de Pierre Assouline

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La République des livres

Littérature étrangères

Le rêve d’impuissance des Portugais selon Eduardo Lourenço

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Y a-t-il un essayisme heureux ? On mettra certainement sur le compte de la saudade, variante de la mélancolie mais dans ce qu’elle a de plus heureuse et blason de la sensibilité portugaise, le fait qu’Eduardo Lourenço ne voit dans cette pratique exclusive de son métier d’écrivain que désastre personnel et vision tragique de la vie. Moins connu que George Steiner, Claudio Magris, Roberto Calasso ou le regretté Simon Leys, il est pourtant de la même famille. Cela n’a rien de politique. Juste qu’ils ont en commun une intelligence du cours des choses littéraires et poétiques, assise sur une fascinante érudition […]

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Claudio Magris : « Qu’est-ce qu’on perd en écrivant ? »

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Des rapports entre la littérature et la biographie, l’Histoire, l’invention, l’exactitude, la vérité, la traduction, le chat Murr, Danube et aussi la matière de Secrets, pamphlet contre la tyrannie de la transparence qui vient de paraître chez Bibliothèque Rivages (77 pages, 12 euros) à l’occasion d’une récente rencontre avec Claudio Magris en marge d’un débat à la Maison de l’Amérique latine. La République des livres : Vous parvenez, vous, à faire la part de l’invention dans vos livres ? Claudio Magris : On n’explore pas assez les liens entre littérature et journalisme. Cela fait quarante-huit ans que j’écris pour le Corriere della Serra. […]

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André Markowicz dans la forêt sauvage

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On le dit un peu à l’ouest quand tout le situe plutôt à l’est. Difficile d’échapper à ce tropisme quand on est de mère russe et de père d’origine polonaise. Tout cela fait d’excellents français et, en l’espèce, André Markowicz (1960), un traducteur hors pair qui ne s’est pas contenté de retraduire tout Dostoïevski, de se colleter à Shakespeare à ses heures perdues et, tant qu’à faire, d’attaquer la montagne magique de la poésie chinoise par la face nord sans connaître un mot de chinois. Bizarre, vous avez dit bizarre ? Sa poésie chinoise, il l’a lue traduite de nombreuses langues. […]

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« Hurlevent », conte brutal et amoral

« Hurlevent », conte brutal et amoral

Patti Smith

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(…)  Hurlevent s’ouvre par un double récit dans le temps réel du roman. Un certain Mr. Lockwood s’aventure dans les landes lointaines pour rendre visite à son nouveau propriétaire et se voit forcé de rester pour la nuit à cause de la météo capricieuse. Une atmosphère on ne peut plus lugubre règne dans cette maison où les jeunes gens, pleins d’amertume, restent tapis dans les coins. Heathcliff, seigneur du manoir qui tombe en ruines, semble hanter sa propre demeure comme un fantôme enragé et incurablement vivant. Lockwood, qui est extrêmement curieux, interroge Nelly Dean, sa gouvernante dévouée, qui a été, […]

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Dans l’ombre de Bruno Schulz

Dans l’ombre de Bruno Schulz

Carole Vantroys

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Elle et Lui …  Elle : 28 ans, professeur, cultivée, belle, beaucoup de classe, aimant la littérature et la marche à pied. Lui : 41 ans, artiste tourmenté, dessinateur de croquis bizarres, épistomane, amateur de fantasmes sexuels en tous genres, tendances masochistes et fétichistes certaines. Jozefina Szelinska et Bruno Schulz : la fiancée et le génie. Ils s’aimèrent passionnément, entre 1933 et 1937, à Drohobycz, ville provinciale de Galicie orientale, aujourd’hui située en Ukraine. Bruno était très épris de cette muse, cette déesse (il la surnommait Juna, d’après Junon), voyait en elle « l’être le plus proche » qu’il ait eu sur […]

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Mais où donc est passée la littérature ?

Mais où donc est passée la littérature ?

Sophie Benech

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Isaac Babel est un grand écrivain, il existait par et pour la littérature, écrire était sa passion et sa raison de vivre. Or la biographie que lui a consacrée Adrien Le Bihan Isaac Babel. L’écrivain condamné par Staline (343 pages, 22 euros, Perrin) traite presque exclusivement de sa personnalité, de sa vie privée et de ses positions politiques – du moins telles que les comprend l’auteur. Si, après bien des hésitations, je prends la plume pour parler de cet ouvrage, c’est parce que Babel lui-même n’est plus là pour se défendre contre le réquisitoire dont il fait ici l’objet, tant d’un point de […]

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L’évangile du foot selon Pasolini

L’évangile du foot selon Pasolini

Philippe Godoÿ

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  Pier Paolo Pasolini (1922-1975) est connu en France  comme cinéaste avec des films cultes comme L’Evangile selon Saint-Mathieu (1964), Théorème (1968) Le Décaméron  (1971) et bien d’autres. En Italie, il est reconnu avant tout comme poète, ce qu’il était. Ses contemporains n’ont pas oublié sa fin tragique. En revanche, sa passion pour le football, qui faisait partie de son être intime au même  titre que sa création et  sa vie privée, est occultée. Laurent Lasne a voulu explorer cette partie peu connue de sa vie dans Pier Paolo Pasolini. Le geste d’un rebelle (240 pages, 17 euros, éditions Le Tiers livre). Le […]

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« Beowulf » revisité par Tolkien

« Beowulf » revisité par Tolkien

Christopher Tolkien

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Tout le monde sait qu’il existe une traduction de Beowulf en anglais moderne et en prose, réalisée par J.R.R. Tolkien, et au vu de la réputation et de l’éminence de celui-ci dans le domaine des études littéraires et linguistiques vieil anglaises, le fait qu’elle soit restée inédite pendant de si nombreuses années est même devenu matière à reproche. C’est moi qui suis responsable de cette situation, et la raison ou explication première en est assez simple. Cette traduction fut achevée vers 1926, quand mon père avait 34 ans ; deux décennies d’enseignement de l’anglo-saxon à Oxford l’attendaient, deux décennies d’étude approfondie de la poésie […]

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Le Nobel à Svetlana Alexievitch, romancière de voix

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Il sera difficile, pour ne pas dire impossible, de juger le jugement des membres du comité Nobel de littérature sur l’œuvre de Svetlana Alexandrovna Alexievitch (1948) sans garder à l’esprit le fait qu’elle est traduite dans une vingtaine de langues, qu’elle a été plusieurs fois distinguée (Prix de la paix des libraires allemands, Prix de la paix Eric-Maria Remarque, prix Médicis et Meilleur livre étranger de l’année par le magazine Lire) à commencer par le tout premier, le très officiel prix du Komsomol en 1986 (mais depuis, l’eau a coulé sous les ponts…), mais que certains de ses livres sont […]

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Coup de grâce de Javier Cercas à « ladite mémoire historique »

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Le plus fascinant livre d’histoire de la rentrée est un roman de 400 pages L’Imposteur (El impostor, traduit de l’espagnol par Elisabeth Beyer et Aleksandar Grujicic, 400 pages, 23,50 euros,  Actes sud). Un récit réel qui a tout d’un roman sans fiction saturé de fiction. Auteur d’une œuvre déjà conséquente, notamment Les soldats de Salamine sur le destin d’un idéologue de la Phalange et Anatomie d’un instant sur le coup d’Etat avorté de 1981, Javier Cercas (1962) s’est laissé ensorceler non par son antihéros mais par son cas au sens pathologique du terme. A travers l’affaire Marco minutieusement démontée et […]

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