Littérature de langue française
« Bien sûr, les choses tournent mal… ». Six ans après l’attribution du Goncourt à son Sermon sur la chute de Rome, cette phrase récurrente rythme non seulement A son image (220 pages, 19 euros, Actes sud) mais aussi les précédents romans de Jérôme Ferrari. A l’examen moins un tic d’écriture qu’un mot de passe d’un livre à l’autre. Connue avant tout comme « la femme de Pascal B. », un militant nationaliste qui avait accédé au prestigieux statut de prisonnier politique, l’héroïne est une jeune Corse qui avait commencé au mitan des années 80 à travailler comme photoreporter dans une agence locale du journal de […]
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Henri Vernes a 100 ans, mais son œuvre est à jamais associée à la jeunesse. La série des Bob Morane brosse, en creux, un portrait de l’évolution des goûts et des aspirations des adolescents des années 50, 60 et 70, une génération à laquelle Bob Morane a fait découvrir à la fois le monde et le plaisir de la lecture. Avec un héros pilote d’avion et grand reporter pour le magazine Reflet, les premiers Bob Morane s’inscrivent dans la veine des aventures exotiques. De la Papouasie à l’Égypte, des jungles brésiliennes aux savanes du Centre-Afrique, des Antilles à l’Arabie ou au […]
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Il l’avoue sans détour : il cherche une autre façon de penser à la limite du rêve considéré comme « une vue fascinée enfouie au fond de chaque corps », au bout du songe tenu pour la « séquence d’images involontaires projetées sur la paroi interne », à la frontière incertaine de l’hallucination. C’est même écrit explicitement dès la page 19 de L’enfant d’Ingolstadt (268 pages, 20 euros, Grasset) qui vient de paraître : « Je consacre ce Xème tome à l’ « attrait » de tout ce qui est faux dans l’art et dans le rêve ». Quelques dizaines de pages plus loin, il précise son projet : « Je cherche à méditer cette allergie humaine […]
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Certains titres de romans donnent immédiatement le vertige avant même d’ouvrir le livre, ou de se renseigner sur « ce que ça raconte » en le retournant, comme on se précipiterait intrigué vers le cartouche sous le tableau d’une exposition pour savoir « de quoi il s’agit ». Le cas de Je voudrais que la nuit me prenne (18 euros, 208 pages, Belfond) d’Isabelle Desesquelles. La mort d’une enfant vue du point de vue de l’enfant. Elle dit « je » de son vivant et continue d’outre-tombe d’un point de vue omniscient. Le parti pris narratif est original, audacieux, risqué car il n’est pas sans créer un […]
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Il arrive qu’un grand roman occupe une telle place dans l’imaginaire collectif que son titre devienne un totem. Surtout pour les écrivains qu’il a durablement hantés. Quel romancier américain n’a pas dès ses débuts eut l’ambition de réussir son Moby Dick ? Ce statut particulier, seules les grandes œuvres intemporelles et universelles peuvent y prétendre. Il y a autant de listes que de lecteurs ; mais il est rare que La Montagne magique (1924) de Thomas Mann ne se retrouve pas dans la plupart, d’autant qu’il s’agit d’un roman de formation et le titre même se prête bien à l’appropriation. Rome ou Jérusalem ? […]
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Nul besoin d’être gardnerologue pour savourer Les nuits d’Ava (304 pages, 20 euros, Actes sud) de Thierry Froger puisque ce n’est ni un biopic ni une biographie. Ava Gardner n’est qu’un prétexte pour exprimer bien d’autres choses. C’était un peu la démarche de Laurent Binet avec HhHhh dans lequel le narrateur parlait autant de son passion pour Prague, pour sa petite amie etc que de l’assassinat du gauleiter Heydrich par deux résistants tchèques venus de Londres, le « sujet ». Bref rappel du détail de l’existence de Gardner qui sert de fil d’Ava : un jour à Rome en août 1958, en marge du […]
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Encore deux premiers romans ! Il est vrai qu’ils donnent le la de cette rentrée. D’abord celui d’Inès Bayard Le Malheur du bas (266 pages, 18,50 euros, Albin Michel). Au départ, l’image trop lisse d’une certaine conception du bonheur conjugal. Un couple de trentenaires lié par un amour réciproque dans son intensité. Issus d’une bourgeoisie aux valeurs traditionnelles, choyés par des leurs belles-familles, protégés par un milieu d’amis qui leur ressemblent, ce sont des vivants heureux. Lui travaille dans un grand cabinet d’avocats spécialisé dans les divorces et les successions. Elle est conseillère en patrimoine financier dans une banque. Ils partent tôt […]
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Les gazettes s’échinent, comme chaque année à la même époque, à chercher « le » thème de la rentrée littéraire en regroupant quelques livres artificiellement ; certaines trouvent un air de famille à des romans où les parents sont remis en question ; d’autres regroupent les romans à clefs entre eux, ce qui a au moins le mérite de pointer la vanité du genre ; on attend ceux qui déploreront à juste titre le grand absent, à savoir la question sociale ; alors que le retour en force, en vivacité, en énergie, en audace, en liberté du premier roman sur le devant de la scène […]
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Il ne suffit pas de traverser la France en levant le coude et en lâchant des calembours dans chaque bar de rencontre pour se croire l’héritier d’Antoine Blondin. Il y faut également de la plume, de la mélancolie, un sens de l’amitié jamais pris en défaut et un certain supplément d’âme. Une bonne descente peut aider, aussi. Toutes qualités dont Christian Authier est pourvu. En témoigne son septième roman Des heures heureuses (267 pages, 19 euros, Flammarion) dont le titre est déjà un concentré de nostalgie. Robert Berthet, la cinquantaine, est un agent en vins naturels (entendez : bio ou biodynamiques), un […]
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Au fond, qu’est-ce qu’un chef d’œuvre sinon ce livre, ce film, cette pièce de théâtre, cette sculpture ou ce tableau qui vient à point nommé dans notre vie nous expliquer ce qui nous arrive mieux que nous ne saurions le faire ? Question de kairos. Rien de plus personnel, arbitraire, subjectif, loin des canons de l’histoire de l’art. De toutes les toiles qui me hantent depuis des années, la Terrasse à Sainte-Adresse de Claude Monet est l’une des plus têtues. Elle est pourtant d’une infinie délicatesse, cette scène de genre dans l’été normand où l’on voit au premier plan un couple […]
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