de Pierre Assouline

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La République des livres

Histoire

La puissance du hasard

La puissance du hasard

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On ne se refait pas, et c’est tant mieux. Depuis 1999, Jean-Noël Jeanneney conçoit et anime chaque semaine l’émission Concordance des temps, et depuis des années, tout le ramène à ce double regard sur l’Histoire : pour elle-même en son temps et pour sa résonance dans notre temps. Ce prisme à multiples facettes est au cœur d’Un attentat ( 338 pages, 20 euros, Seuil), document saisissant et neuf sur un épisode de la guerre franco-française aux frontières de la guerre civile, dans l’ombre portée de la guerre d’Algérie. Grâce à ce point de vue particulier de l’historien, son livre va bien […]

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Ugo Foscolo et l’écriture d’un « problème italien »

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En octobre 1796, alors que le général Bonaparte apporte en Italie le germe de la révolution, la vieille République de Venise refuse l’alliance avec les Français et proclame sa neutralité. Empreint de convictions démocratiques, le jeune poète Ugo Foscolo s’indigne de voir la Sérénissime reculer devant ce qu’il considère comme un combat pour la liberté. La composition, au même moment, du sonnet À Venise (A Venezia), marque l’avènement en Europe d’une poésie à la fois historique et patriotique et donne le ton héroïque et civique des poèmes politiques qui vont suivre : Aux nouveaux républicains (Ai novelli repubblicani) et Bonaparte libérateur […]

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Aller au massacre comme dans « Les Damnés »

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Quel choc que les Damnés ! Stupéfaction ou sidération, qu’importe, que nul n’espère échapper à l’effroi. Deux heures et vingt minutes plus tard, on en sort sonné car envoûté. Arrivée à Paris précédé par sa légende puisqu’il a été créé cet été dans la cour d’honneur du palais des papes à Avignon, ce spectacle a transformé la Comédie-française en cour d’horreur (jusqu’au 13 janvier). Preuve que l’on peut être ébloui par le rappel d’un réel révulsant. Il ne s’agit pas d’une adaptation du fameux film éponyme (1969) mais de son scénario ; d’ailleurs, le metteur en scène a pris soin de ne […]

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Les fantômes de la guerre civile espagnole

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Pas de rentrée littéraire sans une forte présence de la guerre dans la fiction : les deux guerres mondiales bien sûr, avec un tropisme marqué pour l’Occupation (et cette fois à noter le roman d’Alexandre Seurat L’administrateur provisoire et celui de Laurent Sagalovitch Vera Kaplan sur lesquels je reviendrais), la guerre d’Algérie régulièrement et depuis peu la guerre que le terrorisme islamiste livre au reste du monde. Mais de toutes ces parutions, la plus originale concerne cette fois un type de guerre qu’un peuple s’est livré à lui-même : la guerre civile espagnole, celle-ci serait-elle à son insu le véritable premier acte de […]

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Au-delà d’une simple affaire de partisans

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C’est l’histoire d’une obstination. Celle d’un chercheur qui, butant sur un mystère dont le sens lui échappe, décide de s’y consacrer des mois et des années durant si nécessaire, quand bien même ladite énigme ne tiendrait-elle que peu de place dans le livre où il l’a découverte, et ne serait-elle qu’un détail au sein de la microhistoire de la seconde guerre mondiale en Italie. Il a suffi que le doute l’empoigne, qu’une intuition le traverse et l’illumine à l’instant de lire les douze lignes la révélant pour qu’il s’embrase et creuse cet unique sillon. Une poignée de mots à peine, […]

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Le bon goût d’un faux guide

Le bon goût d’un faux guide

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Nul doute que l’on peut très bien voyager sans guide. Ce serait même recommandé. Rien prévoir, rien anticiper, pas même le gîte et le couvert, et pourquoi pas. Question de tempérament. Encore que certains ont l’art et la manière d’organiser l’inattendu. Adresses, conseils, contexte etc : la plupart des guides de voyages se ressemblent ; seule la cible visée fait vraiment la différence, selon les moyens supposés du voyageur, et les exigences qui en découlent. Mais s’il en est qui prend ses distances, c’est bien celui qui paraît dans la collection « Le goût de… » dans la collection de poche à bas prix Le […]

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Cœur français, cul international

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On ne prête qu’aux riches. La formule assez imagée qui sert de titre à ce billet est attribuée à la comédienne Arletty (1898-1992). Celle-ci l’aurait servie au magistrat qui l’interrogeait à la Libération sur ses relations avec un officier allemand. On l’entend d’ici, avec sa gouaille et son accent si typiques tant d’une époque des faubourgs de Paris que d’un certain cinéma français. Dites « Arletty » et vous entendez aussitôt un air d’accordéon en écho. Seulement voilà : la formule est apocryphe, largement postérieure, si l’on peut dire, à la Libération. Elle aurait très bien pu le dire car elle en a […]

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Des écrivains de cinéma

Des écrivains de cinéma

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Les Américains ont leur usine à rêves : Hollywood. La nôtre, c’est le Festival de Cannes. D’ailleurs, en réalisant sa toute première affiche, le peintre Jean-Gabriel Domergue l’avait baptisée en convoquant Baudelaire « L’invitation au voyage ». Mais il est une vitrine qui renvoie parfois d’inquiétants reflets de l’air du temps. Rien moins qu’une perte de prestige de la littérature et, partant, des écrivains. Songez qu’il fut un temps où ceux-ci composaient jusqu’à la moitié du jury, présidé d’ailleurs par l’un des leurs ! Depuis, ils en ont été évincés au profit quasi exclusif des gens de cinéma, artistes et techniciens délibérant entre professionnels […]

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La mémoire immédiate du 13 novembre

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Le Bataclan, la Belle équipe, le Petit Cambodge, c’était hier. Et pourtant, ces noms de théâtre et de cafés parisiens sont déjà entrés dans l’Histoire. Celle de la France en 2015, annus horribilis du terrorisme islamiste. S’emparant du concept tout neuf de « mémoire immédiate » en résonance avec celui d’ « histoire immédiate » cher à Jean Lacouture, l’historien et documentariste Christian Delage, professeur à Paris 8 et directeur de l’Institut d’histoire du temps présent,  a mobilisé une équipe de cinq doctorants pour travailler dès maintenant sur ces attentats. Des chercheurs d’autant plus impliqués que la plupart habitent dans les Xè et XIème arrondissements […]

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Pour saluer Alain Decaux

Pour saluer Alain Decaux

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D’un ami qui disparaît, on aimerait n’écrire que du bien. Avec Alain Decaux, qui vient de nous quitter à 90 ans, il n’y a pas à se forcer. Du bien et du bon, il en vient naturellement sous la plume. Jamais la moindre malveillance, jamais la plus insigne méchanceté gratuite à l’égard du confrère historien ou académicien, alors que ces milieux ne manquent pas de féroces, quand cela aurait été si facile pour l’amateur de bons mots, saillies, flèches, traits et répliques qu’il ne cessa d’être. Si cet homme était aimé, ce n’est pas seulement parce qu’il était aimable. La biographie d’un […]

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