de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire

Ralph Toledano sur la ligne d’ombre

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Lecteur, arrête-toi un instant. Pose tes affaires, oublie tout et installe-toi dans la nacre du temps. Il est si rare qu’une histoire y invite qu’on n’a pas le cœur à refuser l’appel d’Un Prince à Casablanca (436 pages, 25 euros, La Grande ourse), premier roman de l’historien d’art Ralph Toledano, expert en peinture italienne (notamment Francesco di Giorgio Martini, école siennoise du Quattrocento). Si la nostalgie des mondes engloutis, des sociétés disparues, des âmes envolées t’est à ce point étrangère, alors passe ton chemin. Sinon, laisse-toi emporter par l’évocation de cette journée du mardi 10 juillet 1971 à Skhirat, à […]

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L’affaire Vaudoyer : une comédie très française

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Qui l’eut dit et qui l’eut cru : une « affaire Vaudoyer » en 2013 ? Elle agit symboliquement comme une piqure de rappel : s’il est vrai que les qualificatifs de « négationniste » et de « pédophile » sont les plus efficaces pour détruire une réputation, lorsque c’est à titre posthume, « collabo » fait encore des ravages. L’affaire remonte à mai 2012 mais n’a vraiment éclaté que ces jours-ci. A cette date, six unités de soins étaient inaugurées au nouvel hôpital de Clamart, non sans avoir été auparavant baptisées avec des noms du monde de la culture : Dora Maar, Auguste Rodin, Anna Marly, Pierre-Jean de Béranger, Fernand […]

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Romain Rolland au-dessous de la mêlée

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Rien de tel que des scellés sur un manuscrit pour exciter la curiosité. Le lecteur se dit aussitôt que, pour se voir appliquer un traitement de services secrets, il doit être particulièrement saignant. Le cas du Journal de Vézelay 1938-1944 (1180 pages, 39 euros, Bartillat) de Romain Rolland (1866-1944). Avec un tel intitulé, on se dit que les révélations doivent y alterner avec le souci du spirituel, voisinage et ambiance obligent. On ne mesure plus guère le prestige qui fut celui de Romain Rolland dans la première moitié du XXème siècle. Son influence n’allait pas de soi car il eut […]

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Les Rothschild, un nom gravé dans le marbre du temps

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Dire qu’il fut un temps où l’expression « aristocratie juive » revêtait un sens qui n’était ni péjoratif, ni mélioratif, mais légèrement admiratif sans pour autant refléter un jugement de valeur. On a du mal à se l’imaginer en ce début de XXIème siècle où l’on aurait plutôt tendance à croire que les deux termes constituant l’expression seraient plutôt antinomiques, sauf à leur donner une dimension religieuse, ou à les associer au phénomène des Juifs de cour. C’est pourtant d’autre chose qu’il s’agit. Disons un microcosme au sein d’une toute petite société qui se donnait pour une élite, avait soif de grandeurs […]

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A qui ne se bat pas dans la nuit Roland ne parle pas

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M. Boyer ne se refuse rien. Après saint Augustin et Shakespeare,  le voilà qui s’attaque à un autre monument. Mieux : un socle de notre patrimoine littéraire, le premier roman national,  la source de nos imaginaires, le pilier sur lequel s’appuyèrent tant de textes : la première épopée, rédigée en français conservée de notre Moyen-Age, du plus célèbre chevalier de l’histoire de France, le soldat inconnu princeps, excusez du peu. Et comme précédemment, il commence par se réapproprier le titre, histoire d’imprimer sa marque, ce qui permet d’identifier « sa » version d’un coup d’œil. Aussi, de même qu’il avait fait des Confessions, Les Aveux, […]

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La mémoire du colonel de La Rocque

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Le descendant d’un personnage historique est-il fondé à faire corriger les erreurs manifestes qui entachent la réputation de son aïeul dans des articles, des films ou des livres ? C’est peu dire que la jurisprudence ne lui est pas favorable. Autant convenir tout de suite que la question se pose moins sur le terrain du droit que sur celui de la morale, des principes, de l’usage, voire, pourquoi pas, des règles du savoir-vivre. Un cas parmi d’autres illustre le problème : l’affaire La Rocque. Le colonel François de La Rocque, qui fut ,entre les deux guerres, le chef de la ligue d’anciens […]

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Comment l’historien peut-il s’éloigner de ce dont il a l’air proche ?

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Jusqu’où l’historien peut-il se rapprocher de son sujet sans s’y brûler les ailes ? Le problème, c’est la distance. Pas seulement la distance dans le temps, et l’éternel reproche du manque de recul qu’elle entraîne, mais encore la distance humaine, personnelle, intime par rapport aux événements et à ceux qui les ont vécus. Innombrables sont les conversations que j’ai eues avec des acteurs ou des témoins de l’Occupation, de l’épuration et de la guerre d’Algérie, personnalités souvent brillantes et cultivées, qui se sont brusquement closes par un « Vous n’avez pas vécu cette période, vous ne pouvez pas comprendre ! » aussitôt suivi du coup […]

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Michel Jullien rend sa copie

Michel Jullien rend sa copie

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C’est terrible, un incipit. Terriblement injuste car cela peut faire fuir ou captiver. Très précisément : rendre le lecteur captif du texte. Dès l’incipit, on sait si un écrivain se tient derrière la plume. Ainsi débute Esquisse d’un pendu (184 pages, 16 euros, Verdier), roman de Michel Jullien : « La Machine n’est qu’ossature, rien mieux qu’un emboîtage architectural éviscéré, cubique, sans complexité de construction. C’est une pile creuse faite de niveaux amoncelés sur un empierrement mastoc, à répétition d’étages, une cage vide, libre au vent, des parois criblées de fenêtres sans vitres et protection.. Sa fonction fut d’exposer, de magasiner, de remiser à […]

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Des femmes disparaissent

Des femmes disparaissent

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Une découverte ? Sans aucun doute. Une révélation ? Probablement. Avec le recul des quelques mois écoulés depuis sa parution, Certaines n’avaient jamais vu la mer (The Buddha in the Attic, traduit de l’anglais par Carine Chichereau, 144 pages, 15 euros, Phébus) a tout du petit livre inattendu d’une parfaite inconnue qui a réussi à discrètement s’imposer par sa force tranquille, sinon par l’évidence de ses qualités : originalité du thème, puissance du récit, maîtrise de la prose poétique, parfaite adéquation de l’une aux autres. On ne peut même pas dire que Julie Otsuka, californienne d’origine japonaise née en 1962, nous était arrivée […]

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Le fantôme de Churchill a vaincu son biographe

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On dit parfois que rien n’est triste comme un best-seller qui ne se vend pas. En fait, il y a plu triste encore : un cycle inachevé, une série laissée en suspens, une trilogie interrompue. Frustrant, non ? Reste à savoir qui l’est le plus, de l’auteur ou du lecteur ou de l’auteur. Pour ce dernier, c’est un au-delà de la déception car, quelles que soient les explications avancées, la reconnaissance de son échec à finir est interprétée comme un aveu d’impuissance. Laissée en plan pendant de longues années, une biographie en plusieurs tomes dont la suite se fait attendre est aussi […]

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