traducteur
Giovanni Verga (1840-1922), écrivain sicilien que l’on considère comme le père du vérisme (du mot italien vero, « vrai » ou « vérité »), mouvement littéraire comparable au naturalisme français (on appelle parfois Verga « le Zola italien »), a tiré plus d’une fois des œuvres théâtrales de ses productions en prose. C’est notamment le cas de la célèbre Cavalleria rusticana (titre jamais traduit mais que l’on pourrait rendre en français par un Code de l’honneur rustique). Cette nouvelle, publiée dans le recueil Vita dei campi[1] (1880), fit l’objet d’une adaptation théâtrale, opérée par Verga lui-même, en 1884 ; le musicien Pietro Mascagni en tira aussi, en […]
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Dès septembre prochain, je vous propose de m’accompagner dans la traduction de Jérusalem, d’Alan Moore, à paraître aux éditions Inculte à la rentrée 2017. Mais avant de vous parler de ce roman et de sa « translation », commençons par le commencement. Une des premières choses que doit faire le traducteur, face à un texte qu’on lui propose, c’est le « calculer ». Avant d’en devenir le lecteur obsessionnel et assidu, avant même de le déplier, de le décortiquer comme un curieux et croquant crustacé, il doit s’assurer du volume qu’occupe ledit texte dans le temps. Ce crabe a un poids avant d’être une démarche. […]
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Peut-on parler de roman au sens strict ? Avec Les Ragazzi (1955) de Pier Paolo Pasolini, il s’agit en effet d’une suite de récits – chacun précédé d’un titre qui le singularise – sans un unique véritable protagoniste. Nous sommes en présence d’une pluralité de personnages dont Riccetto paraît être le plus marquant, le plus suivi, mêlé tout de même à la petite foule qui l’entoure. On peut voir dans ce choix de présentation de l’œuvre un raccord possible avec la tradition italienne de la nouvelle instaurée par Boccace. Le choix de cette forme, d’un entre-deux que l’on pourrait considérer […]
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Isaac Babel est un grand écrivain, il existait par et pour la littérature, écrire était sa passion et sa raison de vivre. Or la biographie que lui a consacrée Adrien Le Bihan Isaac Babel. L’écrivain condamné par Staline (343 pages, 22 euros, Perrin) traite presque exclusivement de sa personnalité, de sa vie privée et de ses positions politiques – du moins telles que les comprend l’auteur. Si, après bien des hésitations, je prends la plume pour parler de cet ouvrage, c’est parce que Babel lui-même n’est plus là pour se défendre contre le réquisitoire dont il fait ici l’objet, tant d’un point de […]
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Tout le monde sait qu’il existe une traduction de Beowulf en anglais moderne et en prose, réalisée par J.R.R. Tolkien, et au vu de la réputation et de l’éminence de celui-ci dans le domaine des études littéraires et linguistiques vieil anglaises, le fait qu’elle soit restée inédite pendant de si nombreuses années est même devenu matière à reproche. C’est moi qui suis responsable de cette situation, et la raison ou explication première en est assez simple. Cette traduction fut achevée vers 1926, quand mon père avait 34 ans ; deux décennies d’enseignement de l’anglo-saxon à Oxford l’attendaient, deux décennies d’étude approfondie de la poésie […]
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(…) Le lecteur doit savoir que la traduction ne peut faire parfois autrement, au grand désespoir du traducteur, que de réduire la profondeur du texte et de l’amputer de certaines charges sémantiques ; tout n’est pas toujours « traduisible », transportable dans l’autre langue: il faut se résoudre à choisir entre un sens et un autre, entre une allusion et une autre, gommer un jeu de mots et trouver des équivalents approximatifs à des mots sans équivalent en français, comme dans le cas des mots « grenzen » ou « Grund » (…) sans parler de l’un des mots les plus chargés qui soient de sens et […]
lire la suite .../ ...On connaît peu la poésie slovène en France. L’occasion nous a été donnée de la découvrir en octobre, à la Sorbonne, où l’on recevait Barbara Pogačnik, lumineuse poète de quarante ans, ayant déjà trois recueils derrière elle et des traductions dans plus d’une vingtaine de langues. L’un de ses traducteurs français est un poète singulier et rare, Guy Goffette, qui retrouve dans la poésie de cette jeune femme un écho à sa propre mélancolie : « Grandmère est assise au milieu de sa chambre, / dans la lumière des tableaux peints par sa mère. / Le reflet de l’argenterie terne se pose […]
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J’ai à ce jour traduit les vingt huit Poèmes tardifs (« Späte Gedichte ») d’Hölderlin consacrés aux thèmes des saisons et de la Nature, ensemble pour lequel j’ai commencé, sans trop d’illusion, à chercher un éditeur ; une cinquantaine de Sonnets de Shakespeare -il m’en reste une centaine, ce qui m’occupera sans doute jusqu’à la fin de l’année au moins ; une quinzaine de poèmes de Robert Frost ; et ponctuellement quelque autres poètes de langue anglaise ou allemande. L’été Au doux murmure des vents vont les journées en voyage, Quand la splendeur des champs elles échangent pour les nuages, La fin de […]
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L’herbe, même la mauvaise herbe, a besoin d’air, d’oxygène ; or, c’est ce qui manque à Giueseppe Grassinelli depuis plus de vingt ans. Enfant, il était surnommé par sa famille malerba ce qui signifie en italien « mauvaise herbe ». C’est le titre de son récit qui vient de sortir en France sous le titre Malerba (traduit de l’italien par Nathalie Bauer, JC Lattès), co-écrit avec Carmelo Sardo. Effectivement, l’auteur de ce texte est emprisonné à perpétuité après avoir été condamné pour de nombreux assassinats avec préméditation. Un mafieux de plus, pensera le lecteur français. Mais pourquoi à vie ? Tant de repentis ont […]
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Quand j’évoque le titre de ce roman unique de Živko Čingo, La Grande eau, j’ai le cœur qui chavire. C’est à cause de ce texte, ou plutôt grâce à lui, que je suis devenue traductrice littéraire. Je devrais parler de vocation, car à l’époque j’avais déjà un métier passionnant, le journalisme. Je revenais de reportage en Macédoine et, comme toujours, ma valise était pleine de livres. Connaissant mon intérêt pour la littérature, les écrivains et les éditeurs de mon pays natal n’hésitaient pas à me charger d’une quantité invraisemblable d’ouvrages qui ne manquaient pas de me poser quelques problèmes à […]
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