Littérature de langue française
Une phrase me pose problème dans le nouveau livre que consacre Alain Cresciucci à l’un de mes écrivains de chevet Le monde (imaginaire) d’Antoine Blondin (204 pages, 21 euros, Pierre-Guillaume de Roux) douze ans après sa biographie du même. Une seule phrase car pour le reste, c’est du solide dans l’ordre de l’essai littéraire, mais … essai transformé ! commenterait l’ancienne plume de L’Equipe. C’est précis, documenté, argumenté. Chacun des cinq romans, toutes les nouvelles et préfaces, et le moindre de ses articles, sont habilement décortiqués sans jargon universitaire. Pas une citation qui ne soit contextualisée. Les rapprochements ne sont jamais […]
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« J’adresse aux sains d’esprit l’appel suivant:/ ne lisez donc pas toujours et exclusivement/ ces livres sains, faites donc aussi connaissance/ avec la littérature dite malade, où vous pourriez/ peut-être puiser un essentiel réconfort./ Les gens sains devraient constamment prendre/ des risques en quelque manière. A quoi bon,/ sinon, tonnerre de Dieu à la fin, être sain ? Juste devenir idiot./ Il y a quelque chose de merveilleux à devenir idiot./ Mais il ne faut pas le vouloir, cela vient tout seul » Robert Walser On lit ces lignes en épigraphe de Dans la neige (118 pages, 13,90 euros, la brune au rouergue) […]
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Ce titre pourrait être le texte d’un télégramme, ô combien énigmatique pour les non initiés. Mais attendez encore quelques semaines et ils seront de plus en plus nombreux moyennant quelques prix littéraires bien mérités. C’est que En attendant Bojangles (157 pages, 15,50 euros, Finitude) d’Olivier Bourdeaut a déjà fait du chemin depuis que Jérôme Garcin l’a signalé avec un enthousiasme contagieux dans l’Obs. Et l’on se prend déjà à rêver qu’après cette révélation, le livre, son auteur et sa maison d’édition iront loin…. Imaginez un jeune agent immobilier épris de littérature, qui aimerait écrire mais n’ose pas trop, écrasé par […]
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Comment faisons-nous vivre en nous ceux qui ne sont plus là ? A partir de ce qui est moins une question qu’une réflexion, en apparence des plus simples et naturelles, que Philippe Claudel s’est lancé à nouveau dans un roman, six ans après le dernier, dans un registre bien différent de celui du Rapport de Brodeck et des Âmes grises. Cette fois, le titre est tout aussi énigmatique, et plus encore par la touche exotique qu’il suggère : L’arbre du pays Toraja (209 pages, Stock). Car le déclic lui est venu d’une découverte personnelle à l’occasion d’un voyage dans une île de […]
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Quel écrivain des années 50 aurait imaginé que son courrier serait édité au vingt et unième siècle grâce au mécénat de la Poste, notre bonne vieille poste des facteurs à la ville et aux champs, par le biais de sa Fondation d’entreprise ? C’est le cas entre autres de la Correspondance (336 pages, 28 euros, Gallimard) échangée entre 1954 et 1968 par les deux poètes qui ont dominé leur époque, René Char en langue française, Paul Celan en langue allemande. La clandestinité des années de guerre, leur lecture des présocratiques, le surréalisme, la politique, leurs relations avec les femmes, la passion de […]
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« Ah, Edmonde, quelle « bio » si tu voulais bien !… ». S’ensuivait généralement un long soupir, le mien car elle se contentait de sourire. On savait que ce serait non. Pas question. La réponse muette était aussi rituelle que la question depuis des années, lors des déjeuners mensuels des Goncourt chez Drouant, le plus souvent après qu’elle eut raconté sans effort de mémoire mais avec une précision étonnante, un franc-parler réjouissant tout juste bridé par le souci de discrétion vis à vis des morts comme des vivants, et un talent inentamé de portraitiste, quelque anecdote sur un événement auquel le destin l’avait mêlée. […]
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Depuis des années, on le croyait mort parce qu’il vivait retiré dans son presbytère de Choisel dans la vallée de Chevreuse, pas très vaillant sur ses jambes mais l’esprit toujours aussi vif, l’indépendance à fleur de peau, l’ironie mordante au coin des lèvres, l’espièglerie faite homme. Esprit libre s’il en fut, il n’écrivait plus, lisait encore (les Confessions de Rousseau tout en restant fidèle au livre qui l’éblouissait depuis sa jeunesse, l’Ethique de Spinoza), recevait peu, tonnait volontiers, s’informait de la marche du monde en regardant le journal télévisé de la ZDF, la deuxième chaine de lé télévision publique allemande. […]
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Ces meurtres en série ont eu lieu entre le 12 et 25 octobre 1793, au cœur de la Terreur, alors que Marie-Antoinette montait sur l’échafaud, en l’église de l’abbaye de Saint-Denis. La Convention nationale, agissant au nom du Comité de salut public, les a ordonnés par décret. Les victimes étaient des déjà-morts. Capétiens, Valois, Bourbons, tous des habitants de la nécropole royale. Dans une atmosphère devenue vite pestilentielle en raison de la putréfaction des cadavres, les Bourbons ont le privilège de recevoir les premiers coups de barre à mine, après que les portes des tombeaux eurent été enfoncés au bélier ; parmi […]
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Y a-t-il plus beau titre pour un roman que Mes amis ? N’essayez pas, c’est déjà pris et bien pris. Il orne la couverture d’un livre inoubliable d’Emmanuel Bove (240 pages, 17 euros, L’arbre vengeur), que le dernier carré de ses fidèles lecteurs s’échangent comme un mot de passe, longtemps après sa parution en 1924, encouragés par la récente et soignée réédition à l’initiative de L’arbre vengeur, maison sise à Talence en Gironde. C’est un livre doux et mélancolique, pathétique sans misérabilisme, écrit dans une langue oubliée. Bove avait le génie de parler de soi sans parler de lui. On ne fait […]
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« Cette phrase-là, ça ne va pas : supprime le point-virgule ! » vient de me dire mon rédacteur en chef pour l’un des journaux où je travaille. Le fait est là : il disparaît de la circulation et vous n’en voyez presque plus quand vous lisez vos quotidiens. Ok, je vais passer pour une réac : oui, je fais partie des journalistes qui résistent et défendent le point-virgule, à l’instar d’écrivains comme Michel Houellebecq, Erik Orsenna ou le regretté Léopold Sédar Senghor. Pourquoi ? Parce que le point-virgule, c’est une demi-pause qui garantit l’unité de la phrase. Si je le remplace par un point, je […]
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