de Pierre Assouline

en savoir plus

La République des livres

Littérature étrangères

Légère considération de Robert Walser pour ses traducteurs

632

commentaires

Quel écrivain n’a pas rêvé de faire face l’ensemble de ses traducteurs réunis pour décortiquer son œuvre dans de multiples langues ? C’est sûrement une épreuve, mais si enrichissante, et probablement édifiante, qu’elle vaut l’épuisant marathon que l’exercice suppose. Car il s’agit bien d’un échange intense sur l’art et la manière de déporter des mots et une pensée d’une langue d’origine à une langue d’accueil. Rien à voir avec ce que vivent depuis deux mois les onze traducteurs venus de onze pays enfermés dans un bunker près de Milan : chargés de traduire de l’anglais, dans le plus grand secret et dans […]

lire la suite .../ ...
Comment transcrire le régionalisme de José Lins do Rego

15

commentaires

José Lins do Rego, né le 3 juin 1901 dans une plantation du Paraiba, un Etat rural du Nordeste du Brésil, et mort à Rio en 1955, est considéré comme l’un des plus grands écrivains brésiliens du XXe siècle. Au moment de la publication de l’Enfant de la plantation, le Modernisme a dix ans (ce mouvement avait été créé lors de la Semaine d’Art Moderne de São Paulo, en 1922). L’Enfant de la plantation est une révélation, une révolution de la propre révolution esthétique de 1922, à laquelle José Lins do Rego apporte une sève nouvelle, une force instinctive, une réalité […]

lire la suite .../ ...
Il faut marcher avec l’auteur

Il faut marcher avec l’auteur

MATHIAS DE BREYNE

3

commentaires

Suite à la sortie de l’anthologie bilingue de la Baby Beat Generation, publiée aux Éditions La main courante en 2006, diffusée en France et aux USA, j’ai traduit le livre d’un de ces baby beats : le récit autobiographique de Thomas Rain Crowe, Ma vie dans les Appalaches (titre original : Zoro’s field – My life in the Appalachian woods). J’ai organisé en 2006 une tournée française de neuf lectures bilingues avec quatre poètes de la Baby Beat Generation. Qui sont-ils ? De jeunes poètes originaires des quatre coins des États-Unis qui, dans les années 1970, se rendent à San Francisco pour […]

lire la suite .../ ...
Edna O’Brien entre les deux moitiés guerroyantes de son moi

712

commentaires

Qu’on les baptise « Mémoires », « Autobiographie », « Racontage de mézigue » ou de toute autre manière, les souvenirs d’un créateur sont un genre en soi. Ce genre de livre, la romancière et nouvelliste irlandaise Edna O’Brien ne voulait pas en entendre parler, du moins pour elle. Autant préparer ses funérailles. Elle n’écrirait jamais rien de tel, promis juré. Et puis voilà… Fille de la campagne (Country Girl, traduit de l’anglais (Irlande) par Pierre-Emmanuel Dauzat, 474 pages, 25 euros, Sabine Wespieser éditeur), intitulé en un clin d’œil à sa fameuse trilogie romanesque. Elle s’est laissée prendre il y a peu. Sa madeleine à elle, c’est le pain. […]

lire la suite .../ ...
Dario Fo, l’indigné

Dario Fo, l’indigné

PATRICK FERLA

16

commentaires

En création à Genève au Théâtre de La Comédie, dès le 10 avril à Malakoff, voici On ne paie pas, on ne paie pas de Dario Fo, dans une mise en scène du comédien Joan Mompart. Un spectacle enlevé, une belle réussite pour les cent ans du théâtre que dirige Hervé Loichemol, saison anniversaire placée sous le signe d’un répertoire résolument engagé dans son temps. Un théâtre qui tente de « retrouver la joie d’une époque où la citoyenneté avait un sens et le peuple une réalité. Où celui-ci inspirait la vie sociale, dessinait un avenir, orientait la vie artistique et […]

lire la suite .../ ...
Quel grand-roman-américain ?

963

commentaires

Le mythe du grand roman américain n’a pas fini de faire des ravages. Non qu’il n’ait pas existé ni donné certains de ses plus beaux fruits à la fiction universelle. Pas de liste qui exclut, à chacun son panthéon (Publishers Weekly a même organisé un vote à ce sujet). D’autant qu’on ne sait pas trop quels en seraient les critères : grands espaces ? grands personnages ? grands sentiments ? grande fresque ? grand sens du national epic.. Dans la production actuelle, du côté des petits-enfants d’Hemingway, les Cormac McCarthy,  John Irving, Toni Morrison, Russells Banks, Jim Harrison, et Richard Ford entreraient dans le canon […]

lire la suite .../ ...
Lance Armstrong fut Coppi conforme à Fausto

Lance Armstrong fut Coppi conforme à Fausto

BERNARD MORLINO

10

commentaires

Fausto Coppi (1919-1960) a de la chance dans son malheur. Situons-nous au plan de la notoriété car on sait qu’il est mort après avoir contracté la malaria. Si le campionissimo avait établi son superbe palmarès dans les années 1990-2000, il serait actuellement déchu de tous ses titres de gloire car on fait subir une disgrâce à Lance Armstrong alors que Fausto Coppi a toujours répondu que la « bomba» était le secret de son insolente réussite. La « bomba » étant un cocktail d’amphétamines qui lui donnait des ailes dans les cols. A l’origine du Tour de France, il était convenu que les […]

lire la suite .../ ...
Achtung-respect pour une folie de biographie sur Büchner

762

commentaires

A première vue, on se dit : c’est le livre d’un maniaque publié par un fou ; la quatrième de couverture y invite puisqu’elle le dit jeté dans le temps de l’Histoire comme la comète de Halley ou un caillou d’Orion dans l’espace sidéral de l’Univers. A mi-chemin, on comprend que ces deux extravagants étaient faits pour se rencontrer. A la fin, on rend les armes et l’on met chapeau bas devant Frédéric Metz et les éditions Pontcerq sises rue du Nivernais à Rennes. Des artistes à n’en pas douter. Il fallait l’être pour se lancer dans une telle entreprise : Georg Büchner […]

lire la suite .../ ...
Shakespeare au coeur d’une manipulation

612

commentaires

Voilà un « Du même auteur » qui pourrait s’intituler « Des mêmes auteurs ». Quitte à jeter un trouble, cela aurait pour vertu d’annoncer la couleur. Celle du double et de l’ambiguïté à l’œuvre dans La Tragédie d’Arthur (traduit de l’anglais par Bernard Hoepffner, 516 pages, 22 euros, cherche midi) d’Arthur Philips. Car vérification faite, il y a bien deux listes en page de garde : d’une part les œuvres de William Shakespeare, d’autres part celles un peu moins nombreuses et nettement moins connues d’Arthur Philips. On devine déjà que l’on va pénétrer dans un grand roman de manipulation, couronné par le New York […]

lire la suite .../ ...
Ne pas renoncer aux difficultés de l’exactitude

Ne pas renoncer aux difficultés de l’exactitude

JEAN-LOUIS BACKES

15

commentaires

Autrefois, quiconque traduisait se donnait pour tâche de plier l’étranger aux lois qui avaient cours en France, lois du langage, lois de la poétique, ou même, simplement, lois de la politesse. Au vers 452 du chant VII, on entend Poséidon dire: «moi et Apollon». L’un des meilleurs représentants du goût classique, et pour cette raison tête de Turc de Victor Hugo, Prosper Bitaubé (1732-1808) corrige sereinement le dieu, lui enseigne les bonnes manières, et traduit: «Apollon et moi». Leconte de Lisle suit cet exemple. Comme ses prédécesseurs, et beaucoup de ceux qui l’ont suivi, Leconte de Lisle a été dressé […]

lire la suite .../ ...