en GB!
« je peux lire en anglais, italien et espagnol: ça limite sérieusement la vision du monde ! »
C’est déjà pas mal, Lavande, mais vous avez oublié le français !
Le film de Coppola est excellent !
On peur même trouver un rapport éloigné, vaguement, avec le roman de Conrad … mais c’est autre chose. So what ?….
JAZZI dit: 5 août 2017 à 11 h 20 min
On voit bien, à la lueur de la plupart des commentaires, qu’avec ce roman de Conrad on est très loin du film de Coppola !
Votre remarque est sans doute ironique. De tous les points de vue, il apparaît la barbarie constitue la matrice du pouvoir, de tous les pouvoirs
« Mais vous n’êtes pas à Kiev avec votre Dulcinée ? »
Le choix des mots n’est jamais innocent ! Dulcinée, c’est un peu l’Arlésienne de Don Quichotte…
Elle est en vacances pour l’instant. Je découvre Kiev tout seul. C’est une ville qui a ds allures de Moscou avec ses hauts immeubles du centre. Mais les hautes barres de béton le long de la route de l’aéroport sont typiques des pays ex-communistes, absolument hideux, qui m’ont rappelé à bien des égards ceux qu’on peut voir dans certaines banlieues de l’ex-Berlin-Est. Mais il y a des petits coins charmants, par exemple la place Ivan Franko, avec le théâtre national, près de la Présidence, avec un petit square et ses belles et pittoresques statues de bronze d’Ivan Franko, le grand écrivain, et autres personnages populaires. Il y a aussi la « Maison des Chimères », très baroque, avec des chimères énormes sur le toit. J’ai découvert le palais Maryinski, mais il devait y avoir réception d’hôtes étrangers car des militaires en empêchaient l’approche tout autour, si bien que je n’ai pu que le voir de loin. Mais dans la rue qui longe le Parlement, la rue Gruchevska, j’ai découvert par hasard l’immeuble où habitait le réalisateur Dovjenko.
Comment peut-on passer de « Au Coeur des ténèbres » à « Coeur de ténèbres » ? Le premier titre désigne un lieu, le second une personne ?
« Virginia Woolf ne se contentait pas de tenir son journal : elle lisait avidement celui des autres écrivains »
Lesquels ?
Quel est le roman où le skipper, le capitaine du navire, devient aveugle peu à peu en essayant de le cacher à l’équipage … ?
J’ai oublié le titre, pas oublié le récit.
Jean Langoncet dit: 5 août 2017 à 11 h 27 min
Mais enfin, ignorez-vous le livre de Hobbes, Leviathan. La barbarie N’EST PAS la matrice de tous pouvoirs, mais ce sur quoi est fondé tout pouvoir pour la dépasser, la surmonter. Vous inversez gravement le sens du politique et rendez la lecture du roman de Conrad impossible. Mais vous ne le comprenez pas !
Non, Jazzi, le titre renvoie à la fois à un lieu et à autre chose qui peut être une personne comme on ne sait quoi. C’est beaucoup plus complexe en effet que « Au cœur des ténèbres ». C’est mieux traduit en plus.
Si Wiwi est en navigation avec sa Dulcinée, tel Quijote, je peux faire un excellent Sancho, nettement plus grand, nettement pas assez rond !
Pour une fois, je défends Delaporte. Il est clair que le roman de Conrad, s’il évoque évidemment le terrorisme des anarchistes russes à la fin du 19ième siècle, peut évoquer toute forme de terrorisme motivé par l’idéologie. Il se trouve qu’aujourd’hui, c’est le terrorisme islamique qui nous menace le plus et auquel on pense forcément.
Ce grand roman de garder toute sa force bien au-delà du contexte de son écriture.
Il ne faudrait pas en faire un « roman sur le terrorisme ». La densité humaine des personnages, les conflits moraux qui se manifestent en font un roman complet, libre de toute actualité.
JC, parfois c’est beau comme du MC, l’inverse aussi
Le film de Coppola est une simplification du roman à la sauce hollywoodienne. La littérature sera toujours plus complexe que le cinéma, c’est évident. Le film veut dénoncer la guerre mais on prend un plaisir inouï et non avoué aux scènes d’horreur et d’atrocité. Ce que personne n’ose dire !
C’est le contraire dans le roman ! Toute la poétique complexe de la mémoire dans le roman fait qu’il est impossible de prndre plaisir aux scènes d’horreurs suggérées, sauf si on est un malade mental. Le cinéma est du côté de la barbarie, la littérature du côté de la civilisation !
Une autre fois, JC, volontiers ! On ne peut pas s’ennuyer avec toi.
JC, c’est Sancho dans le corps de Don Quichotte, ça change tout l’esprit du roman ! Heureusement qu’il n’est pas traducteur…
« Le cinéma est du côté de la barbarie, la littérature du côté de la civilisation ! »
Faut pas exagérer, WGG, tu ne dirais pas ça pour le cinéma d’Andreï Tarkovski !
La « bonne Eris » d’Hésiode est le socle fragile et précieux sur lequel peut se développer un contre-pouvoir à la « barbarie », une politique si vous voulez, sans jamais prétendre la dépasser … Votre Hobbes se paie de mots et dieu sait combien les mots véhiculent à la perfection la barbarie du pouvoir pour en asseoir la domination (le XXème siècle est à cet égard édifiant)
L’adaptation au cinéma de « Au coeur des ténèbres » reste à faire !
WGG, je connais un film que tu trouves probablement supérieur au roman dont il est adapté, tant sur le plan esthétique qu’éthique !
« Sinon comment Coeur des ténèbres aurait-il acquis depuis si longtemps chez nous le statut de livre-culte, même s’il s’est longtemps intitulé Au coeur des ténèbres, ce qui n’est pas tout à fait pareil (mais c’était fidèle au titre originel The Heart of Darkness »
L’anglais est avare de l’usage de l’article défini. C’est justement dans un cas où il l’utilise que le traducteur (ou -trice) choisit de le supprimer en français!
Encore un de ces petits mégalos qui veut à tout prix se rendre intéressant. Ça ne donne pas envie d’aller plus loin.
En re-parcourant la note de Passou, je m’aperçois que c’est la même traductrice qui a jugé bon de nous infliger Coppola.
Qu’est-ce qu’on en a à f… de Coppola?
…
…sérieusement, j’ai des courses à faire,…
…il n’y a rien, à commenter,!…
…
…du brol de détails, qui ne change pas notre nivellement, par les hauts des bas,…moteur à l’Ö,!…
…etc,…
Je modère mon propos: sur amazon, toutes les éditions titre « Heart of Darkness », sans The…Faute à Passou…
N’empêche que « Au coeur des ténèbres » me paraît meilleur en français que « Coeur de Ténèbres », qui pourrait être le nom d’un cheval de course…ou d’un parfum de chez Saint-Laurent.
De l’importance de l’Anabase pour penser le politique
Dans le discours de Xénophon aux soldats : « On peut voir dans les trophées des témoignages de ces victoires [de nos ancêtres contre les ancêtres de nos ennemis, l’armée de Xerxès]; mais le témoignage le plus certain que nous en avons, c’est la liberté des cités dans lesquelles, vous autres Grecs, êtes nés et où vous avez grandi: aucun homme, en effet, n’est adoré par vous comme étant votre maître. »
Tout le bien que je pense de Tarkovski, que je considère comme un immense génie du cinéma, ne change rien à l’essence du cinéma, qui est forcément du côté de la barbarie, ne serait-ce que par le fait qu’une image ne se discute pas, elle est à prndre ou à laisser, elle n’a pas de contraire. Contrairement au langage où les mots n’existent que par rapport à leur contraire, « blanc » par rapport à « noir ». Fondalement l’image est barbare et antiicivilisationnelle, contraire à tout débat démocratique. Le projet de Godard de faire du cinéma l’équivalent du théâtre antique où sont débatus les problèmes de la cité a échoué et ne pouvait pas ne pas échouer. Le cinéma n’est pas fait pour la démocratie, ni athénienne ni moderne.
Le cinéma de Tarkovski est le cinéma d’une géniale, bouleversante anamnèse. Surtout le Miroir, que je considère comme son meilleur et comme chacun sait ici comme un très grand film qui me bouleverse chaque fois que je le regarde, et plus je le regarde plus il me bouleverse. C’est la poésie absolue.
closer ne sent plus pisser…!
Ce n’est pas pour rien non plus que Conrad a employé le mot « yarn » pour le mot histoire qu’on raconte. Parce que ce mot n’est pas sans lien avec la fameuse scène des « Moires », celle qui coupent le fil de la vie, dans la scène où Marlow se rend au burau de la compagnie et où il est reçu par deux femmes dépeintes comme des Moires. Tout se tient !
« Deux femmes, l’une grasse et l’autre mince, étaient assises sur des chaises paillées, et tricotaient de la laine noire. »
On sait qu’on pénètre en Enfer.
il ne faut pas confondre Heart of darkness (Marlow) et Darkness of heart (Kurz)
Non, closer, Passou n’a pas fait la faute. C’est, une fois de plus, vous qui ne savez pas lire. Il prend soin, au contraire, de vous expliquer que c’était le titre publié « dans Blackwood’s Magazine en 1899 ». Il faut rendre hommage au contraire à Passou, qui fait là merveilleusement bien son boulot de journaliste apr ce détail, que personnellement j’ignorais et que j’apprécie qu’on me donne ici !
Vous ne savez pas reconnaître les qualités de gens. Vous êtes toujours dans le dénigrement comme tous les gens qui ont une revanche à prendre sur la vie et qui sont inguérissable des frustrations de leur vie. C’est pénible ! Mais sans doute aussi le fruit de la démocratisation du savoir. Mais c’est pénible quand même.
Cette relation en miroir que vous lisez dans le roman entre les deux personnages est en effet très intéressante ! Il faudrait la prouver par les rpérages nécessaires dans le texte. Mais je pense qu’en effet les deux personnages sont plus ou moins construits de cette façon en miroir.
Le séminaire de Badiou sur l’Anabase est tout à fait passionnant, on peut le lire en ligne d’ailleurs. Il en a fait un bouquin, Le Siècle, publié en 2005 au Seuil. C’est un bouquin absolument fondamental, incontournable très certainement si on veut comprendre quelque chose au XXè siècle. Son approche est très originale, et encore une fois vraiment géniale ! On peut reprocher beaucoup de choses à Badiou, mais c’est un immense penseur de notre époque, cela ne fait aucun doute. Un penseur parfois abscons, sans doute parce qu’il connaît beaucoup de choses qui nous échappent, par son père, qui était un authentique mathématicien. Badiou est un génie philosophique sans aucun doute (ça ne prouve rien, mais il est quand même sorti majeur à l’agrégation de philo, comme Sartre).
Oui, mais avoue que tu préfères le film « le Mépris » de Godard au roman de Moravia, WGG ! J’y ajouterai « le Conformiste » de Bertolluci, du même auteur…
Darkness of heart (Kurz)
—
Pas mal! (Darkness of THE heart; titre original « THE Heart of… »)
Sir Roger Casement, qui fut exécuté en tant que rebelle irlandais ayant participé au soulèvement de Pâques 1916, a produit un rapport accablant sur le Congo du roi Léopold, quelques années après la publication de Heart of D.
https://en.wikipedia.org/wiki/Casement_Report
Conrad a pu avoir accès à d’autres sources antérieures, comme on peut le supposer en lisant l’article de Wiki:
« For many years prior to the Casement Report there were reports from the Congo alleging widespread abuses and exploitation of the native population. In 1895, the situation was reported to Dr Henry Grattan Guinness (1861–1915), a missionary doctor. He had established the Congo-Balolo Mission in 1889, and was promised action by King Leopold later in 1895, but nothing changed. H. R. Fox-Bourne of the Aborigines’ Protection Society had published Civilisation in Congoland in 1903, and the journalist E. D. Morel also wrote several articles about the Leopoldian government’s behaviour in the Congo Free State. »
Roger Casement, nommé consul de GB à Para au Pérou, y a dénoncé d’autres ténèbres – l’ esclavage des Indiens dans les plantations de caoutchouc. Sa vie a fait l’objet du plus terne de tous les romans du grand Mario Vargas Llosa, « Le rêve du celte ». Une personnalité si complexe (diplomate britannique en rupture de ban avec la mère patrie, homosexuel à demi-refoulé, défenseur des droits de l’Homme…) mériterait mieux que le traitement trop conventionnel que lui a fait subir le prix Nobel 2010. Il existe de très bonnes pièces radiophoniques irlandaises sur divers épisodes d’une vie proprement romanesque.
« homosexuel à demi-refoulé »
Il se contentait du gland sans la tige, Bloom ?
Voyez-vous, Jazzi, après chaque tweet je prends soin de mettre un lien. Ce sont des chiffres et des lettres en rouge. Eh bien vous cliquez dessus et vous avez la réponse à votre question dans la critique de :
Barbara Lounsberry
BECOMING VIRGINIA WOOLF
Her early diaries and the diaries she read
272pp. University Press of Florida. Paperback, $24.95.
Barbara Lounsberry
VIRGINIA WOOLF’S MODERNIST PATH
Her middle diaries and the diaries she read
280pp. University Press of Florida. $79.95.
Oui je rends hommage au contraire à Passou, qui fait là merveilleusement bien son boulot de journaliste par ce détail, que personnellement j’ignorais et que j’apprécie qu’on me donne ici !
Honneur à Passou!
Gloire à Passou!
Passou est grand et WG est son prophète!
N’empêche que « Coeur de Ténèbres », c’est pas bon…
ou d’ un roman de la collection Harlequin.
Coeur de ténèbres, ce serait le chirurgien qui baise l’aide soignante ds le placard aux médicaments, tout ça pck il a planifié d’assassiner son épouse, richissime mais plus vieille que lui, et maintenant qu’il est riche à force de lipposuccions, il ne peut plus la blairer.
L’aide sougnante obtempère bêtement, rêvant du mariage, mais le chirurgien, Pierre Mathieu, se lie avec l’ anesthésiste ds le but de se débarrasser de l’aide soignante, qu’il n’aime pas, quoiqu’elle soit un bon coup. Surtout dans le placard.
Coeur de ténèbres. Harlequin, 2002, éditions du Passage.
Il faudrait que j’essaie de retrouver l’explication de texte sur le passage de HoD que j’avais proposé il y a 20 ans aux étudiants de 1ère année en littérature anglaise à Paris 3. Ton analyse ravive certains souvenirs…
« Le conformiste » à la revoyure est assez décevant dans sa vision…conformiste du fascisme manière Littel, ce qui n’est jamais le cas du « Mépris », dear Baroz.
Dear Bloom, quelle colonie n’a pas eu son rapport accablant ?
En France, grâce à Herbart, nous avons des rapports accablants d’allure littéraire.
« Vous ne savez pas reconnaître les qualités de gens. Vous êtes toujours dans le dénigrement comme tous les gens qui ont une revanche à prendre sur la vie et qui sont inguérissable des frustrations de leur vie »
Remarquable auto-portrait, WG!
pas bon du tout.
Un jour, je voudrai tant ne pas être d’accord.
Faire une diatribe virulente pour m’opposer. Desceller les pavés, les brandir. Menacer de les jeter.
Au lieu de ça, calme plat. Pot au noir.
Quoique trilingue quasi de naissance, Passou : la langue singulière de mon père et celle de ma mère, dont j’étais le traducteur attitré, et le français, je n’ai pas beaucoup persisté pour les autres : j’ai à peu près oublié tout le peu d’anglais que j’ai appris et il me reste quelques vestiges de l’italien…
Excellent, Rose!
Il se contentait du gland sans la tige, Bloom ?
Comme tombé du grand chêne, bref c’est à devenir cochon .
« Uniformiser le terrorisme à la façon de Delaporte est tout simplement se refuser à comprendre le terrorisme islamiste. »
Je n’ai pas exactement voulu dire ça, seulement :
« La dialectique serrée de ce roman évoque en maints endroits le terrorisme universel, et plus spécifiquement celui des islamistes d’aujourd’hui. »
Je croyais que vous étiez convaincu de la capacité de la littérature à rendre compte du réel mieux que n’importe quoi ? Mais vous limitez la portée de ce roman ? N’est-ce pas contradictoire avec votre propos général ? Wgg est incapable d’une pensée cohérente. Cela va dans toutes les directions, avec lui, et finalement se conclut en blocage.
C’est vraiment kon, Annibal, d’avoir négligé l’italien que tu pratiquais de naissance, vraiment kon…
Quelles lectures décapantes, rose ! D’autres classiques dans la collection Harlequin ?
T’inquiète Delaporte! Pour une fois je t’ai soutenu…
Non, pas l’italien, ribouldingue. Personne ne le parlait chez moi, je l’ai pris en deuxième langue au lycée. Pour mon père et ma mère, je parle de leurs langages de sourds et muets, très différents l’un de l’autre…
Dear Bloom, quelle colonie n’a pas eu son rapport accablant ?
–
Le Tibet, dear Phil? Du moins pas encore…
Ou le Gurkhaland, dont je recevais hier soir deux éminents activistes (dont l’un souhaite changer de sexe -ça c’est pour Baroz et ses soupçons).
merci closer ?
je me suis appuyée sur les séries américaines et sur les filles qui rêvent tt le tps du grd amour, les bichettes ❤
jazzi
je connais qqu’un pour de vrai, qui aurait volontiers bossé chez/ pour Harlequin. Je passe sur les cierges mis à la Bonne mère. Horresco referens !
c le titre qui m’ a inspirée ?
Jazzi puisque vous vous intéressez à ce genre, savez-vous ce qu’est devenu l’anesthésiste surnommé Zorro soupçonné d’avoir hâté la mort d’un certain nombre de patients? Epouse cardiologue, famille bourgeoise modèle et successfull . D’après les articles de presse il injectait des doses de produit dangereuses lors des anesthésies puis surgissait à point avec l’anti-dote adapté pour les sauver quand il les sauva.
Très touchante, ton histoire, Baroz. Ton enthousiasme pour l’expression tous azimuts a peut-être un rapport avec ce roman familial singulier.
Idée de sondage:
« A votre avis « Coeur de Ténèbres », c’est:
a) le titre d’un roman de la collection Harlequin;
b) le nom d’un cheval de course de robe noire;
c) le dernier parfum de la maison Yves Saint-Laurent;
Le gagnant aura droit aux oeuvres complètes de WG quand elles seront parues.
« Dont l’un souhaite changer de sexe »
Comme Fanny Ardant, Bloom !
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19572281&cfilm=245399.html
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