traducteur

En hommage à l’écrivain israélien Aharon Appelfeld qui vient de disparaitre à 85 ans, des extraits d’un entretien accordé en juin 2013 à la revue L’Autre par la romancière et scénariste Valérie Zenatti, sa fidèle traductrice depuis Histoire d’une vie (2004) « (…) Je préparais le concours de l’agrégation d’hébreu en 2002 et Le temps des prodiges était au programme. J’avais lu un livre d’Aharon Appelfeld au lycée mais je ne me souvenais pas du tout de quoi que ce soit, car c’était l’époque où je ne maîtrisais pas très bien l’hébreu, voire pas du tout, donc c’était très flou. […]
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Une traduction ne constitue-t-elle pas une recréation de l’œuvre d’art traduite ; une recréation qui permet de dévoiler une dimension inédite de la beauté de ladite œuvre ? Le traducteur fait face à une production artistique élaborée à partir d’un certain langage, entendu comme système organisé de signes. Son travail consiste à donner une seconde vie à l’œuvre, grâce à un autre langage. Aux yeux de Diderot, chargé d’écrire les comptes rendus des expositions de l’Académie royale de peinture et de sculpture, la magie du peintre qui anime son tableau peut être envisagée dans un rapport analogique à la magie du critique d’art […]
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Hüzün, c’est la version turque de la mélancolie, c’est une notion qui exprime l’esprit de la ville d’Istanbul. Ce livre (Istanbul. Souvenirs d’une ville) est tout à la fois une autobiographie qui raconte ma vie entre sept et vingt-deux ans et un essai sur l’esprit de la ville, une tentative de capturer son atmosphère, son alchimie, ce qu’elle communique à travers ses paysages, ses ruines, ses monuments. Dans la mystique soufie, le hüzün trouve son origine dans un sentiment de manque dû à notre trop grand éloignement de Dieu. On retrouve quelque chose de proche du hüzün dans la culture japonaise, […]
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Guillermo Cabrera Infante, écrivain cubain né à Gibara en 1929 et décédé à Londres en 2005, journaliste et critique de cinéma, puis scénariste et romancier, publie en 1964, aux éditions espagnoles Seix-Barral, un roman intitulé Vista del amanecer en el Trópico, couronné du prix Biblioteca Breve. Mais l’auteur qui, entre-temps, connaît l’exil, remanie profondément son texte, en introduisant une critique aussi acerbe que subtile du régime castriste dont il fut partie prenante au départ ; et il lui donne pour titre Tres tristes tigres, un titre qui fait inévitablement penser au célèbre essai de Lévi-Strauss, Tristes tropiques. Ce roman, publié en […]
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La pampa argentine est un espace métaphysique – on le sait au moins depuis Jorge Luis Borges – et les écrivains de ce pays ont fait de la nouvelle le temps de l’étrangeté – merci Julio Cortázar. Espace infini et temps inépuisable que la génération montante n’hésite pas à explorer avec des moyens et une sensibilité inédits. C’est le cas de Samanta Schweblin qui, après avoir récolté ses premiers succès en Amérique latine – avec des recueils tels que Des oiseaux plein la bouche – et le Prix Juan Rulfo en France, se trouve sur la short list du Man […]
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L’un des attraits du travail de traducteur est de pénétrer les secrets du livre ouvert sur sa table en décortiquant le texte comme on le fait d’un crustacé appétissant et de haut goût – homard ou langouste – sur la blancheur de l’assiette. Il faut en examiner les parties, repérer les jointures, le décarcasser, le décortiquer, séparer les éléments les plus gros des plus petits. Ce travail d’analyse fait apparaître des cartilages enfouis, des membranes cachées, tout un réseau admirable de structures insoupçonnées qui articulent la bête et donnent à ses mouvements souplesse et fermeté. Il permet de comprendre comment […]
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Comment entendre le langage baudelairien « des fleurs et des choses muettes » si ce n’est par le silence, premier pas vers l’écoute et la possibilité de comprendre ? « J’écrivais des silences, (…) je notais l’inexprimable (…) » affirme Arthur Rimbaud au moment de son bilan poétique dans Une saison en enfer. L’auteur suggère un refus de l’acte d’énonciation de la voix poétique et semble confier sa création à une perception sensorielle silencieuse, capable d’exprimer des aspects inexprimables du monde. Le sujet se tait pour céder sa place au silence. L’écriture en vient donc à désigner un processus de transcription du silence, qu’il s’agisse du […]
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Six personnages en quête d’auteur fait depuis près d’un siècle partie du répertoire mondial du théâtre. Or, cette pièce de Luigi Pirandello continue à livrer des messages insoupçonnés. Comme tout chef-d’œuvre, pourrait-on dire : Carlos Fuentes, interrogé récemment sur les ondes d’une radio belge, répondait au journaliste qui lui demandait ce qu’il trouvait encore dans la relecture de Don Quichotte, à laquelle l’écrivain mexicain octogénaire avouait se livrer une fois par an : « Ce que je n’y avais pas encore trouvé la dernière fois. » Ce n’est pourtant pas en relisant la pièce de Pirandello que j’y ai découvert « quelque chose que je […]
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Que traduit-on ? Une langue ou une culture ? La question mérite d’être posée à la lumière de la traduction italienne de la série Astérix : la langue italienne est en effet plus phonétique et moins apte à la déformation que le français. Les formes d’esprit et les expressions verbales humoristiques qui ponctuent les aventures du petit héros gaulois n’ont pourtant pas découragé leurs traducteurs italiens. Parmi ceux-ci, Marcello Marchesi et Luciana Marconcini ont tout particulièrement su exploiter les ressources de la culture transalpine et tirer parti de la médiation visuelle de cette série de bande dessinée, pour créer des tournures en mesure […]
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Ceci n’est pas, ne peut pas être une traduction. Tout le monde vous le dira, on ne traduit pas une langue en elle-même. Tout au plus des exercices de style comme ceux de Raymond Queneau permettent-ils de changer les niveaux de langues et styles de rédaction. Nous ferons donc des exercices de style en changeant de temps. Pourtant bien des gens vous le diront, Rabelais parle une langue étrangère. Française sûrement (quoique bien mêlée), mais archaïque, et si archaïque que l’usure du temps ne nous permet même pas de constater qu’elle n’était déjà pas immédiatement intelligible pour les lecteurs du XVIème […]
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