de Pierre Assouline

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La République des livres

Littérature étrangères

Quoi de neuf? « La Montagne magique »

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Médiocre, la rentrée littéraire ne peut pas l’être en France. Risquons même : jamais ! Passons sur le rituel d’autoflagellation bien français qui consiste à mépriser systématiquement la production nationale au motif qu’elle manquerait d’air, de hauteur, d’ambition. Passons sur le fait que l’on trouve toujours des pépites à la surface du tamis, du côté des romans attendus d’auteurs consacrés comme parmi les manuscrits inattendus d’auteurs inconnus. La rentrée étrangère est par définition un gage de qualité. D’autant que la France est le pays au monde qui traduit le plus : environ 20% de ce qui paraît chez nous en […]

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Le charme trop discret du judéo-espagnol

Le charme trop discret du judéo-espagnol

François Azar

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Alors que la littérature en langue yiddish est aujourd’hui universellement célébrée bien au-delà du monde juif, la littérature en judéo-espagnol n’a jamais été reconnue au-delà du cercle étroit des linguistes et des philologues. Faire connaître au plus grand nombre les classiques de cette langue et à travers eux, la culture et l’histoire des judéo-espagnols, c’est le défi que se lance Lior éditions qui vient de publier coup sur coup deux albums de contes et trois autobiographies[1]. Qui sont ces Judéo-espagnols qui cultivent la discrétion mais dont l’influence, de Spinoza à Elias Canetti, va bien au-delà de leur faible nombre ? Ce […]

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Une traduction « à trois temps »

Une traduction « à trois temps »

Jean-Pierre Pisetta

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Giovanni Verga (1840-1922), écrivain sicilien que l’on considère comme le père du vérisme (du mot italien vero, « vrai » ou « vérité »), mouvement littéraire comparable au naturalisme français (on appelle parfois Verga « le Zola italien »), a tiré plus d’une fois des œuvres théâtrales de ses productions en prose. C’est notamment le cas de la célèbre Cavalleria rusticana (titre jamais traduit mais que l’on pourrait rendre en français par un Code de l’honneur rustique). Cette nouvelle, publiée dans le recueil Vita dei campi[1] (1880), fit l’objet d’une adaptation théâtrale, opérée par Verga lui-même, en 1884 ; le musicien Pietro Mascagni en tira aussi, en […]

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Comment calculer un texte

Comment calculer un texte

Claro

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Dès septembre prochain, je vous propose de m’accompagner dans la traduction de Jérusalem, d’Alan Moore, à paraître aux éditions Inculte à la rentrée 2017. Mais avant de vous parler de ce roman et de sa « translation », commençons par le commencement. Une des premières choses que doit faire le traducteur, face à un texte qu’on lui propose, c’est le « calculer ». Avant d’en devenir le lecteur obsessionnel et assidu, avant même de le déplier, de le décortiquer comme un curieux et croquant crustacé, il doit s’assurer du volume qu’occupe ledit texte dans le temps. Ce crabe a un poids avant d’être une démarche. […]

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Que faire de Rudyard Kipling ?

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L’affaire embarrasse les Anglais. Bien plus grave que le Brexit or not Brexit, l’affrontement Shakespeare-Cervantès pour leur anniversaire ou que… . C’est de l’âme d’une nation qu’il s’agit car l’écrivain Rudyard Kipling (1865-1936) fait partie de ceux qui l’incarnent encore pour le meilleur et pour le pire. Que son nom reviennent actuellement dans les débats est un signe des temps. Son spectre porte comme un fardeau la paternité de l’expression « le fardeau de l’homme blanc », titre d’un poème de 1899 dans lequel il enjoignait les Etats-Unis à assumer leurs responsabilités dans leur politique impérialiste, et notamment dans leur guerre contre […]

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In Love with Shakespeare

In Love with Shakespeare

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Shakespeare est partout, impossible d’y échapper, il est inépuisable. Cervantès aussi, mais beaucoup moins. Ils sont morts ensemble ou presque, léger décalage dû au calendrier grégorien, il y a quatre siècles. Mais si Shakespeare l’emporte et domine la célébration mondialisée, c’est que son pays a mis le paquet contrairement à l’Espagne. A lire sa presse, on dirait qu’elle se réveille à peine et qu’elle met les bouchées doubles pour chanter la louange du manchot de Lépante après s’être fait houspiller par ceux nombreux qui lui citaient en modèle la fiesta faite à l’Anglais. En France comme ailleurs, les publications ne […]

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Patti Smith, ce n’est pas facile d’écrire sur rien

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Ceux qui sont passés à côté de Just kids en 2010 n’auront pas d’excuses s’ils se soustraient au nouveau livre de Patti Smith au titre si énigmatique M Train (traduit de l’anglais par Nicolas Richard, 260 pages, 19,50 euros, Gallimard). Pas un roman, ni des mémoires, encore moins une autobiographie, même si toutes ces formes sont convoquées dans ce récit « à la Patti Smith ». Non qu’elle ait créé un genre. Juste le genre qui lui faut et c’est tellement touchant, sans plus mais c’est déjà beaucoup. L’équivalent d’un road-movie littéraire dans sa mémoire à travers les gens qu’elle a croisés, […]

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Ragazzi de Pasolini

Ragazzi de Pasolini

Jean-Paul Manganaro

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Peut-on parler de roman au sens strict ? Avec Les Ragazzi (1955) de Pier Paolo Pasolini, il s’agit en effet d’une suite de récits – chacun précédé d’un titre qui le singularise – sans un unique véritable protagoniste. Nous sommes en présence d’une pluralité de personnages dont Riccetto paraît être le plus marquant, le plus suivi, mêlé tout de même à la petite foule qui l’entoure. On peut voir dans ce choix de présentation de l’œuvre un raccord possible avec la tradition italienne de la nouvelle instaurée par Boccace. Le choix de cette forme, d’un entre-deux que l’on pourrait considérer […]

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Sur un sonnet oublié de Borges sur l’oubli

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Il y a quelque chose de réjouissant à l’idée d’accorder une certaine importance à ce qui n’en revêt aucune aux yeux des autres. A ce qui peut paraître anodin, vain, inutile et surtout gratuit. Exactement le cas de la quête très personnelle que rapporte l’écrivain colombien Héctor Abad dans Trahisons de la mémoire (Traiciones de la memoria, traduit de l’espagnol par Albert Bensousssan, 176 pages, 20 euros, Arcades/ Gallimard – on peut feuilleter le livre ici). Durant des années, je me suis demandé si Shakespeare était bien l’auteur de la phrase « Quand fond la neige où va le blanc ? » ; j’ai […]

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Erich Kästner, romancier d’alerte dans l’Allemagne de 1931

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A quels signes comprend-on que l’on vit une avant-guerre et que l’époque qui s’achève n’était jamais qu’un entre-deux-guerres ? Taux de chômage, crise économique, dépression morale, corruption des mœurs,  politiques tous pourris, besoin impérieux de s’étourdir, tout cela annonce la catastrophe. Encore faut-il savoir conjuguer ces phénomènes pour les rendre intelligibles. Vers l’abîme (Der Gang vor die Hunde, traduit de l’allemand par Corinna Gepner, 268 pages, 21 euros, éditions Anne Carrière) d’Erich Kästner y parvient remarquablement, la fluidité de la traduction ajoutant encore à l’énergie propre du texte. Jakob Fabian, jeune publicitaire doué, auteur d’une thèse consacrée à l’hypothétique bégaiement d’Heinrich […]

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