de Pierre Assouline

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La République des livres

Poésie

Rimer avec l’auteur, reproduire le rythme

Rimer avec l’auteur, reproduire le rythme

Claude Neuman

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J’ai à ce jour traduit les vingt huit Poèmes tardifs (« Späte Gedichte ») d’Hölderlin consacrés aux thèmes des saisons et de la Nature, ensemble pour lequel j’ai commencé, sans trop d’illusion, à chercher un éditeur ; une cinquantaine de Sonnets de Shakespeare -il m’en reste une centaine, ce qui m’occupera sans doute jusqu’à la fin de l’année au moins ; une quinzaine de poèmes de Robert Frost ; et ponctuellement quelque autres poètes de langue anglaise ou allemande. L’été Au doux murmure des vents vont les journées en voyage, Quand la splendeur des champs elles échangent pour les nuages, La fin de […]

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Lydie Dattas dans sa nuit outrenoire

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Ceux qui cherchaient à définir la couleur propre à La Nuit spirituelle (2013) de Lydie Dattas savent désormais qu’elle était non pas noire mais outrenoire. Pierre Soulages n’y était pas nommé alors qu’il éclate cette fois en toutes lettres, comme un aveu comme une confession, dans La Blonde (92 pages, 9,50 euros, Gallimard). Ce court texte ne lui est pas dédié directement mais à Celui qui est au-dessus de lui, et qui gouverne les jours et les nuits « Pour le Maître du maître du noir, in saecula saeculorum ». On sait que Lydie Dattas ne fait pas dans la nuance, le […]

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L’entre-soi contre la poésie

L’entre-soi contre la poésie

Françoise Siri

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Nous vivons aujourd’hui dans une bien étrange société française totalement minée par la peur -les peurs diverses et variées. La peur suscite dans de nombreux corps professionnels une maladie qui n’a jamais été si répandue : l’entre-soi. Chacun le cultive. Par exemple, les professeurs ne parlent qu’aux professeurs, refusant de réfléchir aux nouvelles compétences qu’ils pourraient transmettre à leurs élèves en leur proposant de créer ensemble une page Wikipedia, au lieu de leur donner un devoir classique dont ils trouveront les réponses sur Internet. Les journalistes aussi parlent pour les journalistes, s’éloignant chaque jour davantage du lecteur –prenons l’exemple des pages […]

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Adonis, un sang d’encre

Adonis, un sang d’encre

Donatien Grau

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L’œuvre d’Adonis est la manifestation – et le manifeste – puissants de la pertinence durable de l’idée et de la réalité que recouvre l’expression « avant-garde ». L’œuvre poétique témoigne d’une ambition de dire le monde dans sa pérennité : il est le maître d’une parole mystique qui dépasse largement les frontières de l’actuel, et qui s’accorde à elle-même la légitimité de son ambition. Adonis n’est pas un poète de la crainte, de la peur, ou de la timidité : il est le tenant, face à la menace imposée au Verbe, d’une consolidation et de l’altération de la foi en la capacité pour le langage […]

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Le Kâmasûtra est ce qu’il semble ne pas être

Le Kâmasûtra est ce qu’il semble ne pas être

Frédéric Boyer

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J’entreprenais cette lecture et cette traduction dans le noir. Il y a plus de quatre ans déjà. Ne connaissant à peu près rien à l’Inde ancienne et moins encore au sanscrit. Sans savoir où cette curiosité et ces efforts laborieux me conduiraient. Et toutes ces années je voyais que ma vie changeait rapidement et que j’allais être amené à vivre différemment. La ligne imaginaire du plaisir scinde souvent nos vies. Le sexe est le point le plus intense et le plus secret des vies, rappelait le regretté Michel Foucault, celui où se concentre leur énergie, leur vitesse, qui nous emporte […]

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Pour saluer Claude Michel Cluny

Pour saluer Claude Michel Cluny

Jean-Yves Masson

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Orphée vient de mourir. Une nouvelle fois. Il renaîtra donc, comme le veut la légende, si profonde, mais il n’aura plus jamais ce visage. Chaque poète digne de ce nom est Orphée. Les incarnations d’Orphée au fil des millénaires sont nombreuses, mais pas innombrables en un temps et en un pays donnés. Un vrai poète est une chose rare. Dans le cas de Claude Michel Cluny (2 juillet 1930 –11 janvier 2015), le nom d’Orphée s’impose d’autant mieux qu’il avait choisi de placer sous la protection du premier poète de la Grèce antique, et donc d’un grand mythe païen, la […]

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Leopardi deux fois plutôt qu’une

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L’expérience est fascinante, surtout quand on ne l’a pas fait exprès : lire un poète tout en lisant sa biographie, laquelle renvoie sans cesse à son œuvre, après avoir vu un film à lui consacré. Cela peut avoir des effets néfastes pour les livres comme pour les films, l’un ne supportant pas la comparaison avec l’autre, trop en-decà dans le registre de la connaissance, ou celui de l’émotion, quand ce n’est tout simplement celui du pur plaisir de lecteur ou de spectateur. Bref, le hasard a fait que quelques jours durant, j’ai pu me leopardiser comme jamais avant de me lover […]

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Traduire la poésie d’idées de Javed Akhtar

Traduire la poésie d’idées de Javed Akhtar

Vidya Vencatesan

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Javed Akhtar est l’une des voix les plus justes de la poésie ourdoue contemporaine. Elle exprime une sensibilité postmoderne, radicalement différente des autres voix de sa génération. Il habite les deux mondes de la métaphysique et du concret avec la même facilité ; entre eux ni opposition ni hiérarchie. Exemple de l’hétérotopie qu’évoque Michel Foucault, sa poésie est une invitation à découvrir d’autres mondes encore, des lieux qui permettent de contester, des lieux de doute, de clair-obscur, d’autres mondes que ceux qui nous sont familiers. Héritier d’une riche tradition poétique familiale, Javed Akhtar réussit pourtant à trouver un mode d’expression dont le timbre frais […]

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La religion de la poésie selon Yu Jian

La religion de la poésie selon Yu Jian

Françoise Siri

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Yu Jian est impassible, comme une statue de bronze, sur la scène de la Maison de la Poésie de Paris. On devine, derrière le masque du visage, une fébrilité, une inquiétude et une grande attention. Il commence par lire en chinois, avant d’être traduit. Sa langue est très musicale : il répète souvent le même son, comme une litanie, comme un martèlement, par exemple celui du mot qui signifie “mur” et qui donne son titre à un poème de son tout dernier recueil. Le mur, le mur qui enferme les hommes en Chine, le mur dans la culotte des garçons […]

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Le droit inaliénable du poète en fin de droits

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Vous, je ne sais pas ; mais moi, je n’y comprends rien à ce conflit des intermittents du spectacle. L’affaire a tout de la patate chaude que l’on se refile de gouvernement en gouvernement, de ministre de la Culture en ministre de la Culture (ici les dernières propositions d’Aurélie Filippetti) en espérant chaque fois l’envelopper dans une serviette pour ne pas se brûler, le temps que passe l’été de tous les dangers en raison des menaces d’annulations qui résonnent comme autant de mises à mort des festivals. La grève ? Pas vraiment la solution. A titre d’exemple, 80% des intermittents du […]

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