de Pierre Assouline

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La République des livres

Littérature étrangères

Mourir… dormir, dormir ! Rêver peut-être !

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Est-ce le roman de la disparition ou celui du sommeil ? A moins que ce ne soit l’un dans l’autre, ce qui disparaît de nous lorsque nous nous abandonnons au sommeil. Katharina Hagena a si bien enchevêtré les deux dans son deuxième roman L’Envol du héron (Vom Schlafen und Verschwinden, traduit de l’allemand par Corinna Gepner, 380 pages, 22 euros, Editions Anne Carrière) qu’on s’y laisse prendre. Sa construction n’a pourtant rien de machiavélique, rien de sophistiqué non plus. Au contraire, la fluidité et la douceur même pour faire surgir de page en page le lien secret entre ses trois personnages. Celle […]

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Shakespeare, toujours aussi déconcertant

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Déconcertant : c’est le mot. Celui qui revient le plus souvent pour évoquer les comédies de Shakespeare. Leur interprétation y semble ad infinitum.  On dit de cet univers qu’on peut s’y perdre comme dans l’ordonnancement labyrinthique d’un jardin anglais. Leur structure est pleine d’énigmes. Dès qu’en surgit la part dissimulée le doute envahit le lecteur/spectateur (la, précision s’impose car on en connaît qui n’apprécient pas Shakespeare au théâtre mais s’en régalent lorsqu’ils en tournent les pages). On aura beau ranger ces comédies sous l’étiquette bien commode de « maniériste », avec tout ce que cela suppose d’énergie dans le scepticisme, il en faudrait […]

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La vérité, version John Le Carré

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J’avoue avoir eu une pensée émue pour John Le Carré le 9 novembre 1989. Ce jour-là, on a pu craindre que la destruction du mur de Berlin ne le réduise au chômage technique, la chute des régimes communistes en Europe ne tardant pas à entraîner l’effondrement de l’Union soviétique et la dissolution du Pacte de Varsovie. Mais Berlin demeurait dans l’imaginaire collectif le siège même de la guerre froide. C’est bien là que tout avait commencé pour David Cornwell lorsque cet agent du MI6 à Hambourg trouva un pseudonyme qui ne tournait pas rond, par son regard happé à la […]

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Traduire, une histoire de maux

Traduire, une histoire de maux

William Desmond

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Le Monde a publié, en 2008, un article sur un traducteur reconnu, Pierre-Emmanuel Dauzat. Comme tous mes collègues ayant lu ce papier, je n’ai pu m’empêcher de tiquer sur une affirmation rapportée par le journaliste qui l’interrogeait : P-E Dauzat prétendait en effet qu’il traduisait de plusieurs langues, même de celles qu’il ne connaissait pas. Ou P-E Dauzat est un plaisantin (ce que je ne crois pas, comme l’atteste son œuvre de traducteur) ou le journaliste s’est laissé berner par une boutade destinée à voir jusqu’où pouvait aller sa crédulité. On peut cependant faire de cette provoc le départ d’une […]

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Le Booker Prize 2013 : une pépite

Le Booker Prize 2013 : une pépite

Marie Tourres

De la Nouvelle-Zélande, on connaissait surtout le haka des All Blacks. Le roman d’Eleanor Catton n’en impose pas moins. The Luminaries vient d’être récompensé par le Man Booker Prize. Sans même évoquer le prestige dont ce prix auréole chaque année un écrivain du Commonwealth, la lauréate 2013 est un véritable phénomène. Eleanor Catton peut en effet se prévaloir d’un multiple record dans l’histoire du booker prize : à 28 ans, elle est le plus jeune auteur récompensé, à l’unanimité, pour le plus long roman – 832 pages –, et l’un des deux seuls écrivains néo-zélandais primés. La performance a de quoi impressionner […]

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Toute la fiction étrangère n’est pas traduite de l’anglais !

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Parfois, c’est à se demander si la fiction de langue anglaise n’est pas la seule à être traduite dans ce pays. On sait bien que ce n’est pas le cas, qu’il en vient de partout et que la France détient même une manière de record dans ce domaine. N’empêche qu’à lire les critiques, à écouter les émissions et à prêter l’oreille à la rumeur, on a l’étrange impression que nous n’en avons que pour les écrivains américains, ou à la rigueur britanniques. Il y a pourtant de si belles pépites alentour… Deux pour aujourd’hui, venues de nos voisins. On comprend […]

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Défis, dilemmes et délices du métier de traducteur

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Je vais commencer par quelque chose d’un peu banal, mais bon, tant pis, je le dis quand même : le métier de traducteur est un métier merveilleux. Chaque traduction est un voyage dans un nouvel univers, une occasion d’approfondir ses  connaissances ou d’en acquérir, une rencontre avec une personne hors du commun — je parle de l’auteur, bien sûr. Tous ceux que j’ai eu la chance de traduire étaient ou sont des écrivains de talent ou de grands écrivains. Et ici,en prime, il y a le poète dont l’auteur fait le portrait, Anna Akhmatova, que j’aime tout particulièrement… Bien sûr, chaque […]

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Ortega y Gasset et la philosophie de la traduction

Ortega y Gasset et la philosophie de la traduction

JEAN-YVES MASSON

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L’essai de José Ortega y Gasset intitulé Misère et splendeur de la traduction est considéré dans de nombreux pays comme une référence classique en matière de philosophie de la traduction. Écrit au milieu des années 1930, alors que son auteur était en exil en France, ce court traité aurait dû depuis longtemps féconder la réflexion française sur ce sujet ; or il n’en a rien été. Ces pages sont demeurées presque inconnues chez nous, et c’est ici la première fois que ce texte est édité en France (après une unique version canadienne). Sa publication, dans la traduction précise et élégante de […]

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Faut-il parier sur l’intelligence du lecteur ?

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Mais oui, c’est possible : des traducteurs peuvent se réunir trois jours durant sans qu’il soit question de l’éternel dilemme « Fidélité ou trahison « , ou de « L’intraductibilité de la poésie », et sans que s’affrontent « ciblistes » et « sourcistes ». Ca change ! C’était ce week-end au Moulin de la Tuilerie à Gif-sur-Yvette (Essonne), la première édition du Festival VO-VF organisé par des libraires, Sylvie Melchiori (La Vagabonde à Versailles), Hélène Pourquié et Pierre Morize (Liragif à Gif-sur-Yvette), avec une équipe de bénévoles constituée de leurs plus fidèles clients. Songez qu’à la table commune, parmi ceux qui avaient mis la main à la pâte, c’est […]

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Comment devient-on le plus célèbre critique littéraire d’Allemagne ?

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 Mort à 93 ans, le 17 septembre dernier, Marcel Reich-Ranicki a dominé la scène littéraire  pendant plus de quarante ans avec ses articles. Il a représenté une espèce en voie de disparition : le Grand Critique Littéraire exemplaire. En France, la disparition récente de Maurice Nadeau et de François Nourissier a aussi sonné le glas de cette espèce en voie de disparition. Notre Reich –Ranicki a marqué sinon influencé  plus de deux générations d’écrivains  allemands parmi les meilleurs. Il a  montré également  le pouvoir d’un vrai « pro » de la critique sur la librairie de son pays. Pourquoi donc  cette célébrité hors- norme ? Il […]

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