de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire

Il n’y a plus d’après… à Saint-Germain-des-Prés…( et plus d’avant non plus !)

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Vous connaissez Saint-Germain-des-Prés ? Non seulement cela n’existe pas mais c’est à peine si cela a brièvement existé. Juste le temps de forger un mythe médiatique et historiographique appelé à une rentabilité durable. Telle est la thèse soutenue par l’historien Eric Dussault dans L’invention de Saint-Germain-des-Prés (247 pages, 22 euros, Vendémiaire), probable synthèse d’un travail universitaire de grande ampleur si l’on en juge par l’importance des sources. Il explique le phénomène par l’indifférence des historiens du culturel et par la subordination de l’Histoire à la mémoire. Car si jusqu’en 1960 la narration de l’épopée était bien le fait des journalistes, après elle […]

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Des oiseaux et des oeuvres, mais sous quel nom et à quel titre ?

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Ces deux livres-là attendent sur ma table depuis près de deux ans. Comme quoi… Peur d’y toucher ? Pas vraiment. Plutôt l’appréhension de pénétrer dans une forme déroutante, mêlée au sentiment que certains livres s’inscriront dans la durée par leur étrangeté même. Il est vrai que les projets qui sous-tendent ces deux-là sont particulièrement originaux. Quel est le plus souvent notre réflexe naturel lorsque nous entrons dans un musée ? Le regard attiré par un tableau, nous nous précipitons vers le petit cartouche sur le bord du cadre, ou sur le cartel à côté, pour nous renseigner : titre, auteur, collectionneur… Le pedigree, […]

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Aimer la Résistance sans aimer tous les résistants

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On n’imagine pas un « Dictionnaire amoureux de la collaboration ». Encore que, l’air du temps s’y prêtant, certains se feraient un plaisir. Difficile de résister à un Dictionnaire amoureux de la Résistance (504 pages, 22 euros, Plon-Fayard). L’air du temps, là aussi, mais pas le même : non celui des élections mais celui des célébrations. Gilles Perrault y est parfaitement à son affaire : non seulement il a autrefois consacré de copieuses enquêtes à des réseaux tels que l’Orchestre rouge, mais il est si imprégné de cette épopée qu’il vit à Sainte-Marie-du-Mont, dans le Cotentin, à deux pas d’une plage du Débarquement. C’est […]

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Vraiment, la France fut le laboratoire du fascisme ?

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Pour une fois, on ne reprochera pas à un intellectuel de s’être résigné au livre d’entretien sur « saviesonoeuvre » en lieu et place de Mémoires dûment sortis de sa plume même. D’abord parce que, eu égard à la matière brassée par ses recherches, à l’extrême diversité de ses sources, à son érudition souvent impressionnante mais touffue, à la complexité théorique qui y est parfois à l’œuvre, il n’est pas toujours aisé de suivre Zeev Sternhell dans ses raisonnements ; d’autre part parce qu’il ne s’est jamais considéré comme un écrivain d’histoire ; enfin parce que ses thèses sur le nationalisme français ayant […]

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Jacques Le Goff l’européen

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S’il est un intellectuel que l’attribution du prix Nobel de la paix 2012 à l’Union européenne a enchanté, c’est bien Jacques Le Goff ; encore eût-il été comblé si sa satisfaction avait été plus largement partagée. Convaincu que l’héritage médiéval était le plus important de tous les héritages à l’œuvre dans la construction de l’idée européenne, il fut sans aucun doute l’un des plus fidèles et des plus ardents militants d’une Europe des profondeurs. Un essai L’Europe est-elle née au Moyen-Âge ?, paru en 2003 dans la collection « Faire l’Europe » qu’il dirigeait au Seuil, et son corollaire pédagogique L’Europe expliquée aux jeunes, en […]

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Le « swing » de l’aviron ou la poésie en mouvement

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Qu’on se rassure : il n’est pas plus nécessaire d’avoir pratiqué l’aviron pour apprécier Ils étaient un seul homme (The Boys in the Boat, traduit de l’anglais/Etats-Unis par Grégory Martin, 456 pages, 21,90 euros, La librairie Vuibert) que de connaître les règles des soixante-quatre cases pour goûter Le joueur d’échecs de Zweig ou La défense Loujine de Nabokov. C’est justement l’un des miracles de la littérature que de nous sensibiliser par le biais de l’universel à un monde qui nous est étranger sans passer par le filtre de la connaissance, ni par celui de l’expérience directe. Encore que pour ce qui […]

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Le problème avec Jules Ferry

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Les écrivains sont rares parmi les historiens. Lorsqu’on en repère qui s’inscrit dans la lignée qui va de Michelet à Duby, on ne le lâche pas. Il y en a bien quelques uns parmi nos contemporains. Mona Ozouf en est et des plus brillants. Une plume au service d’une vision. Un vrai charme dans l’écriture, la matière fut-elle rugueuse. Son dernier livre en date en témoigne. Jules Ferry. La liberté et la tradition (112 pages, 12 euros, Gallimard) est un essai particulièrement inspiré sur un homme abhorré de son temps, dont l’action pèse encore sur la vie des Français, mais […]

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Ce que la Mitteleuropa doit à la nostalgie du monde d’hier

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Milan Kundera aura beau tonner contre et dire que « ça n’existe pas », la Mitteleuropa est partout. Guère d’études, d’articles ou de conversations sur le devenir de l’Europe qui n’y fassent référence. Ainsi l’influent quotidien économique Les Echos a-t-il récemment baptisé « syndrome de la Mitteleuropa » l’attitude par laquelle plusieurs nations occidentales ont stigmatisé l’Allemagne en lui imputant une large part de responsabilités dans les situations d’austérité qu’elles traversent. Entité floue aux frontières changeantes, notion diffuse s’il en est née au milieu du XIXème siècle, déjà difficile à cerner même en son âge d’or, la Mitteleuropa désigne traditionnellement en allemand l’Europe médiane […]

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Chaneliser en équipage pour la plus grande gloire de Coco

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Etrange ce sentiment qui nous prend à la lecture d’un livre lorsqu’on « sent » qu’il a été écrit à la lumière d’un autre. Rien à voir avec le plagiat, la copie, le décalque, ni même l’imitation. On a juste l’impression qu’il en a été secrètement nourri sinon irradié. Le cas en lisant Notre Chanel (276 pages, 20 euros, Bleu autour) de Jean Lebrun. Il en fait d’ailleurs l’aveu à la page 87, sous forme de reconnaissance de dette, en citant l’influence de Misia (1981, repris en poche chez Folio), récit à deux mains qu’Arthur Gold et Robert Fizdale avaient consacré à […]

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Henri Cartier-Bresson, antifasciste, foutugraphe, oeil du siècle

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Si on a pu appeler Henri Cartier-Bresson (1908-2004) « l’œil du siècle », c’est parce qu’il l’avait couvert dans les deux sens du terme : comme reporter en se colletant à l’Histoire immédiate, et comme contemporain d’un XXème qu’il vécut de bout en bout animé du dur désir de durer. Une grande exposition à Beaubourg jusqu’au 9 juin, première rétrospective de cette ampleur en Europe (il était temps !) et l’album qui l’accompagne (400 pages, 500 illustrations, 49,90 euros, éditions du Centre Pompidou), où le texte et l’image sont au diapason de l’exigence, rendent justice tant à l’artiste qu’à l’artisan en lui. A la […]

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