de Pierre Assouline

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La République des livres

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Traduire le silence de Rimbaud

Traduire le silence de Rimbaud

Roméo Fratti

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Comment entendre le langage baudelairien « des fleurs et des choses muettes » si ce n’est par le silence, premier pas vers l’écoute et la possibilité de comprendre ? « J’écrivais des silences, (…) je notais l’inexprimable (…) » affirme Arthur Rimbaud au moment de son bilan poétique dans Une saison en enfer. L’auteur suggère un refus de l’acte d’énonciation de la voix poétique et semble confier sa création à une perception sensorielle silencieuse, capable d’exprimer des aspects inexprimables du monde. Le sujet se tait pour céder sa place au silence. L’écriture en vient donc à désigner un processus de transcription du silence, qu’il s’agisse du […]

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Pirandello traductologue

Pirandello traductologue

Jean-Pierre Pisetta

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Six personnages en quête d’auteur fait depuis près d’un siècle partie du répertoire mondial du théâtre. Or, cette pièce de Luigi Pirandello continue à livrer des messages insoupçonnés. Comme tout chef-d’œuvre, pourrait-on dire : Carlos Fuentes, interrogé récemment sur les ondes d’une radio belge, répondait au journaliste qui lui demandait ce qu’il trouvait encore dans la relecture de Don Quichotte, à laquelle l’écrivain mexicain octogénaire avouait se livrer une fois par an : « Ce que je n’y avais pas encore trouvé la dernière fois. » Ce n’est pourtant pas en relisant la pièce de Pirandello que j’y ai découvert « quelque chose que je […]

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Sono Pazzi Questi Romani !

Sono Pazzi Questi Romani !

Roméo Fratti

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Que traduit-on ? Une langue ou une culture ? La question mérite d’être posée à la lumière de la traduction italienne de la série Astérix : la langue italienne est en effet plus phonétique et moins apte à la déformation que le français. Les formes d’esprit et les expressions verbales humoristiques qui ponctuent les aventures du petit héros gaulois n’ont pourtant pas découragé leurs traducteurs italiens. Parmi ceux-ci, Marcello Marchesi et Luciana Marconcini ont tout particulièrement su exploiter les ressources de la culture transalpine et tirer parti de la médiation visuelle de cette série de bande dessinée, pour créer des tournures en mesure […]

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Translation de Rabelais

Translation de Rabelais

Marie-Madeleine Fragonard

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Ceci n’est pas, ne peut pas être une traduction. Tout le monde vous le dira, on ne traduit pas une langue en elle-même. Tout au plus des exercices de style comme ceux de Raymond Queneau permettent-ils de changer les niveaux de langues et styles de rédaction. Nous ferons donc des exercices de style en changeant de temps. Pourtant bien des gens vous le diront, Rabelais parle une langue étrangère. Française sûrement (quoique bien mêlée), mais archaïque, et si archaïque que l’usure du temps ne nous permet même pas de constater qu’elle n’était déjà pas immédiatement intelligible pour les lecteurs du XVIème […]

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Un métier à la portée des tout-petits

Un métier à la portée des tout-petits

Jean-Pierre Pisetta

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En 1986, peu après la publication de ma première traduction – des contes et des récits de Léon Tolstoï traduits du russe en français –, un ami me proposa d’aller présenter le livre dans l’école primaire de son fils. L’ouvrage étant illustré, j’avais fait des agrandissements de certains dessins et avais débarqué dans la région belge de Charleroi armé de mon matériel didactique. La classe était principalement composée d’enfants d’immigrés turcs et, après les présentations d’usage effectuées par la maîtresse, l’un de ces écoliers m’avait demandé ce que c’était que la « traduction ». C’est effectivement un mot savant et je me […]

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Stratégie des deux-points chez Gadda

Stratégie des deux-points chez Gadda

Jean-Paul Manganaro

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(…) Quels sont le noyau et le développement du Pasticciaccio (Quer pasticciaccio brutto de via Merulana qui paraît ces jours-ci en français sous le titre L’affreuse embrouille de via Merulana) ? La question est à la fois simple et compliquée. Elle est simple par son « histoire » : deux crimes sont au centre des événements, le vol des bijoux d’une comtesse d’origine vénitienne et, deux jours plus tard, l’assassinat de madame Liliana Balducci, romaine, perpétrés sur le troisième palier d’un immeuble, sis au 219 de via Merulana, où vivent confortablement des gens et des familles de la nouvelle bourgeoisie romaine, le « […]

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Coup d’oeil en « Enfer »

Coup d’oeil en « Enfer »

Jean-Pierre Pisetta

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Pourquoi traduit-on un texte ? La plupart du temps, bien sûr, parce qu’on nous le demande. Les traductions sont donc majoritairement des commandes. Dans le domaine littéraire toutefois, l’initiative revient souvent aux traducteurs et les éditeurs ne manquent pas de rester ouverts à leurs propositions. Mais certaines traductions se font aussi pour le plaisir, comme on peint un tableau, le dimanche, ou comme on cultiverait ses choux le temps de la retraite venu. Une fois la besogne menée à bien, elle devient quelquefois « rentable », c’est-à-dire que le tableau est vendu, que les choux sont dégustés et que la traduction atterrit dans l’étalage d’une […]

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Traduire Shakespeare ou la trahison par révérence

Traduire Shakespeare ou la trahison par révérence

Jacques Drillon

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  Sous l’invocation de Salomon. Il existe trois sortes de langues françaises : l’écrite, la parlée, et celle des traductions de Shakespeare. * Lorsque j’étais enfant, on me disait que la version était un exercice de français. Les traducteurs de Shakespeare n’ont jamais été enfants. * Les traductions de Shakespeare sont presque toutes incompréhensibles. D’une lenteur exaspérante, d’une parfaite inefficacité dramatique. Shakespeare y a résisté, comme les malades de Molière à leur médecin. Mais ce n’est pas le seul miracle : les comédiens aussi ont survécu à ce traitement, à ces phrases imprononçables, à ces tirades obscures ; et ce n’est pas le […]

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« Musique de chambre » et la vocation de Joyce

« Musique de chambre » et la vocation de Joyce

Marc C. Conner

Musique de chambre (Chamber Music, traduit de l’anglais (Irlande) par Olivier Litvine,  (95 pages, 20 euros, édition bilingue, Caractères), est le premier ouvrage de James Joyce. Si ses œuvres en prose, par leur complexité, semblent éclipser ce recueil de courts poèmes lyriques, il reste que par maints aspects, c’est un des livres les plus intimes jamais écrits par Joyce, une œuvre qui n’a jamais cessé de hanter son imagination. C’est par la poésie que Joyce entra en littérature : son ambition initiale était sans conteste de devenir un grand poète irlandais. Lorsqu’en 1899, son compatriote W.B. Yeats publia The Wind Among the Reeds (Le vent dans […]

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Une traduction « à trois temps »

Une traduction « à trois temps »

Jean-Pierre Pisetta

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Giovanni Verga (1840-1922), écrivain sicilien que l’on considère comme le père du vérisme (du mot italien vero, « vrai » ou « vérité »), mouvement littéraire comparable au naturalisme français (on appelle parfois Verga « le Zola italien »), a tiré plus d’une fois des œuvres théâtrales de ses productions en prose. C’est notamment le cas de la célèbre Cavalleria rusticana (titre jamais traduit mais que l’on pourrait rendre en français par un Code de l’honneur rustique). Cette nouvelle, publiée dans le recueil Vita dei campi[1] (1880), fit l’objet d’une adaptation théâtrale, opérée par Verga lui-même, en 1884 ; le musicien Pietro Mascagni en tira aussi, en […]

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